10/02/2017
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[KARTY-COSTA SUEÑOLEJA] À propos des méchants impérialistes Akaltiens... encore

Sur la côte nord de l'Occizyan s'élève, grandiose, Sueñoleja la Ciudad, capitale internationale du crime et de la débauche, grouillante de plus de huit millions d'âmes entassées misérablement dans des milliers de taudis et d'immeubles insalubres et délabrés, pour ceux qui ont la chance de ne pas vivre dans des cabanes faites de ferraille et de bidons en plastique. Ici, la violence fait office de loi. Les meurtres, les vols et les trafiques illicites en tout genre (drogues, armes, organes, prostitution, esclavage...) rythment la vie d'une majorité de citoyens délaissés par toute forme d'autorité si ce n'est celle des gangs de rue, bien trop souvent perçus par une jeunesse déshéritée et revancharde comme sa seule chance de survie, de reconnaissance ou de pouvoir. On dit que dans certains quartiers, là où il n'y ni électricité, ni chauffage, ni eau courante, de jeunes enfants d'à peine six ans, abandonnés par leurs mères trop occupées à vendre leur corps et par leurs pères trop occupés à tuer de sang froid pour quelques malheureux pesos, doivent chasser des rats sans aucun autre outil que leurs propres mains et les faire cuire au soleil pendant de très longues heures sur des tôles pour s'en nourrir. On dit qu'à part les barons de la drogue et les seigneurs de crimes, les principaux bénéficiaires de cette misère sont les patrons véreux des plus grandes entreprises du pays, trop heureux de faire trimer dur des chômeurs désespérés pour des salaires aussi bas que leur moral et dans des conditions proches de celles des esclaves. On dit que les quelques ecclésiastiques chargés d'apaiser la souffrance de toutes ces âmes égarées préfèrent déambuler dans les rues comme des caïds, la poudre au nez et les armes aux poings. On dit que, chaque jour, des gens disparaissent mystérieusement et que certains seraient victimes, dans le plus secret et avec la complicité du gouvernement, d'expériences "scientifiques" inimaginables qui feraient pâlir des Carnavalais. On dit beaucoup de choses sur Sueñoleja, et beaucoup de ce qui se dit est vrai.

Mais Sueñoleja, ce n'est pas que ça. Quelques kilomètres un peu plus au nord de ces terres de misère, au plus près de la mer, s'élèvent fièrement d'immenses bâtisses, modernes, spacieuses, luxueuses, d'immenses tours de bureaux s'élevant vers le ciel, raides comme des soldats au garde-à-vous, jusqu'à lécher les nuages et, quelques rues plus loin, de très vieilles maisons magnifiquement décorées de style colonial, construite il y'a plusieurs siècles de cela, où vit désormais l'élite de la nation. Sueñoleja c'est aussi le siège du pouvoir de toute la Costa Sueñoleja depuis que les premiers pionniers Guadamos, venus d'Eurysie du sud, se sont installés en Aleucie en 1500 et des brouettes pour en faire la capitale de leur tout nouvel empire colonial. C'est ici, à Sueñoleja, que sont regroupées la totalité des institutions qui régissent les lois, les politiques et la diplomatie. C'est ici, à Sueñoleja, que les politiciens les plus influents, passablement corrompus, et les hommes d'affaires les plus prolifiques et entreprenant, plus ou moins honnêtes, se rassemblent pour prendre ensemble toutes les décisions concernant l'avenir de toute la fédération et de ses quelques quarante-cinq millions de citoyens. On dit que c'est ici que tous ceux qui ont réussi viennent se pavaner dans les dîners mondains en démontrant l'étendu de leurs richesses. On dit que, alors que la grande majorité manque de tout, certains habitants de Sueñoleja ont les moyens d'envoyer une armée de domestiques chercher leur pain en limousine et d'aller au cinéma en hélicoptère pour ceux qui n'en ont directement dans leur salon. On dit même que, répugnés par ces pauvres croupissants aux pieds de leurs fenêtres et ne pouvant tous les déporter loin dans le désert où il ne se serviront plus dans leurs poubelles, une poignée de milliardaires aurait fait construire un mur coupant la ville dans son intégralité afin de séparer les quartiers riches des bidonvilles. Quand tu ne peux pas régler un problème, ignore le. On dit beaucoup de choses sur Sueñoleja et, encore une fois, beaucoup de ce qui se dit est vrai.

C'est dans cette partie riche de la ville, plus précisément au Palais Présidentiel, au cœur de la zone gouvernementale, à l'écart des bidonvilles et des taudis, qu'une délégation Kartienne est attendue par le Président de la República Federal Javier Eeyore et une poignée de ses ministres parmi lesquels Tomás Cohete des affaires étrangères, Gabriel Armagrande de l'armée ou encore Guido Bolsillenos des finances et du commerce, entre autres. Peut-être même que Manolo Solera lui même daignera se joindre à la réunion au vu de son importance probable, qui sait ? Rien n'est moins sûr.

Lorsque ladite délégation, arrivée tout droit de l'aéroport Luciano da Francesca, menée par la Chancelière Angèle Orlovski en personne, s'arrêta sur le parvis du bâtiment de la Présidence, elle fut accueillie en grande pompe comme le veut la tradition par la Garde Présidentielle, armes levées et tenues d'apparats impeccables, et par le Président Eeyore lui-même, suivi par ses conseillers et greffiers. Tout au long du chemin à travers les couloirs menant à la salle où se tiennent habituellement les réunions diplomatiques, le Président fit, comme à son habitude, un bref résumé de l'histoire de la bâtisse et de la ville, accompagné de quelques anecdotes sur toutes les salles et les œuvres que le groupe croisa sur sa route. Un petit stratagème que les diplomates Sueñolejos ont pris l'habitude de servir à leurs invités pour se donner un air sympathique et créer plus facilement du lien mais aussi pour monopoliser l'attention et la parole afin qu'ils ne pensent pas ou plus à la misère dont ils ont pu être témoins dans les rues de Sueñoleja, même ici où elle se fait pourtant moins présente, et pour qu'ils ne puissent pas leur reprocher.

Lorsque la petite troupe arriva finalement dans la salle de réunion, chacun s'installa sur une chaise réservée à son nom autour d'une longue table de bois taillé. Des boissons et du tabacs furent proposés aux hôtes comme aux invités. La rencontre pouvait enfin commencer.

Bienvenue à Sueñoleja, mesdames. Avant de commencer, vous prendrez bien un petit verre d'alcool ou un petit cigare bien de chez nous ? Je vous préviens, c'est du fort. Alors, vous vouliez parler de l'Akaltie, c'est bien ça ?
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