11/05/2017
22:43:36
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[Event à venir] Le Prince & le Démon

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Prémices de la Mascarade des Coupables



C'était une de ces journées comme une autre en apparence, l'époque de l'année où certes c'était encore l'hiver mais ce dernier était sur son lit de mort, prêt passer le relais à sa Dame Printanière en galant prince même si en soit sur les berges du Lidos, la petite leucytalée qui n'avait rien à envier au climat de sa grande soeur, l'on ne faisait guère la différence, l'air qui était systématiquement empli de sel dû aux alizés océaniques demeurait éternellement doux et agréable, qui donc pouvait bien avoir envie de quitter la campagne régalienne en cette situation ? Beaucoup assurément, ceux qui avaient les moyens des se payer des vacances exotiques ou qui appréciaient courir le monde, Rimini et Derrizio s'étaient déjà évaporés à l'approche de la fin des frimas, préférant visiter les contrées nordiques pour profiter encore des frimas du Général hiver. Grand bien leur fasse. Deria comme Scaela pour leur part ne quittaient jamais Léandra et avait même accueilli Altarini cette année afin de resserrer les liens entre le Concordat et ses alliés. Les grecs faisaient de même sous l'égide de la Despote Lykaronienne. Ludo et Baskari avaient fuit vers l'Afarée en prétextant d'entretenir les liens avec l'Althalj à l'heure ou l'union contre Cramoisie devait se présenter comme évidente. Montevelli ? En voyage à Velsna pour étudier la geste Canossienne. Dandello ? Retranché à Grietta à surveiller le siège de Carnavale de loin. Ce voyou de di Forenza ? Encore à comploter avec ses amis corporatistes dans les îles Canossiennes. Mancini avait suivit B.R.L au patrimoine mondial pour assister aux expositions. Et les autres... Il ne se souvenait même plus, ils devaient bien être quelques part ci et là à travers le monde. Même les petits nouveaux, Mainio et Gabriel étaient introuvables.

La seule chose finalement dont "Dom" Rodrigo Névérini était certains en cette heure, c'est que des Patriarches et Matriarche des Grandes Familles Patriciennes, celles là même qu'un grand penseur d'antan avait nommé "Les Décideurs", il ne restait guère que lui et le Doge Sérénissime di Fortuna sur l'île Mère de Régallia, ce qui était assez rare pour le souligner voir même inédit alors que d'ordinaire les Grands de cette République rechignaient à s'éloigner de la capitale, il y avait fort à parier que tous ces départs coïncidaient sans doute avec le "Festival" en cour dans le Golfe des Empires ceci dit... Enfin, le ciel pouvait tomber sur la tête du peuple que Névérini n'aurait pas hésité un seul instant à rester à ses côtés, et de surcroit il convenait de préparer les prochaines récoltes viticoles, le travail ne s'arrêtait jamais et entre les tractations politiques ainsi que les manigances dans les antichambres secrètes, celui que l'on considérait à bien des égards comme le "Champion du Socialisme Fortunéen" tenait fermement à persister dans ses habitudes visant à récolter son raisin personnellement aux côtés de ses journaliers et à participer aux vendanges d'Automnes. Inutile de dire que c'était peu commun pour un Patricien, et c'était une des nombreuses raisons qui faisait que le commun de la plèbe l'appréciait immensément et le considérait comme sincère et intègre. Il était communément admis que même si tous le gouvernement abandonnait la populace, ce dernier se tiendrait vent debout à ses côtés qu'importe les menaces. Certes ce n'était qu'une image, mais qui en disait déjà long sur l'individu.

Mais aujourd'hui, ce n'était pas les raisons qui nécessitait son attention, de fait , cela faisait plusieurs heures depuis le petit matin qu'il était à pied d'oeuvre afin de remplacer les clôtures usées des vergers après des décennies de service, le dixième coup de la cloche du village voisin se fit entendre au loin. Il y avait encore à faire, mais il était temps d'une légère pause. Sur une colline surélevée, à l'ombre d'un imposant pommier dominant ses confrères plus bas dans les vergers susmentionnées. Ce dernier, comme tous ceux de son ascendance à cause de l'hiver, avait perdu son majestueux ramage, et voyait à peine une partie de ses prochains atours émerger timidement sur ses branches dénudées. Contemplant le spectacle en silence dans la digne lignée des romantiques du XIXe siècle, Névérini laissa naître sur son visage un sourire satisfait alors qu'il détournait le regard jusqu'à balayer les terres plus bas, il ne sentait jamais aussi vivant que lorsqu'il était aussi proche de la terre et des gens. Cela lui rappelait d'où il venait, lui et sa famille, les sacrifices accomplis, les récits à la lueur des chandelles, les us et héritages transmis d'ascendants en descendants. Débouchonnant sa gourde, il s'octroya une gorgée d'eau bien méritée.


??? - << C'est donc ça la stratégie usuelle ? Faire sois même le labeur complexe au lieu de se faire aider pour mieux pouvoir se plaindre de douleurs au dos et fuir les réunions du Concile lorsque l'issue des discussions ne nous plaît-pas ? Je devrais peut être faire de même, cela m'épargnerait bien des tracas. >>

Le Patricien-fermier sursauta à la prononciation de ces paroles et d'instinct se tourna immédiatement vers là d'où elles provenaient, quelques secondes suffirent à détailler à l'intéressée. Même avec ses lunettes de soleil teinté, cet imposant chapeau d'ébène n'ayant rien à envier à ceux à la mode au siècle dernier et les autres accessoires servant vraisemblablement à tromper le public, il la reconnaîtrait entre mille. Après tout elle portait toujours cette même robe charbonneuse, qu'il soupçonnait depuis des années d'être une contrefaçon de Satin, comme à chaque fois qu'elle s'en venait en son domaine familial ancestral le voir à l'improviste. Et à improviste c'était le cas de le dire en l'état.

Rodrigo Névérini - << Bon sang Francesca ! On ne t'as jamais apprise à ne pas rentrer chez les gens sans les prévenir ? >>

Beugla-t-il, irrité par la chose, une fois de plus et comme à chaque occasion où lui faisait le coup, portant son regard par dessus son épaule en profitant de faire plusieurs centimètre de hauteur de plus, il remarqua finalement en contrebas d'une colline, presque complètement dissimulé, les traits caractéristique des véhicules blindés du convois ducal et les agents de la Maréchaussée Fantôme qui tournaient aux alentours tout en restant soigneusement aux limites du domaine certainement sur l'ordre de leur Lige. C'était assez irritant de constater que même après toutes ces années il n'était toujours pas fichus de les voir arriver quand bien même ils ne faisaient pas tant d'effort que ça pour l'occasion.

Francesca Federica di Fortuna - << Oh... Et me priver du plaisir de te voir devenir aussi rouge que ton vin comme quand nous étions jeunes ? Où serait-donc l'amusement ? >>

Renchérit-t-elle avec un sourire narquois qu'il lui connaissait bien et qu'il savait sincère, contrairement à ses grimaces et ses faciès de Statue qu'il la voyait arborer depuis près de bientôt quatorze ans, ces obligations qui ne lui correspondaient pas. S'il ne la connaissait pas aussi bien, il n'aurait sans doute pas remarqué la différence dans son sourire d'ailleurs, celui sonnait faux, le détail était subtil, mais il en avait la certitude de par son instinct qui le trompait rarement. Quelque chose était différente cette fois, ce n'était pas une simple visite de courtoisie pour se remémorer le bon vieux temps et profiter de l'accalmie sur la scène politique. Et à mieux y repenser, cela ne correspondait même pas à ses timings d'ordinaire... Elle ne quittait jamais la Capitale lorsque la roue du destin chamboulait le monde et encore moins lorsqu'aucun autre patricien n'était en Ville. Non... Quelque chose clochait. Inspirant grandement avant d'expirer avec frustration il étendit son bras de tel manière à l'inviter à le suivre.

Rodrigo Névérini - << Marchons donc. Ta boîte de conserve "sécurisée" a dû t'engourdir les jambes, ces engins ont toujours été mal fichus. Mais rien qu'une promenade dans mes vergers ne puisse corriger. >>

Le ton se voulait teinté de compassion même si une bonne dose de rémanence d'irritation persistait encore, vraisemblablement il avait du mal à tourner la page de ce qui le frustrait. Pour autant le Doge Sérénissime n'en fit aucune remarque et se contenta d'acquiescer tout en maintenant son sourire de façade. Les deux patriciens s'éloignent du pommier trônant au dessus des vergers, empruntant un chemin de terre battu traversant une allée où des Citronniers s'élevaient jovialement quand bien même la saison n'étaient pas encore venue pour eux de fleurir. Pour autant dans cette promenade champêtre il n'y avait aucun mot d'émis, seulement un silence de plus en plus pesant à peine brisé par le bruit des pas allant les uns après les autres à travers les arbres fruitiers se balançant de gauche à droite sous les assauts du vent dont les Bourrasques pleines de jugements étaient édifiante quand à l'étrangeté de la situation.


Rodrigo Névérini - << Bon... Tu comptes me dire ce qui ne va pas ? Ou il nous faut aller voir les oliviers pour que tu te décide à croire qu'il n'y a aucun micro ni enregistreur dissimulé dans les feuillages ? >>

Annonça-t-il finalement d'un air un peu bourru mais se voulant à vocation humoristique, singeant un sourire un peu gêné de façon théâtrale. En temps normal cela lui aurait arraché un sourire, un vrai et sincère à sa chère Francesca, mais il n'en était rien. Même sa façade n'était plus, ce simulacre de satisfaction s'était brisé soudainement en mille morceaux sans aucun signe avant coureur, ne laissant qu'une mine neutre sans couleurs, c'était celle de Francesca la Statue, l'expression même dont elle usait et abusait en toute occasion depuis qu'elle avait succédé au paternel au Palazzo Ducale. Et cela voulait clairement dire qu'elle cachait volontairement ses émotions. Ce qui ne faisait aucun sens car ici cela n'était guère utile, il n'y avait personne hormis les citronnier pour les juger.

Francesca Federica di Fortuna - << Je suis malade Rodrigo. >>

Répondit-elle dans un calme terrifiant, comme si il s'agissait d'une banalité des plus communes, mais le tremblement des lèvres la trahissait et il comprit. Les spectres du passé revenaient finalement les hanter, Dame Fortune était bien cruelle à avoir feint d'écouter les prières implorant de briser le destin. Névérini serra les dents face à cette annonce, il en comprenait très bien l'origine plus que quiconque et pour ce qu'il en savait il était très probable que personne au Gouvernement du Miroir ni même au Concile ne soit au courant, si ce n'était peut être Irène et son mari...

Rodrigo Névérini - << Donc finalement tu as bien reçu l'héritage empoisonné de Padrone... De tout ce qu'il a pu te transmettre il fallait que cela suive aussi... >>

L'amertume se faisait ressentir à chaque mot prononcé, et le Prince Rouge pour la première fois depuis bien longtemps serrait le poing non pas pour ses grands combats qu'il menait depuis son plus jeune âge, mais par pure colère face à la mesquinerie de la destinée. Et il regrettait alors. Il regrettait de ne pas avoir eut le courage de faire face à Padrone et ses lubies des décennies plus tôt, de ne pas lui avoir dit ses quatre vérités en face. Et maintenant cela revenait les dévorer tous, car la Fatum obtenait toujours son dû au centuple... Francesca s'était quand à elle de nouveau muée dans le silence, et ils avançaient, dépassant les citronniers jusqu'à arriver à l'angle de l'allée, croisant la route d'un pommier branches ternes.

Rodrigo Névérini - << Tu dois démissionner. Pense à tes enfants et à Juan bon sang... >>

Elle ne réagit pas, demeurant impassible, c'était le propre des statues et elle entendait jouer son rôle jusqu'à la fin, quand bien même Névérini savait pertinemment qu'il avait probablement touché juste via ses mots et que cela devait bien lui faire quelque chose même si elle se refusait à l'admettre et le montrer, le parachèvement de plus d'une décennie à dicter la Politique de devant et de l'envers du décors, un chemin tout tracé vers l'entropie.

Francesca Federica di Fortuna - << C'est impossible et tu le sais très bien. Le mandat doit être terminé coûte que coûte. Si j'abdique maintenant, les Landrins et les Lykaroniens vont s'égorger mutuellement dans les deux semaines qui suivent et ce n'est pas dit que cette fois ils ne tentent pas d'aplatir leur cités respectives si aucun arbitre n'est là pour équilibrer les humeurs. >>

Il en resta bouche bée, cette tête de mule n'en faisait une nouvelle fois qu'à sa tête. Dirigeante discrète selon les journaux cantais. Foutaises, il ne la connaissait pas comme elle était réellement, Lorenzo était tout à fait apte à faire figure d'as du compromis en comparaison lorsqu'elle décidait de se tenir à quelque chose, tel un molosse hargneux elle ne lâchait jamais prise quitte à ce que cela la desserve plus tard, elle tenait bien de son père pour cela !


Rodrigo Névérini - << Aucun arbitre ? Est-ce que tu t'entends parler ? Il doit bien avoir quelqu'un dans ce foutu concile apte à prendre ta place dès maintenant ! Si tu en nomine un dès maintenant il pourra même se préparer pour les élections de l'An prochain. >>

Francesca Federica di Fortuna - << Ce n'est pas comme ça que ça marche. Et non, en l'état il n'y a personne d'apte à prendre le poste. Juliana n'est pas prête, et Patrizio refusera à coup sûr, peu importe les larmes de crocodiles que je pourrais verser pour essayer de l'amadouer. Les autres ne sont tout simplement pas qualifiés, leurs passions exaltés et leurs intérêts propres ne correspondent pas à ce que l'on attend d'un Arbitre. >>

Il leva les mains vers le ciel comme s'il eut été un protagoniste de tragédie grec implorant les cieux pour faire preuve de clémence, avant de pointer un doigt accusateur vers Francesca qui n'en fut toujours pas plus déstabilisé, campant fermement sur ses positions.

Rodrigo Névérini - << Et donc ? Tu ne comptes tout de même pas assumer un troisième mandat ? Pas avec... ça... Et merde... Je n'ai pas besoin d'aller consulter tes examens fais en catimini pour savoir quand le rideau va tomber si tu fais ça... Combien c'était pour Padrone ? Dix ans ? Quinze s'il faisait le plancton ? Vingt si Dame Fortune en faisait son héraut ? Sous réserve bien évidemment qu'il arrête de... S'autodétruire pour cette structure pourrie et dé... >>

Francesca Federica di Fortuna - << POUR LE RÊVE RORO. Pour que le Rêve vive... >>

Le coupa-t-elle dans son élan avec fermeté, pendant un instant il pu voir ce qui se dissimulait sous les traits de la statue, un mélange de colère et de tristesse qui avait déformais son charmant faciès dans une contorsion d'émotions abjecte qui ne lui ressemblait pas, bien assez vite elle se reprit toutefois, revenant à Francesca la Statue. Roro... Cela faisait des années qu'elle ne l'avait pas appelé, à croire qu'elle l'avait oublié ce sobriquet des jours heureux où ils étaient encore insouciants car cela était le privilège indissociable de l'enfance. Mais non, elle se souvenait encore... Elle n'avait pas oublié.

Francesca Federica di Fortuna - << Dans l'idéal je ne veux pas à avoir à assumer la charge d'un troisième mandat. Mais pour cela j'ai besoin d'un successeur désigné. >>

Pendant un instant Névérini laissa échapper un soupir de soulagement, elle se montrait enfin raisonnable. Même si il aurait apprécié la pousser à rendre l'insigne céans, c'était sans doute le mieux qu'il pouvait espérer. Et si elle parlait d'un successeur désigné, c'est qu'elle devait déjà avoir quelqu'un en tête. Francesca planifiait toujours sur le long terme, et disposait de plans de contingence pour diverses situations, c'était la le première enseignement de son père, ne jamais être pris au dépourvu et toujours avoir de quoi rétorquer...

Rodrigo Névérini - << Donc tu n'es pas venue uniquement pour m'annoncer les mauvaises nouvelles mais pour me demander mon aide et que je soutienne ton choix n'est-ce-pas ? >>

Francesca Federica di Fortuna - <<
Pourquoi diable essayerait-je de te pousser à te soutenir toi même ? Cela coule de source que ce sera déjà le cas de base. >>

Il cligna des yeux, hagard, comme si l'espace d'un instant il venait de subir le retour de bâton d'une nuit de cuite ? Comment cela se soutenir lui même ? Est ce qu'elle venait vraiment de sous entendre ce qu'elle avait sous entendu se demanda-t-il totalement prit de court par la réponse ?

Rodrigo Névérini - << Pardon ? Répètes moi ça ? >>

Francesca Federica di Fortuna - << Oh allons, tu n'es pas sourd à ce que je saches. C'est toi que je veux comme successeur, comme prochain Arbitre et Doge. >>

Un silence gênant s'installa dans la foulée, et les deux, le Doge Sérénissime en fonction et le Prince Rouge se fixèrent muet, arborant deux faciès digne des plus grand joueurs de pokers qui laissait se jouer un affrontement muet au sommet pendant quelques instants.

Rodrigo Névérini - << C'est Ludo qui t'as soufflé cette blague hein ? Elle est encore dans la voiture à attendre que tu vienne lui raconter ma réaction n'est-ce-pas ? >>

Francesca Federica di Fortuna - << Ce n'est pas une blague Roro. C'est ma volonté. Je veux que tu me succède. >>

Les mots lui manquèrent, et sa bouche resta s'ouvrit et se ferma sans qu'aucun son cohérent s'apparentant à un mot n'en sortes. Non, cela ne pouvait pas être autre chose qu'une blague, c'était bien trop inattendu et lunaire pour être la réalité, il devait rêver, ou cela devait être une caméra cachée. N'importe quoi sauf... ça... Tournant sa langue trois fois dans sa bouche, il s'apprêta à protester à nouveau et à étayer le pourquoi du comment c'était une idée fantasque et absurde mais n'eut même pas le temps de débuter qu'il fut immédiatement interrompu à l'avance.


Francesca Federica di Fortuna - <<
J'ai pesé le pour et le contre pendant des semaines, depuis que les Onédiens ont subit l'ire de Carnavale sur Estham, voir autant de vies partir en fumée en si peu de temps sans aucune raison apparente a été un déclic. Un rappel des années sombre de nos pères. Tu te souviens de leurs histoires, des images d'époque de leurs archives n'est-ce-pas ? Le système n'est pas parfait, et je sais qu'il te répugne, mais il permet au Rêve de vivre et ce bien que sa flamme ait décliné lentement depuis le mandat de Papa. Si nous la laissons s'éteindre, autant s'en remettre tout de suite à Dame Fortune et prier de tous nos coeurs que les horreurs qui ont fait de nos ainés ce qu'ils étaient ne reviennent pas pour marquer à jamais nos enfants. >>

Le ton était sombre, et à mieux y regarder il la voyait serrer les dents, cela lui faisait mal de prononcer les mots, d'évoquer le passé. Même s'il n'avait pas connu la fin de la vieille République avant qu'elle ne renaissance de ces cendres, ceux qui étaient là à l'époque s'étaient assurés qu'ils entrevoient dans leur ensemble ce qui s'était déroulé à l'époque afin de marquer au fer rouge leurs esprits. Ils avaient été d'astucieux mentors, des politiciens de génie, mais aussi de piètres parents. C'était un fait indéniable.


