11/05/2017
23:14:12
Index du forum Scène Internationale Diplomatie internationale

[Icamie - Makota] O Grande Momento

4426
Présentes parmi la délégation :


Également présents dans la délégation, en leurs qualités propres de représentants des institutions démocratiques de la République et afin de pouvoir s'entretenir avec leurs pairs Makotans (Si jamais il est question de partir sur une quête secondaire parlementaire) :




L'initiative était de la Présidente de la République Fédérative d'Icamie, à l'origine. Découvrir la République de l’État du Makota, nation aux caractéristiques tout aussi pittoresques que l'Icamie, pour l'observateur étranger - et Eurysien, tout particulièrement -. Une église autocéphale, une approche résolue de son propre chemin dans les sciences à rebours du consensus international, des traditions au moins aussi curieuses que le cannibalisme rituel icamien ...

Après tout, Icamie comme Makota étaient des exemples frappant de l'ouverture remarquable du continent quant à la liberté de s'installer et poursuivre son propre rêve sur cette terre neuve et riche en possibilités. Ils pourraient être nombreux, les étrangers ignorants, à être révoltés par l'idée même d'une rencontre entre un état "génocidaire" comme le Makota et l'Icamie, plus grand pays natif d'Aleucie ... mais enfin, ça serait oublier que la République Fédérative d'Icamie s'est constituée par l'agglomération de trois entités distinctes aux histoires et aux cultures propres : les cités-états natives, certes, mais également les républiques issues de la décolonisation burujoise et les anciennes possessions listoniennes devenues indépendantes; et on pourra également y ajouter l'Estreito et ses innombrables reliquats de comptoirs eurysiens aux milles-et-unes ascendances.

Toujours était-il que l'Icamie n'était pas l'Akaltie, et l'Icamie n'était pas la Yukanaslavie. Oui, l'Icamie se rendait au Makota, et non, l'Icamie n'avait pas grand chose à faire des anciens natifs du Makota.

Pas la classe dirigeante, du moins.

L'Icamie d'aujourd'hui venait trouver un partenaire pour nourrir sa population toujours croissante - eu égard à son statut de première destination d'immigration du monde - et un partenaire avec lequel aborder les défis d'un XXIème siècle incertain pour le continent. L'ASEA battait de l'aile et compter sur la seule Akaltie ne pourrait être une solution éternelle. Plus encore, la rivalité régionale avec l'Everia, au comportement inquiétant pour les hauts-responsables de Tàvusu Pyàhu, nécessitait d'établir des contacts et de nouer des liens avec ses voisins pour s'assurer de la stabilité de la région : l'Aleucie avait déjà suffisamment esquivé de crises entre le Belograd, l'Osno et l'Oskal pour voir resurgir le risque de voir éclater une guerre sur son sol.

C'était toutes ces motivations qui apportaient la délégation icamienne à Sainte-Régine, sur le tarmac, en approche terminale.

Tout cela, et l’appât du gain, l'ouverture de nouveaux marchés. Car Maxime Che Fang était aussi présente, l'inénarrable. La banque de la Ligue du Renouveau. Celle sans qui le renouveau de l'Icamie n'aurait pas été possible. Celle qui avait son propre agenda, pour l'instant concomitant avec la Présidence de la République... pour l'instant.

Maxime, qui était accompagnée de sa fille, qui n'avait guère d'autre raisons que la curiosité - car les riches avaient tendance à être comme cela -.

Deux autres ténors de la vie politique icamienne étaient présents : Kuñambuku Takashima, figure de proue de la ligne droitière de la Ligue du Renouveau et députée particulièrement influente ... et Tewdwr Cadwalader, "sénateur" comme seul l'Icamie pouvait les sortir. Un colosse d'un charme et d'une jovialité toute achosienne, qui tentait à sa manière de redonner des lettres de noblesse à la Chambre Haute icamienne en quittant le "ring" - car il n'y avait pas d'autre mots pour désigner ce que la jurisprudence sur les duels avait fait du Sénat Icamien - pour venir à la rencontre d'homologues étrangers : représenter l'ouverture d'une nation qui souhaitait ne pas se livrer à une discussion de seules figures providentielles comme l'Eurysie avait trop souvent tendance à le faire.

Toutes les femmes, à la demande des autorités makotanes, s'étaient parées de robes, pour ne pas trop brusquer leurs partenaires locaux ... Mais enfin, cela ne rendait la situation que plus cocasse, quand les deux tiers de la sécurité présidentielle de la délégation allaient se mouvoir en robes fendues, par-dessus leur équipement dissimulé, pour conserver une mobilité suffisante : ça avait été l'exigence des Icamiens, qui avaient accepté toutes les autres conditions, jusqu'aux bas cachant les mollets malgré la chaleur étouffante. Les Akahimes ne badinaient pas avec la sécurité présidentielle, fut-il question d'une Reine de la cité-état historiquement rivale d'Akakor. Question d'honneur !

