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Visite du Sadr à Agatharchidès [Churaynn - Azur]

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Visite d'Etat de Son Altesse le Sadr de Churaynn
à la Porte Splendide du Palais du Sérail, Agatharchidès

07.04.2017


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En descendant à l'occident le soleil envoyait sur la capitale un rayon rougeoyant ; bientôt il passerait derrière la barre montagneuse du massif du Tigre et le soir, dans son manteau de nuit, envahirait la plaine du Shediz où vibrait la capitale de l'Azur. S'étendant sur les rivages autrefois fertiles des cours d'eau permanents qui dévalent du nord vers le lac salé du Shediz, la ville avait grandi et grossi ; c'était une mégapole bourdonnante de klaxons, d'immeubles, de ruelles encombrées par un trafic dense, de lumières brillantes dans la nuit. C'était une ville de plusieurs millions d'habitants, qui gardait, au coeur de son ancien emplacement historique, les traces de sa longue histoire. Le Palais du Sérail, où siégeaient le Parlement et le Diwan, était comme un diamant dans son écrin. Les puissantes murailles de grès rouge, majestueuses et aux créneaux élégants, renfermaient un complexe institutionnel et des jardins. La Porte orientale de cette ancienne forteresse militaire bâtie à l'époque des sultans, qu'on appelait la Porte Splendide, était l'aile dévolue au pouvoir exécutif du vizirat. Afaghani Pasha, un réformateur plutôt progressiste, en occupait actuellement la charge. Il s'était assuré du plus grand confort des hôtes officiels du Califat, et avait autour de lui sa Ministre des Affaires étrangères, Madame Ben-el-Teldja, ainsi que le secrétaire particulier de Sa Sémillante Altesse le Khalife, Monsieur Badie. Dans la grande salle de réception du bâtiment principal de la Porte, des coussins disposés permettraient à Son Altesse le Sadr de l'Empire Islamique de Churaynn, ainsi qu'à ses dignitaires et ses suivants, de retrouver le luxueux confort qu'ils avaient quitté depuis Walemir. L'on proposait quelques gâteaux, et du thé servi dans de hautes bouilloires d'argent ; mais lorsque la soirée fut avancée l'on proposa aux hôtes de partager un narguilé. Les vapeurs de menthe soufflant autour d'eux, la conversation en serait améliorée et éclairée. Afaghani Pasha mena l'intervention de la partie azuréenne.

Au nom du Diwan, je suis honoré de vous recevoir, chers amis, chers frères en islam, enfin dans notre ville. J'espère que vous avez pu retrouver chez nous un peu de cette civilisation que nous avons en partage, et que vous pourrez goûter durant votre séjour nos spécialités et le charme de notre capitale. Cette visite d'Etat est un motif de réjouissances pour l'Azur, qui n'a pour premier souci que d'assurer la paix et la cohésion entre tous les croyants, et d'unifier notre communauté, car « Il a uni leurs coeurs ; il est Tout-Puissant, Il est le plus Sage » (Coran VIII, 63). L'Empire Islamique de Churaynn est notre partenaire naturel et il est donc de notre devoir de convenir entre nous des éléments essentiels qui assureront notre paix et notre amitié réciproques, et c'est en ce but que l'Azur vous reçoit, Altesse, Excellences, aujourd'hui.

Altesse Sadr, le Khalife à travers ma voix vous renouvelle ses sentiments de santé, de vie et de force, pour vous, votre descendance, vos parents et vos petits-enfants, pour votre peuple et les vôtres qui vous accompagnent et vous soutiennent. Quelles que soient les vicissitudes de la politique, Sa Sémillante Altesse veut vous assurer de ses meilleurs sentiments et de son profond désir de voir la Oumma réunie.

Au nom du Diwan dont j'assume la direction, chers hôtes, je vous prie de recevoir nos marques de respects, et de bien vouloir écouter ce que j'ai à vous dire. Car si nous faisons tous voeu d'amitié, alors l'essentiel est fait ; mais encore faudra-t-il passer aux questions pratiques, qui déterminent les conditions de notre coopération, que l'Azur souhaite la plus fructueuse possible. J'énoncerai donc d'abord les quelques principes que j'entrevois, et qui devraient guider notre échange.

Ces principes sont liés d'abord au respect de la souveraineté mutuelle. L'Azur n'a aucunement l'intention de dicter sa conduite au Churaynn, et entend que sa propre indépendance soit pleinement respectée. En ce sens, il est bon pour moi de préciser que l'injonction du Pacte Afaréen de Sécurité qui a été faite pour un cessez-le-feu à l'égard de l'Etat colonialiste des Trois-Nations appartient au registre du conseil fraternel, et non de l'ordre donné à un quelconque subalterne ; il était inspiré par le souci même de la stabilité et de la sécurité du Churaynn, de l'Azur et de notre région commune, et non par l'intention quelconque d'ingérence ou d'intimidation, que nous rejettons avec la plus grande fermeté à l'égard de nos frères en islam.

Ces principes sont aussi liés à la nécessité de trouver un équilibre pour notre continent. Comme vous le savez, j'ai toujours promu, en tant que responsable de la diplomatie azuréenne et désormais en tant que chef de son gouvernement, l'ouverture de mon pays à l'égard de ses voisins, et son engagement non-idéologique, non-partisan, pour promouvoir la paix et la réconciliation entre les Afaréens. L'Afarée est une valeur essentielle pour le Diwan, et pour elle nous recherchons la fin des guerres et de l'injustice. Dieu, Qu'il Soit Loué pour ses Bienfaits, n'a-t-il pas dit : « Certes les injustes ne triompheront jamais » (Coran VI, 165) ? Cette injustice, nous l'identifions d'abord comme le colonialisme et les relations d'exploitation inégale entre les riches pays du monde et les pays afaréens, souvent plus faibles sur tous les points, et enfermés dans des relations inégales avec les anciens et les nouveaux colonisateurs. La lutte contre l'injustice recoupe tout à fait nos priorités stratégiques les plus pragmatiques, comme l'élimination de toute base étrangère en Afarée, qui devient de plus en plus urgente à mesure que nous observons les conflits dans le monde se multiplier et menacer de répandre davantage de sang en Afarée.

Ces principes sont enfin ceux d'une pacification des rapports mondiaux. L'Azur rejette et réprouve l'usage immodéré de la violence, et veut promouvoir à tout instant la voie du dialogue diplomatique. Cette initiative s'illustre par nos récentes interactions, hélas empoisonnées par la tension et la vindicte, pour une médiation avec les Trois-Nations et avec le Saint-Empire de Karty. Nous savons qu'il est parfois nécessaire de recourir aux armes, et le jour où cette nécessité sera manifeste, nous frapperons sans demi-mesure ; mais patience et bienveillance doivent guider notre main. Car n'a-t-Il pas dit : « Ne vacillez pas, n'abdiquez pas dans la recherche de la paix, car vous êtes assurés de la victoire, et Dieu est avec vous » (Coran XLVII, 35) ? En ce sens, et sans aucune intention de contraindre votre Altesse à accepter une quelconque injustice pour une paix fallacieuse, je ne saurais qu'insister sur la nécessité pour le Churaynn d'entendre l'appel de l'Azur à la modération, même vis-à-vis des pires transgresseurs sur notre continent ; car si la tempête de votre colère est certes ravageuse, notre unité commune est trop précieuse pour être risquée sur le terrain de la violence où se figent les intentions et les pensées, et où ne compte plus alors que le tranchant du sabre. Il y a, et il y aura toujours, des guerres à mener ; mais dans le temps qui est le nôtre, faisons notre possible pour faire triompher des solutions pacifiques, tout en défendant sans faiblir notre maison et nos biens.

Ces principes, Excellences, Altesse, me semblent positivement compatibles avec les exigences que le Churaynn a toujours fixé envers lui-même : respect de sa dignité, de sa souveraineté, et attachement indéfectible à la lutte contre l'oppression coloniale. Nous pensons qu'elles peuvent être le lieu de notre réunion et un terreau propice à notre coopération future, dont j'alerte sur le puissant potentiel qu'elle contient.

Car en vérité l'Azur est heureux de trouver dans le Churaynn un frère qui avance sans faux-semblants et sans détournements. Autant que nous en regrettons les effets collatéraux, nous reconnaissons dans cette attitude la preuve d'un caractère fier et entier, et de cet esprit-là ne peut surgir que le courage de porter la lutte jusqu'à la victoire. Que le Churaynn ne soit pas l'un des agneaux du sérail est une bonne chose pour nos objectifs communs.

Ce que l'Azur souhaite convenir avec vous pour cette réunion est donc sur la table. Tout d'abord, je vous propose d'amener la discussion sur un terrain concret et pragmatique. L'Azur, désireux de travailler ensemble, souhaite d'abord que nous clarifions nos objectifs. Il est en effet des questions qui demeurent, notamment sur les très épineuses questions du rapport avec l'entité cramoisiste, criminelle, objet d'un anéantissement prochain, et avec des Etats mal intentionnés comme Sterus, que l'Azur réprouve et dont il ne souhaite voir aucun soldat en Afarée. Ces sujets difficiles doivent donc être traités, et notre question à votre égard sera simple et directe : qu'attendez-vous de ces partenariats ?

Je souhaite enfin amener la conversation sur un terrain plus constructif. L'Azur a de nombreuses idées de coopération à faire valoir, notamment dans le domaine maritime. Reconnaître votre souveraineté sur vos eaux territoriales, et en particulier sur le canal de Sudéiss : sur la question du canal, l'Azur souhaiterait que soit garanti son passage et la sécurité de ses navires civils et militaires qui emprunteraient cette voie. Coopérer avec les autres Etats et pays musulmans, pour faire naître une gouvernance des Lieux Saints de l'Islam qui se trouvent au Banairah, et éviter toute confrontation, pour le bien des pèlerins et de notre région, entre la République laïque du Banairah et nos Etats. Coopérer à l'échelle de la région à travers des accords économiques et commerciaux, favorisant notamment les investissements azuréens dans votre pays, ce que l'Azur est prêt à mettre sur la table. Coopérer avec les Etats afaréens en vous proposant de rejoindre le Pacte afaréen de sécurité, et en adhérant à ses valeurs et son mécanisme d'organisation, en signant la charte et en rejoignant ce collectif. Et enfin, veiller à notre sécurité réciproque et à la non-interférence d'acteurs externes dans notre prospérité ; pour cela, l'Azur est prêt à mettre sur la table un don de missiles Mahaar, des armes redoutables pour défendre votre territoire contre les navires adverses qui, nous l'avons vu, envisagent de faire peser sur votre pays une pression militaire hostile.

J'espère, Excellences, que cette approche pourra être fructueuse.
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Le Jardin de fleurs face au Jardin de fer.


