11/05/2017
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Rencontre Velsna / Xin / Jashuria

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Le Pavillon des Murmures – Réunion officielle du 15 avril 2012


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Le Pavillon des Murmures d’Ankévran


La réunion officielle du jour entre la Grande République de Velsna et le Trône du Dragon détenteur du Mandat Céleste avait été organisée dans le Palais des Murmures, l’un des plus importants lieux du pouvoir jashurien. Situé à Ankévran dans les hauteurs de la ville, ce palais, jouxtant les lieux de réunion du Cercle Intérieur et du Cercle Extérieur, était bourdonnant d’activité ce matin-là. Des dizaines d’employés, de communicants et d’organisateurs de tous poils se pressaient dans les couloirs pour accommoder les délégations étrangères tandis que sous les arcades feutrées et ensoleillées se tenaient les discussions en petit comité.

Dans le pavillon principal, les représentants les plus hauts placés des différents pays étaient assis autour d’une grande table ronde, située sur une grande terrasse donnant sur les grands jardins du Palais des Murmures. La réception avait été à la hauteur de l’attention que pouvaient porter les Jashuriens aux invités de marque, d’autant que c’était la première fois, depuis des décennies, que l’Empire Xin envoyait une délégation officielle à Ankévran. Quant à Velsna, la Grande République avait été accueillie comme un membre estimable de l’Organisation des Nations Commerçantes.

La réunion était présidée, une fois n’est pas coutume, par le Premier Ministre Nantipat Sisrati. Toujours à son poste de Premier Ministre depuis deux mandats, l’homme était une figure discrète mais connue de la politique jashurienne, mais peu connu de la diplomatie internationale, le sujet étant maîtrisé par le Hall des Ambassadeurs. Considéré comme une éminence grise, il n’apparaissait que peu, préférant réserver ses interventions pour les cas où la présence de la plus haute figure jashurienne était indispensable. Contrairement à beaucoup d’hommes d’Etat qui tentaient à chaque seconde d’être à la fois au four et au moulin et au champ, Nantipat Sisrati préférait la modération et le confort d’une vie sereine, pour se concentrer sur là où il était le meilleur : créer du consensus entre les membres du Cercle Intérieur et du Cercle Extérieur et s’occuper de ses serres sur son temps libre.

Le Premier Ministre était accompagné, pour l’occasion, de la porte-parole du gouvernement jashurien, dame Mae-noi Sansurin ; ainsi que de la sémillante Parvati Mathai, quatrième ambassadrice du Jashuria. Se tenaient à leurs côtés le Sous-Directeur de la Sérénité, le discret Ananda Gupta, ainsi que le Généralissime Tejal Mankad, l’un des trois hommes aux commandes des forces de défense jashuriennes. Flanqués de la délégation velsnienne, tous discutaient de manière informelle depuis plusieurs minutes, attendant que la délégation ushong se présente officiellement. Le protocole voulait que les délégations soient accueillies de manière différée. Les Velsniens étant membres de l’ONC, la délicatesse voulait qu’ils soient accueillis en premier et profitent d’un échange informel avec les Jashuriens. Quant aux représentants du Mandat Céleste, le protocole voulait qu’ils se présentent une heure après la rencontre avec les Velsniens. Les convenances historiques exigeaient que tous soient en avance, le Trône du Dragon arrivant quant à lui toujours « à point nommé » car il était le gardien du temps. Les Jashuriens n’ayant aucune envie de rompre des siècles de protocole, ils avaient accepté de bonne grâce ce qui pouvait apparaître comme une excentricité, mais qui, au Nazum, était de ces marques de respect qui faisaient et défaisaient des réputations.

Ce fut à 10h pile que le personnel diplomatique annonça officiellement l’arrivée des représentants de l’empire sur la terrasse. Immédiatement, les Velsniens et les Jashuriens rompirent les discussions informelles et se levèrent afin de saluer avec le plus grand respect qui soit les délégués impériaux, dont les noms et titres à rallonge avaient de quoi donner le tournis à tous les invités. Les annonceurs mirent bien dix bonnes minutes à présenter l’ensemble des titres portés par les délégués de l’Empire Xin … un temps interminable durant lequel les Jashuriens et les Velsniens durent maintenir les apparences en restant de marbre. L'Empire des Ushongs avait beau être moribond et contesté à ses frontières par des vassaux ingrats, il n'en restait pas moins sensible à ces marques de respect, même de la part d'un pays ayant constitué pendant des siècles son rival.

Puis … tout le monde put prendre place …
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Un philosophe Ushong a dit un jour qu'un accord satisfaisant entre nations n'était rien de plus qu'une manière pour ces dernières que de s'utiliser mutuellement afin d'atteindre de objectifs fondamentalement différents mais conservant toutefois un tronc commun. Et en l'état, cet avis était à bien des égards fort pertinent, les apparences n'étaient guère plus que la surface sereine d'un lac où régnaient sous les flots des bêtes aquatiques anciennes aux expériences et teintes bien différentes, mais qui partageaient en ce jour des intérêts communs. Il n'y avait rien de tel pour fédérer et même rabibocher des gens qui ne se parlaient guère plus que pour échanger des platitudes de temps à autres qu'un problème commun nécessitant une solution des plus urgentes.

Quand on y pensait, la situation était d'autant plus teintée d'ironie puisque le simple fait pour le Céleste Empire des Ushongs de la Dynastie Xin de daigner sortir de ses frontières avec une délégation officielle en grandes pompes était extrêmement rare, relevant pour ainsi dire du fait Historique comme l'on en voyait rarement, la dernière occasion en date ayant été la mise en terre de feu le Roi d'Aquitagne où la désormais défunte UMT avait fait bloc aux yeux du monde afin de faire montre d'unité, pour ce que cela leur avait valu comme fin... De mémoire d'homme, si l'on faisait omission du Couronnement du Zagrov de Morakhan où le Trône du Dragon avait daigné envoyer un représentant pour la forme, sans que cela relève d'un fait exceptionnel en tant que tel, c'était pour ainsi dire la seule fois dans l'histoire récente que les Hauts Dignitaires Impériaux quittaient leur hermétique Cité Interdite. Quelque part, c'était autant un fait d'armes dont pourraient se targuer les maîtres du Hall des Ambassadeurs du Jashuria qui avaient pour ainsi dire accomplis ce que beaucoup considéraient comme un quasi-exploit. Mais dans le même temps, c'était aussi une immense satisfaction pour le Céleste Empire et plus particulièrement de l'égo de ses Maîtres, ces derniers qui avaient été aussi copieusement ignorés sur bien des affaires autant qu'ils avaient fait la sourde oreille à ce qu'il se tramait par delà leurs frontières des années durant, se voyait désormais notifiés et consultés sur une des problématiques majeures de l'ère qui leur causait aussi bien du tord. En d'autres termes, c'était là une victoire de Prestige quand à leur image extérieure, l'Empire était de nouveau un interlocuteur audible en quelques sortes dont l'avis, même si dans ce cas ci il y avait assurément des arrières pensées, avait une importance.

