09/10/2017
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Mont Caucase [Althalj / Carnavale]

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MONT CAUCASE

BARTHOLOMEON DE PETIPONTRENCONTRE AU MONT CAUCASE

Son Excellence Bartholoméon de Petipont, archevêque de CRAMOISIE©, pape noir et vainqueur du Sadr par KO sans avoir eu à lever le petit doigt, accueille les délégués de l'Althalj au sommet du Mont Caucase. Cette montagne qui se dresse au milieu du désert rouge est l'une des seule à avoir survécu au souffle rouge des explosions. La mer de dunes a changé de forme, ses courants ne sont plus les mêmes, mais le Mont Caucase demeure comme une bouée flottante, point de repère dans l'immensité cramoisie.

A perte de vue, des dunes rouges, à en donner la nausée. Elles sont hypnotiques et colorent même le ciel qui s'y reflète.

Contrairement à Bourg-Léon et Carnavale où le luxe le plus intense et démentiel est exposé aux invités, le sommet du Mont Caucase est brut, quasi inexploité. Une grande serre victorienne, dont on devine la luxuriance à l'intérieur, est le seul bâtiment à perte de vue, comme une anomalie. Un peu plus loin une piste d'hélicoptère permet aux diplomates de l'Althalj de se poser sans encombres. Une petite table et des fauteuils, placée sous un auvent de toile, sert de décor à la scène.

- "La République Actionnariale de CRAMOISIE© est heureuse de vous accueillir dans le désert rouge. Ce que vous considérez comme une boursouflure au nom des lois naturelles ou divines vous est exposé dans toute sa splendeur. Une création humaine de bout en bout, entièrement malléable selon nos désirs. Offert à l'homme pour qu'il y grandisse et s'y épanouisse comme les fleurs que nous y faisons désormais pousser. Si vous voulez bien vous asseoir ?"

Il s'assied.

- "J'ai conscience que nous, Carnavalais, vous devons des explications et peut-être même des excuses pour notre brutalité. Nous sommes arrivé en Afarée et l'avons transformé si radicalement que ses habitants eux-mêmes ne la reconnaissent pas. Nous nous sommes approprié cette terre si radicalement qu'il ne fait plus sens de parler de Kabalie. Ses propres habitants y sont désormais des étrangers. Cela peut sembler horrifiant mais notre seul et unique tort est de nous être précipité. Le monde d'hier n'a rien de semblable avec celui d'aujourd'hui, nos ancêtres d'un siècle seraient des étrangers dans le monde moderne. Le destin de l'humanité est de transformer le monde et de se transformer elle-même, pour le meilleure ou pour le pire, ce choix lui appartient. Les grandes dynamiques de transformation nous échappent le plus souvent. CRAMOISIE© reprend la main sur le destin : pour la première fois nous avons repris la totalité de notre environnement en main et le menons dans une direction entièrement soumise à notre volonté.

Les Kabaliens ont fait injustement les frais de ce grand pas en avant. Le monde est injuste, tout ce que nous pouvons leur offrir à présent, c'est de siéger à nos côtés dans ce pays nouveau. Leur rendre un désert qui n'est plus le leur n'a pas de sens, mais la science carnavalaise leur rendra le contrôle sur leur destin. La technologie leur apportera le confort, la prospérité et le luxe de songer à leur avenir, émancipés des contraintes matérielles qui musèlent les peuples sous-développés. Sans mépris aucun, il fait meilleur de vivre dans nos jardins rouges que de courir chaque jour après sa pitance dans un désert inhospitalier. Voilà la justice que leur offre CRAMOISIE© : un avenir où tout est possible.

Voilà notre don à l'Afarée, en guise d'excuse pour la brutalité des messianistes, et nous souhaiterions également le partager avec l'Athalj, selon votre volonté."
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Pourquoi cette folie ?

Le désert pourpre s'étendait sur des kilomètres, à perte de vue... plusieurs centaines de kilomètres dévastés par l'ignorance et la cupidité spirituelle.