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Le Sadr avant son départ

Le Sadr fixait le hublot. Il inspira lentement une bouffée de Gandina, laissant la fumée se dissiper avant de sourire, sans joie. L’Azur… Ces derniers mois, Churaynn et lui s’étaient presque tourné le dos. Pas d’hostilité ouverte, mais plus beaucoup de missives, plus d’accords, plus rien. Leur relation s’était comme éteinte, suite au changement radical de la politique extérieure churaynne. Et voilà qu’il volait vers eux. Il savait déjà ce qu’il accepterait, et ce qu’il rejetterait. Les propositions de l’Azur ? Oui, il en prendrait certaines, mais pas toutes. Hors de question d’entrer dans le Pacte afaréen de sécurité, pas maintenant. Trop jeune pour s’y enchaîner et ne voyant aucun vrai but. Trop tôt pour se soumettre à une structure que Churaynn ne contrôlerait pas. Après tout, lui seul avait changé le statut des colonies des Trois Nations et fait trembler l’Eurysie centrale. Il rejoindrait le PAS, mais plus tard. Parce que là, l’Azur devenait trop influent. Membre observateur de deux grandes organisations, allié par les puissants, il allait dicter la voie du Pacte. Et ça, le Sadr le sentait : il ne voulait pas que l’Azur devienne le grand héros de la décolonisation. La gloire devait revenir à Churaynn. Il fallait d’abord se renforcer militairement, économiquement, jusqu’à ce que personne ne puisse contester sa suprématie. Puis il y avait cette vérité que tout le monde feignait d’ignorer : les organisations afaréennes coulaient. Le Forum de coopération afaréen du Nord en était la preuve éclatante des promesses en lambeaux, des projets délaissés, et qui ont laissé chaque État afaréen faire sa loi. Il écrasa le mégot, s’affala dans le fauteuil en cuir. L’Azur… un allié qu’il ne savait pas vraiment classer. Parfois, un défenseur acharné de Churaynn. Parfois, une ombre louche avec un but caché. Comme s’il voulait modeler l’Afarée à sa façon, la tenir dans ses mains. Peut-être que c’était la Gandina qui lui mettait ces idées noires, mais il n’écartait pas l’hypothèse. Quoi qu’il en soit, l’Azur devait rester un allié. Car si l’Azur tombait, l’Afarée s’effondrerait avec lui. Ils avaient été parmi les premiers à poser des briques d’une nouvelle Afarée, même si la maison qu’ils avaient construite ne tenait encore que par du ruban adhésif. Pas de fondations solides. Le Sadr sourit de nouveau. Cette réunion allait enfin voir s’affronter deux États qui prônent la décolonisation mais pas de la même manière. Ils étaient réunis ce jour-là, pour voir qui serait capable de montrer le chemin à l’autre. Un Churaynn qui veut que les armes parlent et un Azur qui veut que cela soit fait par la diplomatie. Après avoir été bien accueillis par les Azuréens, Afaghani Pasha, en personne, était dans la même salle que Yazid Malsiento. Ils allaient enfin rencontrer cet homme. Un homme qu’il n’arrivait pas à cerner. Un homme qu’il ne pouvait définir que par une phrase « comme si, comme ça ».
Les armes et la diplomatie allaient enfin s’affronter.

« Je vous remercie pour votre accueil et pour vos paroles : elles sont belles, elles sont habiles, elles sont calculées ; elles m’inspirent la diplomatie azuréenne, calme. Excellence, je crois parler au nom de tout Churaynn en disant que cette rencontre est importante. Nous avons, ces derniers temps, trouvé nos relations… disons, trop silencieuses pour deux nations qui partagent tant. Churaynn souhaite que l’Azur et nous marchions plus près l’un de l’autre, non seulement pour la paix en Afarée, mais aussi pour donner un vrai poids aux décisions entreprises entre nos deux pays. C’est pourquoi cette réunion compte beaucoup pour nous : elle doit être le point de départ d’un vrai lien.
Mais avec moi, voyez-vous, il faut autre chose. Il faut la vérité. Et si nous sommes là, c’est bien pour ça, non ? Se dire les choses. Alors permettez que je vous réponde sans vernis, comme je suis.

Sur le Pacte afaréen de sécurité… Je vais être sincère, et sans vous offenser. Nous ne rentrerons malheureusement, pour l’instant, pas dans ce Pacte. Pourquoi ? Parce que nous n’y voyons que très peu d’utilité. Chaque fois que l’Afarée a essayé de faire une alliance, elle n’a pas duré. Si vous souhaitez que cette organisation marche, il faut des actes forts. Votre organisation reste très peu reconnue. Churaynn fera bientôt partie du Pacte afaréen de sécurité, c’est sûr. Mais pour l’instant, nous restons perplexes quant au but de cette organisation.

Regardez le Nazum. La Confédération socialiste qu’ils bâtissent sera bientôt, je vous le dis, l’une des plus grandes puissances militaires du globe. Pourquoi ? Parce qu’ils ont vu loin. Ils ont compris ce que vous semblez hésiter à admettre : que l’union sans ambition est une perte de temps. Moi, je rêve d’un Grand Émirat Uni. Un vrai. Avec l’Azur, avec Churaynn, avec Antegrad, avec Althaj, Aykhanide, Banairah, nos frères turcs… Et bien d’autres. Un bloc islamique, panafaréen, structuré, redouté. Et c’est là que nos paroles auront de la force. Militairement, nous serons incontestables. Économiquement, nous écraserons les parasites. Politiquement, nous aurons de l’influence du Nazum à l’Afarée. Avec cinquante ambassades dans chaque capitale, avec des traités solides, avec un commerce entre nous qui sera florissant. Et surtout, avec une foi commune, l’Islam, qui nous relie plus profondément que n’importe quel parti politique ou idée. Voilà l’objectif. Cela peut paraître fou, voire inimaginable, mais nous pouvons le faire. Et là, nous serons sérieusement reconnus. Là, vous voyez, Excellence, quand cette organisation demandera au colonisateur de quitter l’Afarée, il la quittera. Car c’est l’économie mondiale que nous contrôlerons.

Mais pour que cette unité existe, pour que notre rêve se réalise, il faut se battre. Moi, je le dis sans honte : pour que l’Afarée soit unie, il faudra faire la guerre à la Cramoisie. Et je ne parle pas de menace sur les chaînes d’information ou d’envoyer des protestations diplomatiques. Je parle de guerre totale. Vous nous dites que vous rejetez la violence… Mais permettez-moi de vous dire, avec tout le respect dû à votre rang, que le monde a besoin de violence. C’est l’oxygène de l’Histoire. Il n’a jamais existé un seul jour sur cette planète sans guerre. C’est ce qui a fait tomber les colonisateurs des Trois Nations. C’est ce qui changera encore l’ordre du monde. Vous parlez du Grammatika ? Qui agit ? Qui, à part Churaynn, a menacé d’intervenir pour faire cesser l’esclavage dans leurs colonies ? Qui, à part Churaynn, s’est dressé contre le silence des puissants ? Faravan lèche les bottes de l’OND. Antegrad vit isolé du monde. Althaj dort. Le Banairah aussi, mais lui, dans sa fierté d’être la première puissance afaréenne. L’Ouwanlinda est une dictature lunaire, le Gondo se noie dans ses querelles internes. J’en ai marre, moi, de ce continent. Un continent qui mendie. Qui dépend. Qui recule. Le jour du blocus d’Antegrad et d’Ouwanlinda… c’était, pour moi, un des jours les plus sombres de mon existence. Parce que ça montrait, encore une fois, que l’Afarée ne décide de rien. Et que les colons, avec leurs avions et leurs flottes, dictaient encore nos lois. Voilà pourquoi Churaynn interdit tout passage militaire étranger dans ses eaux. Seule exception : l’Anterie (Antegrad). Mais j’annonce ici que, dès aujourd’hui, l’Azur pourra emprunter le canal de Sudéiss sans aucune taxe. Oui, nous vous faisons cette confiance. Car vous êtes nos frères, et votre présence ne sera pas jugée hostile. En retour, nous attendons respect et transparence.

Et sachez que pour protéger ce canal, nous renforçons notre flotte. Nous avons commandé des frégates lourdes, et la marine impériale travaille dur. Pas besoin de vous faire un dessin, mais Sterus reste un très bon allié de Churaynn. J’ai un peu compris ce qui se passe en Aleucie mais ça ne me concerne pas. Je n’aime pas qu’on vienne s’ingérer en Afarée, alors pourquoi m’ingérer dans une histoire qui est entre une même organisation ? Sterus permet à Churaynn de sécuriser son canal, ce canal que vous souhaitez qu’il soit sécurisé et que jamais des navires ne soient attaqués. Mais je peux vous garantir qu’aucun soldat sterusien ne sera en Afarée.

Maintenant, la question de la Cramoisie. Comme j’en ai un peu parlé tout à l’heure, il faut faire la guerre à la Cramoisie. Commençons par de l’aide humanitaire. L’OND s’occupe de Carnavale, l’Afarée doit saisir cette chance pour montrer qu’elle peut être unie, sans qu’un autre continent vienne s’en mêler.

Sur le plan économique, nous sommes tout aussi ouverts. Churaynn est prêt à signer des pactes commerciaux solides avec l’Azur, notamment autour de la sécurisation du canal, des transports, de la logistique. Vos investissements seront les bienvenus. Et enfin, sur la dissuasion. Vous proposez vos missiles Mahaar je vous en remercie. Et, sachez que Churaynn est disposé à acheter en très grand nombre vos missiles balistiques. Si c’est le cas, on les veut. On paiera. Et on s’en servira si l’on est attaqué. Car aujourd’hui, notre priorité, c’est de dissuader tout adversaire qui rêverait de soumettre encore une fois notre continent. »
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Jamal al-Dîn al-Afaghani Pasha était assis en tailleurs face aux hôtes du Diwan. A sa droite se trouvait Muhammad Badie, le secrétaire personnel du Calife, celui qui était les oreilles et les yeux du guide spirituel et politique de l'Azur, dissimulé dans l'ombre de ses jardins privés. A sa gauche se trouvait Houria Ben-el-Teldja, sa ministre, l'une de ses proches : une femme combative, animée par le même courant islamo-progressiste qu'Afaghani, et qui avait fait au ministère des Affaires étrangères la preuve de sa fermeté. L'attelage représentait l'exécutif azuréen, traversé par des courants contraires : un fort vent réformiste, démocrate, plus libéral et tolérant, soufflait avec l'arrivée récente d'Afaghani à la Porte ; mais les masses conservatrices, intransigeantes et traditionnelles demeuraient profondément ancrées, représentées par Badie, qui derrière ses fines lunettes composait un masque impassible. L'Azur n'est pas d'une seule pièce. C'est une société en mutation, orientée tantôt à gauche, tantôt à droite, par les évolutions de l'économie, des discours et de l'atmosphère.

Afaghani Pasha était un diplomate chevronné ; il avait eu l'expérience de gérer des cas difficiles. Cependant, son talent était surtout dans la proposition d'idées générales et de projets collectifs ; c'était un homme affable et enthousiaste, dont l'optimisme était chevronné au coeur. Il avait des raisons de croire à de plus beaux lendemains : il portait toujours comme un abîme dans le coeur la perte de sa fille chérie, victime dans la fleur de l'âge, joie perdue, étoile. L'énormité de son chagrin lui avait fait entrevoir la douceur amère de l'existence et la seule chose importante à faire : améliorer le monde des femmes.

