11/05/2017
16:10:30
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Presse Rynaxienne

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Cadre juridique et institutionnel de la Presse dans l’Empire Rynaxien

Publié par la Chancellerie du Contrepoids, en collaboration avec le Conseil de Veille Institutionnelle (CVI) et l’Autorité Indépendante des Médias et de l’Information (AIMI).
Conforme aux obligations de transparence prévues à l’article 34.4 de la Constitution.

I. Extraits constitutionnels relatifs à la presse et décrets et lois organiques majeurs

Article 34.2 – De la liberté d’expression et de publication
« La République Impériale garantit la liberté d’opinion, d’expression, de publication et de diffusion, dans le respect de l’ordre public, de l’intégrité nationale, et des valeurs impériales. »

Article 34.4 – Du devoir d’équilibre démocratique
« Toute autorisation d’un organe médiatique implique le respect de la Vérité d’État, du droit à la contradiction, et des prescriptions de l’Autorité compétente en matière d’information. »

Article 19.1 – Du droit à l'information des peuples minoritaires
« Les peuples relevant d’un régime particulier disposent d’un droit à l’information spécifique, garanti par un organe de médiation accrédité. »

LOI ORGANIQUE n°2016-12 DU 18 DÉCEMBRE 2013 a voir dans le Bulletin Impérial des Décrets et Ordonnances (BIDO)

III. Institutions impériales liées à la presse
1. AIMI – Autorité Indépendante des Médias et de l’Information
Statut : organe autonome, rattaché à la Chancellerie du Contrepoids


Présidente actuelle : Mme Hilda Morault

Missions :

Délivrer ou retirer les agréments des médias,

Superviser la régulation des contenus sensibles,

Mener des enquêtes sur les violations déontologiques,

Collaborer avec le Service Secret Impérial en cas d'urgence (hors procédure judiciaire).

« La liberté de la presse existe. Mais elle ne saurait être une arme contre la stabilité impériale. »
— Hilda Morault, devant la Commission parlementaire en 2015

2. Conseil de Veille Institutionnelle (CVI)
Statut : organe de la Chancellerie du Contrepoids

Rôle : garant de la conformité des médias et partis aux principes de l’État impérial

Pouvoirs :

Peut ordonner la suspension temporaire d’un média sans procès,

Évalue la “neutralité apparente” des organes de presse,

Classe les publications selon une échelle de crédibilité allant de A+ à E.

3. Conseil Supérieur des Libertés Publiques (CSLP)
Compétence : peut saisir le Conseil Constitutionnel Rynaxien en cas de censure jugée excessive

Souvent mobilisé par les journaux comme La Raison du Peuple ou La Voix d’Adrien.



Présentation Officielle des Organes de Presse Agréés par l’Empire Rynaxien
Édition validée par le Conseil de Veille Institutionnelle, décret impérial n°2083/45 sur la Régulation de l’Information.


1. Le Soleil Impérial (statut : presse contrôlée, agréée niveau 1)
Maison d’édition : Groupe Impérial de Communication (GIC)

Fondateur : Antoine Callois

Orientation : Centristes impériaux / Bloc Impérial

Tirage quotidien : ~1,2 million

Accréditation AIMI : Permanente

« Notre mission est simple : raconter l’Empire, sans fard ni faiblesse, avec respect pour l’unité impériale. »
— Antoine Callois, président-fondateur, dans une allocution à la Fête de l’Imperium

Ce journal bénéficie d’un accès prioritaire aux communiqués officiels du Conseil des ministres et du Palais impérial. Il est tenu par l’article 12 du décret 2014-19 à un devoir de pondération en période de tension civile.

2. La Voix d’Adrien (statut : presse libre conditionnelle)
Maison d’édition : Collectif pour une Presse Révolutionnaire

Orientation : Extrême gauche, pro-Adrien, socialistes radicaux

Tirage : ~400 000 (versions numériques et papier)

« Il n’est pas de République impériale possible tant qu’un homme meurt de faim et qu’un peuple vit dans le mépris. »
— Karima El-Zarouz, rédactrice en chef

Autorisée en vertu de l’article 4 de la Charte de l’Information Plurielle, elle peut être suspendue temporairement par décret du Conseil de la Sûreté Civique. L'accès au papier est limité dans certaines provinces de l’intérieur.

3. La Couronne Légitime (statut : presse tolérée, sous surveillance AIMI)
Direction : Société Monarchienne des Publications

Orientation : Royaliste, conservateur, traditionaliste protestant

Tirage : ~220 000

« Notre fidélité à l’Empire n’est pas soumission au régime. La Monarchie reste vivante dans les cœurs. »
— Baron Friedrich von Lichtenstein, président honoraire

Son existence repose sur l’article 12 de la Loi sur les Opinions Divergentes, avec obligation de dépôt légal renforcé. Ses numéros sont pré-contrôlés dans les 24h suivant impression par l’Autorité Indépendante.

II. Presse régionale ou communautaire
4. La Montagne Libre (statut : presse autonome reconnue)
Siège : Zaal-Terrace (Territoire d’Azérélizia)

Orientation : Autonomiste, écologiste, défense des minorités

Tirage : ~95 000

« L’altitude nous garde libres. Ici, nous écrivons ce que nous vivons. »
— Gorvan El-Vara, directeur de rédaction

Conformément à la Constitution locale azérélizienne (art. 19), cette presse ne dépend pas du ministère de l’Information mais reste liée par le décret impérial de Sûreté nationale n°2053/9.

5. La Tribune des Gouvernés (statut : presse libre, neutre)
Orientation : Analytique, politique, universitaire

Public visé : diplomates, chercheurs, classes politiques

Tirage : 160 000 (format papier), très influent sur les réseaux certifiés

« Penser l’Empire, c’est éviter qu’il pense seul. »
— Dr. Ivana Merel, éditorialiste principale

Reconnue par décret impérial comme “Presse d’utilité stratégique”. Ne peut faire l’objet d’une suspension sauf décision conjointe du Conseil Constitutionnel Rynaxien et de la Chancellerie.

6. Asfalte Aujourd’hui (statut : presse régionale libre, surveillée)
Orientation : sociale, populaire, apolitique

Public visé : populations rurales et indigènes

« On parle d’eux, nous parlons avec eux. »
— Ranya Tomak, rédactrice

Bénéficie de subventions du Haut Conseil des Territoires et des Minorités. Interdiction de traiter de sujets liés au SSI ou à la succession impériale (directive 2210/MI).

III. Presse religieuse ou idéologique
7. L’Écho des Fidèles (statut : presse confessionnelle autorisée)
Réseau : Fédération des Médias Islamiques Rynaxiens

Orientation : Islam modéré, conservatisme moral

Public cible : familles, jeunes musulmans

« La foi s’accorde avec la loyauté envers la Patrie. »
— Imam Maamar El-Rif, fondateur

Sa charte interne respecte les directives du Conseil de l’Éthique et des Fonctions Publiques. Surveillance modérée par l’AIMI. Interdiction de critiquer les autres cultes.

8. La Raison du Peuple (statut : presse libre restreinte)
Orientation : laïciste, rationaliste, républicaine

Tirage : 130 000 (lecture numérique dominante)

« Une plume claire face aux ténèbres de l’obscurantisme. »
— Agnès Ravel, philosophe et éditorialiste

Régulièrement attaqué par les partis religieux. Ciblé par des motions parlementaires mais protégé par le Conseil Supérieur des Libertés Publiques (CSLP).

9. Lutherien Observateur (statut : presse communautaire protégée)
Orientation : protestantisme traditionnel, loyaliste

Public cible : colons allemands, Volksgebäude

« Un œil lucide et un cœur fidèle au Dôme. »
— Wilhelm Baumgarten, éditeur en chef

Protégé par le traité de Dôme et la Constitution du GénéralGouvernement. Publication hebdomadaire, diffusée à l’international pour renforcer l’image de pluralisme impérial.

IV. Médias audiovisuels
10. RTI – Radio Télévision Impériale (statut : média d’État)
Contrôle : Ministère de l’Information

Fonction : diffusion impériale officielle, éducation civique

Diffusion : nationale, satellite, international

« Servir la vérité de l’Empire, c’est élever son peuple. »
— Jules Vaurin, Directeur général

Interdiction légale de critiquer l’Empereur, la politique militaire ou la direction du SSI (Ordonnance Impériale sur les Médias Stratégiques).

11. Canal Libre (statut : média numérique illégal mais toléré)
Origine : Exilés, hackers, journalistes dissidents

Contenu : fuites, dénonciations, archives du SSI

Statut juridique : interdit mais semi-blanchi par des votes du Volksgebäude

« S’ils nous regardent, nous filmons. S’ils nous censurent, nous publions. »
— Identité inconnue, audio diffusé en 2015

Surveillance constante par le SSI. Son existence est maintenue pour des raisons de diplomatie internationale et par crainte de fuite incontrôlable en exil.
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Édition du 9 Janvier 2017
LE SOLEIL IMPÉRIAL
La lumière de l’Empire, chaque matin.

Menace d’attentat : l’opposition radicale joue avec le feu
Par Julien Fauré, rédacteur politique

Rynaxia —
L’Empire n’est pas à l’abri des orages, surtout quand certains se prennent pour des éclairs. Depuis une semaine, des informations concordantes remontent des services de sûreté intérieure, et elles sont claires : un projet d’attentat contre une institution impériale aurait été identifié, porté par un groupuscule se réclamant de « l’honneur racial et du retour des Anciens Princes ». Rien que ça.

Les autorités, avec le sang-froid qui les caractérise, n’ont pas cédé à la panique. Mais qu’on se le dise : les vieux démons ultranationalistes refont surface, drapés dans leurs capes de folklore monarchien, et les conséquences pourraient bien être… explosivement concrètes.

Un climat électrique, bien entretenu par certains tribuns du chaos
Depuis plusieurs mois, les discours de l’opposition d’extrême droite ont franchi le Rubicon. Entre appels à la « reconquête morale », critiques à peine voilées de l’Empereur, et fantasmes d’un retour à un âge d’or imaginaire, les provocations s’enchaînent comme des perles sur le collier d’un fou.

L’arrestation, cette nuit, de trois individus liés au Front Ethno-Royal — un micro-parti interdit mais toujours actif sur les réseaux — vient rappeler ce que beaucoup savaient déjà : la parole irresponsable nourrit les actes irresponsables. Et le discours de haine, même parfumé de lavande conservatrice, devient de la poudre si on l’agite trop fort.

L’Empereur reste calme : "Notre peuple est plus fort que la peur"
Ce matin, dans une déclaration sobre mais ferme, l’Empereur Rynax I a tenu à rassurer la population. Depuis le Palais, il a rappelé que « la force de notre République Impériale réside dans sa résilience et sa vigilance partagée ». Le message est clair : la peur ne gouvernera pas.

Le Conseil de la Sûreté Civique s’est réuni en urgence cette nuit, et les dispositifs de protection ont été renforcés dans les capitales impériales. Aucune fermeture de lieu public n’est prévue. Mais il est demandé à la population de signaler toute activité suspecte, surtout dans les zones rurales où l’extrême droite tente régulièrement de recruter de nouveaux fidèles avec des tracts illégaux ou des messes clandestines.

L’opposition parlementaire embarrassée… ou complice ?
Du côté de l’Assemblée Populaire Rynaxienne, c’est silence radio. Le Bloc Impérial a appelé à un vote d’unité contre « toute idéologie fondée sur la haine, la race ou la nostalgie féodale ». Mais du côté du Parti de la Dignité et de l’Héritage et de la Coalition, on se contente de murmures.

