Posté le : 25 jui. 2025 à 09:48:14
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â Perzouen - Pennbobl I - Le premier roi (1503â1525) âFin du Titre
AprĂšs lâodyssĂ©e Ă©prouvante du Frankiz et lâĂ©tablissement du premier campement Ă Estuarenn, Perzouen sâimposa naturellement comme le guide des exilĂ©s. Son regard franc, sa voix grave et son expĂ©rience des vents et des marĂ©es faisaient de lui un chef nĂ©. Aucun autre nâaurait pu rassembler ces hommes et ces femmes aux origines diverses, brisĂ©s par la captivitĂ© et lâexil. Son charisme discret, son sens du devoir et sa sagesse gagnĂ©e sur les ponts des navires et dans les ruelles sombres des ports dâAchos firent de lui un repĂšre et un pĂšre pour ce peuple sans foyer.
Il fut proclamĂ© Pennbobl I, ce qui dans leur langue signifiait tĂȘte du peuple, un titre chargĂ© de mĂ©moire et de symboles. Ce nom incarnait bien plus quâune fonction, il dĂ©signait celui qui portait la charge et lâespĂ©rance dâune communautĂ© nouvelle. Perzouen comprenait que sans autoritĂ© forte, sans dĂ©cision claire, ce fragile peuple nouveau risquait de se dissoudre face aux hivers impitoyables, aux bĂȘtes des forĂȘts et aux menaces inconnues venues du large.
Il choisit donc une monarchie sans partage, non par soif de pouvoir mais par nĂ©cessitĂ©. Sa parole faisait loi, mais il sâentourait dâun conseil de vieux marins, de guĂ©risseuses et de chasseurs des collines, dont il Ă©coutait les avis avant de trancher. Sous son autoritĂ© naquirent les premiĂšres rĂšgles Ă©crites, les devoirs des familles, les sanctions contre le vol ou la trahison, les droits accordĂ©s aux veuves et aux orphelins. Il veilla Ă rĂ©partir les terres, Ă organiser les premiers marchĂ©s, et Ă envoyer des expĂ©ditions dans lâintĂ©rieur des terres pour explorer les riviĂšres et les vallĂ©es inconnues.
Perzouen lança aussi la construction de premiers bĂątiments en pierre et en bois massif, prĂ©voyant dĂ©jĂ quâun peuple libre devait sâenraciner. Les champs furent dĂ©frichĂ©s, les outils forgĂ©s, les techniques de pĂȘche perfectionnĂ©es grĂące aux enseignements des Eronned. Il encouragea le mĂ©lange des traditions, les fĂȘtes communes et les unions entre les clans pour renforcer la cohĂ©sion dâun peuple encore fragile.
Bien quâil fĂ»t parfois sĂ©vĂšre et inflexible dans ses dĂ©cisions, Perzouen resta un roi attachĂ© Ă la paix et Ă la justice. Les rĂ©cits des anciens disent quâil dĂ©testait lever lâĂ©pĂ©e contre les siens et quâil prĂ©fĂ©rait convaincre plutĂŽt que contraindre. Il aimait parcourir les villages naissants Ă pied, saluant les enfants et partageant le pain des paysans.
Il mourut en 1525, Ă lâĂąge des vieux loups de mer, entourĂ© de ses proches, sous un ciel dâaurores borĂ©ales. Le peuple tout entier pleura celui quâon appelait le pĂšre du peuple libre. Son nom devint lĂ©gende, et ses lois, gravĂ©es sur des tablettes de bois et des pierres levĂ©es, furent longtemps rĂ©citĂ©es lors des veillĂ©es dâhiver. Perzouen laissa derriĂšre lui une communautĂ© unie, forte de ses Ă©preuves et fiĂšre de son nom, prĂȘte Ă affronter les siĂšcles.
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â Pennbobl II (1525â1568) - Lâisolement et la consolidation âFin du Titre
Ă la mort de Perzouen, ce fut son fils unique qui monta sur le trĂŽne sous le nom de Pennbobl II. HĂ©ritier dâun royaume encore jeune et vulnĂ©rable, il fut Ă©levĂ© dans la crainte des puissances lointaines et des menaces venues de lâextĂ©rieur. LĂ oĂč son pĂšre avait posĂ© les fondations dâune nation ouverte et vigilante, Pennbobl II choisit lâisolement comme bouclier.
