11/05/2017
22:49:39
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Rencontre Marcine, Antegrad, Churaynn et indépendantistes. // Une soirée à Marcine...


La haie d'honneur peut ressembler à cela

Quand le calme précède la tempête…

Un homme attendait dans les couloirs de l’immense palais royal de Marcine, il éprouvait un étonnant mélange d’anxiété et d’excitation, un peu comme s’il se préparait à un concours, un coktail de sentiments à la fois opposés mais proches, il ne savait pas comment définir ce qu’il ressentait. C’est peut-être ce qui caractérisait les rencontres diplomatiques entre parfaits inconnus, ou les conférences qui pouvaient déboucher sur des ratages complets… Après tout, les Marcinois enchaînaient les échecs diplomatiques depuis la confédéralisation, et il fallait bien se réapproprier toute une tradition diplomatique fonctionnant sur des échanges équitables et profitables à tous. Évidemment, Désiré Floubou devait lui aussi assurer les intérêts Marcinois, à savoir faire de l’enclave du Grammarnazistein un État ami de Marcine et un exemple de la décolonisation, c’est à dire pacifique et avec une transition démocratique réussie, voire même en faire un phare de la géopolitique locale… Qui sait, avec quelques coups de pouce cet Etat pourrait bien réussir à s’imposer, servant ainsi les intérêts de la presse marcinoise et de l’Afarée…

Seulement, il y avait l’Antegrad et le Churaynn, deux états pratiquement autocratiques et très probablement engagés dans la décolonisation pour des raisons biens trop pragmatiques, et qui chercheraient probablement à faire du petit état un tributaire ou un client de leur puissance, un chien qu’ils pourraient garder en laisse et qui rongerait bien docilement les os qu’ils leur laisseraient… Au moins, il fallait prier pour qu’eux aussi, à défaut d’obtenir ce qu’ils souhaitent, pourraient avoir des exigences moindres, qui conviendraient à tout le monde. Et au pire, s’il fallait convaincre les séparatistes, il saurait se montrer persuasif. Seulement, il avait l’infime espoir de voir les churayns et les antériens se comporter de manière raisonnables, et ne pas les voir s’entre-tuer pour un oui ou pour un non… Même si la proximité entre les deux états n’est pas à prouver, quelques désaccords stratégiques pouvaient faire sauter les plus belles alliances… Seulement il craignait qu’ils se montrent intraitables et qu’ils réclament l’intégralité du gâteau. « Au moins, si les Azuréens sont bornés, ils sont honnêtes dans leur combat… » se disait intérieurement Floubou, qui savait tout aussi bien que la classe politique marcinoise que la montée en tension avec l’Azur est une erreur qu’il fallait corriger lors de la prochaine rencontre qui aurait lieu entre la Confédération, représentée par le Royaume et le Califat…

Heureusement, il lui restait les indépendantistes, qu’il commençait à apprécier. Ces hommes n’avaient pas l’air complètement fous, ils avaient la même vision que les Marcinois sur le sujet, c’est à dire une décolonisation qui se fasse « proprement » sans massacres ou tensions inter-ethniques qui feraient de cet état un nouveau brasier qui enflammerait une fois de plus le continent. Ils étaient pragmatiques, n’adulaient pas leurs héros, les voyaient comme des partenaires stratégiques et non comme des sauveurs à vénérer et à supplier. Ils avaient l’air de savoir ce qu’il leur faut, des armes, un soutien diplomatique. Bref, des hommes lucides qui seraient des partenaires privilégiés pour Marcine… Et qui pourraient même être appelé à jouer un rôle dans cette partie de l’Afarée face à Cramoisie qui connaissait des revirements pour le moins… intéressants. Mais tout cela se voyait dans le temps long, et il fallait pour bien commencer préserver la souveraineté de cette petite colonie tout en jouant sur un potentiel compromis avec le Churaynn, et en espérant qu’ils sauraient êtres raisonnables, ou au moins discrets dans leurs revendications.

Car si Marcine a lancé cette rencontre, c’est avant tout pour parler de l’avenir. Le Grammarnazistein est faible, 10 milles hommes tout dont probablement un dixième dans sa colonie, petit millier d’hommes qui pourraient être aisément contrôlés et arrêtés par les rebelles. Mais après, ce n’était pas dit que le revanchisme prenne le dessus, et que le nouvel État se perde en purges ethniques pour se débarrasser des traîtres d’hier, amenant nécessairement les vautours qui pourraient y voir un excellent moyen d’y imposer leurs agendas politiques, leurs intérêts ou leurs candidats… Que de possibilités s’offriraient pour eux, tandis que l’Afarée fermerait là encore les yeux… Mais les Marcinois savaient pertinemment que ce n’est pas car l’on dit « maître » en arabe que l’on est plus heureux que si l’on dit « maître » en allemand. Et le Churaynn correspondait parfaitement à ces états impérialistes qui se font passer pour les héros de la décolonisation alors qu’au fond, ce les préoccupait n’était ni les civils les États, mais les futurs vassaux qu’ils obtiendraient et qui se soumettraient. Cela les Marcinois le savait, mais ils ne pouvaient se permettre d’affirmer de but en blanc que les Churayns étaient impérialistes, il fallait simplement trouver le moyen de les pousser à affirmer leurs revendications et à réussir à les mener sur des chantiers plus consensuels qui éviteraient bien des morts… Seulement, Désiré ne savait pas comment arriver à ses objectifs, d’autant plus lorsque Bolila est maintenant en train de s’empêtrer dans un débat juridique s’acharnant sur un flou constitutionnel qui va ramener une certaine animation à Marcine, qui n’en manque pas depuis le début de la Confédéralisation il y a de cela deux ans…

Mais déjà les hélicoptères et les avions atterrissaient tandis que la Garde Royale se mettait en marche pour accueillir les nouveaux arrivants. Les uniformes verts et les épaulettes dorées ainsi que les rubans rougeâtres qui caractérisaient l’étendard Marcinois. Et tandis que les berlines noires traversaient la Capitale sans trop éveiller l’attention, les motards escortant ces dernières affirmant que ce sont quelques représentants confédérés qui avaient été retenus à Antrania qui venaient siéger aux Chambres Confédérales pour les six prochains mois, et que le palais royal ne communiquait rien de particulier quant aux étranges arrivants… Et mis à part une vedette s’amarrant au Port Royal, rien de particulier attira l’attention des Marcinois, peu de monde savaient qui étaient les invités, et personne ne se posait réellement la question… Ainsi, lorsque les représentants arrivèrent, seuls une dizaine de militaires les accueillirent au pas de l’oie et présentèrent leurs sabres, tandis que le Premier Ministre, le Roi et le Ministre des Affaires Étrangères étaient occupés à préparer un dossier solide pour le présenter devant la Chambre et le Congrès Confédéral. Il était seul, et en s’asseyant il fit :

- « Bonjour Excellence, comme vous pouvez vous en douter, je suis Désiré Floubou, le chargé aux affaires afaréennes. Je n’userai pas ma salive en critiquant la situation au Grammarnazistein, ni en élucubrations inutiles. L’objectif est d’être clair et précis, et tout prévoir, y compris pour l’après, ou ce qui suivra l’indépendance de la colonie. Mais au lieu de nous perdre, nous devons procéder efficacement. En premier nous avons tous un objectif commun ; l’indépendance de ce petit État, reste à savoir comment ?

