24/09/2017
22:16:27
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Bourg-Léon [Grand Kah / Carnavale]

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BIENVENUE A BOURG-LEON

Mademoiselle Améthyste CastelageBourg-Léon vue d'en haut
Docteur Philippe GéminéonLa classe carnavalaise !


Mademoiselle Améthyste Castelage, héritière de la Principauté de Carnavale, et le docteur Philippe Géminéon, directeur de Grand Hôpital, sont heureux d'accueillir les représentants du Grand Kah sur l'île de Bourg-Léon.

L'île est un écrin de verdure où curistes, convalescents, étudiants en médecine et malades mentaux cohabitent dans l'un des lieux les plus luxueux et secret du monde. Ici à chaque seconde, on sauve des vies et on y met fin. Bourg-Léon est le cœur de la science médicale de la Principauté, un roc posé au milieu du golfe, aux falaises escarpées, aux terrasses aménagées et aux parcs luxuriants. Ici se côtoient les serres Dalyoha, gardées par des miliciens en arme, les hôtels pour les touristes, les grands complexes hospitaliers et petites cliniques en plein air, sanatorium, sources thermales, églises modestes à demi dissimulées dans les jardins fruitiers.

Améthyste invite la délégation kah-tanaise à prendre place sur des bancs. On est à la fin de l'hiver, le fond de l'air est doux et véhicule les parfums de plantes inconnues.

- "Carnavale est battue par les flots, mais ne sombre pas. Fluctuat nec mergitur pour la cité noire et ses excroissances. L'OND peut bien bombarder nos immeubles, les artères, elles, sont profondes et labyrinthiques. En tant qu’autoproclamée héritière de la Principauté, faute de repreneur (monsieur Blaise Dalyoha ne s'est pas fait connaitre à temps, ses avocats en ont conclu qu'il n'était pas intéressé), je suis en droit de négocier avec vous la fin de la guerre."

Philippe Géminéon s'approche en tenant une boîte qu'il ouvre. Dedans se trouve une très vieille clef rouillée.

- "Les clefs de Carnavale. La légende veut qu'elles ouvrent bel et bien quelque chose mais nous ignorons quoi. Il est sans doute préférable de ne pas être au courant pour éviter les tentations. Ne soyons pas dupes : Carnavale a sa propre autonomie, seul le pouvoir politique carnavalais désire rejoindre les Communes Unies, mon influence ne s'étend pas au-delà. La population et la ville continuent de vivre à leur façon, avec ou sans notre aval."
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Actée, Meredith, leur mine épanouie.
Environs 85% de la joie de Vivre kah-tanaise avait fait le déplacement.

L'air est frais, l'esprit du jour est doux et la ville panse ses plaies. Ce sont d'immenses cicatrices faites de gravats et de corps. Les bombes ont laissé un agréable silence, quelque chose qui plait aux kah-tanais. Un avant goût d'apocalypse, indépendamment de son poids humain. L'Union sait apprécier le beau dans l'horreur. C'est nécessaire pour observer une pensée maximaliste. Actée, pourtant, reste sur ses gardes. La radicale acquiesce et tente un trait d'humour pas tout à fait rassuré.

« Je me disais, il n’est pas dit que nous ne soyons pas invités ici pour y perdre nos organes.
– Je ne sais pas si Carnavale prendrait ce risque. »

Le regard appuyé d’Actée semble rappeler Meredith à l’ordre. L’actualité récente démontre que la principauté ne raisonne pas selon ces principes éculés de risques, quand bien même la présente rencontre découle d’un besoin immédiat de sécurité.

« La question », lâche finalement Actée, « est surtout de garder notre crédibilité internationale.
– Actée, nous allons accompagner Carnavale durant sa transition d’État Voyou à membre productif de la société des nations. On va nous adorer.
– C'est factuellement faux. »

Actée ajuste le col de sa veste d'un geste sec et définitif. Meredith soupire doucement.

« Mais on peut s'amuser à le croire. »

Les deux arrivèrent au point de rencontre, saluèrent leurs hôtes et prirent place sur le joli banc blanc qui les attendait. Les deux kah-tanaises écoutèrent tranquillement leurs hôtes, acquiesçant quand cela s'y prêtait. Puis Meredith prit un air méditatif et se pencha légèrement sur les clefs de la ville. Kotios, Lac-Rouge, maintenant Carnavale. Son destin semblait intrinsèquement lié aux métropoles les plus étranges de la planète. Peut-être qu'à sa mort il faudrait la découper, et l'enterrer dans chacune de ces villes. À ses côtés, Actée ne réfléchissait qu’en termes de realpolitik et d’impérialisme. Carnavale, en tant qu’entité, lui échappait totalement. En bonne matérialiste elle ne voyait qu’un ensemble de faits, dont l’assemblage donnerait un puzzle à solutionner. Deux orateurs, une offre de capitulation déguisée, un objet symbolique sans valeur intrinsèque. Un avantage stratégique. Elle filtrait mentalement les parfums, le luxe des bancs et les légendes sur une vieille clé. Du bruit de fond, essentiels pour alimenter sa compréhension du rapports de force.

