01/04/2018
00:17:48
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[Estalie-Altrecht] Une nouvelle Révolution, une nouvelle Lutte

Les camarades sont de l'autre côté, allez les sauver !


Rarement la Commissaire avait vu autant d'agitation à bord de l'avion officiel de la Commission aux Relations Extérieures. D'habitude, l'aéronef de la Commission s'avérait habituellement calme avant les entrevues internationales que l'Estalie avait la chance de participer de temps à autre. Ce calme ambiant, il était réservé aux périodes de réflexion diplomatique des délégations, il permettait notamment à la Commissaire elle-même de se remémorer ses dossiers sur le pays qu'elle aura à visiter, sur les diplomates avec qui elle devait s'entretenir, les intérêts qu'elle devait défendre au nom de la Fédération et ceux, plus larges, des intérêts de la lutte révolutionnaire. Mais ce luxe, qu'elle s'était permise tant de fois depuis plus de trois ans, n'était pas d'actualité en ce jour. A qui la faute ? Etait-ce la faute de ce gradé de la Commission à la Guerre qui insistait pour sécuriser l'Altrecht au plus vite avec une intervention armée pour couper l'herbe sous le pied à un agresseur quelconque ? Etait-ce un autre délégué, issu du Comité de Défense Internationale, qui exprimait à pleine voix sa méfiance envers le nouveau régime qui avait continué de marchander des armes avec ses anciens alliés du Bloc Nationaliste Eurysien et qui gardait une porte diplomatique ouverte à Slaviensk ? Ou peut-être ses propres partisans, adhérents de la ligne pragmatique de la Commission aux Relations Extérieures, qui tentaient de raisonner la personnification, au sein de la délégation estalienne, de l'Armée Rouge et du SRR respectivement ? L'Estalie était une nation unie, idéologiquement, au grand jamais elle ne se permettrait une guerre civile au sein de ses frontières pour des différends idéologiques comme ceux-là. Alors pourquoi faut-il qu'à chacune de ses entrevues, la Commissaire se doit de gérer la pire vitrine possible ? Sa délégation n'est pas à l'image du pays et pourtant, elle est là, à juguler l'influence du SRR dans sa politique, au point où son propre personnel commence à douter d'elle. Elle, la plus grande diplomate du pays ? Celle qui a réouvert une diplomatie estalienne bloquée par l'armée royale depuis plusieurs siècles ? Elle était à l'origine du changement, certes, mais c'était un changement abrupte, soudain, qui laissait des séquelles.

Son second pour la délégation s'asseyait en face d'elle. Elle soupira légèrement de soulagement. Pour une fois, le second désigné à cette rencontre était un ami personnel de Volkiava, Karnaukhov Yefim. C'était un délégué issu du Club Libertaire Renouvelé, l'un des principaux clubs husakistes du Congrès International des Travailleurs. Il était réputé comme sérieux, intègre et comme une figure respectée chez les modérés husakistes. Volkiava avait insisté pour que Karnaukhov soit du voyage en tant que second auprès du Congrès, non pas à cause de leur amitié personnelle mais pour éviter d'avoir en second un énième pion encombrant du SRR. Elle voulait avoir quelqu'un sur qui se reposer et Karnaukhov avait la tête de l'emploi pour ça.

"La situation est fâcheuse, pas vrai Kristianya ?
- C'est le moins qu'on puisse dire. Entre nos propres tergiversations et la situation en Altrecht, il y a de quoi faire un bon bouquin.
- On est les deux seuls ici à imposer la parole au nom de la Fédération dans cette délégation. Je sais que tu n'es pas partisane de cette ligne mais on devrait faire comprendre aux couillons qui nous accompagnent qui représente l'autorité ici.
- Je commence à croire que c'est la solution aussi mais j'ai toujours pensé que ce serait uniquement le dernier recours, je ne veux pas bêtement couper le cordon entre nous et...tu sais...
- Oui, je vois très bien ce que tu veux dire. L'avenir nous le dira. Tu as des idées pour l'Altrecht ?
- T'as lu les documents ?
- Oui mais je préfère récolter ton avis en main propre.
- Eh bien leur révolution est très soudaine, même un peu trop. Le SRR m'a indiqué qu'ils n'en sont pas à l'origine. Je ne sais pas si je dois les croire, ils ont tendance à nous cacher beaucoup de choses et puis c'est leur boulot de déclencher des révolutions.
- Je pense pas que ce soit d'eux. Ils nous préviennent toujours, au moins au dernier moment. Comme en Kartvélie.
- Ou au Nordfolklande. Tu as sûrement raison, ce ne sont pas eux. Mais c'est spontané, trop spontané.
- Le Grand Kah, tu penses ?
- Je sais pas. Si c'est le cas, pourquoi ne pas nous avoir prévenus ? C'est quand même dans notre rayon d'action, ils pourraient au moins faire semblant d'être nos alliés.
- Ahah, t'as pas ta langue dans ta poche, Kristianya ! Cela dit, je préfère ne pas questionner l'origine de cette révolution. Elle a réussi et c'est l'important. Il faut maintenant préserver tout ça.
"

En vérité, Kristianya n'avait pas de réponse parfaite à fournir à son collègue : l'accord qu'elle proposerait dépendrait en vérité des besoins immédiats des Altrechtois et de leur propension à coopérer. La Commissaire le savait : similarités idéologiques ne signifiait pas toujours confiance mutuelle absolue. Après tout, pendant tout ce temps, les Altrechtois ont certainement dû voir les Estaliens comme des ennemis communistes ou de potentiels envahisseurs plus que comme des amis. L'amitié estalo-altrechtoise, construite sur les ruines de l'ancienne théocratie, n'allait pas être facile à construire. Les oreilles de la Commissaire bourdonnèrent alors, l'avion de la Commission entamait sa phase d'atterrissage à l'aéroport d'Ehrenstadt, la capitale de l'Altrecht. L'avion touche alors la piste puis s'arrêta, une rampe se posa et permit à la délégation estalienne de descendre sans encombres.
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Tableau

Le temps était venu de recevoir à Ehrenstadt la délégation estalienne. Les diplomates altrechtois s’activaient pour recréer un espace diplomatique viable. Le Comité citoyen de vote national avait au préalable désigné 4 diplomates chargés d’entamer le premier contact avec nos voisins estaliens. La tâche allait être délicate en fonction des réactions estaliennes. En effet, la révolution avait apporté à l’Altrecht un désir de liberté. Un désir qui ne se limitait pas au simple rouge de ce monde et à leurs amis. L’Altrecht avait désormais des principes d’amicalité et de commerce avec le monde. La révolution était une chose, mais le pragmatisme en était une autre. L’Altrecht n’est pas un régime copié-collé de ses camarades kahtanais ou khaults. Non. Son régime vise un point non négociable, reflétant la période actuelle : la paix avec tous. Évidemment sans jamais cesser d’aider des peuples frères à se défendre face au péril, mais toujours dans un esprit de pacifisme, pour un pays qui a connu la guerre, le fanatisme et le fascisme. Une ère de paix doit s’installer en Altrecht, et le pays ne saurait être le terrain de jeu des rivalités kahtanaises et estaliennes.

L’avion se posa donc dans l’aéroport de la capitale. Il faisait exceptionnellement beau ce jour-là. Peut-être un signe, mais de qui ? L’Empereur-Dieu ? Non. Alors, lors de la descente des marches de l’avion, la délégation estalienne fut accueillie par les quatre diplomates ainsi que des journalistes altrechtois qui, depuis la chute de l’ancien régime, avaient commencé à pulluler. Après des présentations en bonne et due forme, après des photos historiques, après avoir parlé aux journalistes si les estaliens le souhaitaient, le groupe de diplomates partit en direction de l’ancien palais impérial, seul endroit du pays à même de recevoir une délégation, faute de temps pour construire un nouveau bâtiment. Mais le lieu de la rencontre serait particulier. Ils n’allaient pas entrer dans un bureau au chaud avec des petits gâteaux et des serviteurs, non. Ils allaient faire la rencontre dans les jardins impériaux. Des tables et meubles avaient été alors aménagés autour pour pouvoir disposer du nécessaire diplomatique. Mais les altrechtois souhaitaient marquer le coup. Montrer qu’ils se désolidarisaient de ce lieu rempli de mensonge et de souffrance. Il y avait autour d’eux des gâteaux secs, du lait tiède, de l’eau et du café. Personne pour les servir, personne pour les entendre. Ils étaient coupés du monde en pleine nature artificielle dans les magnifiques jardins du palais.