DĂšs le dĂ©but de son rĂšgne, il dĂ©crĂ©ta la fermeture des frontiĂšres maritimes et limita les Ă©changes avec les quelques peuples encore prĂ©sents au-delĂ des forĂȘts profondes et des montagnes. Le Neved devait se suffire Ă lui-mĂȘme. Le jeune souverain redoutait plus que tout les ambitions des royaumes anciens encore actifs, comme ceux de la Manche Blanche, quâil soupçonnait de vouloir Ă©tendre leur influence sur ces terres oĂč les exilĂ©s avaient trouvĂ© refuge.
Cette politique de repli sâaccompagna dâun travail de fond. Sous son autoritĂ©, lâagriculture fut amĂ©liorĂ©e, les terres les plus fertiles furent recensĂ©es et protĂ©gĂ©es, et de nouveaux champs furent dĂ©frichĂ©s dans les vallĂ©es humides. Les techniques de pĂȘche et dâĂ©levage se perfectionnĂšrent, hĂ©ritĂ©es autant des traditions des Nevediens que des anciens savoirs des Eronned. Le tissage, la poterie et la forge connurent un essor considĂ©rable, permettant au royaume de ne dĂ©pendre de personne.
Lâune des grandes dĂ©cisions de son rĂšgne fut lâĂ©dification des premiĂšres murailles solides autour dâEstuarenn. BĂąties en pierre et en bois massif tirĂ© des forĂȘts de la haute vallĂ©e du Kannor, elles tĂ©moignaient de la volontĂ© farouche du souverain de dĂ©fendre le cĆur de la nation. Des tours de guet furent installĂ©es sur les hauteurs et des sentinelles veillaient nuit et jour, scrutant lâhorizon et les passes maritimes.
Si cette politique assura au Neved plusieurs dĂ©cennies de stabilitĂ©, elle freina Ă©galement les Ă©changes dâidĂ©es et de cultures. Lâart changea trĂšs peu, les croyances demeurĂšrent immuables, et les traditions anciennes furent prĂ©cieusement gardĂ©es, sans jamais sâouvrir Ă lâextĂ©rieur. Le royaume se referma sur lui-mĂȘme, enfermĂ© dans un ordre social strict oĂč chaque famille avait une place assignĂ©e.
MalgrĂ© sa prudence excessive et son refus dâouverture, Pennbobl II fut respectĂ© pour son sens de la justice et pour avoir su prĂ©server la paix intĂ©rieure. Il mourut en 1568, Ă lâĂąge avancĂ© de soixante-huit ans, laissant derriĂšre lui un pays solide, aux fondations robustes, mais enfermĂ© dans ses propres murs. Son rĂšgne fut vu plus tard comme une Ăšre de stabilitĂ© nĂ©cessaire, mais marquĂ©e par lâimmobilisme et le silence du monde au-delĂ des frontiĂšres.
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â Pennbobl III (1568â1600) â Le souffle du changement âFin du Titre
Fils unique de Pennbobl II, Pennbobl III grandit dans lâombre dâun royaume figĂ©, oĂč chaque usage, chaque loi et chaque croyance demeuraient inchangĂ©s depuis prĂšs dâun siĂšcle. DĂšs son plus jeune Ăąge, il sâinterrogea sur la nĂ©cessitĂ© de cet isolement et sur le poids Ă©crasant de la monarchie absolue instaurĂ©e par son aĂŻeul Perzouen. Il Ă©coutait en secret les rĂ©cits des voyageurs Ă©garĂ©s, des marchands tĂ©mĂ©raires et des marins Ă©garĂ©s venus dâau-delĂ des forĂȘts ou des mers lointaines, qui Ă©voquaient des royaumes changeants et des peuples libres.
Lorsquâil monta sur le trĂŽne en 1568, le jeune roi entreprit de bouleverser ce que ses prĂ©dĂ©cesseurs avaient laissĂ© en hĂ©ritage. Il fut le premier roi du Neved Ă questionner ouvertement lâidĂ©e dâun pouvoir absolu. PersuadĂ© quâun monarque devait gouverner avec son peuple plutĂŽt que de sâimposer Ă lui, il chercha Ă poser de nouvelles fondations pour assurer plus dâĂ©quitĂ© et de justice.
Sous son initiative fut créé le Premier Conseil des Rives, une assemblĂ©e regroupant des reprĂ©sentants des villages, des guildes dâartisans et des anciens clans de la forĂȘt. Ce conseil avait pour mission dâĂ©pauler le souverain, de discuter des affaires du royaume et de sâassurer du bien-ĂȘtre du peuple. Ce fut une rĂ©volution silencieuse, mais lourde de consĂ©quences. Certaines anciennes familles nobles, rĂ©cemment enrichies grĂące Ă lâexpansion des terres cultivĂ©es et au commerce du bois, virent dâun mauvais Ćil cette perte dâinfluence et se repliĂšrent dans leurs domaines.