« Nous ne négocions pas au nom de l’OND », jugea finalement utile de préciser Meredith. « Mais nous avons déjà annoncé notre désir de rendre leur opération inutile. Et ce que nous sommes venu discuter imposerait de de toute façon d’intervenir pour assurer un retour à la paix.
– Vraisemblablement, les ennemis de l’ancienne direction de la principauté n’ont pas d’intérêt immédiat à occuper ce territoire. Sauf, bien entendu, pour bloquer le Grand Kah. Or je ne suis pas persuadée qu’ils jugent pertinent d'initier une lutte, même feutrée, contre l’Union. Nos relations sont productives.
– Ce n'est rien : ils ont l'esprit pratique, ils feront le choix le plus pragmatique. »

Meredih se redressa soudain, agitée. Elle semble décidée à saisir les clefs de la ville.

« Ne soyons pas dupes. L'Union elle-même n'est qu'une espèce de fiction légale. Les Communes font ce qu'elles veulent. Nous ne sommes qu'une interface. Un écran sur lequel les étrangers peuvent syntoniser, obtenir une estimation globale d'un ensemble qui les dépasse.
– De toute façon », continua Actée « la greffe prendra, ou ne prendra pas. Carnavale prendra les décennies ou les siècles nécessaires à sa bonne intégration, ou jugera finalement la démarche impossible. Nous sommes une confédération, notre pouvoir est limité. »

Puis, en penchant la tête sut le côté. 

« Nous sommes aussi une grande puissance. Précisément parce que notre modèle révolutionnaire nous permet d'exploiter les occasions que nous offrent l'Histoire et le délitement de l'Ordre capitalistique. »

Blanc bonnet, bonnet blanc, songea Meredith.

« Accepter votre proposition, tout en ayant conscience de ses limites, c'est accepter un partenariat qui nous sera mutuellement profitable. Nous n'avons pas besoin de contrôler Carnavale pour profiter de sa présence à nos côtés. De toute façon, nous ne chercherons pas à la contrôler. Le Grand Kah mène par l'exemple, et l'amitié adelphique entre tout les peuples.
– Nous sommes de grands naïfs », précisa tranquillement Meredith. « Êtes vous prêts et prêtes à entendre nos propositions concernant l'application de ce partenariat ? » Elle hésita, puis acquiesça en ajoutant : « En tout état de cause nous sommes impatientes d'entendre les vôtres. »
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DISCUSSION A BOURG-LEON

Mademoiselle Améthyste CastelageBourg-Léon vue d'en haut
Docteur Philippe GéminéonSous les vertes ramures


Mademoiselle Améthyste Castelage, acquiesça aux dires des deux femmes :

- "Le clan Castelage a le négoce dans le sang, je sais parfaitement quelles cartes il me reste et rejoindre l'Union est un va-tout qui, je crois pouvoir l'espérer, sabotera l'effort militaire des ennemis de mon père et leur fébrilité revancharde. L'Union est un terreau dans lequel Carnavale s'épanouira, ou ne s'épanouira pas, mais il est assez riche et profond pour permettre à nos racines millénaires de se déployer dans toute leur splendeur. Je me réjouis d'entendre vos paroles et j'ai hâte d'entendre votre proposition. Monsieur Géminéon va exposer la nôtre."

Philippe Géminéon, médecin génial et scientifique fou, prend la parole :

- "Le pouvoir politique de la Principauté de Carnavale, de façon peut-être contrintuitive, est très légaliste et ne peut agir que dans le stricte cadre de ses lois qui, fort heureusement, sont très contradictoires et sujettes à interprétation. Puisque le conseil municipal de Carnavale se trouve en prison et qu’une grande partie des avocats de madame Pervenche Obéron sont en ce moment sans emploi, le conglomérat Castelage va faire une offre pour les embaucher ce qui devrait permettre une réforme partielle des arrêtés municipaux de Carnavale. Nous proposons d’abroger toutes les restrictions autour du droit de grève, de réunion, d’association et de syndicalisation. Nous retirerons le communisme et le socialisme de la liste des maladies mentales et cesseront nos recherches visant à développer un virus capable de sélectionner ses hôtes en fonction de leurs convictions politiques. Nous sanctuariserons l’autonomie des syndicats de Carnavale afin de leur offrir une plus grande autonomie. Nous supprimons également la loi sur la concurrence et les services publiques pour permettre l’émergence d’une politique sociale via l’impôt.