Engagé pour la paix, il en aurait convoité le prix Nobel s'il avait existé. Haut fonctionnaire, familier des arcanes les plus hautes du pouvoir, il n'en demeurait pas moins un politicien et un stratège, usant de charmes et de mensonges pour avancer ses pions. Il ne cilla à aucune des affirmations du Sadr, et n'aurait pas permis que quiconque dans sa suite le fasse. Son précédent adversaire, le charismatique orateur conservateur Tashdemir, avait été envoyé au tapis : c'était Afaghani qui avait remporté le Congrès de la Nahda, et qui s'était fait nommer Grand Vizir par Son Altesse Sémillante. Son sourire et sa barbe joviale étaient le portrait d'une force tranquille, aussi optimiste qu'opiniâtre.

Il était entouré de Houria et de Muhammad. Deux éminences des chancelleries du Diwan. Deux faces d'une même pièce, qui avaient négocié des accords de coopération avec le Grand Kah et l'Alguarena. Il ne leur laissa cependant pas le loisir d'intervenir ; Afaghani voulait gérer le Churaynn lui-même. Il reposa le tube de bois ouvragé du narguilé en reprenant la parole.

Votre Altesse a des propos aussi tranchants qu'un sabre.

Je me réjouis d'aborder avec vous les questions sensibles. Je n'ai l'intention que de m'assurer que vous repartiez de notre capitale avec un coeur net et rasséréné sur ce qui nous lie, et ce qui nous sépare.

Vous avez mentionné l'essentiel à mes yeux : l'Afarée, et les Etats qui la composent. Endormi, l'Althaj ? Lèche-bottes, le Faravan ? Isolé, l'Antegrad ? Orgueilleux, le Banairah ? Mendiante, reculante, notre Afarée ?

Votre Altesse représente bien là un peuple fort et qui n'a pas froid aux yeux. Permettez-moi de ne pas partager votre rhétorique, ni me faire l'avocat de nos amis et de nos frères, qui sauront sans aucun mal défendre leur réputation par eux-mêmes. Et d'identifier là notre profonde différence d'approche. En tant que Grand Vizir, je ne saurai tolérer qu'aucun diplomate azuréen use jamais des mêmes termes que vous à l'égard de nos frères ; ils ne seyent pas au rang de l'Azur.

Nous ne voulons prononcer à l'égard de nos frères que des paroles empreintes de bienveillance. J'irais à l'essentiel : ce que vous dites, j'en ai conscience. Je suis bien informé des difficultés de notre continent, des mésaventures de nos voisins, des égarements de nos frères. Je ne saurai cependant parler comme vous, ni en public, ni en privé, car vous connaissez le tempérament de mon ascendance persane : n'avoir qu'une parole. Et défendre son unicité plus chèrement que notre vie.

Je n'aurais donc ni le feu d'un Arabe ni la glace d'un Turc tant que je veillerai à la conduite de ce pays. Je choisirai mes mots avec soin et j'honorerai les traités que je signe. La signature du Diwan est plus précieuse que l'or, plus chère que la diamant. Je crois à la positivité du droit et de l'écrit. Je me méfie des paroles en l'air. C'est pourquoi je vais bientôt vous proposer de passer par écrit nos points d'accord.

Althaj, Banairah, Faravan et les autres sont une seule et même question : celle de la renaissance d'un collectif d'Etats afaréens. Vous le mentionnez également à travers votre idée d'Emirat. J'y viendrai à la fin de mon propos.

C'est pour sceller dans le marbre notre partenariat maritime, que vous venez d'évoquer, que je vous propose de signer un accord de coopération maritime. C'est de sceller notre accord qui le rendra solide et stable. Pourquoi la mer ? Pour le passage à Sudéiss, bien sûr, mais aussi pour la défense de nos droits respectifs. L'Azur ne peut défendre que les valeurs qu'ils consacre ; il ne se fera jamais mercenaire. Il ne prendra jamais aucune part aux combats qui ne sont pas les siens. Protéger votre souveraineté maritime deviendra notre affaire si nous parvenons à reconnaître mutuellement notre accord sur le sujet. La zone maritime souveraine est à nos yeux une part constitutive du territoire des Etats, nous en revendiquons la propriété et sommes prêts à reconnaître les mêmes droits à tous les peuples.

Proposition d'accord maritime Churaynn-AzurPréambule

Le Califat constitutionnel d’Azur et l'Empire Islamique de Churaynn constatent le besoin d’établir par le présent accord leur coopération maritime afin de sauvegarder leur intérêts mutuels et d’assurer la sécurité juridique des navires en mer. Le présent accord vise à consacrer la notion de « zone maritime souveraine » et à encadrer la coopération entre les deux Etats pour conforter la croissance et les retombées positives découlant d'un usage réglementé de l'espace maritime. Cet accord a vocation à s'inscrire de manière cohérente avec les autres dispositifs internationaux touchant aux questions maritimes.

Article 1 : de la reconnaissance de la zone maritime souveraine

Article 1.1 : du principe de la zone maritime souveraine
Les Etats partie au présent accord reconnaissent mutuellement leurs droits souverains réciproques sur leur zone maritime souveraine, définie comme le segment de territoire maritime situé entre le prolongement de leurs frontières terrestres et la ligne parallèle à la façade maritime établie à trois cents kilomètres (300 km) du continent. Cette zone est définie par les cartes maritimes fournies en annexe au présent traité.

Article 1.2 : du droit applicable
Les deux parties du présent accord considèrent que la zone maritime souveraine fait partie intégrante du territoire et que le droit qui s’y applique est le droit national du pays souverain. Les seules restrictions aux activités conformes à ce droit dans cette zone ne peuvent être admises que par le présent accord.

Article 1.3 : de la haute mer
Les territoires maritimes échappant à la définition de l'article 1.1 appartiennent à la "haute mer" ; ils ne sauraient être accaparés par aucun Etat. Seules les dispositions relatives à la liberté de navigation sont susceptibles de s'y appliquer.

Article 2 : de la liberté de navigation
Article 2.1 : du principe de libre circulation
Les navires civils portant pavillon de l’un des Etats parties à l’accord ont la totale liberté de circuler dans les eaux considérées comme souveraines de l’autre partie. Cette liberté de circulation ne peut être restreinte que pour des raisons exceptionnelles motivées par une décision de justice.

Article 2.2 : du principe de libre ancrage
Les navires civils portant pavillon de l’un des Etats parties à l’accord ont la totale liberté de circuler dans les ports de l’autre partie et de s’y amarrer sans considération de durée, dans le respect de la règlementation maritime locale. Cette liberté d’ancrage ne peut être restreinte que pour des raisons exceptionnelles liées à une décision des autorités sanitaires afin de mettre en place une quarantaine contre les épidémies.

Article 2.3 : de la lutte contre la contrebande
Dans le cadre de la lutte contre la contrebande, les dispositions de l’article précédent peuvent être suspendues pour un contrôle par la garde maritime motivé par une décision de justice. Cette décision de justice doit être communiquée au préalable aux autorités judiciaires de l’autre partie, au cas où le navire arraisonné serait enregistré dans ce pays.

Article 2.4 : de la circulation des navires de guerre
La circulation des navires de guerre est autorisée en mer sauf dans la zone maritime souveraine de chaque partie, sauf autorisation préalable. Avant de pénétrer dans la zone souveraine de l’autre Etat, un navire de guerre doit s’assurer que cet accès ne lui est pas défendu.

Article 2.5 : du canal de Sudéiss
Le Churaynn garantit à l'Azur le libre passage de ses navires civils et militaires à travers le canal de Sudéiss, dans les deux sens de la navigation. L'Azur s'engage à informer si nécessaire le Churaynn des éventuels transits qu'il effectue.

Article 3 : de la pêche

Article 3.1 : des licences de pêche
L’Azur et le Churaynn conviennent d’autoriser les navires de pêche de l’autre partie à circuler dans les eaux qu’ils considèrent relever de leur souveraineté. Seuls sont autorisés à se livrer à la pêche halieutique les navires disposant d’une licence octroyée par le ministère de la mer de l’Etat souverain.

Article 3.2 : de la définition des licences de pêche
Une licence de pêche est octroyée individuellement pour chaque navire et précise le tonnage maximum prélevable dans les eaux souveraines du pays émetteur, pour chaque espèce de poisson. Ce tonnage maximum doit être défini en lien avec le ou les autres pays selon les dispositions des articles suivants.

Article 3.3 : de la gestion des ressources halieutiques
Afin d’éviter la surexploitation de la ressource halieutique préjudiciable à l’ensemble des Etats ouverts sur la mer, les Etats parties au présent accord s’engagent à coopérer pour se transmettre l’ensemble des données océanographiques afin de suivre l’évolution des bancs de poisson, la qualité chimique des eaux, et l’état général de la faune et de la flore sous-marine.

Article 4 : de la conservation des écosystèmes marins

Article 4.1 : de la coopération entre instituts d’océanographies
Les autorités scientifiques dédiées au suivi des écosystèmes marins des deux pays s’engagent à collaborer et à transmettre leurs découvertes et données sans conditions.

Article 4.2 : de l’exploitation des ressources géologiques sous-marines
Etant constaté que les forages pétroliers, gaziers, et les autres activités d’extraction des ressources géologiques sous-marines engendrent des dégâts irréversibles sur la biodiversité et préjudiciables aux populations humaines riveraines, les parties signataires s'engagent à informer les Etats frontaliers des projets d'extraction sous-marine qu'elles envisagent au cas où sont avérés des risques.

Article 4.3 : des aires marines protégées
Les parties s'engagent à ne pas mener d'activités dans les aires de conservation marine. Ces régions sont à définir de manière consensuelle entre les parties. (Joindre une carte des aires de conservation marine le cas échéant).

Article 5 : de l’application de l’accord
Le présent accord entre en fonction à partir de la signature par les deux parties. Il pourra être révisé par concertation commune. La non-application d’un des articles de l’accord par l’une des parties rend l’ensemble de l’accord caduc. Il appartient seulement aux autorités judiciaires de caractériser un non-respect d’une des clauses de l’accord. L’Azur et le Churaynn formulent ensemble le souhait que le présent accord soit respecté ou révisé s’il y a lieu de le faire, dans un esprit de coopération bienveillante et de considération pour les intérêts mutuels de l’autre partie.

La diplomatie, c'est chercher à se comprendre. Je vais venir très bientôt aux points qui sont importants pour vous, mais je vous prie de me laisser exprimer les miens. Et ceux-ci divergent en partie des vôtres. Vous avez parlé de la distance qui nous sépare et je m'en rends bien compte : notre approche de certaines questions diverge. Je voudrais mentionner le cas de Stérus. Bien sûr, le Churaynn a le droit souverain de choisir ses partenaires comme il l'entend, et l'Azur est d'ailleurs rassuré de voir votre pays capable de s'entendre avec des nations lointaines. Néanmoins, je souhaite vous informer de notre point de vue soucieux. Stérus est un Etat aleucien qui est en prise avec certains de nos partenaires, Westalia et le Wanmiri, desquels nous ne nous désintéressons pas. La question de la liberté et de l'intégrité des convois commerciaux est très importante pour notre économie et nos marchands. La piraterie dont s'est visiblement rendue complice l'Etat de Stérus nous inquiète. Nous nous préoccuperons donc de l'évolution de la situation. Contrairement à vous, si je le comprend bien. Vous comprenez alors pourquoi la possibilité de voir Stérus s'implanter en Afarée suscite notre vigilance. Vos paroles sont rassurantes : je sens avec clarté que le Churaynn garde la parfaite maîtrise de la situation, et je suis heureux de pouvoir m'en remettre à vous.

