Par Tomas di Derrizio, édition de début du XVIIIe siècle.
Qu'est-ce qu'un état ? C'est une question qui a divisé longtemps et systématiquement les individus et ce qu'importe les cultures, ethnies, religions et même les continents car il n'y a pas de finalité géographique, de réalité de meute ou d'absolu du divin qui arrive à mettre le genre humain d'accord sur la question. Certains soutiendront qu'il s'agit là d'un amas de territoire, la valeur ancestrale du plus ancien des biens qu'est la terre qui survivra envers et contre tous à chaque génération qui l'arpentera. D'autres rétorqueront que c'est le sang du commun des mortels qui compose un état, les individus se considérant d'un même ensemble qui vivent, aiment et se déchirent tout à la fois dans un festival de contradictions qui font d'eux indéniablement les êtres les plus intéressant de cette planète. Certains nieront tout cela et proclameront en opposition totale qu'il n'en est rien et que ce sont les maîtres des rouages, les politiciens, fonctionnaires et autres décideurs qui articulent le corps qu'est l'état tel des marionnettistes car sans cela il ne serait qu'un amas immobile sans conscience ni existence réelle dans le monde phénoménal.
Les Fortunéens d'antan ont apportés à cette question leur propre réponse à la chute de la Tutelle des Despotes de Rhême, lors de l'émergence de l'allégorie de la Caverne dans laquelle se trouvait la cité qui Sombre d'autrefois. Un état est tout çà la fois, chacune de ses réponses entremêlées les unes aux autres de tel manière à ce qu'elles soient inextricables et ne puissent subsister ne serait-ce qu'une seconde sans leurs homologues. La terre, le peuple et les décideurs sont un Saint Triumvirat à l'image de ceux qu'affectionnaient les hermétistes de jadis, les composantes de la pierre philosophale qui donne vie à un état, équilibrant les humeurs de celui ci et s'alimentant les uns les autres afin d'en faire un être à part entière parfaitement fonctionnel. Des impératifs qui font que sans cela, l'âme même de la chose serait amputée d'une part conséquente de ce qu'elle se doit d'incarner et ne serait qu'une création de bric et de broc incomplète vouée à lentement dépérir et à succomber à une lente agonie ne menant qu'à une dispersion finale et inévitable aux quatre vent de ce qui un jour aurait pu le composer et le rendre entier.
Par conséquent l'état lorsqu'il est digne d'être appelé ainsi et se proclame aux yeux et à la face du monde comme entier n'est ni plus ni moins que organique par essence.
Il vit, respire, marche dans le monde phénoménal comme tout être doué de sentience, la Terre est sa chaire qui le recouvre de par en par et forme le majeure partie de son enveloppe corporelle. Le peuple est son sang, le liquide sacré de la vie qui coule dans ses veines de haut en bas et de gauche à droite, celui qui lui donne la force d'avancer et anime son âme jusqu'à faire lien avec le monde fantasmagorique. Et les décideurs sont la pensée ayant transcendé les frontières du rêve afin de lier le tout, de commander au corps de ce mouvoir et d'avancer, en liant les articulations une à une, pas à pas, marchant à travers les conceptions mortelles puis accélérant à mesure que l'expérience est acquise, que la direction à prendre se fait plus certaine, encore et encore, toujours plus vite, jusqu'à ce que le corps courre et s'élance et persiste par réflexe sans que l'âme même n'ait plus à intervenir dans le processus.