S'utiliser mutuellement, ce n'était pas si mal finalement dans les faits.

De toute façon, le problème causant du tord à tous et chacun était en soit assez épineux et complexe pour nécessiter d'avoir recours aux atouts des uns et des autres afin d'arriver à une finalité concordante satisfaisante pour les intérêts des trois puissances impliquées. Le Cong du Chandekolza, sans son infinie avarice et son manque de vision flagrant, avait réussi malgré lui à créer un terreau fertile à une triple entente entre le Mandala Jashuria, la Thalassocratie Velsnienne et le Céleste Empire des Ushongs. Là aussi à son échelle, ce dernier avait accompli un fait d'armes non négligeable, mais certainement pas pour le meilleur ceci dit. En tout état de cause, il était à minima admis que la Triplice était en accord sur le fond de l'affaire, à savoir que chacun en avait plus qu'assez que l'état devenue littéralement la "Prostituée" du Nazum, ne cesse d'inviter toujours plus d'étrangers et de puissances potentiellement hostile à prendre pied au coeur du Sanctuaire Nazuméen, avec tous les problèmes et troubles que cela avait apporté et continuait encore à produire. Car finalement le fond du soucis, ce n'était pas tant la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase, à savoir la délivrance d'une base militaire aux Communiste du Pont Nazum-Eurysie, que ces derniers s'étaient empressés d'essayer de garnir avec grand nombre de matériel peu adapté à de l'humanitaire. C'était ni plus ni moins que l'ensemble de l'oeuvre Chandekolzane qui était en cause, car avant les Rouges, il y avait eut les autres, la Rimaurie, la Poétoscovie, qui avaient tentés de faire de leur pied-à-terre des bases d'opérations, et notamment pour le second fol du lot une plateforme de lancement de missiles, si peu pour de l'humanitaire... Sans parler du reste des parasites en état d'intrusion au sein du sanctuaire qui "existaient" sans jamais sortir de leurs forts de béton.

Une situation hautement désagréable qui avait mené précisément à la rencontre devant se tenir aujourd'hui au sein du Jashuria.

Arrivée tout droit de Beiyfon, la Délégation Impériale avait été accueillie en grandes pompes par les autorités Jashuriennes qui méritaient bien leur réputation de fins diplomates mais surtout d'hôtes fantastiques, car que ce soit de par leur hospitalité ou leur respect des formes et des us, ces derniers étaient pour ainsi dire irréprochables, les Chambellans du Protocoles si prompt à notifier le moindre faux pas tel des rapaces en maraude avaient été surpris eux même de ne rien trouver à redire. Ce qui en disait long... Ce faisant, les échanges initiaux à l'arrivée se passèrent à merveille, et l'on pu convoyer des présents diplomatiques que le Trône du Dragon avait emporté dans ses valises afin de respecter les coutumes qui étaient sa propre essence à bien des égards. Des porcelaines Xins sous la forme de services à Thé, breuvage hautement apprécié d'un bout à l'autre du Nazum, ainsi que via des Vases qui seraient à même de décorer les hauts lieux du Pouvoir Jashurien en accueillant des compositions florales exquises. A cela l'on avait joint des arpents entiers de fine soie issue directement des ateliers impériaux qui demeuraient un fleuron national incontestable depuis des siècles. Enfin, et non des moindres, une singulière tradition propre à la Famille Impériale qui remontait à l'époque où ces derniers n'étaient que des seigneurs de guerres quelconque d'une terre éloignée perdue dans les jungles profondes, un éléphanteau, déjà fort de quelques mètres mais n'ayant pas finit sa croissance, un présent extrêmement prestigieux qui revêtait un caractère très personnel pour la Dynastie Xin et témoignait d'un immense respect envers quiconque avait le privilège d'en recevoir un.

Les présents faits, les pontes se dirigèrent vers le Site de la réunion en plein coeur du Palais des Murmures d'Ankévran, Bannières volant au gré du vent, hérauts annonçant l'interminable liste des titres de chacun, Garde Impériale flanquant les figures notables, fière et forte, veillant au grain afin de faire impression. Pour ces affaires, l'Empire n'avait pas jugé bon d'envoyer mille et uns décideurs, déjà par habitude car après tout c'était le propre des Autocraties que de ne point se diluer plus que de raisons en trop d'avis, mais surtout car la plupart des grandes figures disponibles avaient déjà fort à faire au sein de la nation même. Après tout, le Céleste Empire des Ushongs était en première ligne face au problème Chandekolzan ainsi qu'à d'autres, aussi ne pouvait-il pas se permettre de voir ses figures fortes s'éloigner toutes en même temps.

Ainsi, le Trône du Dragon avait confié mandat pour être représenté au Grand Duc de Leishang et Ministre (Car il l'était par le fait bien que le titre ne mentionne que Conseiller) préposé aux affaires du monde Terrestre, Long Zhuan, comprendre qu'il était l'équivalent d'un premier ministre et à dire vrai l'éminence grise qui tirait bien des ficelles au sein de la politique impériale qui vivait selon le rythme de sa volonté en bonne partie. Ah, et au cas où, il était aussi utile de mentionner qu'il était le Grand Père maternel de l'Empereur.

Venait à ses côtés l'autre grand ponte ayant mandat de représentation, mais cette fois du Maréchal Wang Shao qui ne pouvant être présent pour des raisons évidentes, avait choisit son second, le Général Meng Denxiao, pour prendre sa place avec toute sa confiance et ainsi apporter l'avis de l'Armée Impériale si ce dernier était nécessaire au cours des discussions à venir.

Toutefois, et cela fut certainement surprenant du point de vue des officiels Jashuriens et Velsniens déjà sur place, une troisième figure notable serait aussi présente à cette réunion, à ceci près que de façon assez inattendue, celle ci se révéla n'être nul autre que le Fils du Ciel lui même, Xuan de son nom de Règne, Tao Xin de son nom mortel, dont le cortège de Gardes Impériaux, de serviteurs (Qui restèrent toutefois à la porte en grande majorité afin de conserver le caractère éminement privé et réduit de l'assemblée amenée à converser), et les atours ne laissaient que peu de doute quand à l'identité.