Au sujet de l'entité cramoisiste, je constate que le sang churaynn ne ment pas. Faire la guerre à cette entité vous apparaît inévitable. Je crains que vous n'ayez raison. Cependant la guerre ne se décrète pas et la victoire n'est pas une chose facile à saisir. Victime de bombardements, vous en savez quelque chose. L'Azur ne fera donc pas preuve de témérité, alors que nous savons que les autorités criminelles de cette entité et de sa maison-mère sont actuellement en prises avec une coalition d'Etats. Le conflit est cruel, sanglant et destructeur.

La guerre à Cramoisie ne peut qu'être totale : l'Azur n'a aucunement l'intention de convenir un quelconque jour prochain d'un armistice, d'un traité de paix, et de l'établissement pérenne d'une Cramoisie partielle, totale, réduite, diminuée, amendée : cette abomination, créée dans le sang, doit être entièrement extirpée de notre continent. Le territoire qu'elle occupe doit être entièrement restitué à ses propriétaires : et je parle là bien de restitution, non d'une quelconque annexion. L'Azur fait preuve de patience et de discernement sur ce sujet épineux. Nous voyons en effet proliférer les opportunistes. Le Coran nous arme sur ce point : « En vérité, Dieu voit parfaitement ce en quoi vous oeuvrez » (Coran XLIX, 18) : nous savons qu'il n'y a nul avenir pour leurs entreprises pernicieuses. Et nous nous en assurerons dûment. Nous laisserons donc d'abord les opportunistes se révéler à la lumière du jour, puis nous fondrons sur eux. Soyons réalistes : en cas de guerre, il n'y aura de libération du territoire que par le nettoyage jusqu'à la dernière goutte de sang de ce pays. Qui dispose des armes suffisantes pour mener ce projet à bien aujourd'hui ?

Que Votre Altesse se rassure donc autant sur nos intentions. L'Azur ne ment jamais. Il n'exclut pas la guerre, mais ne s'y jettera pas inconsidérément. Ni le Churaynn d'ailleurs : nous n'avons pas vu que Votre Altesse et son armée soient prêts à la confrontation directe avec Cramoisie et surtout avec les opportunistes qui rôdent autour d'elle.

Je suis navré de la teneur aigre de mes propos, mais je me dois à votre exigence de pure vérité. La vérité pure est que la situation contre laquelle se dresse votre juste colère n'est pas le fait de la lâcheté, du découragement ou de l'indifférence des Afaréens. Ces tares existent, mais elles sont minimes. La vérité est que notre continent et nos Etats sont encagés dans des rapports de force mondiaux aussi implacables que parfois invisibles. Et que bien fou est celui qui brûlerait ses ailes dans des affrontements héroïques mais perdus d'avance : ils ne seront d'aucun secours à personne.

Bien sage est celui qui poursuit dans la fraîcheur de l'ombre le travail patient et pour demain profitable, et là se trouvent la force et le courage.

Je suis d'accord avec vous : nous devons prendre les choses dans l'ordre. Nous devons agir. Nous devons changer les choses. Je m'étonne de votre soudaine pusillanimité à l'égard du Pacte afaréen de sécurité. Comme vous avez pu le constater, il ne s'agit pas d'une alliance mécanique et systématique comme le sont bien des organisations dans le monde. C'est d'abord un cercle de discussion, et une convention d'entente inclusive pour que les Afaréens puissent se parler. Votre colère vient, je le crois, de l'apparente indolence des Afaréens : mais quelle falaise avons-nous encore à remonter ! Comment espérer la renaissance de notre continent sans que ses membres ne se parlent ? qu'ils se promettent paix, assistance, solidarité ? qu'ils oeuvrent ensemble au travail qui nous attend ? C'est là le seul objectif du Pacte, et le Pacte est le seul à avancer dans cette voie. Ouvert à tous les Afaréens ; structurant des principes réellement tangibles pour la décolonisation ; avançant à visage découvert, honnête et droit avec le reste du monde, il est en fait, je le crois, notre seule voie de salut.

Je dois vous dire, Altesse, que je ne crois décidément plus à aucune solution pour l'Afarée qui ne soit celle des Afaréens eux-mêmes. Aucune autre ne saurait s'imposer ; ni celle d'opportunistes extérieurs et malins, ni celle de personnalités fortes mais solitaires. Car à la fin ce sera la force du commerce, des traités et des canons qui déterminera ce qu'est l'Afarée.

Je vous invite donc, Altesse, à bien vouloir m'expliquer davantage le scepticisme que vous entretenez à l'égard du Pacte, de sorte que je puisse y répondre avec toute mon énergie. Je vous invite, chers hôtes de Churaynn, à méditer ensemble pourtant tout le potentiel de coopération qui repose dans les divergences que j'ai brossée.

Je vous ai dit en introduction que le Diwan a envers le Churaynn tout le respect dû à son rang. Nous respectons votre souveraineté et n'avons aucunement l'ambition de vous faire dévier de la voie que vous avez choisie. La réciproque est vraie : l'Azur persévèrera dans son chemin de travail et de patience, de diplomatie et de clarifications, pour obtenir sécurité et prospérité. De là notre besoin de convenir à un Mémorandum, à un accord stratégique plus global entre nous. L'approche militariste des questions afaréennes par le Churaynn doit être compatible avec les efforts des Afaréens pour répondre aux problèmes de notre continent. L'approche diplomate de l'Azur doit être compatible avec les exigences nobles et souveraines de l'Afarée. Créons ensemble cette compatibilité en convenant des points essentiels.

Ces points essentiels existent déjà : ils sont ceux de la charte du Pacte.

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Yazid Malsiento, surnommé le Sadr.
Le Sadr incarnait l’Empire Islamique de Churaynn dans toute sa complexité : ancien trafiquant de Gandina, homme qui passe son temps à faire la fête, ministre redouté et apprécié, c’était lui, la sauvagerie de la débrouille. La Grande Province et Yuthipista se reflétaient en lui, territoire pauvre et riche à la fois. Il n’avait rien oublié de son passé criminel, et c’était justement ce bagage qui le rendait unique dans le palais impérial : capable de flairer les failles, de négocier avec les plus coriaces, de retourner la table quand l’Empire s’y attendait le moins. Quand un orateur prenait la parole, le Sadr ne se contentait pas d’écouter. Il penchait légèrement la tête, un sourire en coin, parfois un ricanement discret échappant à peine à ses lèvres. Ses yeux, pétillants et tranchants, jaugeaient chaque intention, chaque nuance de pouvoir. Il hochait la tête avec lenteur, feignant l’intérêt ou l’ennui selon ce qu’il avait envie de montrer, et pouvait interrompre à tout instant, ce qui transformait la salle. Rien n’échappait à son esprit : chaque pause, chaque mot, chaque hésitation était une faille, une ouverture qu’il enregistrait, analysait et retournait à son avantage. Le Sadr n’était pas un homme d’idéaux. Il était un homme de réalités, de conséquences et de fêtes éclatantes après les victoires politiques. Sa manière de s’exprimer, son audace et son sourire en coin forçaient le respect ou la crainte. Les échecs et les trahisons de sa jeunesse avaient forgé une lucidité sans pitié. Pourtant, derrière cette tête de drogué, se cachait l’ombre d’une nostalgie lointaine : celle d’une enfance perdue dans sa ville natale, Malhadan, où tous ses rêves ont été brisés. Il a dû survivre grâce aux lois des plus forts. Ça lui permettait un peu de manger, oui ; mais jamais de remplir son assiette. Le Sadr savait manipuler et tuer comme d’autres collectionnent les trophées.

La diplomatie, pour lui, était un jeu de pouvoir où la fête n’était jamais loin.

Votre Grandeur,

Vos paroles sont dignes d’un esprit méthodique et lucide, et je prends soin de les recevoir dans leur intégralité. Je constate votre volonté de réduire la réalité à des notions de bienveillance et de mesure ; sachez que je la respecte, mais elle ne saurait dicter à l’Empire de Churaynn la cadence de ses décisions ni la portée de ses ambitions. Les Afaréens, qu’ils soient de Faravan, Althaj, Antegrad, Banairah ou propres à Afarée, ne peuvent plus se contenter de palabres et de conseils qui ne mèneront jamais à rien. Le temps de l’attente est révolu. Churaynn a compris que, pour que le monde regarde, il faut faire du bruit. C’est ce même bruit que font les missiles. Et c’est ce qui fait la grandeur de Churaynn. Permettez-moi d’entrer dans le vif de notre propos. Votre intention de respecter nos droits maritimes est louable ; nous l’accepterons à la condition expresse que la surveillance, l’usage et le contrôle des passages soient exercés par nos forces ainsi que, si vous le voulez, par quelque navire azuréen pour épauler Churaynn près de Sudéiss, et que tout manquement soit interprété comme une violation des accords. L’Azur parle de justice et de légalité, mais nous parlons d’efficacité et de force. Un traité qui ne s’accompagne pas de garanties concrètes n’est qu’un papier fragile, qui finira comme la majorité des organisations des Afaréens.

Vous évoquez Stérus et les intérêts aleuciens. Sachez que nous n’ignorons rien des complications que vous dénoncez, mais la prudence ne saurait devenir inaction. Churaynn a choisi depuis longtemps sa voie. Nous considérons Stérus comme un partenaire stable, qui permet à Churaynn de posséder dans quelques jours plusieurs frégates. Votre prudence est noble, mais je pense que Churaynn continuera à garder de bonnes relations avec Stérus, qui reste un très bon allié de Churaynn. Vous dites aussi que Stérus a fait de la piraterie. À cette heure, aucun document ne montre que c’est bien Stérus qui a agi. Je comprends que vous souhaitez soutenir vos alliés, mais sans preuve, Churaynn continuera à soutenir Stérus. Westalia et le Wanmiri auraient pu simuler cette attaque pour nuire à la réputation de Stérus. Nous n’épargnons aucune issue. Churaynn restera ouvert si des preuves sont montrées.

