27/10/2017
04:04:30
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[Estalie-Altrecht] Une nouvelle Révolution, une nouvelle Lutte

Les camarades sont de l'autre côté, allez les sauver !


Rarement la Commissaire avait vu autant d'agitation à bord de l'avion officiel de la Commission aux Relations Extérieures. D'habitude, l'aéronef de la Commission s'avérait habituellement calme avant les entrevues internationales que l'Estalie avait la chance de participer de temps à autre. Ce calme ambiant, il était réservé aux périodes de réflexion diplomatique des délégations, il permettait notamment à la Commissaire elle-même de se remémorer ses dossiers sur le pays qu'elle aura à visiter, sur les diplomates avec qui elle devait s'entretenir, les intérêts qu'elle devait défendre au nom de la Fédération et ceux, plus larges, des intérêts de la lutte révolutionnaire. Mais ce luxe, qu'elle s'était permise tant de fois depuis plus de trois ans, n'était pas d'actualité en ce jour. A qui la faute ? Etait-ce la faute de ce gradé de la Commission à la Guerre qui insistait pour sécuriser l'Altrecht au plus vite avec une intervention armée pour couper l'herbe sous le pied à un agresseur quelconque ? Etait-ce un autre délégué, issu du Comité de Défense Internationale, qui exprimait à pleine voix sa méfiance envers le nouveau régime qui avait continué de marchander des armes avec ses anciens alliés du Bloc Nationaliste Eurysien et qui gardait une porte diplomatique ouverte à Slaviensk ? Ou peut-être ses propres partisans, adhérents de la ligne pragmatique de la Commission aux Relations Extérieures, qui tentaient de raisonner la personnification, au sein de la délégation estalienne, de l'Armée Rouge et du SRR respectivement ? L'Estalie était une nation unie, idéologiquement, au grand jamais elle ne se permettrait une guerre civile au sein de ses frontières pour des différends idéologiques comme ceux-là. Alors pourquoi faut-il qu'à chacune de ses entrevues, la Commissaire se doit de gérer la pire vitrine possible ? Sa délégation n'est pas à l'image du pays et pourtant, elle est là, à juguler l'influence du SRR dans sa politique, au point où son propre personnel commence à douter d'elle. Elle, la plus grande diplomate du pays ? Celle qui a réouvert une diplomatie estalienne bloquée par l'armée royale depuis plusieurs siècles ? Elle était à l'origine du changement, certes, mais c'était un changement abrupte, soudain, qui laissait des séquelles.

Son second pour la délégation s'asseyait en face d'elle. Elle soupira légèrement de soulagement. Pour une fois, le second désigné à cette rencontre était un ami personnel de Volkiava, Karnaukhov Yefim. C'était un délégué issu du Club Libertaire Renouvelé, l'un des principaux clubs husakistes du Congrès International des Travailleurs. Il était réputé comme sérieux, intègre et comme une figure respectée chez les modérés husakistes. Volkiava avait insisté pour que Karnaukhov soit du voyage en tant que second auprès du Congrès, non pas à cause de leur amitié personnelle mais pour éviter d'avoir en second un énième pion encombrant du SRR. Elle voulait avoir quelqu'un sur qui se reposer et Karnaukhov avait la tête de l'emploi pour ça.

"La situation est fâcheuse, pas vrai Kristianya ?
- C'est le moins qu'on puisse dire. Entre nos propres tergiversations et la situation en Altrecht, il y a de quoi faire un bon bouquin.
- On est les deux seuls ici à imposer la parole au nom de la Fédération dans cette délégation. Je sais que tu n'es pas partisane de cette ligne mais on devrait faire comprendre aux couillons qui nous accompagnent qui représente l'autorité ici.
- Je commence à croire que c'est la solution aussi mais j'ai toujours pensé que ce serait uniquement le dernier recours, je ne veux pas bêtement couper le cordon entre nous et...tu sais...
- Oui, je vois très bien ce que tu veux dire. L'avenir nous le dira. Tu as des idées pour l'Altrecht ?
- T'as lu les documents ?
- Oui mais je préfère récolter ton avis en main propre.
- Eh bien leur révolution est très soudaine, même un peu trop. Le SRR m'a indiqué qu'ils n'en sont pas à l'origine. Je ne sais pas si je dois les croire, ils ont tendance à nous cacher beaucoup de choses et puis c'est leur boulot de déclencher des révolutions.
- Je pense pas que ce soit d'eux. Ils nous préviennent toujours, au moins au dernier moment. Comme en Kartvélie.
- Ou au Nordfolklande. Tu as sûrement raison, ce ne sont pas eux. Mais c'est spontané, trop spontané.
- Le Grand Kah, tu penses ?
- Je sais pas. Si c'est le cas, pourquoi ne pas nous avoir prévenus ? C'est quand même dans notre rayon d'action, ils pourraient au moins faire semblant d'être nos alliés.
- Ahah, t'as pas ta langue dans ta poche, Kristianya ! Cela dit, je préfère ne pas questionner l'origine de cette révolution. Elle a réussi et c'est l'important. Il faut maintenant préserver tout ça.
"

