Bref, vous l'aurez compris, les Chambres sont un outil précieux dans la gestion des affaires confédérales, mais aussi un rouage majeure de l'organisation interne de l'Empire Confédéral Uni d'Antérinie.
Chambres Confédérales
Posté le : 07 août 2025 à 14:08:27
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Bref, vous l'aurez compris, les Chambres sont un outil précieux dans la gestion des affaires confédérales, mais aussi un rouage majeure de l'organisation interne de l'Empire Confédéral Uni d'Antérinie.
Posté le : 17 août 2025 à 22:38:28
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Enfin, il dénoua sa cravate aux rayures bleutées, enlevait son veston d’un bleu profond et alors qu’il se baissait pour défaire ses lacets, un domestique frappa, entra et lui annonça qu’un nouveau débat était en cours à la Chambre et que cela nécessitait sa présence. L’Antérinien tenta de repousser la date, en demandant ne serait-ce qu’une nuit de sommeil, mais le domestique lui répondit d’un ton calme et lisse que sa présence était à tout prix nécessaire. « Affaire de vie ou de mort » rajouta -t’il. A la fois intrigué et surpris, l’Antérinien reboutonna sa chemise, lissa ses cheveux blonds et remit son veston tandis qu’il attrapait sa cravate avec sa main libre. Tout en pensant que, décidément, la Nature se ligue contre lui. Et pendant que nos deux hommes rejoignaient la salle dédiée aux réunions et aux votes, que d’Antrania renouait sa cravate, un Marcinois, regard vif, pas rapide, se joignit au petit duo. Ce dernier ne portait pas les traditionnels costumes de sapeurs… Un simple veston noir, une chemise plus clair, un bas sombre, le tout lui allant parfaitement bien. Une élégance simple, mais efficace, à l’image de Désiré Floubou. Homme social, poli et classe, jamais un mot plus haut que l’autre, toujours des formules protocolaires mais bienveillantes, un sourire charmeur, une chaleur humaine certaine, bref un diplomate misant sur l’humain et la compréhension mutuelle plutot qu’un cynique.
Le Chargé aux Affaires Afaréennes, sentant le désarroi de son interlocuteur lui exposa simplement la situation ; une conférence secrète entre Churayns, Antériens, Marcinois et les indépendantistes du Grammatika déboucha sur des accords : le protocole de Marcine, qui prévoit la mise sous blocus de la colonie. De ce fait, Marcine a besoin d’emprunter quelques navires à la Confédération le temps que dure son opération. Voire un peu plus si les membres du B.N.E souhaitent commencer les hostilités en déclarant la guerre à la Confédération et à ses alliés. L’Antérinien, à la fois surpris et abasourdi fit simplement : « Non seulement vous venez de bousiller une nuit de sommeil, mais en plus vous vous engagez dans d’interminables palabres… ». Mais pourtant, quoiqu’en dise l’Antérinien, la situation avait de quoi être cocasse, Marcine, venait d’entamer des actions hostiles, ou du moins agressives afin de pouvoir soutenir ses alliés, des États plus ou moins fréquentables tels que le Churaynn et l’Antérie, le premier ayant été condamné de manière officielle sous la pression de Marcine et le second ayant une assez mauvaise presse au sein du Royaume. Louis d’Antrania n’ignorait pas ces petits détails bien gênants pour les Marcinois, surtout qu’il se souvenait que Aimé Bassé avait tapé des mains et des pieds pour que la Confédération prenne des sanctions énergiques contre l’Empire Islamique. Seul le recul du Churaynn avait permis de calmer les ardeurs du ministre marcinois. Et pourtant, certains affirmaient que les Marcinois étaient des marionnettes au service de l’Antérinie, et il arrivait au ministre antérinien qu’une telle situation lui aurait évité bien des contrariétés… Mieux encore, il n’aurait pas à sacrifier ses heures de sommeil pour de tels évènements.