D’un point de vue militaire et industriel, la Principauté s’engagera solennellement à désormais privilégier les solutions diplomatiques lorsqu’elle est agressée. Nous sommes prêts à publiquement reconnaitre la disproportion de la destruction d’Estham comme contre-attaque à l’agression de l’OND sur notre territoire. Nous sommes également disposés à rendre tous les pilotes de l’OND capturés et retenus en otage ainsi que les ressortissants de leurs nations actuellement en notre possession, ce qui sera une perte sèche pour le zoo humain, mais un pas fait en avant pour la paix. Tous les ressortissants étrangers détenus sur le territoire de la Principauté se verront par ailleurs remettre un questionnaire leur demandant s'ils souhaitent ou non quitter Carnavale. En cas de réponse positive, nous leur ferons une contre-proposition financière. S'ils souhaitent toujours partir, les relâcherons sans frais.

Enfin, madame Améthyste Castelage a consenti à un immense sacrifice symbolique en acceptant de remettre le cadavre de son père à ceux qui souhaiteraient lui attenter un procès. Grand Hôpital est prêt à stimuler électriquement le corps pour créer l’illusion de la vie, mais monsieur Arthur Castelage étant mort depuis trop longtemps quand nous l’avons retrouvé, il ne nous est pas possible de le rendre en vie. Je tiens cependant à personnellement vous signifier que nous disposons d'assez de données sur le cortex cérébral de monsieur Arthur Castelage pour simuler sa conscience par IA ce qui devrait éventuellement lui permettre de répondre par oui ou par non aux questions d'un juge."
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« Ce qui nous importe, mademoiselle, c'est d'offrir à Carnavale l'opportunité d'être maîtresse de son destin. Les limites inhérentes à une phase d'intégration à la confédération sont bien moindres que celle d'un protectorat imposé après une invasion par les forces de l'OND. Une part importante de la communauté internationale comprendra que nous sommes avant tout vos garants, et acceptera cette idée. Une autre s'épuisera à réfuter la possibilité morale et matérielle d'une coopération entre nos deux nations, considérant sans doute que Carnavale doit rester un peuple paria. »

Meredith affiche un sourire glacial.

« Parmi ceux-là, il y a les grands sincères qui finiront par comprendre leur erreur. Et il y a les autres, qui salivaient sans doute d'avance à l'idée de planter leurs crocs dans la chair carnavalaise, et s'offusquent de voir leurs ambitions frustrées. Ceux-là sont trop brutaux pour s'adresser directement à nous, pour faire valoir leurs récriminations, pour s'assurer que nous nous opposeront – ou non – à leurs ambitions officielles. Nous n'aurons aucune compassion pour ceux-là, et certains de nos partenaires nous ont déjà confirmé qu'ils n'en auront pas plus.
– Meredith, il reste du devoir de l'Union de s'adresser à tous, et de ne pas se satisfaire des rivalités pouvant apparaître sur sa route.
– Ce pourquoi vous gérez notre diplomatie, citoyenne. Mais revenons-en à Carnavale. »

Elle acquiesce.

« Ces conditions sont très satisfaisantes, et j'ai conscience des chamboulements structurels profonds et des sacrifices parfois personnels qu'elles vous imposent. L’OND vous demandera probablement de ne plus développer d’arme chimique. Fondamentalement cette demande a peu de sens dès lors qu’un des pays membres de l’organisation développe son propre programme. Et à ce propos, j’aimerais si vous le permettez reprendre la liste des exigences émises par les ploutocrates. bien. »

La kah-tanaise sort une tablette qu'elle allume. Un document apparait à l'écran.

« Démantèlement immédiat et intégral de l'arsenal balistique : je suppose qu'un missile tiré compte comme démantelé.

Démantèlement des armes de destruction massives et des infrastructures de recherche et de production et de stockage associée : que comptez-vous proposer ? Nous avons pour notre part constaté qu'une partie des infrastructures mentionnées se sont avérées contenir des engrais, ils ne pourront tout de même pas exiger de vous que vous démanteliez tout le secteur pétrochimique de la principauté.

Concernant la fin immédiate et complète de l'occupation illégale de la Kabalie, cela démontre une fois une certaine méconnaissance du dossier. Si j'ai bien compris, Cramoisie ne dépendant de toute façon plus de Carnavale. Ils n'auront qu'à sonner les pays Afaréens.
 »

Ce que ferait aussi son propre commissariat. En temps et en heure, cependant.

« Concernant vos territoires insulaires en Espérance, si cela vous convient, le Grand Kah pourrait prendre la relève pour assurer votre sécurité. Pour dire les chose clairement il n'y a que deux armées dont nous tolérerions la présence aux larges des îles Marquises : la vôtre, et la nôtre. De toute façon il existe d’autres moyens de se projeter. »

Son sourire s’affine un peu, elle secoue la tête.