Concernant la Cramoisie, je vous l’accorde : le sang churaynn ne ment pas, et il n’y aura pas d’hésitation. Vous soulignez à juste titre que l’extirpation complète est nécessaire. Je vous le confirme : Churaynn n’admettra aucun compromis, aucune concession partielle. La guerre sera totale. Si le monde civilisé se permet de laisser des innocents mourir, l’Empire agit, et nous agirons jusqu’à ce que l’ombre de la Cramoisie soit entièrement balayée. Nous n’exigeons pas votre témérité, mais votre reconnaissance de la certitude de nos mesures. La question de combattre la Cramoisie est une question qui reste à discuter avec le Parlement. Nous verrons ce que nous ferons. Je peux juste vous dire que Churaynn ne fera pas comme certains, qui regardent ce génocide sans rien faire. Churaynn ne se brisera pas les ailes car il n’essaie pas de jouer les héros. Car nous sommes les héros dans l’histoire. Mais avant, nous devons bloquer la Cramoisie, pour ne pas que quelqu’un réapprovisionne avec des missiles balistiques. C’est pour cela que nous demandons l’aide des Azuréens, pour faire ce blocus. Je pense que cela réduira complètement les chances d’une attaque balistique de l’entité cramoisiste. Et surtout, permettra de ne pas instaurer la peur d’un deuxième Estham en Afarée. Par ailleurs, nous souhaitons vous parler de l’un de vos alliés : le Finejouri. Il s’est montré très coopératif avec la Cramoisie, jusqu’à posséder une ambassade. Finejouri est membre du Pacte Afaréen de sécurité et je pense sincèrement qu’aucun membre ne doit aider la Cramoisie. En possédant une ambassade cramoisiste, il décridibilise le PAS. C’est une honte envers le PAS et chaque État afaréen qui se bat contre la Cramoisie. Nous essayons tous de faire des efforts, mais si même des États d’un pacte qui dénoncent la Cramoisie ont tout simplement l’idée de gratter des avions et des missiles… L’Azur inspire la vérité, Churaynn veut rejoindre le PAS. Mais tant qu’il y aura des États comme Finejouri qui décridibilisent le pacte, Churaynn ne pourra pas rentrer. En laissant Finejouri dans le pacte, c’est comme si le PAS acceptait les agissements de la Cramoisie. Chose dont l’Ouwanlinda, l’Antegrad et vous, Excellence, ne serez pas d’accord.

Vous soulignez la nécessité du dialogue au sein de l’Afarée et louez le Pacte afaréen. Je vous écoute, mais permettez-moi de parler avec franchise : les Afaréens eux-mêmes ont trop longtemps été séparés. Le Pacte ne saurait remplacer la force d’un État capable de décider et d’imposer sa vision. La diplomatie doit accompagner la puissance. La force d’une organisation est mesurée par la force militaire et économique de toute l’organisation. Par exemple, le BNE, qui est une organisation que tout État qui n’en fait pas partie sait que cette organisation ne servira à rien. Ils n’ont ni cette force économique ni militaire pour s’imposer face à des organisations telles que l’ONC ou l’OND. C’est bien triste, mais c’est cette triste vérité que l’Azur doit prendre en compte. Votre distinction entre bienveillance et fermeté m’amuse autant qu’elle me préoccupe. Churaynn n’a jamais cru aux discours qui ne vont pas droit au but. La stabilité que vous louez repose sur des traités, certes, mais leur sécurité est garantie par votre capacité à punir les écarts, à réprimer les trahisons et à protéger nos intérêts par tous les moyens nécessaires. Si l’Azur est reconnue, c’est aussi grâce à son armée. Sans armée, l’Azur ne serait pas regardée par le top 10. Le Pacte afaréen et ses ambitions sont louables, mais il est naïf de penser qu’un cercle de discussion puisse produire la renaissance d’un continent fracturé. Churaynn agit pour l’unité réelle, celle qui repose sur l’ordre et la hiérarchie des États capables d’assumer le pouvoir. La décolonisation, la justice ou la solidarité ne sont pas des concepts abstraits : ce sont des objectifs à atteindre par le contrôle, par la diplomatie et, lorsque nécessaire, par l’usage de la force. Aucun cercle de discussion ne remplacera cette nécessité. Enfin, permettez-moi de clarifier notre position sur les divergences. Nous ne cherchons pas la confrontation inutile, mais nous n’éviterons pas la décision ferme lorsque celle-ci est imposée par la réalité des faits. La coopération est possible et même souhaitable là où nos intérêts se croisent, mais elle repose sur la reconnaissance de notre autorité, de notre puissance et de notre détermination. Votre Grandeur, je vous écoute avec attention et estime, mais sachez que l’Empire de Churaynn agit selon ses principes : la sécurité de nos États et la restauration de l’Afarée. Nous ne promettons pas de bienveillance, nous promettons le respect de ceux qui agissent selon la force et la raison, et le châtiment de ceux qui trahissent cette loi. Je n’attends pas que vous approuviez chaque méthode, mais j’exige que vous compreniez la logique impitoyable qui guide nos choix. Churaynn, comme je vous l’ai dit, est prêt à écouter l’Azur. Ainsi, nous pouvons poursuivre la discussion avec franchise. Les accords maritimes, le suivi de Stérus, la stratégie envers la Cramoisie et le rôle du Pacte afaréen sont autant de terrains sur lesquels Churaynn se tient prêt à agir et à vous écouter. Mais nous agirons toujours pour ce que nous pensons bon pour l’Afarée. C’est ce que nous attendons également de nos partenaires. La confiance se construit sur la certitude de l’action, non sur des paroles.

Je constate également que vous ne m’avez pas répondu concernant mon grand rêve : celui de créer un grand Émirat. J’ai quelques idées, et je pense qu’il faudrait réunir les pays musulmans. Commençons par des réunions avec nos imams, pour garantir que chaque musulman puisse prier en toute sécurité n’importe où. Nous devons réunir les pays musulmans, car ensemble notre armée sera l’une des plus puissantes. Notre économie aussi. Plus besoin de conclure des traités commerciaux, car nous serons tous unis sous une seule et unique bannière. Ce projet reste à développer. Par exemple, en réunissant les navires de chaque pays musulman, nous pourrions créer plusieurs flottes, en Afarée et au Nazum. Grâce à cela, tout bateau pourrait être assuré de naviguer en sécurité. Si les grandes puissances s’unissent, pourquoi pas les musulmans ? Imaginez que chaque musulman soit protégé par un grand Émirat, où il pourra exercer sa religion sans craindre pour sa vie, comme cela se produit en Cramoisie. Cet Émirat serait celui qui décoloniserait toute l’Afarée. L’union fait peur à certains, mais elle est nécessaire pour assurer la sécurité et la prospérité de nos peuples. Je reste disponible si vous avez des questions sur ce sujet, que je souhaite développer au cours de notre réunion.
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Excellence Sadr.

Je répondrai aux différents points que vous avez abordé dans l'ordre.

D'abord, je suis heureux que nous puissions entériner un accord maritime entre nos deux pays. Sur la question de la zone maritime souveraine, l'Azur vous fera parvenir sous peu une carte de ses revendications légitimes, conformes à l'impératif de 300 km de distance à la côte. Celle-ci sera adjointe à l'accord. Je vous prie également de bien vouloir faire parvenir une même carte, de sorte que nous puissions nous engager à reconnaître votre territoire maritime. Ensuite, je me réjouis de votre approbation pour garantir à l'Azur un passage garanti à Sudéiss. A ce sujet, je dois vous confirmer que notre souhait idéal est de voir garantie la libre circulation de tous les navires, quel que soit leur pays d'immatriculation, non seulement à Sudéiss mais dans tous les canaux de l'isthme leucytalo-blême, et sur toute la planète en général. Ce principe s'appelle la liberté de navigation. C'est un principe qui, je crois, bénéficie à tous ; selon son principe, piraterie et interception des convois sont illégales : je suis sûr que c'est un principe qui pourrait recueillir votre adhésion. Si tel est le cas, proclamer le libre passage de tous les navires de tous les pays, moyennant quelques conditions de sécurité tout à fait compréhensibles pour limiter les risques, serait à l'honneur du Churaynn. Néanmoins, dans l'intervalle, l'Azur se réjouit de bénéficier de votre autorisation de passage. Sur la question de la garantie de ce droit : oui, les paroles ne suffisent pas, il faut toujours des garanties concrètes. C'était le sens de mon propos : la parole de l'Azur est déjà une garantie concrète. Nous ne la trahirons jamais et nous l'appliquerons : défendre notre parole, c'est défendre notre honneur. Nous ne voyons donc aucune nécessité à doubler notre signature de garanties "concrètes", puisque sa sincérité est assurée. Néanmoins, j'entends tout à fait votre remarque, et puisque nous vivons pour le moment dans ce monde chaotique où piraterie et représailles semblent la règle, je vous confirme que le Diwan consentira à pourvoir à vos exigences. Nous donnerons des garanties concrètes pour la sécurité du canal de Sudéiss, en proposant notre présence militaire dans la région. Je vous prierai de vous reporter à ma proposition finale, ci-dessous, pour en comprendre la teneur précise.

Au sujet de l'Aleucie : restons en là pour le moment. Nos deux pays divergent sur ce point, mais c'est une question très secondaire que nous n'avons aucunement l'intention de prioriser dans nos échanges. Prenons simplement l'engagement de ne jamais faire des questions aleuciennes un motif de confrontation entre nous.

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Au sujet de l'entité cramoisiste : c'est une bonne chose que le Churaynn adopte une ligne claire sur ce sujet. Nous aimerions que non seulement nos partenaires afaréens, mais aussi toutes les puissances mondiales, soient aussi claires. Vous indiquez que le Finejouri entretient des liens diplomatiques avec l'entité ; nous n'avons pas d'information complémentaire en ce sens, en revanche nos partenaires du Finejouri ont confirmé qu'ils ne souhaitaient pas risquer l'affrontement avec l'entité sans avoir la garantie de ne pas voir ce feu se retourner contre eux. Voisins géographiques de l'entité, ils tentent certainement d'assurer leurs arrières. Hélas, leur position n'est donc pas aussi claire que la vôtre ou que la nôtre. Néanmoins, nous devons, je le crois, faire confiance à la diplomatie pour faire changer d'avis les autorités du Finejouri ; de toutes manières, l'Azur ne compte pas faire de ce pays afaréen, au premier rang de la menace, le bouc émissaire de la passivité de la communauté internationale. Où sont le Grand-Kah, l'Alguarena ou Velsna face à Cramoisie ? Nulle part. En réalité, l'indifférence complice vis-à-vis de la situation est bien plus répandue : elle ne se limite pas du tout au seul Finejouri. Nous ne ferons donc pas ici le procès d'un Etat partenaire, à la puissance relativement faible par rapport aux grandes puissances mondiales, sur cette question. L'adversaire veut nous diviser, diviser les Afaréens et exacerber leurs griefs ; nous ne tomberons pas dans ce travers. Nous avons pleinement conscience du travail qui est devant nous, et que la communauté internationale ne facilite pas : ce travail, c'est celui de la réunion des Afaréens pour bouter la colonisation cramoisiste hors de notre continent.

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J'en viens donc au volet du Pacte afaréen de sécurité. Celui-ci sera lancé à l'occasion d'une grande conférence fondatrice en Antegrad, dans les prochaines semaines. J'espère compter sur la présence d'une délégation de votre pays. Le Churaynn ne peut associer les agissements du Finejouri à ceux de l'Azur ; le Pacte n'est pas un bloc homogène. C'est un espace de coordination. D'ailleurs, en adhérant au Pacte, vous aurez la possibilité d'activer l'article 4 de la Charte fondatrice et de requérir à l'encontre d'un autre Etat membre comme le Finejouri, une procédure d'exclusion, basée sur vos motifs concernant Cramoisie. Le Pacte disposera de mécanismes permettant de clarifier la situation vis-à-vis d'un Etat qui jouerait avec l'intérêt collectif. Je ne peux donc qu'insister sur la complète validité du Pacte avec vos intérêts et vos exigences : il est à la hauteur. De plus, l'Azur souhaite qu'après la fondation de l'organisation, le premier point à l'ordre du jour des discussions soit l'attitude à adopter face à Cramoisie. Nous demanderons à tous nos partenaires d'adopter une position sans équivoque, réunie autour du consensus anti-colonial pour l'abrogation complète de l'entité cramoisiste. Nous espérons compter sur votre soutien à cette occasion.