Malheureusement pour lui, et ses heures de repos surtout, la confédéralisation et l’ouverture officielle de Marcine au reste du monde a amené bien des changements avec. Si les diplomates Marcinois ont toujours une certaine préséance, pour ne pas dire prédominance, dans la direction diplomatique de feu l’Antérinie centrale. Malgré tout, Louis d’Antrania permettait d’éviter que les différents gouvernements se succédant à la Chambres de Municipalité ne se lancent dans des projets trop ambitieux pour la jeune diplomatie antérinienne, d’ailleurs c’est pour cette raison qu’il avait des relations si difficiles avec Aimé Bassé. Ils ne se détestaient pas, mais ce dernier lui reprochait son manque d’ambitons et son amour « immodéré » pour les partenariats bilatéraux, aux détriments des grands ensemble continentaux que Bassé affectionne tout particulièrement. En claire deux visions radicalement opposées. Malgré tout, malgré cette inimité latente entre Bassé et d’Antrania, le respect régnait. Car même si d’Antrania émattait des réserves assez lourdes sur les capacités diplomatiques du Royaume de Marcine, notamment à cause du « fiasco de Marcine », vu par beaucoup de diplomates comme une conférence bâclée n’ayant qu’un seul but ; se rapprocher d’Ateh Olinga ou encore les relations pour le moins inamicales qui caractérisent les liens entre le Royaume et l’Azur, mais de l’autre Marcine collectionnait les petits succès tout en se formant une base de plus en plus solide, le Kah, la bonne entente avec le Dgondu, des entrées en matière positives avec le Churaynn et l’Antérie, des petites pierres qui solidifieront petit à petit l’édifice marcinois. Quant à l’Afaréen, évidemment qu’il ne pouvait nier la relative efficacité de son homologue eurysien ; une alliance avec Velsna, une alliance avec Teyla, Karty et de plutot bonnes relations avec le reste du monde, y compris avec l’Azur, ainsi qu’une ‘’invitation’’ à rejoindre l’Organisation des Nations Commerçantes.
Évidemment des sujets d’ordre capital divisaient les deux entités. La question militaire avant tout. Marcine considérait l’obtention d’une armée autonome comme une nécessité absolue, d’une part pour prouver sa souveraineté au reste du monde, de l’autre pour assurer ses propres intérêts et ne pas dépendre du bon vouloir de la Chambre Martiale pour ses opérations. C’est d’ailleurs pour cette raison que Bolila et Floubou étaient déterminés à faire fi du verdict de la Chambre si cette dernière n’allait pas dans ses intérêts, ou de jouer avec la législation confédérale si une résolution contraire était prise par les autres membres de la Confédération. Des solutions plus ou moins légales existaient ; la naissance d’un groupe de sécurité financé par le gouvernement marcinois parfaitement indépendant des institutions confédérales pouvait voir le jour. Des vigiles, même armés de famas et suppléés par de l’artillerie moderne ou des chars n’avaient pas à être inquiétés par la Confédération si le gouvernement marcinois avait autorisé l’obtention de telles armes. Naturellement le secret serait de polichinelle, tout le monde savait que Marcine aurait sa « force de sécurité autonome » et ça ne serait qu’un camouflet fait à l’Antérinie et aux autres États confédérés. Seulement, les débats n’avaient pas encore débuté, les États confédérés n’avaient pas encore voté, les Parlements n’avaient pas encore pris position et le Congrès Confédéral n’a pas été saisi. De cette manière, rien n’est joué d’avance et Marcine a encore quelques mois pour convaincre les autres entités d’adhérer à son point de vue.
Seulement, un évènement qui semblait pourtant anecdotique sur le plan politique, la création d’une véritable coalition pour défendre l’intégrité d’un peuple face à sa puissance coloniale. Naturellement, si les questions en lien avec la légitimité de Marcine à participer à une telle opération ne se posait même pas pour les différents participants, en revanche, les capacités militaires de la Confédération, et surtout si l’Armée confédérale, institution que la Chambre Martiale représente, s’y oppose risqueraient de rendre les promesses faites par Désiré Floubou caduques. Ce ne serait pas uniquement un coup dur pour les rebelles, mais une véritables humiliation pour Marcine. Une chute spectaculaire en Afarée. Pis encore, ça donnerait du grain à moudre pour les Azuréens. Tandis que la presse d’opposition se réjouirait d’un tel revers ; « La Chambre Martiale rappelle à Bolila ses obligations ! » ou encore « Bolila renvoyé à la niche par la Confédération ! », Floubou imaginait déjà les titres, tandis que SES négociations tourneraient au fiasco. Bref, une défaite politique, diplomatique et personnelle se profilait si la Confédération refusait d’accéder aux demandes marcinoises. Et ça Floubou le refusait. Hors de question de trahir les Indépendantistes, de trahir ses alliés et de trahir le P.P.A et de se trahir. Il avait conscience des rapports de force internes, mais il refusait de voir la Confédération sombrer dans le cynisme politique. Seulement, avec des néo-libéraux et des conservateurs, l’argumentaire moral ne suffit pas. Il fallait aussi y ajouter des faits, des intérêts, des stratégies. Bref, de quoi prouver que ce plan est mûrement réfléchi, se base sur des actes et non des des principes. Montrer que l’on ne risquait pas la vie d’Antériniens, de Marcinois et de Bahamanites pour de belles idées, mais pour asseoir sa position et ses intérêts.Pour que les confédérés ne meurent pas pour du vent. Cela, Louis d’Antrania n’en avait cure, ce qu’il voulait c’était de ne pas trop céder de terrain aux Marcinois, l’équilibre confédéral lui importait bien plus que la souveraineté de Marcine. Malheureusement pour lui, fatigué comme il est, il ne pourrait réellement opposer une résistance farouche, et puis avait-il vraiment envie de faire subir à Marcine un revers qui entamerait pour de bon sa crédibilité ? Évidemment que non, personne n’aurait d’intérêts à voir Marcine devenir une figure clownesque et parjure.