Pourtant, peu sont capables d'appréhender cette chose et ce peu importe l'époque. Aux yeux d'innombrables êtres l'état n'est qu'une seules des composantes susnommée et les autres ne sont que des faire-valoir qui servent à le mettre sur un piédestal, un moyen de justifier et magnifier sa grandeur. Bien souvent, c'est là car il y a une confusion inhérente entre l'état et les décideurs ou plus exactement UN décideur dans l'écrasante majorité des exemples à disposition, Rhême n'étant que celui ayant retardé le plus longtemps la pourriture rongeant sa carcasse incomplète.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si des cendres de l'Empire qui domina pendant des siècles le monde phénoménal connu et s'imposa comme le Titan informe qu'il était, naquirent de la réalisation qu'il n'était fait que d'argile, d'innombrables émulations de son modèle. Des reliquats nostalgiques, des restes ambitieux, des débris en manque de reconnaissance qui n'avaient connu que toute leur existence que le joug dudit Titan, contemplant des années durant sa puissance et sa grandeur qui n'avaient cessé d'être magnifié et d'incarner une forme d'échappatoire, une lueur réconfortante dans les ténèbres du monde phénoménal. Sa perte et sa chute bien que prévisible par la logique n'étaient qu'à leur yeux qu'un désastre, une erreur de la nature qu'ils se devaient rectifier. Non pas par espoir ni par vertu, mais à cause de la peur inhérente qui composait la moindre cellule de leur chaire nécrosée et l'ambition maladive héritée du mal congénital de leur monstrueux parent, qui allant de pair, les ont poussés à chercher à rétropédaler, à s'enfoncer encore et toujours plus dans les abysses en quête de cette lumière trompeuse propre aux baudroie et autres monstres marins n'attendant que les proies naïves et aveugles se jettent sous leurs crocs.
Des pâles copies, des émulations encore plus incomplètes et pourrissantes que la précédente qui elles même se muèrent à leur tour en temps et en heures en plus de morceaux et ainsi de suite. Un cycle sans fin voué à se répéter et à perpétuer le règne de l'obscurantisme. En théorie.
Les Fortunéens d'antan auraient pu suivre cette voie, céder à l'appel des sirènes de la nécrose et cette facilité de la conception de l'état. Il n'en fut rien, car contrairement aux émulateurs, à ces piètres simulacres, les habitants de l'île Mère de Régallia se souvenaient de ce que fut la véritable lumière. Ils étaient après tout les légataire d'un héritage multi-centenaire, celui d'un rêve détruit méthodiquement par le Titan nécrosé de Rhême après que celui ci ait volé et dévoyée ses composantes pour tenter sans succès de retarder le cancer qui le rongeait inlassablement.
La liberté. C'était là ce rêve oublié, alors que les peuples du continent s'enchainèrent dans une servitude volontaire à leurs nouveaux titans nains qui arborèrent divers noms tel que Comtes, Ducs, Rois, Empereurs, Kaiser, Tsar, Commandeur et ainsi de suite, une succession sans fin de synonymes qui pouvaient se résumer à Despotes et Tyrans. Les grands confiscateurs de la Liberté, ceux qui apposaient la marque de la soumission afin d'alléger la corruption qui rongeait leur corps incomplet, car un homme se rêvant d'état n'en sera jamais un, qu'importe l'héritage vicié qu'il bâtira toute son existence. Il ne sera qu'un oppresseur dont la fin servira d'exemple et de leçons aux générations futures afin de tirer enseignement et viser quelque chose de meilleur.
Il était hors de question pour les fils et filles préférés de Dame Fortune de suivre cette voie autodestructrice, de ne serait-ce que l'envisager, aussi ceux là même qui se révèrent Titans lorsque le choix fut de nouveau entre les mains des Fortunéens à l'effondrement du vieil empire, furent occis immédiatement alors qu'ils révélaient être contaminés par la nécrose, car seule la mort définitive et libératrice était à même de leur épargner la souffrance à venir à eux, comme à ceux qu'ils souhaitaient asservir. Lorsque leurs homologues eurent vent de cela, ils se questionnèrent allègrement.
