22/02/2018
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Corps des Scribes de l’Empire Afaréen Kémimide

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Corps des Scribes de l’Empire Afaréen Kémimide
« Que les paroles du Roi des Rois soient fidèlement transcrites, diffusées et conservées,
assurant la mémoire et la continuité de l’Empire. »

Autorité et mission
Le Corps des Scribes est chargé de rédiger, transmettre et archiver les paroles et les décisions du Roi des Rois. Il est le garant de la fidélité de la communication impériale, et veille à ce que chaque mot prononcé par le souverain soit consigné avec exactitude et porté à la connaissance des destinataires appropriés. Ce corps ne s’occupe pas de la presse ni de la diffusion publique au sens journalistique, mais de la transmission officielle, de la consignation et de l’archivage des communications et des décrets royaux.

Chaque scribe est tenu de respecter la rigueur et la solennité imposées par la fonction. Toute information incomplète, incorrecte ou altérée est immédiatement signalée à l’Archiviste en chef, afin que la vérité impériale demeure intacte. La mission des Scribes est donc double : conserver la mémoire impériale et garantir la diffusion exacte des paroles du Roi des Rois.

✦ Archiviste en chef et Grand Scribe ✦

Nom : Elemas Tiyomar
Âge : 50 ans
Parcours : Engagé dans le cursus du service impérial, actuellement à la septième étape de son cursus. Il assumera la fonction de membre du Sénat à soixante ans et poursuivra vers le Conseil des Sages à soixante-dix ans.
Fonction : Rédiger fidèlement les paroles du Roi des Rois, gérer toutes les informations entrantes et sortantes du palais et des instances gouvernementales, superviser la cohérence et la diffusion des communications impériales.
Pouvoir : Peut vérifier, corriger et valider toute transcription ou publication officielle émanant du souverain, assurer la supervision de l’ensemble du Corps des Scribes et garantir l’intégrité de l’archivage impérial.

✦ Domaines de responsabilité ✦

- Rédaction des communications royales : consignation exacte des discours, lettres, décrets et directives du Roi des Rois.
- Transmission officielle : acheminement des messages du souverain aux satrapies extérieures, aux triumvirs, aux conseils et aux instances internes de l’Empire.
- Archivage : conservation minutieuse de tous les documents officiels, classés selon protocoles stricts, afin de constituer la mémoire historique et administrative de l’Empire.
- Supervision des scribes : coordination et contrôle de l’ensemble du personnel chargé de la transcription et de la diffusion des informations royales.

✦ Protocole de communication ✦

– Toute communication officielle du Roi des Rois doit passer par le Corps des Scribes.
– Les messages destinés aux satrapies extérieures/intérieures ou aux triumvirs doivent respecter strictement la formulation originale et la solennité impériale.
– Les propositions ou requêtes adressées au souverain doivent être transmises via le Corps des Scribes pour vérification de la conformité et de la pertinence.
– L’Archiviste en chef détient l’autorité finale sur la validation des documents et peut renvoyer toute transcription jugée inexacte ou incomplète.

✦ Philosophie et devoir impérial ✦

Le Corps des Scribes est le reflet de la parole impériale et de la continuité de l’Empire. Chaque mot transcrit doit :
- Refléter fidèlement la volonté du Roi des Rois et la majesté de ses propos.
- Garantir la cohérence des décisions et la mémoire des événements.
- Préserver l’ordre, la stabilité et la loyauté des satrapies extérieures et de l’ensemble des institutions impériales.

L’intégrité, la précision et la fidélité sont les fondements du Corps des Scribes. Le respect absolu des protocoles de communication garantit que le pouvoir et l’autorité du Roi des Rois demeurent incontestés et que son message traverse le temps sans altération.

✦ Annonces et responsabilités officielles ✦

- Paroles royales : rédaction et diffusion de discours, lettres et directives.
- Décrets et nominations : consignation et transmission des actes officiels du Roi des Rois.
- Archivage impérial : conservation, classement et consultation des documents pour le palais et les institutions.
- Supervision du personnel : formation, coordination et contrôle des scribes, garantissant la conformité aux standards impériaux.