J’espère que vous avez fait bon voyage, camarades. dit Claus Wendland, l’homme qui présidait la rencontre.
Nous vous souhaitons la bienvenue sur ce lieu rempli d’histoire. Si vous souhaitez quelque chose, je vous en prie, servez-vous. Il se leva pour prendre un café et des gâteaux secs.

Je pense que nous pouvons débuter cette entrevue. Vous nous avez communiqué votre souhait d’éclaircir mutuellement nos positions dans la région, qu’entendiez-vous par là ? Laissant le temps aux diplomates estaliens de répondre et d’entamer les discussions.

Au-dessus d’eux venaient de passer des oiseaux blancs au bec noir. Ils étaient très rapides, mais leur présence était un signe de la prospérité environnementale du lieu, préservé de toute révolution.
La délégation estalienne avait suivi les Altrechtois sans faire d'histoires. Une fois posés, bien que le cadre n'était pas pleinement conventionnel, l'endroit plut quelque peu à la Commissaire. Elle qui avait l'habitude d'être accueillie (ou d'accueillir elle-même) au sein d'immenses complexes diplomatiques conçus pour accueillir les délégations les plus importantes, aucune création humaine ne pouvait égaler la tranquillité et le calme serein de la nature et de la végétation et bien que ce calme était relatif (après tout, on restait au coeur d'une capitale où les bruits de circulation étaient courants), l'endroit mit la Commissaire en confiance. Du moins, c'est ce qu'elle laissait transparaître. La guerre avec l'Hotsaline, les déclarations de l'Altrecht et sa posture éminemment pacifiste questionnait beaucoup la Commissaire quant à la nature des "camarades" qu'elle avait en face d'elle.

"Oui, je pense qu'avant de poser les cadres d'un accord quelconque entre nos deux pays, je pense que nous pourrions clarifier chacun notre position diplomatique en Eurysie Centrale, j'aimerais que l'Altrecht m'expose ses objectifs et sa vision diplomatique dans la région ; pour ma part, nous essaierons de clarifier notre propre position afin que chacun ici à cette table soient conscients de nos objectifs communs ou des divergences que nous pouvons avoir.

Pour notre part, l'Estalie cherche avant tout à renforcer les nations existantes partageant les idées libertaires en Eurysie Centrale. Comme vous devez certainement le savoir, l'Estalie s'est chargé de la protection de la Kaulthie, plus au sud ; c'est une nation encerclée, qui sortait d'une longue et douloureuse guerre civile et qui est entourée d'ennemis idéologiques. Nous avons mis en oeuvre une longue stratégie de coopération avec eux afin que ces derniers puissent non seulement se relever économiquement de leur guerre civile mais également afin de renforcer leurs forces armées, particulièrement faibles en comparaison des puissances militaires régionales qui les entourent. Le cas kaulthe est un peu un cas d'école dans ce cadre et nous pensons qu'il est urgent de reproduire la même chose avec vous : l'économie altrechtoise doit s'adapter à son nouveau modèle politique et doit se renforcer pour pouvoir peser pour ne pas se faire dicter sa loi par les bellicistes d'Hotsaline ou les capitalistes avides qui pullulent dans la Mer Blanche et au-delà. Votre révolution a surpris beaucoup de monde, attire les yeux d'un plus grand nombre de pays encore et de ce fait, vous pourriez être la cible de vos voisins dans un avenir proche. Et comme l'épisode hotsalien nous le rappelle : vous devez compter sur la protection conjointe de l'Estalie et du Grand Kah pour survivre. Or, imaginez si le Kah ne dispose plus de son groupe aéronaval dans la région ou si l'Estalie est engagée dans un autre théâtre d'opérations, que feriez-vous ? Dans cette optique, ce que l'on espère ici avec mes collègues, c'est justement que dans ce type de cas, vous soyez en capacité de vous défendre seuls.

Contrairement à ce que la propagande onédienne essaie de faire avaler aux anti-communistes du monde entier, nous souhaitons uniquement accroître vos capacités d'autonomie stratégique pour que vous n'ayez plus à dépendre exclusivement de notre protection et je pense que nous pouvons nous mettre d'accord dessus. Cela étant dit, entre l'instant présent où vous dépendez de nous et le moment où vous serez stratégiquement autonomes, il existe un écart temporel de quelques années qui nécessite que la protection estalienne, et je suppose kah-tanaise, dispose de moyens tangibles pour assurer votre protection.
"

La Commissaire prit alors son stylo, s'attendant à ce que la délégation altrechtoise précise désormais ses propres objectifs stratégiques.
La délégation s’installant dans les jardins du palais d’Ehrenstadt remarqua seulement le bruit des oiseaux chantant dans les arbres environnant la rencontre. Les routes principales menant au palais impérial n’étant qu’à pratiquement 2 kilomètres autour de celui-ci, le temps paraissait paisible. On pouvait entendre cependant, si l’on prêtait attention, les débats mouvementés de l’assemblée révolutionnaire. Des bruits à peine audibles et peu compréhensibles.

Parfait, nous tâcherons de vous éclairer au mieux sur nos positions. L’Altrecht est un État révolutionnaire en transition vers un système communaliste. Cependant, nous sommes marqués par nos propres réalités, bien différentes des kah-tanais. Ainsi, notre vision du communalisme, malgré l’influence du système kah-tanais, reste particulière, notamment dans sa vision de la révolution. Nous pensons que la voie des armes pour forcer un peuple à changer de régime n’est JAMAIS la solution. Notre vision est une approche économique et idéologique : prouver au peuple que nos nations et nos régimes sont purs et prospères est la voie du changement. Passer par des voies diplomatiques, comme par exemple forcer l’autorisation qu’un pays accueille un parti d’extrême gauche dans ses débats. Une action qui passerait par la discussion et non par la violence, et par des leviers autres que militaires, notamment diplomatiques et économiques, qui restent d’après nous une arme de premier choix.

Voici une clarification de nos positions idéologiques et notamment sur le sujet de la transmission aux autres peuples de la révolution. Maintenant, nos positions concrètes sur la géopolitique continentale. L’Altrecht se tiendra TOUJOURS aux côtés de ses alliés du continent, sans jamais faiblir face aux menaces extérieures. Nous comptons d’ailleurs annoncer la création d’une loi d’intervention militaire si une nation idéologiquement compatible est menacée ou directement en guerre, afin de pouvoir contourner notre pacifisme assumé. Car oui, nous sommes pacifistes, d’un pacifisme purement contre une agressivité étatique et belliqueuse qui a pu parfois toucher des pouvoirs d’extrême gauche et que nous ne voulons pas reproduire. Mais notre pacifisme n’est pas un acte de démilitarisation, c’est l’assurance de notre nation envers le reste du monde que nous ne sommes plus de ceux qui agressent et qui tuent, mais bien de ceux qui se défendent et aident leurs camarades du continent et du monde.