<< Qu'allez vous donc faire fils de la Fortune maintenant après avoir rejeté le noble sang de Rhême ? Vous êtes voués à la perdition et aux ténèbres, ployez donc le genoux et reconnaissez moi comme suzerain, je vous accorderais alors la Salvation. >>
Furent les mots qui vinrent dans un premier temps, de la part des roitelets se rêvant Titans qui convoitaient l'île solitaire par delà les mers déchaînés. Mais celle ci demeurait hors d'atteinte car ils n'avaient ni assez de force ni assez de résolution pour se risquer à affronter un rêve, car il n'y a en ce bas monde point de source de puissance qu'un rêve et cela, les nécrosés le savaient fort bien. Une idée est quelque chose de plus grand que un homme se rêvant état, car là où ce dernier est mortel et ne peut que fuir la faucheuse jusqu'à ce que celle ci le coince finalement à bout de souffle face à un mur infranchissable, une idée elle transcende toute forme d'obstacle et de limites puisque c'est dans son essence même que d'être immortelle et à l'épreuve de toute arme du monde phénoménal.
Et cette idée, ce Rêve qui s'appelait Liberté, s'incarna pour la première fois à nouveau depuis les temps anciens où les cités de la descendance de Novir la théorisèrent, les Premiers Patrices décidèrent de nier tout droit d'asservissement à quelconque Tyran et s'essayèrent à devenir les décideurs, désignant l'île mère comme la sainteté de leur terre, la composante de leur corps, et leurs compatriotes Fortunéens comme le sang de l'état qu'ils s'apprêtaient à former, ceux là même qu'ils devaient par la Vertu la plus sacrée jurer de protéger du danger de la Tyrannie.
Sur le site même où leurs ancêtres s'échouèrent après une tempête dans leur fuite précipitée du monde des Hellènes, et où ils se lièrent par le sang aux peuples locaux, créant les Fortunéens tel qu'ils furent au commencement, ceux qui deviendraient les Grandes Familles Patriciennes proclamèrent la naissance de la République de Fortuna qui se verrait dirigée par un Doge élu par les composantes de l'état dont il serait la vitrine aux yeux du monde et dont les excès et les ambitions se verraient contrôlées par ses pairs autant que par les citoyens afin qu'il se conforme aux exigences de vertu qui incombaient à son rôle et jamais, ô grand jamais, ne se fasse contaminer par la nécrose.
Les Titans nains se moquèrent raillant ceux là même qu'ils qualifiaient de vauriens descendants de pirates sans aucune noblesse, impropre à se gouverner et qui finiraient par mendier de leur plein gré leur soumissions afin à l'image des autres peuples du continent être sauvés.
L'Histoire leur donna tord cependant, car Fortuna continue de traverser les siècles en état organique parfaitement fonctionnel qui ne cesse de gagner en vigueur et en force à mesure que les années passent là où les Titans vont et viennent, là où les empires s'élèvent et s'effondrent comme des châteaux de sables. La République quand à elle, perdure, se tient fermement tel un roc solitaire s'élevant tant bien que mal face à un océan de tyrannie qui a engloutie depuis des lustres la majeure partie du Continent, incarnant tel un phare solitaire le rêve Républicain, le Rêve nommé Liberté et illuminant de sa douce aura l'hémisphère Austral. Pourtant au delà de la brume s'élevant depuis les carcasses empilés ci et là des titans nécrosés ayant trépasser ou sur le point de décéder, d'autres pilonnes de lumière se lève, Velsna, Volterra, Strombola, Apamée, Onide et bien d'autres encore, des îlots isolés de vecteur du rêve qui refusent de céder aux sirènes de la pourriture, nos filles prodigues issues des sangs mêlés de Fortuna et Léandra et qui s'élèvent elles aussi comme des états organiques entiers et dignes.
Une preuve manifeste et éternelle, que le cancer qui ronge le monde phénoménal n'est ni absolu ni éternel et qu'il finira par reculer jusqu'à disparaître, peu à peu et certainement pas sans coup férir, tout le contraire même car il se débattra, tirera les ficelles viciées afin d'animer les Titans morts dans une tentative désespérer de se sauvegarde de la purification qui est son destin inévitable. Et c'est un déroulement des choses tout à fait normal car c'est dans la nature de la Tyranie d'être une forteresse aux abois, constamment assiégée par les doutes et les contestations de toutes sortes, rognées de toutes part au fil du temps jusqu'à ce que les murs tombent et que les portes soient enfoncés, laissant la lumière du jour pénétrer afin de dissiper les ombres. La lumière de la Liberté, qui n'a nullement besoin quand à elle de se presser, puisque en toute chose et finalité, elle finira par l'emporter, car après tout si elle ne porte pas l'affrontement au despotisme, la Forteresse succombera d'elle même à sa nécrose dont la propagation démultipliée par un symptôme croissant de paranoia lui aliènera tout ce qui lui sert de médecine retardant l'avancée des pathogènes étrangers à son corps incomplets dans une autodestruction flamboyante.