« La question de l'enquête est un peu plus sensible : je ne sais pas précisément ce qu'ils espèrent trouver sinon des cadavres. Il faut qu'ils définissent son champ, ses méthodes et ses objectifs ou sa nature plénipotentiaire ouvre la voix à des comportements impérialistes que nous imaginons sans mal. Concernant la nature de cette commission, nous pourrions vous proposer une option : comme vous le savez sans doute, chaque commune du Grand Kah dispose de son chapitre de la Magistrature. Dans un pays aussi légaliste que la principauté, il ne manque en somme qu'à implémenter une cellule de l’Égide. Les inquisiteurs sont des hommes d'action autant que des limiers, et en tant que territoire associé à l'Union ces enquêteurs seraient tout à la fois plénipotentiaires et respectueux de votre souveraineté.

Puis vous pourrez proposer aux pays neutres participant à l'opération humanitaire sur votre sol de travailler de concert avec votre nouveau régime pour établir une liste des responsabilités et des causes. Dès-lors l'OND devrait non seulement refuser votre offre mais justifier de son absence de confiance envers la communauté internationale.
 »
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DISCUSSION A BOURG-LEON

Mademoiselle Améthyste CastelageBourg-Léon vue d'en haut
Docteur Philippe GéminéonSous les vertes ramures


Le Docteur Philippe Géminéon acquiesce :

- "Nous autres avons parfaitement conscience que les Communes Unies nous offrent un cadre plus avantageux que n'importe quelle occupation militaire d'ennemis médiocres et revanchards. Quand bien même l'OND mettrait à bas nos administrations, j'ai vu les valeurs de ces gens, j'ai vu leurs sociétés, ils ne réalisent pas encore à quel point ils sont en dissonance avec Carnavale. Leurs administrateurs, leurs soldats deviendront fous en quelques semaines dans cette ville. Il faudrait leur ouvrir l'esprit avec des hautes doses de drogues de synthèses, leur faire découvrir les plaisirs de la chair OGM, alors ils toucheraient du doigt ce que veut dire être Carnavalais et ils deviendraient des étrangers à leur propre nation d'origine, des fous polytraumatisés, extasiés par des plaisirs indescriptibles et introuvables ailleurs, leurs familles, leur ancien cadre de vie, tout cela aurait le goût de cendre et ils n'auraient plus qu'une seule obsession : se fondre dans la ville. Faire partie d'elle. Carnavale dévore tout, le corps l'esprit et l'âme. Pour le santé mentale de nos ennemis comme de nos amis, il vaut mieux que la Principauté reste inviolée."

Mademoiselle Améthyste Castelage sourit :

- "L'OND peut débarquer sur nos côtes mais elle n'est pas prête à ouvrir le feu à la mitrailleuse sur une foule de lépreux venus pour piller leurs camps retranchés. Ils ne sont pas prêts à monter des expéditions commandos pour retrouver leurs soldats perdus dans les quartiers labyrinthiques ni rester des semaines en poste à garder une bouche d'égout noire et profonde comme la nuit. Sauvons les de nous. Épargnons leur cette expérience. Il est bon de savoir que le Grand Kah partage avec nous ce soucis humanitaire. Pour le bien des Carnavalais... et celui de l'OND. Néanmoins il leur faut bien leur lâcher du leste ? Nous sommes prêts à quelques concessions de façade, il sera toujours temps de les trahir plus tard."

Le Docteur Philippe Géminéon :

- "Le non développement d'armes chimique est un non-sens qui traduit le retard scientifique de ces gens. Pensent-ils qu'il est possible de financer un laboratoire qui soigne le cancer, sans être capable de provoquer le cancer chez ses ennemis ? D'étudier les virus et bactéries sans pouvoir les inoculer ? Quelle naïveté est-ce là ? Nous soignons chaque année des millions de personnes à travers le monde, il est normal que nous soyons également en capacité d'en tuer au moins autant. Vont-ils mettre un gendarme derrière chacun de mes scientifiques ou de mes médecins ? J'aimerai bien voir cela ! Monsieur Blaise Dalyoha n'acceptera jamais et les accidents tragiques se multiplieront."

Mademoiselle Améthyste Castelage :

- "Pour le démantèlement de notre arsenal balistique, j'ai expressément eu la confirmation du SAD BB que nous tirerions tout ce qui nous restait de missiles balistiques sur Teyla, la situation est donc réglée de ce point de vue. Je peux donner à l'OND la promesse que nous ne produirons plus de missiles. Ce sera un mensonge mais ils n'ont pas les moyens de le savoir. Le complexe militaro-industriel carnavalais se trouve des centaines de mètres sous terre. Nous n'aurons qu'à dire que nous produisons des vélos. Comme vous l'avez dit, il n'est pas possible de distinguer l'industrie lourde civile et militaire, surtout à Carnavale. Si nécessaire, nous sommes en mesure de construire des usines potemkines et de trafiquer les comptes. Le démantèlement du conglomérat Obéron a ceci d'avantageux qu'il rend absolument opaque une comptabilité qui l'était déjà. Carnavale n'est pas un pays dont on peut exiger un suivi transparent des activités économiques, financières et industrielles.