Notre politique diplomatique ira vers le rapprochement avec les autres nations d’extrême gauche du continent puis du monde, ainsi que vers la paix locale, envers nos voisins. Par là, j’entends que nous chercherons à détendre les nations comme la Rimaurie, Velsna, l’Hostaline ou encore Menkelt, sur nos intentions de paix et de prospérité. Envoyer un message de fin des tensions et de renouveau de relations cordiales. Oui, nous assumerons la tâche de pouvoir faire avancer nos idéaux par la voie diplomatique, même face à des nations si farouchement opposées à ces derniers, car telle est la voie votée dans notre assemblée et ancrée dans nos esprits. La paix et la révolution, par la diplomatie, le pacifisme et l’économie florissante.

Vous soulevez cependant un point important : notre défense. L’Altrecht a démontré qu’elle n’était qu’une puissance mineure de la région et, face à des puissances agressives comme l’Hostaline, nous restons peu armés afin de contrer ses objectifs offensifs sans nos alliés estaliens et kah-tanais. Ainsi, nous sommes ouverts à une collaboration poussée avec notamment vos deux nations afin d’assurer, le temps de transitionner vers une autonomie stratégique, notre défense communale. Camarades, nous sommes ouverts, à titre révocable, à la création de bases militaires terrestres, maritimes et aériennes sur notre territoire. Oui, vous nous avez prouvé être une nation aux engagements forts et à la fermeté d’action, capable de nous protéger, et ainsi vous êtes les bienvenus si vous en faites la demande. De même que pour le Grand Kah, nous vous proposons de partager notre port militaire de Sankt Arndt, plus grand port militaire d’Altrecht, afin de pouvoir, si vous le souhaitez, y amarrer une flotte. J’y vois ici l’opportunité pour vous de pouvoir, avec le monstre économique que vous êtes, créer une flotte nouvelle afin de vous affirmer sur de nouveaux espaces dont vous n’avez pas l’accès. N’y voyez pas seulement un beau geste, il est purement orienté. En effet, nous avons des raisons de penser que la flotte aéronavale kah-tanaise risquait de devoir faire demi-tour de la Manche Blanche. Et si celle-ci devait renoncer à sa position hautement stratégique pour nous, nul ne pourrait nous garantir protection dans les eaux tumultueuses de cette mer, bordée par de nombreux pays fascistes qui risquent de s’en prendre à notre nation. Ici, nous voyons en vous un moyen de pouvoir nous garantir sécurité sur les flots, espaces dont nous n’avons quasiment aucune autorité et aucune force majeure.

Enfin, je terminerai au sujet du commerce. Notre nation voit le commerce comme un outil de prospérité et de propagation de nos idéaux partout où nous vendons. Nous pensons que cette voie est un privilège pour nous, alliant combat idéologique et outil de reconstruction de notre pays. Nous avons déjà échangé avec les Velsniens qui ont accepté de protéger notre commerce en Manche Blanche. Un atout stratégique pour notre nation que nous ne laisserons pas être détruit. Nous n’irons donc pas contre les intérêts velsniens, car ils sont une source stratégique majeure qui est vue d’après nous comme l’essence de notre victoire idéologique sur le monde que nous aspirons à créer ensemble. Nous commercerons avec le monde, peu importe le statut du pays acheteur, du moment que ce dernier ne menace pas nos intérêts, car c’est ainsi que nous pensons le monde idéologique utopique souhaité.


Claus Wendland but alors son café avec grand bruit pour casser le silence qui venait de s’installer après son monologue, dont il pensait qu’il pourrait ennuyer son hôte. Claus avait des a priori sur les Estaliens. On lui avait répété toute sa vie qu’ils étaient des bêtes sauvages souhaitant la guerre contre tous ceux différents d’eux. Une vision bien loin de la personne devant lui et de la vision de l’Altrecht sur le monde.
La Commissaire nota quelques points dans ses notes. Comme elle s'y attendait, les Altrechtois ont une expérience...limitée de ce que doit être la Révolution, surtout quand celle-ci a une volonté internationaliste. Le pacifisme déclaré de l'Altrecht déplaisait fortement aux Estaliens, et ça se voyait sur la tête de la plupart des dignitaires estaliens de la délégation, bien que la Commissaire restait complètement de marbre, se contentant d'acquiescer et de rester impassible. Ce pacifisme déclaré n'était pas un problème au sens idéologique du terme car bien que les Estaliens soient des militaristes assumés, ce militarisme et cette propension à entrer activement dans le conflit armé n'est pas un idéal à atteindre mais un moyen au service de l'idéologie. Pour faire bref, dans le courant libertaire, les Estaliens sont la représentation iconique du dicton : la fin justifie les moyens. C'est une vision qui paraît très radicale au premier abord, autant pour les anti-communistes que pour les camarades du monde libertaire, mais elle est empreinte d'une logique de confrontation avant tout et surtout d'une vision du monde pragmatique : les Etats capitalistes et réactionnaires refuseront toujours par eux-mêmes de déléguer le pouvoir à leurs peuples, c'est dans leur nature même. Aucune révolution ne s'est faite sans violence et l'Altrecht elle-même en est un formidable exemple. Or, les Etats du XXIe siècle sont à ce jour surpuissants par rapport à leurs peuples, leurs moments de faiblesse sont très rares et lorsque ces derniers se déclenchent, rares sont les peuples qui ont la lucidité d'en profiter pour frapper le pouvoir central et acquérir enfin sa liberté de l'oppression du système. Le capitalisme est encore plus vicieux puisqu'il se nourrit des crises qu'il provoque et du dissensus produit par d'autres franges politiques comme l'extrême gauche dont les fondements sont dissous dans une forme de protestation molle, pacifique et institutionnelle qui finit par perdre ses principes de base que sont la démocratie directe, le socialisme, l'anticapitalisme et la lutte des classes. Il ne s'agit donc pas d'imposer aux peuples une idéologique quelconque mais de leur ouvrir la voie pour parvenir à la Révolution ; les idées sont une chose mais leur réalisation en est une autre et les Estaliens comprennent que s'ils souhaitent faire advenir un jour une véritable société anarchiste, les frontières doivent disparaître, les Etats également. Or, l'Etat ne souhaite pas disparaître volontairement, il se battra et usera de ses larbins lobotomisés par la propagande pour y parvenir. La compassion pacifiste des Altrechtois pour leurs ennemis idéologiques n'est donc pas la bienvenue pour les Estaliens mais passons ces différences car l'Altrecht, malgré sa bonne volonté de ne pas apparaître comme un pays agressif, oublie que les apparences d'agressivité ou de passivité n'importent que peu pour ses voisins qui seront à l'aise d'opprimer d'autres peuples et à étendre leur influence en sachant pertinemment que l'Altrecht ne bougera pas le petit doigt. Aucun anarchiste de conviction ne souhaite la guerre, mais chacun sait aussi que c'est une nécessité malgré tout, car l'ennemi, lui, n'hésite pas à prendre les armes pour défendre ses idées, aussi nauséabondes soient-elles. Volkiava devait maintenant retranscrire cette logique de réalisme révolutionnaire en des termes plus...diplomatiques, auprès de ses camarades altrechtois :