La Qari Ijja Shenna tremblait tandis que la qari Sofines Berek lui soutenait le bras. La marche sur la dune n'était pas un exercice aisé et pourtant la Qari avait insisté pour marcher les cent derniers mètres. L'air n'était pas celui qu'elles connaissaient de l'Afarée du Nord Ouest. Les senteurs, mais surtout la densité, décontenançait, laissant un arrière goût métallique au fond de la gorge ; celui de la meurtrissure, de la souffrance.

Le voyage en hélicoptère de transport de dernière génération avait été inconfortable à partir des contrées voisines. Les nuages à la teinte saturée rouge brique ne permettait à aucune couleur naturelle de filtrer. Une pilote fit signe aux deux éminences de la Maktaba et pointa vers le Nord, désignant ce qui ressemblait à de possibles contours de cratères gigantesques, rappelant la puissance de la déflagration et la dévastation.

Et enfin posé, l'hélicoptère de technologie Althaljir, au design et spécificités divergentes des classiques Paltoterrans ou Eurysiens, éteint presque immédiatement ses moteurs.
Le silence prit place, laissant au vent l'opportunité de tenter de rassurer les invités par ses danses virevoltantes.

La vue était impressionnante. Les dunes à perte de vue rappelaient celles d'Asefsaf, néanmoins... le panorama infernal ne permettait aucune confusion. Sofines Berek se mordit un instant les lèvres. Les courbures et méandres des dunes avaient sûrement été grandement bouleversés ces derniers mois...

Habillées d'étoffes traditionnelles, la Qari Ijja Shenna portant le blanc comme à l'accoutumée, le reflet de Cramoisie avait tourné cette couleur en rouge, tandis que la qari Sofines Berek portait l'indigo d'Asefsaf, le visage et les bras marqués par des années à l'avoir porté. Revêtant chacune un masque aux couleurs de leurs régions d'origine, on y voyait et lisait l'expertise de la broderie Althaljir et l'important des symboles et des traditions.

Face au dirigeant Bartholoméon de Petipont, les deux femmes prirent un instant pour le saluer ; la qari Sofines Berek plus raide que d'ordinaire et d'autant plus que le style Eurysien de la grande serre jouait avec le paysage et les contraintes de l'Afarée, telle une anomalie, un havre contre nature.

Elles s'installèrent avec l'évêque sur les fauteuils et écoutèrent attentivement.

"Pourquoi cette folie ?"

La Qari Ijja Shenna en connaissait déjà la réponse et continua, le geste de la main droite se mêlant aux paroles en accentuant les passages et termes importants.
La qari Sofines Berek fit la traduction.


"Alnaas Althalj révère ce qui a été prodigué et façonné par Ilâhat.
Nos desseins en Afarée ne sont pas celles d'une attente inéluctable de miséricorde divine, mais bien d'une contribution à la protection de ce que nous estimons de plus cher : la vie et la beauté de la nature.
La vie n'est pas que celle de l'apparent, aux yeux qui sont nôtres, mais bien l'écosystème de l'Altilal Almujamada ou de la Samak Mumalah, des contrées Sahrannes et d'Afarée.
Le désert et ses difficultés ne sont pas à raser et reconstruire, mais à chérir et protéger. La vie y est certes fragile en apparence, mais c'est indubitablement une erreur de penser que sa résilience est faible.

Bien entendu, les Afaréennes construiront et déformeront au nom de la civilisation et du progrès.
Ilâhat ne pardonnera pas dés lors le fait de façonner par l'annihilation, tel un divin lors de l'orée des temps et son crépuscule."

La Qari était une vieille dame, le dos courbé, la peau marquée par les saisons, toutefois sa voix, le ton n'avaient perdu de leur superbe. Derrière le masque brodé, les yeux parlaient d'eux mêmes.

"Les Carnavalais ont assassiné des peuples entiers.
Nous ne sommes dupes des exactions perpétrées des suites de l'ignominie des bombardements du déluge de Cramoisie.
Et vous avez raison les Carnavalais doivent répondre de leurs actions.

Les habitants de la Kabalie ne sont plus et pourtant légitimes quant à leurs propres desseins, aussi difficile soit-il."

La qari Sofines Berek posa une main sur l'accoudoir de la dirigeante de la Maktaba et celle-ci ponctua son discours avant de reprendre avec gravité.