L’Excellence représentant les Monarcho-indépendantistes réclame des armes, dans ce cas-ci, que voulez-vous ? Sachez que Marcine n’aura aucun mal à puiser dans les stocks de la Confédération pour vous équiper, tout comme les États ici présents sont prêts à vous fournir matériels et vivres, nos flottes peuvent être à votre disposition pour empêcher le ravitaillement des troupes coloniales, voire même le soutien de leurs nouveaux amis du B.N.E ! Quant à vous Excellences, n’hésitez pas à proposer des solutions qui nous éviteraient d’arriver à de telles extrémités.

Je pensais en effet que le Grammarnzi serait prêt à céder à nos exigences si nous avions de quoi leur faire peur. Je pensais notamment à la menace d’invasion de la Métropole par les troupes confédérales, quelques exercices conjoints avec Karty étant un excellent moyen de les horrifier. Ou tout simplement en pratiquant une diplomatie agressive qui permettrait de rappeler à la Métropole qu’elle ne pourra jamais reprendre sa colonie… Enfin de multiples moyens s’offrent à nous. En revanche, j’aimerai que le missile balistique ne soit pas considéré comme une option viable. Derdendemdes n’a que Dix-sept milles habitants, et une frappe sur la localité serait dévastatrice, notamment pour les civils. Voyez-vous ? L’objectif est de priorisé la décolonisation par la pression diplomatique, pas par les armes. Évidemment, si le grammar-nazi s’y oppose, alors un plan B est à envisager, et sera cette fois-ci bien moins conciliants vis-à-vis du gouvernement de Weinel. Naturellement, ce ne sont que des propositions, et le décisionnaire final devrait être, à mon sens, les indépendantistes locaux.
 »

Après cette entrée en matière expéditive, le Marcinois avait opté pour une stratégie assez agressive, un flot de paroles permettant de s’imposer assez vite dans la conversation, et de quoi déboussoler ses potentiels rivaux. Puis il continua :

« Ensuite, je pense qu’il est nécessaire de mettre en commun nos renseignements sur le grammarnazistein, et permettre par là une coopération optimale. Je pense aussi que l’on devrait nous avertir mutuellement lorsque l’on tente une quelconque opération dans la région, et surtout attendre l’accord des indépendantistes locaux. C’est sur ces principes initiaux que devrait être basé notre collaboration mutuelle et le protocole qui en ressortira. Qu’en pensez-vous Excellences ? »
Azif Oucondo était un homme assez réputé en Anterie. Il avait été désigné par Jakamé Idi Akim au titre de Colonel de l’Afarée libre, ce qui signifie qu’il était chargé du soutien et de la diplomatie avec des groupes indépendantistes dans les colonies étrangère en Afarée. Il fut appelé par le Chef président pour représentait le pays à la rencontre à Marcine, un événement important pour la nouvelle république.

Il partit de la ville de Sihir, située dans l’exclave du sud-Antegrad, accompagné de quatre soldats, dont son secrétaire, à bord d’un hélicoptère de transport léger, escorté par deux hélicoptères d’attaque. Une fois atterri et escorté jusqu’au lieu de la rencontre, il salua la dizaine de militaires présents pour les accueillir. Il fut impressionné par l’organisation mise en place pour eux et pour les autres représentants.

"Salutations, excellence Désiré Floubou. Je suis d'accord avec vous, nous ne devons pas nous éterniser dans de longues discussions inutiles, et il est préférable d’aller directement à l’essentiel."

Il écouta attentivement le représentant marcinois, tout en prenant des notes et en murmurant quelques mots à son secrétaire, avant de prendre la parole:

"Comme l’a si bien dit Monsieur Floubou, notre nation est également en capacité de fournir du matériel militaire diversifié, de l'entraînement, ainsi que des vivres et des soins. Nous sommes prêts à tout pour soutenir votre accession à l’indépendance, sans jamais poser le pied sur votre sol, afin de garantir pleinement votre souveraineté.
Notre marine et notre aviation sont également prêtes à vous venir en aide en cas de besoin, il vous suffira d’un simple appel ou message.

Ensuite, une frappe de missiles balistiques n’est pas, et ne sera jamais, une option viable pour libérer votre territoire. Il ne saurait y avoir de véritable victoire si le territoire sois disant libéré est mutilé et que des vies civiles sont perdues.
Notre nation souhaite également éviter toute escalade militaire et se joint à la position de Monsieur Floubou en faveur d’une solution en premier lieux diplomatique à cette situation.

Pour conclure, nous sommes d’accord sur la mise en œuvre d’une coopération entre nos services de renseignement, afin de faciliter nos échanges. Il est par ailleurs évident que rien ne devra être entrepris sans l’accord des principaux concernés, les indépendantistes eux-mêmes."


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Colonel de l'Afarée libre Azif Oucondo
Tout le monde avait quelque chose à gagner

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Le Sadr, quand il écouta la missive marcinoise dans son bureau il y a quelques jours...

Quand le Sadr est en colère, la terre gronde. C’est de cette même manière qu’il se rendit vers Marcine. Pour une réunion. Cette réunion était le fruit des tirs de missiles sur la république des Trois Nations, c’était aussi bien sûr, le fruit des pressions diplomatiques faites sur le Garmflüßenstein. Ces pressions diplomatiques sont le travail seulement et uniquement churaynn. Le Sadr le savait, si le projet de décolonisation a avancé c’était grâce au blocus mais surtout aux efforts churaynn. Du moins, c’est ce qu’il pensait. On devait avoir absolument cette colonie garmflüßensteinoise. Cette colonie permettrait l’ouverture à l’Aleucie et inévitablement à l’Eurysie de l’Ouest. C’était là, aussi qu’il devait abriter les Kartiens ou les alliés du Garmflüßenstein ; le BNE. Ils savaient, que sûrement ils trouveraient un pays qui aiderait le Garmflüßenstein à soutenir militairement les colons. Pour le Sadr, la colonie serait sûrement le théâtre d’affrontements entre Marcine (Antérinie), Antegrad (nouvellement renommée Antérie) et Churaynn face au BNE. Churaynn avait tout à gagner de cette situation. D’un côté, il pourrait tester ces missiles sur le BNE et Karty, ils n’auraient juste qu’à dire qu’ils ne savaient pas que d’autres forces étaient présentes. Ils le souhaitaient, on priait pour qu’il y ait dans cette colonie des Kartiens, des Menkiens et des Slavienks. Les Kartiens avaient dit qu’ils ne protégeraient pas le Garmflüßenstein en Afarée mais, suite à la grande crise entre les deux pays, allaient-ils respecter leur parole ? La colonie du Garmflüßenstein allait devenir le terrain de chasse des alliés du Garmflüßenstein. Et le Sadr en riait déjà. On commençait à préparer les missiles de croisière, à échauffer les navires churaynns.