Alors que chacun prenait place, le Grand Duc Long Zhuan aura précisé afin de tempérer un éventuel étonnement à l'attention de ses hôtes et des Velsniens que l'Empereur n'interviendrait que peu ou tout simplement pas, précisant qu'il était important pour un jeune Souverain amené à régner directement très bientôt d'avoir une expérience de référence dans les arts diplomatiques, quand bien même il ne participe pas directement lors de sa première "Excursion". En tout état de cause, le Ministre demeurait le principal interlocuteur.
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Ciel ! Des velsniens !


C'était des pavillons bien étranges, sur ces deux petits patrouilleurs qui s'aventuraient vers l'embouchure du canal jashurien: une chimère ailée, et une trirème jaune sur fond bleuté. Par un hasard du destin, ces émissaires appartenant chacun à une flotte velsnienne distincte parmi celles qui fendaient les flots de par le monde, étaient arrivées peu ou prou au même instant, accueillis au sein des installations portuaires de la ville d'Agartha. Bien que les relations velsniano-jahuriennes aient toujours été cordiales, c'était la première fois que des bâtiments de la "Fortuna du nord" accostaient en terre de Jashurie, comme était nommée cette grande masse terrestre à l'extrémité orientale du continent Nazumi, ou bien..."le pays des pâtes de fruits"....encore une appellation désuète qui illustrait la fascination que cette région du monde exerçait au pays. Du reste, l'adhésion récente de la République à l'Organisation des Nations Commerçantes avait renforcé l'imbrication croissante des interêts velsniens et jashuriens dans la région du Nazum, laquelle reconnaissait déjà avant cela une assise politique jashurienne s'étendant bien au delà de ses frontières, de la même manière que le pouvoir velsnien ne faisait guère la différence entre la Ramchourie et un vassal rebelle des ushong du trône céleste.

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Pavillon maritime de la Classis III "Fortuna Patres"


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Pavillon maritime de la Classis V "Azzuro"


Depuis peu, c'était un ensemble de raisons bien définies qui avaient poussé le gouvernement communal velsnien que ces intérêts communs avaient de bonnes raisons de trouver une solution de manière imminente, au premier rang desquelles la Poetoscovie et le Chandekolza figuraient. Si c'était le Maître de l'Arsenal Matteo Di Grassi qui avait pris l'initiative de contacter ses homologues jashuriens il y a peu, celui-ci ne serait pas présent à cette rencontre, laisant ce privilège aux deux personnages de la République qui incarnent les relais locaux de son autorité: l'Amirraglia-sénatrice Sofia Di Saltis, laquelle commandait la Classis III "Fortuna Patres", et l'Amirraglia-Sénatrice Michela Gordini, laquelle était en charge de la plus mineure Classis VI, traditionnellement stationnée dans l'océan des perles.

Les deux femmes se rencontrèrent à quelques centaines de mètres à peine du Palais des Murmures. Elles avaient toutes deux le même agenda en poche, et des directives similaires, mais elles n'avaient guère communiqué entre elles davantage que nécessaire. Ce serait oublier qu'en tant que membres de l'Assemblée sénatoriale, celles ci étaient en concurrence dans l'accumulation de ce que les sénateurs recherchaient tous dans le cadre de leur carrière politique: la dignitas, le prestige qui doit accompagner la richesse dans l'optique de mener une carrière politique accomplie. Pour le moment, il n'était qu'un secret de polichinelle que c'était bien Sofia Di Saltis qui menait la danse parmi elles.

La délégation velsnienne paraissait bien maigre en comparaison de la splendide cour du souverain céleste, et des largesses de l’accueil jashurien. Là où les alliés ushong de Velsna étaient venus en une armée de serviteurs, parés de dorures, d'objets et de cadeaux inestimables, avec le fils du ciel lui-même présent dans cette suite, les deux sénatrices étaient accompagnées d'une poignée de gardes wanmiriens, ces mercenaires d'élite dont la plupart des gens de leur rang se sont entourés depuis la disparition des très conspirants licteurs de la garde, au lendemain de la guerre civile velsnienne. Le Grand Duc de Leishang et le général Dengxiao furent salués avec tous les égards dont d'autres velsniens avant eux avaient montré à leur adresse, car il ne fallait point oublier que les deux femmes n'étaient pas les premières de leur patrie à faire leur rencontre, tandis qu'on ordonna aux gardes wanmiriens de l'escorte de baisser le regard lorsque le fils du ciel fit son apparition. La proskynèse étant interdite à des sénatrices de leur rang, cela n'empêcha point les deux femmes d'opérer une révérence devant l'empereur-dieu, baissant la tête en silence dans sa direction.

L'heure des cadeaux fut marquée par la même simplicité et le contraste qui régnait entre une cour ushong rassemblée ici comme dans leur Empire, et les deux sénatrices qui voulurent faire découvrir au premier ministre Sisrati le résultat de plusieurs siècles d'expertise en orfèvrerie et en horlogerie de la cité sur l'eau. On dévoila face à lui, et à l'ambassadrice Mathai des rolex sur taillées sur mesure à leurs poignets (comment les velsniens eussent être tenus au courant de telles informations, ce fut là un mystère), lesquelles étaient incrustées de pierre précieuses formant un cercle autour du cadran. A l'intérieur de celui-ci apparaissait une gravure de San Stefano, le patron protecteur de Velsna (et accessoirement le patron des escrocs et des voleurs, mais c'était du détail ça...)

D'entrée, on fit savoir au Premier ministre les plates excuses apportées pour compenser le grand absent du jour.

" Excellence ministre, excellence ambassadrice. C'est un honneur immense que de fouler le même sol que vous. Son excellence, le Maître de l'Arsenal Matteo Di Grassi vous fait savoir ses plus profondes excuses pour son indisponibilité. Mais soyez rassurés qu'il sera là pour coordonner une opération militaire si d'aventure il y en a une qui se dégage de nos discussions. En aucun cas ce dernier ferait faux bond aux deux nations de la région que nous estimons avec la plus grande dignité d'incarner une hégémonie légitime. Comme son excellence nous l'a nous même dit: mon cadeau diplomatique sera ma possible intervention directe."


Les discussions débutaient, et l'Amirraglia Di Saltis n'apparaissait pas comme une personne tenant à s’attarder davantage sur les dorures des rideaux, et autre merveilles du Palais des Murmures, et pris sur elle d'entamer les tractations devant décider l'avenir d'un certain nombre de sujets....

