26/05/2017
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Négociations sous haute tensions // B.N.E -- Indépendantistes de la Zentralafarea et leurs soutiens // Trois Nations

« Que le Seigneur de la paix vous donne lui-même la paix en tout temps et de toute manière ! »

- « Excellence Floubou, nous atterrirons bientôt en Utovie. La délégation de la République des Trois Nations devrait nous attendre pour escorter vers leurs palais sénatoriaux… »

- « Bien, bien, tout ceci est fort bien… » répondit-il d’un air distrait. Il ne s’attendait pas à ce que les coalisés demandent la tenue de négociations pour tenter de résoudre cette situation de crise qui s’ammorcait. À vrai dire, il ne s’attendait pas à voir le B.N.E se montrer enclin à négocier. Venant de la part de régimes plus ou moins fascistes, le Marcinois imaginait des fous furieux ne jurant que par la supériorité raciale des Nordiques… Et au lieu de ça les membres du Bloc se montraient bien moins bornés que les Churayns. Ils acceptaient la tenue de négociation, se montraient même capable de céder (temporairement) sur certains points et de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour apaiser les tensions. Et face à cela, les États cosignataires du Protocole de Marcine passaient pour des sauvages. Certes ils conservaient les formes, émettaient une condamnation suivies de conséquences directes, avaient une fiche de route, maigre, mais louable. Ce n’était sans compter sur certains partenaires, un peu trop intransigeants, pas assez souples et bien trop enclins à l’usage de la violence. Si les Marcinois ne pouvaient nier que sans le Churaynn la mise sous blocus de la colonie du Grammatika ne serait qu’un projet qui se serait probablement perdu avec des tas d’autres plans… Ce sont ces derniers qui ont réussi à réveiller l’ardeur et la pugnacité des Marcinois, que plus d’un siècle de paix avait endormi. En quelques jours, ils avaient fait ce que beaucoup d’États confédérés voyaient comme une folie. Ils avaient levé une flotte. Mis en place une stratégie, mis en branle une imposante armada (par rapport à la flotte confédérale). Ils avaient failli faire la guerre pour leurs frères.

Pourtant, le Churaynn n’était pas exempts de reproches. Certes, son implication était capitale à la bonne tenue du projet. En revanche, certaines pratiques devaient être à tout prix oubliées si l’Empire Islamique souhaitait devenir une puissance régionale. Car ce n’est pas en usant et abusant de la violence, de la force balistique et du dikat que l’Empire pourrait tenter de trouver une crédibilité internationale. Pire encore, cela lui nuirait sur le long terme, les Sayyid pourraient s’attirer les foudres des mauvaises personnes. À trop jouer avec le feu, on finissait par se brûler. Pour les Marcinois, une publicité n’est pas l’objectif ultime. Ils sont braves, mais aussi pragmatiques. Ils préfèrent des petits pas solides plutot qu’une avancée fulgurante et une retraite encore plus prompte. Les Churayns collectionnaient les ennemis, même la République des Trois Nations les haïssaient ; alors que l’État eurysien était parfaitement fréquentable. Cette mise sous blocus trop brutale a joué contre le Churaynn, ils ont révélés leur jeu trop tôt et trop vite. Ils étaient au départ de parfaits inconnus, ils devenaient les ennemis publics numéro un pour bons nombre de chancelleries. Et lorsqu’il s’agissait de jouer aux gros muscles avec les grands, ils suffisaient d’un coup de pieds pour les renvoyer à la niche. Une puissance militaire en apparence effrayante, mais de facto inefficace. Une diplomatie agressive, qui ploie devant plus fort que soi. Et cette agressivité pouvait se retourner contre eux, et desservir dans un même temps la cause de la Coalition.

Que le Churaynn soit agressif face à des fascistes n’était un problème pour personne. Mais qu’il attaque le Haut État d’Altrecht alors que des négociations de paix allaient débuter, ça devenait une tout autre paire de manche. Pour le Sadr, le jeu s’annoncait serré. Marcine ne le lâchait pas, mais le Royaume se méfiait de l’étrange diplomate. Et ce dernier espérait même que le Churayn dévoile une partie de son jeu. Car le subite volte-face de l’Empire Islamique, la vengeance brutale qui succédait à l’holocauste d’Estham sonnait comme la preuve d’une certaine inconscience de la part des autorités de l’Empire au sein de la Confédération, même Floubou peine à apaiser la colère de ses supérieurs quant à une utilisation irrationnelle de la force. Le juste clairon de la vengeance arrivait au pire moment possible. « Qu’il tire un missile pour apprendre la courtoisie aux Altrechtois est tolérable ! Qu’il tire un missile alors que des négociations de paix allaient s’amorcer est une folie ! » Floubou repensait à la colère de Bassé en apprenant la nouvelle. Il se souvenait aussi du désarroi de Louis d’Antrania qui, voyait ce qu’il considérait comme « le centre du commerce antérinien » être « menacé » par l’inconscience d’un État. Et malheureusement pour Désiré, ces derniers n’avaient pas totalement tort et ils considéraient cette conférence comme une épreuve visant à tester les capacités du Sadr. S’il se montrait raisonnable, ou a minima ne menaçait pas ses interlocuteurs, Floubou pourrait plaider en la faveur du Churaynn pour l’établissement de relations diplomatiques plus poussées avec la puissance arabe. Mais pour Désiré il ne faisait aucun doutes que l’homme était parfaitement capable de se comporter comme un diplomate. Il n’avait pas oublié sa performance à Marcine, et espérait qu’il se montre tout aussi impitoyable en Utovie.