Ne restait donc plus qu'à descendre de l'avion et à aller à la rencontre des Makotans...
7463
Comité de Réception :
- Le vice-président Irreville et son épouse Juliette Irreville
- Mlle Marguerite Irreville, fille du Vice-président et capitaine de de l'équipe de volley-ball du Makota
- M. Véques, Maire de Sainte-Agnès, et sa fille Mlle Jeanne-Berthe Véque
- Monsieur Jean Maurin, Orateur de la chambre foncière
- Monsieur André Poulet, Orateur de la chambre censitaire
- Monsieur Paul Albert, Orateur de la chambre des opinions
- Mademoiselle Dalila, chef de file des Progressistes et militante féministe et ses amies Mlles Labiche (courtisane), Saint-Paul (artiste), et Havrée (la secrétaire personelle de Mlle Dalila )

---RP---
Bien avant l'aube tardive de cette froide journée de Janvier, dans un coin retiré du tarmac de l’aéroport international de Sainte-Régine qu'éclairaient mal les lumières blafardes de projecteurs installés pour l'occasion, trois longues limousines, flanquées de puissants véhicules noirs aux vitres fumées, stationnaient sereinement. Les portières avaient été ouvertes avec la lenteur cérémonieuse des serviteurs habitués aux grands décors, et les hôtes, déjà sortis, formaient un petit groupe compassé autour d’un tapis rouge que deux agents s’apprêtaient à dérouler. L’avion, dont la silhouette blanche avait déjà mordu le sol depuis quelques minutes, roulait à pas d’homme, comme s’il hésitait à venir troubler cet équilibre précaire.

L’atmosphère était lourde, presque funèbre. Il flottait dans l’air ce silence contraint que seuls les drames récents ou ceux que l'on sent venir (l'on pense au président dont la santé semblait préoccupante) savent engendrer. Le Vice-président Irreville et le maire de la capitale, monsieur Véque, se tenaient à une distance calculée, assez proche pour feindre la civilité, assez lointaine pour ne pas rouvrir la plaie. Quelques semaines plus tôt, les deux hommes s’étaient affrontés en duel, selon un code d’honneur que d’aucuns croyaient révolu mais qui, en Makota, demeurait encore et toujours d'actualité malgré les plaintes et fulminations du Clergé qui n'hésitait pas à menacer d’excommunication les duellistes mais qui, en pratique, ne le faisait que rarement.

L’affaire du duel avait fait grand bruit. Il trouvait son origine dans le fait que Vèque avait tenté de faire destituer le président Irreville par le moyen d'un vote des Chambres du Congrès sur la base d'accusations très fragiles qui se sont révélées fausses et que son fils, le vice-président, avait considéré comme injurieuse et attentatoire à l'honneur de son père et de sa famille. L'on avait décidé de régler ça au révolver dès le vote de destitution achevé. C'est ainsi que le maire, tireur moins rapide que le vice-président, fut atteint d’une balle dans la poitrine, et avait été transporté en toute hâte à l’hôpital de Sainte-Régine, où l’on avait extirpé le projectile que, donc, le vice-président lui avait logé dans le torse pour venger l’honneur bafoué de son père.

Le ressentiment, dans cette affaire, ne s’arrêtait pas aux pères. Leurs filles elles-mêmes, que le hasard cruel des institutions avait réunies au collège dans la même classe et même le même club de volley-ball, se menaient depuis lors une guerre d’usure faite de mots froids, de regards tranchants, et de petites humiliations sournoises. Et voilà que le sort, ou plutôt les calculs familiaux, les avait réunies de nouveau, cette fois en équipe nationale. Ni la compétence réelle, ni les aptitudes sportives, ne suffisaient à expliquer leur sélection ; les noms, les réseaux, les alliances expliquaient seuls ce choix. La demoiselle Jeanne-Berthe Véques, ombrageuse et blessée dans son orgueil, se sentait d’autant plus offensée qu’on avait confié le brassard de capitaine à Mlle Irreville, fille du Vice-président et petite-fille du Président lui-même. Cette désignation apparaissait à tous comme une faveur dynastique, sinon une provocation. Cela dit, on pouvait se demander si Mlle Vèque méritait vraiment beaucoup plus sa place que Mlle Irreville méritait la sienne ...