Le Corps des Scribes assure que la voix du Roi des Rois traverse le temps et l’espace, fidèle à sa volonté, et que chaque décision, chaque parole, chaque directive, demeure gravée dans la mémoire impériale. Chaque message adressé à ce corps doit respecter la dignité, la solennité et l’autorité du souverain, garantissant que l’Empire et sa majesté demeurent éternels.
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Communiqué solennel du Grand Royaume du Roi des Rois Kémimide
Maître de nombreuses nations, Souverain des peuples d’Afarée, des rives du Nadir aux hauts-plateaux de Tembouk, et des confins du monde

À l’attention de toutes les satrapies extérieures, enfants de l’Afarée

Peuples afaréens, souverains et conseils des royaumes et républiques qui bordent nos fleuves et nos montagnes, écoutez la parole qui émane du Trône : le Roi des Rois vous adresse, une invitation dont la dignité impose d’elle-même le respect, car elle procède de la responsabilité que nous partageons envers l’Afarée tout entière. Que nul n’y voie une main qui s’impose sur sa juridiction : vous demeurez extérieurs à l’Empire dans l’exercice de vos lois et de vos sceptres ; mais vous n’êtes pas étrangers à sa protection, car l’Empire vous tient en satrapies extérieures, membres reconnus d’un même corps historique et moral que le Roi des Rois s’est juré de garder. C’est en cette qualité, qui n’amoindrit ni votre honneur ni votre souveraineté, que Sa Majesté vous convie, avec solennité et bienveillance, à vous joindre sous son égide pour délibérer ensemble de ce qui, désormais, exige l’attention unanime de l’Afarée : le destin de la Kabalie.

Depuis des mois, la Kabalie endure l’épreuve, et chacun sait, sans qu’il soit besoin d’en noircir davantage l’encre, que la main de Carnavale pèse sur elle avec une brutalité dont le souvenir souillera quiconque aura détourné le regard. La Kabalie n’est pas une marge lointaine ni un litige d’érudits : elle est une part sensible de notre monde, un pivot de nos mémoires, un peuple dont la voix s’affaiblit sous la poussière des ruines et le vacarme des armes. Quand la Kabalie s’étiole, c’est l’Afarée qui se disperse ; quand la Kabalie est menacée, c’est la personne même du Roi des Rois qui est atteinte, car le souverain impérial n’est pas un simple monarque de frontières, il est le protecteur sacré des siens. Dès lors, persister dans le mutisme ou la solitude serait trahir l’évidence : aucun État afaréen ne peut, sans se renier, laisser ce peuple affronter seul la nuit qui se referme.

C’est pourquoi Sa Majesté vous invite à paraître, par délégation dûment accréditée, à une grande réunion tenue sous l’autorité du Trône, afin que l’Afarée, rassemblée, parle d’une seule voix. Il ne s’agit pas d’une tribune eurysienne (creuse) ni d’un décor de protocole, mais d’un moment grave où les souverains, dirigeants et leurs envoyés prendront, face et avec le Roi des Rois, la mesure des devoirs qui s’attachent aux liens de parenté politique que nous revendiquons depuis des siècles. Chacun sera entendu dans l’ordre, chacun exposera sans feinte la vérité de sa position, et tous, à la fin, auront à cœur d’ordonner leurs volontés pour que, de l’assemblée, sorte une parole ferme : une parole qui fixe la ligne d’action commune, qui établisse le secours immédiat, qui dessine la restauration possible, qui préserve la Kabalie des appétits étrangers et l’enracine, après l’orage, dans l’espace naturel de l’Afarée. Ainsi, l’on ne se contentera pas de commenter la douleur ; l’on se disposera à la soulager, par des voies concrètes de soutien humanitaire, de coordination logistique, d’accueil raisonnable des familles déplacées, de protection des routes, des ports et des greniers, et, si la sagesse collective l’ordonne, par l’appui diplomatique et économique susceptible de rompre l’étau qui l’écrase.