Et tandis que l’Antérinien sommeillait les yeux ouverts, que le Marcinois le pressait plus ou moins brusquement, il arrivèrent devant la Chambre Martiale. Terme bien grandiloquent pour désigner une petite salle de conférence coquette, richement ornée, certes, mais avant tout étroite. On aurait pu confondre cette salle avec celles qui sont réservées aux groupes de paroles pour fonctionnaires dépressifs. Lustres brillants mais mornes, tableaux éclatants mais endormis, vestiges de la gloire passée du Royaume. Mélancolique malgré ses airs princiers. Une vaste table ronde, des micros négligemment déposés, un trône, ou du moins ce qui ressemble à une chaise couvertes d’emblèmes royaux. Tout rappelait la gloire, mais tout montrait aussi l’envers du décor. La chaise couverte de tissus rougeâtre, les emblèmes marcinois aux couleurs vives mais mornes, une table d’un bois ancien mais par endroits trouée par les termites. Certains séants étaient même branlants et avaient été relégué au fond de la salle pour les invités de marque ou pour les intervenants. Tout marquait que personne ne s’attendait à ce que cette pièce serve. Les ministres se réunissant ici une fois par semaine, souvent par téléconsultation et généralement par protocole, des réunions d’une heure où chacun se tourne les pouces, en profitent pour signer des bons de commande aux industries ou pour rédiger des lettres barbantes… Peu de décisions impactantes sont prises ici, le Conseil Martial connaissait rarement une telle animation. Les écrans allumés, les visages des différents ministres de la guerre de chaque États confédérés, Sa Majesté seyant en fond de pièce mais imposant le calme par son sourire jovial, le Premier Ministre Marcinois ainsi que son collègue des Affaires Étrangères et de la guerre étaient assis autour de la table, le second ayant hérité de la chaise au pied brisé. Floubou et d’Antrania, s’assirent donc au fond de la pièce, tandis que les toiles d’araignée caressaient ses cheveux couleur blé. Mais l’Antérinien, fatigué comme il l’était, laissa la toile et faillit s’endormir sur son séant.
Et tandis que les yeux bleus de Louis d’Antrania luttaient pour ne pas se fermer, Floubou demanda un café pour le ministre antérinien, un expresso vinsonzan serré au domestique qui s’apprêtait à fermer la porte. Pendant que tout le monde s’installaient, que le café était servi, que les biscuits arrivaient, l’amiral Aimé de Kalindi-Marcine, l’un des descendants de l’une des plus vieilles familles aristocratiques du Royaume arriva précipitamment, uniforme flambant neuf, regard encore plus incandescent que le feu d’un obus perforant le blindage d’un navire, solidement bâti et particulièrement pragmatique. En vérité ce n’était pas un roc, mais une montagne. Un Hercule brisant n’importe quel obstacle se mettant sur sa route. Un amiral de la marine confédérale. Car malgré son physique imposant, c’était un fin stratège, la force brute ne compte pas, elle ne prévaut pas en combat, seulement il faut savoir utiliser le terrain, la diplomatie, l’aérien et le balistique à son avantage. Un avant-gardiste du combat naval ; « Plus de missiles, moins de patrouilleurs ! » disait-il. Et fidèle à lui-même, il avait bien l’intention de montrer qu’un blocus efficace n’est pas une perte de temps statique, mais une stratégie proactive qui nécessite finesse et souplesse. La brutalité n’est rien face à l’agilité. « Si l’ours perd face au lion c’est par ce que ce dernier est plus rapide » affirmait-il. Évidemment, il lui arrivait de perdre pied ; notamment lorsque ses plans ne sont pas suivis à la lettre où s’ils ne se déroulent pas comme prévu. Méthodique, organisé et soigné étaient ses meilleures qualités. Mais il était aussi susceptible de répondre par la radicalité lorsque tout déraille. C’est pour cette raison qu’un second bien plus pragmatique se charge de le raisonner lorsque les évènements ne se déroulent pas comme prévu. Enfin, après que tout les représentants aient pu s’installer, le Premier Ministre marcinois prit la parole, tandis que les ministres de la guerre se rapprochaient pour mieux entendre.
