01/04/2018
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Bourg-Léon [Drovolski / Carnavale]

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BIENVENUE A BOURG-LEON
Bartholoméon de PetipontCamille Printempérie
Philippe GéminéonMelchiolivier Grimace

Bourg-Léon est une île unique au monde : flanquée face à Carnavale, l'un des lieux les plus pollués de la planète, elle semble préserver des miasmes et des vapeurs toxiques et n'offre à voir qu'un vaste jardin. Le complexe hospitalier s'étale sur tout l'île comme un chat fatigué, les pattes dans le vide au dessus des falaises, ses tours comme des oreilles dressées au moindre bruit.

Ici tout n'est que luxe et voluptés artificielles. Des drogues relaxantes sont placées dans les fontaines, l'odeur enivrante des fleurs OGM apaise les sens ou les stimule. On s'asperge de parfum qui éveille et clarifie l'esprit. La Principauté de Carnavale et la République Actionnariale de CRAMOISIE© ont envoyé leurs plus illustres représentants : Son Excellence Monseigneur Bartholoméon de Petipont, archevêque de CRAMOISIE©, le PDG-Protecteur Camille Printempérie, pour l'industrie carnavalaise monsieur Melchiolivier Grimace, industriel qui a toute la confiance d'Améthyste Castelage pour favoriser les intérêts économiques de la Principauté et bien entendu leur hôte à tous, le représentant des Laboratoires Dalyoha et directeur de Grand Hôpital : le docteur Philippe Géminéon.

Comme il fait beau et qu'on est en juin, la réunion se tient sous les arbres, autour d'une grande table en bois et entourés de statues et d'urnes en pierre recouvertes de lierre et de mousses.
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Le Drovolski bien présent

Kasus Bonvasar
Kasus Bonvasar - BonSecours
Henri Ventafalle
Henri Ventafalle - Laboratoire Henri Ventafalle
Salomon Ackermann
Salomon Ackermann - CMD-SCM & BID & GKD
Sergiusz Janicki
Sergiusz Janicki - Drovolski
Peteremco
Magistrat Peteremco - Drovolski
Henrietta
Mme. Henrietta - Laboratoire Henri Ventafalle


Mesolvarde est loin, mais tout le monde est heureux d’être présent. Certains découvrent la verdure, d’autres admirent le modèle de Carnavale. Quoi de plus familier qu’une cousine pour plaire aux Mesolvardiens ? Pour cette entrevue d’une importance capitale, le gouvernement, mais aussi les compagnies, ont dépêché leurs meilleurs éléments afin de séduire de futurs partenaires de choix. Peut-être auraient-ils pu présenter plus de couleurs, mais les habitudes sont rudes.

Sont présents les présidents-directeurs généraux de BonSecours et du Laboratoire Henri Ventafalle : le doyen Kasus Bonvasar et l’illustre Henri Ventafalle, derrière ses lunettes. Un représentant Ackermann des actionnaires de la CMD (minière), de la SCM (chimie), de la GKD (manufacture), ainsi que directeur de la BID (banque centrale). Autant dire, des personnalités de pouvoir. On note aussi quelques figures pour représenter l’État : le ministre Janicki, chargé des affaires publiques, et le magistrat Peteremco, de la chambre de commerce, pour défendre les intérêts de la magistrature. Enfin, à côté d’eux, un personnage loufoque et singulier : Mme Henrietta, que tous appellent simplement Henrietta. Experte en technologies nucléaires, elle représente le service commercial et de recherche du laboratoire. Elle est un élément essentiel de l’institution, au point de jouer souvent un rôle central dans ses décisions stratégiques en matière d’engagement technologique.

Autant dire que le Drovolski ne sous-estime pas son partenaire et a envoyé ce qu’il avait de mieux. Peut-être peut-on regretter que l’Empereur ne se soit pas déplacé ; certains affirment qu’il souffre d’une longue maladie.
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BARTHOLOMEON DE PETIPONT BOIT

Bartholoméon de Petipont prend la parole le premier :

- En tant qu'initiateur de cette rencontre, je tenais à remercier chacun des participants qui nous font l'honneur de leur présence et de s'être déplacé sur notre île superbe. Remerciement particuliers à notre hôte Philippe Géminéon et aux représentants du Drovolski qui ont voyagé de si loin pour l'occasion.