Que nul ne s’inquiète cependant d’y voir un empiètement sur ses prérogatives : l’Empire ne revendique ni vos sceaux ni vos lois ; il affirme la primauté d’un devoir de protection, et rappelle la hiérarchie morale qui unit l’Afarée autour du Trône et de vos indépendances. Cette hiérarchie n’humilie personne : elle ordonne, elle stabilise, elle garantit que la parole du Roi des Rois, lorsque les temps sont dangereux, demeure le point fixe vers lequel se tournent les regards. En conséquence, les échanges relatifs à cette réunion devront être adressés directement à Sa Majesté, selon le protocole impérial, dans les formes respectueuses qui sont dues à son rang ; pour ce qui touche à la sûreté des déplacements, à l’acheminement des délégations, à l’usage éventuel et strictement neutre des ports impériaux, il reviendra au Triumvir de la Guerre, Baruk Altemar, d’en fixer les modalités pratiques ; pour l’hébergement, l’intendance et la comptabilité des dépenses, le Triumvir du Trésor, Zakhna Mendel, arrêtera les dispositions nécessaires ; et pour l’ordre public, la circulation, la tenue des salles et la police des cérémonies, le Triumvir de l’Intérieur, Hadrien Sulkar, veillera, avec ses services, à ce que rien ne vienne troubler la dignité des travaux. Vous recevrez, en temps utile, les indications de date, de lieu et de rite, transmises par la diplomatie, et chacune de vos chancelleries saura reconnaître, dans l’invitation scellée du Sceau d’Or, l’empreinte du Trône.

D’ici là, Sa Majesté vous enjoint, avec la fermeté douce d’un père à ses enfants, de préparer la substance de vos positions : non des slogans, mais des engagements ; non des prudences qui masquent l’inaction, mais des offrandes de bonne volonté qui puissent être tenues sans péril pour vos peuples. Il s’agira d’envisager, avec lucidité, l’accueil provisoire d’une part mesurée des déplacés kabaliens selon les capacités de chacun, l’ouverture de couloirs humanitaires sous garantie commune, la création de fonds d’assistance placés sous la garde conjointe des satrapies extérieures et de l’Empire, la préservation absolue de la neutralité des zones mises à disposition par l’Empereur, neutralité sans laquelle toute aide se transformerait en prétexte de discorde, et enfin l’harmonisation des démarches diplomatiques afin que l’Afarée ne parle pas en chœur dissonant, mais comme une seule puissance aux voix multiples. Que nul n’ignore, en outre, que la dignité de cette œuvre tient à l’attitude de chacun : la courtoisie entre délégations sera observée avec une rigueur comparable à celle que l’on exige sur un champ de manœuvre ; toute offense au Trône, au peuple kabalien, ou à l’un quelconque des peuples afaréens, sera tenue pour une faute contre l’unité.

Si l’on vous invite, c’est parce que l’instant n’admet plus les demi-mesures. L’Afarée est plus grande que l’addition de ses frontières ; elle est une famille politique, un espace spirituel et historique dont le Roi des Rois est le garant. Répondre à cet appel, c’est vous hisser à la hauteur de votre propre histoire ; y manquer, c’est vous résigner à voir se défaire, morceau par morceau, ce que des générations ont patiemment bâti. Que chacun vienne donc avec l’assurance de son rang, avec l’humilité de celui qui sait ce qu’il doit à plus vaste que lui, avec le courage tranquille des gouvernants qui préfèrent la charge du devoir aux commodités de l’inaction. La Kabalie nous regarde ; l’Afarée nous regarde ; et le monde, qui nous observe, apprendra aujourd’hui si notre unité est un mot d’apparat ou une réalité capable de secourir les siens.


Scellé sous l’autorité de Sa Majesté le Roi des Rois, Protecteur des Peuples d’Afarée.


" Scellé sous mon autorité, "
Sa Majesté le Roi des Rois

Le Corps des Scribes transmet et porte foi au présent communiqué, et demeure à la disposition des satrapies extérieures pour toute correspondance relevant du protocole Impérial.
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Allocution solennel du Grand Royaume du Roi des Rois Kémimide de décembre 2017
Maître de nombreuses nations, Souverain des peuples d’Afarée, des rives du Nadir aux hauts-plateaux de Tembouk, et des confins du monde




Retransmise depuis la Grande Salle d’Audience du Palais du Soleil,
Majdara,
Capitale impériale de l’Afarée.