Quant au Président, il était absent et on murmurait qu’il déclinait beaucoup et rapidement. Depuis plusieurs semaines, il n’était plus apparu en public, et sa femme avait supplié que le Vice-président prît les rênes à sa place. Avec Irreville et Vèques, l'on pouvait voir d'autres figures importantes ; Jean Maurin, ami de longue date du Président, qui représentait la Chambre Foncière, expression politique des grands propriétaires. À sa gauche, André Poulet, orateur placide et méthodique de la Chambre Censitaire, semblait plus soucieux de la rentabilité industrielle que du cérémonial. Enfin, Paul Albert, figure ambiguë à l’allégeance incertaine, présidait la Chambre des Opinions, cette instance démocratique que d’aucuns dans les couloirs du Congrès appelaient avec un sourire en coin « la chambre des vaines passions et des votes illusoires».

Dans un recoin du dispositif, à demi dissimulées par la carrosserie d’une voiture officielle, quatre femmes aux toilettes voyantes, aux épaules nues et aux décolletés profonds, tentaient tant bien que mal de conserver une contenance. Leurs gants longs d’un blanc un peu taché, leurs coiffures élégantes mais un peu défaites et leurs yeux cernés trahissaient les restes d’une nuit sans sommeil. Leurs rires flottants et les regards troubles qu’elles jetaient autour d’elles ne laissaient guère de doute : elles avaient prolongé quelque réception, ou bien quelque orgie. Artistes, courtisanes, ou les deux à la fois, elles faisaient tache dans ce tableau de dignité compassée. Mais il fallut bien les inviter puisque pour recevoir les autorités d'Icamie, on avait pensé nécessaire de s'adjoindre les seules vraies féministes du Makota, et ce malgré leur réputation sulfureuse. C'est pourquoi Madame Irreville, drapée dans sa retenue matriarcale, leur adressa un regard glacé, bientôt imité par sa belle-fille et par la demoiselle Véques, et toutes les femmes honnêtes s’unirent dans un même froncement de sourcils. Cette fois, les ennemies s’étaient rejointes dans un mépris commun.

Enfin, l’avion s’immobilisa à hauteur du groupe d’accueil. La passerelle, docilement déroulée, s’ancra contre la carlingue dans un cliquetis métallique. La porte s’ouvrit, et le silence se fit plus épais encore, comme si l’air lui-même retenait son souffle devant la solennité du moment. Le Vice-président Irreville, malgré sa raideur toute militaire, et le maire Véques, dont le pas semblait encore lesté par sa convalescence non encore achevée, s’élancèrent en avant avec une empressement savamment dosé, celui que l’on exige des hommes d’État lorsqu’ils saluent des femmes de haute extraction.

Ils s’inclinèrent tour à tour devant leurs invitées : madame Anahí Ñasaindy, dont la prestance évoquait quelque impératrice tout droit sortie d'une des légendaires cités d'or, et les demoiselles Maxime Che Fang et Roxane-Zénobie Che Fang, mère et filles, femmes d'affaire (concept inconnu et donc mal compris en Makota). Les deux hommes, pour un instant débarrassés de leur rancune mutuelle, rivalisèrent de courtoisie. Les révérences se succédèrent, les phrases galantes fleurirent sur des lèvres d’ordinaire plus enclines aux sentences politiques, et chacun des membres du comité d'accueil fut présenté.

Les limousines, silencieuses comme des bêtes de somme bien dressées, s’ébranlèrent enfin selon un ordre arrêté d’avance. La première prit la direction du Congrès. Elle emportait à son bord les parlementaires des deux nations. La seconde limousine fut celle des « demoiselles ». Mademoiselle Dalila, artiste connue et courtisane probable, y monta la première, entourée de ses suivantes, amies, alliées voir amantes, toutes vêtues à la dernière mode. Les demoiselles Irreville et Véques, sommées d’y prendre place également, obéirent avec une mauvaise grâce manifeste : lèvres serrées, gestes secs, elles s’installèrent comme l’on entre en captivité, l’orgueil blessé par tant de promiscuité avec des femmes dont la mauvaise vie était notoire. Mademoiselle Roxane-Zénobie Che Fang fut prié de s'assoir avec tout ce beau monde. Ce véhicule, à vocation mondaine et diplomatique, devait sillonner les rues de Sainte-Régine pour offrir à la jeune étrangère le visage apprêté d’une capitale que l’on voulait belle, florissante, propre, et, surtout … morale.

Enfin, la limousine présidentielle, que précédait une escorte motorisée, s’élança à son tour. Elle abritait, selon l’étiquette, le Vice-président Irreville, son épouse, sévère et droite comme une statue votive, le maire Véques, qui, de mauvaise humeur, s’était néanmoins contraint à une dignité d’apparat, madame Ñasaindy et Mlle Maxime Che Fang, femme d'affaire en charge de pousser à fond la numérisation du Makota que le Jashuria travaillait déjà à faire. Leur destination : le palais présidentiel.

---SUITE---
[On peut dialoguer dans la voiture de ton choix on bien j’enchaîne]
Haut de page