"Je comprends votre logique pacifiste, camarades et sachez que c'est tout à votre honneur de défendre des idéaux aussi nobles que la paix. Cela étant dit, je pense que cette vision très idéaliste de la politique étrangère altrechtoise constitue sûrement le principal point de divergence entre vous et nous. Vous considérez que la seule manière d'étendre la Révolution est de projeter une société idéale aux autres peuples pour les inciter à se rebeller contre leurs oppresseurs et à embrasser les idéaux libertaires. Cependant, je pense que vous oubliez une chose, camarades : les Etats capitalistes et réactionnaires refuseront tout bonnement notre vision du monde libertaire si aucune pression ne leur est faite. L'Histoire est faite de rapports de force, dès lors que deux groupes opposés cherche à avoir une influence sur l'autre, un rapport de force s'établit instinctivement, c'est dans la nature même de l'Homme. Je comprends votre logique, que j'ai tendance à énoncer comme la stratégie du phare, mais cette stratégie n'est qu'un bouclier. La Révolution nécessite à la fois un bouclier et une épée. C'est ce que l'Estalie a fait : elle a construit une économie robuste, s'est industrialisée à très grande vitesse, a augmenté durablement le niveau de vie de sa population et l'a protégé contre les menaces contre-révolutionnaires à ses frontières. Il suffit de voir l'état de l'Estalie il y a cinq ans pour se rendre compte du progrès fulgurant de notre Fédération. Pourtant, cet état de fait n'est qu'un bouclier, un moyen de protéger les peuples de la Fédération. Cependant, l'épée de la Révolution ne consiste pas à juste bâtir chez nous car la propagande aura toujours un meilleur effet que toutes les merveilles que l'Homme peut construire en pays libertaire, l'esprit humain est facilement malléable, d'autant plus quand il est inclus dans une foule. L'épée de la Révolution réside donc ailleurs et compte tenu de l'essence même des Etats, coercitifs et violents contre toute menace institutionnelle, il faut répondre également par la violence. Personne en Estalie n'aime la guerre, sachez-le. Mais nous savons tous que c'est une nécessité, l'esprit internationaliste de notre Fédération nous incite à ne pas abandonner nos frères et soeurs du genre humain opprimés, nous ne dormirons jamais sur nos deux oreilles tant qu'il existera encore des petits groupes d'élites opprimant leur propre peuple par simple appât du gain ou du pouvoir.
Karnaukhov, le second de la Commissaire et représentant du Congrès International des Travailleurs, profite de la fin de l'aparté idéologique de sa collègue pour reprendre la main sur les questions d'ordre pratique.
- Bien que nous ayons des divergences sur ces quelques points, sachez que l'Estalie n'est pas là pour imposer ses vues à l'Altrecht d'une quelconque manière que ce soit, l'Altrecht reste un pays souverain avec sa propre politique étrangère, nous nous attendons seulement à ce que nos camarades respectent les accords qu'ils consentent à signer, rien de plus.
- Cela étant dit, camarades, nous sommes heureux d'entendre que vous êtes prêts à coopérer pleinement avec la Fédération dans un cadre défensif. Actuellement, l'Estalie peut consentir à établir des bases militaires terrestres et aériennes sur votre sol tant que cela sera nécessaire pour votre défense, jusqu'à que l'Altrecht sera en capacité de se défendre seul face aux menaces extérieures. Quant aux bases navales, comme vous le savez, l'Estalie est une nation enclavée, elle n'a pas accès à la mer et de ce fait, je ne suis pas sûre que cela sera d'une utilité quelconque que l'Estalie dispose de bases navales, surtout si c'est à titre temporaire sur quelques années. En effet, on ne construit pas une flotte dans des chantiers navals et dans des bases navales que l'on sait pertinemment comme temporaires, une flotte se construit et se conserve sur le long terme. A moins de rendre ces bases permanentes, je n'en vois pas l'utilité. Cela étant dit, comme je vous l'ai dit, si l'Estalie consent à déployer des unités militaires, terrestres ou aériennes, chez vous, la Fédération souhaite également soutenir vos efforts d'autonomisation économique et militaire. Comme vous le savez peut-être, l'Estalie participe activement aux réformes de l'Armée Communale de la Kaulthie et nous pensons qu'en l'état de vos forces armées actuelles et de la future présence estalienne sur votre sol, il serait d'intérêt public que l'Estalie participe également aux réformes de votre armée. Ces réformes comprennent évidemment des réformes structurelles, logistiques et stratégiques mais aussi du ravitaillement. L'Armée Rouge dispose de certains stocks qu'elle peut fournir gratuitement aux forces armées alliées. Bien sûr, compte tenu de la restructuration de nos propres forces cette année, certains équipements ne pourront vous être garantis pour l'instant mais sachez que tout équipement qui vous sera fourni vous sera transmis à titre purement gratuit, il est absurde que notre Fédération vous facture votre propre protection, surtout quand le modèle productif estalien est structurellement en surproduction constante. Enfin, pour ce qui est de l'aspect commercial, nous ne vous jetons pas la pierre en ce qui concerne vos accords avec les Velsniens, nous espérons seulement que Velsna ne vous rendra pas dépendants sur le plan économique, cela irait à l'encontre de la finalité même des accords que nous négocions ici même qui consistent à vous donner toutes les cartes en main.
"
Les diplomates derrière Claus Wendland prenaient des notes des dires de chacun. Claus écouta avec attention les mots des Estaliens et comprenait les doutes que le diplomate exprimait. Mais l'Altrecht avait beau être une nation pacifiste, elle n'en est pas moins militariste. Loin de cette idée que pacifisme égale la non-violence. Non. L'Altrecht n'est pas une nation naïve. Il fallait que ses forces soient développées afin de pouvoir être plus qu'un pion dans un échiquier géopolitique hautement tendu et susceptible.

Je dois tout d'abord vous dire que nous comprenons vos doutes. Et soyez-en rassuré, si cette position de nation pacifiste devient trop inconfortable et non pragmatique, nous n'hésiterons pas à retirer cette loi. Nous en sommes tous conscients. Mais comprenez que cette position reste pour le moment confortable par le reflet que veut envoyer notre nation au reste du monde et notamment à nos ennemis politiques plus puissants. Ici je pense à Velsna et à la Rimaurie qui, sans ce pacifisme assumé, risqueraient de prendre des mesures de nuisance contre nous. Certes, nous avons le soutien de nos camarades comme l'Estalie. Mais nous ne voulons pas voir nos enfants grandir dans des plaines dévastées par les obus de la guerre. Vos conseils sont pris en compte et nous tâcherons, le moment venu, de les écouter si cette stratégie pacifique nous cause plus de tort que de bienfaits.

Concernant les infrastructures militaires. Pour les bases militaires terrestres et aériennes, il n'y a aucun problème à vous accueillir, aucune difficulté. Et je pense pouvoir même dire que notre gouvernement sera ravi de pouvoir vous aider à agrandir vos futures infrastructures, voire même en construire de nouvelles afin de collaborer un maximum avec votre nation devenue notre garante. Concernant la base navale, nous pensons qu'un accord de cession d'une de nos îles au large de nos côtes pourrait être une solution plausible pour régler le problème de la continuité de votre future marine. Nous sommes convaincus des bienfaits de cette dernière. Ainsi nous acceptons, si vous le désirez, afin d'obtenir l'île de "Reiston", qu'en échange d'un droit de regard sur cette île, notamment sur son développement, vous l'obteniez. Ce droit de regard aura notamment pour effet de ne pas empiéter sur nos revendications de ZEE historiquement réclamées par l'Altrecht, ainsi que sur le développement des infrastructures locales qui devront être en accord avec notre politique locale. Mais une fois cédée, seuls vous en serez les maîtres et aucun gouvernement altrechtois ne pourra réclamer son retour de manière légitimement fondée. En outre, cette base navale ne pourra servir que pour la réception de votre future flotte mais également d'un petit aérodrome afin de pouvoir être indépendant de notre territoire. Enfin, je terminerai par son emplacement. L'île se trouve sur la pointe nord du pays, à 110 kilomètres de Sankt Arndt et à 6 kilomètres de nos côtes.

Cependant, nous comprendrons votre réticence si jamais vous ne souhaitez pas entreprendre un tel projet.
Du côté estalien, on sentait un certain étonnement de la part des délégués. Volkiava avait hallucinée ? Non, elle avait bien entendue. Les Estaliens allaient obtenir une base navale en bail aussi facilement ? Il ne fallait pas en vouloir aux Estaliens d'être légèrement étonnés face à cette acquiescement aussi soudain de la part de l'Altrecht, la diplomatie estalienne avait souvent l'habitude de se confronter à des murs et d'obtenir des concessions au prix d'âpres négociations. Pourtant, la négociation avec l'Altrecht fut assez...simple. Au moins, ils ne divergeaient pas en sermons moralisateurs et creux comme les Teylais ou en propos indécis comme les Kaulthes. Il n'y avait pas de "on verra plus tard". Au lieu de ça, les Altrechtois avaient décidés d'être francs et directs. Tant mieux, se disait la Commissaire, on ira plus vite comme ça.

