26/05/2017
03:50:06
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[Bastión-CUPO] Qu'est-ce que vous voulez ? (Altrecht-Listonie Pénitente)

" Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue aux Communes-Unies du Paltoterra Oriental. "

Une main tendue. Une chaleur mesurée ... mais réelle. Ou tout du moins, l'apparence de chaleur. L'apparence de bonhomie. Une apparence finement maîtrisée, comme une démonstration, alors que se reculait, prostré vers l'avant dans une révérence exagérée, un individu tout de cuir vêtu, baillon sur la bouche et bandeau sur les yeux. Il portait un téléphone désuet à cadran fumé sur un plateau d'argent. A des milliers de kilomètres de là, tout se passait comme prévu. L'Eurysie serait à l'image du Paltoterra, car le Kah est une Roue dont l'emprise se fait sentir sur tous et sur toutes ... Et le pouvoir, toujours, dans cette irrémédiable danse, se devait d'être interrogé. Remis en question. Déconstruit. Déconstruit, oui, pour prévenir le risque d'un inévitable césarisme encéphalique résurgent.

Mr. Macto dans ses oeuvres.

Macto. Un nom, simple. Deux syllabes. Trop peu d'autres détails. Un rendez-vous fixé bien loin des cadres de la Listonie pour lesquels il négociait. Et pourtant, il était là. Accompagné d'une poignées de malabars peu commodes, comme il seyait après tout aux dignitaires d'importance lorsqu'il était question de négocier de haut-placé à haut-placé ... Ou tout du moins, des négociations telles que les conventions du Pouvoir les envisageaient.

Mr. Macto était là, oui. Il était souriant, main tendue. Il accueillait, il percevait. Il avait promis un endroit sûr, et pouvoir l'instant, il semblait qu'il délivrait. Personne, ici, parmi les locaux en tenues noires et aux casques à visières opaques sur le visage ne semblait avoir à faire avec le déroulé des événements. Des gardes, oui, beaucoup, pour s'assurer que rien ne pourrait perturber la marche des affaires.

Gardes fort bien équipés gardant les installations communardes à Bastión.

" Je suis Macto. C'est avec moi que votre diplomatie s'est entretenue " rappela leur hôte, en pointant un véhicule aux portes ouvertes par l'un de ces individus entièrement couverts, arme en bandoulière et salut impeccable, " Je vous en prie, prenez place. Mes associés ont d'ores et déjà préparé un lieu à l'abri des regards, qui nous permettra la discussion franche et sans réserves que j'ai promis à votre ... nation. "

Le trajet est rapide, impeccable, avec une conduite millimétrée. Les avenues de la cité sont particulièrement circulables. Les artères, dégagées, laissent présager de la reconstruction opérée par les efforts communalistes sur une métropole auparavant meurtrie. Et puis, finalement, le convoi s'arrête. Les hommes masqués sortent, impériaux, et tiennent les portes pour laisser l'accès libre à une tapis rouge flambant neuf, déballé sur les marches d'un hôtel particulier sur l'entrée duquel d'autres gardes veillent. A chaque marche, deux serviteurs flanqués, inclinés, rendus sourds, aveugles et muets. Rien n'était trop beau, après tout, pour garantir une absolue discrétion des discussions menées au sein de ces murs.

Et l'intérieur de ces murs, à l'image des Communes-Unies toutes entières, ne cessait de suspendre. Des tentures rouges grandiloquentes aux slogans évocateurs pendaient ça et là, depuis des dizaines de mètres de hauteur. On trouvait des tags sur les murs de marbres, qui côtoyaient des œuvres de maîtres pluricentenaires. Partout, une émulsion créatrice. Partout, une discrétion totale : seul brisait le silence les pas étouffés sur le tapis rouge méthodiquement dévoilé jusqu'à la salle des discussion, et le bruissement distinct des sprays de peintures tirés à bout portant sur les vieilles racines coloniales : pas de protection, d'ailleurs, pour des artistes qui se livraient corps et âmes à leur art, au mépris de leur santé, qu'une épaisse couche de peinture au plomb ne saurait dissuader.

Ici, on créait. Ici, on débattait. Ici, on décidait. Ici, on mourrait, aussi.

C'était cela, qui attirait les vrais décideurs aux Communes Unies du Paltoterra Oriental. La vérité. La quête de Vérité. Le désir de Vérité.

Et la discussion, franche et complète.

Macto mena la délégation altrechtoise jusqu'à une grande salle aux allures de sacristie dénaturée, où d'autres domestiques sourds, muets et aveugles disposaient des plats de victuailles décadentes. Une sacristie, où le tabernacle avait été remplacé par des caisses de munitions qu'une poignée d'enfants aux mouvements fins, éthérées mais précis, semblaient pleinement consacrés à l'inspection. Une inspection qui s'effectuait apparemment uniquement au toucher, si l'on considérait les dodelinements étranges que ces petits êtres étaient occupés à faire avec leur tête, comme s'ils étaient pris dans l'état second que laissait deviner les câblages, reliés au mur, qui sortaient des casques qu'ils avaient sur le visage. Une sacristie, aux allures scéniques, dénonciatrices, ostentatoires. Une pièces où les murs semblaient plus richement ornées que les ornements eux-mêmes. Où le mobilier se faisait spectacle, figé dans le marbre lui-même ; ou bien libéré de celui-ci, planant dans l'éther, suspendu par d'invisibles attaches à un plafond se confondant avec l'obcurité.

Une sacristie ... lumineuse et dénaturée ...

" Chers amis, " trancha Macto dans l'observation de ces lieux anciennement sacrés, alors que les domestiques faisaient un pas en arrière, tirant d'immenses chaises de chêne massifs, " Prenez place. Je vous en prie. "

D'un geste de la main, il invita tout ses estimés interlocuteurs à s'installer à un banquet gargantuesque, désuet et ostentatoire, servi sur une épaisse nappe tissée main et faite des drapeaux d'innombrables anciennes nations régionales.

" J'espère que le voyage vous a été agréable, et que vous saurez apprécier le charme particulier de Bastión ... ", il marqua une pause, pendant laquelle il prit lui-même place à table, attrapant une tasse de café qu'il commença à siroter. " Avant toute chose ... avant que nous n'entrions dans le vif du sujet, et que nos discussion ne nous portent aux préoccupations de l'Autarque et des directeurs ... permettez-moi de vous poser une question.

Chers amis : qu'est-ce que vous voulez ? "
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