- « Bonjour à tous messieurs. En vertu de l’article septième du livre premier de la Constitution confédérale, le Royaume de Marcine que je représente souhaite utiliser une partie des forces navales de la Confédération pour un usage temporaire. De ce fait, il convoque ici-même la Chambre Martiale. Le nombre total de navires demandés, ainsi que les aéronefs nécessaires à ce type d’opérations seront distribués aux différents ministres chargés de la guerre. »
- Une frégate de sixième génération, le N.S.M Saint Michel.
- les N.S.M Louis le Grand, le N.S.M le Resplendissant, le N.S.M Grandiose, le N.S.M Implacable, tous des patrouilleurs de sixième génération.
- Le N.S.M Kalindi et le N.S.M le Batailleur, tous des corvettes de troisième génération.
- Le N.S.M Fringant, pétrolier ravitailleur de première génération.
Elle recevra un soutien aérien conséquent :
-10 avions de chasse de sixième génération.
-10 avions bombardiers de sixième génération.
-10 chasseurs-bombardiers de troisième génération.
Le représentant scintillanais, au crâne chauve, le regard fixe, finissant de signer un papier administratif, visiblement surpris par la soudaine importance d’une réunion qui semblait pourtant anodine fit benoîtement :
Jacques Ledran : - « Vous êtes sûrs ? Enfin je veux dire que nous n’avons pas vu de tels déploiements depuis des opérations de maintien de l’ordre dans nos anciennes colonies, aujourd’hui perdues. C’est presque un millier d’hommes que nous envoyons en mer. Qui nous dit qu’on ne les tirera pas comme des lapins depuis un sous-marin ? C’est un jeu extrêmement risqué auquel vous jouez Monsieur Bolila. Vous le savez pertinemment. Devrai-je vous rappeler que mettre sous embargo une nation en théorie souveraine, même coloniale, est un acte extrêmement intrusif ?! Le Grammatika, même si c’est un régime odieux doit être traité de la même manière que les autres ! Est-ce que les Akaltiens s’amusent à lancer des croisades contre tout les États anti-natifs de leur continent ? Non ! Et bien c’est la même chose en Afarée. L’Azur ne le fait pas, le Banairah non plus, l’Althaj non plus. Seul le Churaynn le fait ! Alors sérieusement ? Vous pensez à votre crédibilité diplomatique ? Vous passerez uniquement pour des impérialistes en culotte courte ! Ne le niez pas, je sais pertinemment que les Churayns ne sont pas dénués d’arrières pensées, ils sont loin d’être des petits anges, et encore des innocents ! Je refuse de voir se former une coalitions anti-Marcine ! Je refuse que la Confédération soit entachée par une telle affaire ! Nous devenons une place commerciale majeure, nous attirons les flux akaltiens, stérusiens, etznbiens et hernandien, nous compterons bientôt sur l’A.S.E.A, des membres de l’O.N.C ! Et vous voulez aller salir notre réputation ? Vous entravez le commerce international ! Évidemment, le Scintillant s’y opposera ! Et plutot deux fois qu’une ! J’espère avoir été clair !"