Le plateau s’ouvre sur la nef centrale de la Salle d’Audience. Deux bannières au Sceau d’Or encadrent une estrade de pierre sombre. Le Roi des Rois apparaît, drapé de blanc et d’ombre, un simple collier d’obsidienne posé sur la poitrine. Il ne s’assoit pas. Il avance de deux pas, pose la main droite sur la balustrade, attend que le silence se fasse. Les caméras s’ajustent. Un souffle collectif traverse la salle. Il parle.

Peuple d’Afarée, enfants de l’Empire, citoyens des sept satrapies, et vous aussi, qui vivez hors de nos frontières mais reconnaissez la même histoire, la même lumière : ce soir, je vous parle directement.

Je vous parle non pour annoncer une guerre, non pour susciter quelque ferveur passagère, mais pour expliquer, clairement, le sens d’un acte grave et fondateur : le Décret de Majdara sur la réforme des satrapies et l’organisation d’un recensement impérial intégral.


Brève pause. Le regard balaie la nef.

Depuis des siècles, notre Empire a tenu, parfois seul, au milieu des vents contraires. Nous avons été un rempart et une source. Nous avons été l’ordre dans l’inquiétude, la route dans le désert, l’eau dans les canaux du Nadir, l’étincelle dans la nuit de l’histoire. Mais nul royaume n’est éternel par inertie. On ne gouverne pas un continent avec des registres fatigués, des cartes imprécises, des forces disséminées et des vérités approximatives. L’Empire dure parce qu’il se compte, se connaît, s’organise et se corrige.

Ce décret répond à cette exigence première : savoir qui nous sommes, nous sommes, ce que nous faisons, [i]ce que
nous produisons, ce dont nous manquons et ce que nous pouvons donner. Un État qui n’énonce pas ses chiffres s’abandonne au hasard ; un Empire qui ne connaît pas ses foyers, ses routes, ses écoles, ses ateliers, ses champs, ses ports, ses sanctuaires et ses casernes, renonce à protéger les siens.[/i]

Le Roi des Rois se redresse, mains jointes un instant, puis ouvertes en signe d’énumération.

Écoutez bien la logique qui nous guide.

Premièrement, l’Empire est vaste, de Majouna à Ath-Surak, de Kémissa à Xvanaka-Daraya, des hauts-plateaux de Tembouk aux quais de Port-Nazem, des barrages d’Olmengal aux greniers de Kashmara. Cette étendue n’est pas un poème : c’est une responsabilité. Nous sommes 105 millions. Nourrir, soigner, éduquer, sécuriser 105 millions d’âmes exige des mesures exactent. Le recensement dira la vérité des naissances et des foyers, des métiers et des besoins, des écoles pleines et des classes vides, des dispensaires isolés et des hôpitaux saturés, des villages oubliés et des métropoles qui débordent.

Deuxièmement, l’Empire est moderne. L’on ne pilote pas une économie fondée sur l’énergie, les transports, l’irrigation, la logistique et l’industrie avec des estimations. Le Nadir et ses canaux, ses écluses, ses centrales et le barrage d’Olmengal qui alimente à lui seul une part décisive de notre électricité, exigent des prévisions fines : populations réelles, rythmes de consommation, pics saisonniers, expansions urbaines, corridors d’exportation. Un seul chiffre faux, et c’est l’eau rationnée au mauvais endroit, la panne au mauvais moment, l’inflation où il fallait la contenir et la disette où il fallait prévenir.

Troisièmement, l’Empire est juste. Nous ne demandons pas des impôts au hasard. Nous ne réclamons pas du service militaire en fermant les yeux. Nul impôt sans mesure, nulle levée sans dénombrement. Le recensement est la garantie des plus humbles contre l’arbitraire, des commerçants contre l’inégalité, des paysans contre la spoliation, des artisans contre l’oubli, des familles contre le double prélèvement. Quand les rôles fiscaux sont clairs, on paie ce qui est dû, pas davantage, et l’on reçoit ce qui est droit, pas moins.