Ainsi est acté cette vérité, Fortuna endure les épreuves du temps et fidèle à elle même, à son rêve dont elle assume d'incarner tous les tenants et aboutissant, l'emportera inévitablement à la fin si elle maintient le cap sans discontinuer tel l'état complet qu'elle est.
Pour autant et malgré cela, chaque lumière inclue aussi une part d'ombre inhérente, et plus éblouissante elle est, plus l'obscurité suivant est conséquente. La République, en dépit de ses succès face aux menaces existentielle souhait sa destruction depuis l'extérieure n'est toutefois pas exemple elle aussi de menaces émergeant de sa forme d'état complet et organique. Car sans être elle même réellement une forteresse assiégée avec tous les défauts et les faiblesses des cadavres titanesques déjà tombées ayant causés leur chute finale, la République est elle aussi sensible à des maux similaires que sont la peur et la Paranoia. Car même ceux devant porter l'espoir et montrer l'exemple se retrouvent face à des impasses, à des obstacles qu'ils pensent insurmontables. C'est là le lot de chaque être, ce qui différencie le mortel du divin, ce qui fait de nous des êtres humains. Nous pouvons fauter, nous pouvons être bloqués dans notre élan. Et lorsque cela arrive, cela ouvre brèche dans les âmes, une faille insidieuse qui permet à la peur de s'infiltrer et de prendre niche. Et à partir de là de donner naissance un cycle perpétuel et vil qui se répètera encore et encore jusqu'à donner naissance à ce qui est indéniablement le plus grand danger auquel peut faire face la République et le Rêve lui même.
Car les Titans s'ils sont une manifestation du monde phénoménal de la pourriture demeurent un ennemi connu et prévisible que l'état Fortunéen sait appréhender et gérer la plupart du temps. Le problème réside dans l'inconnu, dans ces situations qui arrivent malgré tout de temps à autres et où l'état, sûre et certains de sa démarche se retrouve face à l'échec dans l'incompréhension. Dans certains cas, l'état organique reprend contenance et continu son avancée et rien ne se passe, mais dans d'autres qui arrivent bien plus souvent, il s'embourbe. L'harmonie entre ses composantes est perturbée, incapable de se coordonner, de se sentir entier comme il devrait l'être. Une situation de crise, qui stimule la peur insidieusement ancrée dans les recoins de tel manière à ce qu'elle se répande tel une tumeur hautement contagieuse et paralyse toujours plus l'organisme, privant ce dernier de ses sens uns à uns de tel manière à le laisser isolé dans des ténèbres crées de toutes pièces.
C'est alors qu'IL NAIT. Un être dont l'existence a très longtemps été théorisé par les penseurs Fortunéens et que ces derniers nomment sobrement comme "Le Démon Homme d'état". Un être quasi-mythique qui est systématiquement qualifiée comme le Croque-mitaine qui vit et existe dans l'ombre de l'état, une bête patiente et hautement insidieuse qui attend son heure et ne se décide à émerger de son antre dissimulée qu'à l'heure où minuit sonne pour l'état.
Il n'y a pas de plus grand danger que ledit démon pour la République et le Rêve.