"Eh bien...ces conditions sont extrêmement favorables. Je ne vois aucune raison de refuser une telle offre, vous pourrez être certains que nous serons disposés à nous déployer sur cette île avec un tel accord, c'est certain. Cela étant dit, j'aurais besoin de deux clarifications supplémentaires au sujet de cette île. Tout d'abord, serait-il possible de nous mettre à disposition la localisation géographique précise de cette île ? Je sais que vous venez de le dire à l'oral mais nous aurions besoin de la localisation sur la carte pour que le Congrès International des Travailleurs soit bien au courant de la localisation de notre future base. Ensuite, sur un ordre plus opérationnel, sachez qu'il est probable que dans le cadre de cette base, nous y construisions non seulement une base navale mais également une base aérienne et des chantiers navals supplémentaires afin que l'Estalie puisse y construire indépendamment sa propre flotille locale. Cela dit, je conviens qu'il serait plus profitable pour vous que ces chantiers soient fournis en personnel altrechtois. Comme vous le savez, en tant que nation enclavée, l'Estalie ne dispose d'aucune expertise en construction navale et les coopératives estaliennes, si elles savent construire des bateaux de pêche ou des navires fluviaux (compte tenu de la présence de fleuves et de lacs en Estalie) et qu'elle sait entretenir et construire des infrastructures portuaires grâce à l'expérience acquise en Translavya, nos coopératives seraient bien incapables de construire des navires de guerre sans experts étrangers. Ainsi, il serait préférable que ces chantiers navals soient fournis en experts altrechtois et en ouvriers locaux ; non seulement, cela résoudra pour notre part le problème d'expérience étant donné que vous êtes une nation côtière, mais cela vous permettra en même temps d'augmenter le nombre d'emplois pour vos concitoyens. Cela devrait donc stimuler l'économie locale de surcroît.
Karnaukhov se râcla le fond de la gorge pour reprendre la suite.
- Si je peux me permettre, camarades, en parlant d'économie, il serait peut-être de bonne augure d'étendre notre coopération au domaine civil et pas seulement militaire. En effet, bien que nous soyons au courant de vos accords avec les Velsniens, il serait peut-être plus prudent pour vous de diversifier vos partenaires économiques, en premier lieu avec l'Internationale Libertaire. De ce fait, nous pourrions accroître entre la Fédération et l'Altrecht notre coopération économique. Par exemple, nous pourrions former des coopératives inter-fédérales estalo-altrechtoises afin de fluidifier les échanges commerciaux. De même, compte tenu de la Révolution violente à laquelle vous venez d'assister et du fait de votre développement économique actuel, il serait bénéfique que l'Estalie vous propose directement une aide technique. Cette aide technique serait non seulement humaine par l'envoi d'experts et de techniciens dans le domaine du bâtiment, de l'électricité, des infrastructures, des agronomes ainsi que des techniciens industriels afin que ces derniers aident le tissu économique altrechtois à optimiser sa production et à réformer petit à petit le système économique altrechtois car vous le savez comme nous, l'Altrecht était encore il y a peu une nation dont l'économie reposait sur des règles hautement capitalistiques. Or, la première étape de la libération une fois la Révolution achevée, c'est bien l'abolition progressive des règles économiques capitalistes afin d'instaurer un modèle économique coopératif et auto-géré et dans ce domaine, l'Estalie a prouvé en quelques années qu'elle savait construire un système économique post-capitaliste durable et rivalisant avec les plus grandes puissances capitalistes. Nous pensons donc sincèrement que vous pourriez bénéficier de cette aide technique. Cette aide se concrétiserait également sous la forme d'exportations vers votre pays en matériel : machines-outils lourdes, machines agricoles, composants électroniques, réactifs chimiques, le tout sera exporté à des tarifs préférentiels afin que les fournisseurs altrechtois puissent bénéficier de cette aide à moindre coût. Enfin, il est également préférable qu'un programme d'échanges universitaires soit également mis en place, autant dans le domaine civil que militaire. Ainsi, des places seront ouvertes à l'Académie Militaire Révolutionnaire de Mistohir pour les élèves-officiers altrechtois afin que ces derniers puissent étudier sereinement et apprendre de l'expérience militaire estalienne et des doctrines de l'Armée Rouge. De même, nos universités pourront effectuer des échanges réguliers d'étudiants afin de rapprocher non seulement nos deux peuples qui, jusqu'à là, se détestaient et dans le même temps de permettre notamment aux étudiants altrechtois de venir étudier dans les universités estaliennes les plus réputées, afin de leur fournir les compétences techniques requises qui pourront ensuite bénéficier à la croissance économique de votre pays."
La discussion s'accélérait et devenait de plus en plus concrète. L'Altrecht souffrait et souffre encore d'un retard économique vis-à-vis des autres nations capitalistes rivales de ce monde, et notre pays le savait. La proposition économique et la collaboration militaro-universitaire proposée par les Estaliens était intéressante, mais pouvait être poussée encore plus loin.

Très bien. Nous pouvons tout à fait envisager le début des travaux pour l'aménagement de l'île afin d'y développer son aérodrome. Il est vrai que nous avons cette expertise maritime concernant l'agrandissement maritime, notamment avec des techniques de pilotage ou encore de simple remblaiement. Cependant, la durée des travaux afin de parvenir à une installation militaire digne de ce nom pourrait bien prendre une année et demie, voire deux ans à agrandir selon les retards divers. Nous pouvons donc espérer pouvoir prévoir la fin des travaux d'ici mars 2019. En attendant, nous pensons pouvoir collaborer avec vous sur notre expertise navale qui reste, soyons clairs, de l'ordre de l'essentiel militaire. Les spécialistes du domaine étant principalement le Grand Kah. Dans cette attente, et en préparation à un déploiement, nous pouvons d'ores et déjà vous attribuer des places pour vos futurs navires dans notre port militaire de Sankt Arndt de manière temporaire afin de débuter sans attendre le développement d'une flotte. Nous allons également nous pencher sur le sujet afin qu'en collaboration avec votre nation, des navires puissent voir le jour. D'ailleurs, voici l'emplacement précis de cette île :

Cartehttps://i.postimg.cc/XqyzxZtJ/Base-Naval-Estalienne.png

Maintenant concernant vos propositions économiques. Je vais être franc avec vous. Nous restons très prudents quant à la normalisation de coopératives interfédérales. Notre économie n'est pas spécialement adaptée pour pouvoir, à grande échelle, développer ce genre de coopératives. Nous pensons donc qu'il serait favorable de faire des paliers avant d'arriver à cet objectif qui, comme vous l'avez rappelé, comporte de nombreux atouts. Nous pensons notamment débuter des expériences à échelle réduite dans un premier temps afin de pallier des problèmes éventuels et, avec la collaboration d'un camarade économiste estalien détaché par votre gouvernement pour nous aider, viser à agrandir ce genre d'initiative dans les domaines les plus sensibles économiquement. Soyons clairs : nous ne voulons pas tomber dans une dépendance économique envers votre nation. Nous visons la collaboration et l'accroissement de richesse intérieure par l'entente mutuelle et la facilitation du commerce qui en résulterait avec votre grande nation. Nous ne doutons pas de vos intentions non plus, mais l'économie est le cœur d'un pays, nous nous devons donc de la protéger. Autrement, concernant la collaboration civile pour dépasser le statut de nation capitaliste qui était le nôtre avant la révolution, nous sommes ouverts à une collaboration avec vos experts sur un tournant économique. Nous pouvons notamment mettre en place des mesures poussant nos entreprises privées à demander des consultations d'experts estaliens afin de faciliter leur transition vers une économie coopérative et autogérée. Dans ce sens, nous pensons d'ailleurs à forcer l'union de nos différentes compagnies ferroviaires, d'électricité, de distribution d'eau et de gaz, ainsi que nos filières de grande distribution afin de parvenir à cette fin. Mais cette initiative risque de déplaire à nos actionnaires ainsi qu'aux élites du pays déjà en place. Nous avons donc besoin de conseils de nos camarades estaliens sur la question. Enfin, concernant la question d'aide matérielle, nous pensons pouvoir affirmer que notre principale expertise reste le domaine industriel. Une aide matérielle est toujours la bienvenue mais reste peu appropriée à nos besoins actuels qui sont principalement des besoins agricoles et d'élevage. Cependant votre proposition d'importation de composants électroniques et de réactifs chimiques pourrait nous intéresser car étant nécessaire pour nos besoins de consommation.