Rodrigo Névérini - << Bien sûr que je me souviens. Padrone me forçait à regarder les photographies des noyés et de pendus à chaque fois que je le contredisait où que je lui parlait de socialisme. Il disait que c'était ces idées là qui avaient poussés les Litaris à faire fusiller mon Grand-père. Ce qui n'explique toujours pas pourquoi tu me veux moi à ton putain de poste. La seule chose dans laquelle je fédère par mes idées, c'est par l'inimitié, ils se méfient tous car ils me voient frayer avec les rouges et que j'aime le peuple pour ce qu'il est, dans ses excès comme son superbe. >>

Il soupira, profondément frustré. Il ne voulait pas l'admettre mais il commençait à voir où elle voulait en venir. Ce qui n'expliquait toujours pas pourquoi c'était lui qu'elle voulait plutôt qu'un autre. Ludo serait bien plus fédératrice qu'il ne l'était, Avizio était la neutralité incarnée. Même ce salopard de Di Forenza aurait plus de succès au poste et cela lui faisait mal de ne serait-ce que considérer la chose comme possible.

Francesca Federica di Fortuna - << Et c'est précisément pourquoi tu feras un bon arbitre. Ce rôle ne nécessite pas d'être aimé de tous, sinon ce serait Mancini qui serait à ma place. De même qu'il ne nécessite pas d'être un surhomme révolutionnant l'ère auquel cas ce serait Ludo qui occuperait le poste. Être arbitre, cela n'a jamais été à propos de satisfaire tout le monde, de courtiser ou de révolutionner. Non, ce n'est pas le job. >>

Rodrigo Névérini - << Et qu'est-ce donc alors ? >>

Francesca Federica di Fortuna - << Prendre les moins pires décisions de tel manière à ce que les grands enfants ne soient pas suffisamment contrariés pour considérer de ne pas en venir aux mains. En d'autres termes, trancher, arbitrer, décider. L'arbitre est le dernier recours lorsqu'un consensus n'est pas atteint, c'est celui qui fait pencher la balance de façon impartiale afin de choisir le Fatum qui lui apparaît comme le moins dommageable. Car ce n'est que pour des tâches ingrates qu'on en appelle à lui. Il s'agit simplement de choisir le moindre mal et porter sur soi le fardeau pour préserver le Rêve et qu'il vive. >>

Il demeura silencieux. Avait-elle seulement idée de ce qu'elle lui demandait ?


Francesca Federica di Fortuna - << Ton impopularité auprès du reste du Gouvernement Renversé est ton plus grand atout et argument afin de pouvoir briguer le poste. Car si personne ne t'apprécie complètement et que l'inverse est tout aussi vrai, alors il n'y a aucun risque que ton jugement soit biaisé ou partial. Les choix que tu fera seront objectifs par essence, et c'est ce qu'ils attendent tous. De surcroît, tu as la force de caractère nécessaire pour les forcer à se taire et écouter tes jugements. Non, il n'y a personne de plus qualifiée que toi pour me succéder. >>

Pendant un instant il serra le poing, inspirant puis expirant successivement, évacuant cette pression soudaine qu'on venait de lui placer sans lui demander sur les épaules. Oui, elle avait une idée très claire de ce qu'elle lui demandait, la réflexion ne datait vraisemblablement pas d'hier, ce n'était que la finalité d'un énième de ses plans sur la durée...

Rodrigo Névérini - << Admettons... Admettons un seul instant que j'accepte. Et ensuite ? Tu penses que les autres... Les décideurs comme Tomas di Derrizio les nommaient... Vont rester là à acquiescer comme des robots ? Ce sont des grands enfants, qui ont leurs passions et leurs intérêts, tu l'as dis toi même. Crois tu vraiment qu'ils vont accepter la chose juste parce que tu leur demande en toute bonne foi ? >>

Francesca la Statue laissa place en guise de réponse initiale à Francesca l'indignée, comme si cette supposition ne lui avait jamais traversée l'esprit et qu'on la prenait pour une ânesse.

Francesca Federica di Fortuna - << Me penses tu naïve à ce point Roro ? Bien sûr que non ils n'accepteront pas tous, pas même la majorité simple... Pas en l'état. C'est pour ça que je viens te voir maintenant pendant que nous pouvons encore y remédier. Un an, Roro. C'est tout le temps qu'il nous reste afin de te préparer et de convaincre chacun de ces enfants pourris gâtés, ces génies lunatiques avec des égos plus grands que le vieil empire Rhêmien. Un an seulement, il faudra faire avec, mais avec un peu d'acharnement cela passera. Surtout que tu n'es pas tout à fait seul non plus. >>

Il arqua un sourcil, pas tout à fait seul ? Certes il y avait le Tribun de la Plèbe et Arya Ludo qui étaient des soutiens réguliers, le premier le rejoignant par conviction sur de nombreux sujets tandis que la seconde se positionnait via des alliances de circonstances très souvent pour énerver certaines personnalités ciblés dans le camp opposé. Il allait falloir plus que ça et... Oh, à moins que... Petite futée... Elle préparait son coup depuis des années...


Rodrigo Névérini - << Les Pharois. C'est pour ça que tu as poussé comme une dingue pour qu'on les accepte à la table. Pas seulement pour leurs secrets d'états et leurs richesses... >>

Pour la première fois depuis le début de cette entrevue, Francesca sourie, sincèrement...


Francesca Federica di Fortuna - <<
Tout juste. Tu comprends vite. Un nouvel argument pour pousser ta candidature. Maintenant, est ce que tu vois venir le reste des fils ? >>

Portant sa main à sa barbe, il prit quelques instants pour réfléchir, si il y avait autre chose dans le grand plan du Doge, une de ses spécialité dont elle avait le secret, cela voulait dire qu'il y avait d'autres éléments qu'elle avait planifiée à l'avance là aussi, positionnant en amont des pièces sur le Grand Jeu en anticipant, toujours un coup d'avance sur ses adversaires... Cela devait être dans les dernières années... Et... Oh... Il réalisa soudain, c'était d'une évidence même.

Rodrigo Névérini - << Irène. Tu l'as laissée faire à Velsna pour que l'influence des Landrins décline méthodiquement et que Altarini prenne le pas sur eux aussi comme il a prit le pas sur le fils Litaris. >>

Francesca Federica di Fortuna - << Altarini est raisonnable. C'est un fervent républicain malgré ses positions parfois douteuses. S'il est en position de force, il cherchera à négocier, mais cela n'est pas synonyme de refus systématique, il est même tout à fait envisageable d'obtenir un compromis satisfaisant. Irène et ses gens s'opposeront par défaut aux Landrins, car in fine la seule réelle menace et de facto la pire finalité serait que ce soit Deria qui concoure pour le poste. Si il y a bien une menace réelle qu'il fallait endiguer et passer sous cordon sanitaire c'était lui. >>

Il fronça les sourcils à l'évocation du nom de Francisco di Deria, Second de l'Amirauté, il était aussi la nouvelle puissance du Concordat Landrin, celui par qui cette sous faction aux idées litigieuses tenait encore et disposait d'un tant sois peu d'influence en dépit de toutes les manigances du Doge Sérénissime qui avait soigneusement manoeuvré pour saper subtilement celle ci.

Rodrigo Névérini - << C'est un réactionnaire convaincu sous ses airs de conservateur neutre. S'il en avait eut l'occasion il aurait envoyé toute l'Armada en soutient de Dino Scaela pour renverser le système Velsnien et c'est certains qu'il rêve secrètement de faire de même à Fortuna... Même ce salopard de Di Forenza le considère comme une ordure finit et pourtant il s'y connait en la matière de par son propre pédigrée. >>

Le cas de Deria étant évoqué, les pièces du puzzle se mettaient de plus en plus en place et il entrevoyait le plateau d'échec et la disposition des pièces. Selon toute vraisemblance, si le Doge avait gardé secrète le mal qui la rongeait jusqu'à présent, et qu'il n'y avait probablement que certains membres de la Maréchaussée Fantôme, des Arlequins et de la Courde Céramique qui devaient en être au fait, c'était assurément pour éviter que les Landrins ne l'apprennent et puisse se préparer en conséquence en tentant de saisir l'occasion pour prendre le pouvoir "légalement". D'un autre côté, un troisième mandat serait tout aussi catastrophique car même sans connaître les détails de l'avancée de la maladie héréditaire qui rongeait Francesca, Rodrigo se doutait bien qu'elle ne finirait pas celui ci de par le stress inhérent et la quantité de travail colossal que la double casquette de Doge et d'Arbitre imposait, sans même parler de son rôle dans cette autre organisation secrètes... Les changelins... Bon sang... Evidemment que sous cet angle avec ces informations elle souhaitait que ce soit lui qui prenne sa place. Ils avaient tout deux sous la direction de son père étudié les écrits de Tomas di Derrizio, et savaient parfaitement en conséquence que Deria dans ces deux situations où le Doge disparaissait sans successeur désigné ou prêt à lui succéder se révèlerait alors comme le démon Homme-d'état décrit dans le mythe politique et chercherait après avoir prit le pouvoir à réaliser ses rêves délirants d'Empire Landrin. Le Faciès de Névérini n'était plus emprunt d'incrédulité, mais d'un sérieux absolu, il entrevoyait désormais tous les enjeux. Et ceux ci étaient immenses...

Francesca di Fortuna - << Tu comprends désormais Roro ? Il faut à tout prix éviter que le rêve ne meure avec moi. Je ne veux pas que l'on se souvienne de moi comme la Dernière Doge avant la nécrose de la République et l'instauration de la Tyrannie. Je ne veux pas d'un nouveau cycle de la haine où nous familles et nos plus grands esprits se déchirent dans des luttes fratricide, Fortuna n'y survivra pas et les loups à travers le monde ne se feront pas prier pour dévorer notre cadavre. Tu dois prendre ma suite ! Tu dois incarner ce que nos ancêtres ont théorisés il y a des siècles de cela, l'AEGIS ! L'égide de l'état ! Et même si je ne suis plus au premier plan de l'histoire, je serais là pour t'épauler, avec un peu de chance pour jusqu'à vingt ans de plus. Dix si Dame Fortune est cruelle, mais cela sera suffisant pour détruire l'Hydre qui empoisonne notre état organique. >>

Elle marqua une pause, il n'était plus question de faire la statue ou de manigancer, le faciès était édifiant, c'étaient les émotions qui parlaient. Et ses lunettes teintés, c'était certainement pour qu'il ne voit pas ses yeux rougies et cernés, mais il avait aperçu la larme couler. Il l'avait vu.


Francesca di Fortuna - << Jure le moi Roro ! Jure moi que tu défendra le rêve ! Qu'il vivra encore pour les siècles à venir et qu'ils ne s'éteindra pas sous nos yeux impuissants ! >>

Les traits se durcirent plus. C'était toujours ainsi avec elle lorsqu'elle y mettait son coeur, elle avait le don de toucher jusqu'à l'âme et de soulever les foules. C'était ce qu'il admirait le plus chez elle, avec sa détermination à essayer de rendre le monde meilleure à sa manière, en cherchant à épargner les tragédies autant que nécessaires, même si pour cela il fallait en sacrifier une poignée pour le bien du plus grand nombre. Un sacrifice qu'elle était prête à assumer, souiller son âme pour les autres. C'était là la Vertu que devaient incarner le politicien de demain selon Padrone, le sens du sacrifice non pas pour une poignée mais pour l'ensemble, le plus grand jeu. Même après toutes ces années ses mots résonnaient encore comme un avertissement. Il s'avança d'un pas ferme, posa sa main gauche sur l'épaule de Francesca tout en portant sa main droite, poing fermé vers son coeur, fixant celle qu'il aima un jour bien plus que l'amie qu'elle était aujourd'hui.

Rodrigo Névérini - <<
Je te le jure Francesca ! Moi Rodrigo Névérini prendrais ta suite en tant qu'Aegis de l'état et du peuple Fortunéen et je défendrais le rêve jusqu'à ce qu'advienne mon dernier souffle ou que l'on ne me succède. En tant que Prince Rouge comme ils m'appellent, j'en fais le serment à l'ombre de ces citronniers comme nous l'avons fait étant enfant avec Juan et Irène, de faire perdurer la vertu... >>

Et le silence retomba, alors que lesdits Citronniers se balançaient gaiement, portés par un doux vent d'Ouest alors que les cieux eux même semblaient voir s'afficher sous une nuageuse forme le sourire de Dame Fortune elle même.

Les dés en étaient jetés, une page de l'Histoire allait se tourner et une nouvelle saga se profilait à l'Horizon, la Balade du Prince et du Démon, deux visions et finalité avec pour enjeu le Rêve nommé Fortuna.
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L'Horloge tourne



Les Méchants Landrins vraiment très méchants


La descente était interminable, cela ne faisait pourtant que quelque seconde que le Capitaine de Corvette Umberto était entré dans l'ascenseur qui s'enfonçait lentement mais sûrement dans les entrailles de Léandra et pourtant la tension était telle ainsi que l'air si lourd qu'il avait l'impression d'être coincé depuis une éternité dans une chute aux enfers sans fin. Les enfers, ironique métaphore mais qui n'était peut être pas si éloignée de la vérité car c'était très certainement le Diable qui se terrait dans les tréfonds de cette antre. Après tout les signes avants-coureurs ne mentaient jamais et il y en avait eut pléthore devant lui dès qu'il eut daigné pénétrer dans le Hall d'entrée de l'Ancien Palais des Podestats, l'équivalent de celui des Doges de Fortuna durant le moyen-âge Eurysien où Léandra était encore une république forte et indépendante. Les lieux étaient tombés en décrépitudes au fil des siècles, la municipalité tout comme la maréchaussée ayant préféré déménager dans des Hôtels plus vastes dans des quartiers construits de toutes pièces pour remplacer la majeure partie de la cité qui avait brûlée lors de sa prise par l'Armada Fortunéen dans les derniers jours de la troisième guerre du Ponent. Restaurer le Palais coutait un pognon de dingue pour ainsi dire, d'où le fait que l'administration locale avait préférée se relocaliser.

Cela aurait pu rester ainsi, un tas de ruine branlant méritant potentiellement un jour d'être préservé au patrimoine mondiale, mais il y avait environ douze ans de cela, les vieilles et grandes familles Patriciennes de Fortuna d'ascendance Landrine s'étaient réunis afin d'acquérir le site et ne lésinèrent pas pour le restaurer. Scaela en tête de liste, mais de ce Palais ces familles n'en firent rien initialement, ce ne fut que lorsque Francisco di Deria, fraichement nommé Amiral à la seconde Chaire de l'île Mère obtint les prérogatives d'action sur la Leucytalée conférée par Il Stato da Màr, que les lieux devint actif, Deria ayant décidé de placer le siège de la flotte sous son commandement à Léandra, et d'user du Palais des Podestats comme poste de commandement, autant par sa position centrale et surélevée dominant le port que par le symbole.

Peut-être était ce à partir de là que les choses avaient réellement commencés à changer, que l'on aurait dû remarquer quelque chose, les mutations d'abords éparses et subtils, puis les discours et les couleurs, un peu, plus, beaucoup. Des évolutions par crescendo qui avaient désormais depuis longtemps atteint leur apogée à tel point que l'intéressé et ses compères, les Ultra-Landrins comme on les nommait communément, ceux là même qui s'étaient couvert d'infamie à Velsna et en Manche Silice durant la dernière décennie, ne se dissimulaient même plus de leurs opinions et leurs affinités. Le Palais des Podestats n'était que la manifestation physique de cette... Nouvelle mode assumée. D'une part, le faste de ce dernier arrivait presque à égaler son homologue des Doges à Fortuna, à tel point que l'on se croirait de retour à la grande époque de par la quantité impressionnante de dorures, tapisseries, bustes, peintures et autres éléments décoratifs qui coutaient à eux chacun une fortune dont tout homme d'humble extraction pourrait se servir pour vivre convenable pour trois décennies. Puis, et c'est ce qui l'avait marqué dès qu'il avait passé les grilles et le poste de garde hautement garni à son niveau, les symboles. La Francisque et l'Aigle étaient omniprésent d'abord sur la façade et les colonnes, ensuite sur d'immenses drapeaux pendant depuis les balcons et les voutes en intérieur, jusqu'au bas des tableaux et sur les brassards qu'arboraient le personnel, un pourpre autocratique surmonté d'un ou de l'autre symbole tout de blanc immaculé. Et quitte à parler du personnel, Umberto de toute sa carrière dans la Marine de Guerre de la République ne se souvenait pas avoir vu autant de gens en armes et équipement tactique en un seul lieu, pas même lors des grands exercices navals annuels ou lorsque l'Amirauté se réunissait à Grietta de temps à autres. C'était à croire qu'une guerre se préparait.

Il jeta un oeil au sous-officier qui l'accompagnait, celui ci portait des atours d'apparat singuliers qui ressemblaient à ceux règlementaire au sein de l'Armata lors des grandes occasions mais qui dissimulait toutefois de subtile différence qu'un oeil averti comme celui d'Umberto pouvait percevoir d'instinct. Les couleurs, cette broche en évidence sur le torse et le brassard pour ne citer qu'eux, mais il y avait aussi les bottes qui étaient d'un autre modèle, d'un cuir aussi noir que la nuit. Et cette casquette ? Elle n'était pas sans rappeler celle des Faucons du XXe, un groupe d'officier Landrin qui s'était illustré lors de la semaine Sombre précédant la chute des Doges Litaris et ayant disait-on tué dans l'oeuf une tentative de soulèvement communiste. Il y avait certes un style mais... La symbolique et ces détails notables... Quelque chose n'allait pas mais il n'arrivait pas encore à mettre le doigt dessus... Et pourtant il se sentait mal intérieurement, alors que physiquement tout allait bien c'était quelque chose de psychologique... Un malaise sous-jacent dont il n'arrivait pas à se débarrasser et qui ne faisait que s'accentuer depuis qu'il était venu ici en cette sombre nuit, un peu avant que la Cloche de la Cathédrale locale ne sonne le Vingt-et-unième coup. Il s'en serait bien passé, mais c'était une convocation urgente de l'Amiral et des informations qu'il avait glané auprès de ses marins et ses collègues, celle ci avait été adressé à l'ensemble des officiers rattaché au commandement Leucytaléen, mais pas que. D'après certaines informations non confirmées d'autres individus venus d'autres commandement et certains patriciens seraient présents. Ce qui rajoutait encore une nouvelle dose d'incompréhension, quoiqu'il était en train de se passer cette nuit, cela ne laissait présager de bon. Enfin... Ce n'était pas à lui de juger malgré ses doutes. Il demeurait un soldat avant tout, et Léandra n'était-elle pas sa ville natale ? L'amiral avait toujours eut à coeur ses troupes qu'il considérait comme ses propres enfants, et il aimait plus que tout au monde Léandra même, à un tel point que l'on plaisantait souvent en disant de lui qu'il ferait toujours passer la ville avant la République. Non... L'Amiral était quelqu'un de bien. Il devait forcément avoir de bonnes raisons pour tenir cette réunion nocturne.