Cette rencontre fait suite à la négociation du partenariat technologique et scientifique entre nos trois pays autour de la création d'un parc nucléaire en CRAMOISIE© et à Carnavale. Pour cela nous vous remercions encore. L'enjeu désormais est de discuter des modalités de coopération entre des nations-soeurs : le Drovolski et Carnavale font parties des nations les plus avancées scientifiquement au monde et CRAMOISIE© est une terre vierge où ces prouesses ne demandent qu'à se déployer librement. Nous avons besoin d'énergie pour nos chantiers.

Monsieur Melchiolivier Grimace représente les fleurons industriels de Carnavale après le rachat et la reprise des Industries Obéron par plusieurs entreprises dont la sienne. Monsieur Philippe Géminéon qui se trouve ici et représente les Laboratoires Dalyoha portera la parole de son PDG afin de négocier un accord scientifique entre Grand Hôpital et Bonsecours. Quant à monsieur Camille Printempérie et moi-même, nous établirons dans quelle mesure ces accords peuvent englober la RAC©. Monsieur Grimace ? A vous la parole.

MELCHIOLIVIER GRIMACE

- Merci Excellence Monseigneur. Les chantiers qui nous attendent sont dantesques, proprement surhumain ! Mais qui d'autre que Carnavale et le Drovolski pour les réaliser ? Qui aura l'audace ? L'ingéniosité ? L'amoralité nécessaire pour terraformer la planète et modeler un monde à notre image ? Nous sommes des dieux transformateurs, assumons-le enfin !

Les laboratoires Henri Ventafalle sont un partenaire crucial dont nous mesurons la valeur. Déjà par la qualité de leur expertise et de leurs moyens, mais surtout parce qu'ils partagent avec nous une vision de ce que pourrait-être demain ! Un monde débarrassé de ses contraintes naturelles, au service de l'homme, pour lui et par lui. L'industrie carnavalaise que je représente a subi un dur coup avec le démantèlement du conglomérat Obéron mais déjà elle se relève et forme de nouveaux ingénieurs. L'erreur de la noblesse carnavalaise fut de concentrer toutes nos forces en un seul point. Certes nous gardions nos secrets industriels mais nous privions du même coup des bénéfices d'une chaîne de production internationale et des économies d'échelle qu'elle permet. Carnavale c'est cinquante millions d'âme, les deux-tiers au travail pour l'industrie de demain !

Monsieur Ventafalle, quel honneur ! Quelle joie ! Je propose humblement à vos fleurons de travailler avec nous au service de l'avenir. Mutualisons les intelligences, nouons dès aujourd'hui d'ambitieux jumelages universitaires et faisons travailler nos ingénieurs sur des projets communs. En six ans nous pouvons donner naissance à une nouvelle génération de prodiges, cela exigera quelques petites adaptations notamment linguistiques mais imaginez seulement ! Le Drovolski et Carnavale, main dans la main, ouvrant le chemin à un ère nouvelle... j'en frémis rien que d'y penser.
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Henri
Henri Ventafalle

Henri Ventafalle prit la parole le premier au sein de la délégation mésolvardienne pour répondre à Bartholoméon de Pétipont :

« Le plaisir est pour nous. Votre pays est un modèle, et nous considérons que votre invitation est une marque de haute considération. Il en découle que venir sur cette île est certes une épreuve de temps, mais dont la récompense vaut bien l’effort. Les remerciements sont donc partagés, et nous sommes tout autant heureux que vous d’assister à cette rencontre et avons le plaisir de vous le faire savoir. Comme chacun sait, le Drovolski est le théâtre d’une industrie nucléaire très puissante, et votre volonté de partenariat correspond pleinement à notre ambition d’expansion. C’est pourquoi nous vous avons rejoints aujourd’hui pour négocier avec vous dans un esprit de bonne entente. Comme vous, nous avons mobilisé nos meilleurs éléments et sommes convaincus qu’une coopération entre nos nations ne peut qu’être profitable. Vous avez évoqué la notion de nation-sœur : je suis de tout cœur avec cette idée et convaincu de son bien-fondé. C’est pourquoi je prévois déjà qu’entre nous, nous unirons nos intérêts au service de nos aspirations communes. Mes respects à Messieurs Melchiolivier Grimace, Philippe Géminéron et Camille Printempérie. Il nous appartient aussi de nous présenter : je suis Henri Ventafalle, président-directeur général des laboratoires éponymes, acteur incontournable du nucléaire mondial. Je serai épaulé par ma plus proche collaboratrice, Mme Henrietta. Nous avons également demandé à l’un des fils Ackermann de se présenter, représentant de la famille qui domine l’extraction minière et la transformation chimique. Enfin, voici l’illustre Kasus Bonvasar, directeur des projets génétiques de BonSecours. Plusieurs représentants du gouvernement sont également présents : le ministre Janicki et le magistrat Peteremco, afin de convenir avec la magistrature de tout accord entre nous. »