En vérité, Kristianya n'avait pas de réponse parfaite à fournir à son collègue : l'accord qu'elle proposerait dépendrait en vérité des besoins immédiats des Altrechtois et de leur propension à coopérer. La Commissaire le savait : similarités idéologiques ne signifiait pas toujours confiance mutuelle absolue. Après tout, pendant tout ce temps, les Altrechtois ont certainement dû voir les Estaliens comme des ennemis communistes ou de potentiels envahisseurs plus que comme des amis. L'amitié estalo-altrechtoise, construite sur les ruines de l'ancienne théocratie, n'allait pas être facile à construire. Les oreilles de la Commissaire bourdonnèrent alors, l'avion de la Commission entamait sa phase d'atterrissage à l'aéroport d'Ehrenstadt, la capitale de l'Altrecht. L'avion touche alors la piste puis s'arrêta, une rampe se posa et permit à la délégation estalienne de descendre sans encombres.
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Tableau

Le temps était venu de recevoir à Ehrenstadt la délégation estalienne. Les diplomates altrechtois s’activaient pour recréer un espace diplomatique viable. Le Comité citoyen de vote national avait au préalable désigné 4 diplomates chargés d’entamer le premier contact avec nos voisins estaliens. La tâche allait être délicate en fonction des réactions estaliennes. En effet, la révolution avait apporté à l’Altrecht un désir de liberté. Un désir qui ne se limitait pas au simple rouge de ce monde et à leurs amis. L’Altrecht avait désormais des principes d’amicalité et de commerce avec le monde. La révolution était une chose, mais le pragmatisme en était une autre. L’Altrecht n’est pas un régime copié-collé de ses camarades kahtanais ou khaults. Non. Son régime vise un point non négociable, reflétant la période actuelle : la paix avec tous. Évidemment sans jamais cesser d’aider des peuples frères à se défendre face au péril, mais toujours dans un esprit de pacifisme, pour un pays qui a connu la guerre, le fanatisme et le fascisme. Une ère de paix doit s’installer en Altrecht, et le pays ne saurait être le terrain de jeu des rivalités kahtanaises et estaliennes.

L’avion se posa donc dans l’aéroport de la capitale. Il faisait exceptionnellement beau ce jour-là. Peut-être un signe, mais de qui ? L’Empereur-Dieu ? Non. Alors, lors de la descente des marches de l’avion, la délégation estalienne fut accueillie par les quatre diplomates ainsi que des journalistes altrechtois qui, depuis la chute de l’ancien régime, avaient commencé à pulluler. Après des présentations en bonne et due forme, après des photos historiques, après avoir parlé aux journalistes si les estaliens le souhaitaient, le groupe de diplomates partit en direction de l’ancien palais impérial, seul endroit du pays à même de recevoir une délégation, faute de temps pour construire un nouveau bâtiment. Mais le lieu de la rencontre serait particulier. Ils n’allaient pas entrer dans un bureau au chaud avec des petits gâteaux et des serviteurs, non. Ils allaient faire la rencontre dans les jardins impériaux. Des tables et meubles avaient été alors aménagés autour pour pouvoir disposer du nécessaire diplomatique. Mais les altrechtois souhaitaient marquer le coup. Montrer qu’ils se désolidarisaient de ce lieu rempli de mensonge et de souffrance. Il y avait autour d’eux des gâteaux secs, du lait tiède, de l’eau et du café. Personne pour les servir, personne pour les entendre. Ils étaient coupés du monde en pleine nature artificielle dans les magnifiques jardins du palais.

J’espère que vous avez fait bon voyage, camarades. dit Claus Wendland, l’homme qui présidait la rencontre.
Nous vous souhaitons la bienvenue sur ce lieu rempli d’histoire. Si vous souhaitez quelque chose, je vous en prie, servez-vous. Il se leva pour prendre un café et des gâteaux secs.

Je pense que nous pouvons débuter cette entrevue. Vous nous avez communiqué votre souhait d’éclaircir mutuellement nos positions dans la région, qu’entendiez-vous par là ? Laissant le temps aux diplomates estaliens de répondre et d’entamer les discussions.

Au-dessus d’eux venaient de passer des oiseaux blancs au bec noir. Ils étaient très rapides, mais leur présence était un signe de la prospérité environnementale du lieu, préservé de toute révolution.
La délégation estalienne avait suivi les Altrechtois sans faire d'histoires. Une fois posés, bien que le cadre n'était pas pleinement conventionnel, l'endroit plut quelque peu à la Commissaire. Elle qui avait l'habitude d'être accueillie (ou d'accueillir elle-même) au sein d'immenses complexes diplomatiques conçus pour accueillir les délégations les plus importantes, aucune création humaine ne pouvait égaler la tranquillité et le calme serein de la nature et de la végétation et bien que ce calme était relatif (après tout, on restait au coeur d'une capitale où les bruits de circulation étaient courants), l'endroit mit la Commissaire en confiance. Du moins, c'est ce qu'elle laissait transparaître. La guerre avec l'Hotsaline, les déclarations de l'Altrecht et sa posture éminemment pacifiste questionnait beaucoup la Commissaire quant à la nature des "camarades" qu'elle avait en face d'elle.