"Les pays d'Afarée sont d'ores et déjà fortement divisés quant à l'existence et les actions de la Cramoisie.
Les voisins se résignent et espèrent tamiser à terme les effets délétères de votre proximité par l'entremise d'opportunités commerciales ou technologiques.
Les fiertés Afaréennes, quant à elles, appelleront au conflit.

Votre initiative diplomatique ne peut contenir qu'une seule promesse d'une technologie et approche salvatrice à une Afarée émaciée.
La suffisance Eurysienne n'y survivrait pas.

Comment comptez-vous expier les péchés Carnavalais et éviter la guerre ?"


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MONT CAUCASE

BARTHOLOMEON DE PETIPONTRENCONTRE AU MONT CAUCASE

Son Excellence Bartholoméon de Petipont avait longuement parlé, conscient que l'horrifiante incongruité de la présence des eurysiens dans un continent qui n'était pas le leur méritait des explications. Il laissa parler ensuite en retour, en homme de cour qu'il était.

- "Accordons nous sur un désaccord intellectuel, madame. Je crois de mon côté que la nature oppresse l'homme, qu'elle réduit son potentiel, qu'elle l'assigne à des tâches humiliantes qui affaiblissent son corps et réduisent son esprit. Je crois que les missions de la science et du progrès sont d'émanciper toujours l'homme de son environnement et de lui en remettre les clefs. Mais ce sont là des querelles qui ont peu d'importance car c'est à ceux qui viendront après nous de choisir s'ils préfèrent votre voie ou la mienne, et peut-être les deux en même temps, car rien ne nous empêche de cohabiter."

Il servit du thé glacé dont les exhausteurs de goût (de fabrication Dalyoha©) évoquaient parfaitement le parfum intensément rassurant du lait maternel, tété au sein durant la petite enfance.

- "La seule chose qui compte, désormais, est l'avenir et vous avez raison, la guerre se profile. Je me permets toutefois de vous corriger sur un point : ce ne sont pas les Carnavalais qui ont assassiné, mais des Carnavalais. Ceux contre qui mon mouvement, progressiste athée contre les bigots messianiques, a pris le pouvoir. Néanmoins les coupables courent encore, cela je ne le nie pas.

Carnavale, et CRAMOISIE©, n'aiment guère la diplomatie. Nous ne comprenons pas le monde et le monde ne nous comprend pas. Il nous faut pourtant coexister. Ne sous-estimez pas la valeur du cadeau que nous offrons aux Kabaliens : ils seront des dieux parmi les hommes, ils avanceront dans le monde et dans la vie hissés sur les épaules du progrès, libérés de la maladie, du poids des années, les sens éveillés sans cesse. Aucune seconde de leur précieuse existence ne sera plus gâchée à des tâches pénibles. Voilà comment nous rachèterons les vies que nous avons ruiné : en rendons celles les autres infiniment plus douces et riches. Voilà les excuses de Carnavale à la Kabalie.

Nous leurs offrons également les clefs de ce qui un jour fut leur pays. Les Kabaliens pourront transhumer dans le désert rouge à dos de chameaux ou élever les immeubles les plus luxueux pour y vivre, selon leur désir. Nous sommes une seule et même humanité, ils vivront comme les Carnavalais, dans l'abondance du progrès technique ou dans le dénuement traditionnel s'il leur sied. Voilà l'avenir commun que nous dessinons. Voilà les excuses de Carnavale à la Kabalie.

Faut-il également du sang ? J'ai dans mon palais messire Printempérie, grand architecte fou du projet CRAMOISIE©. Je ne le condamne pas personnellement mais si l'Afarée exige sa tête, nous la lui donnerons. Nous avons sacrifié des milliers de gens pour façonner le désert rouge, qu'est-ce qu'une de plus ou de moins ?"
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Les Althaljirs écoutaient attentivement les mots choisis et la portée du message de, celui qui était aussi évêque, Bartholoméon de Petipont.
Le temps de réflexion ne fut que de courte durée, toutefois beaucoup était dit, de nombreux éléments donnaient d'ores et déjà le "la" pour l'Afarée du Nord Ouest, et peut être toute l'Afarée du Nord.