Le Sadr était surpris que les Azuréens, qui depuis le début étaient engagés contre le colonialisme, soient écartés de la conversation. Les Azuréens étaient une étoile montante de l’Afarée pour Churaynn. Certes, ils collaboraient beaucoup avec les Eurysiens mais ça devait rester un partenaire contre cette lutte commune. Que ce soit militairement ; une des plus grandes armées balistiques de l’Afarée, la première, et sûrement dans le top cinq au monde. Sa puissance militaire ne devait pas être sous-estimée. Ils pourraient être un allié très dissuasif contre les colonisateurs. Ça restait aussi un pays qui, économiquement, partait pour devenir la première puissance afaréenne et sûrement une des plus grandes puissances mondiales. Mais c’était surtout pour l’influence qu’il avait. Membre observateur de l’Organisation des nations commerçantes, membre observateur de l’Organisation des nations démocratiques, plusieurs pactes comme le Pacte afaréen de sécurité, de très bonnes relations avec les grandes puissances mondiales et surtout et simplement de bonnes relations avec beaucoup de pays. Cela faisait aussi de l’Azur un pays très influent, qui pourrait permettre de réunir beaucoup de pays contre la colonisation.

Qu’il en soit ainsi après tout.

Cette réunion était d’une importance capitale, car elle permettrait à Churaynn de voir quel serait le but des deux autres pays. Car oui, Churaynn a des intérêts. Churaynn a besoin de créer un grand port, qui leur permettra de devenir cette puissance qu’il rêve tant. Le Sadr savait qu’il allait sûrement tomber en désaccord sur quelques points avec les autres pays. Mais, dans son jet privé, il avait décidé de ne pas fumer. Ils avaient beaucoup à gagner dans cette réunion. On devait permettre aux churaynn, contre la libération de cette colonie, plusieurs cadeaux. Car ce n’était pas gratuit de libérer des esclaves. Le Sadr était un homme bon, un homme sage, qui n’avait pas pour but d’utiliser la faiblesse des autres pour en faire une force. Mais on parlait de quelques milliers d’habitants, c’était rien comparé à Yuthipista mais si on arrivait à les faire travailler, si on implantait nos usines… Oui, on avait quelque chose à avoir ; un dû.

Les Marcinois allaient sûrement soutenir pleinement les indépendantistes, sans avoir à gagner quelque chose. On savait qu’ils aimaient beaucoup les indépendantistes. Car pour organiser une réunion, a ceux qui, il y a quelques mois, avaient envoyé bouler les churaynns ( ceux qui étaient contre le régime garmflüßensteinois) . On avait très mal pris le message qu’ils avaient envoyé. Les Marcinois étaient sûrement de bonnes personnes, qui défendaient sans intérêt ni profit les populations colonisées.

Pour l’Anterie, ils allaient sûrement suivre les Marcinois. C’étaient eux aussi une puissance incontestée militairement. L’un des principaux alliés de Churaynn. Qui avait toujours aidé Churaynn. Le seul et unique pays qui, suite aux menaces des alliés de Karty, avait délibérément aidé Churaynn. Si Churaynn avait réussi à survivre jusqu’à là : c’était grâce à eux. Et c’est pour ça qu’on ne devait pas fâcher la délégation anteriène. En aucun cas, on devait se montrer impérialistes ou demander quelque chose en échange de la libération devant l’Anterie. Ils devaient rester un allié de Churaynn, car il y a quelques mois, ils avaient aidé au blocus contre la colonie de la République des Trois Nations.

Alors, on pouvait penser que Churaynn resterait coincé. Que faire ? Se mettre à dos un grand allié de Churaynn pour gagner beaucoup. Ou ne rien gagner. Le Sadr avait déjà tranché. Ni l’un ni l’autre. Sur son fauteuil, il écoutait (ne sachant pas bien lire), les revendications du parlement. Alors pour garantir tout ça, Churaynn devait s’imposer comme un allié dont on ne pourrait se passer. Ils avaient réussi à oublier l’Azur dans les négociations, ceux qui avaient presque tout. Mais le Sadr avait compris ; le sang du peuple doit couler. Et c’est seulement si ce sang coule abondamment que Churaynn obtiendra le monopole sur l’économie de cette colonie. Le plan était diabolique. Certes. Il savait que jamais le Garmflüßenstein ne laisserait la colonie simplement. Car son économie allait sûrement flancher. On allait sûrement prendre les armes. Du moins les donner aux indépendantistes. Sur cette colonie, il allait sûrement y avoir des alliés du Garmflüßenstein. Qui attendraient de pied ferme les alliés des indépendantistes. Par ce fait, il y aurait sûrement des tirs entre les deux blocs. C’est là, que Churaynn devra anéantir le bloc ennemi. Il volerait les armes, les navires, les mines… Tout. Tout ce qui était revendable pour faire « remarcher » l’économie de cette ancienne colonie. Le Sadr souriait encore plus face à cette idée, il ne souhaitait même pas ça aux Kartiens.

Le plan était en marche, bien sûr, c’était seulement le plan qui avait été envoyé au parlement. Qui désapprouva complètement l’idée quelques minutes avant son arrivée à Marcine. Seulement, le crâne de cet ancien criminel lui avait permis de se faire des plans en quelques minutes, des étapes qui lui avaient permis, de devenir le plus grand trafiquant de drogue entre Yuthipista (Churaynn) et l’Antérinie. Le monde avait fait bien les choses, car il rencontrait ceux qui avaient participé à son emprisonnement. Ils n’allaient sûrement pas le reconnaître, car il avait changé tout son corps et caché ses cicatrices.

Dès son arrivée, il fut très bien accueilli par les Marcinois. Il avait été escorté vers le lieu de la réunion. Tout allait commencer. Le destin d’une colonie, entre les mains d’un régime autoritaire et militaire ; un royaume afaréen qui montre enfin ses dents et un régime impérialiste qui veut juste faire beaucoup de profits.