Je terminerai par les échanges universitaires. Nous y sommes très favorables notamment dans les domaines civils car ayant du retard et un manque de connaissances autonomes en économie coopérative et autogérée. Ce serait une solution concrète et à long terme d'une stratégie de transition économique qui valoriserait les acquis de notre révolution. Concernant les échanges militaires de nos élèves officiers, nous y sommes également extrêmement favorables et pensons même imposer, pour la dernière année de formation, l'envoi de nos élèves afin de former concrètement l'élite des officiers de notre armée dans un dispositif de coopération plus ample avec l'Armée rouge. Nous pensons donc que grâce à cette année de formation en Estalie, nos futurs officiers développeront des compétences linguistiques, stratégiques et tactiques militaires afin de pouvoir collaborer un jour en cas de guerre sans avoir besoin d'un entraînement régulier interarmées. Disons-le clairement : si nous copions le système structurel et opérationnel militaire estalien, alors notre armée n'aura pour seule différence que la géographie locale ainsi que la langue de nos camarades soldats, n'empêchant pas la communication entre nos officiers car ayant acquis des compétences linguistiques communes pour organiser une coopération militaire poussée. Enfin, avec des entraînements réguliers interarmées, nous pourrons affirmer à l'avenir que nos armées ne formeraient philosophiquement plus qu'une. Une sorte de perfection militaire.


Laissant le temps à son interlocuteur de répondre.
Une fois de plus, les Estaliens semblaient toujours assez surpris par l'ouverture des propositions et des contre-propositions altrechtoises. Ce n'était pas pour leur déplaire, bien entendu, et il y avait sûrement une volonté altrechtoise de satisfaire du mieux qu'ils pouvaient via la diplomatie les intérêts estaliens, au moins pour éviter de futurs désaccords qui semblent parfois inévitables, même entre alliés. Ils voyaient sur le long terme, c'est bien, même si la Commissaire craignait que cette ouverture qui leur était faite était considérée comme une normalité par les Altrechtois et dans ce cas, si les Altrechtois sont capables de proposer de telles concessions à leurs alliés, que peuvent-ils concéder à leurs ennemis ? Peut-être beaucoup plus que ce les Estaliens aimeraient que l'Altrecht concède. Au moins, les négociations n'auraient pas à durer éternellement et risquent d'être plus courtes que ne le pensait la Commissaire : les Estaliens avaient eu ce qu'ils voulaient ; mieux que ça, l'accord dépassait même leurs espérances initiales. Il suffisait maintenant de peaufiner l'accord afin de renforcer définitivement les liens estalo-altrechtois de manière définitive et s'assurer que la coopération entre l'Estalie et l'Altrecht atteigne progressivement la même échelle d'uniformisation, d'autonomisation progressive et d'interopérabilité que celle qui a cours avec des pays comme la Kaulthie, la Kartvélie, la Barvynie ou la DCT. Karnaukhov semblait un peu moins satisfait que la Commissaire, cela dit. En effet, la réponse altrechtoise ne l'enchantait pas, pas nécessairement à cause de leur réticence sur certains domaines mais davantage par leur trop forte modération sur le plan économique. L'Altrecht compte encore des entreprises privées qui pratiquent encore activement l'actionnariat, le salariat ainsi que toutes les formes d'exploitation et de domination économique capitalistiques que l'Estalie s'était juré de combattre et que tout bon libertaire est sensé combattre également. Or, les Altrechtois ont étés...timorés sur le sujet. Karnaukhov en déduisait la chose suivante : si les entreprises privées existent encore, alors la propriété privée sur les moyens de production est encore d'actualité en Altrecht, le pays dispose toujours d'une classe bourgeoise qui exploite le prolétariat et donc le pays est également sujet à une contre-révolution car si la bourgeoisie détient, après une révolution, encore du pouvoir économique, il l'utilisera afin de financer et de former la Réaction. Ainsi, si l'Altrecht est un jour sujet à une offensive réactionnaire, la source de cette offensive proviendra en premier lieu de l'économie. En bref, la faiblesse de l'Altrecht ne réside pas dans sa faiblesse militaire, la menace hotsalienne ou onédienne et d'une potentielle invasion étrangère, elle découle de ses propres structures économiques contradictoires entre un système politique qui se veut communaliste mais qui continue de tolérer l'existence des structures d'oppression capitalistes qu'il est sensé combattre.

"En ce qui concerne l'île de Reiston et la construction de la base sur place, vos délais sont assez longs mais ils sont assez réalistes si on imagine que cette base soit construite par l'unique main d'oeuvre et le génie civilo-militaire altrechtois. Je pense que si l'Estalie apporte ses propres ressources matérielles et humaines pour la construction des infrastructures aéronavales sur place, nous pourrions largement raccourcir le processus de construction à plusieurs mois seulement. Il faudrait que cette base soit opérationnelle le plus vite possible dans les plus brefs délais afin d'assurer votre protection d'une part et nous assurer de notre côté plus de temps de préparation ; un déploiement à l'extérieur de la Fédération, c'est beaucoup de temps et d'organisation et en fonction de nos forces matérielles disponibles, surtout avec les événements actuels dans la région, nous devons être en capacité d'acheminer rapidement du matériel en grande quantité en peu de temps.
Karnaukhov prit son dossier afin d'enchaîner directement sur l'aspect économique.