Finalement Umberto n'eut pas le temps de se perdre plus en avant dans ses songes, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent et son escorte sorti la première, l'invitant d'une ouverture de bras à suivre. Un grand couleur s'étendait et si les de par les décorations s'y trouvant l'on aurait pu se croire encore en surface dans les grands Halls du Palais, les poutres et murs en Bétons derrière les peintures étaient un rappel cinglant qu'il s'agissait là d'un Bunker profondément enfoui sous terre. Le Capitaine alors qu'il traversait ledit couloir vit son regard être capté pendant un instant, le temps que son escorte présente les accréditations aux gardes armées de fusils d'assauts faisant les planctons devant la porte blindée et close d'un sas. Une des peintures était peu anodine et se distinguait à dire vrai même carrément du reste, notamment car il y avait un espèce d'autel miniature devant sur lequel des dizaines de cierges brûlaient encore paisiblement aux côtés d'encore plus ayant fondus au fil du temps... Mais le plus curieux était certainement l'individu représenté sur la toile qui n'était autre que Dino Scaela, le tristement célèbre Optimates Velsnien ayant tenté de renverser la République éponyme pour reforger celle ci à son image au cours d'une cinglante guerre civile qu'il perdit et à l'issue de laquelle il disparu sans laisser de traces.

Umberto était perplexe et ne comprenait pas pourquoi diantre il y avait ici une peinture à la mémoire selon toute vraisemblance de celui qui n'était ni plus ni moins qu'un ennemi de la Démocratie et du concept de République contemporaine comme ses actes l'avait démontré. Mais il n'eut là encore pas l'occasion de cogiter plus, la porte était ouverte, et le temps filait à toute allure, la réunion allait bientôt commencer. Quelques minutes plus tard et deux autres portes blindés plus loin, il arriva finalement devant la salle de réunion d'où il entendait des cris en Fortunéen émerger, une discussion échauffée devait avoir lieu. Juste avant de poser le pied sur le palier même de l'entrée de ladite salle, la porte de celle ci s'ouvrit et un individu avec un Fedora sur le crâne, un pardessus sur le corps et un cigare déjà bien entamé au bec se faufila prestement vers l'extérieur, saluant discrètement le Capitaine Umberto sans toutefois s'arrêter, quittant les lieux sans plus tarder. L'escorte invita le Capitaine de Corvette à pénétrer dans la salle, celui ci inspira grandement, et d'un pas déterminé entra dans celle ci qui était déjà bien remplie.


Francisco di Deria - << Et je te dis Mario que l'on ne peut pas attendre. L'Horloge tourne et si nous restons passif comme à chaque fois, comme de bons petits chiens, nous finirons comme les dindons de la farce. >>

C'était l'Amiral qui venait de s'exprimer, debout devant son imposant fauteuil au centre gauche de l'immense table en cercle jouxtant ce qui semblait être une carte du monde avec en évidence les bases militaires, sites de pouvoirs et grands centres urbains de la République Fortunéenne, faiblement éclairé de tel manière à pouvoir être bien visible par l'assemblée siégeant à la table susmentionnée, celle ci étant elle même éclairée par une lumière tamisée trônant au plafond. Les lieux étaient plus sobres que les couloirs et en haut, et avec l'odeur de tabac omniprésente émergeant d'amas de cendriers ci et là et les innombrables portes-documents disposés un peu partout, cela ressemblait bien plus à un site militaire que tout ce qu'il avait pu voir avant... Voir même, cela ressemblait à une salle dites "De Guerre", comme aimaient à les appeler les grecs d'antan, là où les Strategos se réunissaient pour converser stratégie et planifier des guerres.

"Mario" - << Ces informations sont elles fiables à 100 % au moins ? Ce n'est pas de budget et d'exercices dont nous parlons ce soir, alors j'espère que tu es sûr de ton coup Francisco. >>

Saluant discrètement les quelques têtes qu'il reconnaissait et côtoyait régulièrement, d'autres capitaines de navire et des officiers de liaison de la légion entre autre, l'individu qui questionnait l'Amiral, il le reconnu à son crâne dégarni et ses yeux globuleux, Mario Ventura, le Vice Amiral de l'escadre de Rio de Canossa, un Ultra-Catholan que l'on disait plus Catholan que le Pape et qui était connu pour être constamment en conflit de sémantique avec l'Amiral Canossien Juan di Modrégal, le Doge Consort. Cela confirmait que d'autres têtes extérieures au commandement de Leucytalée avaient été invitées. S'asseyant sans déranger, il continua à tendre l'oreille.


Francisco di Deria - << Je te jure sur ma vie qu'elles sont fiables. Mes sources ne se trompent jamais. Le Doge n'a pas l'intention de briguer un troisième Mandat, et il y a environ deux semaines de cela, elle a rendu visite à Névérini alors qu'aucun autre Patricien n'était présent sur l'île Mère, chose qui n'arrive jamais. >>

Mario di Ventura - << Et donc ? Ce n'est pas un secret que le Doge rend visite de temps en temps au fumier Rouge, ils ont grandis ensemble. Et ce n'est pas comme si elle allait le pousser à sa suite comme ça tout d'un coup, cela n'aurait aucun sens. Ce serait grotesque... Une parodie Lorenziste candidatant comme Doge ? Haha. Ridicule. >>

Umberto haussa un sourcil, cela n'avait rien d'une réunion stratégique quand à des affaires militaires, et pour cause cela suintait à chaque mot la politique la plus pure. Mais qu'avait donc dit l'Amiral ? Que le Doge n'entendait pas briguer un nouveau mandat pour les élections de l'an prochain ? Et quel rapport avec les rouges ? Il porta son regard vers Deria qui avait entre-ouvert une chemise pleine de document qu'il jeta devant le Vice Amiral di Ventura, laissant plusieurs feuilles émerger avec fracas théâtral devant lui. Ce dernier y jeta un oeil et l'on pu voir ses sourcils se froncer à vue d'oeil.


Mario di Ventura - << Non non non... Ce n'est pas possible. Dis moi que ce sont des faux Francisco. >>

Francisco di Deria - << J'aimerais Mario... Crois moi j'aimerais. Regarde la date, juste avant sa visite à Névérini, le premier à qui elle a rendu visite immédiatement après. C'est toujours une coïncidence selon toi ? Je te le dis, j'ai le flair pour ça, elle veut lui passer le flambeau. >>

Mario di Ventura - << Bordel de merde. Elle n'oserait pas. Elle a d'autres opt... >>

Francisco di Deria - << Bien sûr que si elle ose, elle l'a déjà fait. Réfléchis y Mario. Sa fille est trop jeune, et le vieux Patrizio n'est encore sur le front politique que car il a cédé aux caprices de Francesca, c'est un secret de polichinelle que sa "Maladie" qui n'existe pas au demeurant n'est qu'une excuse pour déléguer et tirer au flanc car il ne voulait pas d'un poste au gouvernement. Alors tu l'imagine Doge ? Oh non. >>

Un silence pesant venait de s'installer dans la salle, entrecoupé par de vagues discernement de murmures alors que les mines tantôt perplexes tantôt irrités des participants à la réunion allaient et venaient dans un concerto d'émotion tel que l'on en voyait rarement. Finalement, ce fut un individu qu'Umberto ne reconnaissait pas mais qui ressemblait à quelqu'un de l'armée de l'Air qui mit fin audit "silence".


"Officier de l'Armée de l'Air" - << Et que vouliez vous que l'on y fasse Amiral ? C'est le jeu de la République, comme cela l'a toujours été. Les individus vont et viennent, et parfois certains qui ne nous plaisent guère qui prennent l'ascendant. Ce sont les règles de la Démocratie. Sinon, il faudrait reconsidérer tous les fondements de ce pays... >>

Il n'avait pas tord songea Umberto sans oser trahir le fond de sa pensée avec une quelconque réaction, s'essayant à l'art de singer une statue alors qu'il essayait de sonder les pensées des uns et des autres en observant leurs expressions faciales et leurs mimiques. Ce jusqu'à ce que la voix tranchante de l'Amiral ne tonne à nouveau.



Francisco di Deria - << Et pourquoi pas ? Si c'est la ruine assurée qui nous attends tous à laisser faire, à laisser ceux là même qui complotent contre ce pays et bien d'autres accéder au pouvoir afin de démolir de l'intérieur ce dernier, devons nous rester là les bras-ballant ? >>

"Officier de l'Armée de l'Air" - << Bien sûr que non, c'est notre devoir le plus sacré que de protéger cette nation contre tout ce qui la menace, mais de là à... >>

Francisco di Deria - << Contre tout ce qui la menace, précisément. De l'extérieur comme de l'intérieur. Et ce d'autant plus lorsque les deux sont liés. Tout le monde sait, que ce soit ici ou ailleurs, à l'ONC, chez les empires du Nazum, dans les fédérations d'Aleucie, partout, que le désordre mondial est financé et organisé, que ses pourvoyeurs ont un nom et une adresse. Estalie, Mistohir. Grand Kah, Axis-Mundi. Pour ne citer que les plus évidents. Regardez leurs oeuvres, à chaque fois des infestations purulentes et pourris qui cancérisent des régions entières. Mahrennie, Kotios, Mokhai, Translavya... Et puis quoi ensuite ? Canossa ? Rivoli ? Léandra ? >>

"Officier de l'Armée de l'Air" - << C'est drôle amiral. J'ai déjà entendu ces mêmes paroles autrefois, au début du millénaire. Le Varanya c'était quelque chose. C'est là bas que j'ai compris que les idéaux valaient bien peu face à l'argent et aux intérêts des vendus et des corrompus. Avant que ça n'explose j'ai connue une Pilote d'Hélicoptère, d'une délégation d'un de ces pays qui ont depuis longtemps sombré face aux chaos, probablement d'une infestation lorenziste. Marie Kringel qu'elle s'appelait si je me souviens bien, elle conseillait le Shah et j'ai eut la chance de la croiser au détour d'une entrevue avec feu le Patriarche Litaris. Nous avons eut une discussion fascinante et elle m'a tenu presque exactement les mêmes propos. Seuls les pourvoyeurs de désordre n'étaient pas les même... >>

Francisco di Deria - << Cela m'a tout à fait l'air d'être quelqu'un de sensé et hautement intelligent, où est-elle maintenant ? Je l'inviterais volontiers à mon service. >>

"Officier de l'Armée de l'Air" - <<
Morte de ce que j'en sais. Son Hélicoptère s'est crashée après un tir de missile des volontaires coco Alguerano pendant la guerre. >>


Francisco di Deria - << Oh... Je vois... Regrettable. >>

Mario di Ventura - << Messieurs s'il vous plait, pouvons nous cesser de parler de bonnes femmes et de guerres passées et revenir au sujet ? >>

Francisco di Deria - << Ce sont les enseignements du passé qui nous permettent d'estimer quand il faut agir pour éviter que l'histoire ne se répète Mario. Cette anecdote ne fait que confirmer que le cycle est réel et concret. La question que je vous pose à tous à cette table, messieurs, mesdames... C'est si tout comme moi vous êtes des patriotes dévoués et prêt à tout pour protéger ce pays ? >>

Il y eut un moment de latence alors que certains achevaient leur cigares et que d'autres se lançaient des regards entendus, Umberto, peu convaincu et de plus en plus perturbé par ce qui se disait demeurait silencieux, guettant le changement du vent qui ne tarda point à arriver lorsque certains des participants se levèrent comme d'un seul homme, portant leur main au coeur et affirmant de concert que c'était ce à quoi ils 'étaient préparés toute leur vie et qu'ils ne reculeraient pas. Et tel une chaîne de dominos les uns et les autres suivirent, répondant à la question de l'amiral par l'affirmation, même les moins enthousiasmes et s'y mirent et le Capitaine de Corvette bien que n'étant pas convaincu et ayant des doutes n'osa pas les exprimer, se mêlant à la ferveur d'ensemble en apparence. Il avait un pressentiment qu'il ne lui arriverait rien de bon s'il ne dissimulait pas le fond de sa pensée à ici et maintenant.

Francisco di Deria - << Voilà qui fait chaud au coeur. Vous avez l'étoffe des héros, le panache et les qualités de ceux là même qui sont entrés dans l'histoire, car aujourd'hui celle ci se met en marche à nouveau. Vous voulez sans doutes savoir ce que l'on peut faire pour endiguer la menace insidieuse qui va ronger lentement notre bien aimée patrie si personne n'agit. La réponse et simple. Nous remettons le pays sur le droit chemin en éliminant les variables promptes à la trahison. En évinçant les Chevaux de Rhême avant qu'ils n'agissent les premiers. >>

Des assistants passèrent dans les rangs autour de la table, distribuant un ensemble de documents, vraisemblablement des plans prévus de longues dates et soigneusement préparés. Les deux tiers des participants ne semblaient même pas surpris de voir ceux ci, et avaient probablement participé à leur préparation à un certains degré à leur élaboration tandis que d'autres devaient soit en avoir eut vent, soit étaient déjà convaincu qu'importe le contenu par la "justesse et la vertu" de l'Amiral. Ce dernier s'était porté au niveau d'un vieil homme qui n'avait de toute évidence rien d'un militaire, encastré dans un costard cravate d'ébène comme s'il faisait le deuil. Umberto cligna des yeux puis il réalisa, le reconnu. Sergio Scaela, ce dernier semblait avoir prit trois décennies d'âges tellement il avait maigrit et son visage semblait presque squelettique tant il apparaissait creux et pâle. Des rumeurs le disait souffrant depuis qu'il avait apprit le massacre de la femme de son Cousin Dino et de leurs enfants. Il devait y avoir un fond de vérité.

Francisco di Deria - << Vieux compagnon, c'est aussi pour toi que l'on fait ça. On les aura.. On aura ces salauds qui ont fait... ça... à ta famille. >>

Une tape franche sur l'épaule ne lui fit rien, ce dernier réagit à peine et parcouru faiblement les documents, comme s'il était encore ailleurs. Deria s'en revint à sa place quand à lui, s'engonçant dans son fauteil avant de se saisir de ce qui ressemblait à un sommaire, une espèce de liste de noms...

Oh non...


Francisco di Deria - << A partir de maintenant, nous sommes frères et soeurs jusqu'à la fin, il n'y a aucun retour en arrière. Nous irons jusqu'au bout, qu'importe le prix. Veuillez vous rendre à la page 2 de l'ensemble. Commençons par le commencement, le Bastion qui défend l'amas de corruption et d'incompétence... >>

Page 2, le Grand Amiral Dandello. Cible Prioritaire.


Page 3, Irène Crysionos, l'ennemie héréditaire.

Page 6, Juan di Modrégal, le Doge Consort.

Page 11, Dom Altarini, le sans conviction.

Et ainsi de suite, il y avait de tout sur cette longue liste dont les variables étaient des personnes de chaire et de sang, des parlementaires, des gradés de l'Amirauté, des Influenceurs, des Industriels, Banquiers et ainsi de suite.

Umberto venait de réaliser trop tard que ce n'était pas une simple réunion, c'était un conseil de guerre. Un conseil de Traitres qui visait à renverser et remodeler la République.

La réalisation était aussi soudaine que brutale.

Deria était un Traitre.
20903
La Mascarade des Coupables, Premier acte


TW : Violence, détails morbides.


Severus fronça les sourcils allègrement. Cela faisait déjà la dixième fois au bas mot, et ce n'était là qu'une estimation basse, qu'il relisait la succession de rapport qui avait amené à ce jour Fatidique, ce jour où l'Impératrice avait donnée son accord de principe à ce qu'une délégation de Landrin, l'ennemi haïs et honni de tous à Lykaron, se présente en la Sainte Cité pour une audience, ce dans le cadre des récents évènements qui secouait la Leucytalée. Il soupiras longuement, s'affaissant dans son fauteuil sous le poids des considérations, c'était évident que cette venue cachait quelque chose comme à chaque fois que quoi que ce soit avait à voir avec les Landrins, et pourtant... Leur raisonnement apparaissait comme raisonnable et logique. Après tous les opérateurs radars avaient suivis de près la nouvelle édition des malheurs de "l'Afarire". Comme d'habitude un évènement auquel personne ne s'attendait et qui avait prit tout le monde de court, parti de quelque chose d'anodin, des querelles d'un énième état colonialiste et détestable menacé soit disant par l'Empire du Churaynn qui lui même n'était déjà pas en odeur de sainteté de par ses dernières frasques, mais puisque cela ne concernait pas l'aire Rhêmienne il n'y avait pas eut besoin de s'en soucier plus que de raison avait jugé le trône Mordorée. Et pourtant... Qui aurait pu croire que l'Empire de Karty, s'ingérant dans cette affaire pour se faire d'après ses dires humilier et insulter d'une saugrenue manière, ne se retrouve à prendre son meilleur parage d'impérialiste du siècle dernier afin de montrer les muscles ? Tir de missiles surprises sur la Capitale du Churaynn. Encore une affaire de Balistique, encore en Afarée, décidément il y avait un "Patern" comme disaient les Barbaroï de Caratrad.

Certes, c'était attendu que les Barbaroï se comportent comme tel, mais tout de même, cette tendance à s'ensauvager ci et là dans le monde de plus en plus était inquiétante, après tout il venait aussi d'y avoir le cas d'Estham, l'on aurait pu croire que cela en aurait effrayé plus d'un et dissuadé d'essayer de suivre les traces de cette... Catastrophe. C'était sans compter la nature humaine, l'ambition, l'avarice... Le cocktail classique en somme. Mais tout de même, il y avait quelque chose qui n'allait pas, le Chancelier Impérial de Lykaron en avait la ferme intuition et il se trompait rarement quand cela arrivait... Deria avait été prévenu par les Kartiens peu après leur frappe, comme quoi il risquait d'y avoir des représailles et il avait agit en conséquence, commençant à faire tourner ses forces en Alerte plus à l'est de Léandra afin de prévenir des éventuelles ripostes Ballistiques. Mais maintenant voilà qu'il envoyait une délégation à ses "ennemis" jurés soit disant pour se coordonner au nom de l'Intérêt Supérieur de la Sérénissime et ses proches alliés... Ce qui n'était pas arrivé depuis... Non, cela n'était même jamais arrivé. Pas dans l'histoire récente, et voilà qu'il décidait soudainement de revoir ses positions ? C'était suspect, très suspect, et l'évolution de l'ère ne justifiait certainement pas un pareil revirement d'avis, pas de Deria. Pas des Landrins. Ils étaient trop attachés au passé, trop conservateurs, et les Lykaroniens le savait très bien car ils l'étaient de même d'une autre manière, les deux camps se connaissaient de bout en bout et dans les grandes largeurs. Alors non, on ne pouvait pas les tromper si facilement, mais l'Impératrice avait décidée pourtant de daigner les écouter et de leur accorder audience... Pour qu'elles raisons ? Sévérus avait une petite idée quand à cela, il connaissait bien Irène après tout et ses raisonnements, elle avait quelque chose de prévue à l'esprit les concernant, mais rien de bon ne viendrait de trop se pencher sur la chose.