Suite à ce que avait dit la délégation marcinoise, le Sadr avait laissé un léger sourire quand Désiré Floubou, celui qui était chargé des affaires afaréennes, a décidé de parler de ne pas utiliser de missiles balistiques. Le Sadr avait aussi lâché un hochement de tête car il avait complètement soutenu ce que M. Floubou venait de dire. Car, perdre quelques milliers d’habitants, qui auraient pu enrichir Churaynn aurait été idiot. Puis vint le tour des antèriens de parler. Auquel le Sadr allait sûrement devoir soutenir leurs discours. Après que les deux eurent fini de parler, le Sadr décida de parler. Ils savaient que la salle attendait que Churaynn montre son impérialisme, sa brutalité et son arrogance.

« Permettez-moi tout d’abord de saluer chaque personne dans cette salle, nous sommes réunis, à ce jour, pour trouver une solution à la population de la colonie du Garmflüßenstein. C’est un jour historique, car à nous quatre, nous allons travailler ensemble, main dans la main pour permettre la fin des crimes atroces qu’a commis le Garmflüßenstein. Churaynn possède beaucoup de navires de guerre, et dans quelques semaines, il va sûrement recevoir encore plusieurs navires de guerre. Nous ne sommes pas de grands aviateurs, et, nous n’avons pas une grande armée de terre. Donc sachez que Churaynn mettra entièrement sa marine au service de la décolonisation en Afarée. Le BNE va sûrement aider son allié, et les mauvaises relations entre Churaynn et le BNE vont sûrement faire monter les tensions très rapidement. Nous savons que dans l’article 6 du BNE qui stipule que ‘‘Les membres du BNE se doivent d'aider une autre nation du Bloc Nationaliste Eurysien en cas d'attaque sur son sol.’’ Donc, si on décide même de faire pression sur l’esclavagiste, de tenter quoi que ce soit militairement, ils rappliqueront. Donc, je pense que malheureusement, il y aura sûrement confrontation.

Je peux donc vous assurer que le Garmflüßenstein ne décidera pas de laisser cette colonie contre quelque démonstration de force. Elle a des alliés qui sont puissants. Son entrée au BNE lui permet d’avoir une protection. La pression diplomatique est, pour moi, terminera par un échec. Et, permettra au Garmflüßenstein de se préparer lui et le BNE à protéger la colonie contre d’éventuelles attaques des indépendantistes ou de nous-mêmes. Quant à votre projet de coopération, nous sommes d’accord. Cette population doit rester souveraine de ses décisions. J’attends donc vos propositions. Mais sachez que, le temps presse, à l’heure où l’on parle le massacre continue. Nous avons échoué quant à notre pression sur le Garmflüßenstein. Mais cette fois-ci, nous sommes une multitude, avec un même et unique objectif ; sauver la colonie. »


Après cette longue prise de parole, il attendait, patiemment avec un léger sourire. Car il avait déjà sûrement gagné.
Désiré Floubou//Ecclesiaste Lemba

Le Marcinois fut surpris par le Sardr, il s’attendait à un homme méprisant et arrogant, sans filtres même, et pourtant ce dernier venait de démontrer qu’il était capable de se montrer sage et mesuré. Floubou était même charmé par l’homme d’affaire qui était aussi ministre des Affaires Étrangères du Churaynn. Pourtant… Le loup était dans la bergerie, les Marcinois n’étaient pas naïfs, ils savaient que tout le monde ici a ses intérêts, seulement ils ignoraient l’ampleur du plan du trafiquant antérinien. L’homme avait préparé une machination qui ferait passer Machiavel pour un agneau égaré. Le Royaume avait des prétentions, l’Empire avait les crocs. Et naturellement, s’il fallait chasser à quelques milliers de kilomètres de sa tanière pour nourrir sa meute de plutocrates, il n’hésiterait pas. Pis encore, s’il devait plonger le nouvel État dans la guerre civile, pas l’ombre d’un scrupule l’empêcherait de diviser les autochtones pour les pousser à s’entre-déchirer, et tout naturellement, il soutiendrait la faction qui fait des intérêts churayns une priorité. Le pragmatisme du Ministre, enfin surtout son cynisme, était bien entendu inconnu des Marcinois, qui s’attendaient, il est vrai à un plan ouvertement impérialiste et même assumé. Et pourtant…

Pourtant, la conduite diplomatique du Churaynn contraste avec ses actes. Les Marcinois s’attendaient à voir un homme vulgaire et agressif, mais franc. Ils voient un charmeur capable de compromis qui refuse d’user à mauvais escient la force et la violence. D’un coup le Sardr devenait un interlocuteur fiable, faisant de son Etat un potentiel partenaire pour Marcine. Floubou se jetait certainement dans la gueule du loup, mais l’homme l’a conquis. Son passif criminel, inconnu des autorités royales, jouant certainement pour lui, dans ce jeu de faux semblants et de pas couverts où chaque mots à un prix, et chaque gestes ont des conséquences, n’est pas si éloigné du monde de la pègre où sous couvert d’être francs, les mafieux aiguisent soigneusement leurs couteaux et graissent leurs armes avant de massacrer le parrain local. La diplomatie est dans la faits la même pièce tragique, seulement, elle ne se joue plus en ville, mais à l’échelle mondiale. Et ici, l’école de la Rue est bien plus efficace que l’École Royale de la Haute Fonction Publique, car la première cumule manipulations, diplomatie et argent, alors que la seconde spécialise ses élèves. Le Sardr est homme d’affaire accompli, Floubou un néophyte de la diplomatie. Et naturellement, le Marcinois ne se méfie pas.

D’ailleurs, comment aurait pu t’il faire ? L’Antérinien travaillant pour Son Altesse est un as de la dissimulation, il venait de remarquer certaines failles du plan de Floubou, pointer des défauts qui pourraient se retourner contre les forces coalisés et mettre en lumière quelques aspects essentiels qui pourraient permettre aux indépendantistes de gagner la guerre. Et le Marcinois tenait au succès de l’opération plus que tout au monde. Ses supérieurs y voyaient un moyen efficace de redonner une certaine légitimité à Marcine, de sécuriser ses voies d’accès au marché antérinien, de pouvoir se ravitailler rapidement dans un pays ami. Mais lui y voyait une réussite personnelle, et surtout un moyen de monter plus rapidement les échelons, il voulait se faire calife à la place du calife, enfin, ministre à la place du ministre. Ainsi, rien ne devait être laissé au hasard, rien ne devait empêché les coalisés de libérer la colonie germanique, rien ne pouvait contrecarrer le plan qui était préparé. Et chaque failles, chaque défauts, se devaient d’être minutieusement corrigés. Dès lors un plan avait germé dans son esprit.