En ce qui concerne CRAMOISIE© nous ne renierons pas notre alliance avec Bartholoméon de Petipont mais j'ai personnellement revendu mes actions et la RAC© jouit désormais d'une autonomie politique, dans la mesure des actions possédées par chacun. Le Grand Kah pourrait en acheter s'il le souhaitait. Ou l'OND d'ailleurs.

Pour ce qui est de nos territoires dans les îles marines, il me semble raisonnable d'en déléguer momentanément la protection au Grand Kah. Nous gardons néanmoins un contrôle administratif complet et tous les bénéfices du tourisme et des parcs d’attractions. Pour ce qui est des tirs de missiles, Carnavale va produire des sous-marins lance-missiles qui pallieront au problème stratégique des silos. Les îles marines deviennent donc moins stratégiques et pourront remplir des objectifs économiques et politiques différents.

Pour ce qui est de l'enquête, pouvez vous m'éclairer davantage sur le fonctionnement de l’Égide ? Mais plus généralement, je n'ai aucun problème à livrer l'ensemble du conseil municipal aux juges de l'OND ainsi que quelques pauvres bougres sans importance. Mieux vaut être un criminel de guerre à Manticore qu'un prisonnier de droit commun à Bourg-Léon, je connais beaucoup de nos ressortissants qui accepteront de porter le chapeau avec plaisir et avoueront tout ce qu'on leur demandera. En ce qui concerne leurs enquêteurs, je connais des salles des archives à la mairie qu'une vie entière ne suffirait pas à explorer. Qu'ils enquêtent, ils deviendront fous avant d'avoir découvert quoi que ce soit. En revanche Carnavale ne tergiversera en aucun cas sur son secret défense, secret bancaire et secret médical. Ces trois piliers sont inviolables. Nous pouvons néanmoins céder symboliquement, il faudra simplement s'attendre à ce que leurs enquêteurs tombent malades très vite. Monsieur Géminéon est capable de provoquer une petite toux qui deviendra létale en quelques jours."
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Actée hocha la tête, un léger sourire flottait désormais sur ses lèvres. A ses côtés, Meredith affichait une expression de franche satisfaction. La franchise de leurs hôtes était une base de travail saine, dépourvue des hypocrisies habituelles de la diplomatie. Meredith se pencha en avant, posant les coudes sur ses genoux.

« Parfait. Le cynisme est un langage que nous comprenons. Il a le mérite de la clarté et nous épargne les faux-semblants. Nous sommes donc d'accord sur les concessions de façade à offrir à l'OND. Des promesses que vous n'avez pas l'intention de tenir, des usines Potemkine, des boucs émissaires volontaires, soit. C'est de bonne guerre. Cela leur donnera de quoi se vanter et nous donnera le temps dont nous avons besoin. Nous acceptons également d'assurer la protection militaire de vos territoires insulaires. Considérez-le comme le premier acte de notre partenariat. Le contrôle administratif et les bénéfices économiques restent vôtres, évidemment. »

Elle se redressa et fit un geste de la main, comme pour chasser une mouche.

« Maintenant, abordons l'un des outils qui rendra tout cela possible et pérenne : l'Égide. »

Elle jeta un regard à Actée, qui acquiesça et pris la parole. Son de la commissaire était posé, presque professoral, comme si elle s'adressait à des pairs lors d'un colloque.

« Pour comprendre l'Égide, il faut d'abord saisir la philosophie de la Magistrature kah-tanaise. Ce n'est pas un pouvoir qui juge le peuple, mais l'instrument par lequel le peuple se juge lui-même. L'Égide ne serait pas, chez vous, une police politique étrangère que nous viendrions vous imposer. Elle est pensée, structurellement, comme l'incarnation de la justice souveraine d'une communauté. Ses agents, dits Plénipotentiaires, Agents, Inquisiteurs, sont des enquêteurs et des médiateurs. Leur rôle est en premier lieu de comprendre le tort causé au corps social et de trouver les moyens de le réparer.

Concrètement, voici comment nous voyons son implémentation à Carnavale. Vous sélectionnez un contingent de candidats carnavalais. Des gens qui connaissent votre cité, ses forces, ses faiblesses. Nous fournissons des formateurs. Ils leur transmettront nos méthodes, notre éthique, nos outils. Une fois formés, ces Carnavalais constitueront le premier chapitre de l'Égide de Carnavale. Une institution qui sera la vôtre, pleinement souveraine, qui enquêtera selon vos lois sur les crimes de l'ancien régime. Le tout en respectant scrupuleusement les trois piliers que vous avez définis comme inviolables : le secret défense, le secret bancaire et le secret médical.

Politiquement, c'est un bouclier utile. Vous ne subirez plus une enquête, mais pourrez mèner. La nuance est fondamentale et privera l'OND de toute justification pour une ingérence.