... dromadaire...

La Qari laissa sa consoeur reprendre la parole tandis qu'elle regardait le langage corporel du dirigeant de Cramoisie. Impassible, le visage laissait toujours quelques signes apparaître et donc trahissait une contenance, une posture, une frustration ou un soulagement. La qari Sofines Berek continua avec une voix tout aussi sérieuse que Batholoméon de Petipont.



"Il y a un désaccord intellectuel en effet.
Dés lors qu'un désaccord n'engendre aucunement un conflit, les actes, qui en découlent quant à eux, peuvent toutefois faire basculer et argumenter une guerre.

La vision Carnavalaise, aussi effrayante soit-elle, a mûri et établi un plan d'action sur un territoire étranger, une région d'Afarée, une nation légitime. Le passage à l'acte a sonné le glas de milliers, centaines de milliers d'âmes Afaréennes. Cette vision d'avenir, partant d'un désaccord intellectuel initial, aura eu des conséquences irréversibles sur le quart du continent, sans une discussion préalable, sans une demie mesure de diplomatie ou d'empathie.

J'insiste certes sur ce point, car il est indéniable aujourd'hui que votre gouvernance ne sera aucunement dissociée de la précédente.
Ce serait une erreur que de penser que les innombrables massacres par les forces en provenance de Carnavale n'auront aucune influence sur la diplomatie de Cramoisie tout aussi changée qu'elle puisse le souhaiter.
Le visage de Cramoisie est encore Carnavalais. Les instances dirigeantes ont peut être fait scission de Carnavale, mais elles n'en restent pas moins Carnavalaises par leurs origines, leurs aspirations et dans une certaine mesure, par leur comportement et approche.

L'ire Afaréenne aura des conséquences désastreuses pour la Cramoisie et le projet qui est celui des vôtres.

Nous sommes ici pour discuter d'une solution qui permettrait d'éviter plus amples malheurs et conséquences majeures pour les peuples du Nord Ouest Afaréen.

Est ce que nous réussirons dans notre tâche ? Nous ne pouvons le dire à l'heure actuelle.
Il faut en effet faire amende honorable et donner des garanties d'un changement qui préserverait ce qui peut encore l'être."


La qari Sofines Berek se humecta les lèvres et laissa la Qari Ijja Shenna continuer, presque un tandem naturel maintes fois employé et bien huilé.


"Nous supposerons que les "nettoyages" des zones ont cessé aussitôt que vous avez pris place à la tête de la Cramoisie.

Il faut garantir et montrer à l'Afarée que la Cramoisie n'utilise plus la violence et la contrainte afin d'assoir sa place au Couchant.

La nécessité de rendre à la Kabalie les rênes et le contrôle de son avenir doit aussi se faire par un retour de celle-ci au devant la scène Afaréenne.

Les cramoisiens, d'origine Carnavalaise, ne peuvent plus être le visage de votre nation, ni tirer les ficelles au dessus ou à l'arrière de la scène.
L'Afarée doit être certaine de pouvoir contrôler que l'ensemble du chavirement politique et sociétal s'effectue dans les lignes escomptées, et mentionnées précédemment, avec une présence Afaréenne internationale en Cramoisie. Une présence neutre et, ou, pacifique, crédible et dimensionnée permettrait de donner des garanties sur le terrain et quant à l'avenir en commun qui fut susmentionné.

L'humanisme Afaréen acceptera une Cramoisie que sous des conditions difficiles, telles que celles que nous énumérons.
Nous comprenons la tâche ardue qui se dessine et la déception qui envahira les Cramoisiennes, toutefois les colons Carnavalais affronteront des desseins tragiques sans une réponse qui parviendra à rassurer et apaiser."


Elles venaient de bousculer Bartholoméon Petipont. Le temps pressait, Icemlet le savait et la tâche était presque insurmontable.