Quatrièmement, l’Empire est menacé, non par l’ombre d’hier mais par la confusion d’aujourd’hui. Vous savez ce qui se joue en Kabalie : un peuple que l’on étrangle lentement, des foyers que l’on arrache à la terre, des routes piégées, des greniers incendiés. Vous savez ce que j’ai dit : que la douleur kabalienne est ressentie par le Trône comme une atteinte à sa propre chair. Or pour venir en aide, pour accueillir, acheminer, soigner, reloger, protéger, il faut de la place, des chiffres, des cartes, des contingences, des stocks, des corps de métier, des quotas, des dates. Il faut savoir qui peut donner combien, où, quand et pendant combien de temps. Sans cela, la compassion s’abîme en désordres et l’aide humanitaire devient un prétexte de querelle. Le recensement, c’est aussi la logistique d’une pitié efficace.

Cinquièmement, l’Empire est fidèle à son génie : réformer sans se renier. La réforme des satrapies n’est pas une punition, ni une humiliation, ni une revanche des cénacles sur les provinces. Elle est un réglage. Elle harmonise ce qui s’est exagérément différencié, elle corrige ce qui s’est creusé, elle renforce ce qui tient, elle protège ce qui risque. C’est une mise en ordre administrative et budgétaire, avec des contrats d’objectifs publics, des cadres uniformes, des audits indépendants, des droits de rectification, et des instances de recours. Elle permettra aux bons satrapes d’être reconnus et aux négligents d’être rappelés à l’exacte hauteur de leur charge.


Le Roi incline très légèrement la tête, comme pour accompagner l’effort de compréhension qu’il sollicite.

Vous me direz : « Majesté, pourquoi maintenant ? Pourquoi si vastes changements, pourquoi un recensement complet, pourquoi toucher aux structures qui nous sont familières ? »

Parce que le temps nous presse. Parce que le monde ne nous attend pas. Parce que les chiffres que je reçois ne concordent plus. Parce que d’honnêtes fonctionnaires travaillent avec des écritures périmées. Parce que des familles existent sans exister nulle part et d’autres sont comptées deux fois. Parce que des entrepôts ont été bâtis sans voir les routes et des routes tracées sans voir les marchés. Parce que nous avons laissé la routine gouverner ce que la science et l’ordre doivent guider.

Je le dis sans détour : ce décret est un devoir sacré. Sacré parce qu’il ordonne le bien commun ; sacré parce qu’il vise la paix intérieure ; sacré parce qu’il protège la dignité des plus faibles ; sacré parce qu’il place la vérité, la vérité des nombres, qui n’est pas moins noble que la vérité des mots, à la juste place.


Il marque un temps, mains posées à plat sur le pupitre. La caméra se rapproche légèrement.

Vous avez des craintes. Je les entends. Certains redoutent un contrôle intrusif. D’autres craignent qu’une réforme cache une centralisation aveugle. D’autres encore s’inquiètent de ce que deviendront leurs coutumes, leurs langues, leurs cultes, leurs particularités.

Je vous réponds, simplement :

  • Le recensement n’est pas une police des consciences. Nul officier n’entrera chez vous sans droit ni raison. Nul n’exigera de vous autre chose que les informations strictement nécessaires à l’intérêt public. Les données seront scellées sous le Sceau d’Obsidienne, accessibles aux autorités qualifiées, auditées par des Chambres des Comptes satrapiques et par une Cellule centrale. Il y aura un droit à la rectification et un droit au recours. Il y aura un délai de réponse et une présomption de bonne foi.

  • La réforme n’écrase pas les satrapies. Elle les clarifie. Les frontières administratives ne bougent pas. Les budgets seront comparables, les engagements lisibles, les responsabilités traçables. Les satrapes seront évalués, non sur des impressions mais sur des indicateurs publics : scolarisation, accès aux soins, sécurité, entretien des routes, délais administratifs, équilibre budgétaire, intégrité des marchés publics, résilience aux chocs climatiques.

  • La diversité demeure. Le Kémi est langue impériale ; l’ath, l’arabe amerien, le tamazight et nos autres langues vivent, enseignées et honorées. Vos fêtes restent vos fêtes. Vos chants restent vos chants. L’Empire s’ordonne ; il n’uniformise pas les âmes.