- « En effet Excellence, vous marquez un point. Le risque de voir le B.N.E intervenir est grand, en revanche, il faut éviter que Rimauriens et Menkelts puissent intervenir. A notre connaissance, et l’Excellence représentant les insurgés me corrigera, il n’y a aucune base du B.N.E sur place. Ainsi, il faut nous assurer qu’ils n’aient aucun raison de considérer qu’il est nécessaire d’en implanter. Facilitant ainsi la soumission des forces d’occupation locale. Les résistants affirment qu’ils n’auraient aucun mal à les écraser, je les crois, d’autant plus qu’ils recevront le soutien logistique des puissances ici présentes, c’est à dire armes et matériels en tout genre. En revanche, il faut nous assurer que le contingent colonial local ne soit pas renforcé par des Rimauriens ou des Mnekelts. Par conséquent il ne leur faudrait aucune raison de s’installer sur place. Voyez-vous, si les autorités coloniales considèrent qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter, alors elles n’appelleront pas les membres du B.N.E à intervenir. Pour l’instant c’est logique. Et pour éviter de les alerter, je pense qu’il est nécessaire de réduire le nombre d’opérations de sabotages, de prises d’otages ou d’assassinats que mènent les locaux, il faudrait leur faire croire que la répression fonctionne et que la colonie est sur le point d’être entièrement contrôlée et dominée. Et lorsqu’ils baisseront la garde, les autochtones pourront se soulever. Évidemment, la baisse des opérations ne doit pas être drastique, et à chaque contre-mesure prise par le gouvernement colonial, l’activité doit cesser. A mon sens, il est inutile de rendre le gouvernement local trop nerveux et lui faire croire que la situation est hors de contrôle, il doit au contraire être intimement persuadé que cette dernière l’est.

Car l’intervention du B.N.E peut même devenir anecdotique si les insurgés ont réussi à prendre le contrôle de la colonie. Car dès lors, c’est la voie royale qui s’ouvre pour eux. Ils n’auront plus qu’à se déclarer indépendant de manière officielle. Et dès lors, l’attaque du B.N.E deviendrait une guerre offensive, mobilisant les grandes puissances alentours, dont le Kah qui dispose d’une importante flotte au Gondo et le Pacte Afaréen de Sécurité. Seulement, dans ce plan, c’est la rapidité de l’action qui est vital à son bon déroulé. L’Excellence du Churaynn a raison, la pression diplomatique serait superflu avant l’opération, il faut la mettre en place après l’opération. C’est un point fondamental et nécessaire qui permettrait de montrer au B.N.E et au régime fasciste que la colonie a de véritables soutiens internationaux. La Marine des états ici présents peut s’avérer efficace, notamment pour bloquer l’accès à la colonie à une potentielle force d’intervention du B.N.E. Et même nous faire gagner du temps en appelant les renforts du Kah ou du P.A.S si ces derniers reconnaissent le nouvel État.

Si une puissance internationale venait à soutenir le grammarnazistein, comme Karty (anticipa le diplomate marcinois), je peux vous assurer que l’Excellence Bassé, Ministre des Affaires Étrangères Marcinoises, n’aurait aucun mal à convaincre l’Excellence d’Antrania, son homologue Antérinien de raisonner les Kartiens et de les encourager à rester neutres. Chose parfaitement envisageable du fait des excellentes relations qu’entretiennent nos deux États.

Pour ce faire, notre maître-mot doit être la discrétion. Que pensez vous de ce plan Excellences ?
(fit-il en fixant intensément les indépendantistes fraîchement arrivés). »
Les représentants des indépendantistes étaient venus à plusieurs. Ils ne cherchaient pas à être nommés individuellement, car voulaient représenter la masse résistante des monarchistes-indépendantistes et du peuple centre-afaréen réunis. Ils ne voulaient pas d'un fanatisme mené par un leader, trop dangereux. Ils voulaient une seule chose : la liberté.

En passant devant la ligne de militaires qui les saluaient, ils leur rendirent ce salut, preuve d'un attachement aux même valeurs afaréennes, d'un même objectif de résistance face à l'oppresseur eurysien.


Tout ce qui a été dit jusqu'ici est très encourageant. Cela correspond tout à fait à notre vision générale de l'indépendance. Par la paix, ce qui contrastera fort malheureusement avec beaucoup de nos voisins. Mais ils sont des exemples, des exemples des erreurs à ne pas faire.

La stratégie proposée par Monsieur Floubou est la bonne : nous ne devons pas nous perdre dans une multitude de petits actes hostiles, qui ne serviraient qu'à nous attirer des ennuis. Nous devons surtout être bien préparés pour frapper un grand coup. Si nous les prenons par surprise, ils n'auront le temps de rien.

Nous avons aussi entendu parler de l'entrée du Garmflüßenstein dans le Bloc Nationaliste Eurysien. Et cela ne présage clairement rien de bon. Nous ne sommes certains de rien, et ce ne sont que des suppositions, mais quelques temps après que l'annonce officielle du gouvernement dictatorial soit parvenue jusqu'en Afarée Centrale, nos observateurs sur la côte ont rapporté le début de travaux suspects. Il semble que les eurysiens construisent un nouveau port, isolé des villages avoisinants. Cela ne signifie pas automatiquement qu'il s'agit d'une base militaire, mais cela y ressemble tout de même fortement. Nous ne savons par contre pas du tout si elle est destinée à des renforts venus du territoire eurysien ou à des militaires des pays du BNE. La deuxième hypothèse est en tous cas la plus inquiétante, et est peut-être la plus probable étant donné son timing.
Le Sadr avait écouté toutes les propositions. Il regardait toujours avec ce sourire. Lui, ce qu’il voulait, c’était ce port dont parlaient les indépendantistes. Ils continueraient, sûrement après la libération, à financer le port, permettant à Churaynn un accès au nouveau monde. Mais il fallait faire vite, le temps pressait, on tournait autour du pot. Le Sadr se retenait de tout simplement leur dire de sortir leur armée et que tout le monde allait sûrement se battre. Mais tous ici semblaient ne pas vouloir passer par la guerre. Churaynn avait tout à gagner : une reconnaissance dans son grand projet de décolonisation, un rapprochement avec des puissances et un port. Alors, il décida de ne pas trop parler, finir vite cette réunion et commencer le blocus rapidement. Ils commençaient à perdre patience. Les armes étaient la seule et unique solution. Car pour que le peuple gagne, son sang doit couler.

Le Sadr Yazido Malsiento :

« Messieurs, je vais vous dire les choses simplement : ce plan est intelligent, mais il repose sur un équilibre qui peut se briser en un instant. Oui, la discrétion est essentielle. Oui, il faut faire croire aux coloniaux que tout est sous contrôle. Mais ce n’est pas une raison pour s’endormir. Vous voulez réduire les sabotages ? Très bien. Mais vous devez remplacer cette baisse d’actions visibles par quelque chose d’invisible : infiltration, corruption, reconnaissance. Pendant qu’ils croient respirer, on prépare le coup de grâce.

