11/05/2017
22:28:27
Index du forum Scène Internationale Diplomatie internationale

Mesolvarde - Velsna : Minons les océans

3430
Prototype
Prototype CMD

Suite à la proposition de la Grande République, l’Empire de Drovolski décida qu’en gage d’amitié et au vu de la bonne tenue de la correspondance, il était du devoir des industriels de Mesolvarde de se présenter à la rencontre afin de contribuer ensemble à l’édification du véritable ordre économique de l’Empire. Ainsi, les discussions purent commencer, tout d’abord par le plus simple des commencements : une présentation des parties en présence.

Monsieur Ackerman : Vos Excellences, Messieurs, je suis Monsieur Ackerman, directeur de la CMD et actionnaire majoritaire de cette compagnie. Ma famille détient également, par l’intermédiaire de mon frère, des pouvoirs de direction sur la Banque Impériale de Drovolski, dont la mission ici se limitera à soutenir les initiatives impériales de Mesolvarde. En outre, je détiens les prérogatives de constitution industrielle et de direction économique, sous réserve bien entendu de mon soutien au régime politique, cela va de soi.

Je suis d’ailleurs à l’initiative de cette rencontre. La CMD exploite de nombreuses mines en Drovolski et ailleurs dans le monde, mais le manque de coopération internationale pour soutenir les trusts miniers empêche Drovolski d’étendre son expansion minière au-delà de ses frontières sans recourir à la guerre, ce qu’un récent décret impérial a limité, rendant ce projet d’intérêt national.

En substance, si nous ne pouvons pas exploiter les terres de nos voisins, exploitons les fonds marins. La CMD, comme la BID, raisonne avant tout en termes économiques : nous calculons le coût potentiel d’une guerre et le comparons aux bénéfices miniers pour déterminer si un projet est plus intéressant que des moyens coercitifs ou financiers. Car nous ne sommes pas à l’abri de bonnes nouvelles. En effet, le LHV suppose qu’en déployant une flotte de Beno-10, plusieurs États – notamment afféréens – pourraient ouvrir des concessions minières à la CMD en échange d’un engagement à écarter les activités nucléaires de Mesolvarde des zones maritimes.


Monsieur Golbar : Merci à la CMD pour cette introduction. La SDM, que je représente aujourd’hui, possède déjà les acides et les procédés nécessaires à la lixiviation océanique. Nous avons testé en laboratoire nos acides courants à base de soufre et, sans l’ombre d’un doute, le procédé est similaire et exploitable. En revanche, sur le plan économique, tout dépendra du minerai : l’acide et le procédé de raffinage sont globalement semblables, mais la teneur en minerais est très variable en mer alors qu’à terre, un filon offre généralement une teneur plus stable.

Toutefois, nous estimons les stocks de minerais marins bien plus importants que ceux disponibles sur terre. Plus qu’une rentabilité immédiate, la SDM voit donc dans ce projet un moyen d’assurer la pérennité de ses procédés au soufre, face à la fermeture progressive des gisements terrestres sous gestion de la CMD.

Il n’en demeure pas moins qu’à l’heure actuelle, l’extraction de minerais alcalins ou de métaux de transition, très rares dans la croûte terrestre, semble déjà intéressante sur le plan économique et commercial.


Monsieur Ackerman : Cela étant, nous faisons appel à vous, car notre industrie navale est trop faible pour assurer l’armement du pays (plan B) et la construction d’une flotte industrielle (plan A). L’Empire et sa politique sollicitent votre assistance pour construire un navire qui sera équipé à Mesolvarde de l’appareillage industriel nécessaire à la lixiviation des fonds marins. Sur le plan économique, la CMD achètera ce navire sur ses propres fonds, avec une marge réduite si vous l’acceptez, puis l’équipera à ses frais et assumera son exploitation avec des unités de production humaines. En contrepartie, elle rétrocédera environ 20 % de la valeur ajoutée générée à l’amirauté Velsna, en échange de la maintenance de la flotte. La TomaTo devra quant à elle assister la CMD sur le plan du réseau portuaire.

Un silence respectueux s’installa alors pour laisser aux Velsniens le temps de se présenter et d’exposer leurs intentions.
5977
"Lixivia-quoi ?": Rencontre pour affaires entre Velsna et Mesolvarde



La cité d'Adria n'était point un territoire de la Grande République, pas plus qu'il n'était un territoire mésolvardien. Pourtant, c'est bien là, dans un petit hôtel particulier dont la vue imprenable donnait sur le canal d'Adria, que cette entrevue avait lieu. La ville la plus orientale de la Dodécapole avait en effet été jugée comme l'endroit idéal, à mis chemin entre les deux pays, une cité à la tradition navale importante et historique, et qui contrôlait une partie du trafic maritime entre Drovolski et la cité sur l'eau. Aussi, quel endroit aurait été meilleur que celui ci pour accueillir les représentants de la CMD, dont le projet avait retenu l'attention des deux plus importants armateurs navals de la Grande République: le Groupe Laurenti Alfonso, et la SHAV (Société des honnêtes armateurs velsniens).