Il se tourne d’un demi-pas, comme pour parler à quelqu’un hors-champ, puis revient face aux caméras.

Je sais aussi qu’on demandera : « À quoi servira cet effort ? »

Je réponds par des résultats concrets, mesurables, que je m’engage à publier devant vous.

Dans l’année qui suit la clôture du recensement :


  • Un Tableau impérial des besoins scolaires sera rendu public : nombre de classes à ouvrir par district, recrutements nécessaires, plan d’édification sur trois ans, dotations en manuels et en cantines. Nous ne tolérerons plus les classes à soixante élèves dans des districts qui se dépeuplent, ni les files d’attente devant des écoles saturées alors que des salles vides existent ailleurs.

  • Un Plan Santé Satrapique sera arrêté : dotations en médecins, pharmacies, ambulances, lits d’hospitalisation, maternités de proximité, évacuations inter-satrapiques, et calendriers de rénovation des dispensaires. Les femmes n’accoucheront plus à deux jours de marche du premier service compétent.

  • Un Schéma Impérial de l’Eau et de l’Énergie sera affiché : modernisation des barrages, recalibrage des canaux, stations de pompage économes, solaire sur toitures publiques, micro-réseaux pour plateaux isolés, et lutte contre les pertes en ligne. Le barrage d’Olmengal sera sécurisé et redondé ; nulle ville ne doit dépendre d’un seul point de fragilité.

  • Un Fonds de péréquation satrapique sera créé au Trésor : rééquilibrer, à enveloppe constante, les dotations de fonctionnement selon les besoins réels mesurés. On cessera de doter beaucoup ceux qui sont déjà convenablement dotés et peu ceux qui manquent de l’essentiel.

  • Une Carte impériale des risques sera publiée : inondations, sécheresses, feux de brousse, séismes, glissements de terrain, zones d’instabilité sociale. Chaque district aura un plan d’abri, des stocks de première urgence, une chaîne de commandement identifiée, des exercices réguliers.

  • Des Règles claires pour la conscription et l’instruction militaire seront établies par le Triumvirat de la Guerre : quotas par district selon démographie réelle, exemptions équitables, lutte contre les fraudes, et surtout la fin des levées aveugles. Nous avons annoncé la restauration d’une armée de 100 000 ; elle sera formée sans injustice ni confusion, avec des réserves bien tenues et des casernes où l’on instruit plutôt que l’on entasse.

Le Roi avance d’un pas, la voix se fait plus basse.

J’entends aussi cette rumeur, ancienne, selon laquelle la corruption serait une sorte de seconde nature de nos échanges. Je dis ceci : je connais la souplesse comme outil diplomatique, je connais le pragmatisme comme art de gouverner. Mais je ne confonds l’huile qui évite qu’une machine ne grince avec la boue qui l’enraye. Ce décret s’accompagne d’une normalisation des marchés publics, d’un registre des bénéficiaires effectifs, d’une publicité des contrats au-delà d’un seuil, d’un contrôle croisé entre Chancellerie, Trésor et Scribes. Qu’on se le dise : la faveur ne remplace pas la règle. La faveur, sans règle, ruine et humilie.

Il lève la main droite ; les anneaux du Sceau d’Or scintillent.

Je vous parle aussi comme gardien des mémoires. Dans l’Ouest, un jour, une cité, vous connaissez son nom ; je ne le prononcerai pas, par respect, choisit, encerclée, le sacrifice plutôt que la captivité. Cet excès tragique, je ne l’exige pas, je ne le veux pas. Mais je n’oublie pas ce qu’il dit : un peuple peut se dresser jusqu’au bord de l’irreparable pour défendre son Roi lorsqu’il croit que l’on touche à l’essence de ce qui le tient. Je vous dis : ce décret n’est pas un assaut contre vos libertés, c’est une muraille pour vos droits. Ce recensement n’est pas une intrusion, c’est un parapluie contre le hasard. Cette réforme n’est pas un abaissement des satrapies, c’est un nivellement par le haut, un honneur rendu à la charge que j’ai confiée à vos gouvernants locaux, les Satrapes.

