26/05/2017
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Halte là camarades - Interception Velsna-Stérus (feat le reste de l'univers)

Halte là camarades - Interception Velsna-Stérus (Présence fortunéenne)



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Amirraglia Michela Gordini



Le hasard des choses fit que ce n'était pas la Classis III, la flotte la plus importante de la région, qui mis en panne devant l'armada stérusienne, mais la modeste Classis V. Pour cause, appareillée à Tavaani, on la décrit souvent parmi les marins comme la "voie de garage" des carrières dans la Marineria velsnienne, ou bien une affectation qui ressemble alternativement à une mise au vert, ou a de grandes vacances. Le temps passe plus lentement pour les marins sur cette petite île perdue. Alors quand une flotte entière est passée à quelques dizaines de kilomètres de cette terre volcanique, suivie d'un appel de la part inquiétant de la part du commandement maritime wanmirien...il n'en fallait pas plus pour que l'Amirraglia Michela Gordini supplie à l'Amirauté velsnienne la possibilité d'une chasse visant à élucider une situation dont elle ne comprenait pas encore tous les tenants et aboutissants. Ses seules certitudes étaient quelques questions et le rappel que la Fédération de Stérus connaissait...une situation de froid avec le gouvernement wanmirien. Une autre interrogation s'ajouta lors de l'intervention inattendue de l'Empire de Churaynn, qui déploya quelques navires dans l'intention manifeste d'empêcher la Classis III de rejoindre le lieu de mise en panne.

L'interception ne s'était pas faire sans incidents évités de justesse: des civils voyeurs à bord d'un paquebot de croisière, des wanmiriens à rassurer et à récompenser pour leur message d'alerte, des caratradais fureteurs, des fortunéens à la rescousse...et des churaynn...existants, diront nous. Un paquet de personnes à rassurer, ou à sanctionner en fonction de leurs intentions. Mais sans conteste, les stérusiens avaient le rôle principal de cette pièce de théâtre impromptue.

Avec l'accord du commandement stérusien, le Vittorio Maranzano, le premier pavillon de la Classis V, un destroyer relativement hors d'âge (il n'avait pas été affecté à la flotte velsnienne la moins bien dotée pour rien), effectua son approche du navire-amiral de la nation aleucienne. A bord du navire velsnien, on avait bien conscience que ce n'était pas par bonté de cœur que ceux ci s'étaient arrêtés, mais il faudrait faire avec une certaine froideur dans un premier temps.

Des salutations simples, dignes du protocole militaire et sans fioriture. L'Amirraglia demanda à être reçue dans les quartiers de commandement de l'Amiral Hacheleus. Il en fallait pas brusquer cet individu, en apparence bougon...dont la journée ne s'était peut-être pas passée comme prévu:
" Amiral Hachelus. C'est un plaisir: je suis la Sénatrice-Amirraglia Michela Gordini, mais vous le savez sans doute déjà. Croyez le moi...que nos intentions ne sont pas hostiles, sans quoi je ne serais pas là en face de vous. Toujours est-il, que ce soit volontaire ou non, que le déplacement de la quasi totalité de la flotte séturisienne ne s'est pas fait dans la plus grande des discrétions, et a causé un tel vent d'inquiétude dans le Scintillant que cela a dû réveiller le Doyen du Sénat lui-même, à 12 000 km de là.

L'Amirauté wanmirienne, une patrouille caratradaise...vous vous êtes faits beaucoup d'amis sur le chemin, de ce que je vois, et forcément, nous sommes allés voir les causes de tout ces remous, nous également. Et voilà qu'une flotte churaynn, pile lorsque nous sommes entrés en phase d'interception, a tenté de bloquer le passage de l'une de nos flottes à quelques centaines de kilomètres d'ici. Mais rassurez vous: nous n'essayons pas de vous rouler, Amiral, nous essayons de vous aider, et je pense que vous avez eu beaucoup de chance de tomber sur nous, et pas sur quelqu'un d'autre.