Henri écouta ensuite, avec un sourire à la russe, les paroles de M. Grimace :

« Merci pour votre enthousiasme. C’est un sentiment que je ne sais pas toujours exprimer, mais devant une telle présentation, je ne peux que valider votre position. Le Drovolski, mon industrie nucléaire et bien d’autres encore doivent travailler avec vous, ne serait-ce que pour le profit du genre humain. Trop de médisants discréditent le Drovolski et Carnavale au nom de leur impact mondial, mais tous ignorent que nous servons des intérêts supérieurs à leurs pauvres considérations d’esprit réduit. Alors je dis oui : Carnavale, CRAMOISIE© et le Drovolski doivent coopérer plus directement. L’union fait la force, et l’exemple de Carnavale que vous avez évoqué est une leçon d’histoire que nous devons retenir : nous devons nous unir pour préserver nos modèles, et nous devons nous unir pour avancer plus fort et plus vite. »

Le magistrat Peteremco prit alors la parole, presque en coupant Henri :

« Toujours est-il qu’avant tout engagement, la magistrature veut savoir ce qu’elle gagne et ce qu’elle offre dans une telle coopération. Nos nations s’entendent mais restent souveraines : il n’est pas question que l’un d’entre nous devienne la proie facile de l’autre. »

Le magistrat fixa les industriels mésolvardiens sans un mot. C’est alors que Salomon Ackermann, l’air un peu perplexe, exposa sa vision des choses :

« Nul besoin de vous alarmer, monsieur le magistrat. Ici, nous sommes en bonne compagnie, et je vous assure que vos industriels comme ceux de nos partenaires verront leurs intérêts préservés, et par extension les vôtres, ceux de la nation. En tant que fils cadet des Ackermann, je ne suis que le porte-parole de mon frère et de mon père, les véritables tenanciers des industries CMD-SCM. Cela étant, avec l’aval d’Henri et de Kasus, nous sommes prêts à vous offrir beaucoup, mais nous attendrons une rétribution à la hauteur de notre apport.

Le Drovolski est prêt à coopérer avec vous sur les points suivants :
- Henri a conçu deux réacteurs pour vos pays, qu’Henrietta pourra vous présenter le moment venu.
- Kasus est prêt à fournir de nouveaux candidats pour les essais cliniques et à partager ses avancées en matière de manipulation génétique et d’irradiation.
- Enfin, moi-même, j’ouvre à votre pays l’accès à la puissante industrie minière et chimique.»


Le magistrat reprit la parole :

« En ce qui concerne les universités, je n’y vois strictement aucune opposition. Je conçois que des Carnavalais puissent donner des cours sur le clonage, et des Mesolvardiens sur les techniques de l’ingénierie nucléaire. Seule limite : il n’est pas question d’accorder plus de liberté à un professeur que ce que permet le Drovolski. Il ne saurait y avoir de défection. Nous refusons également que des étudiants mesolvardiens sortent du pays sans une justification exceptionnelle. »

Henri reprit :

« En échange, notre laboratoire aimerait s’étendre dans votre pays et profiter de vos industries locales pour améliorer sa rentabilité interne. Il en va de même pour les technologies de clonage, bien qu’imparfaites, nous l’avons entendu, qui nous intéressent particulièrement, ainsi que vos avancées médicales. »

Salomon enchaîna :

« Le Drovolski dispose d’une puissance primaire certaine et considérable, mais nous manquons de services et de biens de consommation. Cela entraîne une consommation interne très faible qui nuit à notre économie. De plus, certains pays limitent leurs importations depuis notre territoire, considérant que l’organisation de notre économie provoque un dumping insupportable. C’est pourquoi je me porte volontaire pour établir un accord commercial où le Drovolski fournirait à vos industries matières premières et éléments techniques, en échange de biens à forte valeur ajoutée. Nous sommes en retard sur tout. »

Le magistrat l’interrompit et fit une synthèse :