" Mes excellences. Encore une fois, il s'agit d'un immense honneur que vous nous faites là d'avoir pu permettre la tenue de cette rencontre. Je commencerai, pour briser le sceau de la sympathie, par annoncer les raisons les plus pertinentes qui nous ont conduits à vous, nous les tenants de l'autorité du Sénat des Mille de la Grande République dans ces eaux et ces contrées.

Si nous avons déjà résumer la situation à nos partenaires jashuriens dans le cadre d'un courrier préalable, il n'est point de raisons de laisser nos amis, et sa grandeur le fils du ciel hors de la confidence. Notre République, depuis 2014, a connue un enrichissement massif, permis par l'existence de nations stables telles que les vôtres: la patrie des jashuriens, et la patrie des ushong. Les jashuriens ont été des amis, en permettant la circulation de nos navires dans ces eaux, tout comme le fils du ciel a fait montre de sa confiance envers nous, en nous donnant libre commerce en ses terres côtières, et en donnant sa confiance en l'expertise de nos conseillers militaires, qui contribuent à leur échelle à la réémergence du Mandat céleste en Nazum central.

Nous nous sommes enrichis, tout comme vous, et nous avons toutes les raisons de penser que cette situation doit perdurer, pour nous tous....mais il y a toujours un "mais". Les routes qui nous mènent au pays de Jashurie sont parsemées d'entraves et d'embuches, qui suscitent également pour vous une grande irritation. Nous avons trois problèmes: l'émergence de la Confédération socialiste du Nazum, dont le développement nous préoccupe, les actions erratiques de la Poetoscovie...et celles de cette "entité" gazeuse qui est la colonie impériale alkatienne de Chandekolza. Et par un hasard du destin...ou pas...cet État du Chandekolza constitue le catalyseur de cette somme d’intérêts qui pourrait nuire au grand commerce. L'économie a horreur des risques et du hasard, et ces trois entités incarnent un risque qui doit au choix, être neutralisé ou éradiqué.

Je propose donc que nous commencions par la question Chandekolza
, car défaire ce nœud est un début de réponse à tous nos autres problèmes."



La sénatrice Di Saltis demande en plein discours, l'attention de l'un des gardes wanmiriens de l'escorte velsnienne. Celui-ci lui tend l'oreille, et s’exécute immédiatement aux susurrements de l'Amirraglia. Il déplie devant tous les délégués une immense carte du Chandekolza, qu'il plaque sur une table, avant de se mettre à nouveau en retrait derrière les deux velsniennes. La sénatrice se lève, s'appuie sur la table, et tapote sur le papier froissée, à l'endroit où est marqué la présence de la base antérinienne.

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"Le Chandekolza est un membre malade du Nazum. Voyez toutes ces bases, il y en a plus d'une dizaine, à la frontière immédiate du territoire de l'un de nos alliés les plus chers, à quelques jets de pierre du domaine du fil du ciel. La première question est de savoir si nous devons l'amputer en entier, ou couper quelques doigts. Pour ma part, j'estime déjà en premier lieu, que les antériniens, en qualité de candidats potentiels à l'ONC, doivent être mis en confiance, voire même, nous pourrions leur proposer de participer à cette opération en guise de preuve de notre alignement commun. Je propose ainsi de les mettre en communication directe avec ces excellences jashuriennes et nous mêmes à cette fin."


L'Amirraglia Di Saltis s'arrête à nouveau, tendant la main en direction du même garde qui avait mis la carte à disposition. Celui ci arrache l'étui d'un couteau à sa ceinture et sort une lame de son étui, un pugio, un poignard traditionnel velsnien. Di Saltis, par un geste vif, découpe la carte, et met en évidence le dit morceau, en l’occurrence la base de la Poetscovie.

"Je pense que la sujet de cette base est celui sui suscitera le moins de débats... La Poetoscovie a la réputation d'un acteur imprévisible, voire incontrôlable. Hors de question de la laisser perdurer dans la région elle, ses essais de missiles et ses conservations amicales avec la Principauté de Carnavale."

De nouveau, elle découpe un autre morceau: la base rimaurienne.

" Là encore, je pense que personne ne pleurera les rimauriens. A leur sujet, je suis d'avis de vous laisser décider de son sort, vous, ushong et jashuriens: le désarmement complet après inspection méticuleuse, ou l'expulsion pure et simple. Les deux solutions nous vont."

Encore une fois, elle arrache un morceau de la carte, cette fois ci à l'extrémité ouest du pays: les bases menkeltiennes et achosiennes.

"Achos et Menkelt sont des États imprévisibles qui nous causent déjà bien des torts au pays. Je dois bien avouer, c'est là l'une des raisons de notre venue ici: vous êtes déjà probablement au courant de nos inimitiés avec ces nations celtes, qui même lorsque nous leur tendons la main, conspirent contre nous. Nous leur donnons tout, et ils veulent toujours davantage. Qui plus est, il vaudrait mieux limiter au strict minimum la présence physique de nations extérieures au Nazum, qui viennent se rajouter au nombre déjà élevé d'acteurs locaux qui viennent perturber la bonne tenue du commerce. Tout comme les rimauriens, je propose à cette assemblée deux solutions: le désarmement, tout en maintenant une présence physique jashurienne sur place, ou bien l'expulsion pure et simple. A titre personnel, nous penchons pour la deuxième solution, mais c'est votre continent, et nous nous soumettront à votre décision."

La sénatrice était sur le point de couper un autre morceau de carte, lorsqu'elle se ravisa, rentrant sa lame dans son fourreau, et la tendant du côté du pommeau à l'ambassadrice jashurienne.

"Pour ce qui est des bases détenues par la Monkarie, le Sud Kazum et la Confédération socialiste...là encore il n'est pas coutume...à vous l'honneur, et nous suivrons votre initiative. Nous ne demandons rien: votre amitié suffit déjà largement à couvrir tous nos besoins. Ce que vous comptez faire du gouvernement du Chandekolza ne nous importe peu, du moment que les marchandises circulent sans entrave jusque dans vos ports...et que nous pouvons compter sur vous si d'aventure la Confédération socialiste menacerait le territoire velsnien de Tercera, au nord-Nazum."