Sur l'usage de la force : vous savez, l'Azur n'a jamais écarté la possibilité d'utiliser sa force militaire. Il est d'ailleurs lui-même loin d'avoir renoncé à bâtir des forces de défense redoutables. Cependant, nous avons conscience que le strict rapport de forces militaire est à notre désavantage dans la plupart des cas. Qui se lancerait dans une guerre de longue haleine contre Carnavale ? Qui chercherait à envahir Cramoisie sur le terrain ? Tous ces affrontements sont loin d'être faciles à gagner ; au contraire, leur coût pourrait être mortel pour nos peuples. Notre raisonnement est donc de toujours faire passer la diplomatie d'abord. Car si le faible est perdant face au fort en cas de confrontation directe, il peut néanmoins utiliser l'intelligence et la ruse pour faire triompher ses idées, en se trouvant des alliés, en analysant la situation pour intervenir au bon moment, en prenant l'adversaire à revers de ses propres contradictions. Le grand général nazumi Tsu Sun n'a-t-il pas dit : « l'art de la guerre, c'est l'art de la ruse » ? Excellence, sans la ruse, je ne donne pas cher de votre peau dans ce monde de requins. Le Churaynn n'y est encore qu'un petit poisson.

J'en viens enfin à votre remarque sur la possibilité d'une grande alliance, une alliance des pays musulmans. Vous appelez cela un « Grand Emirat » ; je dois vous dire que l'Azur aura besoin de bien mieux comprendre vos intentions en matière de religion comme instrument de la politique internationale avant d'apporter une réponse définitive. Nul besoin de vous rappeler que nous revendiquons le califat de l'Islam, en la personne de Son Altesse Sémillante, notre Khalife, Kubilay al-Mârwâni Ibn Sayyid.

Par votre proposition d'émirat, je comprends une proposition de grande alliance politico-militaire des Etats musulmans. L'on y compte : le Churaynn bien sûr, et l'Azur ; le Ghamdan, l'Antegrad, l'Ameria en Afarée, et au Nazum : les Aykhanides, quelques tribus dans les Quatre-Vallées, et une faction séparatiste ramchoure. En réalité, la plupart des musulmans vivent dans des Etats qui n'ont pas l'islam comme religion officielle : Banairah, Faravan, Medina al-Sarah (Cité du Désert), Azzymérie, Bajusid, Qadisha, et au Nazum : Yukanaslavie (pour la province chiite), Negara Strana (un pays communiste), Jashuria (un pays bouddhiste)... Voilà donc les coordonnées de l'alliance. Vous comprenez qu'une seule alliance des Etats musulmans ne compterait dans ses rangs aucun pays situé dans les 20 premières puissances mondiales... Et ne saurait donc suffire aux grands objectifs que vous lui donnez.

Cependant l'idée n'est pas mauvaise. Vous savez que l'Azur est depuis longtemps engagé pour le panislamisme, la réunion de tous les musulmans, écartant divergences de courant au profit de notre appartenance mutuelle à la Oumma. Nous travaillons d'ailleurs actuellement à mettre en place une organisation internationale sous la forme d'un Conseil des Lieux Saints, qui puisse assurer la gouvernance des sites sacrés de Maka et Taba, en bonne intelligence avec la République laïque du Banairah qui contrôle ces territoires. Ce projet n'est pas encore achevé, mais le Churaynn y aura toute sa place. Ce serait la première scène de discussions entre tous les Etats musulmans, et l'endroit judicieux pour faire valoir vos propositions de nature plus stratégique.

J'entrevois dans votre proposition le besoin réel de structurer une alliance des acteurs qui partagent nos valeurs et nos intérêts pour nous empuissanter, pour monter en force dans l'échiquier géopolitique mondial. L'Azur adhère entièrement à ce besoin. Il considère que l'Afarée est le meilleur espace pour cela, car nos pays ont l'intérêt immédiat et évident d'assurer la paix régionale et d'éliminer les menaces étrangères, notamment coloniales, de notre voisinage. Nous ne saurions que mettre en avant le Pacte afaréen de sécurité comme prototype d'une telle alliance, appelée à émerger. Le Pacte n'est à ce stade pas une alliance, mais il pourrait donner naissance à des projets qui y ressembleraient.

Toute alliance ne peut qu'être fondée sur une base solide comme le granite de compréhension mutuelle et d'adhésion à une vision commune. Je vous propose, Excellence, de considérer notre proposition d'accord intégral entre le Churaynn et l'Azur, comme l'une de ces bases solides qui pourraient soutenir, dans le futur, de plus amples coopérations.

Proposition d'accord Azur-Churaynn (brouillon)

  • L'Azur et le Churaynn adhèrent aux traités d'interdiction des armes chimiques, bactériologiques et radiologiques proposés par Caratrad et le Grand-Kah.
  • L'Azur et le Churaynn s'engagent à ne pas agir militairement l'un contre l'autre.
  • Le Churaynn adhère au Pacte afaréen de sécurité et au Conseil des Lieux Saints.
  • Le Churaynn s'engage à écrire au Banairah, au Faravan et à l'Althaj pour les assurer en toute transparence de ses bonnes intentions à leur égard.
  • Le Churaynn autorise l'Azur à passer librement dans le canal de Sudéiss.
  • L'Azur déploie un sous-marin lance-missiles et un sous-marin d'attaque dans une base à proximité pour assurer la sécurité du canal et la liberté de navigation dans les eaux avoisinantes. Cette base comptera aussi des radars et des armes antiaériennes et un contingent de 1000 soldats. Le Churaynn est garant de l'intégrité de cette base. Cette base pourra être révoquée sur demande du Churaynn à l'avenir, sans remettre en cause le principe de libre navigation. Les habitants de la région concernées doivent confirmer leur consentement, soit par décision de leurs autorités religieuses traditionnelles, soit par un vote.
  • L'Azur investit 10'000 points dans l'économie churaynne, dans des secteurs qui restent à définir.
  • L'Azur fait don au Churaynn de 6 missiles antinavires Mahaar de niveau 9 pour assurer la sécurité de ses eaux et du canal.
  • Si le Churaynn le désire, l'Azur lui vend 6 autres missiles Mahaar au prix de 1500 points par unité.
  • Le Churaynn s'engage à ne pas agir militairement contre le Finejouri ou un autre Etat afaréen avant l'adoption d'une position commune des Etats du Pacte afaréen de sécurité vis-à-vis de Cramoisie. Il s'engage aussi à ne pas agir militairement contre Karty si l'Azur n'est pas d'accord (en revanche il peut adopter toute forme de sanctions).
  • L'Azur, le Churaynn et d'autres pays afaréens (HRP : mieux vaut une initiative large) lancent un embargo international contre Cramoisie.
  • L'Azur et le Churaynn lancent une enquête judiciaire pour identifier les soutiens de Cramoisie (individus, entreprises) et les traduire en justice pour complicité de génocide.
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Jamal al-Dîn al-Afaghani Pasha avait cette façon particulière de parler qui vous donnait l’impression d’assister à vos propres funérailles en direct, mais avec un sourire et un thé parfumé en prime. Chaque phrase, polie jusqu’à briller, dissimulait l’acier d’un contrôle total. On n’y voyait que des propositions « raisonnables », des « accords équilibrés » et des « visions communes », autant de jolis rubans pour emballer l’idée qu’un jour, Churaynn ne serait plus qu’un État-sbire, un État fantôme imposé par l’Azur. Sans leur bénédiction, pas un mouvement, pas une réaction, pas même le droit de respirer sans permission. Et tout cela, énoncé d’une voix douce, avec cette pointe de condescendance qui transforme chaque mot en gifle invisible. C’était cette sensation que ressentait le Sadr. Malsiento, le Sadr, ne jouait pas à l’hypocrisie. Ses yeux, eux, racontaient une autre histoire : il fixait l’émissaire azuréen comme pour lui rappeler que les jolies phrases ont parfois un prix en sang. Toujours avec ce léger sourire au coin de la lèvre. Le Sadr connaissait ce genre de discours. Il savait reconnaître l’odeur d’un marché où l’honneur se vend, et l’Azur en apportait un plein sac. Ce qui l’agaçait le plus, c’était cette assurance tranquille, cette façon de se comporter comme si Churaynn avait déjà cédé, comme si l’accord avait déjà été signé. Le silence entre chaque phrase de l’Azur donnait encore plus envie de croire que l’Azur voulait se montrer plus grand, plus fort que tout Churaynn. Il laissait flotter ses mots pour qu’ils s’imprègnent, pour que chacun dans la pièce s’habitue à l’idée d’un empire domestiqué par l’Azur. Mais Malsiento, lui, n’avait jamais été domptable. Ce n’était pas un homme de patience, mais il savait reconnaître le moment précis où la table se renverse, et celui-ci approchait à grands pas. Ce ton paternaliste, cette manière de tisser ses arguments, avaient de quoi rendre fou n’importe quel conseiller, et Yazido Malsiento, le Sadr, n’était pas n’importe qui. Le Sadr sentait l’insulte derrière les flatteries, l’humiliation glissée sous forme de promesse. Il savait reconnaître les tentatives d’acheter la dignité d’un peuple avec de belles formules, et il détestait ça. On ne parle pas à un ancien trafiquant de drogue comme on s’adresse à un vassal. On ne parle pas au Sadr comme à un jouet.
J’ai pris le temps d’étudier chaque ligne de votre proposition. Et, avant de répondre point par point, permettez-moi de rappeler une vérité simple : l’Empire de Churaynn n’est pas un protectorat, ni une province d’un autre État, ni un pion sur l’échiquier des puissances. Votre texte contient des éléments constructifs, mais également des clauses inacceptables qui, si elles étaient signées en l’état, feraient de Churaynn un État qui doit demander la permission d’agir. Cela n’arrivera jamais.

Vous écrivez : « Le Churaynn s’engage à ne pas agir militairement contre le Finejouri ou un autre État afaréen avant l’adoption d’une position commune des États du Pacte afaréen de sécurité vis-à-vis de Cramoisie. Il s’engage aussi à ne pas agir militairement contre Karty si l’Azur n’est pas d’accord. » Depuis quand un État souverain doit-il demander l’accord d’un autre pour défendre ses intérêts ? Churaynn ne signera jamais un texte qui subordonne sa capacité d’action à l’approbation d’un partenaire, quel qu’il soit. Nous ne sommes pas une force suppléante ; nous ne sommes pas une extension de l’Azur. Soyons clairs : Churaynn peut, par choix diplomatique, consulter ses alliés avant d’agir. Mais jamais il ne se liera par traité à l’obligation d’obtenir une autorisation préalable. La décision de faire la guerre ou de frapper militairement appartient au seul Empereur, après avis de ses instances nationales. En revanche, nous proposons une clause inverse : si Karty ou le BNE attaque militairement le Churaynn, l’Azur s’engage à lui porter assistance militaire et économique immédiate. Cette assistance inclura, à minima, un soutien logistique, un déploiement de forces défensives et un apport financier pour compenser les pertes économiques. Si l’Azur n’est pas disposée à s’engager ainsi, alors vos idéaux d’unité de l’Afarée apparaîtront comme un discours creux. Une attaque du BNE est surtout plus probable, compte tenu des différentes tensions eues avec Karty. La République impériale semble même ignorer Churaynn ; ils n’ont sûrement pas envie d’être encore une fois condamnés. Churaynn peut vous garantir qu’elle n’attaquera ni Karty ni le BNE en premier. Elle répondra, par contre, après consultation des instances nationales, de l’Empereur puis du Pacte afaréen de sécurité.

