
Fondamentalement décentralisée et subsidiaire, la Magistrature a incarnée dès sa première itération une rupture radicale avec la tradition d'une justice alors désignée comme "vindicte organisée". Elle rejette l'idée d'une force séparée et armée se plaçant au-dessus du peuple pour le juger. Au contraire, elle est conçue comme un outil au service des communautés, un recours lorsque le dialogue et la coutume locale ne suffisent plus. Son but premier n'est donc pas de surveiller et punir, mais de prévenir et de réconcilier, en s'assurant que chaque tort causé trouve une réparation juste. En ce sens on peut considérer qu'elle travaille moins à faire respecter le texte de la loi que son esprit, et le sentiment général qui l'accompagne.
Au sein de l'Union la justice n'est donc pas rendue sur le peuple, mais par le peuple. Distinction fondamentale. La Magistrature n'est à ce titre comprise qu'en tant qu'instrument le plus affûté de cette volonté collective. Elle est la gardienne de la Charte, la médiatrice des différends et le dernier rempart contre l'arbitraire, qu'il émane d'un individu ou d'une collectivité. Tant que possible elle tente de respecter le principe fondateur en faisant "l'ordre sans l'autorité, la loi sans la domination".
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