Cependant, soyons clairs. Nous savons, comme vous, qu'une telle greffe ne prendra pas en un jour. Nous parlons d'un processus qui s'étalera sur des années, peut-être même plusieurs générations. Nous ne sommes pas des démiurges, et Dieu est mort. Ce que nous construisons, nous c'est un Miracle, ou Polyèdre sortit de terre. Potentiellement une cathédrales. Nous posons avec vous la première pierre, en sachant que ce sont nos descendants qui admireront l'édifice, s'il est un jour achevé. L'important pour nous est que cette fondation soit solide.

Sa véritable fonction, sur le long terme, va bien au-delà de la purge actuelle. L'Égide est conçue pour être le système immunitaire de la confédération. Sa mission fondamentale est de lutter contre la corruption, les actes de sabotage, le terrorisme et toute menace à la sûreté des communes. Elle est la gardienne de la cohésion.

Et c'est là que votre question prend tout son sens, Docteur. Est-ce qu'un tel organe a sa place dans une Carnavale fondée sur la rivalité des familles ? Franchement ? Peut-être pas aujourd'hui. Dans son état actuel, votre société verrait l'Égide comme un corps étranger, une menace à l'équilibre précaire de ses luttes de pouvoir. Mais nous ne vous offrons pas un outil pour le Carnavale d'hier. Nous vous offrons un outil pour le Carnavale de demain.

Des chemins différents s'offrent à vous. Si, au fil des décennies, vous évoluez vers une forme de communalisme qui vous est propre, alors l'Égide deviendra un allié précieux. Elle sera le scalpel qui vous permettra d'exciser les tumeurs de l'ancien monde : les familles qui s'accrochent à leurs privilèges, les réseaux de corruption qui refusent de mourir, les volontés de puissance qui cherchent à saboter le projet collectif plutôt qu'à l'enrichir.

Mais si le Joyau Noir, fidèle à lui-même, refuse la greffe et innove, s'il invente une troisième voie, une organisation sociale neuve que nous ne pouvons même pas imaginer, eh bien : l'Égide s'adaptera. Car son principe n'est pas idéologique, mais bien fonctionnel. C'est un organe qui vise à protéger la communauté, quelle que soit sa forme. C'est une structure vide que vous remplirez avec vos propres valeurs. C'est une forme d'exosquelette. Aujourd'hui, il peut vous sembler rigide. Demain, il s'adaptera à la forme que vous choisirez de prendre.
»

Meredith conclut, le regard perçant.

« Il s'agit maintenant de savoir si ce mariage de raison, fondé sur le plus froid des calculs, tiendra ses promesses. S'il restera une alliance de circonstance, ou s'il donnera naissance, contre toute attente, à une forme subtile, étrange et novatrice d'amour. »

Actée leva les mains et secoua la tête.

« Nous devons être transparents avec vous sur notre situation intérieure. Notre comité est structurellement conservateur. Nous avons été élus sur un programme de reconstruction et de consolidation qui, l'an prochain, atteindra son aboutissement. Ceux qui, au sein de la Convention, s'opposaient à un pacte tel que celui que nous vous proposons s'y sont pliés par respect du consensus majoritaire qui a émergé lors des discussions le concernant. Cet élan est loin de s'épuiser. Ceux qui le voulaient, ce pacte, ceux qui en désiraient la pleine et radicale expansion, seront sans doute majoritaires lors du prochain renouvellement. Voilà mon avis : c'est celui d'une commissaire à qui il reste un an de mandat, et il vaut ce qu'il vaut, mais je tenais à ce que vous l'entendiez. J'aimerais aussi entendre le vôtre.

Selon moi la véritable question que pose notre alliance n'est pas de savoir si nos successeurs l'honoreront. C'est de savoir ce que nous allons en faire. C'est de savoir ce que nous attendons de l'Humanité. Quel avenir, pour l'Humanité ?

Regardons-la. C'est une patiente en soins palliatifs qui se persuade qu'elle est en pleine forme parce que ses moniteurs affichent encore des signes vitaux. Elle a atteint un plateau technologique et social, et plutôt que de chercher à le dépasser, elle s'épuise à le défendre. Elle bâtit des murs toujours plus hauts, polit des idéologies toujours plus creuses, et célèbre sa propre stagnation comme l'aboutissement de l'Histoire. Le capitalisme fut le moteur d'un certain nombre de société mais il atteint sa phase finale. Désormais il suffit tout juste à maintenir les corps sociaux qu'il a créé en vie. Un respirateur artificiel sur un corps qui ne demande qu'à en finir. En consommant la planète pour alimenter sa propre agonie, l'Humanité est devenue une espèce qui a peur de son propre reflet dans le miroir.

Face à cela, le Grand Kah et Carnavale sont deux anomalies. Deux hérésies. Deux expériences sociales si radicales, si uniques, qu'elles ont le pouvoir non pas de changer le monde, mais de le défigurer pour lui donner un nouveau visage. De le remodeler à un niveau fondamental.