Pennbobl III promut une justice plus Ă©quitable. Il rĂ©duisit les privilĂšges de lâĂ©lite naissante, abolit certaines taxes iniques, et autorisa les communautĂ©s paysannes Ă dĂ©signer leurs propres juges locaux pour les affaires mineures. LâĂ©conomie connut Ă©galement un lĂ©ger renouveau, les Ă©changes reprirent timidement avec quelques tribus forestiĂšres et des navigateurs Ă©trangers Ă©garĂ©s le long des cĂŽtes. Les artisans furent encouragĂ©s Ă perfectionner leurs savoir-faire et de nouveaux marchĂ©s saisonniers virent le jour dans les bourgs.
Mais ce vent de renouveau provoqua des remous au sein de la cour et des hautes instances. Plusieurs familles influentes, nourries des privilĂšges accordĂ©s sous les rĂšgnes prĂ©cĂ©dents, voyaient dâun mauvais Ćil ce pouvoir partagĂ© et ces idĂ©es jugĂ©es dangereusement Ă©trangĂšres. Le royaume, bien que consolidĂ© depuis les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes, demeurait fragile dans son Ă©quilibre politique.
En 1600, aprĂšs plusieurs annĂ©es de tensions et de complots de palais, ce fut son propre fils qui mit fin Ă son rĂšgne. AnimĂ© par lâambition et la peur de voir sâĂ©roder lâautoritĂ© royale, le prince conspira avec les partisans de lâordre ancien. Dans un geste brutal mais maquillĂ© de lĂ©gitimitĂ©, il fit arrĂȘter Pennbobl III et lâexila avec ses partisants sur une Ăźle inhabitĂ©e, perdue au milieu des eaux glacĂ©es de lâocĂ©an Carmin. Avec lui partirent plusieurs de ses fidĂšles conseillers et artisans des rĂ©formes, relĂ©guĂ©s au rang de parias.
Ainsi sâĂ©teignit le rĂšgne du roi rĂ©formateur, dont les idĂ©es ne disparurent pas pour autant. Elles survĂ©curent dans les rĂ©cits clandestins, dans les villages du Kannor et dans les mĂ©moires du peuple. Bien des annĂ©es plus tard, ses descendants de pensĂ©e ressurgiraient Ă lâaube de nouvelles luttes.
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â Ri I (1600â1610) - La dictature âFin du Titre
Lorsque Ri I, fils de Pennbobl III, sâempara du trĂŽne en 1600, câest dans un climat de trahison et de tension quâil entama son rĂšgne. HĂ©ritier inquiet, Ă©levĂ© dans lâidĂ©e que lâautoritĂ© du monarque ne devait ĂȘtre contredise, il considĂ©rait les rĂ©formes de son pĂšre comme une menace pour la stabilitĂ© et lâavenir du Neved. Ă peine couronnĂ©, il fit abroger les dĂ©cisions du Premier Conseil des Rives et proclama le retour Ă une monarchie forte et centralisĂ©e.
Sous son autoritĂ©, le Neved entra dans une dĂ©cennie de gouvernement autoritaire et de contrĂŽle strict. Toutes les voix dissidentes furent Ă©touffĂ©es. Les anciens conseillers fidĂšles Ă Pennbobl III furent arrĂȘtĂ©s, exilĂ©s sur la mĂȘme Ăźle que celui-ci ou condamnĂ©s aux travaux forcĂ©s dans les mines des montagnes. Le moindre soupçon de contestation suffisait Ă attirer la mĂ©fiance des officiers royaux.
Pourtant, paradoxalement, cette pĂ©riode de duretĂ© politique sâaccompagna dâun dynamisme Ă©conomique et militaire remarquable. Ri I lança de vastes campagnes de modernisation. Il rĂ©organisa lâarmĂ©e, crĂ©a des corps spĂ©cialisĂ©s pour surveiller les frontiĂšres et les cols de montagne, et fit Ă©riger de nouvelles forteresses de pierre le long du Kannor et dans les vallĂ©es isolĂ©es. Les routes furent entretenues et des ponts jetĂ©s sur les riviĂšres, facilitant la circulation des troupes et des marchandises.