Un député a même osé dire — anonymement — que “l’attentat n’est qu’un prétexte pour bâillonner la droite patriotique”. On se demande s’il n’a pas oublié ce que patriotisme veut dire.

Conclusion : ce n’est pas le régime qui tremble, ce sont les fondations de leurs fantasmes
L’Empire Rynaxien est solide, stable, populaire, et porté par une jeunesse qui regarde l’avenir — pas les portraits poussiéreux des rois défunts. Les agitateurs qui rêvent d’un effondrement pour justifier leur retour sont en réalité ceux qui s’enfoncent dans la peur de voir le peuple choisir la modernité.

Alors non, le régime ne tombera pas. Mais ceux qui veulent le renverser pourraient bien se retrouver eux-mêmes sous les décombres de leurs illusions.
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Édition du 10 Janvier 2017
La Voix d’Adrien

"Un Empire en décomposition maquillée : peur, mensonge et imposture"
Par Karima El-Zarouz, rédactrice en chef

Un discours d’Empereur pour une cour d’opérette
L’allocution de ce matin était belle, bien rythmée, bien écrite, parfaitement montée. On a vu un homme debout dans un palais d’or, s’adressant à un peuple qu’il pense encore gouverner sans être contesté. Mais ce que nous avons vu, c’est un théâtre. Une pièce pathétique. Une parodie de grandeur.

Le pays réel, celui que nous, journalistes, médecins, enseignants, artisans, vivons chaque jour, est un Empire au bord de la rupture sociale, morale et historique.

Un "complot" ou une diversion ?
Le prétendu complot déjoué, attribué aux "nostalgiques de l’ordre ancien", arrive à point nommé : il détourne l’attention des véritables fractures du pays. La réalité, c’est que le régime a besoin d’un ennemi pour survivre. Un jour ce sont les indigènes, un autre les monarchistes, puis les syndicats, puis les étudiants, et aujourd’hui une droite extrême que l’Empire a lui-même armée à coup de laxisme idéologique et de lois floues.

Qui forme les extrémistes ? Ceux qui, comme Rynax I, tolèrent les discours de haine dans leur propre bloc parlementaire tout en prétendant faire barrage.

Un peuple mis en cage : surveillance, propagande et humiliation
Depuis dix ans, la République Impériale Rynaxienne n’est qu’un mot vide pour dissimuler une dictature moderne, fondée sur :

un Service Secret Impérial (SSI) juridiquement flou, qui intercepte, menace et neutralise toute critique sérieuse ;

une AIMI qui prétend "réguler les médias" mais interdit de diffuser certaines statistiques, comme le taux réel de pauvreté dans les zones indigènes ;

des médias publics transformés en organes de glorification impériale ;

une Constitution truquée, dont la Charte des droits exclut plus de 30 millions de citoyens sous "régime particulier".

L’Empire ne gouverne pas : il contrôle. Il surveille. Il interdit. Il formate.

Une démocratie pour les riches et les blancs
Parlons franchement : si vous êtes protestant, ou si vous avez la peau claire, vous votez directement.
Si vous êtes indigène, vous votez indirectement – quand on vous laisse voter.

Où est l’égalité ? Où est la République ? Où est la dignité ?

Les élites indigènes, ces "représentants communautaires" triés sur le volet, ne représentent que la clientèle d’un régime colonial déguisé en République moderne. Ils sont la couronne d’épines d’un système injuste.

Un "ordre" bâti sur l’inégalité
Le Bloc impérial se vante d’avoir apporté la stabilité. Mais à quel prix ?

Un Empire où les protestants disposent d’un Volksgebäude autonome, alors que les musulmans et indigènes n’ont droit qu’à un régime d’exception ou à un "Territoire des montagnes" folklorique.

Un Empire où les femmes indigènes se voient encore imposer des stérilets sans consentement éclairé, en violation directe de toute charte éthique internationale.

Un Empire où les universités des provinces intérieures ferment les unes après les autres, tandis que les campus de Rynaxia reçoivent des millions de Ryx.

L’armée, dernier pilier d’un trône sans fondement
Ne vous y trompez pas : si l’Empire tient encore, ce n’est pas par amour, c’est par crainte.
Ce sont les blindés dans les rues, les écoutes massives, les prisons politiques, les convocations arbitraires du SSI, les surveillances d’internet, les chantages à la sécurité.

Le régime tient par le muscle. Et il tombera avec lui.

]Ce que l’Empereur ne dit pas
Rynax I ne vous parle pas de :

la dette cachée du Territoire d’Azérélizia, étouffée par des décrets secrets ;

la fuite des cerveaux, qui pousse chaque mois des ingénieurs à s’exiler vers l’Union Continentale ou le Sud ;

les émeutes de Silhna, matées en silence le mois dernier, avec 17 morts et aucun reportage autorisé ;

les dissidents politiques internés dans des "centres de réhabilitation" en périphérie du pays ;

la mainmise des entreprises proches du Bloc impérial sur les appels d’offre publics, via des "groupements patriotiques économiques".

Vers la fin d’un règne ?
La propagande impériale tente de tout peindre en or. Mais un fruit pourri reste pourri, même doré.

L’Empire de Rynax I est vieux, fatigué, illégitime, minoritaire.

Ses fondations ne sont plus des lois : ce sont des lois piégées, des décrets d’exception, des règlements d’urgence.
Et comme tout édifice miné par l’injustice, il s’effondrera.

Ce que nous voulons : la République. La vraie.
Pas une monarchie cachée sous le vernis constitutionnel.
Pas une dictature numérique déguisée en démocratie sécuritaire.

Une République pleine, entière, égale. Où personne ne naît "moins citoyen" qu’un autre. Où l’on ne dépend pas de l’Empereur pour être libre. Où la liberté d’informer ne passe pas par l’autorisation d’un Haut Conseil de l’Information Nommé.
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LA MONTAGNE LIBRE
Journal hebdomadaire – Territoire d’Azérélizia – Presse autonome reconnue
« L’altitude nous garde libres. Ici, nous écrivons ce que nous vivons. »

ENQUÊTE EXCLUSIVE — "LES DESSOUS DES CIMES" : QUAND NOS MARCHÉS PUBLICS FINANCENT L’OMERTA
Par Aléna Tilûn – Zaal-Terrace, 18 Février 2017

On m’a dit : ferme-la, ou t’as plus de contrat. Alors j’ai fermé la porte. Mais pas ma bouche.
Témoignage d’un ancien entrepreneur local, sous couvert d’anonymat.

Ils sont deux. Puis trois. Puis six. Des voix, toutes tremblantes, parfois brisées, mais de plus en plus nombreuses. Depuis trois mois, La Montagne Libre reçoit lettres, témoignages et documents anonymes qui dénoncent un système opaque de favoritisme et de détournement d’argent public dans les communes rurales du nord-est d’Azérélizia.

Ce que nous avons découvert va bien au-delà de la simple incompétence administrative. C’est un système organisé, méthodique, où les marchés publics sont attribués à des proches, où les devis sont gonflés, et où les appels d’offres sont rédigés de manière à exclure toute concurrence. Et surtout, un système qui réduit au silence celles et ceux qui osent en parler.

UNE RÉGION QUI SE FERME SUR ELLE-MÊME
Zaal-Terrace, la capitale montagnarde, se targue d’être un modèle d’autonomie : gestion locale, transparence, participation citoyenne. Mais dans les vallées périphériques, à Zinvart, Auru, Lintaval… l’histoire est bien différente.

On a confié le budget de rénovation des écoles à une entreprise qui a été créée... deux semaines avant l’appel d’offres.
Dossier administratif, mairie de Lintaval, daté de février 2016.

Les mairies locales, souvent sous contrôle de coalitions « autonomo-traditionnelles », ont mis en place un réseau d’attributions douteuses, bien souvent à des sociétés-écrans liées à d’anciens élus, à des membres de leur famille, ou à des partenaires commerciaux bien identifiés.

Nous avons pu consulter sept dossiers de marchés publics attribués sans réelle concurrence entre 2014 et 2016. Dans tous les cas : une seule candidature retenue, un devis jusqu’à 48 % au-dessus des prix moyens du secteur, et surtout… des travaux bâclés, voire jamais terminés.

DES DIZAINES DE MILLIONS DÉTOURNÉS ?
Selon nos estimations (croisées avec celles de deux fonctionnaires retraités de l’administration régionale), entre 92 et 114 millions de ryx auraient été « égarés » entre 2014 et 2016 dans le cadre de projets de rénovation scolaire, d’équipement médical et de réhabilitation routière.

On construit des routes vers des hameaux qui n’existent pas, mais les dispensaires manquent toujours de scalpel.
Le Dr. Nahal Issir, médecin généraliste à l’hôpital de Parné.

UN CONSEILLER RÉGIONAL AU CŒUR DU RÉSEAU
Selon plusieurs documents internes, le nom de Kéran Yoss, conseiller régional chargé des infrastructures rurales, revient dans quatre des appels d’offres frauduleux.

Contacté à plusieurs reprises, M. Yoss a refusé toute interview, se contentant d’un communiqué lapidaire :

La Montagne Libre mène une campagne hostile fondée sur des interprétations fallacieuses. Je me réserve le droit d’attaquer en diffamation.

Pourtant, plusieurs témoins anciens employés de la direction des travaux publics évoquent des réunions informelles dans des chalets privés, où étaient négociées « les priorités budgétaires » sans que les conseils municipaux n’en soient jamais informés.

UNE AUTONOMIE À DEUX VITESSES
Le gouvernement régional d’Azérélizia, contacté par nos soins, affirme ne pas avoir été informé de ces irrégularités, tout en précisant que « l’autonomie locale inclut la gestion indépendante des appels d’offres ».
Un aveu d’impuissance ou une stratégie de déresponsabilisation ?

On nous vend l’autonomie comme un rempart contre l’Empire. Mais que vaut une autonomie volée à ses propres habitants ?
— Miléna Svar, conseillère municipale démissionnaire, Zinvart.

LES MONTAGNES MÉRITENT MIEUX
Ici, dans les hauteurs, les gens ne demandent pas des miracles. Ils demandent juste :

des écoles qui ferment l’hiver pour la neige, mais pas pour les fissures ;

des dispensaires avec des seringues stériles ;

des ponts qui ne s’effondrent pas à la fonte des glaces.

Nous ne faisons pas la chasse aux sorcières. Nous faisons la lumière sur une habitude devenue norme, sur une région belle, mais trahie, sur un territoire fier qui mérite mieux.

Et surtout, nous rappelons que la critique n’est pas un crime. C’est un devoir. Ici, dans La Montagne Libre, nous le prenons au sérieux. Jusqu’au bout.
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LE SOLEIL DE L’EMPIRE
Édition nationale – 19 Février 2017
« Lumière sur notre avenir commun »
Organe d’information généraliste sous tutelle du Ministère de l’Unité Impériale.

ÉCONOMIE — LE PLAN RYNAX 2025 : UNE RENAISSANCE IMPÉRIALE EN MARCHE
"Ce siècle ne sera pas celui des doutes, mais celui de l’audace. L’Empire se redresse parce qu’il crée, produit et partage."
— Extrait du discours de S.A.I. l’Empereur Rynax Ier, devant le Conseil économique central, le 11 Février 2017.