« En substance, et parce que la concision est mère de raison, nous sommes prêts à fournir technologie nucléaire, matières premières et connaissances, en échange de vos savoirs, de vos technologies médicales et de vos biens de consommation. Mais nous devons convenir de modalités et d’engagements : l’avenir est prometteur, mais ne le gâchons pas par des déconvenues. À titre symbolique, j’aimerais proposer la fusion de nos deux académies afin d’annoncer au monde cette avancée. Pourquoi ne pas créer une "Université des sciences Carnavalaises et techniques Mesolvardiennes" ? Ce n’est qu’une idée parmi d’autres, mais nous connaissons votre enthousiasme fécond. Que nous proposez-vous ? »
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CONVERSATION A BOURG-LEON
Bartholoméon de PetipontCamille Printempérie
Philippe GéminéonMelchiolivier Grimace

Melchiolivier Grimace a les yeux qui brille, Bartholoméon de Petipont hoche sobrement la tête, Camille Printempérie se frotte le nez frénétiquement et Philippe Géminéon prend des notes dans son carnet. C’est ce dernier qui reprend la main après l’intervention de monsieur Henri Ventafalle :

- Nous sommes persuadés, à Carnavale, que nos deux nations ont le potentiel d’être complémentaires. Réparties de part et d’autres du vieux continent eurysien, elles se complètent avec une précision chirurgicale – désolé, métaphore de médecin. Le Drovolski s’illustre dans le domaine de l’énergie et de l’extraction des terres rares, domaine où pêche Carnavale qui fait actuellement face à des pénuries énergétiques. Carnavale est pour sa part pionnière dans les biotechnologies et l’industrie militaire. En unissant nos atouts respectifs, nous nous offrons mutuellement le potentiel de révolutionner ce siècle, en dépit de l’opinion des fâcheux et des moralisateurs.

Philippe Géminéon prend le temps de laisser les Mesolvardiens éclaircir quelques points importants pour eux, notamment considérant leur souveraineté industrielle.

- Rassure-vous monsieur le magistrat. Carnavale n’est pas de nature prédatrice, nous occupons les places laissées vacantes par des concurrents trop timorés pour explorer le potentiel de certains marchés, voilà tout. Vous observerez que contrairement à certaines alliances morales, la Principauté n’a jamais cherché à s’étendre en dehors de ses frontières ni envahir ses voisins ou constituer un bloc impérialiste. CRAMOISIE© est la seule fantaisie que se soit autorisé la Principauté et seulement dans un territoire notoirement vierge, désertique, et improductif jusqu’à notre arrivée.

Ils écoutent les trois propositions de Salomon Ackermann. C’est Melchiolivier Grimace qui reprend la main :

- Vos réacteurs et vos ressources minières nous seront précieuses, elles pourront être exploitées par la fusion d’entreprises carnavalaises, cramoisiennes et mesolvardiennes pour former un conglomérat international. Robotic & Toc est prête à mutualiser certaines de ses parts et des vôtres afin de fonder un tel conglomérat qui sera, à n’en pas douter, un nouveau fleuron industriel.

Géminéon :

- En ce qui concerne le partenariat scientifique, vos conditions sont les nôtres. Le secret scientifique et industriel est crucial pour les Laboratoires Dalyoha. Monsieur Blaise Dalyoha vous propose de commencer par de simples mutualisation de cursus, qui peuvent se faire en ligne, et si vous ne souhaitez pas nous envoyer d’étudiants les nôtres pourront aller au Drovolski le temps d’une année ou d’un semestre afin d’étudier auprès de vos experts. Nous constituerons ainsi progressivement une communauté d’alumnis et en popularisant des cours de langues franco-mesolvardien nous pavons le chemin à de futures collaborations scientifiques. Je suis bien évidement plus que favorable à la fondation d’une telle université.

En ce qui concerne le secteur tertiaire, la Banque Princière Castelage vous propose de s’implanter au Drovolski afin de fluidifier les flux de capitaux nationaux et internationaux. L’expérience de la BPC devrait également vous permettre de contourner certaines des sanctions ou restrictions qui pèsent sur le Drovolski en fondant plusieurs sociétés écrans. Les Laboratoires Dalyoha et les repreneurs des Industries Obéron vous fourniront en médicaments de pointe, microtechnologies, informatique et tous les produits à forte valeur-ajoutée nécessaires à la montée en gamme de votre économie. Carnavale ne souffrira plus de pénuries énergétique et profitera des ressources du Drovolski, le Drovolski pourra développer son secteur tertiaire en partenariat avec les fleurons carnavalais de la tech, des services bancaires et des biotechnologies.

Tout le monde semble satisfait, surtout Printempérie qui a des airs de ravi de la crèche, jusqu'à ce que l'austère Bartholoméon de Petipont lève un index sentencieux.