Quant au Garmflüßenstein et à leur nouveau port… Je n’aime pas les coïncidences. Un port construit juste après leur entrée dans le B.N.E, isolé des civils, c’est une base. Peu importe qu’ils disent le contraire, je ne crois jamais les gens qui construisent derrière des palissades. Vous devez donc prévoir deux scénarios : un où ce port reste une menace dormante, et un autre où, le jour de votre soulèvement, ils auront déjà assez de renforts est une armées présentes. Comprenez par là que c’est une course. Soit, comme le veut le B.N.E, « protéger » le pouvoir en place et donc ils ne vont pas tarder, soit nous réussissons à créer rapidement ce blocus en nous coordonnant. Nous n’avons plus vraiment le temps, mes amis. Cette course, mes amis, sera gagnée par le premier qui franchira le territoire du Garmflüßenstein.

De plus, je tenais à aussi appuyer ces propos, car si le B.N.E venait à gagner le territoire du Garmflüßenstein avant nous, les indépendantistes auraient plus de mal à capturer les forces présentes.

Mais souvenez-vous d’une chose : quand vous ferez ce grand coup, il ne faudra pas seulement gagner militairement. Il faudra gagner dans les têtes. Montrer que vous avez des alliés, montrer que vous contrôlez le terrain, montrer que le B.N.E ne peut rien faire sans déclencher une guerre qu’il ne veut pas. L’internationale entendra parler de ces agissements et condamnera toute attaque du B.N.E.

Mes chers amis, aujourd’hui, le temps presse. À l’heure où l’on parle, ils ont peut-être déjà accosté. Ils ont sûrement déjà fini leur port. Alors préparons-nous. Vite et bien. »
Bien.

Le Marcinois hésitait. Depuis presque un siècle Marcine n’avait pas eu à affronter sur le terrain des armes ses ennemis. Elle avait même refusé d’intervenir au côté de l’Azur durant la mise sous embargo de l’Ouwalinda. Et maintenant, Désiré Floubou devait choisir entre la guerre et la paix. C’était à lui de faire savoir si Marcine sonnerait le clairon ou si le toscin se tairait. Si les vrombissements des moteurs de la chasse confédérale monterait à l’assaut du ciel ou si les canons continueraient à rester silencieux. Et naturellement, deux possibilités s’offraient au chargé des Affaires Afaréennes ; la guerre, ses morts, se retournements diplomatiques, ses tensions internes, ses victoires et ses défaites. Ou la paix ; ses faiblesses, sa tranquilité hypocrite, ses travers et ses compromissions. Un choix cornélien se présentait au ministre, mettre en péril une paix amollissante mais bénéfique ou la briser pour un port et quelques milliers de personnes. La guerre ou la paix ? La prospérité ou le prestige ? Le pacifisme ou le bellicisme ? Marcine avait besoin de restructurer, de refondre, ses doctrines diplomatiques, pour l’instant trop inspirées des Antériniens, elle avait besoin de trouver sa voie, ses méthodes, ses moyens. Et si la guerre devait en faire partie intégrante, et bien la Confédération ne sera plus uniquement défendue par l’Antérinie… Seulement, n’était-il pas trop tôt ?

Car entrer en guerre contre des nazis, désarmés, mal-équipés et soutenus par une clique de fascistes en culottes courtes n’était pas la grande crainte des Marcinois, c’était surtout au niveau international. Marcine avait-elle la légitimité de le faire ? De pouvoir mettre sous blocus une colonie ? Rompre sa parole ? Renier ses promesses ? Encore une fois les conséquences politiques d’une telle action serait imprévisibles. Soit le P.P.A est assuré de gagner pour les prochaines élection, soit au contraire le F.L.A, ses rivaux conservateurs et ses adversaires républicains monteraient rapidement dans les sondages. Le doute prit d’un coup Désiré, que faire ? Que dire ? Qu’en penserait les autres ? L’accuseraient-il d’avoir trahi ? Les principes du P.P.A, Marcine, la Confédération. Doute horrible qui lui collait à la peau, qui l’engluait, qui l’asphyxiait tel un gaz paralysant. Fallait-il faire preuve de lâcheté face aux fascistes ? S’humilier devant le Churaynn ? Se dégonfler devant l’Afarée ? Trahir les indépendantistes ? La vie, impitoyable, pose bien des difficultés.

Pourtant, l’échiquier géopolitique jouait en sa faveur : le B.N.E ne s’est pas encore installé, le Grammarnzistein restait sous développé, le Kah conservait une flotte importante au Gondo, Carnavale et son entité diabolique étaient encore en guerre ouverte avec l’O.N.D. Tout devait permettre au Churaynn, à l’Antérie, aux Centre-Afaréens de s’en sortir sans trop de casse. Seulement ; et si la machine ne s’était pas enrayée ? Un grain de sable, une indisponibilité, des problèmes techniques. Un coup du sort qui ferait tout déraillé en quelques secondes. Le doute ; encore une fois. La peur de d’avoir bâclé l’affaire, le temps oppressant, inarrêtable et même inexorable. Quelques mois, voire quelques semaines ne sont en rien suffisantes pour développer et peaufiner une stratégie viable. Le Marcinois espérait une année, voire deux, pour permettre aux indépendantistes de se développer et d’avancer, lentement, mais sûrement, leurs pions. Seulement, l’entrée dans le B.N.E, l’ingérence des Eurysiens et la possible construction de bases devraient mettre en péril les indépendantistes. Désiré ne savait que faire. Naturellement le Sadr avait raison, le plan laissait trop de place au hasard, mais que faire de plus quand on ne connaît même pas le nombre d’hommes qui forment l’Armée de Libération Royale ? Ils avançaient à tâtons et le temps ne leur laissait même pas la possibilité de maîtriser le terrain. Encore une fois, le doute, implacable, s’empara du Chargé. Encore une fois, ce choix ; la guerre ou la diplomatie ? Deux méthodes conventionnelles, mais qui pouvaient avoir des conséquences imprévisibles… La seconde amenant généralement la première, et souvent les diplomates, sous leurs airs de gens bien comme il faut sont parfois plus sanguinaires que les généraux eux-mêmes.

Et puis, les morts, les blessés, les victimes innocentes, martyres de la croisade décoloniale qu’entament les grandes puissances… Personne n’y pensait réellement. Désiré craignait seulement les conséquences politiques de tels actes, il en était même venu à espérer que le Grammarflüsstein massacre des civils pour la propagande ! Les personnes assises à cette table auraient certainement adhéré à cette terrible maxime si elle ne fut pas prononcé par un communiste ; « la mort d’un homme est une tragédie, la mort de millions d’hommes est une statistique ». A dire vrai, Marcine, Churaynn, l’Antérie n’en avait que faire des civils ; ils devenaient tour à tour des boucliers de chair de sang, des cautions morales ou des casus belli. Ce n’étaient pas des êtres humains, mais de simples pions inconscients des forces qui les entouraient. Dans cette affaire on pouvait difficilement juger les « gentils » et les « méchants ». D’un côté le B.N.E tentait de maintenir sa domination sur cette colonie, de l’autre les Afaréens tentaient de la libérer pour y imposer un joug nouveau, et entre les deux, probablement les moins cyniques, les plus humains, on trouvait les indépendantistes. Qui refusaient de troquer la laisse du Grammatika pour celles des autres puissances. Désiré avait de l’affection pour ces derniers, et l’absence d’intérêts marcinois prononcés sur la colonie du Grammatika expliquait certainement cette tendresse.