- Si vous voulez mon avis, camarades, quant à la question économique, il me semble essentiel de comprendre que votre régime ne pourra subsister et durer dans le temps si vous laissez pendant trop longtemps les structures capitalistes continuer de faire la loi dans votre système économique. Vous dites que vous ne souhaitez pas braquer les actionnaires mais les actionnaires des grandes entreprises privées sont nos ennemis principaux dans toute bonne lutte révolutionnaire, ils sont la première ligne de l'oppression contre le prolétariat que vous avez juré de défendre et de servir. Le système théocratique que vous avez renversé n'est que la façade, la vitrine, de l'oppression mais il ne constitue pas son moteur principal, c'est bien les rapports de domination de l'exploiteur envers l'exploité qui est la source de la répression, des inégalités socio-économiques, de la paupérisation des classes populaires. En ne vous attaquant pas aux entreprises privées et en ne saisissant pas dès le départ les classes oligarchiques et bourgeoises de leur pouvoir économique, vous vous exposez volontairement à une contre-révolution. Les bourgeois sont par nature le moteur des mouvements réactionnaires, ce n'est qu'une question de temps avant que la bourgeoisie altrechtoise ne forme à son tour un mouvement d'opposition réactionnaire et renverse votre régime. Le tout en maintenant encore davantage les structures d'oppression sur le prolétariat. Ce que je pense, camarades, c'est que vous êtes encore trop modérés dans votre approche économique et qu'à cause de la peur de toucher à quelque chose au risque de tout casser, vous incitez à l'immobilisme économique. Je comprends votre réticence à ne pas finir dépendants de l'Estalie, c'est un souhait parfaitement compréhensible mais compte tenu de votre immobilisme, je crois qu'il devient urgent que l'Estalie prenne en main certains aspects économiques, non pas en saisissant le contrôle bien sûr, mais en vous incitant fortement à transitionner votre économie capitalistique actuelle vers une économie coopérative et auto-gérée qui mettra à l'abri votre population et votre régime de la Réaction. Et pour cela, les coopératives inter-fédérales sont, à mon sens, une bonne idée : des coopératives déjà existantes et bien structurées estaliennes pourront apporter le modèle coopératif en Altrecht en disposant d'une partie avec des travailleurs altrechtois qui apprendront auprès de leurs camarades estaliens l'autogestion qui étendront ensuite le modèle à l'ensemble du tissu productif altrechtois. En bref, les coopératives inter-fédérales ont deux objectifs concrètement : d'introduire le modèle autogestionnaire en Altrecht en toute indépendance puisque ces coopératives feront figure d'exemple et de modèle pour le reste de vos acteurs économiques et en même temps, ces coopératives renforceront tous les accords de coopération économique ultérieurs entre ns deux nations puisque ces coopératives partagent entre l'Estalie et l'Altrecht les mêmes moyens de production, les mêmes procédés de production et les mêmes lignes d'approvisionnement logistique, ce qui facilitera les transactions commerciales et la coopération entre travailleurs estaliens et altrechtois. Néanmoins, je pense effectivement que nous devrions aller plus loin que de simplement montrer l'exemple, il faut que les réformes s'appliquent à l'échelle institutionnelle. De ce fait, je vous propose qu'une commission chargée d'assister la transition économique de l'Altrecht et composée d'experts et de conseillers économiques estaliens soit mise en place en soutien de votre gouvernement afin d'orienter votre transition économique au fil des recommandations. Bien sûr, cette commission n'aurait aucun pouvoir réglementaire sur votre sol et la décision d'appliquer ses recommandations revienne toujours au final à votre gouvernement. Enfin, en ce qui concerne l'aide matérielle, l'Estalie est très justement parmi les nations industrielles les plus productives en ce qui concerne le domaine agricole, notamment en ce qui concerne la production d'outils agricoles et la mécanisation de l'agriculture. Les méthodes de mécanisation de l'agriculture du KROMEVAT en Estalie ont fait leurs preuves et ont permis à la Fédération d'atteindre aujourd'hui l'autosuffisance alimentaire. Je pense donc que l'Estalie est aisément en position de vous fournir une aide matérielle dans le secteur agricole."
L'Altrecht était une nation qui avait tout intérêt à l’arrivée prochaine d’une flotte estalienne. En effet, le pays subissait un accord très inégal avec ses "amis" velsniens afin que ces derniers laissent l'Altrecht exercer son commerce et "garantissent" la sécurité des convois altrechtois. En réalité, c’est en échange de concessions économiques importantes, notamment avec un gros abaissement des droits de douane altrechtois, permettant la distribution de produits velsniens concurrençant directement les faibles entreprises présentes en Altrecht dans ces domaines. Un écrasement économique sur un marché facilement conquérable, voilà le prix de la tranquillité proposé par Velsna, la grande nation de la mer blanche. Mais l’avancée industrielle de l’Estalie pourrait permettre de créer une flotte concurrente à la puissance velsnienne dans la région, rééquilibrant ainsi le poids des nations. C’est une occasion future pour renégocier l’accord avec des termes plus favorables à l'Altrecht, voire de complètement le dératifier.

Camarade, encore une fois, vous vous montrez à la hauteur des problèmes complexes qui bordent l'Altrecht de chaque part. Commençons par la construction de l’infrastructure sur l’île. En effet, vos moyens modernes et plus efficaces pourraient permettre une construction plus rapide. Il est évident que nos intérêts convergent dans le sens d’une plus grande rapidité de construction. Nous acceptons volontiers votre aide et vous en remercions pour cela.

Maintenant, parlons du vif du sujet. Notre économie est toujours en transition et c’est un problème éthique qui se pose, notamment car vous l’avez souligné, nous luttons contre l’emprise de la bourgeoisie sur les prolétaires. Nous devons cependant affirmer qu’un changement trop rapide déstabiliserait notre économie déjà fragilisée par la révolution. Nous avons déjà entamé, en termes de chiffres, la nationalisation de 70 % des entreprises d’intérêt vital pour l'Altrecht (routes, infrastructures, exploitation de minerais, grandes entreprises agricoles, etc...) et ce chiffre ne fait qu’augmenter de jour en jour. Concernant la totalité des entreprises, cela représente 10 % nationalisées, et près de 28 % reprises aux mains des patrons au profit des travailleurs devenant les propriétaires de leurs entreprises de manière commune. Il nous reste cependant 62 % de notre économie à reconvertir vers notre doctrine économique viable idéologiquement. Mais c’est un processus long qui nécessite des négociations pour ne pas provoquer une tentative de contre-révolution bourgeoise, qui certes ne réussirait pas, mais déstabiliserait davantage notre pays et provoquerait des morts inutiles. Soyons patients. L'Altrecht a durant des millénaires été aux mains des bourgeois. Et nous reprendrons la main, selon notre estimation, complètement dans 8 à 12 mois. En cas de refus de certaines entreprises à partir de ce délai, nous envisagerons de passer à des méthodes plus strictes.

Mais vous l’avez souligné, même notre système économique reste très rudimentaire. Malgré nos lectures de votre modèle de l’autogestion, des instructeurs estaliens seraient les bienvenus pour nous aider à atteindre le paradis prolétarien. Nous envisageons de mettre en place, en plus de votre commission, des inspecteurs afin de faire appliquer ce modèle et d’instruire les futurs décideurs prolétaires à l’autogestion, directement au contact des entreprises. Concernant des coopératives interfédérales, nous ne nous y opposons pas et voyons d’un bon œil leur création, surtout dans des domaines "vides" en Altrecht, notamment car nous avons un énorme secteur secondaire, délaissant les secteurs primaire et tertiaire. Enfin, pour votre proposition de nous fournir une aide agricole, nous ne pouvons que saluer votre générosité, camarade, et acceptons sans condition. Mais atteindre une autonomie alimentaire est un objectif bien ambitieux pour l'Altrecht, qui importe plus de 60 % de son alimentation, n’exportant que très peu de produits alimentaires.

Laissant la parole à son homologue estalien.
Karnaukhov se calma quelque peu quant aux explications altrechtoises. En soit, ce n'était peut-être pas le plus important au final, il faisait davantage la morale que de négocier réellement des accords économiques avantageux pour les deux parties. Il allait devoir se recentrer sur l'essentiel car maintenant que la délégation altrechtoise a laissé la question économique grande ouverte, il fallait y répondre et Karnaukhov allait mettre en œuvre tout l'arsenal économique de l'Estalie pour moderniser l'Altrecht car tout comme la Kaulthie avant eux, l'Estalie doit jouer irrémédiablement un rôle prépondérant dans la modernisation économique des nations communalistes se trouvant en Eurysie Centrale et Orientale afin de permettre leur autonomisation économique et militaire et ainsi permettre à l'Estalie d'économiser de précieuses ressources qui doivent être disposées sur d'autres théâtres d'opérations plus prioritaires. La vision de la coopération économique estalienne était parfois sensiblement proche de la stratégie militaire à bien des égards.