"Oui, je pense qu'avant de poser les cadres d'un accord quelconque entre nos deux pays, je pense que nous pourrions clarifier chacun notre position diplomatique en Eurysie Centrale, j'aimerais que l'Altrecht m'expose ses objectifs et sa vision diplomatique dans la région ; pour ma part, nous essaierons de clarifier notre propre position afin que chacun ici à cette table soient conscients de nos objectifs communs ou des divergences que nous pouvons avoir.

Pour notre part, l'Estalie cherche avant tout à renforcer les nations existantes partageant les idées libertaires en Eurysie Centrale. Comme vous devez certainement le savoir, l'Estalie s'est chargé de la protection de la Kaulthie, plus au sud ; c'est une nation encerclée, qui sortait d'une longue et douloureuse guerre civile et qui est entourée d'ennemis idéologiques. Nous avons mis en oeuvre une longue stratégie de coopération avec eux afin que ces derniers puissent non seulement se relever économiquement de leur guerre civile mais également afin de renforcer leurs forces armées, particulièrement faibles en comparaison des puissances militaires régionales qui les entourent. Le cas kaulthe est un peu un cas d'école dans ce cadre et nous pensons qu'il est urgent de reproduire la même chose avec vous : l'économie altrechtoise doit s'adapter à son nouveau modèle politique et doit se renforcer pour pouvoir peser pour ne pas se faire dicter sa loi par les bellicistes d'Hotsaline ou les capitalistes avides qui pullulent dans la Mer Blanche et au-delà. Votre révolution a surpris beaucoup de monde, attire les yeux d'un plus grand nombre de pays encore et de ce fait, vous pourriez être la cible de vos voisins dans un avenir proche. Et comme l'épisode hotsalien nous le rappelle : vous devez compter sur la protection conjointe de l'Estalie et du Grand Kah pour survivre. Or, imaginez si le Kah ne dispose plus de son groupe aéronaval dans la région ou si l'Estalie est engagée dans un autre théâtre d'opérations, que feriez-vous ? Dans cette optique, ce que l'on espère ici avec mes collègues, c'est justement que dans ce type de cas, vous soyez en capacité de vous défendre seuls.

Contrairement à ce que la propagande onédienne essaie de faire avaler aux anti-communistes du monde entier, nous souhaitons uniquement accroître vos capacités d'autonomie stratégique pour que vous n'ayez plus à dépendre exclusivement de notre protection et je pense que nous pouvons nous mettre d'accord dessus. Cela étant dit, entre l'instant présent où vous dépendez de nous et le moment où vous serez stratégiquement autonomes, il existe un écart temporel de quelques années qui nécessite que la protection estalienne, et je suppose kah-tanaise, dispose de moyens tangibles pour assurer votre protection.
"

La Commissaire prit alors son stylo, s'attendant à ce que la délégation altrechtoise précise désormais ses propres objectifs stratégiques.
La délégation s’installant dans les jardins du palais d’Ehrenstadt remarqua seulement le bruit des oiseaux chantant dans les arbres environnant la rencontre. Les routes principales menant au palais impérial n’étant qu’à pratiquement 2 kilomètres autour de celui-ci, le temps paraissait paisible. On pouvait entendre cependant, si l’on prêtait attention, les débats mouvementés de l’assemblée révolutionnaire. Des bruits à peine audibles et peu compréhensibles.

Parfait, nous tâcherons de vous éclairer au mieux sur nos positions. L’Altrecht est un État révolutionnaire en transition vers un système communaliste. Cependant, nous sommes marqués par nos propres réalités, bien différentes des kah-tanais. Ainsi, notre vision du communalisme, malgré l’influence du système kah-tanais, reste particulière, notamment dans sa vision de la révolution. Nous pensons que la voie des armes pour forcer un peuple à changer de régime n’est JAMAIS la solution. Notre vision est une approche économique et idéologique : prouver au peuple que nos nations et nos régimes sont purs et prospères est la voie du changement. Passer par des voies diplomatiques, comme par exemple forcer l’autorisation qu’un pays accueille un parti d’extrême gauche dans ses débats. Une action qui passerait par la discussion et non par la violence, et par des leviers autres que militaires, notamment diplomatiques et économiques, qui restent d’après nous une arme de premier choix.

Voici une clarification de nos positions idéologiques et notamment sur le sujet de la transmission aux autres peuples de la révolution. Maintenant, nos positions concrètes sur la géopolitique continentale. L’Altrecht se tiendra TOUJOURS aux côtés de ses alliés du continent, sans jamais faiblir face aux menaces extérieures. Nous comptons d’ailleurs annoncer la création d’une loi d’intervention militaire si une nation idéologiquement compatible est menacée ou directement en guerre, afin de pouvoir contourner notre pacifisme assumé. Car oui, nous sommes pacifistes, d’un pacifisme purement contre une agressivité étatique et belliqueuse qui a pu parfois toucher des pouvoirs d’extrême gauche et que nous ne voulons pas reproduire. Mais notre pacifisme n’est pas un acte de démilitarisation, c’est l’assurance de notre nation envers le reste du monde que nous ne sommes plus de ceux qui agressent et qui tuent, mais bien de ceux qui se défendent et aident leurs camarades du continent et du monde.