Soudainement, le son sonore et reconnaissable du téléphone de son bureau au sommet du Donjon du Castellum Ar Corvus sonna. Le Chancelier se réhaussa dans son fauteuil et décrocha. Ce qu'il entendit lui fit d'abord hausser un sourcil avant de lui arracher une grimace ennuyée. Il se contenta de simples mots en guise de réponse à son interlocuteur.


Sévérus Sil Volta - << Maintiens la zone bouclée et ne laisse personne d'extérieur à nos gens approcher, j'arrive d'ici une dizaine de minutes, vingt grand maximum si il y a de la circulation. >>


Ni une ni deux, il bondit sur ses appuis, et traversant la salle à grande enjambée, se saisissant de sa cape juchée sur un porte-manteau qu'il agrafa avec expertise afin de la mettre de travers sur son épaule, laissant cette dernière filer au gré du vent dans son sillage alors qu'il rejoignait les Parking-sous terrain, prévenant son chauffeur et son escorte d'être prêt à son arrivée pour une sortie d'urgence en ville via un coup de téléphone bien placé. Quelques minutes plus tard les grandes portes du Castellum Ar Corvus s'ouvrirent laissant émerger de celle ci la voiture Blindée du chancelier et quatre motards qui filèrent à travers les rues peuplées de la ville, les sirènes aidant le cortège se fraya aisément un chemin à travers la circulation pourtant danse et en dix minute comme prévu atteint sa destination.

Déjà les badauds curieux s'étaient rassemblés massivement aux abords de l'ensemble de la rue qui venait d'être bouclée par les Phylakes (Forces de Police Impériales) qui présent en nombre de façon inhabituelle attiraient clairement l'attention, toutefois ce ne fut pas l'un d'eux mais un des Gardes Impériaux de la Basilissa qui vint à la rencontre du Chancelier, le saluant de façon protocolaire avant de l'inviter à le suivre vers le "Site". Ce dernier n'était pas dans la rue même, qui était l'une allée agréable des quartiers nobles en cette saison quoique un peu isolée, mais au sein d'une ruelle sans issue au coeur de cette dernière. A l'entrée de celle ci, des Phylakes armés de fusils à pompes s'assuraient que personne de non autorisé ayant pu sait-on jamais passer les cordons extérieurs ne se faufile, ils saluèrent le Chancelier à son passage. Mais à peine la ruelle pénétrée, celui ci fut saisi par l'innommable puanteur qui régnait dans celle ci, l'odeur du sang à plein nez. Et du sang il y en avait, les murs étaient maculés de celui ci de tel manière à ce qu'on voyait clairement qu'il y avait eut une lutte, les traces filant le long des murs de la ruelle jusqu'au plus profond de celle ci comme si quelqu'un avait essayé de fuir pour se retrouver finalement coincé. Pour s'éviter de rendre son repas, le Chancelier s'empara d'un chiffon de soie afin de le porter à sa bouche et son nez pour limiter l'entrée dans ses narines de cette odeur infecte. Arrivant bien assez vite au bout de la ruelle, il reconnu le visage sévère et occupé à cogiter du Ducatus Alexios Sil Légo, le commandant de la Garde Impériale de la Basilissa.

Sa vue confirma au chancelier que les Phylakes avaient sans doutes dit vrai car ce dernier ne se serait pas déplacé pour un crime "quelconque" impliquant des badauds, pas même des aristocrates de moindre rang. Voyant le Chancelier arriver ce dernier se tourna de moitié vers lui, révélant partiellement l'horrible carcasse pataugeant dans son propre sang derrière lui sur laquelle un Corronaire Impérial s'appliquait à relever des empreintes, fibres et à étudier les causes de la mort afin de rendre des conclusions préliminaires de toute évidence.


Alexios Sil Légo - << Sévérus. Tu as fait vite... >>

Sévérus Sil Volta - << L'on m'a bien fait comprendre l'urgence de la situation... Pitié dis moi que ce n'est pas ce que je pense... >>

Alexios Sil Légo - << "Malheureusement" si. Un Landrin de la délégation, tout ce qu'il y a de plus mort. >>

Le Ton du Ducatus était explicite et ce dernier ne semblait pas s'émouvoir particulièrement du trépas du Landrin, ce qui était compréhensible car ces derniers étaient les ennemis héréditaires de Lykaron et notamment de l'Impératrice, sa garde étant l'expression même de sa volonté ce n'était que la conséquence logique qu'ils se réjouissent de la mort de l'un deux. Cependant, cela ne voulait pas non plus dire qu'il n'y aurait pas des retombées autres, cela allait indéniablement causer des problèmes, notamment avec l'Amirauté Fortunéenne, pas seulement l'Amiral Deria d'ailleurs, qui allait demander des comptes, sans parler du Gouvernement Fortunéen qui serait mis dans l'embarras, du moins si l'on ne trouvait pas les coupables... Mais d'ailleurs...

Sévérus Sil Volta - << Je vois cela. Et donc ? Qui est-il et que lui est-il arrivé ? Vous devez déjà avoir une idée je suppose. >>

Ce qui était aussi le cas de Sévérus, il avait déjà quelques théories, une poignée sur une myriade car il y avait énormément de coupables potentiels qui lui venait à l'esprit.

Alexios Sil Légo - << Ses papiers ont disparus, mais d'après les gens du coin qui l'ont aperçu quand il était encore vivant et nos données faciales prises à l'entrée en Ville, il s'agirait du Capitaine de Corvette Umberto Roga, un des officiers de la Délégation qui doit rencontrer l'Impératrice et des gradés de la Tagma aujourd'hui. Enfin... Devait, il ne verra plus quiconque hormis son créateur. Ou le Diable. >>

Sévérus Sil Volta - << Autre chose ? >>

Alexios Sil Légo - << Aucun témoins, comme par hasard, ce sont des résident de l'immeuble voisin qui ont senti l'odeur monter et sont descendu voir, découvrant tout ça. Les Phylakes pensent qu'il s'agit d'un vol qui a mal tourné, en plus de ses papiers le Corronaire dit que les marques aux doigts laissent sous entendre qu'il portait des bagues, elles ont disparus et il avait sans doute de la monnaie sur lui, aucune trace. Mais... >>

Sévérus fronça les sourcils, ce Mais était l'indicateur qui le confirmait de plus en plus sur le fait que quelque chose n'allait pas, car si même cette tête de pioche d'Alexios qui ne jurait que par la Violence avait des doutes, cela en disait long sur la chose.

Sévérus Sil Volta - << Mais ? Vas y, continus. >>

Alexios Sil Légo - << J'ai déjà vu quelques tentatives de rackets qui ont mal tournés Sévérus... Et ça... Les traces... Tout le sang... Et même l'état du cadavre, regarde donc et tu comprendras... ça... Ce n'est pas un simple vol, c'était personnel, les brigands qui en ont après l'argent évitent de tuer d'habitude même car ils savent qu'il y aura des représailles sévères, même si là c'est un Landrin et que beaucoup auraient voulus lui faire la peau... Quiconque a fait ça lui en voulait jusqu'à une haine pure. Et pourtant, j'ai l'impression qu'il y a quelque chose d'autres qui m'échappe... >>

C'était le cas de le dire, il y avait en effet un autre détail peu anodin qui remettait en cause toute cette théorie du racket ayant mal tourné, car si bien évidemment celle ci était déjà bancale de par l'état horrible du cadavre, le travail avait été d'autant plus mal fait qu'il y avait un oubli majeur et pas des moindres. Le Chancelier pointa le poignet du macchabée à laquelle le corronaire avait retroussé les manches pour procéder à des analyses et prélèvements plus poussés, dévoilant une superbe montre en Argent que le Chancelier aurait reconnu le modèle entre mille.


Sévérus Sil Volta - << Tu ne crois pas si bien dire. Si ce sont des voleurs qui ont fait le coup, alors je suis l'Empereur Rhêmus le Progéniteur. Regarde. Tu en connais beaucoup des brigands tuant pour de l'argent facile qui laisseraient une montre valant des milles et des cents ? Modèle très rare de surcroit, édition limitée des Horlogeries de Miraglia des années 80. >>

Alexios arqua un sourcil, portant son regard sur ladite montre et réalisant que Sévérus avait vu juste, comment diable avait-il pu laisser passer ça ? Mais ce n'était pas tout car il y avait plus à ce mystère, Sévérus continua.

Sévérus Sil Volta - << Ironiquement, c'est sans doutes cette montre qui va nous éclairer sur pourquoi notre Landrin est mort... Tu vois, j'ai un même modèle, et ces montres ci ont une particularité très pratique dans mon domaine de fonction. Un mécanisme dissimulant un compartiment secret en dessous des pièces d'horlogerie dans lequel l'on dissimule de court message. >>

Il avait déjà commencé à s'avancer, n'hésitant même plus à patauger dans la mare de sang annexe et à souiller ses bottes afin de s'accroupir pour manipuler le bras du mort et sa montre, ce au grand damn du Corronaire dont les protestations tombèrent dans l'oreille d'un sourd. D'une main experte, il trafiqua l'agencement des aiguilles qui étaient fixes comme si la montre ne marchait plus d'elle même, jusqu'à ce qu'elles atteigne une certaine heure, provoquant un CLIC sonore. Ouvrant le compartiment avec tact, il en sorti ce qui était en effet un bout de papier recroquevillé. De nouveau fort sur ses appuis, il étira ce dernier afin de prendre connaissance du contenu. Alexios écarquilla alors les yeux, voyant le Chancelier devenir livide à vue d'oeil, tremblant pour lui transmettre le message dont il se saisit prestement sans hésitation, plongeant son regard sur l'écrit où étaient inscrit deux simples mots :


DERIA TRAITORIS.

Littéralement, Deria est un traitre.


Et il comprit.

Alexios Sil Légo - << Et merde... Merde... Merde... Les fils de Pute... Ils nous ont baisé >>

S'empourprant à vue d'oeil, le Ducatus se saisit de son téléphone et en trombe composa un numéro, il ne fallut pas cinq secondes avant que l'on décroche.

Alexios Sil Légo - << VORENUS ! OU SONT LES LANDRINS ?! >>

Hurla-t-il, son expression déformée par la rage de plus en plus à mesure que les secondes passaient et que son subordonné lui répondait.

Alexios Sil Légo - << MERDE ! NE RESTEZ PAS PLANTER LA ! ENFONCEZ LES PORTES ET ALLER LES ARRÊTER ! C'EST UN ORDRE ! TUEZ LES SI NECESSAIRE MAIS NE LES LAISSEZ PAS UNE MINUTE DE PLUS AVEC LA BASILISSA ! >>

Soudainement, la communication se coupa et un son puissant se fit entendre dans toute la ville, des Hurlements paniqués suivants. Le Chancelier et le Ducatus se précipitèrent hors de la ruelle et suivant les regards des phylakes et de la plèbe qui observaient avec horreur une volute de fumée émerger du Palais Impérial, ils commencèrent à craindre le pire...

Alexios Sil Légo - << PHYLAKES PREVENEZ LA TAGMA ! BOUCLEZ LA VILLE ! PERSONNE N'ENTRE NI NE SORT ! SEVERUS AVEC MOI ! >>

Les officiers des Phylakes ne cherchèrent même pas à contester ni comprendre et s'exécutèrent non sans un brin de panique alors que les deux pontes Lykaroniens commencèrent à courir des marathoniens avec leurs escortes vers leurs véhicules, faisant démarrer en trombe ces derniers qui filèrent à toute allure vers le Palais Impérial en priant, priant de tout leurs coeurs, qu'ils n'arrivent pas trop tard.




Light a match...




Quelques instants plus tôt, au Palatium Solaris...


Ils avaient osés. Cette vermine insolente et dégoutante, cette engeance maudite avait osé comme ELLE l'avait prédit, elle savait bien comment ils fonctionnaient, comment ils raisonnaient oh oui elle savait, leur puanteur les trahissait à des kilomètres à la ronde et dévoilait leurs viles pensées clairement. Mais même dans sa clairvoyance la Toute Puissante Irène Sil Crysionos Autokrator quatrième du nom n'avait pas envisagée qu'ils aillent aussi loin. La fumée épaisse et toxique lui faisant monter les larmes aux yeux lui arracha des quintes de toux importantes, à terre elle l'était. Le souffle de l'explosion avait été violent et l'avait projeté à bas de son trône, sonné et désorienté, elle s'appuya péniblement sur ses coudes ensanglantés, s'enfonçant dans l'avant bras par mégarde un bout de verre d'un des vitraux ayant volé jusqu'ici. Serrant les dents sous la douleur, cela eut au moins l'avantage de lui faire reprendre un peu ses esprits, ce alors même que la fumée commençait à se disperser, dévoilant l'ampleur du désastre.

Ce qui était il y a encore quelques minutes sa cour, splendide et auguste, ressemblait à un champ de bataille en tout points désormais, Dieu merci elle avait frappée la première, commandant à ses serviteurs de confiance d'empoisonner les collations des Landrins, comptant les faire disparaître qu'importe ce qu'ils avaient à dire, et c'est cela qui avait fait la différence, l'effet insidieux de la substance qui avait arrêté le porteur de bombe au troisième pas de son élan net, le faisant tomber à genoux bien avant qu'il n'arrive à porté du Trône. Les courtisans et factionnaires aux abords de la salle n'avaient cependant pas été aussi chanceux, de même que la plupart de ses complices, les cadavres calcinés gisant ci et là n'étant que l'image la plus supportable de cette scène d'horreur là où des flaques de sangs et des membres arrachés avaient volés vers des endroits improbables, venant se poser aux côtés des dépouilles de Landrins aux yeux révulsés pleurant des larmes de sang, l'écume à la bouche, tombés sous les coups du poison. En tendant l'oreille, l'on entendait les pleurs et les cries d'agonies de certains survivants qui souffraient le martyr au pire ou étaient au mieux désorientés, en grec, en latin, et... En Fortunéen ? Maudits ! Certains avaient survécu, et le son caractéristique du déclic de la sureté d'une arme que l'on enlève se faisait entendre désormais, visiblement tous n'avaient pas été abattus par le poison mais surtout... Des traitres et des espions ! Elle pensait les avoir tous purgé, mais il en restait encore visiblement, ils avaient armés ces assassins dans SON palais. BAM ! Une des armes retenti, et une voix proférant des suppliques agonisantes en grec se tût.

L'impératrice usa de toutes ses forces pour se relever, sans succès, se traînant aux abords de son trône renversé afin de prendre couvert avant que les assassins n'aient claire vision sur l'ensemble de la salle, mais avant même qu'elle n'eut fait un mètre, une poigne ferme la saisit par le bras et la força à se relever. Dieu soit loué, les cliquetis des armures étaient reconnaissables entre mille, armes au clair, les Gardes en bas de son trône avaient été protégés par leur équipement de l'impact et s'affairèrent à exfiltrer leur Lige, l'un la soutenant de tout son poids et l'autre pointant son fusil d'assaut vers la direction supposé où l'on entendait se multiplier les tirs. La retraite tactique s'opéra en quelques secondes rapidement et efficacement, jusqu'à atteindre l'une des portes à l'arrière du Trône émergeant sur l'un des couloirs de l'arrière du Palais. Les gardes se pressèrent une fois celle ci franchis de les refermer et de les barricader avec des meubles aux alentours.

Alors que on conduisait la Basilissa vers un banc afin d'évaluer ses blessures de manière préliminaires, des cris retentirent à l'autre bout du couloir et bientôt ce fut toute une colonne de gardes impériaux menés par le Centurio Vorenus, encastrés dans des armures de Kevlar, fusils au poing, grenades à la ceinture, et boucliers tactiques pour les avant-gardes qui émergèrent et coururent à toute vitesse vers la Souveraine. Celle ci, laissant émerger une nouvelle quinte de toux, trouva toutefois la force de leur intimer sa volonté !


Irène Crysionos - << Vorenus... Attrapez en un ou deux et tuez tous les autres, faites les souffrir. Vous entendez Vorenus ? RAPPORTEZ MOI LES TÊTES DE CES VERMINES ! JE LES VEUX PLANTES SUR DES PIQUES POUR QUE LES CORBEAUX SE REPAISSENT ! >>

Il salua, et commença à vociférer des ordres à ses troupes qui se mirent en position, se préparant à pénétrer avec fracas dans la salle du trône afin de nettoyer celle ci de tous les terroristes landrins restant dans cette dernière, une autre compagnie se préparant à faire de même aux grandes portes principales. Dans le même temps, les Physiciens impériaux étaient arrivés et se mirent immédiatement à l'ouvrage afin de soulager les douleurs et blessures de l'Impératrice. Enfin, au fond de ce même couloir, l'Impératrice aperçu vaguement apparaître la silhouette du Chancelier son Cousin et du Ducatus Alexios. Pendant un instant elle voulu leur crier dessus et leur demander où ils étaient passés à cette heure cruciale, mais la voix ne vient pas, seulement un grincement de douleur... Finalement, au grand damn des physiciens, elle se força à émettre quelque sons...


Irène Crysionos - << C'est... Seulement maintenant... Que vous réapparaissez ? Sinistres ... >>

Elle s'arrêta dans sa lancée, une énième quinte de toux émergeant. Le Duo avait eut le temps de se porter à son niveau entre temps, elle avait été mise au fait par Alexios avant que ce dernier ne parte qu'un Landrin avait été retrouvée mort en ville avant l'audience, mais n'en avait pas fait grand cas comptant de toutes manière tous les éliminer. Elle n'avait pas émit d'objection lorsque le Commandant de sa garde avait suggéré de se rendre sur place investiguer de par le timing suspect de la chose, mais avait amèrement regrettée cela. Ils allaient devoir rendre des comptes et s'expliquer sur...

Alexios Sil Légo - << Votre Majesté, le Landrin mort en ville n'a pas été abattu par un des notres mais par les siens ! >>

Elle écarquilla les yeux, intriguée un instant avant que les aiguilles et produits des Physiciens ne la rappelle à l'ordre d'une désagréable manière.