Le commerce maritime, jusque-lĂ timide, connut un nouvel essor sous son impulsion. De petits chantiers navals virent le jour sur les rivages. Le royaume se renforça ainsi sur les plans dĂ©fensif et Ă©conomique, mĂȘme si ce dĂ©veloppement ne bĂ©nĂ©ficia guĂšre au peuple, trop Ă©crasĂ© par les taxes et la surveillance.
Dans les villages et les campagnes, un climat de peur sâinstalla. Des informateurs Ă©taient dissĂ©minĂ©s parmi les artisans, les marins et mĂȘme les religieux. Les cĂ©lĂ©brations traditionnelles hĂ©ritĂ©es des Eronned et des premiers exilĂ©s furent limitĂ©es, certaines interdites, car jugĂ©es sources de rassemblements suspects. Les forĂȘts elles-mĂȘmes devinrent des lieux surveillĂ©s, oĂč se retrouvaient en secret les nostalgiques des jours anciens.
Ri I rĂ©gna dâune main de fer durant dix annĂ©es, maintenant le royaume dans une stabilitĂ© apparente, mais au prix dâun contrĂŽle implacable et dâune tension latente. En 1610, sa mort soudaine, Ă lâĂąge de quarante-deux ans, dans des circonstances troubles, mit un terme Ă cette dĂ©cennie dâautoritarisme. Certains racontĂšrent quâil fut empoisonnĂ© par ses propres conseillers, las de vivre sous le joug de la terreur, tandis que dâautres Ă©voquĂšrent un mauvais prĂ©sage venu des montagnes.
Son dĂ©cĂšs ouvrit une nouvelle Ăšre dâincertitudes et de luttes de pouvoir, car nul hĂ©ritier dĂ©signĂ© ne sâĂ©tait imposĂ© avec Ă©vidence. Le trĂŽne du Neved, vacillant, attendait son prochain maĂźtre.
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â Pennbobl IV (1610â1612) - Le coup d'Ă©tat âFin du Titre
1610 marqua un tournant majeur dans le destin du Neved. AprĂšs une dĂ©cennie dâoppression et de peur sous Ri I, la rĂ©volte grondait dans les rues dâEstuarenn et jusquâaux hameaux isolĂ©s des montagnes. Le peuple, Ă©crasĂ© par les taxes, les restrictions et les lois strictes, trouva un soutien dans une partie de la noblesse, fatiguĂ©e elle aussi de voir ses droits diminuer. Les souvenirs du rĂšgne rĂ©formateur de Pennbobl III restaient vivaces dans les esprits et dans les chansons populaires fredonnĂ©es en secret.
Au dĂ©but de lâĂ©tĂ©, un soulĂšvement coordonnĂ© Ă©clata. Des insurgĂ©s, soutenus par plusieurs groupes des collines et des commandants militaires dissidents, prirent le contrĂŽle des portes dâEstuarenn et de plusieurs forteresses en amont du Kannor. Le peuple suivit, brisant les symboles de lâautoritĂ© royale dans les places publiques. En lâespace de quelques jours, la capitale fut renversĂ©e sans effusion de sang majeure.
Ă la tĂȘte de cette rĂ©bellion se tenait Pennbobl IV, un cousin du roi dĂ©chu et lointain hĂ©ritier du premier souverain. Homme dâesprit et fin politique, il avait grandi dans lâombre, observant les abus du pouvoir et tissant patiemment des alliances. ConsidĂ©rĂ© par beaucoup comme lâhĂ©ritier lĂ©gitime des idĂ©es de Pennbobl III, il fut acclamĂ© comme sauveur dĂšs son arrivĂ©e Ă Estuarenn.
Ă peine couronnĂ©, Pennbobl IV sâattela Ă dĂ©faire les lois oppressives de son prĂ©dĂ©cesseur. Il remit en vigueur les premiers textes constitutionnels de son aĂŻeul et Ă©largit le rĂŽle du Conseil des Rives, le transformant en vĂ©ritable assemblĂ©e consultative oĂč siĂ©geaient dĂ©sormais des reprĂ©sentants de toutes les couches de la sociĂ©tĂ©, artisans, pĂȘcheurs, cultivateurs, chefs de villages et notables des anciennes familles. Il encouragea de nouveau les fĂȘtes traditionnelles et les coutumes ancestrales issues de la fusion entre les Nevediens et les Eronned.
Durant son bref rĂšgne, Pennbobl IV fit renaĂźtre un climat dâespĂ©rance. Des projets dâassainissement des ports furent lancĂ©s, des ponts reconstruits et les Ă©changes commerciaux repris avec des contrĂ©es lointaines.