Notre politique diplomatique ira vers le rapprochement avec les autres nations d’extrême gauche du continent puis du monde, ainsi que vers la paix locale, envers nos voisins. Par là, j’entends que nous chercherons à détendre les nations comme la Rimaurie, Velsna, l’Hostaline ou encore Menkelt, sur nos intentions de paix et de prospérité. Envoyer un message de fin des tensions et de renouveau de relations cordiales. Oui, nous assumerons la tâche de pouvoir faire avancer nos idéaux par la voie diplomatique, même face à des nations si farouchement opposées à ces derniers, car telle est la voie votée dans notre assemblée et ancrée dans nos esprits. La paix et la révolution, par la diplomatie, le pacifisme et l’économie florissante.

Vous soulevez cependant un point important : notre défense. L’Altrecht a démontré qu’elle n’était qu’une puissance mineure de la région et, face à des puissances agressives comme l’Hostaline, nous restons peu armés afin de contrer ses objectifs offensifs sans nos alliés estaliens et kah-tanais. Ainsi, nous sommes ouverts à une collaboration poussée avec notamment vos deux nations afin d’assurer, le temps de transitionner vers une autonomie stratégique, notre défense communale. Camarades, nous sommes ouverts, à titre révocable, à la création de bases militaires terrestres, maritimes et aériennes sur notre territoire. Oui, vous nous avez prouvé être une nation aux engagements forts et à la fermeté d’action, capable de nous protéger, et ainsi vous êtes les bienvenus si vous en faites la demande. De même que pour le Grand Kah, nous vous proposons de partager notre port militaire de Sankt Arndt, plus grand port militaire d’Altrecht, afin de pouvoir, si vous le souhaitez, y amarrer une flotte. J’y vois ici l’opportunité pour vous de pouvoir, avec le monstre économique que vous êtes, créer une flotte nouvelle afin de vous affirmer sur de nouveaux espaces dont vous n’avez pas l’accès. N’y voyez pas seulement un beau geste, il est purement orienté. En effet, nous avons des raisons de penser que la flotte aéronavale kah-tanaise risquait de devoir faire demi-tour de la Manche Blanche. Et si celle-ci devait renoncer à sa position hautement stratégique pour nous, nul ne pourrait nous garantir protection dans les eaux tumultueuses de cette mer, bordée par de nombreux pays fascistes qui risquent de s’en prendre à notre nation. Ici, nous voyons en vous un moyen de pouvoir nous garantir sécurité sur les flots, espaces dont nous n’avons quasiment aucune autorité et aucune force majeure.

Enfin, je terminerai au sujet du commerce. Notre nation voit le commerce comme un outil de prospérité et de propagation de nos idéaux partout où nous vendons. Nous pensons que cette voie est un privilège pour nous, alliant combat idéologique et outil de reconstruction de notre pays. Nous avons déjà échangé avec les Velsniens qui ont accepté de protéger notre commerce en Manche Blanche. Un atout stratégique pour notre nation que nous ne laisserons pas être détruit. Nous n’irons donc pas contre les intérêts velsniens, car ils sont une source stratégique majeure qui est vue d’après nous comme l’essence de notre victoire idéologique sur le monde que nous aspirons à créer ensemble. Nous commercerons avec le monde, peu importe le statut du pays acheteur, du moment que ce dernier ne menace pas nos intérêts, car c’est ainsi que nous pensons le monde idéologique utopique souhaité.


Claus Wendland but alors son café avec grand bruit pour casser le silence qui venait de s’installer après son monologue, dont il pensait qu’il pourrait ennuyer son hôte. Claus avait des a priori sur les Estaliens. On lui avait répété toute sa vie qu’ils étaient des bêtes sauvages souhaitant la guerre contre tous ceux différents d’eux. Une vision bien loin de la personne devant lui et de la vision de l’Altrecht sur le monde.
La Commissaire nota quelques points dans ses notes. Comme elle s'y attendait, les Altrechtois ont une expérience...limitée de ce que doit être la Révolution, surtout quand celle-ci a une volonté internationaliste. Le pacifisme déclaré de l'Altrecht déplaisait fortement aux Estaliens, et ça se voyait sur la tête de la plupart des dignitaires estaliens de la délégation, bien que la Commissaire restait complètement de marbre, se contentant d'acquiescer et de rester impassible. Ce pacifisme déclaré n'était pas un problème au sens idéologique du terme car bien que les Estaliens soient des militaristes assumés, ce militarisme et cette propension à entrer activement dans le conflit armé n'est pas un idéal à atteindre mais un moyen au service de l'idéologie. Pour faire bref, dans le courant libertaire, les Estaliens sont la représentation iconique du dicton : la fin justifie les moyens. C'est une vision qui paraît très radicale au premier abord, autant pour les anti-communistes que pour les camarades du monde libertaire, mais elle est empreinte d'une logique de confrontation avant tout et surtout d'une vision du monde pragmatique : les Etats capitalistes et réactionnaires refuseront toujours par eux-mêmes de déléguer le pouvoir à leurs peuples, c'est dans leur nature même. Aucune révolution ne s'est faite sans violence et l'Altrecht elle-même en est un formidable exemple. Or, les Etats du XXIe siècle sont à ce jour surpuissants par rapport à leurs peuples, leurs moments de faiblesse sont très rares et lorsque ces derniers se déclenchent, rares sont les peuples qui ont la lucidité d'en profiter pour frapper le pouvoir central et acquérir enfin sa liberté de l'oppression du système. Le capitalisme est encore plus vicieux puisqu'il se nourrit des crises qu'il provoque et du dissensus produit par d'autres franges politiques comme l'extrême gauche dont les fondements sont dissous dans une forme de protestation molle, pacifique et institutionnelle qui finit par perdre ses principes de base que sont la démocratie directe, le socialisme, l'anticapitalisme et la lutte des classes. Il ne s'agit donc pas d'imposer aux peuples une idéologique quelconque mais de leur ouvrir la voie pour parvenir à la Révolution ; les idées sont une chose mais leur réalisation en est une autre et les Estaliens comprennent que s'ils souhaitent faire advenir un jour une véritable société anarchiste, les frontières doivent disparaître, les Etats également. Or, l'Etat ne souhaite pas disparaître volontairement, il se battra et usera de ses larbins lobotomisés par la propagande pour y parvenir. La compassion pacifiste des Altrechtois pour leurs ennemis idéologiques n'est donc pas la bienvenue pour les Estaliens mais passons ces différences car l'Altrecht, malgré sa bonne volonté de ne pas apparaître comme un pays agressif, oublie que les apparences d'agressivité ou de passivité n'importent que peu pour ses voisins qui seront à l'aise d'opprimer d'autres peuples et à étendre leur influence en sachant pertinemment que l'Altrecht ne bougera pas le petit doigt. Aucun anarchiste de conviction ne souhaite la guerre, mais chacun sait aussi que c'est une nécessité malgré tout, car l'ennemi, lui, n'hésite pas à prendre les armes pour défendre ses idées, aussi nauséabondes soient-elles. Volkiava devait maintenant retranscrire cette logique de réalisme révolutionnaire en des termes plus...diplomatiques, auprès de ses camarades altrechtois :