Les symboles et l'Art Althaljirs, vecteur de tradition
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MONT CAUCASE

BARTHOLOMEON DE PETIPONTRENCONTRE AU MONT CAUCASE

- "Toutes les actions ont des conséquences" répondit Son Excellence Bartholoméon de Petipont. "En tant qu'humaniste je déplore les morts irréfléchies et partage avec vous la nécessité de donner réparation à la Kabalie. C'est là le sens de ma démonstration. Toutefois, c'est aussi parce que je suis humaniste que je considère infondées les distinctions basées sur la race ou l'ethnie. Les Kabaliens n'ont pas plus de droits sur cette terre que les Carnavalais, ni moins. Le droit de la terre est le droit de l'archaïsme, c'est la loi des ancêtres, le règne des frontières qui divisent les peuples et les dressent les uns contre les autres. L'humanité est universelle et inconditionnelle, en se repliant sur leur continent, comme s'il leur donnait des droits d'ingérence sur leurs voisins, je déplore que tant de pays Afaréens fassent preuve de réflexes aussi délaitèrent. Les Kabaliens ont sans doute plus de liens avec l'Eurysie, de part la Leucytalée, qu'avec le Gondo ou l'Ouwanlinda, je ne ferai aucune concession sur l'absurdité qu'il y a à réagir comme un continent et non comme des êtres humains s'adressant à leurs frères... ou leurs sœurs.

Les nettoyages, le mot est malheureux, ont cessé je vous le confirme. Les Kabaliens sont comme nos frères, d'ailleurs nous ne faisons aucune distinction entre les Eurysiens et les Afaréens. Néanmoins je vous arrête là : la Kabalie n'existe plus. Aussi tragique ou déplorable que ce soit, c'est un fait. Un homme qui aurait vécu toute sa vie dans ce désert, en y revenant n'y reconnaitrait rien. C'est un pays nouveau qui appartient à l'humanité, que l'humanité s'est donnée à elle-même, et qu'elle construira, pour elle-même et par elle-même."

La réponse n'allait évidement pas leur plaire, Bartholoméon le savait, mais il était en mission : celle de combattre le repli ethno-nationaliste au profit d'un nouveau contrat social égalitaire et humaniste. Lucifer portait la lumière, telle CRAMOISIE©.

- "Il faut faire le deuil de ce qui fut, la Kabalie n'est plus, et les Kabaliens, le voudraient-ils, ne pourraient gouverner une nation sur des bases ethniques. Les Carnavalais sont mille fois plus nombreux, la seule chance des Kabaliens est de se fondre parmi nous, d'accepter le présent que nous leur offrons, en réparation pour leur avoir fait tant de mal. On ne gouverne pas un pays à cent contre un : si les Kabaliens veulent exister dans le désert rouge, ils doivent renoncer à leur race et embrasser l'humanité toute entière. Par ailleurs, le voudraient-ils qu'ils ne pourraient rien faire de ce désert. La peste cramoisie a tout détruit, le pays est entre les mains de la science et la science vient avec les Carnavalais. Il faut des bras pour relever un territoire, dix-mille Kabaliens survivants, malades, n'ont aucune chance dans les centaines de milliers de kilomètres de désert de CRAMOISIE©. Ils ont besoin de nous. Repousser les Carnavalais, c'est laisser la Kabalie aux prises des intérêts impérialistes de ses voisins. Hier, Carnavale a apporté la mort à la Kabalie. Aujourd'hui elle lui apporte la vie, et les Afaréens, au nom de la justice, appellent à lui refuser cette vie ? Une vie douce et prospère ? Q'est-ce que la justice sinon des mots vides, du vent qui souffle pour masquer le pragmatisme froid mais vrai, lui : les Kabaliens vivront mieux à relever le désert aux côtés des Carnavalais que sous n'importe quel protectorat afaréen qui ne fera rien de plus que de poser quelques bases militaires sur les côtes pour sécuriser ses intérêts commerciaux.