Mais en repensant à ses responsabilités morale vis à vis de cette décision, le Marcinois ne put s’empêcher de penser à un point essentiel ; la légitimité diplomatique. Car avoir des armes n’est pas tout, avoir une cause juste à défendre n’est pas un casus belli valable. Il faut s’attirer le soutien de la communauté internationale, ou au moins ne pas être victime de cette dernière. Le cas des Trois Nations est pour Désiré un cas d’école ; si l’opération conjointe entre l’Antérie et le Churaynn a échoué, ce n’est pas pour des raisons logistiques, mais pour des raisons diplomatiques. Ainsi, il ne fallait pas paraître pour les méchants, chose aisée si l’on prends en compte que les membres du B.N.E ne sont pas nécessairement des enfants de choeur et que peu voient l’Azur, l’Empire du Nord ou encore Tanska apporter un soutien indéfectible à la Rimaurie ou au Grammatika… En revanche il fallait à tout prix passer en posture défensive, ne pas devenir l’attaquant impérialiste mais le défenseur des colonies oppressées nouvellement indépendantes. Dès lors, Marcine, Churaynn et l’Antérie n’apparaissent plus comme les conquérants, mais comme les défenseurs. Seulement, il fallait pouvoir être là au bon moment ; et avoir une flotte sur place… Difficile de trouver un bon prétexte qui coïnciderait avec une bien étrange coïncidence… Quoique…

« Vous avez parfaitement raison Excellence, nous ne pouvons nous permettre de perdre trop de temps à palabrer alors que crimes et génocides continuent. En revanche nous ne devons rien céder à l’audace ou à l’imprudence. A défaut de pouvoir libérer directement la colonie du Grammatika, nous devons au moins leur mettre la pression dans les faits. Nous ne pouvons attendre l’arrivée de renforts du B.N.E, nous devons donc pouvoir mettre en place un « exercice naval conjoint » afin d’encourager la rébellion et leur permettre de déclarer leur indépendance le plus vite possible tout en étant à proximité pour intervenir en leur faveur. Si nous devons entrer en guerre, nous le ferons. Et le sang marcinois ment rarement. »

Désiré venait de choisir la voie du conflit, probablement qu’Aimé Bassé, Bolila et le Ministre en charge de la guerre le soutiendront. Seulement, comment allaient réagir l’Antérinie et la Confédération ? Un autre débat qui allait encore remettre sur le tapis l’importance d’une armée souveraine…

Puis il griffonna quelques mots sur un bout de papier, et fit : « Excellences, nous avancons à grands pas. Et pour sceller ces accords je vous propose que nous signons l’armature du « Protocole de Marcine ».

Bout de papier a écrit :
Protocole de Marcine

[justify]- Les États signataires s’engagent à agir pour le bien des peuples de la colonie du Grammatika et à n’agir qu’avec l’accord des forces indépendantistes locales.
-Les États signataires reconnaissent les forces des Monarcho-Indépendantistes comme seuls interlocuteurs officiels.
- Les États cosignataires s’engagent à prêter assistance au Nouvel État lorsque les forces indépendantistes auront déclaré leur indépendance.
-Les États cosignataires participeront à des exercices navals commun au large des côtes du Grammatika pour accroître leur efficacité face aux forces navales des états coalisés du Bloc des Nations Eurysiennes.
-Les États cosignataires s’engagent à ne pas affronter directement les forces du B.N.E sans la préalable indépendance de la colonie du Grammatika.


« Il va de soi que ces quelques articles doivent rester secrets… Qu’en pensez-vous ? Dans tout les cas sachez que la flotte confédérale se mettra en mouvement d’ici les prochains jours. Et j’espère que les Excellences représentants les indépendantistes sauront se montrer prêtes à agir. »
[/justify]
Le Sadr resta immobile pendant que Désiré terminait sa proposition. Il avait le regard fixe, presque absent, mais ses doigts, eux, trahissaient son agitation en tapotant la table avec régularité. Dans sa tête, il entendait encore cette phrase : « exercice naval conjoint ». Il savait ce que ça voulait dire, dans la bouche d’un diplomate : du bruit, des drapeaux, des photographes, mais pas un seul coup de feu. Et ça, pour lui, c’était déjà une faiblesse.

Il se redressa légèrement, puis posa ses coudes sur la table, se penchant vers les autres.


Je vais vous dire ce que j’en pense. Les gens de Grammatika n’ont pas besoin qu’on leur promette une aide future. Ils ont besoin de navires aujourd’hui, pas demain. Comme je vous le dis, mes chers amis, le B.N.E. est sûrement en train de se préparer. Nous ne devons pas craindre les puissances étrangères. Fortuna et Churaynn ont de très bonnes relations, je suis sûr qu’ils laisseront passer nos navires. Il y a aussi le Nesoi, qui peut être convoité par le B.N.E. Une missive sera sûrement envoyée après la réunion pour s’assurer qu’ils ne vont pas du côté du B.N.E. Sachez que nous avons probablement le soutien du Wanmiri, qui a aussi condamné le Grammatika lors des frappes kartiennes. Le Wanmiri pourra rallier d’autres pays. Les bonnes relations que chacun entretient avec de grandes nations sont un atout. Servons-nous de ça pour montrer les atrocités de ce régime.

J’en viens à votre document : les “États signataires”, les “forces indépendantistes reconnues”, tout ça… Mais vous savez quoi ? Quand les premiers bâtiments du B.N.E. arriveront, ce papier ne vaudra rien. Car le B.N.E. est une organisation cruelle. Ils soutiennent le génocide et n’hésiteront pas à tirer sur chacun des navires qui feront blocus.

Vous voulez vraiment mettre la pression ? Alors on arrête de faire semblant. On met nos navires en route, on les arme, on les positionne. Et pendant qu’ils avancent, on signe votre protocole, si ça vous fait plaisir. Mais qu’ils avancent armés.

Et si le B.N.E. nous tombe dessus avant que Grammatika ait déclaré son indépendance ? On leur répond. Sans attendre un nouveau papier, un nouvel accord, ou la bénédiction d’une conférence internationale.