Quant au sujet de la base à Sudéiss, plus précisément à Darbuna (passage du canal de Sudéiss), nous acceptons.
Nos conditions sont donc : une durée limitée du déploiement, avec réexamen tous les deux ans par le Parlement et la Haute Instance Impériale de Coordination, ainsi que le droit de veto churaynn sur toute opération offensive des forces azuréennes à Darbuna.

Maintenant, sur la question de l’affaire Stérus. Vous souhaitez « mettre de côté » la question. Churaynn ne fait pas de politique de l’autruche. Tant qu’aucune preuve irréfutable n’est apportée, nous continuerons notre coopération avec Stérus, car rompre un partenariat stratégique sur la base de soupçons serait un signe de faiblesse, et Churaynn n’en donne pas.

Sur la question de Cramoisie et du Finejouri.
Nous accueillons favorablement l’idée d’un embargo. Un engagement écrit de chaque État à sanctionner Cramoisie, y compris s’il s’agit d’un membre du Pacte, et un embargo fait par les alliés de Churaynn ainsi que de l’Azur, permettront de tous nous unir contre une seule et unique menace.
Sur le Finejouri, nous ne partageons pas votre indulgence. Un partenaire qui entretient des relations officielles avec l’ennemi n’est pas un simple « craintif » : il montre de la faiblesse stratégique. Surtout que le PAS peut le protéger. Finejouri ne va sûrement pas participer à l’embargo. Mais ce n’est pas grave, Churaynn usera des mécanismes du Pacte pour exiger des clarifications et, le cas échéant, une exclusion.

Sur le Pacte afaréen. Nous sommes prêts à y participer si ses mécanismes garantissent que la voix de chaque membre pèse réellement et que l’organisation ne devienne pas l’outil d’un seul État.

Sur le Grand Émirat. Votre analyse est juste sur la dispersion des forces musulmanes. Mais c’est précisément pour cela qu’un projet tel que le Grand Émirat est nécessaire. J’accepte tout de même l’idée d’un Conseil des Lieux Saints.

Nous refusons aussi d’écrire au Banairah, au Faravan et à l’Althaj pour les assurer en toute transparence des bonnes intentions à leur égard. Par contre, soyez-en sûr, nous les contacterons. Ce sont des alliés sur lesquels nous devons compter. Surtout quand les Trois Lunes seront libérées. Là, nous aurons besoin de puissances économiques et influentes telles qu’ils sont.

Nous vous remercions de votre don de missiles antinavires. Quant aux missiles Mahaar, nous verrons dans les mois à venir. Une acquisition sera sûrement certaine.

Pour finir, sur l’accord global, nous pouvons avancer vers un texte commun, mais pas au prix de notre autonomie.


Proposition d'accord Azur-Churaynn


• L'Azur et le Churaynn adhèrent aux traités d'interdiction des armes chimiques, bactériologiques et radiologiques proposés par Caratrad et le Grand-Kah.
• L'Azur et le Churaynn s'engagent à ne pas agir militairement l'un contre l'autre.
• Le Churaynn adhère au Pacte afaréen de sécurité et au Conseil des Lieux Saints.
• Le Churaynn autorise l'Azur à passer librement dans le canal de Sudéiss.
• L'Azur déploie un sous-marin lance-missiles et un sous-marin d'attaque dans une base à proximité pour assurer la sécurité du canal et la liberté de navigation dans les eaux avoisinantes. Cette base comptera aussi des radars, des armes antiaériennes et un contingent de 1 000 soldats. Le Churaynn est garant de l'intégrité de cette base. Cette base pourra être révoquée sur demande du Churaynn à l'avenir, sans remettre en cause le principe de libre navigation. Les habitants de la région concernée doivent confirmer leur consentement, soit par décision de leurs autorités religieuses traditionnelles, soit par un vote.
• L'Azur investit 10 000 points dans l'économie churaynn, dans des secteurs qui restent à définir.
• L'Azur fait don au Churaynn de 6 missiles antinavires Mahaar de niveau 9 pour assurer la sécurité de ses eaux et du canal.
• Le Churaynn achètera, dans les prochains mois, 6 autres missiles Mahaar au prix de 1 500 points par unité.
• Le Churaynn s'engage à ne pas agir militairement contre le Finejouri ou un autre État afaréen avant l'adoption d'une position commune des États du Pacte afaréen de sécurité vis-à-vis de Cramoisie.
• L'Azur, le Churaynn et d'autres pays afaréens lancent un embargo international contre Cramoisie.
• L'Azur et le Churaynn lancent une enquête judiciaire pour identifier les soutiens de Cramoisie (individus, entreprises) et les traduire en justice pour complicité de génocide.
• L’Azur acceptera d’aider militairement et économiquement le Churaynn si le BNE et Karty attaquent en premier et sans justification claire.
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Excellence Sadr.

Vous rappelez que le Churaynn n'est pas un protectorat ou un pion. En effet, c'est un Etat souverain, et ce rappel était mon premier propos à l'ouverture de cette réunion. N'ayez donc pas pour moi des mots durs, en m'imputant l'intention de faire du Churaynn « une extension de l'Azur. » Il est évident que nous ne saurions vous contraindre, et d'ailleurs nous n'y avons aucunement intérêt. Contrairement à bien des puissances, nous ne convoitons aucune hégémonie, pas même sur l'Afarée bien que nos détracteurs le chuchotent derrière les volets. Vous pointez la nécessité que le Pacte afaréen de sécurité ne devienne pas la « chose » d'un seul Etat : je partage ce sentiment sans aucune faille. C'est pour cela qu'avec le Finejouri et l'Antegrad, des Etats très différents du nôtre, nous avons convenu dans la Charte que la présidence de l'organisation puisse être tournante, et non élective : cela mettrait l'ensemble des membres à égalité pour présider aux débats. C'est aussi pour cela que nous le souhaitons ouvert largement à tous les Etats afaréens, qu'il s'agisse de l'Antegrad et de l'Ouwanlinda, du Faravan ou de l'UC Sochacia. Cette organisation n'est pas hégémonique et ne consiste pas à former un bloc homogène et uniforme ; elle continuera à faire vivre notre diversité et notre indépendance respectives. En cela, Excellence, retournez tout à fait serein à Walemir : les intentions de l'Azur sont pures comme l'eau des glaciers.

Vous relevez la nécessité de renforcer le point lié à Karty en le transformant en un pacte militaire contre ce pays. D'abord, je souhaite bien réaffirmer que ce point ne tenait pas à une quelconque inféodation de votre diplomatie à la nôtre, mais à notre profond désir, qui est un besoin structurel majeur, de ne pas voir nos partenaires s'affronter entre eux. Nous ne voulons pas d'une guerre entre le Churaynn et Karty, qui serait un gaspillage insensé de forces et d'énergies : c'est pour cela, en vous présentant notre préoccupation sur ce point, que j'ai formulé notre besoin de pouvoir vous empêcher de déclencher un tel conflit. Vos assurances que vous n'en ferez rien ravissent le Diwan. Que vous ayez d'ailleurs le besoin de consolider cet engagement à travers un pacte militaire spécifique me semble compréhensible et légitime. C'est pourquoi j'adhère à votre proposition. Le Churaynn et l'Azur seront liés par un traité de défense en cas d'agression de Karty. Le cas échéant, nous vous fournirons un appui militaire et si nécessaire économique, en débloquant des fonds d'urgence, dans le cas où vos infrastructures ou vos capacités de défense étaient détruites. Je propose qu'un même pacte de défense nous lie envers les Etats du Bloc Nationaliste Eurysien, que sont le Menkelt, la Rimaurie, le Grammatika et l'Altrecht. Les mêmes dispositions s'appliqueraient, pour une durée limite d'un an. Après l'expiration de cette durée limite, elles ne s'appliqueraient plus. Pourquoi cela ? Parce que l'Azur ne souhaite pas multiplier les alliances militaires, et souhaite que notre pacte contre une agression kartyenne demeure exceptionnel, à titre de garantie pour solidifier notre amitié. Notre pays se veut indépendant, et donc lié au moins d'alliances possibles : à ce titre, le Churaynn représenterait donc le seul allié militaire du Califat.

D'ici à un an, je souhaite que le Pacte afaréen de sécurité se mobilise sur la question du Bloc Nationaliste Eurysien, qui a tenu envers l'Afarée des propos et des actes outrageants. C'est un dossier à porter à la connaissance des Etats membres après la conférence inaugurale. En effet, nous souhaiterions qu'une alliance défensive contre cette coalition raciste et impérialiste lie non seulement l'Azur et le Churaynn, comme le prévoirait le traité provisoire, mais aussi l'ensemble des Etats afaréens. Dans la continuité d'une politique décoloniale conséquente, c'est en Afaréens que nous étudierions ainsi un plan de décolonisation de l'Afarée occidentale grammatika, une enclave coloniale intolérable et dont la libération n'est qu'une question de temps. Je sais que des discussions ont déjà lieu à ce sujet entre certains pays afaréens, sans nous : c'est une bonne chose. L'Azur ne tient à avoir aucune exclusive sur la lutte contre le colonialisme ; au contraire, nous nous réjouissons que les Afaréens prennent les choses en main. Si besoin est, nous pourrons apporter notre appui au Protocole de Marcine.

Au sujet du Faravan, de Banairah et de l'Althaj : ma seule préoccupation est que le Churaynn entretienne de bonnes relations avec ces Etats. Je vous l'ai dit, l'Azur a besoin véritablement d'éviter toute confrontation entre ses partenaires. Ces trois pays sont de grandes puissances afaréennes, avec lesquelles il faudra compter. Je vous fais confiance pour établir avec eux de bons liens, notamment avec le Faravan, qu'hélas des circonstances antérieures ont rendu sceptique à votre égard. Nous avons besoin de tout le monde pour avancer en Afarée.

Au sujet du canal de Sudéiss, je me range à vos demandes. Ainsi, la présence d'une base azuréenne serait limitée dans le temps, par exemple à deux ans ; après le 1er juin 2019, les forces azuréennes devront avoir évacué leur base pour laisser au Churaynn le plein contrôle de la sécurité dans le canal, sauf si vos autorités renouvellent le protocole de cette base pour une nouvelle durée de deux ans.