Il reprend un souffle, laisse la salle respirer.

Comment cela se passera-t-il, concrètement ?


  • Il faut tenir un Calendrier clair. Dans chaque satrapie, dès demain au coucher du soleil, l’Intérieur affichera le calendrier des opérations : information, formation des agents, période de collecte, vérification, consolidation, publication des résultats. Chaque district aura des dates, des lieux, des responsables nommés. Nul ne fera la queue inutilement ; nul ne sera convoqué deux fois pour la même chose.

  • Il faut utiliser des Agents identifiables. Les recenseurs porteront une carte nominative et un insigne. Ils se présenteront à heures publiques. Dans les zones reculées, des tournées seront annoncées par radio, affiches et relais municipaux. Les fraudes seront pénalisées, la confiance sans sanction n’est pas de la confiance, c’est de la naïveté.

  • Il nous faut voir la chose avec un Questionnaires sobres. Nous demanderons l’état civil, la composition du foyer, l’activité, la scolarisation, l’habitat, la situation sanitaire, l’accès à l’eau et à l’énergie. Rien d’autre. Vos croyances ne seront pas questionnées. Vos opinions ne seront pas questionnées. Vos biens sacrés ne seront pas inventoriés. Ce qui est pour l’administration ne va pas à la police des pensées.

  • Nous veillerons à conserver vos Droits garantis. Toute personne pourra relire sa fiche, corriger, compléter et demander recours devant un guichet dédié. Nul ne sera radié d’une allocation pour une simple erreur matérielle. Nul ne sera doublement imposé pour une faute de saisie.

  • Et surtout, il nous faut garder une Transparence totale. Les résultats agrégés seront publiés : nous vous devons les chiffres parce que vous nous donnez les chiffres. Vous verrez ce que nous voyons, afin que vous puissiez nous demander compte de ce que nous faisons.

Le Roi se tait une seconde. Une caméra latérale saisit son profil, net et immobile.

J’ajoute ceci : les Satrapes. Je les ai nommés pour servir dû à leurs mérites. Ils savent que je les juge sur pièces. Je leur dis, depuis ce pupitre public : tenez les délais, ouvrez les guichets, payez vos agents à l’heure, publiez vos chiffres, tenez vos promesses. Je les soutiendrai tant qu’ils tiendront la barre. Je les remplacerai s’ils chancellent sans cause. La charge n’est pas un privilège, c’est une obligation.

Au Triumvir de l’Intérieur, je dis : coordonnez, sécurisez, informez. Faites que la réforme soit ressentie comme un ordre qui soulage, non comme une contrainte qui écrase. Qu’il n’y ait pas d’abus. Qu’on traite les personnes avant d’aligner les lignes.

Au Triumvir du Trésor, je dis : anticipez. Les tableaux ne sont pas des murs, ce sont des ponts. Ajustez les dotations à la minute, défendez la stabilité des prix, évitez les dérapages, publiez les comptes. La puissance se lit dans l’exactitude.

Au Triumvir de la Guerre, je dis : tenez vos registres ; que les levées ne soient ni trop, ni trop peu ; que la formation prime sur la démonstration ; que l’équipement arrive avant la fanfare. Qu’on sache qui est mobilisable, , quand, et dans quel état. La discipline commence par l’ordre des listes.

À la Chancellerie et au Corps des Scribes, je dis : consignez, archivez, instruisez ; que nul ne pervertisse la parole donnée ce soir. Publiez les circulaires claires, répondez aux communes, accompagnez les préfets, éclairez les citoyens.


Il ferme un instant les yeux, les rouvre, la voix plus intime.

Je n’ai pas oublié les frontières. Xvanaka-Daraya demeure un rempart ; vous avez mes directives : aucun poste ne sera dépeuplé au nom du recensement. Tembouk demeure une source ; vos capteurs seront modernisés. Nadir demeure un axe ; vos barrages seront audités sans délai. Majouna et Port-Nazem demeurent des portes ; vos quais seront priorisés pour les denrées vitales. Ath-Surak demeure une veille ; vos convois d’eau, vos points de soin et vos abris de chaleur seront renforcés. Kémissa demeure le cœur ; elle donnera l’exemple.