Une fois son exposé terminé, l'Amirraglia Di Saltis reprit sa place, laissant derrière elle une carte de Chandekolza en lambeaux, dont les différentes portions étaient exposées là, comme des trophées prêts à être revendiqués.
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Le Pavillon des Murmures – Réunion officielle du 15 avril 2012


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Le Pavillon des Murmures d’Ankévran


Le Premier Ministre Sisrati soupira et murmura :

« C’était pourtant une bien jolie carte que celle-ci … »

Puis, voyant que tout le monde l’avait entendu et se tournait vers lui, il prit un air faussement étonné et embêté. Intérieurement, il était bien trop heureux de voler sans le moindre effort la vedette aux effets spectaculaires de l’Amirraglia Di Saltis. Ce petit brin de femme était charmante et savait captiver son auditoire, mais elle dépensait beaucoup trop d’énergie dans ses effets de manche. Les Velsniens avaient ce petit côté flamboyant que les Fortunéens, plus adeptes de l’élégance silencieuse, n’avaient pas, ce qui tranchait avec le décorum et les convenances jashuriennes, plus empruntes des artifices fortunéens. Nantipat Sisrati, sans ajouter à la faconde de l’Amirraglia, se permit quelques petits commentaires sur les intérêts jashuriens dans la région :

« Sans vouloir faire tomber vos effets et la clarté de votre exposé, estimée sénatrice, veuillez accueillir quelques petites clarifications de notre république concernant notre positionnement sur cette affaire préoccupante. Oh … rien que vous ne sachiez déjà, mais ce qui va sans dire va toujours mieux en le disant … enfin … si l’on en croit l’adage. Nos intérêts dans la région sont purement motivés par le fait d’éviter que les murs du sanctuaire nazuméen ne soient fracturés par les barbares à nos portes. Comme de nombreux pays du Nazum, nous aimons notre jardin … mais nous l’aimons encore plus quand il n’est pas ravagé par les bottes de quelques indélicats. Notre présence pourrait être comparée à celle … d’un jardinier. Un jardinier qui s’affaire à réparer le mur d’enceinte tandis qu’il se rend compte qu’un parterre de mauvaises herbes a poussé là où il devrait n’y avoir que des tulipes. Si le Nazum dispose de plusieurs jardiniers, il nous est apparu nécessaire d’intervenir pendant que d’autres tâches requièrent l’attention des autres. La présence de notre base militaire et humanitaire s’inscrit dans cette tentative de protéger le jardin, en évitant que les intrus ne le mettent à sac … Et nous entendons bien conserver une présence dans la région quand tout cela sera fini, car nous avons plus que rempli nos engagements auprès du Chandekolza. »

Le Jashuria ne désirait pas s’emparer du Chandekolza, loin de là. La région était un gouffre financier qui épuisait les humanitaires et les tentatives d’obtenir des soutiens locaux avaient rencontré du succès, certes, mais en l’absence d’une politique claire de la part du potentat local, autant pisser dans un violon pour le faire jouer. Le Chandekolza était dans une posture attentiste, se contentant de ne réagir que mollement tandis que les puissances étrangères se permettaient de faire ce qu’elles voulaient dans la région. Cette situation n’était pas tenable sur le long terme, aussi le Jashuria avait-il pris les devants …

Le Généralissime Mankad, qui lui, n’avait pas quitté des yeux la carte déchirée, prit la parole, mais fut moins ampoulé que le Premier Ministre … moins métaphorique.

« Depuis l’ouverture de ces maudites bases, l’Etat-major de la Région des Perles a fait en sorte de faire rentrer la plupart des bases étrangères dans le rang. Ca a commencé avec notre coup de pression sur la Rimaurie, puis continué avec le Menkelt et l’Achos, qui ont du accepter, bon gré, mal gré, de limiter leurs importations militaires au strict minimum … environ 1000 militaires par base … 2500 pour l’Achos. Nous contrôlons leur approvisionnement et savons exactement ce qui entre et ce qui sort pour les bases qui ont accepté nos conditions. Nous pourrons les évacuer du Chandekolza dès que possible. Tanska, l’Antérinie et Karty font transiter leurs biens et leurs aides humanitaires par notre base. Nous bénéficions donc de l’hégémonie dans la coordination des bases. Le Sud-Kazum et la Monkarie se tiennent tranquilles et savent qu’au moindre pet de travers, ils nous auront sur le dos. Toutefois … la Poëtoscovie reste totalement hors de contrôle et ses récentes déclarations et actions, vous l’avez dit, constituent un sacré danger pour quiconque voudrait avoir un peu de tranquillité ! »

A ces mots, le Sous-Directeur de la Sérénité transmit sur les tablettes numériques les documents qu’il avait déjà transmis à en amont de la réunion. S’affichèrent sur les écrans les photos prises par les drones de reconnaissance sur les différentes bases qui posaient encore problème. D’un regard appuyé, le discret Sous-Directeur indiqua au Généralissime qu’il pouvait continuer.

« Ici, la base poëtoscovienne. Un atoll isolé, doté d’un port et d’un aérodrome. Et ce que vous voyez là, en rouge, c’est le périmètre de défense de la Poëtoscovie. Ces petits malins ont trouvé raisonnable de mettre près de deux centaines de défenses antiaériennes condensées dans un si petit endroit. Ils n’ont aucune route de ravitaillement que nous ne contrôlons pas ou que nous ne soyons pas en mesure de bloquer dans l’heure. N’importe quel bombardier furtif fera un carton dans la minute au vu de la densité de défenses en une si petite superficie. »

D’autres photos s’affichèrent, beaucoup moins précises, mais étaient assorties de la liste officielle du matériel transmis par la Confédération Socialiste du Nazum sur le matériel et l’armement transporté récemment. Les simulations de frappes aériennes étaient aussi présentées, mais cette fois-ci, avec le bilan des pertes civiles.

« La Confédération Socialiste du Nazum, ou quelque soit son nom, a décidé de s’établir sur une île contenant des civils. A peine arrivés, ils ont décidé de parader dans les rues des villages insulaires avec leur matériel flambant neuf. Disons-le très clairement, les déclarations à l’emporte-pièce de la Confédération et leurs dissensions internes sont encore plus inquiétantes que l’imprévisibilité de la Poëtoscovie. Ils se cachent derrière le paravent de l’aide humanitaire, mais nous savons tous ce que feront les communistes s’ils disposent d’une tête-de-pont dans la région … Nos forêts sont pleines des corps de nos aïeux exécutés lâchement par les communistes. Le Nazum a déjà assez de problème avec les reliquats marxistes du Sud-Kazum, les dissidents communistes du Phen Gamn et les insurgés ramchoures pour ne pas en plus rajouter les communistes du nord dans l’équation. Pour moi, la ligne est claire : ces bases communistes et poëtoscoviennes – ou qu’elle que soit l’idéologie prônée par ce régime cette semaine – doivent disparaître. »

- J’ajouterai,
continua le Sous-Directeur, que nous serions parfaitement satisfaits si nous pouvions éviter les effusions de sang inutile. En revanche, il est clair que le Potentat qui dirige le Chandekolza doit être remplacé incessamment, sans quoi, nous nous retrouverons à nouveau au point de départ. A ce titre, les revendications du Mandat Céleste sur la région devraient faciliter une mise au pas rapide et sans émoi international de la région.