Sévérus Sil Volta - << L'Heure est grave Basilissa. C'était un déserteur venu nous porter un message... >>

Son cousin lui tendait dans le même temps ce même bout de papier qu'il avait extrait du cadavre et sur lequel était inscrit ces simples mots : Deria Traitoris. Elle fronça les sourcils, et chassa l'un des physicien harcelant son bras d'un mouvement ferme. L'heure était en effet grave, elle s'était faites berner plus encore qu'elle ne l'avait cru initialement. Cette attentat n'était pas une simple représaille comme il y en avait eut des dizaines dans le long cycle de la haine qui opposait Léandra et Lykaron, c'était quelque chose au dessus encore qui ne concernait pas uniquement l'Empire, mais bien au delà... Une autre silhouette émergea du bout du couloir en courant jusqu'à en perdre haleine, l'un des factionnaires des postes de communications du Palais !

Factionnaire - << Message Urgent de Grietta ! Le Grand Amiral Dandello a subit un accident en se rendant au siège de l'Amirauté après avoir été informé des troubles au sein du Palais ! Ce dernier serait... Entre la vie et la mort et a été précipité à l'hôpital militaire de l'Académie Navale. >>

Sévérus et Alexios se regardèrent mutuellement, l'inquiétude face à la réalisation avant de s'en retourner à leurs souveraine qui serrait les dents comme le poing. Elle aussi savait très bien ce que cela voulait dire, ce n'était pas un accident. Non, c'était quelque chose de planifié, la Coïncidence était trop grosse pour que tout soit fortuit... Mais surtout, si l'on partait du principe que le message du lanceur d'alerte était vrai, ce qui était plausible. Alors ce n'était que le commencement. D'abord elle et Amadeo, et ensuite...

Irène Crysionos - << Sévérus, donne moi ton portable... >>

Sévérus Sil Volta - <<
Cousi... >>

Irène Crysionos - << FAIS LE ! >>

Hurla-t-elle, s'octroyant une nouvelle quinte de toux bien méritée dans la foulée sous les gesticulations paniquées des Physiciens, Sévérus, silencieux comme une tombe s'exécutant. Ni une ni deux, l'Impératrice de Lykaron tapa méthodiquement un numéro dont les premiers chiffres étaient ceux que l'on retrouvait sur les ensembles Canossiens. L'appel sonna, une fois, deux fois, trois fois. Puis l'on décrocha.

Irène Crysionos - <<Jeune fille... Vous reconnaissez ma voix ? Bien... Ecoutez moi bien, j'ai besoin que vous fassiez quelque chose pour moi nous avons peu de temps... >>

L'agitation ambiante n'était pas la meilleure situation pour passer un appel, quiconque était à l'autre bout du fil pouvait entendre la panique, les cris et bientôt ce furent les ordres vociférés en grec de Vorenus ! Un puissant PROSTAGMA retenti et l'on entendit alors les portes de la salle du Trône être enfoncée, les équipes d'intervention de la Garde Impériale se précipitant à l'intérieur en trombe, laissant place à un échange de tir qui était perceptible jusqu'à travers l'appel.

Irène Crysionos - <<Comment je savais où vous vous trouviez n'a pas d'importance... Nous avons manqué notre occasion d'achever la lignée, c'est ma faute et j'en paye les conséque... >>

Elle toussa une nouvelle fois.


Irène Crysionos - <<J'ai besoin que vous fassiez sortir quelqu'un de Rio au plus vite, que vous l'ameniez à Marisma pendant qu'il est encore temps. Ou nous courons à la catastrophe... Comprenez bien, Gina di Grassi, la boîte de Pandore a été ouverte. Le Démon Deria est passé à l'offensive... Et les manigances du Doge vont manquer de temps si rien n'est fait... >>

Un silence pesant s'installa quelques instants, l'interlocutrice ayant vraisemblablement des choses à dire. Finalement, l'Impératrice, répondant à l'éminente question de qui devait quitter impérativement la Cité aux mille église mis un terme au suspens.

Irène Crysionos - << Le Doge Consort... Le choix vous appartient jeune femme, allez vous m'aider à finir le travail ? >>

Les Dés en étaient jetés, une allumette venait d'être allumée, prête à être balancée avec fracas vers un brasier en devenir.
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Transmission entrante... 101101100101011101.. activation du canal crypté D-666 - 999... Protocole de sécurité KERBEROS en effet.

Analyse des données en cours... Veuillez patienter...

Provenance : Erreur... Impossible de localiser la provenance... Reclassification par défaut en [REDACTED], [REDACTED], [REDaCt...] Erreur, multiples provenances en cours.

Expéditeurs : Seconds cercles extérieurs, Loge Cannor, Loge Aelantir, Loge Sarhal, Loge Haless, Loge Taychend... Noms de codes => ERREUR, reclassification en HALAND,

Objet : Retour d'interrogations quand aux failles de sécurité de MIR1

Transcription en échanges dynamiques :


LOGE AELANTIR : Signes avants coureurs, NEANT, Probabilité de culpabilité des FONDATEURS, NEANT, Confirmation : Rien ici, le coup est venu d'ailleurs.


LOGE SARHAL : Signes avants coureurs, NEANT, Probabilité de Culpabilité de l'AIGLE FACTICE, peu probable : Jeux de cour perpétuels accaparent toute l'attention des décideurs, Probabilité de Culpabilité des SATRAPES, NEANT, Confirmation : Le coup ne vient pas d'ici non plus.


LOGE HALESS : Signes avants coureurs, NEANT, Probabilité de Culpabilité des DAIMYOS, NEANT, Probabilité de Culpabilité du LUPIN : Improbable, aucun leak ni de mouvement, le pays reste calfeutré. Confirmation : Le coup n'est pas parti de notre zone non plus.


LOGE TAYCHEND : Signes avants coureurs, NEANT, Probabilité de Culpabilité de LA ROUE, Improbable mais pas nulle, la Roue tourne toujours là où on l'attend la moins. Probabilité de Culpabilité des TRIBAUX, Neant. Confirmation :

LOGE CANNOR : Signes avants coureurs, NEANT, Probabilité de Culpabilité du FOU, Impossible ce dernier est aux prises avec L'AXIS VOX POPULI, Probabilité de Culpabilité des PRINCES, NEANT, Confirmation : Rien ici non plus, ce qui veut dire...

...

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KERBEROS 1 : MERDE ! Impossible, ça vient forcément de l'extérieur, vérifiez à nouveau.

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NOUVELLES DONNES, LOGES CANNOR, AELANTIR, TAYCHEND, SARHAL, HALESS, données et résultats similaires au premier envoi.

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KERBEROS 1 : Merde. Merde... MERDE.

KERBEROS 2 : Le coup vient de l'intérieur.

KERBEROS 3 : C'est l'évidence même.

KERBEROS 2 : Et pourtant l'on n'a rien venu venir. Inquiétant.

KERBEROS 1 : @LEONE @LEONE @LEONE

SIRENA : Pas la peine de s'acharner, il ne répond plus depuis une semaine.

KERBEROS 1 : ??????????

KERBOROS 2 : Oh.

KERBEROS 3 : Ah.

KERBEROS 1 : Et c'est seulement maintenant que tu nous le dis ?

MEDUSA : Il n'est jamais venu à notre Date à Velsna :'(

KERBEROS 1 : Vous vous foutez tous de ma gueule c'est ça ? Vous pensez que la situation se prête à faire des blagues hein ?

MINOS : @KERBEROS 1 @KERBEROS 2 @KERBEROS 3 Patrons, le Commissaire [REDACTED] vient de me répondre, la Maréchaussée Fantôme est aveugle. Toutes les pistes mènent vers d'autres pistes dans d'autres pistes. Des putains de poupées Kartiennes.

SIRENA : Uh Oh.

KERBEROS 1 : ...... @LEONE @LEONE @leone

VIEILLARD : Forcer ne va pas le faire répondre, aucune nouvelle de notre côté aussi depuis une semaine. Les dates concordent.

COMISSAIRE [REDACTED] : Confirmation. Nouvelles de @LEONE : NEANT.

KERBEROS 2 : Mais ?!

KERBEROS 1 : ????? QU'EST CE QUE VOUS FOUTEZ SUR CETTE FREQUENCE VOUS DEUX ?

COMISSAIRE [REDACTED] : Main du Maréchal Fantasque absente. Anormal. Mesures d'urgence de communication nécessaire. Chantage de MEDUSA pour obtenir le lien d'entrée.

VIEILLARD : Plus ou moins pareil.

MEDUSA : Désolé Patrons. :x

KERBEROS 1 : ...

KERBEROS 3 : Bon de toute façon, autant faire avec... On a vraiment aucune idée d'où vient le coup ?

VIEILLARD : Négatif. Aucun ordre reçu du Concile ou de ses membres, cela ne vient pas d'eux.

SIRENA : Cela pourrait juste être aussi une coïncidence, un crime personnel, comme dans ces télénovelas alguarano... Auquel cas tout le monde panique pour rien.

KERBEROS 2 : Trois POISSONS flingués, c'est un peu gros même pour réduire au silence des témoins.

COMMISSAIRE [REDACTED] : Nouvelles informations. Fraiches. Deux autres POISSONS morts. Circonstances troubles. Un noyé. Autre encore en cours d'investigation.

KERBEROS 2 : @SIRENA Toujours une coïncidence ?

SIRENA : ... My bad. J'ai rien dis.

VIEILLARD : Mes oisillons me disent que les mercenaires RIMINIS viennent de retrouver un de leurs gros trader pendu dans son bureau. Suicide "au premier abord".

KERBEROS : ????? FOUTAISES ! MON CUL DES COÏNCIDENCE !

KERBEROS 3 : Comment se fait-ils qu'on n'ait rien vu venir là aussi ?

COMMISSAIRE [REDACTED] : Theorie. TRAITORIS en Internes. Trop de signaux. Trop de POISSONS morts.

MEDUSA : Vu comment s'est parti, je vous pari que l'on va encore en trouver une bonne dizaine d'ici la fin de la journée.

MINOS : Heu... A ce sujet...

SIRENA : Uh Oh...

KERBEROS 2 : L'ARBITRE vient d'appeler @KERBEROS 1 @KERBEROS 3, elle veut nous voir tout de suite.

KERBEROS 1 : Et merde... @MINOS Sort de ton écran et va me trouver @LEONE.

...

...

...


Fin de communication... Fermeture du canal crypté.
9202
L'esquisse brûle, la demeure chancelle.



Les flammes crépitants dans la cheminée avaient ce quelque chose d'hypnotisant, simulant une danse endiablée à travers laquelle les teintes rougeâtres et orangées se mêlaient les unes aux autres dans un tourbillon autodestructeur des plus fascinants qui au delà d'apporter la chaleur au corps avait aussi le dont en étant observé d'apporter un réconfort certains à l'âme. Et du réconfort, il en fallait alors que les ombres sortaient des tréfonds et que l'abysse qui avait été contemplée dans toute sa folie, portait à son tour son propre regard malicieux en retour.

Le petit salon était méconnaissable comparée à ses grandes heures d'il y a encore quelques jours auparavant, les harmonieuses bibliothèques pleuraient de l'encre alors que les ouvrages éventrés parsemaient le sol, dispersés comme si les quatre vents étaient passés par là et avaient semé chaos et dévastation à un ordre d'usage qui n'était désormais plus qu'un lointain souvenir. Des piles de documents qui avaient été soigneusement organisées et amenés sur une commode il ne restait plus que des vestiges, celles ci s'étant effondré sous le poids d'une main tremblante que la faiblesse gagnait à vue d'oeil tel un poison insidieux qui se répandait à travers la moindre goutte de sang de par et d'autres des vaisseaux parcourant l'ensemble du corps.

La Fatum prenait son dû, c'était inévitable, mais l'abysse accélérait plus que de raison la manoeuvre.

Et pourtant... Malgré tout, l'espoir était demeurait aux premières heures, alors que les lueurs de l'aube étaient encore atteignable et perceptibles au loin, mais la nuit vorace était tel une vague, l'on ne pouvait l'arrêter et ce que l'on croyait immobile tel une statue avait commencé à se mouvoir, lentement mais sûrement, puis soudainement avait accéléré, dans un déchaînement de violence et d'anarchie, frappant ci et là et mettant en mal la structure même de la demeure dans son ensemble, fragilisant durablement les fondations. Celles ci, frappés au vif, étaient mal en point mais tenaient encore bon. Soutenues par l'architecte qui de tout son frêle corps qui tombait en poussière à vue d'oeil ne pourrait tenir le rythme éternellement.

La montre tournait, le temps jouait contre la demeure.

Le son reconnaissable entre mille du poing frappant contre le chêne de la porte s'éleva dans le petit salon et la porte s'entrouvrit. La silhouette du vieux Borgio se faufila à travers l'entrebâillement, toujours impeccable en dépit de son grand âge, costume taillé sur mesure et sans une difformité allant contre l'étiquette, plateau en argent tenus de la poigne forte de ses deux mains gantés sur lequel trônait théière laissant émerger une brûlante fumée et une tasse en porcelaine décorée faisant partie d'un ensemble rapporté par un ancêtre deux siècles auparavant et qui continuait de servir précieusement dans son domaine d'usage.

Le grisonnant vétéran des lieux commença à se faufiler, esquivant habilement les ouvrages gisant tel des cadavres sur le sol, manquant de peu de piétiner l'un de ces rapports sois disant confidentiel annonçant un énième malheur rongeant les fondations de la Demeure, évitant ce dernier d'un pas de côté bien placé. Un manège qui se répéta durant la minute qu'il lui fallut pour atteindre le fauteuil faisant face à la cheminée crépitante.


Vieux Borgio - << Madame, il est de mon devoir de vous inciter à vous sustenter. Vous n'avez rien daigné toucher du diner. La fierté d'Alberto survivra à l'affront fait à sa cuisine, mais pas votre corps si vous refusez d'avaler quoi que ce soit. Le Thé est prêt, à point même. Vert du Grand Ling. Comme vous l'aimez, et j'ai pris la liberté de vous faire confectionner un Sandwich, rapide et aisé à avaler qui ne vous prendra que deux minutes de votre temps, mon assistant ne devrait pas tarder à le faire monter. >>

Un sourire émergea sur le faciès de la Dame, Borgio avait toujours été le plus attentionné des valets au service de son Père songeait-t-elle, mais même lui ne pouvait plus cacher l'inquiétude derrière les faux semblants, cela se lisait sur son visage comme sur un livre ouvert. Il n'était pas aveugle, il savait pour tout, c'était l'un de ses plus proches confidents après tout, son aide la plus ancienne, le supplétif à son Paternel qui avait échoué avec fracas dans son rôle parental et qui était demeuré fidèle au poste même après toutes ces années.

Et même lui, la regardait avec un mélange teinté de tristesse et d'appréhension. Comment pouvait-il en être autrement ? Il était déjà là quand elle fut petite fille, l'avait vue grandir, fleurir et désormais la voyait se faner sans pouvoir faire quoi que ce soit, car c'était là la cruelle finalité de la Fatum. Ancrée dans le marbre, une fin destinée, que l'on ne pouvait empêcher, à peine retarder. Retarder ? Foutaises et billevesées, ça s'accélérait, chaque jour de plus en plus. A chaque mauvaise nouvelle, à chaque débâcle, à chaque catastrophe. La maison était en train de brûler, les fondations chancelait et elle essayait de toutes ses forces de maintenir la bicoque branlante debout en un seul morceau alors même que ceux qui souhaitaient la voir disparaître pour rebâtir sur ses ruines s'affairaient à presser de toute part son effondrement.

Et elle tenait bon, envers et contre tout bon sens, quitte à se ruiner ce qui lui restait de santé. Afin de gagner encore un peu de temps, car que pouvait-elle faire d'autres ? Elle avait juré. Ils avaient jurés. CELA devait vivre, ne devait pas s'éteindre, il fallait préserver sa flamme à tout prix, c'était quelque chose d'éminemment plus grand qu'eux, chose pour laquelle ils avaient tous tant sacrifiés et donné dans le silence et l'indifférence du commun des mortels qui ignorait tout de ce qui se jouait dans les coulisses de cette grande pièce de Théâtre qui courait à sa perte.


L'Aegis n'était pas encore prêt. Il n'avait pas la base requise.

Il FALLAIT gagner du temps. Encore... Toujours... Plus...

Un peu...

Pitié...


Le rêve...

...

...

...

Madame ?

MADAME ?

Vieux Borgio - << MADAME ! >>

La voix alarmée du vieux valet sonna comme un rappel cruel de la réalité. La Dame se tourna finalement vers lui, un sourire des plus faux dont elle n'arrivait même plus à tenir les apparences sous les coups répétés de la fatigue, son vieux spectre qui sonnait toujours à sa porte à ces heures les plus sombres.

Vieux Borgio - <<
Pour l'Amour de Dame Fortune je vous en prie... Ralentissez. Ce pays peut bien vous accorder quelques minutes de repos. >>

La voix était ferme, comme un adulte grondant un enfant ayant fait quelques sottises. Quelque part l'image n'était peut être pas si éloignée de la réalité, même si elle pensait avoir fait les meilleurs choix lorsqu'elle avait pu, les regrets et les doutes revenaient la hanter désormais, elle, toute son oeuvre, jusqu'au Rêve. Le spectre de la Faucheuse attendait au loin son heure.

L'esquisse brûlait à vue d'oeil, elle aurait son dû en temps et en heure lorsque seules les cendres resteraient.


La Dame - << Chaque minute que je prends pour moi en cette heure voit s'alourdir la balance par des litres de sang qui coulent. Le Devoir commande que... >>

Vieux Borgio - << La Raison commande que vous ne vous autodétruisiez pas dans la manoeuvre. Si vous vous effondrez à nouveau comme il y a deux jours, comment diable comptez vous empêcher quoi que ce soit ? >>

Elle ne répondit pas. Elle n'avait rien à répondre. Il avait raison après tout. Il avait toujours raison depuis plus de vingt ans.

Vieux Borgio - <<
Les morts ne peuvent plus être sauvés mais ils peuvent être vengés. Ils ont tout leur temps désormais, or c'est le temps qui vous fait défaut. Si vous ne faites pas une pause, vous n'en aurez plus assez aux moments cruciaux. >>

Il avait entre temps déposé le plateau sur une table adjacente, et s'appliquait à verser le Thé encore fumant dans la tasse de porcelaine, ajoutant à celui ci avec l'expertise propre aux gens de sa profession deux sucres qui commencèrent à fondre paisiblement afin d'agrémenter la boisson. Il n'avait pas besoin de demander, de questionner, il savait après tout parfaitement ce qu'elle appréciait, et connaissait sans doute mieux son être qu'elle même. Un Refus n'était guère une option à ce stade, il ne l'accepterais pas.

Finalement, vaincu, la Dame lâcha prise sur l'énième rapport qu'elle étudiait, déposant ce dernier sur un autre meuble à portée de bras.