Notre radicalité, au Grand Kah, est celle de la confiance. Nous avons fait le pari fou que l'être humain pouvait transcender l'égoïsme, que la solidarité pouvait être le moteur d'une civilisation, que l'on pouvait bâtir l'ordre sans l'autorité. Nous cherchons à prouver le logiciel social de l'espèce n'est pas celui de l'égoïsme industrialisé, et de la consommation cannibale de tous par chacun.

Votre radicalité, à Carnavale, est celle de la transgression. Vous avez fait le pari que l'individu, libéré de toute contrainte morale, légale ou même biologique, pouvait atteindre un état supérieur. Vous cherchez une forme de transcendance quand nous parions sur une forme d'immanence.

Bien entendu le monde nous voit comme des monstres. Et je dois dire, à raison. Nous portons en nous les germes d'un avenir que peu conçoivent.

Alors, cartographions cet avenir. Notre a cette forme : celle d'une société où le travail n'est plus une nécessité mais un choix créatif. Où l'intelligence artificielle et l'automatisation libèrent le potentiel humain au lieu de le rendre obsolète. Une société où les structures – la famille, la communauté, la nation – ne sont plus des cages héritées du passé, mais des formes fluides que les individus et les collectifs peuvent adopter, modifier, ou réinventer selon leurs besoins.

Scientifiquement, c'est encore plus vertigineux. Votre expertise dans les sciences du vivant, votre audace à repousser les limites de la biologie, combinées à notre puissance industrielle et nos propres recherches sur l'automatisation et l'intelligence artificielle, pourraient ouvrir des portes que l'Humanité peine encore à percevoir. Ne parlons de soigner les maladies, de transcender la dégradation biologique, d'augmenter la productivité, d'augmenter la cognition, la perception, l'empathie.

Nous sommes les deux pôles d'une batterie planétaire qui ne demande qu'à être branchée, c'est en tout cas comme ça que certains voudront le voir. Nous pourrions créer une nouvelle Renaissance, créer de nouvelles Lumières, une nouvelle Révolution. Dépasser le plateau capitaliste pour amener la civilisation à la conquête non-plus du monde, mais de soi, de sa nature, et de ses libertés.

Je parle de très long terme, mais je crois que notre union peut enfanter, oui. Et quel genre d'enfant monstrueux et magnifique allons nous engendrer ? Un enfant qui portera en lui la discipline du collectif et l'audace sans limite de l'individu. ?Un enfant qui ne ressemblera à rien de ce que ce monde a jamais connu ? Mettre un terme à l'âge de la survie et de l'oppression. Et quelle bête sauvage, dont l'heure est enfin venue, se traîne vers Bethléem pour naître ?
»

Meredith resta silencieuse un instant, le regard perdu vers les jardins luxuriants qui les entouraient. Un long soupir, presque inaudible, s'échappa de ses lèvres.

« C'est vrai, » dit-elle finalement, sa voix plus basse, plus pensive que celle de sa camarade. « Mécaniquement, une telle coopération induirait des changements profonds, c'est inévitable. Nous nous transformerions mutuellement, sans doute au-delà de ce que nous pouvons prévoir. Ce que décris Actée, c'est la rencontre de deux contre-hégémonies. Le Grand Kah n'admet pas l'ordre mondial actuel ; nous nous opposons aux inégalités et aux oppressions. Pour la majorité du monde, une telle pensée est inacceptable. Car la majorité du main appartient à ceux qui profitent de ce que nous combattons. Carnavale, à sa façon, refuse aussi le monde tel qu'il existe. Vous proposez une ontologie alternative qui représente, en soi, l'aboutissement concluant du capitalisme aristocratique et de ses logiques.

Si nous sommes d'accord sur la finalité, sur le potentiel de cette fusion, il nous faut bien comprendre que l'Humanité est un matériau complexe et têtu. Il n'est pas prêt. Il ne sera peut-être jamais prêt. Mais il ne faut pas se leurrer. Avant de toucher aux étoiles, on peut supposer qu'il y a du travail à abattre. Énormément de travail. Et rien ne dit que la convergence entre nos utopies est possible, ou même souhaitables. C'est cependant une cartographie intéressante, Actée.
»
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DISCUSSION A BOURG-LEON

Mademoiselle Améthyste CastelageBourg-Léon vue d'en haut
Docteur Philippe GéminéonLa classe carnavalaise !

Améthyste et Géminéon écoutent l’exposé d’un air concentré. C’est finalement le docteur qui prend la parole pour répondre :

- Tant que les enquêteurs sont Carnavalais, l’Égide ne devrait pas avoir de problèmes à évoluer dans la Cité noire. Cela demande un certain tact et d’adapter leur jugement moral aux mœurs et standards carnavalais. Je pense que mademoiselle Castelage ne me contredira pas si je dis qu’un regard extérieur, s'il est jeté par des gens qui comprennent notre culture et nos pratiques, ne pourra nous faire que du bien ?