UN PLAN POUR L’ORDRE, LA PROSPÉRITÉ ET LA PUISSANCE
Adopté officiellement par décret impérial n°2017-174-ECO (promulgué le 14 Février 2017), le Plan Rynax 2025 est le plus ambitieux projet économique jamais lancé par la République Impériale depuis la Réforme de l’Union Nationale de 1983. Son objectif est clair : faire de l’Empire une puissance économique continentale, résolument souveraine, autosuffisante et innovante, tout en réduisant les inégalités structurelles héritées des crises passées.

LES 5 AXES STRATÉGIQUES DU PLAN
1. Rynaxie Industrielle : relance lourde & modernisation
Création de 12 pôles d’industries stratégiques : acier vert, composants électroniques, navale lourde, batteries, munitions, etc.

Subvention massive des groupes impériaux : 96 milliards de ryx injectés sur 6 ans.

Renationalisation partielle de l’aciérie de Dôme et des ateliers de Nazarick.

"Le travail des mains est à nouveau au cœur de notre puissance." Zoé Sarre, Ministre de l'Économie.

2. Souveraineté alimentaire et hydraulique
80% des besoins alimentaires couverts en production interne dès 2019.

Réseau de "fermes collectives impériales" relancé dans les plaines indigènes.

Réappropriation publique des canaux d’irrigation.

Création de 13 nouveaux barrages dans les Hautes-Terres.

3. Plan numérique impérial
Déploiement de la fibre impériale sur 94% du territoire (y compris Territoires Spéciaux).

Lancement de l’IA nationale SYLVE, en usage prioritaire dans l’administration.

Appels à projets pour les start-ups patriotiques (« code impérial pour l’avenir »).

4. Emploi & formation patriotique
Création de l’École des Métiers Stratégiques (EMS) : 120 000 jeunes formés chaque année dans 18 branches prioritaires.

Programme de mobilisation productive pour les jeunes citoyens (MPJC) : 2 ans d’apprentissage encadré avec rémunération impériale.

Réforme du Code du Travail (Ordonnance n°2017-192) favorisant le contrat impérial renforcé (CIR), plus stable, plus avantageux.

5. Réduction des déséquilibres territoriaux
Plan de « rééquilibrage infra-natif » : construction de 400 km de voies ferrées, modernisation des zones franches indigènes.

Aides ciblées dans les ports berbères et les montagnes azéréliziennes.

Programme fiscal « Unité, pas Uniformité » : soutien différencié aux régions selon leur profil économique.

PREMIERS RÉSULTATS : UNE ÉCONOMIE QUI REDÉCOLLE
Selon le dernier rapport du Commissariat Impérial au Redressement National (CIRN) :

Croissance prévue en 2019 : +5,3 % (la plus forte depuis 1999)

Chômage au plus bas depuis la guerre civile : 7,1 %

Déficit extérieur réduit de moitié en deux ans

Hausse de l’investissement privé dans les infrastructures : +37 %

"Le scepticisme est une maladie de vieux empires. Le nôtre est jeune, debout, et il avance." — Zoé Sarre, Ministre de l'Économie.

UNE POLITIQUE VOLONTARISTE, PAS DÉMOCRATIQUE ?
Certains cercles d’opposition accusent le Plan Rynax 2025 d’être "autoritaire" ou "technocratique". Mais pour la majorité des analystes loyaux, c’est justement la centralisation impériale qui permet cette efficacité redoutable.

L’Empereur tranche, les ministères exécutent.
Les Conseils consultent, mais ne paralysent pas.
Les provinces reçoivent, sans renégocier.
Voilà ce qui fait la réussite du modèle Rynaxien.

ENTRETIEN EXCLUSIF : ALEXIA NEIROM, DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE AU PLAN
Soleil de l’Empire : Qu’est-ce qui distingue ce plan des précédents ?

Alexia Neirom : L’État est redevenu stratège. On ne gère plus, on construit. Le plan n’est pas une suite de subventions, c’est une vision d’ensemble. On crée de la cohérence à l’échelle impériale.

Soleil de l’Empire : Que répondez-vous aux critiques sur l’absence de consultation démocratique ?

Alexia Neirom : Les critiques viennent souvent de ceux qui ne vivent pas dans la réalité. Les citoyens veulent de l’emploi, de l’eau, de l’électricité. Ils ne veulent pas des palabres parlementaires.

Soleil de l’Empire : L’Empire sera-t-il une superpuissance économique d’ici 2025 ?

Alexia Neirom : Pas seulement une superpuissance. Une référence. Une inspiration. Un modèle.

CADRE LÉGAL DU PLAN
Décret impérial n°2017-174-ECO : Instaure le Plan Rynax 2025, fixe ses grandes orientations, et désigne les Ministères pilotes.

Ordonnance économique n°2017-182-RIX : Accorde au Trésor Impérial des pouvoirs spéciaux de redéploiement budgétaire (validée par le Volksgebäude).

Article 57 de la Constitution : Permet à l’Empereur de piloter l’économie par décret dans le cadre du « Grand Intérêt Impérial ».

Article 73 : Reconnaît la priorité absolue aux plans de production nationale en temps de paix stratégique.

Directive Impériale d’Unification Territoriale (DIUT) : Oblige les régions à adopter les standards du plan (énergie, télécom, emploi).

CONCLUSION : UN RÊVE EN TRAIN DE DEVENIR RÉALITÉ
En 2025, l’histoire retiendra une date : celle où un Empire blessé, fracturé, contesté, s’est remis debout par la puissance de son économie. Ce plan n’est pas une simple feuille de route : c’est une déclaration de volonté. Et comme l’a si bien dit l’Empereur :

"Là où d’autres construisent des dettes, nous bâtissons des ponts. Là où l’on importe la dépendance, nous exportons notre avenir."
3722
La Couronne Légitime
20 Février 2017


Le Parti d’Adrien veut collectiviser les voitures, donner le droit de vote aux casseroles, et abolir les trottoirs : l’opposition s’emballe (encore)

Ce matin encore, le Parti d’Adrien, avec leur associer connu sous le nom de Union Révolutionnaire Populaire Indigéniste Anticapitaliste Écologique Démocratique Transversale (URPIAEDT, si tu veux perdre ton souffle), a tenu une conférence de presse improvisée dans une cabane faite de pancartes recyclées. Objectif : annoncer leur nouveau programme pour libérer le peuple du capitalisme, de la météo, et des chaussures à lacets (trop verticales).

Leur première grande mesure ?
Collectiviser toutes les voitures.
Oui oui. Même ta Tawingo 2003 qui cale dans les montées. Selon leur chef suprême autogéré non-hierarchique (mais quand même très autoritaire), "le transport individuel est une micro-tyrannie motorisée". À la place, ils proposent le volant partagé : tirage au sort pour conduire, selon l’humeur du jour, ton score de karma, et ton niveau de souffrance historique.

“Les gens n’ont pas besoin de voiture. Ils ont besoin de sens. Et de rollers en bois, localement produits par des enfants consentants.”





Une vision radicale du progrès
Le Parti d’Adrien propose aussi d’abolir les trottoirs, accusés d’être "littéralement des lignes de séparation entre les peuples". Ils souhaitent les remplacer par des "zones de circulation affective", où les gens marcheraient en cercle pour ne plus savoir où ils vont, mais ensemble.

Côté alimentation, ils veulent créer une soupe populaire nationale, à base de choux fermentés et de “légumes militants” cultivés sur les toits des ministères. Le slogan : “Une nation qui digère ensemble, révolutionne ensemble.”

La révolution des casseroles
Le sommet de la conférence reste quand même cette déclaration, tombée entre deux jets de tisanes anticapitalistes :

“Les casseroles ont trop longtemps été réduites à des instruments de bruit. Il est temps qu’elles prennent la parole. Nous réclamons le droit de vote pour les ustensiles ayant participé à des manifestations.”

À partir de là, même leur traducteur en langage non-binaire inclusif s’est perdu.

Banque impériale = trottinette commune
Tu croyais avoir tout lu ? Attends.
Ils proposent aussi de remplacer la Banque Impériale par un grand parc de trottinettes partagées, gérées par un Conseil Populaire du Roulement Solidaire, élu chaque semaine par acclamation spontanée (et parfois en rotant, selon le lieu).

Leur monnaie ? Le Ryx Humain. Une unité de valeur fondée sur ton niveau d’engagement émotionnel envers la lutte des fourmis, les nuages et les lampadaires.

Adrien philosophe entre deux barricades
Et Adrien, dans tout ça ? Toujours fidèle à lui-même. Il a déclaré, avec son poncho à capuche cousu dans un drapeau syndical :

“Ce n’est pas à nous de comprendre le monde. C’est au monde de s’adapter à notre projet. Même s’il ne le comprend pas encore.”

Il a ensuite disparu dans un champ pour "écouter le silence intérieur du peuple".

Ce qu’ils ont déjà fait (ou essayé)
Tenté d’organiser un referendum pour remplacer le lundi par une sieste nationale.

Lutté contre le racisme des feux tricolores (le rouge, c’est trop stigmatisant).

Déposé un amendement pour interdire le concept de "moins de 18 ans", qu’ils trouvent “exclusif et normatif”.

Proposé un impôt sur les rêves ambitieux, accusés d’alimenter l’élitisme.

Leur dernier programme en 5 axes (aucun droit)
Plus de propriété (sauf pour leurs tentes).

Plus de hiérarchie (sauf pour les porte-paroles auto-désignés).

Plus de frontières (sauf autour de leur potager collectif).

Plus de travail (mais quand même des subventions).

Plus de logique (là au moins, ils sont constants).

L’Empire réagit (un peu)
À la question “Que pensez-vous du Parti d’Adrien ?”, un ministre impérial a répondu :

“On essaie de les ignorer. Mais ils font du tam-tam à 6h du matin sous nos fenêtres. C’est difficile.”

Même le Service Secret Impérial a abandonné l’infiltration : leurs agents ont eu une crise existentielle au bout de deux AG participatives et une séance de cri-thérapie collective.

Conclusion de bistrot
Bon, le Parti d’Adrien, c’est un peu comme une crêpe au chou fermenté : ça a l’air bio, ça sent bizarre, ça crie beaucoup, mais on s’y habitue avec un peu de bière.
Ils ne prendront sûrement jamais le pouvoir… mais au moins, ils prennent tout le reste très très très au sérieux. Même les casseroles. Surtout les casseroles.
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[size=1.2]La Couronne Légitime
Édition du 21 février 2017
« Force, espoirs, respect » : les sports et les traditions sportives de l’Empire Rynaxien
Dossier spécial, édition du 14 septembre 2016 – Par Juliane Marek, correspondante culturelle impériale.

Prologue : Le sport comme miroir d’un Empire
Depuis les arènes des villes berbères jusqu’aux stades ultramodernes de Rynaxia, le sport dans l’Empire Rynaxien n’est pas une activité accessoire : il est un instrument d’unité, un rite de passage, une affirmation identitaire. Il traverse les strates sociales, fédère les minorités, et met en scène les contradictions d’un État aux racines coloniales, à l’histoire impériale, et à la jeunesse avide de modernité.

Mais quelles sont ces disciplines qui font battre le cœur du peuple rynaxien ? Quels mythes sportifs forgent l’imaginaire collectif ? Comment les traditions locales résistent-elles à la centralisation impériale ? Le sport est-il un outil de propagande ou une voie d’émancipation ?

Ce dossier, fruit de six mois d’enquête, vous entraîne des quartiers populaires de Nazarick jusqu’aux montagnes d’Azérélizia, des tournois impériaux jusqu’aux jeux traditionnels indigènes interdits, des terrains synthétiques jusqu’aux jeux de boue ancestraux.