Je n’ai pas oublié les exilés et les déplacés. Là où des familles kabaliennes, ou d’autres, ont trouvé refuge, nous compterons avec l’humanité due à ceux qui ont tout perdu. Nous ne confondrons pas l’aide et la faiblesse. Nous ne laisserons pas se créer des zones de non-droit au prétexte d’assistance. Nous intégrerons sans dissoudre, nous protégerons sans nous renier.

Je n’ai pas oublié les croyants de toutes langues. On m’a souvent demandé : comment concilier l’unité impériale et la variété des cultes ? J’ai toujours répondu : en honorant la hiérarchie du sacré. Ce que je suis, je le suis pour tous, garant, protecteur, responsable. À ce titre, je vous demande ce soir non pas une profession de foi, mais un acte de confiance : prêtez vos noms au recensement, prêtez vos pas aux bureaux, prêtez vos heures à cette œuvre commune. C’est une liturgie laïque au service d’une paix sacrée.


Il esquisse un geste bref, presque un signe de croix horizontal sur le pupitre, vieille habitude sans dogme.

On dira demain que cette allocution fut longue. Qu’elle le soit : les choses brèves sont pour les jours légers ; les jours graves réclament des mots entiers.

Ce que je vous promets, je le prononce devant l’Afarée entière :
✶ Nous ne perdrons personne en chemin. ✶ Nous n’exigerons rien qui ne soit utile et proportionné. ✶ Nous corrigerons nos erreurs. ✶ Nous publierons nos avancées. ✶ Nous sanctionnerons les abus. ✶ Nous tiendrons le cap.
Ce que je vous demande, je le demande sans détour :
✶ Ouvrez vos portes à l’information, pas à la crainte. ✶ Donnez la vérité de vos foyers ; elle vous reviendra en droits. ✶ Aidez les agents ; ils sont vos serviteurs, pas vos surveillants. ✶ Lisez les affiches ; respectez les dates ; gardez vos récépissés. ✶ Faites mentir ceux qui préfèrent la rumeur à l’effort.

Le Roi s’incline très légèrement, non comme un sujet, mais comme un maître qui honore ses élèves.

Quand j’étais jeune, un conseiller m’a dit : « Majesté, un Empire tient s’il tient ses listes. » J’ai souri. Cela me semblait trop cru, trop administratif, presque indigne d’un trône. J’avais tort. Les listes sont les noms ; et les noms sont les personnes ; et les personnes sont la raison d’un Empire. Nous ne gouvernons pas des masses : nous travaillions avec des peuples, et chaques peuples sont composés de visages avant tout.

Que la réforme ordonne ce qui doit l’être. Que le recensement éclaire ce qui est dans l’ombre. Que le droit protège ce qui est fragile. Que la force soutienne ce qui est juste. Et que ma vérité vous mette tous d’accord, du premier village de l’aube à la dernière tour de la capitale.


Il se tait. Puis, d’une voix plus calme.

Dès cette nuit, les circulaires partent. Demain, les calendriers s’affichent. Dans une lune, les premières statistiques. Dans un an, le grand tableau. Et entre-temps, des étapes, des bilans, des corrections.

Peuple d’Afarée, je vous regarde, comme je vous regarde depuis tant de décénies et mes prédécesseurs depuis tant de millénaires : avec exigence, avec patience, avec amour. Tenez-vous droits. Faites votre part. Je ferai la mienne.
Sous le Soleil, je scelle cette parole.


Il pose la main droite sur le Sceau d’Or. Un huissier frappe discrètement le sol de sa hampe. Les caméras se retirent lentement. Le Roi des Rois demeure debout quelques secondes encore, puis incline la tête vers le banc des Scribes. Le direct prend fin.




Scellé sous l’autorité de Sa Majesté le Roi des Rois, Protecteur des Peuples d’Afarée.


" Scellé sous mon autorité, "
Sa Majesté le Roi des Rois


Le Corps des Scribes transmet et porte foi au présent communiqué (retranscription du direct), et demeure à la disposition des satrapies extérieures pour toute correspondance relevant du protocole Impérial.
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