Et puis, lorsque son avion atterrit sur le tarmac de l’aéroport international d’Utovie, le Marcinois sentit son cœur se serré, les négociations allaient débuter. Et alors que les indépendantistes débarquaient, que les Rimauriens et les Menkelts se serraient les coudes. La Coalition restait assez désunie ; les Marcinois soutiendraient corps et âmes les indépendantistes, les Churayns leurs intérêts et les Finnejourils se rangeraient probablement du côté des indépendantistes avec les Antériens. Seulement, il ne s’agissait pas uniquement de résoudre ce que les sphères dirigeantes marcinoises nommaient dorénavant comme le « problème Garmflüßensteinois » mais aussi les tensions de plus en plus visibles entre l’Empire Islamique et le Bloc Eurysien. De cette manière, une double conférence débutait ; l’une pour le Grammatika, l’autre pour l’Altrecht et le Churaynn. Sous la supervision des autorités diplomatiques des Trois Nations. Floubou était persuadé que le B.N.E cherchait lui aussi à se débarrasser de cette épine dans le pied qui commençait à lui nuire et qui pourrait bien aggraver son cas face au reste du continent Afaréen.

Et alors que le Marcinois entrait dans la salle, que le représentant des Trois Nations débutait son discours et que les différents représentants prenaient des notes, ce dernier ne put s’empêcher de dire aux indépendantistes assis à côté de lui : - « Le grand jeu commence ».
Les représentants des monarchistes-indépendantistes étaient deux autour de la table, pour bien montrer l'union de leurs deux mouvements qui luttaient côte à côte. L'un, le "Chef Dyakanke" comme l'appelaient ses camarades de lutte était d'origine peul, l'ethnie majoritaire parmi les indigènes afaréens de la colonie. Le second, qui venait d'Eurysie de manière évidente, mais avait passé la plus grande partie de sa vie dans les savanes de l'Afarée Centrale Garmflüßensteinoise, venait représenter les monarchistes.

Tandis que les indépendantistes "normaux" ne cherchent qu'à disposer d'un pays sur leurs terres, chose normale en ce vingt-et-unième siècle, les monarchistes souhaitent fonder un nouveau Grand-Duché du Garmflüßenstein, comme il a déjà existé par le passé. Cependant, le territoire eurysien étant occupé et fermement tenu par le régime orthografiste, ils avaient préféré s'allier aux afaréens de la colonie pour disposer d'une base fixe sur place. Les positions des monarchistes en Kaulthie, et surtout en Altarie n'étaient pas faites pour être permanentes, et cela faisait déjà bien trop longtemps qu'ils n'avaient plus pu fouler un sol en sachant qu'il était le leur, celui du Grand-Duché.
Leur but, et avec l'accord des afaréens locaux, est d'installer un nouveau pays sur la côte inhabitée (ou du moins inhabitée par les populations indigènes), sans que cela ne gêne qui que ce soit sur place.
Matthias von Schlechtschrifter, bien que n'étant pas de la branche principale de sa famille, comptait bien monter sur le trône d'un pays, aussi petit soit-il, pour donner une terre à ses militants.


De l'autre côté de la salle, Christian Hurensohn avait été envoyé pour représenter les intérêts du gouvernement orthografiste. Peu après la relance de la diplomatie garmflüßensteinoise et sa prise ou reprise de contact avec divers pays, il était apparu clair aux yeux des cadres du Parti Orthografiste qu'il ne fallait en aucun cas laisser Alice Weinel se charger de la diplomatie. Elle était peut-être bonne oratrice et gérait relativement correctement le pays depuis plusieurs années, mais elle était exécrable pour ce qui est de faire bonne figure devant les représentants étrangers. Sa rencontre avec la chancelière kartienne, dont elle était sortie sur les nerfs et en prenant un congé de quinze jours pour parvenir à se détendre, avait suffit à elle seule à prouver que l'Obergrammatikführerin serait inapte à la gestion des affaires étrangères.

Alice Weinel avait tout de même insisté pour venir, mais ses conseillers lui avaient bien recommandé de laisser faire Christian, qui se débrouillerait parfaitement sans aide extérieure. Paul Ichfindekeinewitz, officier de l'armée garmflüßensteinoise et surtout dirigeant de la colonie de son pays, accompagnait sa supérieure et espérait bien conserver sa place malgré tous les évènements que l'Afarée Centrale avait subit dans les derniers jours.



« Et j'espère que nous ne perdrons pas la partie » répondit simplement le Chef Dyakanke au marcinois qui lui parlait.
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