Mais en premier lieu, et avant que nous n'abordions ce que j'attends de cette entrevue, il nous faut parler des attentes de nos amis wanmiriens. Figurez vous que ceux ci sont dans la demande d'une lettre écrite de votre part...vous faisant l’exigence de ne plus passer par leurs eaux à l'avenir. Ils clament une violation d'eaux territoriales. Je suppose que votre passif avec eux n'aide pas à la bonne entente, mais je pense également que cela ne vous engage à rien de le faire dans un premier temps, histoire de leur donner patte blanche. "


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Qu'il est beau





Un, deux, puis trois, puis quatre… L’amiral ne s’arrêtait pas. Il était sorti sur le pont pour voir de ses propres yeux cet armada, ces machines de guerre prêtes à en découdre contre la Fédération. L’amiral avait derrière lui un passé militaire très important. Officier depuis ses 25 ans, il avait mené au cours de sa vie des dizaines, voire des centaines d’opérations. Mais c’était la première fois qu’il se retrouvait face à l'Insurmontable, car de toute évidence, ceux qui se trouvaient face à lui étaient largement capables de raser deux à trois fois le convoi et la protection stérusienne. Il savait pourtant que ce n’était pas l’objectif principal des forces présentes, sinon elles n’auraient pas fait venir leurs propres chefs et n’auraient pas entamé de contacts pacifiques en vue de négociations. Mais la pression était là. Même si personne ne semblait vraiment vouloir y croire, il paraissait évident qu’une scène allait se jouer sur ce navire, une scène qui pourrait bien redéfinir de nombreuses choses dans les années à venir.

L’amiral avait fait avertir le consul par ligne directe au palais impérial. Celui-ci, à ce moment-là en plein exercice habituel de ses fonctions, fut d’abord surpris d’apprendre l’ampleur de la mobilisation adverse. Une part de lui ne pouvait s’empêcher de sourire, non par fierté mais peut-être par condescendance. Il savait avoir mobilisé beaucoup de navires, mais ce qui le faisait sourire, c’était surtout de constater que, malgré tout, malgré le fait que la Fédération soit encore un pays en développement, sa puissance pouvait inquiéter au point qu’il faille visiblement s’y prendre à plusieurs pour espérer l’arrêter ou, du moins, éviter l’affrontement.

C’était un gage de sécurité sur lequel la Fédération avait beaucoup misé ces dernières années : bâtir une flotte conséquente, opérationnelle, capable de défendre les côtes stérusiennes sans trop de difficulté, tout en assurant un déploiement et une projection suffisante. Il était clair que les adversaires avaient le dessus militairement, il était clair qu’ils étaient en capacité de mettre hors d’état de nuire les forces stérusiennes. Mais à quel prix ? Le risque était également immense, surtout au vu de la doctrine qu’appliquait la Fédération depuis toujours. Comme elle l’avait répété à la Westalia et à la Lermandie lorsque les tensions militaires étaient à leur paroxysme : « Êtes-vous prêts à risquer tout ce que vous avez pour atteindre votre objectif ? Parce que moi, oui. »

Ainsi l’amiral aurait pu tenir des propos semblables aux amiraux adverses, en leur disant, « Êtes-vous prêts à mourir, là, maintenant, pour m’empêcher de passer ? Parce que moi, je suis prêt à mourir pour essayer. »

Les Stérusiens sont un peuple complexe. Pas particulièrement plus intelligents que les autres loin de là mais complexes par leur culture, leur sens de la vie et leur manière d’interpréter les événements. Ils ne se perdent pas dans des futilités de cirage de pompes, ni dans de grandes envolées destinées à convaincre par quelques mots bien placés. En réalité, les Stérusiens ne voient pas les choses ainsi, ils ne voient pas le monde ainsi. Pour eux, le monde est une scène de théâtre : chacun y joue son rôle, chacun prend place et chacun a ses répliques. Parfois, certains endossent des rôles satyriques, ubuesques ou peu moraux, mais ces rôles contribuent toujours au développement de la scène. Ce sont eux, par exemple, qui permettent au héros d’exister. Sans vilain, il n’y a ni héros ni histoire.