CAUSES DU DECES : MEURTRE PAR BALLES !

LIEU DE l'ASSASSINAT : GRAND PONT DU RIALDO


L'on pouvait lire cela de loin vaguement, les deux lignes mises en évidences, une photographie de la scène en question à laquelle avait été jointe une seconde photo cette fois du
Macchabée en question de son vivant que l'on voyait régulièrement dans la sphère publique, si rayonnant de vie, désormais complètement éteinte, fauchée sur l'autel d'une guerre secrète ayant pour enjeu la survie ou l'exécution d'une idée.

Le vieux Borgio se préparait quand à lui à accomplir le transfert de contenant, la tasse étant prête pour la dégustation de son contenu, mais alors qu'il amorçait le processus, il se stoppa net. La Dame venait d'être prise d'une puissante quinte de toux. Et d'une main tremblante portée à sa bouche avec grâce, un geste réflexe anodin, elle contemplait désormais sa paume, ensanglantée alors que de ses narines un filet écarlate commençait à émerger. Ni une ni deux, le valet s'était délaissé de la tasse afin de se saisir d'un mouchoir de soie afin de faire évincer du faciès cette trainée sanglante disgracieuse.



Vieux Borgio - << Cela suffit Francesca ! Je vais faire mander les Docteurs du grand salon ! Ne faites plus rien ! Reposez vous ! >>

Dit-il dans un mélange d'amertume, laissant le mouchour dans les mains tremblantes du Doge Sérénissime qui s'était affaissée dans son fauteuil, alors qu'elle sentait ses forces l'abandonnait, encore... Ce n'était pas la première fois, et cela arrivait de plus en plus. L'entêtement avait un prix, des conséquences. Plus encore maintenant que les gênes maudits étaient à l'oeuvre. La fin était inévitable, et sa dévotion envers ses devoirs accélérait sa chute.

Le corps ne mentait pas, il ne mentait jamais. Et là, il tirait la sonnette d'alarme.

Le Vieux Borgio était déjà loin, sorti comme une tornade et courant à en perdre haleine malgré son âge en direction des escaliers du Manoir di Fortuna afin d'aller quérir les docteurs qui demeuraient sur le qui-vive au rez-de-chausser, prêt à intervenir exactement pour ce genre de situations.

Dans l'encadrure de la porte demeurée ouverte, le Doge portait un regard las, fatiguée. Les Trois Silhouettes demeuraient silencieuses. Les traits canins des masques et les costumes impeccables parvenaient à peine à trahir la tristesse dans les yeux de ces derniers sous la céramique d'ébène. Trois corneilles avaient été appelées, chaque fois pour porter des mauvaises nouvelles. Mais cette fois ci, les trois têtes du Cerbères ne dirent mot.

Le Doge méritait bien de souffler, de se reposer...

Le Rêve ne pouvait pas la perdre maintenant...
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Une Ombre plane sur Canossa...



DING DONG

DING DONG

DING DONG


A travers tout Rio les cloches des innombrables églises sonnent les douze coup de Midi, mais aucunes ne sont plus puissantes ni majestueuses que celle de la Cathédrale Santa Maria del Greal qui à cet instant même donnaient le ton tel un chef l'orchestre, profitant de allègrement de sa position surélevée au sein de la Capitale Régionale de la Péninsule Canossienne où elle s'élevait avec grandeur. Perché devant celle ci, face à la rembarde sur le promontoire dominant de toute sa hauteur la ville séparant la terre ferme d'un vide plongeant, Léandro Silvario contemplait l'ensemble de la cité avec un ton sévère mais qui contenait toutefois une touche de bienveillance au fond du regard si l'on savait y prêter attention.

Même l'Archevêque de Canossa de Paltoterra avait ses rituels afin d'apaiser son âme et évacuer le stress inhérent à ses responsabilités, car ce n'était guère la confession ou une plongée dans les textes liturgiques anciens qui tendaient à vider son esprit pour sa part, de façon inhérente à sa fonction, son rapport au spirituel avait décliné lentement mais surement avec le temps et des décennies plus tard, la balance était évidement et irrémédiablement renversée de tel manière à pencher à un lien bien plus poussé avec le temporel. C'étaient là les conséquences inévitables d'une vie à alterner entre l'office religieuse et les nécessités de l'administration. Un donné pour un rendu, le prix du Sanctuaire même pourrait-on dire, les Doges d'antan avaient été habiles sur ce point là à ce titre, lier intrinsèquement temporel et spirituel jusqu'à éroder lentement mais sûrement le second afin de ne garder en priorité que le premier. L'église du crucifié demeurait après tout l'allié naturel des démons même si elle se refusait de l'admettre et adoptait en conséquence une tactique de l'autruche particulièrement sophistiqué à ce sujet, elle demeurait un ennemie héréditaire du rêve.

Peut être était-ce ce déni qui lui avait value au sein du monde dit Fortunéen de se faire saper de toutes part et infiltrer par d'innombrables cavités par ceux là même qu'elle pensait avoir défait il y a de siècles de cela. Quelle ironie fascinante... Dame Fortune dans toute son imprévisibilité n'était jamais perdante, elle gagnait systématiquement qu'importe les chances, car la Fatum était avec elle, elle était la Fatum. Et vraisemblablement cette dernière avait encore quelques défis à lui imposer, en dépit de son grand âge et des multiples épreuves qu'il avait déjà traversé, le chemin demeurait semé d'embuches jusqu'à la fin, qu'importe que ce soit l'aube où le crépuscule. Mais tout de même...

Rio de Canossa n'avait jamais paru aussi sombre et sinistre. Oh bien évidemment, cela n'était guère le cas du point de vue du commun des mortels, l'astre soleil demeurait haut dans le ciel, les oiseaux chantaient, les processions religieuses caracolaient dans les rues, tout allait pour le mieux... En apparence. Car pour quiconque avait la vision véritable et entrevoyait les failles d'outre-monde qui menaient vers la mascarade, les signaux qui s'accumulaient depuis des semaines désormais étaient préoccupants. Mais pas nécessairement étonnant en vérité car c'était là le juste prix, le dû du diable, car pactiser avec les puissances obscures a toujours un coût même si celui ci arrive en retard, il finit toujours par venir se faire réclamer.

Le Fragile équilibre des Trois de Canossa n'avait cessé de s'effriter avec le temps et désormais il chancelait et menacer de s'effondrer vers les abysses... De chuter par delà le céleste promontoire de la cathédrale, vers le sol froid et dur en contrebas. L'amertume était grande, plus l'on faisait d'effort pour tenter de retarder cet état de fait, plus la chute s'accélérait en dépit des pas en arrière faits, et l'on en revenait toujours plus vite au même point. Mais cette fois... Cette fois c'était différent. Il le savait au plus profond de lui, qu'il n'y aurait pas de retour en arrière. Les vents du changement donnaient de la voix depuis des jours. Et il avait entendu les murmures du démon. Si lui était prompt à ne pas céder à son chant de Sirène en dépit d'une adhérence d'apparence, ce n'était toutefois pas le cas des autres prélats. Rarement avait-il assisté à une pareille démonstration de vilénie que lorsque les "saints" mettaient à bas leurs masques et se révélaient bêtes.

C'était à ce moment là qu'il avait douté. S'était remis en question ? Le prix en valait-il la peine ? Canossa était-elle réellement terre sainte où s'était-elle métamorphosée en une nouvelle Babylone malgré elle ? Pouvait-il encore dévier de voie ? Autant de questions auxquelles ils n'auraient guère de réponse. Tout du moins pas des cieux. Il avait compris il y a bien longtemps que le Crucifié et son "grand ennemi" n'étaient que fariboles, ou tout du moins des êtres atteints de mutismes dont le destin de la terre ne les concernaient guère car ils n'étaient que spectateurs de ce grand théâtre. La Dame, si elle partageait des traits similaires avec ces derniers, avait au moins l'avantage de ne point mentir ni de faire de fausses promesses, elle existait, et de temps à autres souriait, accordant ainsi sa grâce à quiconque savait lire les signes. Peut-être était-ce du déni là aussi, un avant-goût de la folie... Ou simplement une manifestation de l'espoir, de la volonté d'y croire. Et par conséquent, de vivre.

Il soupira, las intérieurement. La Mascarade était pour le plus grand intérêt. Mais était-il juste de la perpétuer ? Sous cette forme ? Le Démon avait des arguments pour autant... Ce qu'il demandait... L'Archevêque, si on le nommait Mon Père par usage, n'avait jamais eut de fait d'enfants à lui en tant que tel... Mais il y en avait un qu'il considérait à bien des égards comme tel, et auprès duquel il se voyait toujours faillir au moment d'être ferme et résolu. Les ravages de la vieillesse disait-on à semi voix. Ah. Qu'en savait-il ? Les vipères hantant les cloitres sifflaient, elles avaient toujours fonctionné ainsi, rien de nouveau sous les tropiques. Et maintenant le démon demandait pour honorer le pacte, l'âme qu'il ne souhaitait guère abdiquer.

Il contempla l'horizon au loin, les murmures émergeant du porche de la Cathédrale s'accentuaient, soudain il aperçu une volée non pas de colombes mais de corbeaux filer au loin. Un mauvais présage de Dame Fortune, il fronça les sourcils et serra le poing. Peut être... Alors peut être... Devait-il faire quelque chose.
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Un nouvel arrivant sur le marché du jeu vidéo relance la guerre culturelle de plus belle des Landrins contre Rasken.


Just no Apex

Une reconstitution amateur du Logo du jeu.





Ce n'est un secret pour personne, la guerre civile Velsnienne a eut des conséquences importantes dans tous le monde Fortunéen, redistribuant des cartes, rappelant à tous les dangers qui menacent le rêve, mais surtout ont vu d'innombrables morts dont beaucoup avaient de la famille de l'autre côté de l'Eurysie ou même à travers le monde au sein des divers territoires et protectorats rattachés à la Sérénissime République de Fortuna, mais ceux ayant de très loin été les plus touchés demeurent sans contestent les Landrins de la péninsule d'Ostremont. Chose qui quelque part n'a rien d'étonnant de par le fait que leurs cousins Velsniens faisaient la part belle de la rubrique nécrologique à la fin des hostilités lorsqu'il fallut faire le bilan, Dino Scaela avait de fait beaucoup de soutient, certains de la première heure, d'autres gagnés à la force de sa verve qui quoi que l'on puisse penser de l'individu demeurait extrêmement habile avec les mots autant qu'il était un mécène apprécié à travers diverses strates de la Société. Même plusieurs années après ces tristes évènements, nombreux sont encore ceux qui n'arrivent pas à faire le deuil et refusent de tourner la page, occasionnant de multiples conséquences aux effets variés se répercutant un peu partout dans la société Fortunéenne

L'une de ces conséquences les plus impromptues, passant souvent sous les radars, n'est nul autre qu'une net baisse de l'appréciation des sociétés Raskenoises, quoique présenter les choses ainsi relève à dire vrai de l'euphémisme. En réalité, la côte de popularité de tout ce qui se rapporte à l'Empire du Pétrole et des Margoulins est littéralement en chute libre alors que l'image et la réputation de ce dernier et de tout ce qui s'exporte par de là ses frontières subit depuis des mois une vaste offensive coordonnée par les malcontents de l'action de leurs mercenaires dans la guerre civile Velsnienne. Ces derniers étant devenu bien malgré eux l'épicentre d'une haine née du deuil qu'ils attirent et canalisent à eux seuls tant ils apparaissent comme des coupables désignés idéaux dans l'esprit de certains. L'industrie du cinéma Fortunéenne dont Dom Sergio Scaela, Patricien de la branche fortunéenne de la famille, est un des grands noms s'affaire à faire la misère à ce que l'on n'hésite plus à qualifier clairement de boucs émissaires. Une authentique guerre culturelle qui a trouvée un écho au delà de Léandra même, une part certaine de l'Armata suivant le très populaire Amiral Deria qui ne lésine pas non plus sur les termes peu éloquent lorsqu'il s'agit de parler de la monarchie pétrolière, pire encore sans doutes, les conservateurs de l'église Catholane qui disposent encore d'une influence notable et notamment dans Canossa de Paltoterra ont rejoint le mouvement, érigeant margoulin et séides d'Apex Energy l'entreprise phare du pays comme des serviteurs de l'Antéchrist et des démons sur terre, alimentant plus que de raison un brasier qui couvait déjà. Ironie du sort, les derniers venus de cet Axe "anti-rasken", ne sont nul autres que les lobby écologistes qui cherchaient de toute manière une occasion depuis bien longtemps de s'opposer frontalement à Apex et aux autres grandes industries Raskenoises n'étant point les élèves les plus assidus lorsqu'il s'agit de respecter les bienfaits de Mère Nature.

Mais désormais, la guerre culturelle en cours a franchit un nouveau cap, l'industrie du Jeu Vidéo rejoignant le mouvement sans prendre la moindre paire de pincette par ailleurs. Des développeurs indépendants ont en effet sorti, de nul part selon les magazines spécialisés, un jeu nommé littéralement "Just no Apex", laissant peu de doutes quand au caractère délibéré de ce ciblage caractérisé. Toujours est-il que ce dernier semble avoir été un franc succès sur le marché, se vendant comme des petits pains via les plateformes de distribution de contenu en ligne ainsi que en version matérialisé dans les magasins des grandes surfaces, s'annonçant potentiellement comme un candidat très sérieux aux Jeux de l'année, mais surtout comme l'un des plus rentables de par les premières estimations réalisés par les observateurs du marché qui témoignent d'une courbe de ventes exponentielle qui commencerait même à toucher à l'étranger.

Pour autant, si il y a un message politique clair dont les développeurs ne se dissimulent guère, soutenant vouloir parler via le détournement de sujets sérieux comme le cas du mercenariat et de ses exactions, ainsi que de la puissance d'entreprises hors de contrôle qui captent progressivement droits et libertés en se métamorphosant elles même comme des tyrans, le parti pris semble un peu trop poussé pour que cela ne soit pas non plus un tant sois peu personnel jugent certains experts en géopolitiques. La blessure de la guerre civile Velsnienne est encore fraîche et douloureuse, c'est là une forme d'exultation de la douleur jugent-ils magnanimement. Ceci dit, les observateurs du Marché tendent à soutenir une autre version, comme quoi ce n'est pas tant le message que la qualité du jeu et le côté amusant ainsi que addictif du gameplay qui a su conquérir le coeur des joueurs. Le Jeu se présente en effet comme un vaste monde ouvert dans un pays insulaire Fictif aux vagues accents culturels qui ne sont pas sans rappeler Velsna ainsi que les cités de la Dodécapoles, plusieurs lieux ressemblant de fait à des sites réels. Le scénario fait incarner aux joueurs un Ex-soldat des forces spéciales de ce pays qui après des années mystérieuses passés à l'étranger s'en retourne chez lui et retrouve une terre méconnaissable, le gouvernement a perdu toute prise sur quoique ce soit et n'est plus qu'un fantoche, l'armée a été démantelée tout comme le sénat et ce sont désormais le Conglomération Pétrolier d'Apex Energy et ses hordes de mercenaires qui tiennent d'une main ferme la pays depuis que d'immenses gisements pétroliers ont été découverts là bas.

Il appartient alors au joueur de devenir le libérateur de sa terre natale et de combattre Apex et ses sbires, clairement désignés comme des antagonistes, globalement le jeu s'il contient une trame principale ainsi que des missions annexes en lien avec des factions de guérilleros et autres rebelles, laisse une vaste marge de manoeuvre aux joueurs, s'inscrivant dans une démarche partielle d'une forme de bac à sable. Diverses activités sont ainsi disponibles allant des courses en véhicules terrestres, aériens ou naval, de presque tout types, à la destruction pure et simple de bases armés de mercenaires entières ou de plateformes pétrolières grâce à un arsenal des plus vastes voir même des méthodes peu orthodoxes laissés à la discrétion de chacun pour ne citer que ça. Mais l'un des gros points forts demeure les performances qui ont été optimisés de tel manière à pouvoir supporter un chaos perpétuel en plein coeur de l'action, au plus grand bonheur de la clientèle qui redouble de compliments sur Just No Apex.

Toutefois, comme l'on pouvait s'y attendre, des critiques émergent aussi, mais la plupart ne concernent ni le gameplay ni les éventuels problèmes et bugs qui peuvent handicaper les expériences de jeu. De fait, c'est le message Politique, ou plutôt le fait d'ériger Apex Energy en tant qu'Antagoniste qui a du mal à passer, notamment comme l'on peut s'en douter chez une bonne part de la population Raskenoise biberonnée au pétrole de leur fleuron national. Toutefois, le point le plus litigieux demeure le Boss Final de la trame scénarisée dont le modèle n'est pas sans rappeler l'Empereur de Rasken Stanislas Schutzenberger, dont les cheveux gominés caractéristiques ont reçu une attention toute particulière dans leur conception, donnant naissance à l'Antagoniste en chef "Stanislâche Rattenberger" qui brille par son avarice mais surtout sa couardise ainsi que sa passion pour les Rats, disposant de plusieurs comme animaux de compagnie. De plus, le modèle semble avoir été volontairement raccourci dans ses proportions comparé aux schémas 3D d'origine, les as de l'informatique ayant fouillés les fichiers ayant trouvé une note abandonnée dissimulée dans ceux ci avec quelques mots : Un mètre et demi d'impérialisme. Des propos régulièrement repris par la presse Bergrosish de la confédération Kresetchnienne, qui laissent penser à une forme d'hommage et qui tendent à confirmer la thèse du caractère très personnel de l'opposition frontale face au Fleuron de Rasken.