Améthyste hoche la tête :

- Carnavale a besoin de sang neuf. A petite dose, bien sûr, sinon la perfusion ne prend pas, n’est-ce pas Philippe ?

- C’est exact. L’entre-soi de la noblesse fut une erreur rétrospectivement. Il nous a protégé de la morale extérieur et a permis le développement d’une science incomparable, mais on ne fait pas de la science seul. Si Carnavale ambitionne de s’ouvrir au monde, elle doit en accepter sa juste part, sans pour autant se renier.

- Je demande à voir ce que donnera l’Égide dans les prochaines décennies ! Carnavale a toujours eu le sens du temps longs. Voir et laisser voir, vivre et laisser vivre ! La lutte des classes a trouvé ses limites, je le pense sincèrement, le clan Castelage en ma personne n’a pas vocation à imposer son hégémonie politique éternellement en concentrant tous les capitaux de Carnavale. En revanche nous pouvons devenir les protecteurs de ces nouvelles ambitions, l’outil au service du progrès. Quel qu’il soit.

Géminéon approuve.

- Nous savons en effet aussi bien que vous que la morale bourgeoise et conservatrice ressurgit sans cesse dans les interstices de la société, l’omnipotence des grandes familles servira à la réguler et la tuer partout où elle apparaitra, le temps nécessaire à la mue, pour préserver l’esprit d’innovation et le génie humain dans toutes ses potentialités.

Il tique toutefois quand Meredith parle d’amour.

- L’amour est un sentiment factice, hormonal, qu’il est possible de simuler et de provoquer en laboratoire. Je comprends votre métaphore mais elle est inappropriée : comme la biologie, la chimie ou la physique, la politique est affaire de science. Il nous suffira d’expérimenter suffisamment pour que cela finisse par fonctionner.

Ils écoutent les explications sur la situation intérieure au Grand Kah. Les paroles de la citoyenne sur le destin de l’humanité semblent plaire au docteur. Améthyste, elle, donne l’impression de moins comprendre. Géminéon répond d’abord :

- Je souscris à votre analyse. Il n’est pas anodin que nos deux nations, sur le papier si différentes, se soient rapprochées au cours des dernières décennies. Il y a une communauté de destin car nous partageons une même vision : celle d’un monde qui progresse ou qui meurt. La noblesse l’avait bien compris, voilà pourquoi elle avait fondé ses espoirs sur une apocalypse, une solution céleste, et avait fini par se suicider. Quand j’entends parler de fin de l’histoire et de l’ordre moral que certains espèrent imposer, je désespère, c'est un suicide à petit feu. Il n’est pas de pire enfer qu’une pseudo-utopie, aboutie à moitié. L’être humain ne saurait s’en contenter : il a besoin d’espoir, l’espoir est son moteur. Demain sera radical ou ne sera pas car l’humanité ne se contentera JAMAIS d’un avenir en demi-teinte. Si nous cessons de rêver, collectivement en tant qu’espère, si nous cessons de croire à notre dépassement et notre transcendance, en trois générations nous sommes morts.

Améthyste fait la moue.

- Je ne sais pas si je partage toutes vos convictions mais je suis certaine d’une chose : le Kah parle le langage de la bourse et c’est un langage que je connais. On a dit beaucoup de bêtise sur le système bancaire or c’est l’un des plus abouti qui soit aujourd’hui parce qu’il favorise la diffusion des capitaux, c’est vrai, mais aussi des idées. Je ne sais pas encore quelle forme cela prendra mais pour reprendre vos mots, la connexion entre la Banque Princière Castelage et les systèmes bancaires du Grand Kah pourrait aboutir à des innovations dans la fluidification des énergies ? Après tout c’est cela que nous recherchons : optimiser la volonté de puissance de l’humanité, collectivement ou individuellement et quel meilleur outil que la finance pour y parvenir ?

- Carnavale n’a pas peur du changement, elle change sans cesse. Ce qui l’effraie, c’est l’immobilité. Le Grand Kah fait preuve d’un vitalisme admirable que nous ne pouvons que respecter. Vous vous déployez aux quatre coin du monde, votre modèle se propage comme des spores. Nous, nous explorons d’autres sentiers, plus intérieurs, ceux du savoir et de la connaissance, nos ramifications ne sont pas moins spectaculaires, juste plus discrètes. Alors je dis, à cette nouvelle alliance. Ave Carnavale ! Et Ave le Grand Kah !

Améthyste lève sa coupe de champagne.

- Juste une chose : il me semble que nous avons quelques fascistes à vous chez nous. Je ne sais pas exactement où ils sont. Personnellement je m’accommode assez bien d’abriter la racaille internationale, pourvue qu’elle soit force de propositions politiques ou financières mais si vous préférez les récupérer cela ne me pose pas vraiment de soucis, je peux demander à mes milices de partir à leur recherche ?
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