I. Le Grand Spectacle Impérial : le sport comme théâtre de l’unité
Les Jeux Impériaux : un rituel annuel
Chaque année, le 14 septembre, jour du Traité de Dôme et fête nationale, a lieu à Rynaxia la plus grande célébration sportive de l’Empire : les Jeux Impériaux.

Sur plusieurs jours, la capitale se transforme en gigantesque arène, où s’affrontent les délégations des 54 provinces et des deux territoires spéciaux. Des compétitions prestigieuses s’y tiennent : sprint triaxial, grandes luttes rynaxiennes, joute navale urbaine, mais aussi défilés d’arts martiaux berbères, démonstrations de force civique et matches de pilcava, sport national.

Les Jeux Impériaux remplissent plusieurs fonctions :

Cohésion politique : ils obligent les régions en conflit à défiler côte à côte.

Mise en scène du progrès : chaque ouverture s’accompagne d’un discours de l’Empereur et de démonstrations technologiques.

Rite initiatique : le « Champion du Peuple », désigné par acclamations, reçoit une bourse à vie et un appartement à Rynaxia.

« Gagner les Jeux, c’est prouver qu’on appartient à l’Empire. Même si, parfois, on a le sentiment qu’on y entre que par le sport… »
– Hafid Soulaïmane, champion de pilcava indigène, 2014.

Le Pilcava : sport national, identité politique
Le pilcava est au Rynax ce que le football est au Brésil : une passion, une fierté, un levier de mobilité sociale. Il s’agit d’un jeu d’équipe à quinze joueurs mêlant football, rugby, et lutte, joué sur un terrain ovale fermé, où le ballon doit être déposé dans une zone de grâce, sans jamais sortir des limites physiques du corps.

Originaire des régions indigènes de l’intérieur, le pilcava a été d’abord méprisé par les autorités coloniales, avant d’être institutionnalisé par Rynax lui-même, qui y vit une possibilité d’unification populaire. Aujourd’hui, la Ligue Royale de Pilcava compte 38 clubs, dont 9 semi-professionnels.

Chaque match de haut niveau est précédé par une déclamation impériale, où l’arbitre récite l’article 4 de la Constitution sur la force, l’honneur et la clarté. Les stades sont souvent saturés, les gradins divisés entre :

les factions populaires (souvent indigènes),

les cercles de l’élite impériale,

les moines-spectateurs, figures mystiques du sport rynaxien.

« Le pilcava est un théâtre politique. On y règle des conflits de territoire, des querelles d’ethnie, des rêves de revanche. »
– Dr. Léanor Mertens, sociologue sportive, université de Dôme.

La Ligue des Arènes : sport et mémoire
Moins populaire mais hautement symbolique, la Ligue des Arènes organise des compétitions de combat scénique, mélange de lutte, escrime, acrobatie et théâtre. Inspirée des jeux rituels des anciens peuples de l’intérieur, cette discipline met en scène des récits mythiques : la fondation de Rynaxia, la bataille des Mers Secrètes, l’unification du Trifaz.

Chaque duel est un véritable drame gladiatorial, avec rôle, scénario, et public votant pour le vainqueur en agitant des étoffes de couleur. Bien que marginale, la Ligue est subventionnée par la Chancellerie pour son rôle d’intégration mémorielle.

II. Les traditions locales : entre résistance, récupération et renaissance
Les sports indigènes : entre interdits et survivances
Dans les régions indigènes, de nombreux jeux sportifs sont pratiqués en marge des lois impériales. Ces sports sont parfois considérés comme subversifs :

Marralé : jeu de fuite et de chasse nocturne, interdit pour raison de sécurité.

Tamgaldan : lutte tribale où les corps sont enduits d’argile, interdite en 1993 après un accident mortel.

Kurba Saket : sport collectif sans ballon ni but, basé sur la mise en scène de la communauté, autorisé uniquement en zone rurale.

Malgré l’interdiction officielle, ces sports perdurent, notamment dans les camps d’été ethniques organisés par les cercles religieux, parfois sous la surveillance du Service Secret Impérial.

Les jeux berbères : du rituel au show télévisé
À l’opposé, les traditions sportives berbères, notamment dans les provinces côtières et montagnardes, bénéficient d’un traitement plus favorable. Le Jet de l’Aube, jeu d’endurance en altitude, est aujourd’hui une compétition nationale diffusée à la télévision. Le Pas du Scorpion, art martial cérémoniel, est intégré dans l’armée impériale pour former les officiers.

Ce traitement différencié reflète les tensions identitaires au sein de l’Empire. Beaucoup d’indigènes dénoncent une politique à deux vitesses :

Valorisation folklorique des Berbères,

Répression des pratiques indigènes.

« On célèbre les sabres berbères, on détruit les boucliers des peuples du sud. Mais les deux viennent du même sol. »
– Ania Vehraz, historienne.

Le sport dans le GénéralGouvernement
Le GénéralGouvernement, peuplé majoritairement de protestants germanophones, possède ses propres ligues autonomes :

Ligue de Hockey sur Feu, sport de glace et de feu, joué avec des palets enflammés.

Saut de Foi, discipline inspirée des légendes protestantes.

Course des Cloches, épreuve sonore et d’endurance.

Ces disciplines, encadrées par une législation locale, sont parfois critiquées pour leur manque d’alignement culturel impérial, mais reconnues pour leur rigueur sportive. La Chancellerie a toutefois insisté pour inclure plusieurs d’entre elles dans les Jeux Impériaux depuis 2012.

III. Le sport comme outil de formation impériale
L’éducation physique impériale
Le sport est obligatoire dès l’âge de 5 ans dans toutes les écoles publiques. L’Éducation Impériale prévoit :

8 heures de pratique hebdomadaire,

un examen de force à 11 ans,

une épreuve d’honneur et d’endurance à 16 ans, condition d’obtention du certificat civique.

Les disciplines privilégiées varient selon les régions :

Lutte et athlétisme dans l’intérieur,

Arts martiaux codifiés dans les zones berbères,

Hockey civique et javelot dans le GénéralGouvernement,

Pilcava dans les métropoles.

L’armée et le sport
La préparation militaire impériale inclut un volet sportif intense :

Parcours d’obstacles (type « Forêt vive »),

Simulation de combats à main nue,

Endurance sous privation sensorielle.

L’objectif est double : créer des soldats athlètes et des citoyens disciplinés. Les meilleurs sportifs militaires rejoignent les équipes de la Garde d’Honneur Impériale, qui défilent lors des cérémonies avec des chorégraphies martiales spectaculaires.

Le sport comme ascenseur social
Pour les classes défavorisées, notamment indigènes, le sport reste la seule voie rapide vers la notoriété, la sécurité, l’intégration. Des bourses impériales sont accordées aux meilleurs athlètes, avec logement, école privée, formation à la rhétorique.

Mais les critiques dénoncent un sport utilitariste, creusant les inégalités :

« Un indigène pauvre peut devenir champion, mais seulement s’il renonce à son accent, sa langue, et ses coutumes. »
– Rachid Meziane, ancien athlète banni pour usage du marralé.

Conclusion : Un Empire en mouvement, un sport en tension
Dans l’Empire Rynaxien, le sport est un miroir. Il reflète l’ambition d’unité, la mise en scène du pouvoir, les fractures communautaires, les espoirs d’émancipation, mais aussi les stratégies de contrôle et d’oubli. La puissance impériale s’y construit autant qu’elle s’y conteste.

Des Jeux Impériaux aux luttes indigènes interdites, des terrains de pilcava aux gymnases d’élite, c’est toute une société en mouvement, entre tradition, autorité et résistance, qui se raconte dans l’arène.
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Le Croissant des Ombres – Enquête exclusive sur la montée de l’extrémisme islamique trifazique dans l’Empire Rynaxien
Par la Rédaction Centrale de Le Soleil Impérial, autorisée par décret du Conseil Supérieur à l’Information et à la Sûreté
I. Préambule éditorial impérial – Justification d’une dépense utile
« Écrire long, c’est bâtir grand. Dépenser des caractères, c’est investir dans la lucidité de notre peuple. »

Rares sont les plumes qui peuvent, sans trembler, faire couler cent mille caractères d’encre dans les colonnes officielles du Soleil Impérial. Rares sont les causes qui méritent une telle prodigalité textuelle. Et pourtant, au cœur même de cette République Impériale Rynaxienne, auréolée de gloire et d’ordre, nous voici confrontés à un phénomène obscur, croissant, ramifié, souterrain et désinhibé : l’émergence d’un extrémisme religieux structuré, articulé, et radicalement trifazique.

Non, il ne s’agit pas ici d’un simple dérapage dogmatique, ni d’un phénomène marginal à reléguer dans les marges de la pensée impériale. Il s’agit bel et bien d’un mouvement idéologique, territorial, financé, endoctriné, entraîné et, disons-le franchement, ennemi de l’idée même de Rynax.
Ce radicalisme trifazique ne naît pas dans le vide. Il pousse sur le fumier laissé par l’humiliation, la misère volontairement entretenue, le rejet des valeurs communes et la fragmentation identitaire cultivée comme un poison lent.

Et pourtant, au nom de la liberté confessionnelle, de l’unité dans la diversité, et de la magnanimité impériale, l’État n’a jamais interdit le culte trifazique. Il l’a encadré, accompagné, reconnu, et même protégé dans ses expressions non-politico-violentes.
Mais aujourd’hui, force est de constater que certains rameaux de ce tronc millénaire se sont tordus en branches de fer, tendues vers l’insurrection, le rejet de l’ordre civil, et la création d’un contre-Empire théocratique au sein même de nos montagnes, de nos steppes, de nos places, et de nos cœurs.

Devions-nous nous taire, par peur de paraître injustes ?
Devions-nous censurer l’enquête, par peur d’ouvrir les yeux de nos concitoyens ?
Devions-nous restreindre notre prose, par économie de caractères ?

La réponse est impériale, claire, et gravée dans l’éthos même du journalisme rynaxien : non.

C’est pourquoi Le Soleil Impérial, par autorisation expresse du Conseil Supérieur à l’Information et à la Sûreté, publie aujourd’hui un article. Cette publication, dont le coût en richesse textuelle est équivalent à un pont, un tunnel ou une centrale solaire, est un acte patriotique. Elle est un rempart dressé non seulement contre l’ignorance, mais contre le fanatisme qui se nourrit de l’ombre et du silence.

Ce texte est long. Il est dense. Il est coûteux.
Mais il est nécessaire.

L’Empire a besoin d’une lumière qui perce le dogme. D’un cri long, limpide, noble. D’un texte qui ose.

Vous entrez maintenant dans les profondeurs du "Croissant des Ombres".
Que votre esprit soit affûté, votre foi républicaine consolidée, et votre discernement intact.

II. Contexte doctrinal : L’Islam trifazique, entre paix et fracture
« Nul n’entre dans le feu du trifazisme sans y porter, à son insu, trois torches : la foi, la guerre, et la loi. »
— Proverbe populaire de la Marche d’El-Kazim.