Mais même dans cette idée, les Stérusiens sont élevés différemment. On leur raconte souvent l’histoire du puma, du bighorn et de l’herbe.
Comme dans toute belle histoire, le carnivore est présenté comme le vilain, celui qui tue, car il s’attaque à des êtres en apparence inoffensifs : les bighorns. Ceux-ci semblent pacifiques, ne demandant qu’à brouter de l’herbe. Mais cette vision existe parce qu’on se place du côté du bighorn. Si l’on se place du point de vue de la plante qui est aussi un être vivant alors le vilain devient le bighorn, car il broute sans cesse, sans répit, la moindre petite pousse végétale qui ne demande qu’à vivre. Dans cette vision, le puma est un protecteur, il devient le héros, et le bighorn, lui, le danger.

C’est ainsi que l’on apprend aux jeunes Stérusiens à ne jamais considérer d’emblée qu’une situation est simple à comprendre ou qu’elle n’a qu’un seul sens. Même les pires êtres humains sont persuadés d’agir pour ce qui est, selon eux, le mieux. Il n’est pas question de tolérer des actions inadmissibles, mais bien d’accepter que l’autre ne voit pas les choses comme nous. Cette compréhension peut d’ailleurs aider à analyser les actions et les raisons de l’adversaire, afin de mieux le dissuader.

Quoi qu’il en soit, ces théories pouvaient parfaitement s’appliquer dans ce contexte. Du point de vue de Velsna, il semblait qu’elle venait protéger et défendre les intérêts d’un petit pays comme le Wanmiri, incapable d’assurer seul la protection de ses citoyens. Le Wanmiri se sentait menacé : devant tant de mobilisation d’engins, il avait eu peur pour sa survie. C’était légitime, et leur inquiétude était compréhensible.

Mais du point de vue stérusien, nous n’étions que sur une route commerciale, assurant la protection de nos propres intérêts. Dans une période de fortes tensions en Aleucie, il était plus que logique que la Fédération redouble de vigilance. Selon nous, les États s’étaient mobilisés pour tenter d’intimider Stérus et activer la méthode du forcing, une méthode peu efficace face à la mentalité stérusienne.

Quoi qu’il en soit, quand la représentante militaire de Velsna fut accueillie à bord du navire, l’amiral crut d’abord qu’elle se moquait ouvertement de lui. Commencer une rencontre, dans un tel contexte, par un « c’est un plaisir » paraissait malvenu : il était évident que le plaisir n’était pas partagé. Mais l’amiral n’était pas idiot. Malgré son côté franc et bourru, il savait que cela tenait sûrement encore une fois à une différence d’interprétation. Là où Velsna voyait une opportunité, Stérus voyait de l’argent partir en fumée. L’amiral décida donc d’attendre la suite des paroles velsniennes et il eut raison. Rapidement, il comprit que Velsna n’était pas là pour provoquer ni nuire à la Fédération, mais au contraire pour apporter ce dont Stérus avait peut-être le plus besoin en ce moment.

« Sénatrice-Amirraglia, je vous avoue qu’aller jusqu’à dire que c’est un plaisir n’était pas mon intention initiale. Mais je dois reconnaître qu’effectivement, plus vous parlez, plus on se rend compte que c’est un plaisir de vous écouter. Je vais tout de même me permettre de rectifier certaines choses sans doute plus par ego que par réel intérêt dans cette discussion. Que voulez-vous, je suis un homme tatillon, et ce n’est pas à mon âge, ni après une carrière comme la mienne, que l’on change.

Commençons par notre convoi. Il est certes impressionnant, mais je vous assure que ce n’est pas la quasi-totalité de notre flotte. Jamais nous ne laisserions notre pays dépourvu de toute protection maritime. Nous ne sommes pas fous à ce point. Concernant la discrétion, je crois que même à Velsna, on connaît la forte voix stérusienne : il est rare que nous passions inaperçus. À vrai dire, c’est même un bon signe que d’entendre un Stérusien. Tant que nous parlons fort, tant que nous crions, c’est que rien ne se passe. Soyez assurée que nos véritables actions, elles, se font dans la discrétion. Ce qui signifie que si nous étions venus animés par le désir de violence, nous aurions agi bien plus tôt, et de manière bien plus discrète.