- Il est évident que la situation ne peut plus durer,
renchérit Parvati Mathai. Plus nous attendons et plus les bases militaires et le Potentat local seront difficiles à extirper de leurs positions respectives. Il nous faut profiter de l’occasion pour dénoncer publiquement la gestion catastrophique du Chandekolza, avec le soutien du parti pro-jashurien actuellement en place dans le système de gouvernance. Il devrait être possible de trouver une affaire de corruption pour jeter le discrédit sur le gouverneur du Chandekolza. Malheureusement pour nous, si nous disposons du soutien d’un des partis politiques en place dans la région, nos actions ne nous ont pas attirés que des sympathies. Le gouverneur a bien compris que nous pouvions avoir des yeux et des oreilles dans tous les recoins et même s’il s’est largement gavé de nos largesses, il sait que sa position est précaire. »

Il n’y avait pas trente-six solutions au problème du Chandekolza. Avant de s’en prendre aux différentes bases de la région, il fallait s’assurer que le despote local était correctement déposé. Le meilleur appui pour cette opération était l’Empire Xin, qui disposait de toute la légitimité nécessaire pour ramener cette excroissance séditieuse de son empire dans son giron. Si les flottes jashuriennes et velsiennes pouvaient rapidement mettre au pas l’ensemble des bases poëtoscoviennes et socialistes de la région, il restait toujours cette question des forces chandekolzanes locales. De même, il restait une autre inconnue dans la région : la présence du Grand Kah.

« Il nous reste aussi une autre inconnue particulièrement importante : l’action du Grand Kah. Ce dernier n’a jamais caché sa sympathie pour les régimes communistes et il y a fort à parier qu’il se mette en travers de notre route si jamais ses membres décident de soutenir les forces communistes du septentrion … dit Parvati. J’ai cependant bon espoir que le Grand Kah voient dans la reprise en main de la région un vecteur de stabilité … mais mes espoirs ne constituent pas des éléments fiables. »
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La délégation Xin était demeurée étrangement silencieuse face aux divers exposés de la situation tout d'abord de par la vision Velsnienne, puis celle du Jashuria avec tout l'intérêt porté aux détails, précisions stratégiques et autres subtilités dévoilés, le Grand Duc Long Zhuan, éventail déplié à plume en main qui n'était pas sans rappeler ceux des tacticiens des mythes et légendes Ushongs écoutait religieusement chacun argumenter et pointer les divers points de la tumeur cancéreuse qui rongeait la région de par son mal inhérent. Lorsque chacun en eut finit, ce fut alors à son tour de faire part de la position impériale et d'ajouter quelques précis à tout ce qui avait déjà été annoncé, l'éventail fut replié d'un geste sec.

Long Zhuan - << Le Chandekolza, nous autres Ushong le connaissons bien. C'est un de nos enfants réfractaires après tout, la marche orientale de l'Empire qui en des temps plus simples défendait les terres à l'Est de Beiyfon, la région n'a jamais été particulièrement prospère en elle même, en cause la disparité des reliefs et de l'agencement du territoire où se mêlent tantôt des jungles et des marais impénétrables, tantôt des landes en friches devenues impropres à la culture à cause des excès de l'homme ayant brisé l'Harmonie entre la Terre et les Cieux. Surpeuplée, mal administrée et livrée à elle même. Le Règne des Empereurs d'Antan avait au moins le mérite d'alléger la souffrance de leurs ancêtres et d'égaliser le sort des mortels. Lorsque la Yongzu était généreuse, le riz et le blé coulait à flot, lorsqu'elle était furieuse, la famine s'abattait surtout l'Empire, Chandekolza inclue. Les Congs revenus au pouvoir en ayant soulevé la région contre le Trône du Dragon ont dans leur immense naïveté cru pouvoir renverser la tendance en se rendant unique maître de leur destin, l'Histoire en a cependant décidé autrement. Non seulement les problèmes inhérent à la terre elle même et au surpeuplement endémique de celle ci n'ont pas été réglés, mais ils se sont aggravés avec le temps jusqu'à devenir hors de contrôle, la pauvreté du Chandekolza n'est ni plus ni moins que le résultat des mauvais choix d'autrefois par ceux là même qui se crurent au delà de la volonté des Cieux. >>

Il marqué une pause fronça les sourcils tout en soupirant, las.

Long Zhuan - << Sauf que désormais, les décennies ayant passé, le cercle vicieux est depuis longtemps hors de contrôle tant et si bien que les cycles de famine s'enchaînent de plus en plus régulièrement à mesure que les bidonvilles s'agglutinent face à la capitale des lieux, formant un océan de misère visible à des lieux à la ronde. Aussi, la région n'est ni plus ni moins qu'un gouffre financier, des sables mouvants sans fonds qui finiront par avaler tel des prédateurs quiconque s'aventurera à essayer de s'aventurer en leur sein. Enfin... En tant que tel rien n'est jamais perdu, et il est techniquement possible de... Sauver la situation. Mais cela serait un processus long et coûteux, bien trop pour de la simple aide humanitaire qui en fin de compte n'est qu'un maigre pansement sur une tuyauterie qui fuit de toute part. Et ce n'est là qu'une partie du problème global. >>

Problème était encore un euphémisme, le Chandekolza était pour ainsi dire un véritable casse-tête, une tumeur maladive et cancéreuse qui proliférait et que l'on ne savait réellement comment appréhender afin de la soigner définitivement. Oh bien évidemment les Ushongs avaient des idées sur la question, des solutions partielles, mais même eux qui connaissaient l'Histoire et la Région hésitaient sur la marche à suivre. Prudence était mère de sureté en soit et la problématique méritait une réflexion approfondi, pour autant, il y avait d'autres... Préoccupations.