- Un dernier point à éclaircir : dans quelle mesure cet accord sera-t-il rendu public ? Carnavale et CRAMOISIE© assument tous leurs partenariats, nos nations sont déjà glorieuses et parias, le regard de la communauté internationale nous importe peu. Qu'en est-il du Drovolski ? Êtes vous prêt à assumer complètement ce partenariat avec Carnavale, au risque de braquer certains de vos alliés comme le Duché de Sylva ?
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Henri Ventafalle
Henri Ventafalle

C’est avec beaucoup de surprise que la petite délégation entendit les propositions des Carnavalais. C’est une bonne surprise, mais une surprise quand même ; personne n’eut espoir d’une telle proposition et prochainement, c’est sans doute le pays qui en serait récompensé. Mesolvarde a toujours vu dans Carnavale un modèle social et politique absolu, et proposer une telle union semblait pour chacun un évident pas vers l’avant. Henri reprit :


Vous avez raison, le Drovolski et Carnavale sont des économies spécialisées et donc ont des besoins complémentaires. Ce faisant, il va sans dire qu’une telle proposition ne se prend pas sans réfléchir. Le Drovolski est spécialisé dans l’industrie extractive, la chimie séparative et le nucléaire qui en découle. Je veux dire que la chimie séparative n’a de sens que parce que nous avons des minéraux à séparer, et l’industrie nucléaire que parce que nous arrivons à atteindre une chimie de grande et puissante envergure, au point de permettre ces avancées. Mais comme vous l’évoquez, notre économie, lourde et lente, ne peut faire face aux grandes industries de service et de haute technologie. Ce faisant, notre nation est obligée de projeter son activité dans le monde pour exister sans dépérir dans une spécialisation déraisonnée de son économie. Nous avons donc besoin de partenaires, et vous semblez être une forme d’idéal pour cette idée. Vous avez une grande industrie militaire, des biotechnologies et surtout une économie moderne prête à aider la nôtre. Ce faisant, nous voyons d’un très bon œil un partenariat commercial et une collaboration industrielle entre nos États.

Je ne voulais pas insinuer que Carnavale aurait des prétentions territoriales, mais le fait qu’en partageant avec vous notre industrie, vous pourriez vous défaire de vos engagements, c’est pourquoi il faudrait prévoir des garanties, de sorte qu’une perte pour nous se traduise par une dégradation d’actifs chez vous. Par exemple, proposer une répartition des parts dans une coentreprise à égalité des points des investissements technologiques en son sein.

Concernant la fusion industrielle, nous y sommes assez frileux, nous préférons les coentreprises. Toutefois, devant un tel favorable dessein, nous pourrions reconsidérer nos positions là-dessus. Quels groupes industriels mesolvardiens et carnavalais voudriez-vous voir fusionner, et sous quel nom ? À titre d’indication, le Drovolski a principalement deux entreprises en volume et en part de PIB : la CMD, que nous pourrions bien voir fusionner, et le LHV, qui quant à lui pourrait préférer un autre statut. De sorte, je propose un montage financier plus tourné vers une forme de coopérative entre industriels ; soit, je propose la cession de capitaux et de propriété intellectuelle à un conglomérat dont les acteurs constituants seront les propriétaires.

Je m’explique : créer un conglomérat industriel tel que, prenons pour exemple « Castelage - Robotic & Toc - Ventafalle - CMD », la propriété soit celle des entités régionales, de sorte que les capitaux de la compagnie mais aussi la compagnie en elle-même ne soit qu’une participation mutualisée à un même effort, sans que la fusion ne détruise les entités précédentes, comme l’impliquerait une fusion-acquisition classique. Sur le plan fonctionnel, une compagnie qui allierait nucléaire (LHV), chimie (CMD), mines (CMD), robotique (Robotic & Toc), informatique (Dalyoha), pharmacie (Grand Hospital), construction (CRAMOISIE) et défense/finance (Castelage), serait le remplaçant même du mot industrie et serait un léviathan économique. Connaissant le poids que vous avez et notre implantation mondiale, le Drovolski pourrait redonner du souffle économique à Carnavale et en retour l’aider à se moderniser. C’est un rêve auquel je veux croire.

Pour ce qui est du parcours académique, nous insistons : nous désirons que des professeurs carnavalais viennent à Mesolvarde enseigner. C’est là une condition que nous ne voulons pas négocier ; nous voulons comprendre et savoir-faire. Notre partenariat doit induire un certain degré de confiance et donc de compréhension ; nous refusons d’être dans une illusion de coopération par un manque de connaissance sur la maîtrise de l’appareil économique.

