
Le partenariat industriel Obéron-Dalyoha a hissé la Principauté de Carnavale bien au-dessus de ce que nos ennemis pouvaient imaginer ! Il ne s'agit plus seulement de tirer un missile dont la charge explosive est nécessairement limitée dans sa portée, voire pire : un missile que l'on intercepte en le faisant exploser en vol. Il s'agit de faire pleuvoir la mort chimique, bactériologique et virologique sur un territoire non pas pour y faire des dégâts matériels, mais humains.
Les missiles Obéron sont de nature hypersoniques et intercontinentaux ce qui signifient qu'ils sortent de l'atmosphère à une vitesse proche de Mach 6. Dans les airs, le missile se divise en une centaine de charge bactériologique qui retombent sur terre en suivant une trajectoire aléatoire contrôlée par IA, empêchant toute interception. Le but n'est pas de détruire par la puissance explosive mais de répandre un cocktail chimico-viro-bactériologique sur sa cible afin de s'attaquer à la vie sous toutes ses formes.
Les Laboratoires Dalyoha m'ont confirmé que ce cocktail est un mélange de Sabat III, de CRAMOISI et d'Hyperborée IV. Nous l'avons appelé... le Prométhée.
Le Prométhée est la réponse radicale et définitive à opposer à ceux qui menacent la Principauté de Carnavale. Par pitié, nous ne l'avons pas tiré sur l'Empire du Nord afin de répondre de façon proportionné à la déclaration de guerre de l'aviation sylvoise et nordiste contre la Principauté. Considérant l'évolution de la situation, Mme. Pervenche Obéron et M. Blaise Dalyoha envisagent aujourd'hui d'autoriser les premiers test Prométhée sur une cible adverse.
Le fonctionnement du Prométhée est à double tranchant : il ne vise pas à saisir d'horreur notre adversaire (pour cela nous privilégions la frappe chimique CRAMOISI dont la coloration rouge persistante mais les effets limités dans le temps frappent davantage les esprits), ce qui mettrait fin à la guerre. Non : il vise à annihiler.
Nous considérons actuellement le potentiel du Prométhée à la destruction d'une grande agglomération, si comme nous le suspectons des mesures de confinement sont rapidement mises en place par les autorités locales. Le Prométhée a cette caractéristique redoutable de fonctionner à rebours. L'adversaire croit avoir détruit le missile, il n'en a en réalité que répandu encore plus la charge virologique.
Le virus Prométhée incube pendant un durée volontairement aléatoire, entre une semaine et deux mois. Il a été conçu pour être hautement transmissible, bien que la personne infectée ne se doute de rien. Pendant la durée de l'incubation, le virus Prométhée a le potentiel de se répandre dans une ville entière par ingestion (micro-goutelettes), par voie aérienne et surtout par voie cutanée. Durant la phase d'incubation, le virus possède ses propres réserve d'énergie, comme un oeuf, ce qui lui permet de résister plusieurs semaines sur une surface sans se réveiller. Il se place sur la peau de celui qui entre en contact avec lui et attend soit d'être ingéré, soit de trouver une micro-lésion cutanée. Lorsque la température corporelle d'un être humain est détecté, le virus entame alors sa phase de réveil.
Toutes ces techniques ont été spécialement mises au point de sorte à maximiser la propagation du Prométhée et empêcher au maximum les contre-mesures sanitaires. Seul un confinement total de la ville touchée permet d'éviter la propagation et le taux de létalité pour un pays mal préparé est de 80 à 95%. Pour un pays qui mettrait en place un confinement immédiat et total d'une durée de sept mois, le taux de létalité redescend à 30%. Cependant l'impact économique et psychologique est dans tous les cas puissamment dissuasif.
En ce qui concerne les symptômes, ils sont avant tout spectaculaire : spasmes, multiples hémorragies internes entraînant des saignements des globes oculaires et de la bouche avec crachat de sang, épilepsie. La mort est soit entrainée par la perte de sang, soit par noyade lorsque les hémorragies atteignent les poumons. Entre l'apparition des premiers symptômes et le décès, il peut se passer entre une demi-journée et une journée pleine. La rapidité du décès nous a motivé à étendre le temps d'incubation pour s'assurer d'une propagation maximum.
J'ai ébauché les grandes lignes, y a-t-il des questions ?
- Combien de tirs Prométhée pouvons nous réaliser à ce jour ?
- De quoi neutraliser définitivement une trentaine de mégalopoles à peu près.
- Pouvez vous nous assurer que l'interception est impossible ?
- Il est possible de détruire le missile mais les charges qu'il contient sont beaucoup plus complexes à intercepter. Elles se subdivisent à deux reprisent et suivent des trajectoires aléatoires. Par ailleurs elles n'ont pas besoin de viser des lieux spécifiques : une charge qui frappe une banlieue moyennement peuplée ravagera une base militaire presque aussi sûrement que si elle l'avait touché de plein fouet.
- Nos ennemis ne risque-t-ils pas d'intercepter le missile à son lancement ?
- Considérant la nature des infrastructures de tir carnavalaise c'est assez improbable, d'autant qu'il n'est pas possible de distinguer un missile Prométhée d'un missile BONNE SANTÉ VIII et que nous opérons plusieurs tirs leurres.
- Le virus ne représente-t-il pas un risque pour Carnavale elle-même s'il venait à s'échapper ou, en cas de tir raté, retomber sur la Principauté ?
- La charge Prométhée est protégée dans un habitacle résistant à la plupart des explosions, elle a été conçue pour ne commencer à s'ouvrir qu'une fois qu'elle a atteint un niveau de pression suffisamment bas pour correspondre à une sortie de l'atmosphère. Autrement dit, si le missile venait à retomber sur la Principauté sans être sorti de l'atmosphère terrestre, la charge ne se répandrait pas. Maintenant pour ce qui est d'une fuite du virus, croyez moi, il y a bien pire dans les Laboratoires Dalyoha, et rien n'en est encore sorti sans que M. Blaise Dalyoha n'en ait donné l'ordre... le complexe des laboratoires s’étend profondément sous l'île de Bourg-Léon et des mesures de sécurité sont prises à plusieurs niveau pour empêcher les accidents. Si toutefois cela devait se produire malgré tout, il aurait fallu au moins l'intervention de Dieu et contre cela, nous presque impuissants.