La SHAV avait accusé le coup, avec l'envoi de l'un de ses contributeurs les plus importants: l'homme d'affaires Vincenzo Tolomei. La SHAV étant en réalité un corps de métier articulé autour de plusieurs entreprises, ce fut le plus riche d'entre eux qui fut choisi. Il était méfiant, et ne s'attardait que sur des projets suscitant des gains immédiats. Aussi, à l'instar d'autres occurrences, il n'aurait que peu de patience pour ce qui nécessiterait des investissements à perte. Il était gros...très gros...à tel point qu'on aurait pu penser qu'il prenait deux chaises, et que les bagues qu'il avait aux doigts auraient pu disparaître: elles avaient l'air sérées, bien trop sérées. Quant au Groupe Laurenti, l'entreprise, l'un des groupes les plus puissants de la République, avait estimé que l'envoi de Fabio Lorica, expert-comptable qui ne faisait pas partie du groupe, mais qui agissait plutôt en tant que contractuel occasionnel lorsqu'un grand projet d'investissement était mis sur pied. Entre les deux hommes, figurait une personne que les mésolvardiens avaient appris à connaître: l'Amiragllia Sofia Di Saltis, commandante de la Classis III, en grande partie stationnée dans le détroit de Drovolski, même si pour des raisons de pollution évidente et de confort, le QG de la flotte avait été déplacé un peu plus au sud, en Pal Ponantaise. Jusqu'alors, la collaboration entre les deux états avait été fructueuse, aussi, malgré l'étrangeté du projet, elle conscenti à figurer à la réunion, en particulier du fait que le dit projet pouvait contenir un volet militaire qui impliquerait la flotte velsnienne.

Ce fut elle qui se leva la première pour accueillir les invités, comme pour signifier le respect au nom de tous, et malgré la grimace de Tolomei, qui se tout évidence, n'avait pas l'air de miser grand chose. Pourtant, l'atmosphère allait lentement évoluer au fur et à mesure de la rencontre, et de l'exposé d'Ackermann et Golbard. Les deux hommes autour de l'Amirale n'avaient pas l'air de faire grand cas de l'aberration écologique évidente que représentait l'ensemble du projet. Tolomei finit par se détendre, sortant même un cigare de sa proche, invitant l'un des domestiques à ouvrir l'une des fenêtres. Au contraire, l'Amiraglia semblait plus perplexe au fur et à mesure du discours, comme si leurs rôles respectifs s'étaient inversés. A l'ensemble de "l’œuvre" des deux mésolvardiens, Vincenzo Tolomei n'eut qu'une réaction:

"20% ? Intéressant. Pourquoi vous n'avez pas commencé par là ?"


L'expert-comptable, fut quant à lui légèrement plus réservé:
- Intéressant, certes, monsieur Tolomei, mais ce projet semble aussi pharaonique que dangereux. Pas seulement sur le plan économique, où je pense que les investissements seront titanesques, mais également sur le plan politique. Nous avons tout à perdre à nous faire accuser de polluer les fonds marins de la sorte. Non pas que nous ne soyons pas intéressés, loin de là, mais nous préférons que notre participation à un tel projet ne soit pas publique...sans quoi notre image pourrait être considérablement entachée. Aussi, nous pensons que le mieux pour nous est une participation des plus discrètes. Au vu du projet dont vous nous faites part, nous disposons des capacités techniques, industrielles et financières de participer à vos côtés à la construction de cette flotte de navires d'exploitation.

Tolomei se fent également de son commentaire sur la faisabilité du projet, beaucoup plus cynique que son compère:
- Il nous faudra également compter sur vous pour ce qui est de la stabilité de votre "Beno-10", lequel ne semble pas extrêmement stable aux dernières nouvelles. Nous sommes bien au fait des problèmes inhérents au Béno 10, quelle certitude avons nous qu'un incident comme il a l'air de tant en avoir sur ce modèle n'irradie pas les membres des équipages de ces bâtiments ? Je suis disposé à investir dans votre projet, et à prendre mes parts, mais il faut nous assurer, comme mon confrère l'a signifié, que toute cette affaire ne nous pète pas à la gueule, au sens figuré comme littéral. Il nous faut plusieurs assurances: celle d'être discrets dans la conduite de ces opérations de minage, celle de les faire opérer dans des trous paumés et des pays de crèves la faim qui n'iront pas se plaindre, en particulier de la nature du procédé de lixiviation. Et enfin, et c'est la plus importante: l'assurance de ne pas faire voguer ces navires-exploitations à perte. Si vous êtes capables de nous assurer de tous ces points, alors vous pourrez compter sur notre aide, tant pour le "plan A" que pour le "plan B".

Oh...une dernière chose: j'espère que vous n'avez pas vendu ce concept à des gouvernements tels quels, sans quoi on s'expose à de sacrés problèmes. Oubliez les mots "lessivages", "lixiviation" ou même "pollution". Il faut vraiment que ce projet ait l'air un peu plus...éthique. Je pense qu'il faudrait que vous fassiez une campagne de com, appuyant sur une sorte de "projet écologique", et que vous fassiez savoir au monde que là où la CMD est implantée, celle-ci se sert d'une fraction des revenus dégagés pour...je sais pas moi...construire des écoles, des crèches, des hôpitaux ou un autre truc du genre... D'où l'importance de faire cela dans des pays qui n'auront par la suite pas les moyens de s'opposer sur le plan international aux conséquences de l'exploitation minière en fonds marins, qui on va se l'avouer, va poser des problèmes à terme pour les locaux. Bref...votre plan est sur de bons rails, mais il faut le "polisser" un peu pour que ça passe. Si possible également, nous construirons ce qu'il y a à construire loin du territoire velsnien, histoire d'éviter les ennuis. Vous connaissez le principe du "greenwashing" ? C'est un solution commode pour faire croire qu'une activité polluante ne l'est pas, je vous conseille cette approche, je ne sais pas si vous en avez connaissance à Mesolvarde, mais ça permet de faire tout un tas de trucs qui en temps normal ne seraient pas autorisés. Mais pour conclure...tout cela est très encourageant, messieurs.


La fin du discours de l'homme d'affaires céda la place à un silence quelque peu gênant. L'Amirraglia n'avait pippée mot: peut-être était-elle profondément choquée par ce qu'elle avait entendu...


Haut de page