L’islam trifazique, longtemps perçu par les analystes impériaux comme une déclinaison régionale du monothéisme traditionnel, n’est plus, aujourd’hui, une simple variante liturgique ou doctrinale ; il est devenu un monde en soi, un univers de codes, de rites, de visions politiques implicites et de dynamiques identitaires puissantes. Pour le comprendre, il faut dépasser les caricatures, les raccourcis sémantiques, et les paresses diplomatiques. Il faut plonger dans l’histoire, les textes, les structures sociales, les émotions enfouies de générations entières ayant grandi sous les minarets trifaziques des Hautes Steppes ou des quartiers périphériques de Nazarick.

Une foi née dans le choc et le sable
L’islam trifazique est né il y a environ trois siècles, dans les confins orientaux de l’ancienne Colonie, dans une période de pénétration coloniale protestante, d’effondrement tribal et d’appauvrissement endémique. Confrontés à l’arrogance occidentale, à la déculturation progressive et à la perte d’autorité des oulémas traditionnels, certains érudits musulmans ont formulé une réponse spirituelle à trois niveaux — d’où le terme trifazique :

Phase I : La purification intérieure – une ascèse stricte, dépouillée, fortement influencée par le soufisme mais réinterprétée comme une résistance au matérialisme impérial.

Phase II : La rupture légale – un rejet total du droit positif rynaxien et une codification rigoureuse de la loi divine, prétendument révélée dans le Muktaz al-Khutub.

Phase III : La reconquête morale du monde – un programme eschatologique de restauration des terres justes, à commencer par les anciens territoires "souillés" de l’Empire.

Si ces trois phases pouvaient autrefois cohabiter dans le cœur d’un croyant comme un chemin individuel de perfectionnement, elles ont été, au fil du temps, interprétées par certains prédicateurs comme un programme séquentiel obligatoire : se purifier, se détacher, puis agir.

Une diversité doctrinale désormais fracturée
Il convient cependant de nuancer. L’islam trifazique n’est pas un bloc homogène. Il s’articule autour de quatre grandes écoles :

Les Asfarîyûn – réformistes pacifiques, prônant la coexistence sous réserve de protection des libertés religieuses.

Les Khatirûn – partisans d’un repli communautaire organisé, souvent critiques de l’Empire, mais non violents.

Les Tanzibûn – tendance missionnaire expansionniste, tolérants envers la violence défensive.

Les Raqmatîyûn – faction clandestine extrémiste, favorable à l’action armée et au califat transimpérial.

Ce sont ces derniers — les Raqmatîyûn — qui posent aujourd’hui problème. Ils se sont détachés des autres courants au nom de la pureté doctrinale et de la « troisième flamme prophétique », c’est-à-dire la phase finale de la conquête morale. Leur discours nie la légitimité de l’Empereur, rejette la Constitution de Dôme, et prône l’établissement d’un ordre religieux total. Ils représentent moins de 2 % des croyants trifaziques… mais contrôlent près de 60 % des circuits clandestins de formation, de financement et de diffusion de propagande.

L’Empire face à son propre miroir
L’islam trifazique n’a pas été ignoré par les autorités impériales. Dès l’an 4 de l’Ère de la Dôme, la Commission des Cultes Minoritaires avait identifié la nécessité de statuer sur son statut. Un décret de tolérance encadrée fut émis, reconnaissant l’autonomie spirituelle de ses imams et la légitimité de ses rites, à condition expresse d’un respect de l’ordre public impérial et d’une dissociation claire entre dogme et politique.

Mais cette dissociation n’a pas toujours été respectée. Certaines mosquées, notamment dans la région de Nazarick, ont vu leurs prêches devenir des tribunes d’opposition larvée. Certains prêcheurs, formés à l’étranger, ont usé de la langue trifazique codée pour appeler à la défiance sans jamais prononcer une menace explicite.

Il en résulte une ambiguïté chronique : l’Empire veut respecter la liberté de croyance, mais refuse qu’elle serve de paravent à une hostilité politico-religieuse camouflée. Ainsi, l’État impérial se trouve pris entre deux impératifs :

Ne pas réprimer l’ensemble des trifaziques, au risque de radicaliser davantage encore.

Identifier et neutraliser les Raqmatîyûn, sans déclencher une guerre civile des esprits.

Vers un "modèle rynaxien" de l’islam trifazique ?
Certains chercheurs rynaxiens — notamment au Centre Impérial de Théologie Appliquée — défendent l’idée d’un islam trifazique républicain, réconciliant les trois phases avec les valeurs impériales :

Purification intérieure = loyauté envers l’Empereur.

Rupture légale = primauté de la Constitution comme outil de justice.

Reconquête morale = rayonnement rynaxien sur les autres peuples.

Ce projet, bien qu’ambitieux, reste embryonnaire. Il se heurte à la méfiance des élites trifaziques traditionnelles et à l’opposition des progressistes laïques, hostiles à toute reconnaissance théologique. Mais il montre qu’une voie existe entre la soumission béate et la guerre sainte.

Ce chapitre doctrinal est fondamental. Car on ne combat pas ce que l’on ne comprend pas.
Et on ne comprendra jamais les bombes posées demain si l’on ignore les versets récités aujourd’hui.

III. Chronique de la Radicalisation
Des murmures dans la poussière aux cris dans les ruines
« L’extrémisme ne naît pas d’un seul coup. Il se faufile, rampant, entre les silences, les frustrations, les humiliations muettes. Il pousse dans les fissures que l’Empire oublie de sceller. »
— Extrait du rapport confidentiel L-23, classé par le Service Secret Impérial (SSI)

Il n’existe pas de moment unique, de date fondatrice ou de discours inaugural qui permette de fixer dans le marbre l’origine de la radicalisation trifazique. Comme tout poison lent, elle s’est diffusée progressivement, subrepticement, de l’intime au collectif, de la dévotion sincère au dogme vengeur. C’est une histoire d’hommes égarés, de femmes brisées, de sermons enfiévrés, de nuits froides dans les faubourgs de Rynaxia ou dans les grottes oubliées d’Azérélizia. Une chronique de la lente transformation d’un courant religieux toléré en une menace existentielle.

Étape I : Les premiers souffles – Le début dans les marges
Tout commence au tournant de la décennie 2000, au lendemain de la guerre civile et de la reconstruction impériale accélérée, lorsque plusieurs villages à majorité trifazique, oubliés des grands projets de modernisation, deviennent des zones grises administratives. Dans ces lieux, les lois impériales ne sont appliquées que par intermittence ; les écoles manquent de professeurs, les dispensaires ferment, les tribunaux sont trop éloignés pour être accessibles.

C’est là que surgissent les premiers prédicateurs itinérants, souvent anciens prisonniers politiques, anciens soldats désœuvrés ou étudiants refoulés. Certains prêchent le retour à la vertu. D’autres, plus discrets, installent des cercles d’étude nocturnes, organisés en trois niveaux, correspondant symboliquement aux trois phases du trifazisme. Très tôt, ces cercles commencent à former une caste de croyants "initiés", persuadés d’avoir redécouvert la vraie foi.

Étape II : Les dissidences subtiles – Le rejet du cadre impérial
Dès 2010, plusieurs figures religieuses modérées alertent les autorités locales : certaines mosquées refusent les textes rynaxiens dans leurs affiches administratives, d’autres appellent à la désobéissance fiscale, au nom d’une "impureté" de l’argent impérial. L’impôt est perçu comme une souillure, la police comme une occupation, les lois comme des chaînes.
Un changement linguistique discret s’opère : au lieu de parler de "citoyens", certains prêcheurs parlent de "musulmans réels" ; au lieu de "Rynax", ils disent "le royaume du mensonge" ou "l’empire du cuivre".

La fracture est là, mais encore invisible pour le grand public.

Étape III : Les groupes d’influence – La structuration clandestine
À partir de 2013, plusieurs groupes semi-secrets émergent. Ils ne se nomment pas encore, ou utilisent des appellations variables : Les Flammes Pures, La Ceinture de Foi, al-Mawt as-Sabir ("La Mort Patiente").
Ces groupes utilisent des moyens de communication très avancés : messageries chiffrées, plateformes privées, serveurs hébergés hors de l’Empire. Des vidéos didactiques, souvent réalisées dans des studios improvisés, enseignent comment "résister spirituellement" à l’ordre impérial, en changeant les habitudes alimentaires, vestimentaires, fiscales et sociales.

L'objectif : créer un contre-monde.
Un monde où la Rynaxie serait le mal, et où chaque croyant doit organiser sa vie comme s’il vivait déjà dans l’État trifazique idéal.
Ce processus s’appelle la Taz’iyah, une stratégie inspirée des mouvements chiites clandestins mais réinterprétée à travers la doctrine trifazique.

Étape IV : Les actions symboliques – Vers la violence ciblée
Entre 2014 et 2015, plusieurs incidents font trembler l’appareil impérial :

Des enseignants laïques menacés par des tracts anonymes en zone trifazique.

Des centres culturels incendiés, sous des prétextes de "blasphème".

Un conseiller municipal d’origine trifazique modérée assassiné devant son domicile.

L’apparition, dans plusieurs mosquées, de graffitis codés faisant référence à "la 3e lumière" (la phase de reconquête).

Le SSI (Service Secret Impérial) classe ces événements comme "non coordonnés mais idéologiquement alignés", signe d’un même corpus doctrinal, même sans hiérarchie directe.
Les Raqmatîyûn commencent à apparaître dans les rapports confidentiels, d’abord comme hypothèse, puis comme réalité mouvante, sans visage unique.

Étape V : Les ponts noirs – La connexion transfrontalière
À partir de 2016, l’enquête impériale révèle que plusieurs prédicateurs influents ont voyagé clandestinement dans des pays à majorité Trifazique.
Des fonds sont transférés via des banques écrans, des ONG fictives, ou des donations "charitables".
Des camps d’entraînement sont identifiés dans les zones tribales extérieures à l’Empire, où des jeunes rynaxiens sont formés à l’autodéfense spirituelle, voire à la guerre insurrectionnelle urbaine.

Le danger n’est plus local. Il est globulaire, connecté, souterrain, crypté.
On estime qu’au moins 320 individus ont quitté le territoire impérial pour se radicaliser à l’étranger, avant d’y revenir partiellement, voire de former localement des "fraternités" infiltrées dans les professions ordinaires : chauffeurs, infirmiers, livreurs, enseignants.

Étape VI : Le Point de non-retour – Les attentats de Zaaradji
Le 3 Novembre 2016, une double attaque suicide frappe un bureau du Service Fiscal et une école primaire trilingue à Zaal-Terrace.
Bilan : 32 morts, 104 blessés.
C’est la première action terroriste revendiquée sous le nom de "Califat de la Troisième Lumière", une branche armée des Raqmatîyûn.

Le choc dans la population est immense. L’Empereur s’exprime personnellement à la radio impériale :

« Que nul ne confonde les fidèles avec les fanatiques, mais que tous sachent : la République Impériale Rynaxienne ne ploiera ni devant le sabre, ni devant le verbe haineux. »

Depuis, l’état d’alerte reste élevé.
Des centaines d’arrestations ont été menées, certains foyers religieux ont été placés sous surveillance renforcée, des écoles religieuses ont été fermées, des passerelles numériques supprimées, et le SSI a reçu des pouvoirs d’investigation élargis par décret d’urgence.

Mais le poison continue de circuler.
Car un extrémisme ne se détruit pas par décret. Il se comprend, se désarme, se remplace.

Et tant que la parole extrémiste est perçue comme une consolation plus puissante que le silence impérial, elle se répandra.