Voici ce que je propose :


Protocole de Marcine
- Les États signataires s’engagent à agir pour le bien des peuples de la colonie du Grammatika et à n’agir qu’avec l’accord des forces indépendantistes locales.
- Les États signataires reconnaissent les forces des Monarcho-Indépendantistes comme seuls interlocuteurs officiels.
- Les États cosignataires s’engagent à prêter assistance au Nouvel État lorsque les forces indépendantistes auront déclaré leur indépendance.
- Les États cosignataires participeront à des exercices navals communs au large des côtes du Grammatika pour accroître leur efficacité face aux forces navales des États coalisés du Bloc des Nations Eurysiennes.
- Les États cosignataires s’engagent à envoyer, pendant le blocus, une force aérienne pour éradiquer toute chance que le B.N.E. atterrisse.
- Les États cosignataires s’engagent à ne pas affronter directement les forces du B.N.E. tant que celui-ci n’aura pas lancé les hostilités.

Dans sa tête, le Sadr se disait qu’il n’avait jamais vu un pays se libérer avec un stylo, du papier et des hommes réunis autour d’une table. Il fallait des armes, et des hommes prêts à tirer sans attendre qu’on leur dise qu’ils en ont le droit. Tout le reste n’était que théâtre.
Le Sadr impressionnait et surprenait. Il était à la fois un homme d’action tout en étant capable de jouer habilement sur le terrain diplomatique. A la fois compatible pour une charge au ministère de la guerre, mais aussi à la Diplomatie. Évidemment, sa brutalité n’échappait pas à Désiré, il savait que le Sadr comptait plus sur la force brute que sur la diplomatie, et c’est en partie qui ajoutait un peu de charme à sa personne. Évidemment, il admirait aussi sa capacité à prendre en compte certaines variables, telles que l’opinion internationale ou savoir comment éviter de s’attirer les foudres de la Communauté Internationale. Avec lui, le Churaynn avait des chances de s’en sortir sur la scène internationale. Et tandis que tout paraissait correct au Marcinois, il envoya discrètement un message à destination de Bolila, l’avertissant qu’il peut lancer les négociations avec Louis d’Antrania.

Et puis, il rajouta simplement : « Je pense que nous avons fait le tour. Vos modifications sont évidemment prise en compte dans la publication finale du Protocole. Et d’ici moins d’une semaine, la flotte confédérale se mettre en route pour participer au blocus. Elle sera composée du fleuron de la marine confédérale ; le « Saint-Michel » (une frégate de sixième génération), quatre patrouilleurs de sixième génération, et deux corvettes de troisième génération. Une dizaine d’avions de chasse de sixième génération seront envoyés, ainsi que des avions bombardiers et des avions d’attaque au sol s’ils tentent de débarquer. »

Note adressée aux services de l'Armée Confédérale. a écrit :Marcine s’engage à envoyer une partie des forces armées confédérales dans le golfe centre-afaréen pour participer à une opération visant à intercepter tout les navires transportant hommes et armes à destination de la colonie du Grammatika dans l’intention de faire respecter les Droits Humains et éviter que ce matériel ne serve à organiser une répression sanguinaire. Pour ce faire une escadre de la Marine Confédérale sera dépêchée sur place, elle sera composée par :
- Une frégate de sixième génération, le N(avire de) S(a) M(ajesté) Saint Michel.
- les N.S.M Louis le Grand, le N.S.M le Resplendissant, le N.S.M Grandiose, le N.S.M Implacable, tous des patrouilleurs de sixième génération.
- Le N.S.M Kalindi et le N.S.M le Batailleur, tous des corvettes de troisième génération.
- Le N.S.M Fringant, pétrolier ravitailleur de première génération.
Elle recevra un soutien aérien conséquent :
-10 avions de chasse de sixième génération.
-10 avions bombardiers de sixième génération.
-10 chasseurs-bombardiers de troisième génération.

« Qu’avez-vous l’intention d’envoyer, Excellences ? Et surtout pensez-vous qu’il est nécessaire de faire un communiqué public, ne serait-ce que pour asseoir notre légitimité en faisant preuve de transparence ? Et en montrant au reste du monde que notre objectif est avant tout humaniste ? »
Désiré était un grand homme. Un homme sage, qui voulait que la diplomatie soit utilisée en premier plan. Le Sadr l’aimait pour ça. Ils étaient simples et semblaient toujours montrer un ton très agréable. Notre amateur de drogue pensait que c’était, au début, pour cacher ses réelles intentions. Mais il ne vit rien. Ils n’avaient pas de mauvaises intentions. Ses paroles racontaient vrai. Le Churaynn devait se rapprocher d’un acteur digne que Marcine, après le blocus.

« Je remercie tout le monde ici. Grâce à vous, cette colonie pourra enfin devenir indépendante. Nous espérons que tout cela se passe bien. Les forces churaynns seront :

Message secretInformation secrète réservée aux personnes autorisées

Elles seront soit envoyées vers le Nesoï, soit vers la province de Fortuna. Tout dépendra de qui répondra en premier.

Quant à votre question, je suis complètement d’accord avec vous. Nous devons nous justifier auprès de l’international pour ne pas que cela soit pris comme un acte impérialiste.»
Azif Oucondo avait écouté attentivement chaque prise de parole des différents représentants. Il écrivait quelques mots sur une feuille et gribouillait des dessins lors des moments de silence. Parfois, il ouvrait la bouche en pensant dire quelque chose d’intéressant, mais la refermait aussitôt en se rendant compte que cela ne ferait que répéter ce qui avait déjà été dit. Quelques mots étaient échangés avec son conseiller et les soldats qui l’accompagnaient lorsque l’on parlait de sujets militaires, mais à part cela, Azif se faisait très discret.

Lorsqu’il entendit le protocole de Marcine proposé par Désiré puis par le Sadr, il se montra totalement d’accord avec cette idée. Et lorsqu’il vit qu’il n’était pas le seul à partager cet avis, il fit signe à son conseiller de demander la permission au ministère des Armées antérien d’autoriser plusieurs mesures. Ce ministère, qui apparemment n’était pas trop occupé, répondit au bout d’un peu plus d’une minute. Azif prit alors la parole, brisant le léger silence.

"Je suis d’accord avec le Sadr. Je ne pense pas avoir besoin de développer davantage, car cela serait inutile et nous ferait perdre de précieuses minutes. Je vais donc en venir au but, ma nation est prête à participer au blocus. Je citerai les bâtiments que nous enverrons ultérieurement.

Je tiens à préciser que notre nation est prête à accueillir, durant cette mission, vos navires dans les ports de Destint et de Kaneza pour leur réapprovisionnement. Il en va de même pour votre aviation, nos aéroports militaires d’Ocabon-Ville et de Kaneza pourront accueillir vos avions pendant toute la durée du blocus.

Concernant la contribution de la République d’Antérie, voici la flotte envoyée :"


Message secretInformation secrète réservée aux personnes autorisées

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Colonel de l'Afarée libre Azif Oucondo
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