"Je comprends votre logique pacifiste, camarades et sachez que c'est tout à votre honneur de défendre des idéaux aussi nobles que la paix. Cela étant dit, je pense que cette vision très idéaliste de la politique étrangère altrechtoise constitue sûrement le principal point de divergence entre vous et nous. Vous considérez que la seule manière d'étendre la Révolution est de projeter une société idéale aux autres peuples pour les inciter à se rebeller contre leurs oppresseurs et à embrasser les idéaux libertaires. Cependant, je pense que vous oubliez une chose, camarades : les Etats capitalistes et réactionnaires refuseront tout bonnement notre vision du monde libertaire si aucune pression ne leur est faite. L'Histoire est faite de rapports de force, dès lors que deux groupes opposés cherche à avoir une influence sur l'autre, un rapport de force s'établit instinctivement, c'est dans la nature même de l'Homme. Je comprends votre logique, que j'ai tendance à énoncer comme la stratégie du phare, mais cette stratégie n'est qu'un bouclier. La Révolution nécessite à la fois un bouclier et une épée. C'est ce que l'Estalie a fait : elle a construit une économie robuste, s'est industrialisée à très grande vitesse, a augmenté durablement le niveau de vie de sa population et l'a protégé contre les menaces contre-révolutionnaires à ses frontières. Il suffit de voir l'état de l'Estalie il y a cinq ans pour se rendre compte du progrès fulgurant de notre Fédération. Pourtant, cet état de fait n'est qu'un bouclier, un moyen de protéger les peuples de la Fédération. Cependant, l'épée de la Révolution ne consiste pas à juste bâtir chez nous car la propagande aura toujours un meilleur effet que toutes les merveilles que l'Homme peut construire en pays libertaire, l'esprit humain est facilement malléable, d'autant plus quand il est inclus dans une foule. L'épée de la Révolution réside donc ailleurs et compte tenu de l'essence même des Etats, coercitifs et violents contre toute menace institutionnelle, il faut répondre également par la violence. Personne en Estalie n'aime la guerre, sachez-le. Mais nous savons tous que c'est une nécessité, l'esprit internationaliste de notre Fédération nous incite à ne pas abandonner nos frères et soeurs du genre humain opprimés, nous ne dormirons jamais sur nos deux oreilles tant qu'il existera encore des petits groupes d'élites opprimant leur propre peuple par simple appât du gain ou du pouvoir.
Karnaukhov, le second de la Commissaire et représentant du Congrès International des Travailleurs, profite de la fin de l'aparté idéologique de sa collègue pour reprendre la main sur les questions d'ordre pratique.
- Bien que nous ayons des divergences sur ces quelques points, sachez que l'Estalie n'est pas là pour imposer ses vues à l'Altrecht d'une quelconque manière que ce soit, l'Altrecht reste un pays souverain avec sa propre politique étrangère, nous nous attendons seulement à ce que nos camarades respectent les accords qu'ils consentent à signer, rien de plus.
- Cela étant dit, camarades, nous sommes heureux d'entendre que vous êtes prêts à coopérer pleinement avec la Fédération dans un cadre défensif. Actuellement, l'Estalie peut consentir à établir des bases militaires terrestres et aériennes sur votre sol tant que cela sera nécessaire pour votre défense, jusqu'à que l'Altrecht sera en capacité de se défendre seul face aux menaces extérieures. Quant aux bases navales, comme vous le savez, l'Estalie est une nation enclavée, elle n'a pas accès à la mer et de ce fait, je ne suis pas sûre que cela sera d'une utilité quelconque que l'Estalie dispose de bases navales, surtout si c'est à titre temporaire sur quelques années. En effet, on ne construit pas une flotte dans des chantiers navals et dans des bases navales que l'on sait pertinemment comme temporaires, une flotte se construit et se conserve sur le long terme. A moins de rendre ces bases permanentes, je n'en vois pas l'utilité. Cela étant dit, comme je vous l'ai dit, si l'Estalie consent à déployer des unités militaires, terrestres ou aériennes, chez vous, la Fédération souhaite également soutenir vos efforts d'autonomisation économique et militaire. Comme vous le savez peut-être, l'Estalie participe activement aux réformes de l'Armée Communale de la Kaulthie et nous pensons qu'en l'état de vos forces armées actuelles et de la future présence estalienne sur votre sol, il serait d'intérêt public que l'Estalie participe également aux réformes de votre armée. Ces réformes comprennent évidemment des réformes structurelles, logistiques et stratégiques mais aussi du ravitaillement. L'Armée Rouge dispose de certains stocks qu'elle peut fournir gratuitement aux forces armées alliées. Bien sûr, compte tenu de la restructuration de nos propres forces cette année, certains équipements ne pourront vous être garantis pour l'instant mais sachez que tout équipement qui vous sera fourni vous sera transmis à titre purement gratuit, il est absurde que notre Fédération vous facture votre propre protection, surtout quand le modèle productif estalien est structurellement en surproduction constante. Enfin, pour ce qui est de l'aspect commercial, nous ne vous jetons pas la pierre en ce qui concerne vos accords avec les Velsniens, nous espérons seulement que Velsna ne vous rendra pas dépendants sur le plan économique, cela irait à l'encontre de la finalité même des accords que nous négocions ici même qui consistent à vous donner toutes les cartes en main.
"
Les diplomates derrière Claus Wendland prenaient des notes des dires de chacun. Claus écouta avec attention les mots des Estaliens et comprenait les doutes que le diplomate exprimait. Mais l'Altrecht avait beau être une nation pacifiste, elle n'en est pas moins militariste. Loin de cette idée que pacifisme égale la non-violence. Non. L'Altrecht n'est pas une nation naïve. Il fallait que ses forces soient développées afin de pouvoir être plus qu'un pion dans un échiquier géopolitique hautement tendu et susceptible.