Bassé s’attendait à cette résistance, seulement, il pensait que ce serait les Antériniens qui débuteraient les hostilités… Surprenant se disait-il intérieurement. Heureusement, la Bahamanite, femme d’âge mûre, le regard résolu et l’air inébranlable prit la parole :
Carma Argawal : - " Monsieur le ministre des armées scintillanais, il ne s’agit pas uniquement d’argent, mais aussi de vies humaines ! Il ne s’agit pas de quelques millions perturbés par une mauvaise publicité, mais de vies humaines ! Les crimes du Grammartika sont trop graves pour que nous restions immobiles, insensibles, cyniques même. Vous êtes adeptes de la fameuse maxime ; « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens », et bien moi je maintiens le contraire. Un État sain est un état qui ne se bat pas uniquement pour ses intérêts. Un État sain n’est pas une société privées. Un État sain doit savoir dénoncer. Un État sain doit savoir s’interposer entre la belle-mère abusive et l’enfant maltraité lorsque cette dernière s’apprête à le frapper avec un gourdin. Nous sommes des êtres humains. Nous n’agissons pas comme des machines de fer et de rouages. Nous avons tous des enfants, des pères et des frères. Une histoire, des sentiments, des aspirations, des intérêts des objectifs. Nous sommes composés de chair et de sang. Nous sommes aussi capables de penser et d’agir. Jésus l’avait rappelé ; « aime ton prochain comme toi-même ! ». Lorsque les rachistes de la R.R.N.G.A ont tenté de s’emparer du Grand Duché, l’Akaltie et l’Etznabie ne sont pas restés de marbre. Lorsque les pirates de la même organisation ont tenté de s’attaquer à l’Akaltie, nous avons proposé notre aide. Alors pourquoi refuser d’aider les colonisés ? C’est pas comme si le Grammatika était un État de Droit, ni même une démocratie. C’est un régime autoritaire d’obédience fasciste et raciste ! Évidemment que nous nous devons de défendre les locaux face à de telles abominations ! L’Union Bahamanite soutien toutes les opérations militaires que lancera Marcine ! "
Bassé en profita pour assener son coup de grâce :
Aimé Bassé : - « De plus messieurs, vous oubliez un point essentiel. Nous n’avons pas l’intention d’envahir, juste de préserver l’intégrité des troupes rebelles. Notre objectif, c’est d’assurer la sécurité de ces derniers. Nous refusons d’assister à un énième holocauste commis en Afarée. Nous sommes certes candides, mais face à un État pratiquant du néo-esclavagisme, je doute sérieusement que la répression sera mesurée ! En plus, pensez-vous réellement que l’Opinion internationale se mobiliserait contre nous lorsque les rebelles nous approuvent sans réserves ? Naturellement. Car se mobiliser contre nous, revient à se mobiliser en faveur du B.N.E, et qui tient réellement à soutenir le B.N.E quand ses États membres sont soit des États fascistes, soit des Monarchies semi-absolues ? Sérieusement ? Personne, évidemment. Sauf les fous du bous. Sinon, l’Afarée devrait nous soutenir, l’O.N.D ne devrait pas nous rejeter et l’O.N.C ne s’y opposera pas tant que le commerce mondial n’est pas menacé. Je me trompe ? »
Louis d’Antrania sentant que le débat allait tourner en rond s’il n’intervenait pas, prit la parole et fit simplement :
Louis d’Antrania : - « Messieurs, je pense qu’il est nécessaire de laisser monsieur Floubou exposer les risques que Marcine, et peut-être même la Confédération, encourent. C’est lui qui a été tout du long chargé de la mise en place de l’opération en coordination avec le Churaynn, l’Antérie et les Indépendantistes. Alors, veuillez nous exprimer clairement votre point de vue, et présenter sans ambages les intérêts que la Confédération en retirerait. »
Désiré Floubou après une grande inspiration prit ses notes en main et commenca d’une voix claire :
Désiré Floubou : - « Messieurs, nous assistons peut-être à un génocide organisé, déguisé sous les termes tels que « mise au pas », voire « rappel à l’ordre » ou encore « missions d’intérêt national ». Mais nous le savons tous. Inutile de nous voiler la face. Inutile de croire que l’inaction préservera les indépendantistes locaux ou les civils. Ce ne sont que des mythes. Des mensonges.
Si notre mission est avant tout humaniste, je l’avoue, je le confesse, les intérêts Marcinois ne sont pas loin. Après tout, nous ne sacrifierons certainement pas la vie de Marcinois, de Bahamanites ou d’Antériniens pour les doux yeux des indépendantistes. Derrière cette opération, il ne se cache pas uniquement de l’humain, mais aussi du concret. En mettant en place un tel blocus, non seulement nous rappellerons au reste du monde que notre combat est et restera humaniste. Nous agissons dans l’intérêt des locaux, avec leur accord, tout en suivant notre propre agenda, qui n’est pas nécessairement contraire aux intérêts des autochtones. En effet, notre objectif premier est de faire de la-dite colonie un état ami, je dis bien « ami ». Inutile de s’embarrasser d’États clients turbulents ou de vassaux ingrats, l’indépendance sert nos intérêts. Nous avons un soutien, nous avons une base commerciale, nous avons des débouchés et des ressources qui nous serons vendues. Bref, nous aurons un nouvel état ami. Nous devrons seulement le défendre contre toutes les tentatives d’ingérences internes ou externes. Et notre soutien restera purement formel. Inutile de risquer des vies pour des principes. Nous les risquons pour des amis. Des amis qui pourraient agrandir et solidifier nos bases diplomatiques.