En effet, les experts géopolitiques se rappellent aisément que les divers groupes se positionnant contre la monarchie pétrolière Raskenoise ont commencé il y a quelques mois à multiplier les gestes symboliques afin de saluer la lutte de la Confédération et notamment de son membre fort qu'est l'Hotsaline qui a elle même subit les affres de l'Impérialisme Raskenois directement et continue de souffrir des conséquences encore à ce jour. D'aucun se demandent alors si il n'y pas une volonté de pousser à une jonction des lutes, voir d'influencer le gouvernement Fortunéen subtilement et progressivement afin de le faire basculer lui aussi directement dans le mépris envers Rasken. La question demeure entière et il est légitime de la poser, toutefois il est encore trop tôt pour émettre des conclusions. Les observateurs n'hésitent pas à dire que les prochains mois vont être très intéressants et qu'il va falloir ouvrir l'oeil afin d'être aux premières loges de potentielles évolutions notables, ce alors que la Sérénissime traverse une période incertaine avec de multiples assassinats ou tentatives d'assassinats ayant visée sa caste politique, prenant déjà de multiples vie au sein du Sénat Républicain et jetant un voile d'incertitude sur toute la Sérénissime alors que la Polizia travaille d'arrache-pied pour résoudre ces affaires que beaucoup considèrent comme liés même si aucune annonce officielle n'a confirmé la chose.
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The Dream Gambit



C'était une atmosphère étrange qui étreignait Grietta depuis plusieurs semaines désormais, comme si le temps était demeurait figé ou presque, que tout fonctionnait au ralenti, qu'une sorte de léthargie englobait la Cité et ses alentours avec pour épicentre du phénomène l'Académie Navale et le siège de l'Amirauté qui pour ainsi dire était un corps sans tête unique depuis l'accident de la route du Grand Amiral qui même si il avait été sorti des griffes de la faucheuse demeurait dans le Coma encore à ce jour sans que les médecins ne puissent affirmer avec certitude s'il en sortirait un jour. Enfin, ce serait inexact de parler de corps sans tête puisque celui ci continuait à avancer un tant sois peu correctement, à ceci près que aujourd'hui en l'état des choses il y avait précisément trop de têtes, c'était toujours le vieux problème du système Fortunéen qui avait une propension bien trop grande à miser sur une tête dépassant toutes les autres afin de trancher les débats et départager les incertitudes des divers sous factions s'opposant systématiquement. Car une fois que ladite tête était coupée, les commandes revenaient à toutes celles à égalité qui commençaient à se disputer pour le contrôle et devenir la nouvelle dépassant toutes les autres. La chose était d'autant plus vraie au sein de l'Armata où les ambitions se mêlaient à des égos surdimensionnés dont jusqu'à présent le Grand Amiral avait été le catalyseur.

Mais voilà, le verrou avait sauté avec fracas et désormais les mauvaises habitudes et tout les vices de chacun ressortaient alors que les luttes intestines pour savoir qui prendrait la place du Grand Amiral à la Custodie de l'Amirauté reprenaient de plus belle. Custodie... Quel curieux terme, cela pouvait s'apparenter à "Garde" dans l'ancien rhêmien, les pères fondateurs avaient dû trouver ça approprié lorsqu'ils s'étaient retrouvé forcer de codifier toujours plus les fonctionnements des flottes de la République afin de ne pas se retrouver avec des meutes de loups éparses s'étripant mutuellement avant même d'arriver au contact des ennemis d'antan. Un rôle amené à recevoir des pouvoirs équivalents si ce n'est supérieur à celui du Grand Amiral de l'Armata lorsque ce dernier était amené pour diverse raisons que ce soit à ne point pouvoir exercer ses fonctions pour une temporalité dédiée et définie. Oh bien évidemment certains arguaient déjà que l'on devrait directement passer outre et nommer un nouveau Grand Amiral, jouant sur le côté temporel de la chose où l'incertitude de la sortie du Coma de Dandello régnait. Ce qui ironiquement était le même argument pivot de l'autre côté qui soutenait qu'un réveil soudain était tout autant possible. Un débat de sourd qui s'éternisait, à tel point que le Doge avait dû intervenir pour trancher et préférant la prudence avait opté pour la Custodie sait-on jamais. Les détracteurs maugréèrent et continuent à arguer encore à ce jour, pour autant ils n'osent guère contredire ouvertement la décision, après tout c'est pour ce genre de cas que les têtes dépassant le peloton existent.

Le problème maintenant, c'était de se décider sur qui allait recevoir le mandat de ladite Custodie. Il y avait plusieurs candidats en soit, certains même poussés contre leur gré par des groupes estimant qu'ils étaient plus à même d'obtenir le poste alors qu'ils n'avaient guère envie de le briguer pour diverses raisons allant de la volonté de ne pas s'ingérer dans le panier de crabes plus que de raisons à des estimations qu'ils n'étaient guère à même d'être capable d'occuper le poste, pas encore. Le Nom du Vice-Amiral Ioannes Sil Silebor, un grec lykaronien qui avait à sa charge les escadres de l'afarée occidentale et supervisait depuis les archipels du Triangle d'Or la surveillance de la région, et notamment de sites volatiles comme le Gondo en pleine guerre civile ou la région ouwanlindaise prompt à l'embrasement, était de ceux qui revenaient le plus souvent à la bouche d'une part non négligeable du corps des officiers. Pour autant l'intéressé lui même refusait en bloc de concourir formellement, ne souhaitant pas s'ingérer pour l'heure dans les luttes de pouvoirs internes car il avait des obligations dont l'intérêt supérieur manifeste étaient bien plus importantes que sa carrière et ses aspirations personnelle disait-il. Peut-être était-il le plus sage de tous, d'autres vices et contre amiraux n'avaient pas eut autant de scrupules pour s'essayer à cette course d'influence quand bien même ces derniers étaient moins populaires et donc leurs entreprises vouées à l'échec. La Custodie après tout permettait à quiconque jusqu'au rang descendant de Contre-Amiral de concourir, mais dans les faits hormis le cas de Silebor qui était à part à cause de l'individu lui même et de sa popularité, presque aucun n'avait de réelles chances.

Même parmi douze Amiraux, il y avait finalement peu de candidats sérieux, à peine moins de la moitié mais en réalité il n'y en avait concrètement que deux qui dominaient de très loin cette course et pouvaient être considéré de facto comme prétendants concret à la Custodie de l'Amirauté. D'un côté l'on trouvait l'Amiral Francisco di Deria, Patricien Landrin qui avait une aura charismatique l'englobant ainsi que la réputation d'être proche de ses hommes, mais surtout qui supervisait le prestigieux commandement Leucytaléen qui était la plus ancienne sous-division de l'Amirauté, où l'Histoire s'était faites, et qui conférait une certaine aura à quiconque en avait le contrôle. De plus, les franges conservatrices de la société Fortunéenne à commencer par les Landrins mais aussi les affiliés à l'église Catholane, lui accordaient un soutient sans conditions, de même que les faucons et va-t-en guerre ainsi qu'une bonne dose d'opportunistes qui sentaient le vent tourner, sans compter ceux que la peur étreignaient et qui voyaient l'homme providentiel dans la carrure de Deria, à même de braver la tempête et guider le navire hors de la crise.


Francisco di Deria

Francisco di Deria, Amiral de Léandra, "Le Démon Homme-d'état"


Face à lui, son principal opposant, Juan di Modregal, l'Amiral de Canossa et par la même occasion le Doge-Consort. Si ce dernier se défendait bien pour sa part sur le plan du charisme, il demeurait à la traîne en comparaison de Deria, pour autant il y avait une certaine forme d'humilité jointe à une tempérance hors normes qui avait su conquérir bien des coeurs à travers toutes les strates de l'Armata. Et puis il y avait aussi l'aura du Doge derrière bien évidemment, si certains dénonçaient cela à demi mot comme une forme de népotisme aveugle, d'autres y voyaient là la poursuite de la concorde entre le Gouvernement et les Forces Armées de la République et par conséquent une extension du phénomène de stabilité qu'incarnait les Mandats successifs de Francesca Federica di Fortuna, qui si elle usait plus souvent de tact et de diplomatie pour adresser les crises et affaires internationales, avait fait en sortes de conserver une marine forte, pierre angulaire de la puissance Républicaine, ce qui avait rendu satisfait beaucoup au sein de l'Armata. Ainsi, son Mari bénéficiait du soutient des modérées pour sa part ainsi que des franges les plus pacifistes de la société qui voyaient la continuité des politiques du Doge Sérénissime qui avait la paix et la prospérité à coeur, de plus il y avait par défaut derrière lui tout les progressistes et opposants frontaux des conservateurs, notamment à Canossa où la Moitié de la péninsule à commencer par Marisma s'était rallié massivement derrière, et même à Rio, Bastion de l'église, il trouvait aussi des soutient, c'était dire. Toutefois, il n'avait pas cette même stature que Deria de Roc prêt à braver les temps sombres à venir, et avec les nuages s'amoncelant, il souffrait d'un cruel retard face au Landrin dans la course à la Custodie qui arrivait progressivement sur son dernier tournant.


Juan di Modregal

Juan di Modregal, Amiral de Canossa et Doge Consort


Pour autant, même si Deria passait, la simple existence de l'Amiral de Canossa pourrait contrebalancer en bonne partie l'influence du Landrin et l'empêcher de se lancer dans des aventures belliqueuses, ce dont le suspectait une part non négligeable des modérées au sein de l'Armata et qui craignaient notamment ses prises de positions bien plus fermes récemment qui ne faisaient que se préciser. La désignation d'ennemis extérieurs qui menaçaient la stabilité et l'ordre au sein même de la République était un signe alarmant, surtout que le pannel incorporait une vaste gamme de "cibles", et si la présence de Rasken était peu surprenante sur le tableau de chasse de l'Amiral de par les contentieux que les Landrins avaient avec la monarchie pétrolière depuis le rôle qu'avaient joué les Bérets Rouges dans la guerre civile Velsnienne, l'on voyait désormais apparaître des positions déclarations inédites de plus en plus régulièrement. En effet, si beaucoup soupçonnaient depuis longtemps que Francisco di Deria était un anti-communiste convaincu, la confirmait chaque semaine de plus en plus alors qu'il émettait des propos toujours durs et fermes à l'encontre de tout ce qui était un tant sois peu rouge, intégrant autant les héritiers du Lorenzisme qu'était l'Estalie ou l'Illirée que les nouvelles menaces émergentes. L'on trouvait parmi celles ci la Kaulthie qu'il qualifiait aisément de tumeur cancéreuse éclaboussant de de sa putréfaction l'immaculée leucytalée, mais aussi l'émergeante Confédération Socialiste du Nazum qui était un nid de parasites amené à proliférer et dévorer tout sur son passage d'après ses dires. Plus inquiétant encore, il devenait dernièrement de moins en moins avares en commentaires sur les communalistes, ciblant timidement mais de plus en plus sûrement le Grand Kah, reprenant des termes que l'on voyait apparaître à l'étranger tel que celui d'Empire Kahiste." Les charges contre le fantoche Mahrennien devenant de plus en plus commune tandis que le nom du Mokhai commençait à apparaître, associé à des commentaires peu élogieux, teintés de passif agressif virant progressivement mais sûrement vers l'agressivité pure et simple. Le pire étant que des allusions subtiles venaient à être faites, comparant les troubles politiques et notamment les vagues d'assassinat récentes de figures publiques aux méthodes utilisées par les régimes à tendance rouge et leur propension à vouloir renverser des gouvernements à travers le monde.

La boîte de Pandore avait ainsi été ouverte.

Et au milieu de tout ça, alors que l'Amirauté et la marine se déchirait silencieusement, la Légion quand à elle, rongeait son frein, attendait son heure. Le Capitano Generale Salvador Sil Makraen, fils de Latin et de Grecs tout à la fois, était seul maître à bord en ce qui concernait les forces armées Terrestres de la Sérénissime Fortuna, il était à bien des égards dans son domaine ce qu'était le Doge à la politique et le Grand Amiral à l'Armata. Et quand bien même ses forces étaient subordonné à l'autorité de la Marine, les choses étaient en train de changer, c'était le propre des luttes de pouvoirs intestines que d'affaiblir l'emprise sur les organismes "vassaux" et à l'heure actuelle l'on voyait aisément celle ci sur la Légion diminuer à vue d'oeil. C'était à peine si l'on s'intéressait à ses rapports de moins en moins régulier sur l'accueil des réfugiés Kabaliens à Grietta. Quelle misère quand on y pensait, on l'avait rappelé lui et ses troupes d'élites depuis Gramako en face du Gondo afin de lui ordonner de secourir les pauvres hères fuyant par tous les moyens la Kabalie et le génocide opérée par les Carnavalais. Combien de cadavres ses détachements de voltigeurs chameliers avaient-ils trouvés à moitié enterré dans les sables du désert ? Combien ses éclaireurs le long des côtes rocheuses en avaient-ils retrouvé gisant sur les récifs avec les restes de leurs frêles esquifs fracassés par la tyrannie des falaises ? C'étaient là des choses dont l'on ne parlait que trop peu. Tellement que personne n'avait remarqué que l'élite de la Légion, les voltigeurs, n'était même plus à Grietta, ou tout du moins presque plus. Ce n'était qu'un escadron squelettique qui était encore sur place à donner le change, les missions de secours et de prise en charge avaient été délégués aux légionnaires du rang, à des escadrons de l'ordre commun. Les noirs uniformes du prestigieux corps des voltigeurs s'étaient presque tous évaporés, n'en restait qu'une poignée afin de rendre compte aux rares inspecteurs passant encore prendre des nouvelles en pleine tempête au sein des institutions. Aucun n'avait remarqué la supercherie, ou bien cela ne les intéressait guère, ils avaient autre chose à faire.


Salvador Sil Makraen

Salvador Sil Makraen, Capitano Generale de la Légion de Fortuna


Dans ce grand jeu d'échec qu'était la Sérénissime République de Fortuna, où des forces invisibles disposaient leurs pions et avaient mises en jeu le Rêve, le Capitano Generale savait fort bien qu'il n'était qu'une pièce parmi d'autres, pour autant cela demeurait une opportunité de faire avancer les intérêts de ceux comme lui qui demeuraient étouffés par la suprématie d'une instance supérieure les méprisants car il était considéré comme plus noble et crucial de naviguer que de marcher, ce alors qu'ils cherchaient à préserver le même drapeau. Et puis il y avait aussi le prestige associé à la réussite du Pari. Car oui, Makraen était joueur, et il n'avait pas hésité une seule seconde à choisir vers qui incliner, pas uniquement de par les débouchées qu'il entrevoyait, mais aussi par conviction en partie. Il n'y avait rien de tel qu'un rêve pour motiver les espoirs et les aspirations des hommes, de même qu'il n'y avait que une crise gagnant silencieusement en ampleur de jour en jour pour permettre de s'élever, et qui sait, peut être voir naître des héros ? L'offre qu'il avait reçu n'était pas seulement tentante, mais cruciale. Il n'avait même pas hésité une seule seconde avant d'accepter, et tandis qu'ils donnait le change dans la vitrine, accaparant la maigre attention qu'on lui octroyait à lui et sa Légion, les bottes noirs des Voltigeurs marchaient à l'unissons avec la complicité des oiseaux, filant vers la fille Prodigue afin d'apporter un soutient providentiel et mettre à mal les plans du Démon qui corrompait les racines même de l'arbre républicain.

Le jeu avançait, et alors que les joueurs principaux pensaient avoir analysé l'ensemble de la scène, ils ne se doutaient guère que à l'ombre des écrans, une troisième force tirait des ficelles de son côté afin d'influencer l'issue du jeu.
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Requiem pour un Mythe.


TW : Violence, détails morbides


L'astre lunaire était haut dans un ciel clairs sans aucun nuage, profitant d'une nuit obscure pour éclairer le monde se a douce lumière, ici bas sur terre tout était calme alors que les douze coups de minuit retentissaient, emmenés par le son des cloches de la Basilique San Salieri qui résonnaient et donnaient le ton, s'accordant avec les lumières de Fortuna, la ville qui sombre, qui ne cessaient de danser sous la merveilleuse voûte céleste épargnée par les affronts d'une société s'industrialisant toujours plus. Profitant des privilèges d'une lagune millénaire rechignant encore à saborder sa grandeur et sa magnificence d'antan au profits de l'efficacité et de la course à la modernité absolue. Pourtant en cette soirée de printemps quelque chose n'allait pas, il régnait au sein de Fortuna un malaise certains. D'ordinaire animée même aux heures les plus sombres de la nuit, la cité semblait comme plongée dans une léthargie car si les lumières rayonnaient, de l'éclairage publics aux grands projecteurs des édifices gouvernementaux ou encore même de l'immense Statue du Polémarque dominant l'ensemble des lieux depuis son promontoire rocheux, force était de constater que les rues étaient presque désertées. Les terrasses des cafés et des bars éteint en leur grande majorité vacantes de toute âme, les restaurants d'ordinaires pleins affichaient des baisses d'activités records, il en était de même pour tous ces lieux emblématiques de la ville qui sombre peuplés en toute heure et en toute saisons qui se voyaient rachitiques en populace.

C'était un phénomène, un mal curieux, qui avait gagnée la capitale République depuis plusieurs semaines maintenant, pour autant il y avait au moins un autre symptômes édifiant visibles de tous, la présence accrue des forces de sécurités, privée et gouvernementales visibles à chaque quartier, autour des sites du pouvoir comme des résidences des personnalités connues tant et si bien qu'il était presque impossible de traverser deux avenues sans tomber sur une patrouille de la Polizia tandis que plus l'on progressait vers le coeur de la vieille ville, plus les Soldatis de la Légion étaient présents, tournant et veillant au grain comme si la cité était en état de siège sans pour autant que l'on ne puisse percevoir les ennemis. Pourtant, la réaction épidermique la plus radicale n'était même pas ici, mais au sein des quartiers huppés extérieurs, sur l'île mère même, par delà la nouvelle cité, loin à l'écart dans les collines jouxtant les montées rocheuses et montagneuse. Car c'était là bas que résidaient la plupart des bonnes fortunes de la société, certains patriciens en têtes de file, magnats de l'industries ou de la finance, célébrités, et ainsi de suite qui avaient transformés leurs amas de manoirs, villas et autres palazios en véritables forteresses où tournaient quelques groupes d'agents de sécurité pour ceux aux moindres moyens, et de véritables essaims de mercenaires issues d'innombrables sociétés de sécurité privées en lien avec les Grandes Dynasties patriciennes.

Fortuna de nuit

Vue de l'extérieure, c'était là une situation autant curieuse qu'inédite et certains observateurs en venaient presque à soupçonner que si l'Amirauté n'eut pas été en grand désarroi à cause des "menus soucis" affectant sa chaîne de commandement, le Gouvernement n'aurait certainement pas hésité à faire rappeler plusieurs bâtiments de l'Armata afin de mouiller dans la Lagune même. Les plus vieux des Fortunéens qui avaient la mémoire longue ne pouvaient s'empêcher de voir d'innombrables ressemblances avec ce qui avait eut lieu au cours des années cinquante. Après tout, la cause du climat réellement qualifiable de terreur qui régnait prenait pour source de multiples assassinats et "accidents" très suspects se multipliant de plus en plus, ayant déjà emporté dans la tombe de multiples personnalités influentes allant de plusieurs sénateurs à des industriels respectés en passant par des influenceurs d'importance etainsi de suite. Ce n'était ainsi pas sans faire écho à la "Semaine Terrible" où fidèle aux cycles de l'Histoire Républicaine, les élites de la société s'étaient entre-purgés dans une folie destructrice propre à la haine mutuelle qu'elles se vouaient respectivement. Sauf que cette fois, c'était différent. Il n'y avait eut aucun signe au préalable, pas même un seul indice, et les enquêtes piétinaient, les enquêteurs dans le flous incapables de remonter précisément aux auteurs et coupables, ne retrouvant systématiquement que de vagues indices sans queues ni têtes qui pointaient vaguement vers d'obscurs groupuscules tantôt communistes parfois terroristes dont l'on n'avait pas ou presque peu entendu parler jusqu'avant. La confusion était ainsi totale et avait bien vite gagnée le Tout Fortuna alors que le reste de la République observait l'évolution des choses dans un inquiétant silence alors que la Cité Mère saignait, ses décennies de stabilité mises à mal et éventrées par la brutalité et la soudaineté des choses.