Venons-en au Wanmiri. Je ne peux m’empêcher de sourire en entendant vos propos. Vous ne serez pas surprise d’apprendre que les Wanmirien eux-mêmes nous ont reproché de ne pas les avoir prévenus de notre arrivée. Et bien Champagne ! Champagne, parce qu’un ennemi de Stérus semble amnésique. Je dis ça car, évidemment, le Wanmiri se définit lui-même comme notre ennemi. mais aussi parce qu'il y a quelques semaines, il publiait un communiqué rompant toute relation diplomatique avec la Fédération, précisant que tout contact devrait désormais passer par une nation tierce, et uniquement pour recevoir nos excuses. Comme un enfant qui refuse de parler à sa mère et dit à son frère, devant elle : “Dis à maman que je veux le sel.”

Bref, nous savions déjà que certains organes wanmiriens étaient réputés courts, mais nous ignorions que leur mémoire l’était aussi. Voilà une information qui pourra nous être utile en cas de conflit.

Quant au prétendu viol de leurs eaux territoriales, inutile de m’attarder, la Fédération, comme 100 % des États du monde, n’a signé aucune déclaration de reconnaissance universelle des eaux d’une quelconque nation. Qui plus est, que le Wanmiri estime ses eaux territoriales à 400 km de ses côtes est à la fois grotesque et risible. Ils veulent des eaux immenses mais sont incapables de défendre un seul port en cas d’attaque. Stupidité ou culot ? Avec eux, je penche plutôt pour la première option
.

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L'Amirraglia ne s'attendait certainement pas dans cette situation à l'aptitude au marchandage de l'Amiral Hachelus, mais soit, du côté velsnien, on savait que le soucis de ménager les stérusiens était une priorité...quelque soit le niveau de difficulté dont cette conversation revêt:

"Concernant le Wanmiri, je ne suis que la messagère. La pertinence de leurs arguments n'a pas fait l'objet d'une étude de notre part, et à vrai dire...cela ne nous intéresse que peu dans le fond. Le fait est que nous avons été appelés à l'aide par ces derniers, et que nous sommes là, en face de vous, qui êtes perdus dans la Mer de Blême à des milliers de kilomètres de chez vous, et pisté par plusieurs puissances dans vos faits et gestes.

Dans tous les cas, et quelque soit votre décision vis à vis du fait de rassurer ou non les wanmiriens, nous avons la ferme intention d'escorter votre flotte à son retour à Stérus et de pourvoir à sa sécurité...mais il faut également nous aider à rassurer les puissances locales avec lesquelles vous vous êtes mis à dos. Le choix est le vôtre, mais signifier votre engagement au Wanmiri ne serait-ce de communiquer à l'avenir le tracé de vos convois au travers de l'oc"an scintillant et de la Mer de Blême ne vous coûte rien, et cela renforcera même votre propre sécurité. Qui sait, cela favorisera peut-être le bon déroulé de vos trajets futurs, et encouragera les wanmiriens à ne pas sonner l'alarme auprès de quatre pays différents en même temps dés que vous sortez du port.

Pour le reste, nous prenons vos déclarations de bonne intention pour argent comptant, et nous ne remettrons pas cela en cause. Du reste...


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Ne vous en faites pas, nous avons bien saisi le sens de votre déclaration concernant le Wanmiri. Nous veillerons à leur transmettre, la prochaine fois, un message de prévention afin d’éviter le renouvellement de manœuvres et de mouvements comme ceux que nous avons connus et qui, à force de répétition, finiront par épuiser et créer de nouvelles tensions. Ainsi, nous avertirons le Wanmiri, que ceux-ci nous répondent ou non. Peut-être même pouvons-nous espérer qu’à travers ces missives, ils finiront par comprendre que leur jeu d’ignorance est aussi ridicule qu’inutile. Après tout, force est de constater qu’ils se sont montrés cordiaux et pacifiques, et ce alors même qu’ils nous vouent une certaine forme de haine.

Soyez assuré que le gouvernement stérusien est également usé par ces dernières années de diplomatie compliquée, musclée, et marquées par quelques trahisons « d’alliés ». En témoigne le fait que le consul actuel, Pandoro, est sur la voie d’une destitution, les sénateurs de son propre camp réclamant son départ afin de tourner la page et d’explorer d’autres voies.


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