Même si cela contrevient à tous les idéaux de votre nation, l'Althalj ne doit pas s'opposer à l'égalité carnavalo-kabalienne. Même si cela n'est pas justice, c'est le mieux que nous pouvons apporter à ce peuple qui a tant souffert. Vous le savez, nous le savons, l'Afarée revancharde n'a rien à offrir au désert et à ceux qui y vivent. Nous nous leur donnerons l'auto-détermination que nous offrons à tout homme et toute femme sur cette terre. Toute autre solution basée sur les différences ethniques et le droit du sol conduirait nécessairement à une boucherie pour tous. Permettez à la CRAMOISIE© d'exister. Permettez aux Kabaliens de construire à nos côtés leur nouveau foyer."
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La Qari Ijja Shenna apprécia le discours humaniste. Il y avait une vision qui se rapprochait fortement de la nouvelle volonté Althaljir, l'Althaljisme sous sa propre direction, qui pourrait prendre fin dés lors qu'elle quitterait ce monde pour le suivant. Elle se pinça les lèvres néanmoins face au manque de solutions communes afin d'éviter le pire.
La qari Sofines Berek laissa l'aïeulle prendre la parole, sa prestance ne semblait point fléchir du fait de son âge avancé et de l'effort affiché afin de rester droite sur son fauteuil.



"Nous vous entendons.
Nous comprenons votre vision, celle d'une valeur ajoutée à l'Afarée, d'une opportunité pour celles qui le souhaitent et qui en tireront les bénéfices pour les générations à venir.
Nous visionnons la présence d'un havre antigène qui pourrait, avec la sincérité, l'empathie et la raison, neutraliser l'anticorps Afaréen qui se rue aux frontières de la capsule de par ses obligations morales.

Icemlet n'acceptera aucunes déviances touchant les populations sous des prétextes philosophiques allant à l'encontre d'un principe général de "bienveillance".
Le hochet de la définition de ce terme et le bilboquet de la sensibilisation culturelle seront superflues, car,

Vous nous entendez.
Vous comprenez notre vision, celle de protéger, de défendre face à l'adversité, l'irraisonné et les malversations sur le court et long terme.
Vous visionnez une posture qui affrontera le bouclier et l'égide Afaréens et permettront l'intégration d'une Cramoisie dont le nom porte un dessein précédent et un passé immonde.

Je m'inquiète dés lors de l'insuffisance de cette approche qui ne suffira pas à rassurer et garantir que l'infâme ne se reproduise, que les victimes ne soient ignorées au principe d'une volonté et vision de changement, d'assimilation et d'un humanisme opportun.

Il nous faut trouver les solutions à l'impasse à laquelle votre nation nouvelle et celles qui ont été percutées par les détonations, déflagrations des missiles et des éclaboussures du sang Afaréen."
2020
MONT CAUCASE

BARTHOLOMEON DE PETIPONTRENCONTRE AU MONT CAUCASE

- La déviance, comme la pathologie, sont souvent des inadéquations avec la société dans laquelle on vit, plutôt qu'un mal en soi. Je crois que si nous offrons aux humains un cadre d'épanouissement radical, la déviance et la pathologie s'évanouiront comme de la fumée.

Mesdames, si je vous ai invité en CRAMOISIE©, c'est que je savais la répugnance que pouvait vous inspirer un tel lieu. Pourtant, je suis convaincu qu'en trouvant les mots adéquats, il est possible, par la raison universelle, de dépasser la répugnance première. On ne fait la paix qu'avec ses ennemis, dit-on, quel intérêt aurions nous eu à inviter ici des gens déjà séduits par notre vision.

Mesdames, le nom de l'Althalj fait autorité en Afarée. Vous nous avez demandé une supervision internationale, je n'ai pas confiance en certains de nos voisins qui menacent de nous déclarer la guerre chaque matin et aiguisent leurs couteaux. Mais j'ai confiance en vous. La République Actionnariale, comme son nom l'indique, offre à chacun d'entrer dans son patrimoine selon ses moyens. Nous serions honorer d'offrir à l'Althalj une centaine d'actions cramoisiennes. Elles vous donneront un accès à nos conseils d'administration, un regard sur l'orientation du budget et de la politique générale de la RAC©. Ainsi pourrez vous parler librement et être écoutées. Ce ne sont pas les clefs du pays que je vous offre, mais la possibilité d'en avoir un aperçu.

Pour les humanistes, tout projet politique est un geste de foi. En tant qu'ancien homme d'église, j'ai foi et mes frères et sœurs et je suis persuadé, avec le temps, de vous convaincre de nos bonnes intentions.