La Cité rayonnait, lumineuse et baignée dans la lumière de la Dame Lune, pour autant plus les faisceaux émanescent resplendissaient, plus les ombres et les abysses gagnaient en autorité et étendaient leur emprise sur le monde phénoménal. Les symptômes étaient assez flagrants pour le réaliser. La Cité avait peur, et jamais ses fondations n'avaient semblé si fragile alors que l'égide de l'Ordre et de la puissance de la République, le Doge, s'effaçait progressivement de la scène publique au moment même où la nation et son Rêve avait le plus besoin d'elle, causant l'incompréhension la plus totale à toutes les strates de la société et ce jusqu'au sein de son alter égo cultivant le mystère, le Concile, dont les membres eux même pourtant aux manettes et tirant les ficelles jusqu'à il y a peu de cette grande scène de théâtre qu'était la république, perdaient tous sans exception peu à peu pied et par la même occasion le contrôle du scénario.

Désormais, c'était un silence assourdissant qui régnait, alors que chacun se terrait en attendant le prochain coup qui allait inévitablement frapper et faire monter encore et toujours plus cette pression, cette angoisse qui gagnait chaque jour de plus en plus de terrain dans les âmes et esprits comme sur la scène publique. Et si il y avait bien quelques uns qui attendaient avec inquiétude et une certaine tension que quelque chose advienne, c'était bien les services d'urgences de la Capitale. Urgentistes, médecins, policiers mais surtout en réalité les sapeurs-pompiers car ils étaient bien souvent les premiers sur le terrain.

Et c'était d'autant plus vrai pour ceux de la Caserne Santa Regina situé au sein des faubourgs de la "Nouvelle-ville", la dernière en date crée en même temps que cette ensemble de quartiers urbains crée à même la terre de l'île Mère de Régallia afin de pourvoir aux besoins sans cesses grandissants d'une population en hausse dû à la mondialisation ayant lieu à travers le monde et voyant sans cesses de nouvelles âmes arriver et cherchant à s'établir, temporairement pour certains mais de façon plus pérenne pour la plupart. Ces nouvelles aires urbaines d'habitation avaient été la réponse de la municipalité qui n'avait pas lésiné sur les moyens, et les lieux respiraient ainsi la modernité et le progrès, ayant bénéficié des dernières méthodes à la monde ainsi que d'une planification minutieuse afin de pourvoir aux habitants un accès rigoureux aux services quels qu'ils soient. L'accès à ceux d'urgences étant ainsi de facto inclue dans le lot, même si en temps normal ces derniers avaient finalement peu à faire en comparaison d'autres métropoles dû à une population d'ensemble bien plus faible que la plupart des grands autres centres urbains de la République ou même de l'Eurysie. L'agencement particulier de la ville et sa géographie faisait que l'on craignait en réalité plus les noyades et accidents de trafic naval que les incendies, et les sapeurs pompiers passaient le plus clair de leur temps lorsqu'on les appelait à repêcher des automobilistes ou piétons ayant fait de mauvaises chutes dans les quartiers périphériques dont certains avaient été construit sur les espaces surélevées des hauteurs rocheuses et qui pouvaient ainsi se montrer parfois très traitres.

Toutefois, les évènements récents ayant profondément choqué la sphère public, en cause tous ces "accidents", assassinats et même quelques attentats, avaient pour ainsi dire mis sur le pied de guerre l'ensemble du département de pompier dans toute la cité, chacun de ses membres ayant été confronté au cours des dernières semaines à des scènes macabres et inattendu qui tranchaient net avec leur quotidien d'ordinaire bien plus calme. Aussi, l'on s'attendait à tout moment à ce que le standard téléphonique reçoive de nouveaux appels, ou que les alarmes retentissent, les effectifs avaient vu leurs heures rallongés plus que de raison sait-on jamais de par le caractère exceptionnel des choses. Pour autant, ce soir en cette nuit qui s'annonçait calme, rien ne laissait présager qu'il arrive quoi que ce soit, tant et si bien qu'une partie de belote très serrée avait prit place dans la Caserne Santa Régina dont les enjeux montaient toujours plus à mesure que Dame Fortune se mêlait des pioches et des jeux de chacun, pimentant indéniablement l'évolution de la partie jusqu'à créer un suspens insoutenable.

Toutefois c'est toujours lors des climax que le scénario se voit perturber par un évènement inédit créant ce que l'on nomme à Caratrad comme un "Cliffhanger", et bien évidemment comme le veut la loi universelle dans ce genre de situation, les sapeurs pompiers n'eurent jamais été amené à connaître le vainqueur de cette belote. Le son caractéristique des sirènes qui commencèrent à mugir et beugler, les détourna du dénouement. Une alarme incendie venait d'être déclenchée, le poste de commandement de la caserne avait déterminé que c'était dans une des résidence des quartiers huppés dans les collines excentrés. Immédiatement, les supérieurs de la caserne haussèrent des sourcils, se demandant si cela n'avait pas un lien avec toute la série d'infamie ayant eut lieu récemment, pour autant ils n'avaient pas leur mot à dire sur la chose et devaient tout de même se dépêcher de déployer camions, lances à incendie et hommes sur site, c'était leur job. Malgré les doutes, les lourdes portes rétractables du bâtiment s'ouvrirent afin de laisser émerger les camions écarlates dont les sirènes commencèrent à donner de la voix dans la nuit alors que les roues prenaient place sur le bitume. Si Dame Fortune le voulait et avec la léthargie ambiante de la cité dû au climat de terreur, ils arriveraient vite sur site dû à une circulation bien réduite, c'était un des rares et notables avantages de cette situation.

Pourtant, les doutes se muèrent vite en inquiétude grandissante à chaque lieu franchit. Les sirènes des camions de pompiers n'étaient pas les seules à briser le silence de la nuit. De même que la route n'était pas déserte, il ne leur avait fallut que quelques minutes, une poignée de virages afin de gagner les grandes voies menant aux Banlieue aisées, pour réaliser qu'ils n'étaient pas les seuls en route vers le site de l'incident.

De mémoire d'homme, aucun des pompiers ne se souvenait d'avoir jamais vu un tels cortèges de sirènes, c'était une ligne interminable de voitures de la Polizia à laquelle se mêlait tantôt des ambulances et même des fourgons blindés des unités d'interventions spéciales de la police métropolitaine qui convergeaient tous comme si ils avaient le diable lui même aux trousses vers là où vraisemblablement avait lieu l'incendie. Il fallut quelques instants afin de récupérer un espace au sein de cette marée déferlante et se diriger vers ce que le standard décrivait comme une imposante villa de plusieurs hectares disposant d'arpents de jardins conséquents, l'on n'avait pas encore le nom du propriétaire à cet instant, les services du poste de commandement du département des pompiers peinant eux même à l'obtenir, ce qui était sûr c'est qu'il était richissime et certainement puissant si son identité était tenue secrète. Soudain, certains sapeurs-pompiers n'ayant guère à conduire levèrent les yeux vers le ciel, les forces de Police venaient de déployer des hélicoptères dont les projecteurs tranchaient net l'obscurité tel des lances transperçant des monstres, plus inquiétant étaient ceci dit les longs embouts des canons des fusils d'assaut et les armures tactiques en kevlar et casques d'opérations des agents que l'on voyait émerger des côtés des appareils. Il n'y avait guère plus de doute que quelque chose de gros était en train de se dérouler à partir de là, mais encore à cet instant nul n'était apte à se douter de l'ampleur du désastre qu'ils allaient découvrir.

Désastre. C'était un euphémisme. Un putain d'euphémisme. Ils avaient à peine pénétré le "quartier", si tant est que l'on puisse de parler de quartier car les domaines étaient dans les faits grandement espacés les uns des autres, qu'ils entendaient toutefois déjà au loin les échos d'échanges de tirs à l'oeuvre, à ceci près qu'il ne s'agissait pas de ce que quiconque avait déjà entendu en termes d'armes à feu, certains avaient fait leur service militaire et savait faire la différence entre l'équipement de la Polizia et les armes de guerre. L'agitation qui régnait dans les autres demeures occupés en disait d'ailleurs très long, il suffisait de contempler les mercenaires de garde courir dans tous les sens ci et là, un énième "détail" qui permettait d'avoir déjà une vague idée de ce qui se passait alors qu'au loin d'imposantes volutes de fumées s'élevaient, témoignant de la sévérité de l'incendie en cours. Déjà l'on voyait se profiler des barrages des forces de police peu avant d'arriver en vue du site situé légèrement en contrebas de la route, permettant de facto d'avoir une vue sur les lieux et de constater la sévérité des flammes qui engloutissaient à vue d'oeil l'ensemble de la bâtisse principale mais commençaient aussi à gagner les jardins ainsi que d'autres annexes de la propriété. Les agents sur place audit barrage s'affairaient à arrêter ambulances comme camions de pompiers, arguant que les lieux étaient encore dangereux et que des hommes armés étaient en plein affrontement avec les forces de police, qu'ils étaient vraisemblablement derrière l'incendie en cours.

Incendie

De façon fort étrange, plusieurs sapeurs pompiers remarquèrent que les radios semblaient dysfonctionner à mesure que l'on s'approchait de la propriété, tant et si bien que les communications devenaient éparses et complexes avec le poste de commandement, mais ce phénomène ne frappait pas spécifiquement les soldats du feu, les forces de police et ambulancier semblaient avoir le même problème, et il en allait de même semblait-il des services de sécurité des demeures voisines, et si les plus incrédules mirent cela sur des fréquences surchargées dû tant au monde présent dans les environs usant de radios que à l'incendie faisant rage et qui s'étendait, ayant potentiellement touché un relais d'ondes, d'autres plus suspicieux commencèrent à se demander si il n'y avait pas un brouillages desdites ondes à l'oeuvre. Mais il n'y avait guère le temps de se poser des questions, les flammes s'étendaient, engloutissant hectares après hectares et menaçaient de gagner d'autres terrains, aussi sous escorte policière les soldats du feu se déployèrent afin de stopper l'avancée du brasier infernale tandis que peu à peu, les échos des balles tirés se taisaient les uns après les autres jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le crépitement des braises incandescentes.

Lorsque l'on eut enfin la confirmation que les lieux étaient "sécurisés", ceux que l'on qualifiait déjà comme de supposés terroristes ayant été sois abattus ou ayant profité de l'incendie gagnant en force pour filer à la faveur de l'obscurité plus loin dans les collines, hélicoptères dans les airs sur leurs talons et groupes d'intervention et chiens de chasses à leur trousses, l'on pu enfin s'affairer à pénétrer au sein de la propriété en elle même qui avait déjà de moitié disparue en cendres. Cependant, cette vision déjà pessimiste n'était rien à ce que tous et chacun purent contempler vue de près après avoir pris pied sur la propriété. Ce qui s'était jouée ici cette nuit, cette scène où l'horreur impensable contemplait le cynisme le plus cru ne ressemblait à rien de ce que les hommes et femmes présents avaient vu jusqu'à présent, ce n'était pas le site d'un crime commun ou anodin, ni même un simple incendie, c'était une véritable scène de guerre. Quoi qu'il se fut passé, le Bilan humain serait assurément désastreux, il suffisait de voir les cadavres dispersés ici et là sans vie, certains arborant des uniformes de la compagnie de sécurité privée "METEOR", l'une des plus respectée et connue de tout Fortuna, tandis que d'autres étaient encastrés dans des similis d'équipement ressemblant plus à du matériel étranger où l'on voyait de temps à autres des symboles et drapeaux miniatures aux teintes écarlates qui n'étaient pas sans rappeler les allégeances communistes et rouges de manière générale. Ci et là, des allées de gravier où l'on voyait des membres sans propriétaires gisant abandonné, une imposante piscine dont l'eau avait virée au cramoisie et où flottaient encore les propriétaires du sang qui s'était mêlé à celle ci, des trainées de liquides qui avaient commencé à virer à l'ébène se trainaient vers des arches effondrées noircies par la fumée et partout l'on retrouvé des douilles, tantôt des révolvers et des pistolets mitrailleurs sans maîtres.

Et ce n'était là que l'extérieur, l'intérieur ne semblait pas être mieux, il apparaissait même comme bien pire de par les silhouettes carbonisés que l'on apercevait entre deux amas de flammes dansants tout en dévorant des murs porteurs. C'était à se mander si il y avait encore quiconque à sauver ? Si ils n'avaient pas mis les pieds dans une nécropole. Si d'ordinaire il y avait un tant sois peu d'espoir, la possibilité de pouvoir secourir ne serait-ce qu'une âme, la question se posait toutefois sérieusement ici. Pour autant, la réponse finale demeurait la même, il convenait de tenter, d'essayer et d'aller jusqu'au bout, c'était leur métier, évincer les flammes, et tenter de secourir quiconque respirait encore un tant sois peu à l'intérieur... Enfin... Si il y avait quiconque encore en vie tout du moins, ce qui était hautement incertains. Au strict minima, les plus pessimistes considéraient qu'il ne restait plus qu'à tenter de sauver un maximum de ce qui restait de la "scène de crime". Etrangement, les ondes de Radio étaient plus que jamais instables, les communications ne passant guère plus avec le poste de commandement tant et si bien que les sapeurs pompiers durent s'organiser à "l'ancienne" et rester groupés, opérant plus lentement, mais sûrement.

Les processus ralentis n'empêchèrent toutefois pas les forces de la police scientifique d'investir les parties les plus excentrés de la propriété qui étaient jugés "sécurisés" afin de commencer à se mettre au travail qui s'annonçait long et complexe. Soudain, au détour d'une haie, un cri retenti ce qui attira l'attention d'officiers des forces d'intervention spéciales en armes qui se ruèrent sur place. Ils tombèrent sur scène peu commune (Si tant est que tout ce qui était sur la propriété l'était, ce qui n'était guère le cas), l'un des investigateurs de la Scientifique, été vautrés par terre après avoir trébuché sur un cadavre salement amoché dont le visage était méconnaissable, vraisemblablement passé à tabac en plus de s'être fait tirer dessus, mais dont l'apparence générale et notamment le costume trois pièce qu'il portait encore reconnaissables détonnaient nettement avec le reste des machabées des lieux. Non loin, ce qui s'apparentait à une voiture blindée était encastrée dans un mur séparant l'arrière des lieux d'une route annexe, un assortiment de ce qui était selon peu de doutes des gardes du corps gisant dans et non loin dudit véhicules. Selon toute vraisemblance, et au vue de ladite scène, l'on pouvait raisonnablement penser que quiconque était le décédé méconnaissable avait probablement tenté de fuir les lieux sans succès.

Les agents de la Polizia, investiguant et sécurisant, aperçurent dissimulés à moitié par les feuillages et dépassant légèrement d'une poche de la veste du costume de l'intéressé ce qui s'apparentait à un portefeuille. L'un d'eux le récupéra et en inspecta le contenu, espérant trouver une pièce d'identité qui pourrait éventuellement indiquer qui était ce cadavre sans visage. Et il ne fut point déçu. A dire vrai il fut même effaré, laissé bouche bée, et alors que les Radios faisaient encore des siennes et qu'il essayait frénétiquement de contacter ses supérieurs, il ordonna à la scientifique de faire en sortes de préserver ce corps spécifiquement, et de faire des prélèvement ADN pour analyse. L'intéressé qui s'était vautré peu avant s'exécutant sans contester, l'agent quand à lui commença à courir à en perdre haleine, se précipitant comme si sa vie en dépendait jusqu'à trouver son capitaine, lui murmurant alors à voix basse ses découvertes et lui montrant ces dernières, qui lui arrachèrent à leur tour une expression d'horreur. A son tour, le capitaine s'éloigna jusqu'à ce que les problèmes de radio cesse, communicant les informations qu'il détenait à ses propres supérieurs qui ordonnèrent l'omerta sur la chose jusqu'à ce qu'elles soient confirmés par les analyses.





Bien plus loin, en bas sur la lagune d'où l'on pouvait voir au loin l'incendie progressivement disparaître, une embarcation filait prestement à travers les eaux. Sur le pont, un homme encapuchonné dans une de ces tenues bon marché observait avec des jumelles la lointaine propriété partir en fumée tandis que des gens en armes cagoulés et masqués montaient la garde sur le pont, à ses côtés un autre homme, pardessus en évidence, fedora sur le crâne et mains jointes dans le dos, contemplait lui aussi le drame dans les hauteurs silencieusement jusqu'à ce qu'il s'adresse finalement à l'encapuchonné.

Homme au Fédora - << Le temps joue contre nous Signore. Nous devons partir immédiatement. >>

L'encapuchonné ne répondit pas immédiatement, laissant passer quelques longues secondes qui semblèrent durer une éternité avant de finalement prendre une longue inspirant, serrant les dents.

Homme encapuchonné - << Soit, dites au capitaine que nous mettons le cap vers Porto Cerro. De là nous irons à Rivoli. Assurez vous juste que votre contact fasse sa part. >>

Et sur ces mots, il tourna les talons afin de disparaître à l'intérieur de l'embarcation. L'homme au Fédora se contenta d'acquiescer avant d'aller donner ses instructions au capitaine.

Homme au Fédora - << Oui-Da Signore. >>

Et sans plus perdre de temps, le bateau fila à travers la nuit quittant bien assez vite la lagune et mettant cap à l'est vers la Terrafirma et la principauté de Rivoli.





Quelques heures plus tard, après qu'une main experte et très agile ait manipulé les résultats de l'analyse ADN, la nouvelle commença à se répandre au sein des élites de Fortuna, d'abord au Gouvernement où la Doge se borna dans un silence initial avant de disparaître dans ses appartements, puis auprès des ministres qui virent l'horreur gagner leurs esprits, et de fil en aiguille, elle se répandit comme une trainée de poudre. Tant et si bien que au petit matin, les chaînes d'informations commencèrent à la relayer en boucle à la vue de tous et de toutes au sein même de la Sérénissime République mais pas uniquement, car c'était aussi à travers le monde que la chose se voyait désormais connue et tenait en ces terribles mots :

Dom Juan Altarini, Patricien et Sénateur Fortunéen, était mort. Assassiné en sa demeure la nuit dernière.


Et alors les ombres grandirent encore, alors que tous réalisaient enfin la réalité de la situation. Ce n'était pas une simple crise passagère qui frappait la nation, celle ci était attaquée, frappée au coeur. Et l'on venait d'abattre l'une de ses plus proéminente figures à la vue de tous. Non content d'être une humiliation, les implications désastreuses étaient immenses... Et ce n'était même pas la fin de cette série noire...
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