Mais le destin fut cruel. Ă peine deux annĂ©es aprĂšs son avĂšnement, en 1612, Pennbobl IV contracta une maladie mystĂ©rieuse qui le cloua au lit. Les guĂ©risseurs du royaume ne purent rien contre ce mal, qui lui fit perdre la parole et la force. Il mourut au printemps, Ă lâĂąge de trente-huit ans, entourĂ© de ses proches et des anciens du Conseil.
Sa disparition laissa un pays en pleine transformation, dĂ©chirĂ© entre lâenvie de poursuivre les rĂ©formes et la peur dâun retour de lâautoritarisme. Le trĂŽne du Neved se retrouva de nouveau vacant, et lâhistoire hĂ©sita sur la direction quâelle prendrait.
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â Pennbobl V (1612â1656) - La rĂ©unification et lâexpansion âFin du Titre
Lorsque Pennbobl V monta sur le trĂŽne en 1612, le royaume du Neved se trouvait Ă la croisĂ©e des chemins. HĂ©ritier des rĂ©formes inachevĂ©es de Pennbobl IV, il hĂ©rita dâun peuple divisĂ© entre les partisans de la monarchie constitutionnelle et ceux qui redoutaient la perte de lâautoritĂ© royale. Visionnaire et fin stratĂšge, Pennbobl V comprit que lâavenir du royaume dĂ©pendrait de sa capacitĂ© Ă rĂ©concilier ces hĂ©ritages contraires et Ă rassembler les diffĂ©rentes branches de ce peuple morcelĂ©.
Lâune de ses premiĂšres dĂ©cision fut de retrouver les descendants des exilĂ©s de lâĂźle du milieu de lâocĂ©an Carmin. Ces partisans de Pennbobl III, envoyĂ©s loin du continent sous le rĂšgne de Ri I, avaient fondĂ© une colonie indĂ©pendante et prospĂšre au fil des gĂ©nĂ©rations. De vieilles rumeurs racontaient quâils y avaient prĂ©servĂ© les principes de la monarchie partagĂ©e.
AprĂšs des annĂ©es de prĂ©paration, une flotte fut armĂ©e et dĂ©pĂȘchĂ©e vers le sud, bravant les tempĂȘtes et les brumes traĂźtresses de lâocĂ©an Carmin. LâexpĂ©dition, sans rĂ©elle difficultĂ© rĂ©ussie Ă convaincre les habitants de l'Ăźle du bien-fondĂ© dâune rĂ©unification.
En 1624, les deux Ătats scellĂšrent leur union politique et territoriale sous la banniĂšre du Royaume du Neved uni. La signature du traitĂ© fut accueillie avec ferveur par le peuple, vue comme un acte de rĂ©conciliation historique effaçant les marques du passĂ©. LâĂźle prit alors le nom dâAn Riv-Du, "lâĂźle des serments", en mĂ©moire de lâalliance entre les deux peuples.
Cette fusion territoriale permit dâĂ©tendre le royaume tout en accroissant son rayonnement maritime. Des voies maritimes furent mises en place, reliant le continent aux ports de lâĂźle, permettant ainsi des Ă©changes enrichissants de savoirs, de marchandises et de traditions.
Fier du succĂšs de cette expĂ©dition et encouragĂ© par lâenthousiasme populaire quâelle avait suscitĂ©, Pennbobl V ordonna peu de temps aprĂšs lâorganisation dâune seconde expĂ©dition maritime. Celle-ci devait mettre le cap vers le nord, Ă la recherche dâune autre Ăźle oĂč, selon les rĂ©cits des anciens et les archives des marins, certains membres du lĂ©gendaire Frankiz sâĂ©taient installĂ©s durant le grand voyage de la fuite des colonies.
AprÚs plusieurs saisons éprouvantes passées à naviguer dans des brumes épaisses et à éviter les archipels rocheux, les navires Nevediens arrivÚrent sur cette terre reculée. Une petite communauté isolée avait résisté, perpétuant les traditions maritimes et les coutumes des premiers exilés. Isolés depuis longtemps, ces habitants accueillirent la flotte comme des frÚres attendus depuis des générations. La promesse fût tenue.
LâĂźle fut intĂ©grĂ©e au Royaume sous le nom de Ar Yen (le gel), en rĂ©fĂ©rence au climat et Ă la gĂ©ographie de celle-ci. Cette union acheva de reconstituer la mĂ©moire dispersĂ©e du peuple Nevedien et affirma Pennbobl V comme le souverain de la rĂ©unification totale.