"Il est entendu, camarades, que votre système économique est encore à ses balbutiements, nous ne pouvons vous en tenir rigueur. Bien que nous vous faisons confiance pour mettre en place de manière autonome la transition économique qui s'imposera le mieux, laissez-moi esquisser quelques propositions supplémentaires afin que l'Altrecht puisse disposer concrètement des cartes en main nécessaires à son développement économique. Tout d'abord, il est essentiel de moderniser les infrastructure de transport et de logique, le transport ferroviaire est l'épine dorsale de toute économie moderne et efficace. L'Estalie a développé au cours des dernières années une expertise reconnue dans la construction et la gestion de réseaux ferroviaires à haute capacité. Nous proposons donc la création d'une autorité ferroviaire estalo-alterchtoise qui serait chargée de superviser la modernisation complète de votre réseau. Cette autorité serait composée majoritairement d'ingénieurs et de techniciens estaliens dans un premier temps, le temps de former vos propres cadres techniques. L'avantage pour vous est double car vous bénéficierez immédiatement de notre savoir-faire éprouvé et vous n'aurez besoin de mobiliser aucune ressource humaine que vous ne possédez pas encore. De plus, nous proposons que les standards techniques adoptés soient harmonisés avec ceux de la Fédération, ce qui facilitera grandement les échanges commerciaux futurs et réduira les coûts de maintenance à long terme. En effet, il sera peut-être nécessaire à l'avenir que tout comme avec la DCT, une ligne ferroviaire soit ouverte entre nos deux pays. Cette standardisation permettra également une interopérabilité totale entre nos deux réseaux, créant de facto un espace économique intégré bénéfique à nos deux nations. La question énergétique est également centrale dans toute transition économique réussie. L'Altrecht étant promise à un développement industriel de plus en plus régulier, l'énergie doit suivre. L'Estalie, grâce à son industrialisation rapide et à sa maîtrise de certaines technologies de production électrique, est en mesure de construire sur votre territoire des centrales modernes et efficaces. Nous vous proposons un programme de construction de plusieurs centrales électriques selon les standards estaliens avec des contrats de maintenance technique assurés par la SEP. Cela vous garantira non seulement une production énergétique fiable mais aussi un transfert progressif de compétences vers vos techniques qui seront formés par nos experts.

En ce qui concerne la question agricole, vous avez bien mentionné votre importation de 60% de votre alimentation, ce qui constitue une vulnérabilité stratégique majeure. Ce que je vous propose, dans le cadre de notre aide au développement agricole, c'est un programme agricole qui se déroulera en trois volets. Tout d'abord, nous vous fournirons massivement et à prix préférentiel des machines agricoles estaliennes, des semences sélectionnées et des engrais optimisés qui ont faits leurs preuves en Estalie. Deuxièmement, nous déploierons des agronomes estaliens en Altrecht afin de former directement vos agriculteurs aux techniques modernes de production. Enfin, nous mettrons en place des coopératives agricoles interfédérales dans les régions où le secteur primaire est sous-développé, ce qui devrait permettre une implantation rapide de l'expertise estalienne. En attendant que ces mesures portent leurs fruits, l'Estalie peut temporairement assurer une partie de vos importations alimentaires à des prix préférentiels, les prix des biens alimentaires estaliens sont structurellement beaucoup plus bas que ceux proposés sur les marchés capitalistes. Cela devrait vous mettre à l'abri d'éventuelles pressions commerciales de la part de nations hostiles, par exemple dans le cas où Velsna décide de rompre ou de renégocier vos accords par exemple. De même, la transition économique que vous avez mentionné nécessite des investissements massifs que votre économie certainement fragilisée par la révolution ne peut assumer seule dans l'immédiat. Nous vous proposons donc la mise en place d'une Banque de Développement qui serait capitalisée principalement par la Banque Populaire, la banque centrale de la Fédération des Peuples Estaliens, dans un esprit de solidarité internationaliste. Cette institution financière aura pour mission exclusive de financer les projets de développement économique en Altrecht : modernisation industrielle, transition vers l'autogestion, développement agricole, infrastructures, etc. Les prêts accordés le seraient à des taux symboliques, bien inférieurs à ceux du marché capitaliste, et avec des périodes de grâce généreuses tenant compte de votre situation post-révolutionnaire. Cette banque serait gérée conjointement avec une forte présence d'économistes estaliens expérimentés qui assureraient la viabilité des projets financés. L'avantage pour vous est assez évident, vous accédez à des capitaux considérables sans vous soumettre aux diktats des institutions financières capitalistes internationales et vous bénéficiez de l'expertise estalienne en matière d'évaluations de projets économiques. Compte tenu de votre souhait de vous inspirer de notre modèle économique, c'est le meilleur moyen de vous acclimater à la façon dont nous, les Estaliens, finançons notre économie auto-gérée.

Bien sûr, pour que la coopération économique entre nos deux nations soit pleinement efficace, nous devons aussi nous mettre d'accord sur quelques points d'harmonisation. En effet, nous devrions nous assurer que nous sommes d'accord sur l'idée d'harmoniser nos normes techniques, industrielles et productives. L'Estalie a développé au fil des années un corpus normatif complet adapté à une économie autogestionnaire moderne. Nous proposons que l'Altrecht adopte progressivement ces standards, ce qui vous donnerait plusieurs avantages. Tout d'abord, cela évite à votre jeune administration de devoir créer ex nihilo un système normatif complexe, tâche qui mobiliserait des ressources humaines et du temps précieux. Ensuite, cette harmonisation faciliterait drastiquement les échanges commerciaux et la création des coopératives interfédérales puisque les produits, les processus et les qualifications professionnelles deviennent mutuellement reconnus, sans tenir compte des frontières ou de la législation de nos deux pays. Enfin, cela permettrait à vos industries d'intégrer immédiatement les chaînes de production estaliennes, kartvéliennes, kaulthes et translaves, ce qui faciliterait votre accès à ces marchés. Enfin, au-delà des échanges universitaires que nous avons déjà évoqués, nous pensons qu'il serait bénéfique de créer un programme spécifique de formation des cadres dirigeants économiques altrechtois. L'Estalie dispose d'institutions académiques spécialisées et qui sont très bien acclimatées avec l'économie autogestionnaire, beaucoup de cursus permettent aux étudiants de comprendre le système d'apparence complexe de l'économie estalienne ou kah-tanaise qui sont typiquement les deux grands modèles économiques communalistes et auto-gestionnaires. Nous vous proposons que tous les futurs directeurs de coopératives, gestionnaires économiques et planificateurs suivent une formation complémentaire d'au moins un an dans nos institutions. Cela garantira que toute votre élite économique parle le même langage que nous, comprenne profondément les mécanismes de l'autogestion tels que nous les avons perfectionnés et puisse collaborer sans friction avec les acteurs économiques estaliens. Ce programme serait entièrement financé par le gouvernement fédéral estalien comme un investissement de bonne foi dans l'avenir de notre coopération.

Qu'en pensez-vous ?
"
Le camarade diplomate altrechtois était très surpris de la proposition estalienne, c'était en effet une opportunité économique sans précédent qui permettrait à l'Altrecht de se développer économiquement afin de rattraper son retard vis-à-vis d'autres nations. De plus, cette aide lui permettrait de pouvoir accomplir l'objectif communaliste, afin de sortir du monde capitaliste et bourgeois. C'est une proposition qui semble une sérieuse mise sous tutelle, mais qui à terme serait une opportunité qui permettrait une indépendance économique dont l'Altrecht a besoin. De plus, la proposition estalienne concernant l'agriculture et son ouverture à prix préférentiel à son marché permettrait un gain pour le gouvernement afin, par exemple, de le réinvestir dans une flotte de dissuasion afin de briser l'accord avec les Velsniens qui reste encore aujourd'hui au travers de la gorge des Altrechtois. En effet, l'Altrecht comptait beaucoup sur l'Estalie et sa base navale pour pouvoir disposer d'une force navale constante en Mer Blanche afin de contrer à terme l'influence velsnienne et de permettre un essor des forces prolétaires dans la zone.

Cette proposition est en effet une très bonne opportunité. Je dois dire que je suis assez surpris, camarade, par l'investissement de votre nation dans le redressement économique de l'Altrecht. Nous ne pouvons donc refuser cette proposition. Sachez que vous avez tous les remerciements de notre gouvernement pour cette dernière, et l'Altrecht s'en souvient.

Je pense donc que sur le plan économique, cette page vient d'être tournée, à moins que vous ayez quelque chose d'autre à proposer ?
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