Enfin, Excellence, je me réjouis au nom du Diwan de nos nombreux points d'accord sur le Conseil des Lieux Saints et le principe de l'Emirat. Je vous propose donc les textes suivants, prêts à être signés, sauf si vous voyez une modification nécessaire : dans ce cas, n'hésitez pas à me retourner votre propre version du texte. Tous les points de notre mémo s'y retrouvent. Je vous propose des accords spécifiques et un mémorandum stratégique, ce qui est une sorte d'accord sur des questions diplomatiques.

Proposition d'accords signés entre le Churaynn et l'Azur (04.05.2017) :

Accord maritime Churaynn-Azur
Préambule

Le Califat constitutionnel d’Azur et l'Empire Islamique de Churaynn constatent le besoin d’établir par le présent accord leur coopération maritime afin de sauvegarder leur intérêts mutuels et d’assurer la sécurité juridique des navires en mer. Le présent accord vise à consacrer la notion de « zone maritime souveraine » et à encadrer la coopération entre les deux Etats pour conforter la croissance et les retombées positives découlant d'un usage réglementé de l'espace maritime. Cet accord a vocation à s'inscrire de manière cohérente avec les autres dispositifs internationaux touchant aux questions maritimes.

Article 1 : de la reconnaissance de la zone maritime souveraine

Article 1.1 : du principe de la zone maritime souveraine
Les Etats partie au présent accord reconnaissent mutuellement leurs droits souverains réciproques sur leur zone maritime souveraine, définie comme le segment de territoire maritime situé entre le prolongement de leurs frontières terrestres et la ligne parallèle à la façade maritime établie à trois cents kilomètres (300 km) du continent. Cette zone est définie par les cartes maritimes fournies en annexe au présent traité.

Article 1.2 : du droit applicable
Les deux parties du présent accord considèrent que la zone maritime souveraine fait partie intégrante du territoire et que le droit qui s’y applique est le droit national du pays souverain. Les seules restrictions aux activités conformes à ce droit dans cette zone ne peuvent être admises que par le présent accord.

Article 1.3 : de la haute mer
Les territoires maritimes échappant à la définition de l'article 1.1 appartiennent à la "haute mer" ; ils ne sauraient être accaparés par aucun Etat. Seules les dispositions relatives à la liberté de navigation sont susceptibles de s'y appliquer.

Article 2 : de la liberté de navigation
Article 2.1 : du principe de libre circulation
Les navires civils portant pavillon de l’un des Etats parties à l’accord ont la totale liberté de circuler dans les eaux considérées comme souveraines de l’autre partie. Cette liberté de circulation ne peut être restreinte que pour des raisons exceptionnelles motivées par une décision de justice.

Article 2.2 : du principe de libre ancrage
Les navires civils portant pavillon de l’un des Etats parties à l’accord ont la totale liberté de circuler dans les ports de l’autre partie et de s’y amarrer sans considération de durée, dans le respect de la règlementation maritime locale. Cette liberté d’ancrage ne peut être restreinte que pour des raisons exceptionnelles liées à une décision des autorités sanitaires afin de mettre en place une quarantaine contre les épidémies.

Article 2.3 : de la lutte contre la contrebande
Dans le cadre de la lutte contre la contrebande, les dispositions de l’article précédent peuvent être suspendues pour un contrôle par la garde maritime motivé par une décision de justice. Cette décision de justice doit être communiquée au préalable aux autorités judiciaires de l’autre partie, au cas où le navire arraisonné serait enregistré dans ce pays.

Article 2.4 : de la circulation des navires de guerre
La circulation des navires de guerre est autorisée en mer sauf dans la zone maritime souveraine de chaque partie, sauf autorisation préalable. Avant de pénétrer dans la zone souveraine de l’autre Etat, un navire de guerre doit s’assurer que cet accès ne lui est pas défendu.

Article 2.5 : du canal de Sudéiss
Le Churaynn garantit à l'Azur le libre passage de ses navires civils et militaires à travers le canal de Sudéiss, dans les deux sens de la navigation. L'Azur s'engage à informer si nécessaire le Churaynn des éventuels transits qu'il effectue.

Article 3 : de la pêche

Article 3.1 : des licences de pêche
L’Azur et le Churaynn conviennent d’autoriser les navires de pêche de l’autre partie à circuler dans les eaux qu’ils considèrent relever de leur souveraineté. Seuls sont autorisés à se livrer à la pêche halieutique les navires disposant d’une licence octroyée par le ministère de la mer de l’Etat souverain.

Article 3.2 : de la définition des licences de pêche
Une licence de pêche est octroyée individuellement pour chaque navire et précise le tonnage maximum prélevable dans les eaux souveraines du pays émetteur, pour chaque espèce de poisson. Ce tonnage maximum doit être défini en lien avec le ou les autres pays selon les dispositions des articles suivants.

Article 3.3 : de la gestion des ressources halieutiques
Afin d’éviter la surexploitation de la ressource halieutique préjudiciable à l’ensemble des Etats ouverts sur la mer, les Etats parties au présent accord s’engagent à coopérer pour se transmettre l’ensemble des données océanographiques afin de suivre l’évolution des bancs de poisson, la qualité chimique des eaux, et l’état général de la faune et de la flore sous-marine.

Article 4 : de la conservation des écosystèmes marins

Article 4.1 : de la coopération entre instituts d’océanographies
Les autorités scientifiques dédiées au suivi des écosystèmes marins des deux pays s’engagent à collaborer et à transmettre leurs découvertes et données sans conditions.

Article 4.2 : de l’exploitation des ressources géologiques sous-marines
Etant constaté que les forages pétroliers, gaziers, et les autres activités d’extraction des ressources géologiques sous-marines engendrent des dégâts irréversibles sur la biodiversité et préjudiciables aux populations humaines riveraines, les parties signataires s'engagent à informer les Etats frontaliers des projets d'extraction sous-marine qu'elles envisagent au cas où sont avérés des risques.

Article 4.3 : des aires marines protégées
Les parties s'engagent à ne pas mener d'activités dans les aires de conservation marine. Ces régions sont à définir de manière consensuelle entre les parties. (Joindre une carte des aires de conservation marine le cas échéant).

Article 5 : de l’application de l’accord
Le présent accord entre en fonction à partir de la signature par les deux parties. Il pourra être révisé par concertation commune. La non-application d’un des articles de l’accord par l’une des parties rend l’ensemble de l’accord caduc. Il appartient seulement aux autorités judiciaires de caractériser un non-respect d’une des clauses de l’accord. L’Azur et le Churaynn formulent ensemble le souhait que le présent accord soit respecté ou révisé s’il y a lieu de le faire, dans un esprit de coopération bienveillante et de considération pour les intérêts mutuels de l’autre partie.


Accord de défense mutuelle face à Karty
Accord de défense mutuelle face à Karty

Article 1
En cas d'attaque militaire kartyenne sur le territoire ou les intérêts nationaux de l'une des deux parties, les deux parties se trouveront en état de guerre vis-à-vis de Karty, et s'apporteront une assistance militaire mutuelle jusqu'à ce que la menace sur le territoire soit anéantie, ou qu'un accord de paix survienne.

Article 2
En cas de destruction d'infrastructures ou de matériel d'une partie par Karty, l'autre partie lui fournira une assistance financière pour la reconstruction et le rachat d'armements.

Accord de défense mutuelle face au BNE
Accord de défense mutuelle face au BNE

Article 1
En cas d'attaque militaire provenant d'un Etat membre du Bloc Nationaliste Eurysien sur le territoire ou les intérêts nationaux de l'une des deux parties, les deux parties se trouveront en état de guerre vis-à-vis du Bloc, et s'apporteront une assistance militaire mutuelle jusqu'à ce que la menace sur le territoire soit anéantie, ou qu'un accord de paix survienne.

Article 2
En cas de destruction d'infrastructures ou de matériel d'une partie par un Etat membre du Bloc Nationaliste Eurysien, l'autre partie lui fournira une assistance financière pour la reconstruction et le rachat d'armements.

Accord de sécurisation du canal de Sudéiss
Accord de sécurisation du canal de Sudéiss

Article 1
L'Azur jouit de la pleine liberté de navigation à travers le canal de Sudéiss, propriété de l'Empire Islamique de Churaynn.

Article 2
Sur demande du Churaynn, l'Azur participe au maintien de l'ordre et de la liberté de navigation dans le canal de Sudéiss et de ses alentours selon les termes d'un protocole ad hoc. Ce protocole a une durée de deux ans.

Article 3
L'Azur fournit au Churaynn gratuitement 6 missiles Mahaar pour la sécurisation des côtes. Il garde à disposition 6 autres missiles Mahaar pour un achat éventuel au prix fixe préférentiel de 1500 points unitaires par Churaynn.

Protocole de Darbuna
Protocole de Darbuna, Churaynn-Azur

1. Le Churaynn met à disposition de l'Azur une base militaire à Darbuna.

2. L'Azur y entretiendra un contingent de 1000 soldats, une cale sèche pour des sous-marins, des capacités antiaériennes et antinavales, et un dépôt de munitions. Il pourra rappeler des hommes et du matériel depuis la base en cas de besoin. Il pourra y augmenter le niveau de ses forces si le Churaynn y donne son accord express.

3. Les forces azuréennes stationnées à Darbuna ont vocation à assurer la sécurité du canal et des eaux adjacentes. Elles ne peuvent être mobilisées dans le cadre de toute autre opération, sauf si le Churaynn y consent de manière expresse.

4. L'ensemble des forces azuréennes présentes à Darbuna devra avoir évacué la base et l'avoir restituée aux autorités churaynnes avant le 1er juin 2019, sauf si les autorités churaynnes décident du renouvellement pour deux années du présent protocole.

5. Le présent protocole est réétudié par le Parlement et la Haute Instance de Coordination de l'Empire Islamique de Churaynn, en vue d'un renouvellement ou de son abrogation, tous les deux ans.

Accord économique Churaynn-Azur
Accord économique Churaynn-Azur

Article unique
L'Azur investira, par le biais de compagnies nationales, 10 000 points internationaux dans l'économie churaynne.

Mémorandum stratégique Churaynn-Azur
Mémorandum stratégique Churaynn-Azur

Désireux d'approfondir leur relation bilatérale, considérant l'opportunité de coopérer pour l'unité et la liberté de l'Afarée, soucieux de convenir d'un ordre afaréen stable et respectueux des peuples, déterminés à assurer leur plus parfaite coordination en matière diplomatique, résolus à démontrer leur entente de vues sur les grands sujets de notre temps, l'Empire islamique de Churaynn et le Califat constitutionnel d'Azur conviennent :

1. De ne plus jamais prendre les armes l'un contre l'autre.

2. De ne plus prendre les armes contre un Etat afaréen tiers avant la fondation du Pacte afaréen de sécurité.

3. D'adhérer aux deux traités existants pour l'interdiction des armes chimiques, bactériologiques et radiologiques, avant la fin de l'année 2017.

4. D'adhérer ensemble au Pacte afaréen de sécurité et au Conseil des Lieux Saints après la création de ces organisations.

5. De lancer un embargo militaire et commercial contre l'entité de Cramoisie avant la fin de l'année 2017.

6. De lancer une enquête judiciaire contre les criminels de l'entité et leurs complices partout dans le monde avant la fin de l'année 2017.




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