Long Zhuan - << C'est toutefois dans les heures sombres que l'on sait différencier ses amis des parasites. Une bonne action, même infime, sera bien plus apprécié et louable que quelconque faux semblants et doux mots exprimés tel le sifflement de serpents. Le Céleste Empire a une position très arrêté sur la question des bases militaires étrangères au Chandekolza; D'une part, les malfaisants, ceux là même qui ont essayé de s'ingérer dans la région en transformant ces lieux acquis avec malhonnêteté en point de départ de potentielles campagnes militaires sans s'acquitter de leurs devoirs envers la terre et le peuple, ne sont guère les bienvenues au sein du Sanctuaire qu'est le Nazum. Rimaurie, et surtout la Poétoscovie se sont illustrés par leurs ambitions à peine dissimulés et dans le second cas opèrent encore une continuité, ne nourrissant que des intentions selon toute vraisemblance malveillante qu'il convient d'étouffer dans l'oeuf avant que ces gens ne décident de réitérer leurs "exploits" malvenus, car il est certains qu'ils s'essayeront à nouveau à la chose. Ainsi ils DOIVENT partir. Pour les autres étrangers, ceux là même qui existent sans non plus s'acquitter de leurs devoirs, végétant et subsistant tel des parasites, qu'ils disparaissent eux aussi, qu'ils rentrent chez eux, car qu'ils soient au Chandekolza ou en leur patrie, cela ne fera aucune différence tant que leur vocation est vaine, qu'ils retournent à leurs femmes et enfants. Rimaurie, Menkelt, Achos. Qu'ils disparaissent et retournent au néant. >>

Le faciès sévère et rigide du Grand Duc s'affaissa parfaitement alors après avoir cessé de mentionner les "parasites", évitant toutefois soigneusement le cas des communistes qu'il réservait à plus tard.


Long Zhuan - << Pour le reste, Monkarie et Sud-Kazum, s'ils se comportent aussi factuellement comme des parasites, demeurent Nazuméen au strict minima et font partie intégrante du Sanctuaire. Raisonner ces derniers entre dans le champ des possibles, aussi est-il acceptable au nom de l'entente et de l'harmonie de les laisser demeurer, en ne cessant toutefois guère les efforts afin de les pousser à remplir leurs engagements. Et en ce qui concerne l'Antérinie... Ma foi, je suppose que si nous avons la parole de nos estimés amis Velsniens, nous pouvons considérer l'Antérinie comme des étrangers respectables à même de pouvoir s'intégrer à l'Harmonie et ne point troubler le Sanctuaire. Car après tout, il convient de différencier ceux au potentiel vertueux, et les éternels mauvais esprits qui ne vivent que pour spolier et piller. Cependant, si nous devons nous improviser médecin, il va falloir songer à exciser la tumeur dans son ensemble afin que le corps guérisse.

Le Cong Chandekolza est la source de tous nos maux en l'état, c'est lui par sa cupidité et son manque de vision qui ouvre la porte de la région à n'importe quel aventurier en manque d'adrénaline cherchant à se faire un nom via des aventures coloniales d'un autre temps, lui qui se fait soudoyer par le moindre gain de richesse sur le court terme afin de perdurer sur le dos de ceux qu'il est sensé diriger. Et c'est aussi lui qui fonde toute la politique de son régime sur l'art de détourner l'attention en accusant les Ushong et le Céleste Empire de tous les maux du Chandekolza, quand bien même nous n'avons guère eut d'interaction avec depuis des décennies si ce n'est plus d'un siècle. Et à ce titre, nos sujets demeurant par delà les frontières, ainsi que les autres minorités tendent à souffrir de ces absurdités propagandistes. Une situation doublement intolérable pour le Céleste Empire car si il était encore tolérable que le Cong et ses laquais fondent leur autorité sur notre détestation, ouvrir les portes du Continent à une nouvelle vague d'ingérence ainsi qu'à tous les régimes les plus erratiques et indignes de confiance qui soit en allant à l'encontre total de l'harmonie, cela s'apparente pour ainsi dire à la goutte d'eau faisant déborder le vase.

Aussi soyons clair, il est impératif que le Cong ne soit plus. Aussi le Mandat envisage-t-il très sérieusement de réaffirmer son autorité sur la région en réintégrant le Chandekolza au sein de l'Empire. Afin que plus aucune nouvelle base n'ouvre et que l'hémorragie ne se propage. Trouver un... Remplaçant adéquat, sensible à nos avis, ne devrait pas être si difficile alors que la misère endémique ne cesse de se propager, les mensonges tendent toujours à s'effriter bien plus vite face à la dure et crue réalité. Nos compatriotes oppressés par delà la frontière ne cessent de traverser cette dernière en catiminie, profitant de la miséricorde de nos magistrats qui avec la bénédiciton du Mandat dispensent non pas seulement l'aumône mais la générosité la plus sincère qu'un compatriote peut offrir à l'un de siens car l'Empire chérit ses sujets. Si ce contre exemple, de la minorité opprimée profitant des richesses renouvelées du Grand Grenier à blé de la Vallée de la Yongzue venait à se savoir, il y a fort à parier que certains auraient des idées.

Une part cherchant à profiter de cette splendeur et de cette prospérité, en revenant à des temps plus doux, qui servira assurément de base d'appoint aux lobbys pro-jashuriens au sein même du peuple et permettra de faire avancer, si les cieux le veulent, les intérêts que nous appelons de nos voeux, sans avoir recours à la violence. Mais ce serait se voiler la face que de ne pas envisager une optique moins... Cordiale. Les désespérés peuvent tout aussi bien se complaire dans la jalousie, tout comme les parasites corrompus aux abois peuvent s'essayer à des mesures extrêmes afin de tenter de sauvegarder ce qu'il reste de leur influence. Cela fournirait assurément une excuse de choix pour rosser le Malandrin et le mettre aux fers manu-militari, qu'importe que les éternels détracteurs nous érigent à nouveau en démon, nous ne sommes guère plus à ça près personnellement, l'Empire pourra aisément assumer le blâme seul si nécessaire, les avis des étrangers extérieurs au Sanctuaire importent peu, et ceux auxquels il y a une réelle importance sont déjà soit ici, soit favorables quoique silencieux. Ainsi les astres sont alignés. La finalité ne fait aucun doute, reste seulement à s'accorder sur la méthode. Concernant le facteur du Grand-Kah ceci dit... >>

Le Général Denxiao s'éclaircit la gorge afin d'attirer l'attention, ayant quelques précisions à apporter sur la question.