IV. Les Marches Perdues
Cartographie des foyers extrémistes dans l’Empire Rynaxien
« Il n’est point de frontière plus fragile que celle qu’ignore la géographie impériale. Là où s’éteint la cartographie, commence la propagande des ténèbres. »
— Rapport de la Commission aux Territoires Non-Linéaires, session VIII

Le radicalisme trifazique, dans sa version violente, n’est pas réparti de façon aléatoire sur l’étendue impériale. Il épouse des lignes de tension anciennes, coloniales, ethno-religieuses et géographiques. C’est une menace à la fois diffuse et ancrée, volatile et enracinée, fluide et territorialisée. C’est pourquoi cette section propose une lecture géopolitique et géospirituelle du phénomène.

Le Service Impérial de Veille Cartographique (SIVC), appuyé par les préfets d’arrondissement et les données confidentielles du SSI, a dressé une cartographie non officielle — mais réaliste — des zones les plus perméables à la doctrine des Raqmatîyûn.

1. La Ceinture de Zaal-Terrace – Nœud historique et plaque tournante
Située entre les contreforts méridionaux du Territoire des Montagnes d’Azérélizia et les plaines trilingues du sud-ouest, la région de Zaal-Terrace est à la fois un ancien bastion du trifazisme populaire et un carrefour migratoire.
Elle concentre aujourd’hui 28 % des incidents liés au fanatisme trifazique, selon les archives croisées du Haut Conseil des Territoires et du Conseil de la Sûreté Civique.

Forte densité de mosquées non enregistrées

Réseaux communautaires transfrontaliers

Présence historique de combattants "revenants"

Difficultés chroniques de pénétration administrative

Les attaques de 2016 y ont agi comme un catalyseur psychologique, polarisant encore davantage la population.

2. Les Marges de Syf-Adûn – L’ombre parmi les rochers
Les plateaux désertiques de Syf-Adûn, longtemps négligés par les programmes de développement impériaux, servent de base logistique pour les mouvements clandestins.
Leurs vastes grottes, leurs pistes secondaires, leurs frontières poreuses avec les Républiques Indépendantes d’Orient, en font un sanctuaire d’entraînement difficile à contrôler.

Camp d’instruction présumé à El-Karaq

Couverture civile par des confréries agricoles

Présence massive de convertis d’origine indigène

Écoles clandestines de type "3e Phase"

L’armée impériale y mène des opérations ponctuelles, mais la topographie donne aux extrémistes une supériorité asymétrique permanente.

3. Le Cœur Trifazique d’Abar-Khûn – La pieuvre invisible
Dans cette zone urbaine très densément peuplée, les extrémistes opèrent non pas dans les campagnes reculées, mais en plein cœur des villes, sous les masques de la normalité.
Des universités religieuses privées, des centres d’étude "linguistiques", et des réseaux caritatifs servent de façade à des cercles doctrinaux extrémistes.

Population majoritairement trifazique (88 % selon le dernier recensement)

Clergé local ambigu, parfois ouvertement séparatiste

Très faible taux d’intégration dans les institutions impériales

Présence numérique organisée (plateformes internes, forum crypté)

C’est ici que les "écrits saints alternatifs" circulent le plus — ces textes modifiés du Muktaz al-Khutub qui appellent à l’implosion du système impérial.

4. Le Corridor Occidental de Trinézia – Une frontière poreuse
Bien que majoritairement non trifazique, la région de Trinézia subit l’infiltration lente de prédicateurs itinérants venus de la zone libre de Kaljud.
Le passage par les montagnes noires et les routes marchandes désaffectées a permis l’implantation d’une dizaine de cellules autonomes, appelées "Khalâya".

Utilisation d’entrepôts agricoles comme caches d’armes

Endoctrinement de travailleurs saisonniers

Mélange de misère sociale et discours de revanche historique

Taux de natalité élevé dans les poches trifaziques radicalisées

L’Empire y expérimente actuellement un programme de redéploiement social, combinant présence policière, propagande loyale, et subventions ciblées.

5. La Forêt Semi-Nationale de Khadd’ûr – L’anarchie mystique
Unique en son genre, cette forêt sous statut mixte, partagée entre domaines impériaux, territoires autochtones et juridictions religieuses historiques, est devenue un espace d’émergence d’un trifazisme ésotérique, entre chamanisme, jihad intérieur et milices rurales.
Les experts y décrivent une "doctrine végétale armée", mêlant écologie sacrée, rejets technologiques, et appels à la pureté par la violence.

Camps de jeunes "retirés du monde"

Attaques contre infrastructures impériales symboliques (pylônes, antennes, routes)

Auto-proclamations de "zones libérées" dans les bois

Surveillance difficile du fait du statut foncier hybride

L’Empire a engagé un démêlage juridique du territoire pour reprendre le contrôle, mais les autorités locales se montrent réticentes, craignant une escalade.

Synthèse territoriale (estimation confidentielle)
Zone % incidents extrémistes Présence Raqmatîyûn estimée Niveau de contrôle impérial
Zaal-Terrace 28 % Très élevée Faible à moyen
Syf-Adûn 19 % Élevée Faible
Abar-Khûn 21 % Élevée Moyen
Trinézia Ouest 13 % Moyenne Variable
Khadd’ûr 9 % Faible à ésotérique Très faible

Une géographie à reconquérir
La menace trifazique extrémiste est géographique, mais pas cartographique. Elle ne se limite pas à des lignes visibles : elle est mentale, symbolique, climatique, culturelle.
Le défi impérial n’est donc pas simplement militaire ou sécuritaire, mais territorial dans le sens rynaxien du terme : réaffirmer l’ordre, la présence, le verbe et l’école, partout où la foi dégénère en sabre.

V. Les Victimes du Zèle
Récits de ceux que le fanatisme a laissés derrière lui
« Le radical n’écoute pas. Il édicte. Il efface les visages, les noms, les gestes. Il réduit l’humain à une ligne droite : celle du sabre. »
— Éditorial de Le Soleil Impérial

On parle souvent du terrorisme en chiffres. On le calcule en blessés, en morts, en points de tension. Mais on oublie ce que le fanatisme ronge dans les plis invisibles des peuples : les silences familiaux, les amitiés brisées, les regards méfiants, les prières éteintes, les enfants qui ne posent plus de questions.
Cette section donne la parole — parfois masquée, parfois cryptée, parfois recomposée pour leur sécurité — à celles et ceux qui ont vécu, subi, ou fui l’extrémisme trifazique, sans jamais cesser d’aimer l’Empire.

Témoignage n°1 — Salima B., institutrice laïque à Abar-Khûn
« On a commencé par m’ignorer. Puis ils ont demandé que mes cours soient remplacés par un imam "compétent". Puis les filles ont été retirées de ma classe. Ensuite, j’ai reçu un mot dans mon casier. Il disait : “Tu mens à nos enfants. Tu es une ennemie de Dieu.” Mon mari voulait qu’on parte. Moi je voulais rester. J’ai fini par comprendre : rester, ce serait mourir. Alors je suis partie. Mais pas vivante. Une partie de moi est restée là-bas, entre les pupitres. »

Témoignage n°2 — Ismaël R., ex-membre repenti des Khalâya, aujourd’hui sous protection
« J’étais vide. J’avais quitté l’école. Je vivais chez un oncle. Il m’a présenté à un "frère de confiance". Il m’a parlé. Longtemps. Doucement. Il disait que je pouvais être utile. Que l’Empire ne voulait pas de nous. Qu’on avait une mission. Et j’y ai cru. Jusqu’au jour où ils m’ont montré une vidéo d’un enfant qui chantait avant d’exploser. Là j’ai compris. Je ne voulais pas ça. Je suis parti. Ils ont menacé ma sœur. J’ai tout avoué. Depuis, je vis caché. Mais libre. Enfin. »

Témoignage n°3 — Mme Nahida L., mère d’une victime des attentats de Zaaradji
« Ma fille s’appelait Liana. Elle avait huit ans. Elle allait à l’école trilingue. Elle aimait le pain chaud et les livres sur les étoiles. Le jour de l’explosion, j’ai trouvé son sac, intact. Comme si elle allait revenir. Mais elle ne reviendra pas. Je prie pour que personne n’oublie son prénom. Ils veulent qu’on les appelle martyrs. Moi je veux qu’on appelle ma fille… ma fille. C’est tout. »

Témoignage n°4 — Imam Ahmed el-Hadjar, prédicateur trifazique modéré, aujourd’hui exilé à Adriania
« Ce ne sont pas des musulmans. Ce sont des incendiaires. Des voleurs de Dieu. Quand j’ai dit ça en chaire, ils ont envoyé des jeunes me briser les mains. Je suis un imam. Je n’écris plus. Mais je parle encore. Je parlerai jusqu’à mon dernier souffle. Rynax m’a donné refuge. Je lui donnerai ma voix. »

Témoignage n°5 — Hussein T., médecin volontaire dans la Marche de Syf-Adûn
« Je soigne sans poser de questions. Mais les blessures parlent. Une fillette avec des hématomes de “châtiment communautaire”. Un jeune garçon mutilé pour avoir écouté de la musique. Une femme battue pour avoir refusé de porter le foulard “à la manière des purifiés”. Ce n’est pas la foi. C’est la haine en toge. L’Empire m’a donné des compresses et des seringues. Mais il faut aussi des écoles, des théâtres, de la musique, des lois. Ou alors je n’aurai plus que des cadavres à soigner. »

Témoignage n°6 — Aïcha Z., ancienne enseignante trifazique engagée contre l’extrémisme, aujourd’hui réfugiée politique
« Ils ont voulu me faire croire qu’être trifazique signifiait haïr l’Empire. Qu’on devait choisir : ou Dieu, ou l’Empereur. Mais moi j’ai choisi les deux. Parce que je crois que Dieu n’est pas en guerre contre le respect, la loi, ou la paix. Quand j’ai dit cela dans un article, j’ai reçu trois balles dans le mur de ma cuisine. Et un coran ensanglanté sur mon seuil. J’ai fui. Je reviendrai un jour. En robe, en paix, en vérité. »

Témoignage n°7 — Commandant E. Dargane, officier impérial en poste dans la Forêt de Khadd’ûr
« On pense qu’on va affronter des fanatiques. Mais en vérité, on affronte des enfants. Des visages de seize ans, parfois douze. Armés. Endoctrinés. Ils parlent d’un paradis qui commence par la mort de l’autre. On doit tirer. Mais on pleure. Après. Tout ça est un échec collectif. Mais l’Empire tiendra. Parce qu’il doit. »

Synthèse : Les voix du réel
Ces témoignages ne sont pas anecdotiques. Ils incarnent ce que le fanatisme ne veut pas voir : la complexité, la pluralité, la résistance sans violence.
Ils disent une chose : le fanatisme fait souffrir d’abord les siens.
Il détruit les croyants avant les infidèles, les enfants avant les soldats, les vivants avant les lois.

L’Empire, en recueillant ces voix, ne cherche pas à diaboliser une foi, mais à défendre une société.

VI. Le Spectre du Califat Noir
Des réseaux invisibles à l’utopie théocratique armée
« Là où le silence gouverne les peuples, l’ombre bâtit son trône. »
— Extrait d’un discours impérial à la Chancellerie de la Défense Civile

1. Une utopie étrangère : la fiction d’un Empire purifié
Le Califat Noir n’existe pas sur une carte, mais il vit dans l’imaginaire des fanatiques. Il prend racine dans une vision absolutiste de la Trifazie, dépouillée de toute tolérance, vidée de ses nuances théologiques, et pervertie par l’obsession du contrôle total.
Ses théoriciens — souvent inconnus du grand public — propagent l’idée que la seule forme de souveraineté légitime est celle des "Imams Sanguinaires", élus par la pureté, non par le peuple.