Sous son rĂšgne, Pennbobl V poursuivit Ă©galement la modernisation de lâadministration. Il fit rĂ©diger le premier vĂ©ritable Code, compilant lois, coutumes et droits du peuple, et rĂ©organisa le Conseil des Rives, qui devint un organe essentiel de la vie politique. Les fĂȘtes ancestrales, mĂȘlant rites celtiques et cultes anciens de la nature hĂ©ritĂ©s des Eronned, furent codifiĂ©es et intĂ©grĂ©es au calendrier officiel.
JusquâĂ sa mort en 1656, Pennbobl V fut vĂ©nĂ©rĂ© comme le roi de la paix retrouvĂ©e et de lâexpansion. Son rĂšgne laissa lâimage dâun souverain sage et rassembleur, bĂątisseur dâun royaume unifiĂ© oĂč les mĂ©moires dispersĂ©es dâexil, de rĂ©sistance et de rĂ©conciliation trouvĂšrent enfin un langage commun.
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â Pennbobl VI (1656â1698) - LâĂąge dâor dans lâisolement âFin du Titre
Sous le long rĂšgne de Pennbobl VI, le Neved connut ce que les historiens dĂ©signĂšrent plus tard comme un Ăąge dâor discret et contenu. Le royaume prospĂ©rait, ses campagnes Ă©taient fertiles, ses forĂȘts giboyeuses, et ses ports abritĂ©s grouillaient de navires de pĂȘche et de petits bateaux de commerce intĂ©rieur. Pourtant, malgrĂ© cette prospĂ©ritĂ©, le souverain maintint une politique rĂ©solument tournĂ©e vers lâisolement.
Refusant les alliances Ă©trangĂšres et les contacts commerciaux au-delĂ des mers proches, Pennbobl VI concentra tous ses efforts sur le renforcement et lâembellissement du royaume. Des routes pavĂ©es furent tracĂ©es entre les citĂ©s et les villages, les ports modernisĂ©s pour accueillir de plus grandes flottes de pĂȘche, et de nouveaux ponts jetĂ©s au-dessus des riviĂšres et des fleuves tumultueux. Les rĂ©gions les plus reculĂ©es, comme les hautes vallĂ©es et les villages forestiers, furent reliĂ©es Ă Estuarenn et aux villes cĂŽtiĂšres, facilitant ainsi les Ă©changes et la cohĂ©sion du territoire.
Lâagriculture connut Ă©galement un essor considĂ©rable, de vastes champs furent dĂ©frichĂ©s sur les terres autrefois laissĂ©es aux broussailles et aux forĂȘts, des cultures nouvelles furent expĂ©rimentĂ©es, et les techniques dâĂ©levage amĂ©liorĂ©es. Les greniers Ă blĂ© et les entrepĂŽts de poisson salĂ© garantissaient dĂ©sormais des rĂ©serves suffisantes pour affronter les hivers les plus rigoureux.
Pennbobl VI porta aussi une attention particuliĂšre aux savoirs et Ă la culture. Des Ă©coles furent fondĂ©es dans les bourgs, oĂč lâon enseignait les arts traditionnels, la navigation, lâhistoire du peuple Nevedien et les rĂ©cits des anciens.
La stabilitĂ© politique et sociale, assurĂ©e par une politique extĂ©rieure prudente, donna au Neved les moyens de bĂątir une sociĂ©tĂ© prospĂšre et soudĂ©e, oĂč lâidentitĂ© nationale se nourrissait des mythes, chants et traditions transmis de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration. Mais sous cette autarcie paisible, quelques voix sâĂ©levaient pour dire quâun peuple ne pouvait Ă©ternellement ignorer le vaste monde sans risquer de se sclĂ©roser.
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â Pennbobl VII (1698â1734) - RĂ©forme territoriale âFin du Titre
Sous le gouvernement de Pennbobl VII, le Neved fut réorganisé en profondeur sur les plans administratif et territorial. Le souverain, conscient des besoins liés à la croissance du royaume et à la variété de ses terres, établit un découpage en cinq grandes régions, chacune avec une forte identité et des spécificités culturelles et géographiques.
Sur le continent, trois rĂ©gions se partageaient le territoire principal. An Norzh, la plus petite, sâĂ©tendait au nord-ouest, cernĂ©e de mers Ă lâest, au nord et Ă lâouest, un territoire de caps rocheux, de cĂŽtes dĂ©chiquetĂ©es et de forĂȘts humides oĂč sâabritaient de vieux villages de pĂȘcheurs et des montagnards farouches. Les montagnes y Ă©taient basses mais omniprĂ©sentes, et les hivers longs et rudes sculptaient le caractĂšre des hommes.