Je dois tout d'abord vous dire que nous comprenons vos doutes. Et soyez-en rassuré, si cette position de nation pacifiste devient trop inconfortable et non pragmatique, nous n'hésiterons pas à retirer cette loi. Nous en sommes tous conscients. Mais comprenez que cette position reste pour le moment confortable par le reflet que veut envoyer notre nation au reste du monde et notamment à nos ennemis politiques plus puissants. Ici je pense à Velsna et à la Rimaurie qui, sans ce pacifisme assumé, risqueraient de prendre des mesures de nuisance contre nous. Certes, nous avons le soutien de nos camarades comme l'Estalie. Mais nous ne voulons pas voir nos enfants grandir dans des plaines dévastées par les obus de la guerre. Vos conseils sont pris en compte et nous tâcherons, le moment venu, de les écouter si cette stratégie pacifique nous cause plus de tort que de bienfaits.

Concernant les infrastructures militaires. Pour les bases militaires terrestres et aériennes, il n'y a aucun problème à vous accueillir, aucune difficulté. Et je pense pouvoir même dire que notre gouvernement sera ravi de pouvoir vous aider à agrandir vos futures infrastructures, voire même en construire de nouvelles afin de collaborer un maximum avec votre nation devenue notre garante. Concernant la base navale, nous pensons qu'un accord de cession d'une de nos îles au large de nos côtes pourrait être une solution plausible pour régler le problème de la continuité de votre future marine. Nous sommes convaincus des bienfaits de cette dernière. Ainsi nous acceptons, si vous le désirez, afin d'obtenir l'île de "Reiston", qu'en échange d'un droit de regard sur cette île, notamment sur son développement, vous l'obteniez. Ce droit de regard aura notamment pour effet de ne pas empiéter sur nos revendications de ZEE historiquement réclamées par l'Altrecht, ainsi que sur le développement des infrastructures locales qui devront être en accord avec notre politique locale. Mais une fois cédée, seuls vous en serez les maîtres et aucun gouvernement altrechtois ne pourra réclamer son retour de manière légitimement fondée. En outre, cette base navale ne pourra servir que pour la réception de votre future flotte mais également d'un petit aérodrome afin de pouvoir être indépendant de notre territoire. Enfin, je terminerai par son emplacement. L'île se trouve sur la pointe nord du pays, à 110 kilomètres de Sankt Arndt et à 6 kilomètres de nos côtes.