Pourquoi ? Car ce dernier est tel un diable, une manifestation qui se présente avec des traits bienveillants, des discours motivant et qui clame haut et fort à quiconque veut bien l'écouter qu'il va préserver le Rêve et remettre l'état sur le Droit Chemin, réduire à néant sa cécité temporaire et restaurer ses sens et sa gloire... Et c'est là que quiconque doué de raison devrait réaliser sa vrai nature, ce qui fait de lui un démon. Ce moment où il va émettre un prix afin d'agir. Car c'est là la fourberie du Démon Homme d'état que de se présenter comme le sauveur providentiel, l'unique solution à une crise existentielle, et de conditionner son intervention à un prix en apparence inoffensif mais qui n'est que le début de la fin pour quiconque se risque à passer un marché avec le diable.
Car le démon n'entend pas sauver le Rêve, il ne veut pas préserver la Liberté, il veut l'éteindre, la pervertir, la dévorer et s'imposer comme une nouvelle forme de nécrose plus vicieuse et dégoutante encore que les Titans. Car son oeuvre n'est pas seulement signe d'asservissement ou de tyrannie, c'est le parachèvement de l'Alter-égo du Rêve, les désirs secrets de la pourriture, son Triomphe final. Le moment où l'état aux abois sacrifie volontairement et en pleine âme et conscience la vertu pour une apparence de sécurité. C'est là l'instant où il a définitivement gagné, lorsque les institutions et les Citoyens abdiquent leur rôle de censeur et de garde-fou face à l'exécutif et laissent libre voie au Démon pour devenir le dévoreur des péchés sur lequel tous se reposeront afin que celui ci agisse vite et avec puissance pour rendre sa vision à l'état... Ce sans jamais avoir conscience que le prix à payer était définitif et lourd de conséquences.
Alors il convient pour le Corps Organique de ne jamais oublier, de toujours se souvenir que le Démon est là à chaque instant, et n'hésitera pas à faire une offre alléchante eu moment opportun où l'état en aura le plus besoin. Mais c'est précisément à cet instant que le Triumvirat se doit de se lever, que la terre s'indigne, que les Citoyens gronde, et que les décideurs fassent front, car il est du devoir de chaque âme et chaque parcelle que de défendre l'Idée du Rêve, de la Liberté, de la République, lorsque celle ci en aura le plus besoin quand le Démon homme d'état viendra chercher son âme.
C'est là le devoir sacré de tout état se considérant comme complet et donc organique que de se relever avec fracas et de refuser le diktat du Démon, et le cas échant de se saisir d'une pique et de l'empaler au coeur afin de le renvoyer dans les abysses où sont sa place. Et après cela, de se souvenir... Ne jamais oublier que le Rêve s'il apparaît puissant, demeure fragile. Que la Vertu peut s'évaporer à tout instant si l'on n'en prend pas soin. Et que la Liberté peut tout à fait s'éteindre sous un tonnerre d'applaudissements. Aussi nous devons rester vigilant et déterminés en tant que composants du corps afin de préserver la Lumière et ne pas sombrer dans les ténèbres, car ceux ci guettent le moindre moment de faiblesse que nous exposons, et il n'y a jamais qu'un seul échec à chaque moment de vérité pour basculer.
Le temps est à l'avantage de Fortuna, de son Rêve, mais cela est aussi vrai pour le Démon homme-d'état, son plus grand adversaire.
Et aujourd'hui, à l'aube de ce XVIIIe siècle où la République émerge lentement d'un âge d'or semblable à un songe qui lui paraissait éternel, jamais celle ci n'a été aussi vulnérable à cette heure où les décideurs se déchirent pour de stériles querelles d'autrefois, à la plus grande satisfaction du Démon qui voit l'ombre s'étendre jour après jour. Une crise se profile, et Fortuna pour la première fois depuis plus d'un siècle fera face à nouveau à une heure de vérité. Et en tant que Patricien, en tant que décideur, mais avant tout en tant que citoyen, en tant que protecteur de la vertu et part inhérente du sang qui coule dans le corps de l'état, je prie de tout coeur auprès de Dame Fortune la Miséricordieuse que mes pairs ne cèdent pas à l'offre du Démon lorsque celui ci se révèlera dans son linceul de mensonge.
Car si nous cédons, si nous faisons acte de l'abdication du rêve et de la vertu, alors nous aurons mérité notre chute. Et celle ci ne sera pas douce.