Plus au sud, An Kreiz occupait le cĆur du royaume. CâĂ©tait la plus vaste et la plus peuplĂ©e des provinces, oĂč se dressait Estuarenn, capitale et berceau du peuple Nevedien. An Kreiz rassemblait de vastes plaines fertiles, des champs ouverts, des forĂȘts profondes et des lacs dâeau claire. Les contreforts de hautes montagnes bordaient ses rivages, tandis que le Kannor, fleuve sacrĂ© et colonne vertĂ©brale du pays, y serpentait avant de rejoindre la mer.
Enfin, au sud, An Su formait la rĂ©gion la plus sauvage et escarpĂ©e. Couverte de chaĂźnes montagneuses abruptes et de vallĂ©es secrĂštes, elle offrait peu de terres arables, mais ses forĂȘts profondes et ses ressources minĂ©rales en faisaient un territoire stratĂ©gique et farouchement indĂ©pendant. Ses habitants, montagnards aguerris et forgerons rĂ©putĂ©s, Ă©taient connus pour leur fidĂ©litĂ© indĂ©fectible Ă la couronne et leur sens de lâhonneur.
Deux Ăźles complĂ©taient cette organisation. An Riv-Du, situĂ©e loin au sud du continent, baignait dans des eaux chaudes et des climats tropicaux. BordĂ©e de plages nacrĂ©es, de rĂ©cifs et de forĂȘts luxuriantes, elle vivait en partie Ă lâĂ©cart des intrigues du continent. Ses habitants cultivaient des fruits et plantes rares, naviguaient sur de longues pirogues et cĂ©lĂ©braient des rites anciens liĂ©s aux astres et aux marĂ©es.
Au nord, bien plus loin, se trouvait Ar Yen, Ăźle solitaire et battue par les vents, oĂč le climat rude et froid ne laissait place quâĂ de vastes landes, des plateaux pierreux et quelques forĂȘts clairsemĂ©es. Son peuple, peu nombreux mais solide et tenace, maĂźtrisait lâart de la pĂȘche en eaux glacĂ©es et les traditions des longues veillĂ©es dâhiver sous les aurores borĂ©ales. Ar Yen reprĂ©sentait Ă la fois un avant-poste stratĂ©gique et un sanctuaire des anciens cultes liĂ©s aux Ă©lĂ©ments.
Chaque rĂ©gion fut ensuite divisĂ©e en cantons, rassemblant plusieurs communes et villages, organisĂ©s autour dâun chef de canton dĂ©signĂ© par les autoritĂ©s royales. Cette nouvelle organisation permit de mieux rĂ©partir les ressources, de renforcer le contrĂŽle de la couronne sur les provinces, et de structurer les milices locales selon les particularitĂ©s de chaque territoire.
Cette réforme permit à Pennbobl VII de sauvegarder les identités régionales tout en consolidant leur appartenance à un royaume unique.
Les rites, cĂ©lĂ©brations et coutumes locales furent sauvegardĂ©s et inscrits dans les lois, assurant un Ă©quilibre harmonieux entre diversitĂ© culturelle et unitĂ© nationale. Le Neved sâengageait dans une Ăšre de stabilitĂ© renouvelĂ©e, prĂȘte pour les siĂšcles Ă venir.
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â Pennbobl VIII (1734â1769) - MontĂ©e des revendications populaires âFin du Titre
Le long rĂšgne de Pennbobl VIII fut marquĂ© par un climat social et politique de plus en plus tendu. AprĂšs des dĂ©cennies de centralisation et dâisolement volontaire, les peuples du Neved commencĂšrent Ă rĂ©clamer davantage de libertĂ©s et de justice. Les inĂ©galitĂ©s se faisaient sentir, entre les grandes familles proches de la couronne et les communautĂ©s rurales, maritimes et montagnardes qui supportaient lâessentiel des charges du royaume.
Un peu partout, dans les villages cÎtiers, les hameaux forestiers et les bourgs des plaines, les habitants se rassemblaient discrÚtement pour discuter des impÎts jugés excessifs, des abus des représentants du pouvoir et du droit de participer aux décisions qui régissaient leur vie quotidienne. Les pratiques traditionnelles, autrefois chéries au niveau local, furent graduellement réprimées par les ordres venus du centre du pouvoir, et le peuple ne supportait guÚre cette menace pesant sur ses rites.