Cependant, nous comprendrons votre réticence si jamais vous ne souhaitez pas entreprendre un tel projet.
Du côté estalien, on sentait un certain étonnement de la part des délégués. Volkiava avait hallucinée ? Non, elle avait bien entendue. Les Estaliens allaient obtenir une base navale en bail aussi facilement ? Il ne fallait pas en vouloir aux Estaliens d'être légèrement étonnés face à cette acquiescement aussi soudain de la part de l'Altrecht, la diplomatie estalienne avait souvent l'habitude de se confronter à des murs et d'obtenir des concessions au prix d'âpres négociations. Pourtant, la négociation avec l'Altrecht fut assez...simple. Au moins, ils ne divergeaient pas en sermons moralisateurs et creux comme les Teylais ou en propos indécis comme les Kaulthes. Il n'y avait pas de "on verra plus tard". Au lieu de ça, les Altrechtois avaient décidés d'être francs et directs. Tant mieux, se disait la Commissaire, on ira plus vite comme ça.

"Eh bien...ces conditions sont extrêmement favorables. Je ne vois aucune raison de refuser une telle offre, vous pourrez être certains que nous serons disposés à nous déployer sur cette île avec un tel accord, c'est certain. Cela étant dit, j'aurais besoin de deux clarifications supplémentaires au sujet de cette île. Tout d'abord, serait-il possible de nous mettre à disposition la localisation géographique précise de cette île ? Je sais que vous venez de le dire à l'oral mais nous aurions besoin de la localisation sur la carte pour que le Congrès International des Travailleurs soit bien au courant de la localisation de notre future base. Ensuite, sur un ordre plus opérationnel, sachez qu'il est probable que dans le cadre de cette base, nous y construisions non seulement une base navale mais également une base aérienne et des chantiers navals supplémentaires afin que l'Estalie puisse y construire indépendamment sa propre flotille locale. Cela dit, je conviens qu'il serait plus profitable pour vous que ces chantiers soient fournis en personnel altrechtois. Comme vous le savez, en tant que nation enclavée, l'Estalie ne dispose d'aucune expertise en construction navale et les coopératives estaliennes, si elles savent construire des bateaux de pêche ou des navires fluviaux (compte tenu de la présence de fleuves et de lacs en Estalie) et qu'elle sait entretenir et construire des infrastructures portuaires grâce à l'expérience acquise en Translavya, nos coopératives seraient bien incapables de construire des navires de guerre sans experts étrangers. Ainsi, il serait préférable que ces chantiers navals soient fournis en experts altrechtois et en ouvriers locaux ; non seulement, cela résoudra pour notre part le problème d'expérience étant donné que vous êtes une nation côtière, mais cela vous permettra en même temps d'augmenter le nombre d'emplois pour vos concitoyens. Cela devrait donc stimuler l'économie locale de surcroît.
Karnaukhov se râcla le fond de la gorge pour reprendre la suite.
- Si je peux me permettre, camarades, en parlant d'économie, il serait peut-être de bonne augure d'étendre notre coopération au domaine civil et pas seulement militaire. En effet, bien que nous soyons au courant de vos accords avec les Velsniens, il serait peut-être plus prudent pour vous de diversifier vos partenaires économiques, en premier lieu avec l'Internationale Libertaire. De ce fait, nous pourrions accroître entre la Fédération et l'Altrecht notre coopération économique. Par exemple, nous pourrions former des coopératives inter-fédérales estalo-altrechtoises afin de fluidifier les échanges commerciaux. De même, compte tenu de la Révolution violente à laquelle vous venez d'assister et du fait de votre développement économique actuel, il serait bénéfique que l'Estalie vous propose directement une aide technique. Cette aide technique serait non seulement humaine par l'envoi d'experts et de techniciens dans le domaine du bâtiment, de l'électricité, des infrastructures, des agronomes ainsi que des techniciens industriels afin que ces derniers aident le tissu économique altrechtois à optimiser sa production et à réformer petit à petit le système économique altrechtois car vous le savez comme nous, l'Altrecht était encore il y a peu une nation dont l'économie reposait sur des règles hautement capitalistiques. Or, la première étape de la libération une fois la Révolution achevée, c'est bien l'abolition progressive des règles économiques capitalistes afin d'instaurer un modèle économique coopératif et auto-géré et dans ce domaine, l'Estalie a prouvé en quelques années qu'elle savait construire un système économique post-capitaliste durable et rivalisant avec les plus grandes puissances capitalistes. Nous pensons donc sincèrement que vous pourriez bénéficier de cette aide technique. Cette aide se concrétiserait également sous la forme d'exportations vers votre pays en matériel : machines-outils lourdes, machines agricoles, composants électroniques, réactifs chimiques, le tout sera exporté à des tarifs préférentiels afin que les fournisseurs altrechtois puissent bénéficier de cette aide à moindre coût. Enfin, il est également préférable qu'un programme d'échanges universitaires soit également mis en place, autant dans le domaine civil que militaire. Ainsi, des places seront ouvertes à l'Académie Militaire Révolutionnaire de Mistohir pour les élèves-officiers altrechtois afin que ces derniers puissent étudier sereinement et apprendre de l'expérience militaire estalienne et des doctrines de l'Armée Rouge. De même, nos universités pourront effectuer des échanges réguliers d'étudiants afin de rapprocher non seulement nos deux peuples qui, jusqu'à là, se détestaient et dans le même temps de permettre notamment aux étudiants altrechtois de venir étudier dans les universités estaliennes les plus réputées, afin de leur fournir les compétences techniques requises qui pourront ensuite bénéficier à la croissance économique de votre pays."
La discussion s'accélérait et devenait de plus en plus concrète. L'Altrecht souffrait et souffre encore d'un retard économique vis-à-vis des autres nations capitalistes rivales de ce monde, et notre pays le savait. La proposition économique et la collaboration militaro-universitaire proposée par les Estaliens était intéressante, mais pouvait être poussée encore plus loin.