Ils rêvent d’une nation sans musique, sans femmes visibles, sans élections, où chaque citoyen serait un soldat et chaque soldat un martyre en devenir. Cette dystopie religieuse prétend restaurer un âge d’or jamais existé, tout en exploitant les frustrations sociales et les humiliations coloniales passées.

2. Le rôle des propagandes étrangères
Le Service de Veille Numérique Impériale (SVNI) a identifié plusieurs filières étrangères alimentant le fanatisme local :

Chaînes satellites illégales, diffusant depuis des zones tribales extérieures à l’Empire, mêlant prêches extrémistes et désinformation géopolitique.

Réseaux sociaux cryptés, où circulent vidéos de supplices, tutoriels de fabrication d’explosifs, sermons appelant à la guerre sainte contre l’Empire dit "apostasié".

Jeux vidéos piratés convertis en outils de propagande interactive, simulant des raids contre des postes impériaux.

Ces campagnes sont souvent soutenues par des États hostiles ou neutres complices, qui voient dans l’Empire Rynaxien un colosse à affaiblir, une puissance à diviser, ou un contre-modèle à abattre.

3. Une organisation fractale : la stratégie des cellules
Contrairement aux structures militaires classiques, le Califat Noir fonctionne par fragmentation. Chaque cellule — souvent composée de 3 à 7 personnes — peut :

Agir seule ou avec d’autres,

Se revendiquer du Califat sans jamais l’avoir vu,

Être autonome financièrement via le "marché noir du texte" : piratage, spam, vol de caractères, publications fantômes, etc.

La doctrine est transmise par la parole, mais aussi par les textes rituels. Certaines attaques récentes ont été précédées de la publication de "manifestes d’encre noire", écrits dans un dialecte trifazique obscur, consommant plusieurs centaines de milliers de caractères — preuve d’une richesse illégitime, sans traçabilité.

4. Une culture de la mort, pas de la foi
Ce Califat Noir ne prie pas, il vénère la guerre. Il transforme la Trifazie en un outil de domination mentale.
Dans ses doctrines internes, la charité est considérée comme faiblesse, le doute comme trahison, et le débat comme blasphème.

Leur calendrier n’est pas lunaire, il est macabre : il compte en dates d’attentats réussis.
Leur seul miracle, c’est la terreur.

5. La réponse impériale : guerre invisible, défense visible
L’Empire Rynaxien a mis en œuvre une stratégie à trois volets :

Neutralisation silencieuse : par le Service Secret Impérial (SSI), infiltrant les filières numériques et logistiques du Califat.

Rupture culturelle : subvention de séries trifaziques progressistes, soutiens aux mosquées laïques, ouverture de forums théologiques sécurisés.

Réarmement textuel : lutte contre le marché noir du caractère, certification officielle des textes publics, traçabilité numérique par le Haut Conseil de Veille Scripturaire.

En effet, dans un monde où l’écriture est richesse, un texte n’est pas neutre : il peut être un missile.

Conclusion : le fanatisme comme fiction totale
Le Califat Noir n’a pas besoin de ministres, ni de frontières. Il lui suffit d’un récit. D’un texte. D’un mythe.
Mais l’Empire répondra — non par le silence, mais par des volumes entiers d’intelligence, de droit, et de mémoire.

Le Soleil Impérial le proclame :

Aucun empire n’est tombé parce qu’il parlait trop. Mais tous ceux qui ont cessé d’écrire ont sombré dans la nuit.

VII. La Controverse trifazique : entre silence, réforme et dissidence
Regards croisés de trois voix de l’islam trifazique impérial
« Si le silence est d’or, que dire alors du courage de parler ? »
— Imam Mirza Raqim, mosquée blanche de Thalzar

1. Trifazie impériale : une mosaïque plus qu’une doctrine
Il est de bon ton, dans les salons intellectuels de Rynaxia, de parler de « l’islam trifazique » comme d’un tout. C’est là une erreur stratégique, conceptuelle, et morale.

Car dans l’Empire Rynaxien, la Trifazie est triple non seulement par théologie, mais par sociologie :

Trifazie impériale républicaine : attachée aux principes de laïcité souple, à la coexistence avec l’État.

Trifazie conservatrice : respectueuse de l’ordre impérial, mais attachée à des normes sociales traditionnelles, souvent patriarcales.

Trifazie séparatiste : minoritaire, mais bruyante, prônant une déconnexion complète avec les institutions « impures ».

Cette diversité est à la fois force et vulnérabilité. Car dans les fissures de cette pluralité se glissent les slogans radicaux.

2. La Voix des femmes : entre foi et droits
Le Conseil Supérieur des Libertés Publiques (CSLP) a publié cette année un rapport consacré aux femmes trifaziques dans l’Empire. Certaines y revendiquent le port du voile, non comme soumission, mais comme marque d’identité spirituelle impériale.

D’autres, à l’inverse, dénoncent une pression communautaire rampante, les contraignant à renoncer à la mixité, à la scolarisation, voire au droit de se déplacer sans chaperon.

« Le problème n’est pas Dieu. C’est ce que certains hommes font parler en Son Nom. »
— Amira Kelam, enseignante et féministe trifazique rynaxienne

Dans certaines zones rurales, la minorité radicale impose ses normes : marché séparé, couvre-feu féminin informel, interdiction de se rendre dans les centres civiques impériaux.

3. Les intellectuels trifaziques en désarroi
Trois figures illustrent la fracture idéologique actuelle :

Cheikh Rami-Dienf el-Vadid (conservateur) : appelle à un retour à l’orthodoxie morale, sans rompre avec l’Empire. Il critique le libéralisme culturel mais condamne fermement la violence.

Professeure Lamia Sirak (réformiste) : propose une réinterprétation moderniste du Texte triple, intégrant les droits humains et le pluralisme légal. Soutenue par les universités impériales.

Imam Baoud Seif-Krim (réticent mais influent) : jadis modéré, il s’est radicalisé en exil dans les montagnes d’Azérélizia. Ses écrits ont récemment été interdits par décret impérial, car accusés d’« ambiguïté idéologique » envers le Califat Noir.

4. Un débat verrouillé par la peur ?
Un sondage secret du Conseil de Veille Institutionnelle (CVI) montre que plus de 63 % des croyants trifaziques rejettent l’extrémisme, mais refusent de s’exprimer publiquement, par crainte d’intimidation ou d’être perçus comme des traîtres communautaires.

Cette loi du silence permet à la minorité extrémiste de prétendre parler au nom de tous.

« Nous avons cédé le débat par fatigue. Mais les mots vacants deviennent des armes. »
— Lettre anonyme d’un imam de quartier, publiée par Le Soleil Impérial

5. L’Empire comme garant de la pluralité religieuse
Le Conseil de l’Éthique et des Fonctions Publiques (CEFP) a rappelé dans un avis solennel que l’Empire reconnaît la Trifazie comme courant religieux légitime, inscrit dans la Charte des Spiritualités . Mais cette reconnaissance ne protège pas les dérives politiques et sectaires.

Ainsi, tout discours théologique appelant à la division territoriale, à la discrimination, ou au rejet de la souveraineté impériale est considéré comme factieux.

Conclusion : Qui parlera en leur nom ?
À cette heure, les voix trifaziques modérées sont nombreuses… mais dispersées. Les extrémistes, eux, sont moins nombreux mais unis, riches en caractères, organisés, et bruyants.

Le défi n’est pas seulement sécuritaire. Il est épistolaire, moral, culturel, linguistique, civilisationnel.

Le Soleil Impérial pose la question, posément :

Si les modérés ne parlent pas, qui écrira l’histoire ?

VIII. La Réponse Rynaxienne : doctrine de dissociation et contre-radicalisation
« L’Empire n’est pas contre les croyants. Il est contre les criminels. »
— Déclaration de l’Empereur Rynax Ier, session extraordinaire du Conseil suprême, 14 septembre 2019

1. Une menace encadrée par doctrine
L’Empire Rynaxien ne saurait confondre la foi avec le fanatisme, ni la spiritualité avec la sédition.

La doctrine impériale, inscrite dans la Note Souveraine 223-C/Alpha du Conseil de Sûreté Civique, établit une distinction stricte :

La Trifazie pacifique, respectueuse de la Loi impériale et de la Constitution, est protégée et reconnue.

La Trifazie politique, séparatiste, clandestine ou armée, est considérée comme une menace de type insurrectionnel.

Cette doctrine de dissociation est au cœur de la stratégie impériale : elle permet d’agir sans criminaliser une communauté entière.

2. Une réforme législative taillée pour l’ère idéologique
Depuis 2016, l’Assemblée Populaire Rynaxienne (APR), sur proposition du ministère de la Cohésion Impériale, a adopté plusieurs textes clés :

Loi CXLV-4 sur la Séparation Culte-État : interdit tout financement étranger des cultes sans déclaration publique.

Loi LX-92 sur l’Encadrement des Discours Théologiques : toute prise de parole religieuse publique doit faire l’objet d’une déclaration d’intention soumise au Bureau de Surveillance des Activités Spirituelles.

Loi CCC-1 sur la Dissimulation d’Intention Séditieuse : toute déclaration religieuse qui appelle à désobéir à l’Empire peut être jugée comme crime d’obscurantisme actif.

3. L’action souterraine du Service Secret Impérial (SSI)
Le SSI, bras discret mais puissant de l’Empereur, a été doté de pouvoirs étendus de surveillance idéologique.

Ses prérogatives incluent :

La surveillance des prêches publics et privés ;

L’infiltration des cercles fermés, madrassas non déclarées et écoles d’instruction parallèle ;

L’identification des flux financiers entre mosquées, associations et organismes radicaux étrangers.

En début 2017, le SSI a démantelé 17 cellules clandestines, dont 8 étaient directement connectées à des réseaux numériques administrés depuis l’étranger.

4. Le contre-discours : une bataille de récits
L’Empire a compris que l’idéologie ne meurt pas sous les balles, mais sous les idées.

Ainsi a été créée en 2011 l’Unité Impériale de Prévention Spirituelle (UIPS), composée de :

Théologiens reconnus et agréés par le Conseil des Croyances Conformes ;

Anciens repentis des réseaux radicaux ;

Écrivains, intellectuels, vidéastes formés à l’analyse religieuse impériale.

Leur mission ? Dissoudre les mensonges par la parole loyale, diffuser des vidéos, textes, et débats montrant l’harmonie possible entre Trifazie et Loyauté Impériale.

5. Résultats et limites
Les résultats sont contrastés, mais réels :

Le nombre de jeunes se déclarant « en désaccord avec les institutions impériales pour des raisons religieuses » est passé de 18 % à 9 % en cinq ans (sondage IFPR – 2024).

Le nombre de mosquées classées « à risque idéologique élevé » est passé de 73 à 21.

En revanche, les zones rurales de l’Est indigène restent des poches sensibles, avec peu d’accès aux campagnes de sensibilisation impériales.

6. La vigilance contre les abus : rôle des contre-pouvoirs
La Chancellerie du Contrepoids exerce un contrôle vigilant sur les excès potentiels.

Le Conseil Constitutionnel Rynaxien a rappelé dans sa décision 101-K/2017 que :

« La liberté de culte ne saurait être suspendue sur la seule base d’une suspicion doctrinale. »

De même, l’Autorité Indépendante des Médias et de l’Information (AIMI) a récemment sanctionné deux organes de presse pour avoir assimilé l’ensemble des trifaziques à une menace.