Des assemblĂ©es clandestines apparurent, rĂ©unissant paysans, artisans, pĂȘcheurs et chefs de clan. On y Ă©voquait la nĂ©cessitĂ© dâune justice plus Ă©quitable, dâune redistribution des ressources et dâun allĂšgement des taxes. Ces mouvements demeurĂšrent dans un premier temps discrets, mais leur nombre et leur influence grandirent dâannĂ©e en annĂ©e.
Face à cette montée de contestation, Pennbobl VIII adopta une attitude inflexible. Opposé à toute modification politique ou administrative, il accentua la surveillance dans les provinces et fit dissoudre plusieurs conseils locaux. Les chefs furent soit bannis, soit incarcérés, tandis que les garnisons des forts furent renforcées.
MalgrĂ© ces mesures de rĂ©pression, le mĂ©contentement persistait, nourri par le sentiment dâĂȘtre oubliĂ© ou mĂ©prisĂ© par un pouvoir central sourd aux rĂ©alitĂ©s du quotidien. Cette pĂ©riode marqua les prĂ©mices dâun basculement, alors que la confiance du peuple envers la monarchie commençait Ă vaciller et que lâidĂ©e dâune rĂ©forme profonde du royaume germait lentement dans les esprits.
Pennbobl VIII sâĂ©teignit en 1769 de causes naturelles, dans sa rĂ©sidence de la capitale. AprĂšs plus de trois dĂ©cennies de rĂšgne, il laissa derriĂšre lui un royaume solide mais fracturĂ©, oĂč les tensions quâil avait tentĂ© dâĂ©touffer continuaient de couver sous la surface. Sa disparition ouvrit la voie Ă de nouvelles ambitions et Ă lâespoir dâun changement longtemps attendu.
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â Pennbobl IX (1769 - 1800) - La rĂ©volution de 800 âFin du Titre
Ă son avĂšnement, Pennbobl IX trouva un royaume fracturĂ©, oĂč les tensions sociales et politiques, dĂ©jĂ vives sous son pĂšre, ne faisaient que sâaggraver. Au lieu de rĂ©pondre aux appels des AssemblĂ©es RĂ©gionales et des conseils locaux pour plus de droits et dâautonomie, il poursuivit une politique autoritaire.
Les impĂŽts demeuraient lourds, les privilĂšges des grandes familles de la capitale inchangĂ©s, et les traditions locales toujours plus Ă©touffĂ©es par des Ă©dits centraux. Les voix appelant Ă une rĂ©forme du pouvoir, Ă une redistribution plus Ă©quitable des ressources et Ă la reconnaissance des coutumes rĂ©gionales se multipliĂšrent, portĂ©es aussi bien par des paysans que par des artisans, des navigateurs et mĂȘme certains notables.
ConfrontĂ© Ă une opposition croissante, Pennbobl IX fit preuve dâune grande fermetĂ©. Il augmenta la surveillance dans les provinces, interdit les rĂ©unions publiques et fit arrĂȘter les chefs des mouvements de contestation. Toutefois, cette rĂ©pression attisa davantage la colĂšre populaire.
En lâan 1800, la situation bascula. Un soulĂšvement Ă©clata simultanĂ©ment dans plusieurs rĂ©gions. Au sein d'Estuarenn, des artisans et des pĂȘcheurs prirent les armes, dans les campagnes dâAn Kreiz, les paysans incendiĂšrent les manoirs des collecteurs dâimpĂŽts, dans les ports dâAn Norzh et sur les sentiers dâAn Su, les garnisons royales furent dĂ©bordĂ©es. Des AssemblĂ©es RĂ©gionales proclamĂšrent leur autonomie et appelĂšrent Ă lâabolition du pouvoir royal.
Rapidement, une coalition populaire rĂ©unissant paysans, artisans, chefs de clans, navigateurs et notables modĂ©rĂ©s se forma. Sous la banniĂšre du Neved, libre et unie, ils marchĂšrent sur la capitale. AprĂšs plusieurs jours de rĂ©volte et dâaffrontements dans les rues dâEstuarenn, Pennbobl IX fut capturĂ© et emprisonnĂ© dans lâancienne forteresse de Kannor-Bihen.
La RĂ©volution de 800 (ou, de 1800) mit fin Ă plusieurs siĂšcles de monarchie. Le pouvoir royal fut officiellement aboli, et un gouvernement provisoire, composĂ© de reprĂ©sentants des diffĂ©rentes rĂ©gions et communautĂ©s, fut instaurĂ©. Cette rĂ©volution marqua le dĂ©but dâune nouvelle Ăšre pour le Neved, celle dâun peuple dĂ©cidant enfin de son destin.