En revanche, nous ne nous posons pas la vraie question ; que se passerait-il si nous refusions ? Que nous reculions ? C’est ce point-là que nous devons aborder, c’est-ce point là auquel vous devriez à réfléchir à deux fois avant de nous accuser de folie ou de progressisme aigu.
En premier lieu, quelle image Marcine renverrait-elle au continent afaréen ? Quelle serait l’impact d’une telle décision ? Nos alliés se sentiraient bafoués, méprisés, rejetés. Et au lieu de faire de cette conférence un moyen pour tester nos potentiels partenaires, les mettre à l’épreuve. Nous nous couvrons de honte et de ridicule. Car ce n’est pas uniquement le Churaynn ou l’Antérie qui nous regardent, c’est l’Afarée, c’est le monde entier qui nous rira au nez ! Nous verrons des portes se fermer, des ennemis nous faire face, des rivaux nous dénigrer. L’Azur n’aurait aucun mal à affirmer que Marcine est une colonie, que nos choix sont freinés par une administration confédérale qui refuse de se dire « coloniale ». Nous deviendrons des parias. Je suis à peu près sûr que le bon Ateh Olinga nous méprisera plus encore que les Azuréens et un état voisin nous méprisant est infiniment plus dangereux qu’un état nous haïssant.
Au niveau politique, c’est la porte ouverte pour remettre en cause bons nombre de points de la Constitution confédérale, c’est aussi un excellent moyen de monter pour le Front de Lutte Anarchiste. Et nous n’aurions aucun intérêt de voir les laquais du Kah au pouvoir, c’est un danger bien plus grand pour la Confédération qu’une pluie de missiles balistiques. Une fois que le Kah s’introduit quelque part, il est impossible de l’y déloger. Un travail de sape continu se mettra alors en place, minant les piliers de nos sociétés ; la Religion, l’État, l’Autorité, l’Ordre et les Affaires. Ce n’est pas notre souveraineté qui est menacé, mais notre identité. Si vous refusez d’intervenir, c’est creuser la tombe diplomatique et politique de la Confédération. »
Louis : - « Au moins ça a le mérite d’être claaaair. (fit-il en baillant longuement) Et l’Antérinie soutiendra une telle prise d’initiative. Monsieuuur (il bailla une seconde fois) de Marcine-Kalindi, pensez vous que nos navires risquent grand-chose ? »
L’Amiral prit la parole, impressionné par le calme et la sereine détermination de l’inexpérimenté diplomate.
Aimé de Marcine-Kalindi : - « Absolument Excellence, s’ils se montrent coopératifs, il n’y aurait aucune raison de lancer les hostilités. A contrario, s’ils estiment que l’utilisation de la force peut être en leur faveur, et bien je pense que les alliés de la Confédération ; le Kah, Karty, Stérus, ect… seraient ravis d’intervenir à nos côtés pour résoudre ce problème. De plus, toucher au Churaynn ou à l’Antérie revient à déclarer la guerre à Sylva et au P.A.S, autrement dit, nous jouons sur une politique de la dissuasion diplomatique. Nous aurions pu y envoyer une vedette, ce serait la même chose, nous les coulons car ils ne coopèrent pas assez, ils nous tirent dessus, et nous tâchons de passer en légitime défense amenant le Kah. Même si, à mon humble avis, ces derniers n’ont pas besoin que les appelions en tant que victimes, ils accourraient quand même pour « casser du fasciste. Une stratégie simple et efficace. »
Jacques Ledran, considérant les arguments comme suffisants et parfaitement sensés, accepta d’un hochement de tête tandis qu’un parlementaire du P.P.A arriva, essoufflé et annonça que le vote de la Chambre avait été concluant. Marcine aurait ses navires et la légitimité parlementaire pour une telle opération. Et tandis que l’Amiral s’inclina et se retira, le Roi le suivit tandis que les écrans de l’Union Bahamanite et du Scintillant s’éteignirent subitement. D’Antrania épuisé put enfin se coucher. Tandis que quelques heures plus tard, chefs d’escadrilles et commandants reçurent des instructions claires. Il fallait encore attendre quelques jours pour appareiller et rejoindre la colonie du Grammatika. La détermination et la pureté du diplomate a été pliée par lé géopolitique, mais elle reste encore entière.