Très bien. Nous pouvons tout à fait envisager le début des travaux pour l'aménagement de l'île afin d'y développer son aérodrome. Il est vrai que nous avons cette expertise maritime concernant l'agrandissement maritime, notamment avec des techniques de pilotage ou encore de simple remblaiement. Cependant, la durée des travaux afin de parvenir à une installation militaire digne de ce nom pourrait bien prendre une année et demie, voire deux ans à agrandir selon les retards divers. Nous pouvons donc espérer pouvoir prévoir la fin des travaux d'ici mars 2019. En attendant, nous pensons pouvoir collaborer avec vous sur notre expertise navale qui reste, soyons clairs, de l'ordre de l'essentiel militaire. Les spécialistes du domaine étant principalement le Grand Kah. Dans cette attente, et en préparation à un déploiement, nous pouvons d'ores et déjà vous attribuer des places pour vos futurs navires dans notre port militaire de Sankt Arndt de manière temporaire afin de débuter sans attendre le développement d'une flotte. Nous allons également nous pencher sur le sujet afin qu'en collaboration avec votre nation, des navires puissent voir le jour. D'ailleurs, voici l'emplacement précis de cette île :

Cartehttps://i.postimg.cc/XqyzxZtJ/Base-Naval-Estalienne.png

Maintenant concernant vos propositions économiques. Je vais être franc avec vous. Nous restons très prudents quant à la normalisation de coopératives interfédérales. Notre économie n'est pas spécialement adaptée pour pouvoir, à grande échelle, développer ce genre de coopératives. Nous pensons donc qu'il serait favorable de faire des paliers avant d'arriver à cet objectif qui, comme vous l'avez rappelé, comporte de nombreux atouts. Nous pensons notamment débuter des expériences à échelle réduite dans un premier temps afin de pallier des problèmes éventuels et, avec la collaboration d'un camarade économiste estalien détaché par votre gouvernement pour nous aider, viser à agrandir ce genre d'initiative dans les domaines les plus sensibles économiquement. Soyons clairs : nous ne voulons pas tomber dans une dépendance économique envers votre nation. Nous visons la collaboration et l'accroissement de richesse intérieure par l'entente mutuelle et la facilitation du commerce qui en résulterait avec votre grande nation. Nous ne doutons pas de vos intentions non plus, mais l'économie est le cœur d'un pays, nous nous devons donc de la protéger. Autrement, concernant la collaboration civile pour dépasser le statut de nation capitaliste qui était le nôtre avant la révolution, nous sommes ouverts à une collaboration avec vos experts sur un tournant économique. Nous pouvons notamment mettre en place des mesures poussant nos entreprises privées à demander des consultations d'experts estaliens afin de faciliter leur transition vers une économie coopérative et autogérée. Dans ce sens, nous pensons d'ailleurs à forcer l'union de nos différentes compagnies ferroviaires, d'électricité, de distribution d'eau et de gaz, ainsi que nos filières de grande distribution afin de parvenir à cette fin. Mais cette initiative risque de déplaire à nos actionnaires ainsi qu'aux élites du pays déjà en place. Nous avons donc besoin de conseils de nos camarades estaliens sur la question. Enfin, concernant la question d'aide matérielle, nous pensons pouvoir affirmer que notre principale expertise reste le domaine industriel. Une aide matérielle est toujours la bienvenue mais reste peu appropriée à nos besoins actuels qui sont principalement des besoins agricoles et d'élevage. Cependant votre proposition d'importation de composants électroniques et de réactifs chimiques pourrait nous intéresser car étant nécessaire pour nos besoins de consommation.

Je terminerai par les échanges universitaires. Nous y sommes très favorables notamment dans les domaines civils car ayant du retard et un manque de connaissances autonomes en économie coopérative et autogérée. Ce serait une solution concrète et à long terme d'une stratégie de transition économique qui valoriserait les acquis de notre révolution. Concernant les échanges militaires de nos élèves officiers, nous y sommes également extrêmement favorables et pensons même imposer, pour la dernière année de formation, l'envoi de nos élèves afin de former concrètement l'élite des officiers de notre armée dans un dispositif de coopération plus ample avec l'Armée rouge. Nous pensons donc que grâce à cette année de formation en Estalie, nos futurs officiers développeront des compétences linguistiques, stratégiques et tactiques militaires afin de pouvoir collaborer un jour en cas de guerre sans avoir besoin d'un entraînement régulier interarmées. Disons-le clairement : si nous copions le système structurel et opérationnel militaire estalien, alors notre armée n'aura pour seule différence que la géographie locale ainsi que la langue de nos camarades soldats, n'empêchant pas la communication entre nos officiers car ayant acquis des compétences linguistiques communes pour organiser une coopération militaire poussée. Enfin, avec des entraînements réguliers interarmées, nous pourrons affirmer à l'avenir que nos armées ne formeraient philosophiquement plus qu'une. Une sorte de perfection militaire.


Laissant le temps à son interlocuteur de répondre.
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