Meng Denxiao - << Le Maréchal Wang ainsi que bon nombre de nos officiers qui ont eut l'occasion de côtoyer leurs équivalent Kah-tanais disposent de canaux de communication privilégiée et entretiennent une entente cordiale depuis le temps de l'ancienne UMT qui à ce jour n'ont jamais digressé et conservent utilité et estime, des conversations qu'il entretient sur une base régulière, il y a fort à penser que le le gouvernement du Grand Kah ne s'opposerait potentiellement pas à une reprise en main impériale sur la région, au contraire je pense même que chasser les communistes Nazuméens de celle ci serait une occasion appréciable pour Axis Mundi de faire avancer son agenda. Il y a fort à parier que le Grand Kah cherche sur le long terme à mettre la Confédération dans sa sphère d'influence, pour ne pas dire à en faire des laquais dociles, or quel meilleure occasion que d'ouvrir une brèche dans les murs que de s'engouffrer en tendant une main après un revers ? Une débâcle pour la Confédération au Chandekolza signifiera que celle ci sera plus réceptive aux propos Kah-Tanais, ce qu'ils recherchent probablement avec ardeur à cet instant. Aussi, ces derniers étant dans une logique d'opposition frontale avec le Jashuria depuis des années sur bien des théâtres, il y a fort à parier que toute réaction éventuelle sera bien moindre si le Céleste Empire est celui qui reprend le contrôle direct dans les grandes lignes. Bien que cela ne l'empêchera pas de continuer à mener sa guerre d'influence, cela amoindrira grandement les risques globaux. Du moins c'est là l'analyse du Maréchal et de l'état-major, dans le "pire" des cas, ce dernier a laissé entendre qu'il pourrait toujours intercéder par ses canaux afin d'essayer d'obtenir des assurances de non ingérence. Le Cas communiste reste cependant hautement épineux, et s'il apparaît évident que ceux ci doivent partir, il convient de peser toutes les potentielles variables à l'oeuvre et agir avec prudence. >>
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Suite à son intervention, puis à celle des délégués jashuriens et ushong, l'Amirraglia Di Saltis était entrée dans sa réserve, constatant bien que les objectifs de ses deux partenaires, variaient quelque peu. Une expulsion quasi généralisée pour les uns, une sélection un peu plus consciencieuse pour les autres. La velsnienne était gênée, mais il fallait bien avancer...

- Mes excellences estimées. Au final, je ne pense pas que que ce soit du ressort de mon gouvernement de décider des "buts de guerre". Velsna est bien moins légitime que le Jashuria ou l'Empire à déclarer ce qui doit être fait au Chandekolza. Toutefois, il apparaît nécessaire, avant même évoquer une stratégie politique et militaire dans accomplissement de nos objectifs, d'accorder nos violons. Nous ne pouvons pas choisir à votre place: le Chandekolza est une terre impériale et une terre nazumi. Nous devons décider entre vos deux approches: une expulsion large, celle des rimauriens, des menkeltiens et des achosiens notamment, voulue par ces excellences impériales, ou une expédition strictement punitive contre la Poetoscovie voulue par ces excellences jashuriennes. Nous devons parler d'une seule voix, sans quoi notre action sera brouillonne et confuse. Nous avons notre préférence personnelle, que nous partageons avec la cour impériale, mais encore une fois, nous sommes des étrangers.

L'Amirraglia se tourne vers la Première ministre Sisrati.

Quant à la transition politique que vous évoquez, là encore, ce que vous dites nous convient, excellence. Si le Jashuria tient à pérenniser sa présence dans la région, c'est votre affaire, du moment que nos montres continuent de s'écouler dans les ports ushong et jashuriens. Néanmoins, il faut vous mettre d'accord sur l'identité des personnes à la tête d'un gouvernement de transition au Chandekolza. Si le parti pro-jashurien est bien vu de ces excellences de la cour impériale, cette alternative sera parfaite. Quant au Kah...

La velsnienne rehaussa quelque peu sa chaise avant d'enchaîner, elle avait l'air terrassée par la chaleur ambiante de l'air jashurien.

...Nous ne pensons pas qu'ils en feront grand chose. Non pas qu'ils en aient pas l'envie, mais je ne pense pas qu'ils puissent se le permettre avec leurs diverses actions, que ce soit an Afarée ou en Eurysie. Ils sont très dispersés en ce moment, et c'est pour nous un indice supplémentaire qu'ils réagiront mollement à notre initiative. D'autant plus que désormais, vous pouvez compter sur notre soutien, excellence ministre, et que Velsna est en termes cordiaux avec les kah tanais, du moins...dans la mesure du possible avec une entité du monde socialiste. Il se trouve que nous sommes en mesure de leur faire une concession, à titre personnel en échange de leur inaction au Nazum. Si cela est nécessaire, nous leur permettrons d'avancer leurs pions en Manche Blanche en échange de largesses au Chandekolza. Toutefois, il faudra que nous tempérions légèrements nos actes vis à vis des socialistes nazumi, et évitions de se rendre responsables d'une expulsion trop brutale (HRP: ils sont sous prot, on peut rien faire en l'état.). CEPENDANT...il faudra aussi prendre en compte les autres acteurs de la région: les onédiens, et il nous faut nous préparer à de possibles ingérences de leur part, et croyez moi, celles ci arrivent toujours d'une manière ou d'une autre. Non pas que nous sommes en mauvais termes avec eux, nous sommes mêmes en relation relativement cordiale avec certains de leurs membres, mais ils ont cette fâcheuse habitude, tout comme le Kah, à penser que leur modèle politique est la fin de toute action de leur part. Nous devons donc prendre ce facteur, et ne pas l'oublier lorsque nous agirons.

Du reste, nous attendrons que vous, excellences jashuriennes et impériales, que vous vous soyez mis d'accord sur la liste précise de bases à faire disparaître avant que nous puissions vous présenter un plan d'attaque dans le cas où nos demandes seraient refusées par le gouvernement du Chandekolza. Mais pour faire court, et comme nous sommes déjà tous d'accord pour affimer que la Poetoscovie doit plier bagage, je pense que l'encerclement de l'atoll de la base poetoscovienne de devrait pas être une affaire terrible, quant bien même ils ont mobilisé une flotte pour la défendre. Le seul problème serait le nombre de mines navales possiblement à disposition qui pourrait ralentir un potentiel débarquement. Là encore, comme nous sommes en territoire nazumi, il convient davantage que la majorité des équipes d'assaut soient constituées de jashuriens et de soldats impériaux plutôt que de velsniens. Voyez notre rôle comme celui vous permettant de projeter vos troupes et de vous fournir un appui naval et aérien, ainsi que dans le déploiement de petites unités d'élite en soutien à votre infanterie.

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