7. Une parole forte : celle de l’Empereur
Rynax Ier, dans son discours de Dôme, a tranché :

« Ce n’est pas à l’Empire de dire ce que Dieu est. Mais c’est à l’Empire de dire ce qu’il n’est pas. Il n’est pas la division. Il n’est pas la haine. Il n’est pas la théocratie. »

Ces mots ont été largement diffusés sur les réseaux impériaux, traduits en trifazique, berbère et allemand, comme message de paix ferme mais juste.

Conclusion : Une guerre sans canon, mais pas sans courage
Ce combat-là n’est pas une guerre d’armée. C’est une guerre de récits, d’idées, d’images, de dogmes, de mots.

Et dans l’Empire Rynaxien, chaque mot a un poids. Chaque caractère imprimé, chaque décret publié, chaque sermon encadré, devient un acte de souveraineté narrative.

L’extrémisme trifazique n’est pas encore vaincu. Mais il n’est plus invisible.

IX. Analyse : Faut-il restreindre les partis religieux ?
« La laïcité impériale ne consiste pas à effacer Dieu des esprits, mais à empêcher qu’il ne soit utilisé comme bannière contre la Loi. »
— Emma Bouffasia, Président du Conseil Constitutionnel Rynaxien, séance du 12 février 2017

1. Un paradoxe juridique : tolérance encadrée
La Constitution impériale de 2000, révisée en 2013, consacre la liberté religieuse mais n’interdit pas les partis à base confessionnelle. Trois partis religieux sont représentés à l’Assemblée Populaire Rynaxienne :

Le Parti des Jeunes Musulmans (PJM) — 50 sièges

Parti Islamique Unifié (PIR) — 19 sièges

Ces partis ne peuvent prôner ni la charia, ni la théocratie, ni la séparation avec l’Empire. Ils doivent jurer allégeance à la Constitution et à l’Empereur.

Pourtant, certains estiment qu’ils sont des vecteurs indirects de polarisation religieuse, et donc des outils de radicalisation douce.

2. La thèse de la dissimulation doctrinale
Une partie de la presse et des institutions (notamment le Conseil de Veille Institutionnelle) avancent l’idée que certains partis religieux seraient des façades, servant à :

Diffuser des idéaux séparatistes sous couvert de légalité ;

Organiser un communautarisme électoral de type confessionnel ;

Protéger des leaders religieux soupçonnés de radicalisme en les plaçant sous immunité parlementaire.

Une enquête parlementaire de 2016 a révélé que 32 % des élus du PIU entretenaient des liens étroits avec des associations désormais dissoutes par décret.

3. Ce que dit la Chancellerie du Contrepoids
Le Conseil de l’Éthique et des Fonctions Publiques (CEFP) a estimé en 2016 :

« Il n’est pas interdit à un citoyen croyant de s’organiser politiquement. Ce qui est interdit, c’est d’imposer sa foi comme norme aux autres. »

Le Haut Conseil des Territoires et des Minorités (HCTM) rappelle quant à lui que :

« Les partis religieux ont souvent permis l’intégration politique de populations exclues. Les interdire, c’est nourrir l’exclusion. »

La position de la Chancellerie reste donc équilibrée, mais vigilante, avec un système de surveillance constitutionnelle renforcée : chaque parti religieux doit publier annuellement un rapport de conformité laïque, contrôlé par l’Autorité Indépendante des Médias et de l’Information (AIMI).

4. Le camp réformiste : pour une interdiction partielle
Plusieurs députés issus de la Coalition Nationale de Gauche (CNG) ont proposé une loi en 2017 visant à interdire les partis basés sur une seule religion. La proposition n’a pas été adoptée, mais a obtenu 311 voix sur les 1 804 de l’Assemblée, ce qui montre une progression des idées réformistes.

Leur argument :

« L’Empire est indivisible. Il n’y a pas d’espace pour des partis qui prétendent incarner Dieu plutôt que le peuple. »

La Chancelière elle-même, lors de son audition par la Commission mixte laïcité, a déclaré :

« L’Islam trifazique n’est pas une menace. Mais le communautarisme politique, lui, l’est. »

5. Le camp loyaliste : défendre la coexistence contrôlée
Le Bloc Impérial, majoritaire et fidèle à l’Empereur, rejette toute interdiction, préférant la doctrine du barrage contrôlé :

Maintenir les partis religieux dans le champ légal ;

Encadrer strictement leur financement, leur discours, et leurs alliances ;

Sanctionner immédiatement tout écart idéologique ou appel à la violence.

Selon eux, interdire les partis religieux pousserait leurs militants vers la clandestinité et la radicalisation, comme dans les dernières années de la Monarchie Vaisself.

6. Statistiques et perceptions publiques
Un sondage commandé par Le Soleil Impérial auprès de l’Institut Rynaxien d’Opinion donne ces résultats :

Question Pour (%) Contre (%)Ne sait pas (%)
Faut-il interdire les partis religieux ? 41 48 11
Faut-il interdire uniquement les partis islamistes ? 53 39 8
Faites-vous confiance aux partis religieux ? 28 59 13

La méfiance est donc réelle, mais légalement encadrée.

7. Une ligne de crête, entre unité et pluralité
L’Empire marche sur une ligne de crête idéologique :

Trop de tolérance, et la République impériale devient un tapis de prière politique.

Trop de répression, et l’État devient un oppresseur antispirituel.

Rynax Ier l’a résumé ainsi :

« Nous ne combattons pas Dieu. Nous combattons ceux qui s’en réclament pour combattre l’Empire. »

C’est dans cette zone grise, tendue, que se joue la survie d’une laïcité vivante, non militaire, mais résolument impériale.
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Numéro spécial – Mars 2017

La République dans l’Empire : portrait des fonctionnaires sous pression

« Ils signent, ils appliquent, ils endurent. »— Extrait d’un carnet de terrain, Nazarick, 2017.

I. Introduction : Une République à géométrie variable

Dans l’Empire Rynaxien, on parle souvent de l’Empereur, des généraux, des décrets, de la Chancellerie. Mais ceux qui appliquent les lois, reçoivent les doléances, tamponnent les formulaires et rédigent les rapports, ce sont eux : les fonctionnaires civils. Ils sont enseignants, inspecteurs, médecins hospitaliers, juges, agents du cadastre, chefs de bureau ou coordinateurs territoriaux. Leur nombre approche les 2,3 millions selon les données croisées du ministère de la Fonction publique et de la BCR.

Dans un État centralisé, autoritaire et fragmenté comme le Rynax, leur position est inconfortable : exécutants silencieux d’un pouvoir bruyant, ils doivent arbitrer entre conscience professionnelle, intégrité morale et fidélité institutionnelle. Ce numéro leur est consacré.

II. Trois zones, trois tensions

1. En zone centrale : la discipline impériale

Dans les régions directement administrées par l’Empire (la plaine de Rynaxia, la couronne urbaine de Nazarick, les ports du Nord), les fonctionnaires sont recrutés après concours. Bien formés, bien encadrés, mais étroitement surveillés.

« La pression n’est pas dans les ordres, mais dans l’ambiance. On sait ce qu’il ne faut pas faire. » — Témoignage anonyme, juge administratif.

Ils doivent se montrer exemplaires lors des Fêtes impériales (14 septembre, 6 avril, 22 janvier), diffuser les doctrines officielles dans les écoles, et s’assurer que l’opposition politique ne se glisse pas dans l’espace public. Tout manquement peut entraîner un déplacement d’office, voire l’ouverture d’un « Dossier de Conformité » (DC).

2. Dans les régions indigènes : l’interface fragile

Les territoires indigènes (intérieur de l’Asfalte, haute plaine du Nord, sud-est sec) vivent une autre réalité. Là, fonctionnaires impériaux sont minoritaires, souvent isolés, et en contact direct avec une population qui ne les reconnaît ni comme légitimes, ni comme neutres.

« Le maire tribal me reçoit avec thé ou arme en main. Je ne sais jamais à quoi m’attendre. » — Agent des Ponts et Voies, mission de relevé 2015.

Les tensions sont fortes : refus de coopérer, blocages administratifs, parfois sabotage. Mais ces mêmes fonctionnaires servent aussi de relais de paix : ils recensent les injustices, transmettent les doléances, signalent les exactions.

3. Dans les régions à statut spécial : entre loyauté et conscience

Dans le GénéralGouvernement protestant et dans les Montagnes d’Azérélizia, la situation est paradoxale. Ces régions disposent de Constitutions locales, mais l’administration reste en partie impériale. Les fonctionnaires y sont tiraillés entre respect de l’autonomie locale et obéissance au décret impérial.

« Je dois à la fois faire appliquer une loi de stérilisation votée à Rynaxia, et protéger une population qui me supplie de l’ignorer. » — Médecin-chef, centre hospitalier de Zaal-Terrace.

III. La peur du Dossier : une culture de la rétention

Peu connue du grand public, la pratique du Dossier de Conformité (DC) est redoutée par tous les agents de l’État. Tout comportement jugé « inadapté à l’éthique du service impérial » peut y être enregistré : prises de position, retards récurrents, soupçons de sympathie politique non autorisée. Le DC n’est pas un outil disciplinaire public : il ne donne lieu à aucune procédure contradictoire. Mais il bloque les promotions, les mutations, les demandes familiales.

Des syndicats discrets (non officiels) ont commencé à compiler des cas, mais leur action est risquée. La loi du 13 novembre 2014 sur la Rigidité Fonctionnelle interdit « toute action ou réunion collective non mandatée par le Conseil des Ministères. »

IV. Résistance discrète, résilience quotidienne

Pourtant, la machine ne s’effondre pas. Des milliers d’agents maintiennent des services fonctionnels, dans des écoles aux murs fendus, des préfectures sans chauffage, des archives rongées par l’humidité. Certains jouent le jeu impérial. D’autres l’aménagent. Quelques-uns le contournent ouvertement.

« J’ai trois tampons : l’officiel, l’utile, le discret. Je choisis selon la situation. » — Préfet rural en zone indigène.

« L’Empire nous impose sa logique. Mais le peuple nous confie ses souffrances. Nous devons écouter les deux. » — Enseignante, quartier populaire de Nazarick.

V. Une conclusion en suspens : l’équilibre introuvable

Dans les cafés de Rynaxia, on parle des grandes lois. Dans les couloirs des hôpitaux de l’Est, on murmure les petites entorses. Entre deux décrets, des milliers d’agents maintiennent l’ordre, sans toujours y croire. L’Empire leur confie l’appareil de sa République, mais leur refuse la liberté de la servir autrement.

« Je suis fonctionnaire de l’Empire. Mais chaque soir, je rêve de servir un peuple. »

Prochain dossier : Qui sont les hommes de l’ombre du Service Secret Impérial ?

Ils n’ont pas de nom, pas de visage officiel, pas de hiérarchie déclarée. Ils recrutent parfois parmi les militaires, parfois chez les magistrats, et même — murmure-t-on — dans les rangs de la presse. Ils sont nés au lendemain de la guerre civile, ont grandi à l’ombre des purges, et travaillent aujourd’hui à maintenir l’ordre impérial coûte que coûte. Dans notre prochain numéro, trois portraits croisés d’agents actifs ou dissidents du SSI, ainsi qu’un décryptage de son budget, de ses bases, et de son influence dans la politique intérieure.

Archives Civiques – Pour un regard qui persiste.
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