Cette entrée à notre patrimoine, néanmoins, ne saurait suffire à apaiser les esprit les plus belliqueux j'en ai conscience. Notre stratégie à l'heure actuelle consiste à normaliser nos relations avec nos voisins les plus immédiats. Le Finejouri nous considère d'ores et déjà comme un partenaire, si l'Althalj allait également dans ce sens, une part conséquente des nations de l'Afarée du nord-ouest reconnaitraient d'ores et déjà notre existence. Nous serions ainsi légitimes à nier toute action entreprise depuis l'autre bout du continent, qu'il s'agisse du Churayn, de l'Azur ou de l'Ouwanlinda. Nous nous intégrerons à l'Afarée par le fait, et faute d'alliés régionaux, rendront quasiment impossible une agression militaire contre nous.
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Le silence dura.

Peut être un instant seulement, toutefois le temps de la réflexion fut, ainsi peu dire, une éternité.

Les Tamurt n Althalj avaient accepté la manne de la diplomatie afin d'éviter un conflit qui semblait inévitable.
Devant les choix cornéliens de l'ensemble des peuples Althaljirs face à la Cramoisie, la Maktaba avait pris un risque incommensurable. Celui de ne réussir à trouver une solution, celui de rester dans l'ombre de l'incompréhension, celui de devoir engager et sacrifier afin de rendre justice... le risque réputationnel importait peu et surtout aux qaris de la Maktaba, fortes de leurs certitudes et convictions spirituelles et rationnelles.

Devant l'anticorps, l'éloquence et la patience avaient orienté vers un autre dilemme : celui du positionnement final.
L'Evêque et dirigeant de la Cramoisie le savait pertinemment tout comme la Qari Ijja Shenna et sa main droite assise à ses côtés.
L'offre du dirigeant Bartholoméon Petipont pouvait être traduite comme une réponse à cette demande de visibilité et d'assurance sur l'avenir de la région et de ce peuple nouveau. Les actions permettraient en effet un droit de regard, sans pour autant un droit de décision. La place des Tamurt n Althalj à la table des actionnaires serait un premier pas vers une réponse à convaincre d'une volonté de changement.
Ce qui semblait stratégique pouvait aussi être interprété comme l'achat d'une alliée ou d'une non-participation à toute action militaire en accord avec les tensions et menaces qui pesaient sur la Cramoisie.

Les deux Althaljirs en étaient pleinement conscientes et pesaient la portée de la situation.

Hier, les Forces du Matriarcat Ilahmiques se préparaient à intervenir sur le sol Afaréen afin de rétablir un ordre de leur moral, de leur perception du juste. Le devoir et le coeur accordés à l'unisson dans une oeuvre qui ne trouverait de résultantes que la dévastation, la détresse, la mort , l'instabilité et la déception.
Demain, Icemlet entrait dans le cercle actionnariale et coupait volontairement le devoir et le coeur, prodiguant que deux résultantes sur cinq; l'instabilité et la déception.
Les Althaljirs devront être convaincues que le changement de régime Cramoisien était à la hauteur de leurs attentes.



"Votre proposition met les Tamurt n Althalj dans l'embarras.
Vous exposez toutefois des options qui permettent à nos peuples de répondre à leurs tourmentes et en cela, nous acceptons d'entrer dans le capital de la Cramoisie.
Notre représentation sera aussi celle du FCAN qui, par notre entremise, obtiendra des réponses quant à l'avenir de la Cramoisie.

Nous étions venues afin d'éviter la guerre et nous repartons avec une première solution qui semble unique à votre fonctionnement et philosophie.

Je souhaite que nous gardions cette endroit comme lieu de rencontre privilégié entre nos deux nations.
La Cramoisie a encore fort à communiquer afin de rassurer et apaiser.

Les Tamurt n Althalj observeront attentivement les mois à venir, car l'Afarée ne peut une nouvelle fois s'embraser."


La Qari effaça le sentiment d'avoir été achetée par celui d'avoir évité la guerre d'un revers de main et salua cordialement l'Evêque.
L'homme avait peut être parié gros en ce jour.


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