Autrement, sur le plan technique, nous voyons favorablement l’ouverture d’une antenne de la Banque Princière Castelage à Mesolvarde. C’est là une faveur assez inhabituelle pour nous, mais nous pensons que la Banque Impériale de Drovolski (BID) pourrait voir dans l’intervention d’un nouvel acteur une bonne chose. Toutefois, sachez que les activités de crédit et de financement sont très encadrées au Drovolski, et que donc leurs fonctions relèvent d’un examen politique. Seules les activités de financement extérieur ou de pilotage d’actifs pourraient être conduites par la Banque Princière Castelage seule ; le reste des activités financières, allant de la cotation au prêt individuel, sont une mission régalienne de la banque centrale. De même, la proposition de société écran pourrait être une mission exclusive à la Banque Princière Castelage.

Ce que je cherche à vous expliquer, c’est que la liberté économique est très limitée à Mesolvarde et que même, son économie n’est pas libérale. L’implantation de groupes industriels risque d’être limitée par la planification économique de la banque centrale. De sorte que, comme nous voulons, tout comme vous, voir les industriels carnavalais fleurir chez nous, nous vous demanderons de créer une société de droit mesolvardien chargée de s’intégrer dans le système de planification économique de l’Empire. Ensuite, tant que vous répondez correctement au plan économique, en volume comme en prix, vous ne serez jamais inquiétés. Sachez toutefois qu’il n’existe pas de marché du travail et que l’attribution des travailleurs est faite par l’État, avec un salaire fixé par la magistrature.

Partant de ce constat, je pense qu’il faut prévoir une société cumulant ce que nous nous sommes dit en une seule et unique entité répondant aux limitations de chacun des partis, soit :


Société Générale d’Industrie et de Commerce S.A.
Détient :
  • Société des participations carnavalaises à Mesolvarde
  • Société des participations mesolvardiennes à Carnavale
Actionnaires : Ventafalle, Ackerman, Bartholoméon de Petipont, Dalyoha, Castelage, Grimace etc.Activités :
  • Société des participations mesolvardiennes à Carnavale : construction de réacteurs nucléaires, fourniture de produits chimiques, fourniture de minéraux et métaux.
  • Société des participations carnavalaises à Mesolvarde : fourniture de composants électroniques et robots, médicaments, matériel de défense et de contrôle de la population.

Le magistrat Peteremco glissa un petit mot :

Je ne connais pas les programmes à venir, mais sachez que vos implantations à Mesolvarde seront prioritaires sur les importations, et que la modernisation de notre économie passera forcément par des composants modernes dont le Drovolski a très difficilement accès. Sachez toutefois qu’en cas de besoin, l’État peut affecter les travailleurs comme la dépense publique (98 % de la consommation) dans d’autres secteurs quand le moment le demande (une guerre). Vos capitaux doivent donc ne pas dépendre exclusivement d’une croissance des volumes, mais surtout de gains d’efficacité, une caractéristique de notre économie qui fait que nos industriels, en contraction à cause du manque de main-d’œuvre ou essorés par la commande publique, ont détruit l’environnement et la décence pour maintenir à flot leurs capitaux.

Le moyen le plus simple est que vos participations industrielles soient directement garanties sur de la dette de la BID, de sorte que, quelle que soit la situation de la planification, vos capitaux soient rémunérés à hauteur de la croissance économique de l’ensemble des acteurs. C’est un moyen efficace de corriger les défauts de notre modèle économique hérité du servage.


Le ministre Janicki prit un ton simple et répondit aux interrogations de Sylva :

Sylva est un allié de longue date et nous sommes convaincus qu’ils seront passifs à la création d’une coentreprise. La fusion pourrait par contre les embêter, en particulier pour le LHV qui possède des activités en commun avec eux. Mais je veux vous rappeler que les mines CMD en Translavya datent du temps du CENTRON et que personne ne nous a jamais rien dit à ce sujet. Alors, créer une coentreprise avec vous nous semble très admissible pour nos partenaires.

En cela, nous sommes d’accord pour faire fusionner GKD et CMD avec Robotic & Toc, mais préférons la procédure de mutualisation des capitaux et des savoir-faire dans une société coopérative, comme présenté précédemment. Nous avons terriblement besoin de composants électroniques haut de gamme.
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CONVERSATION A BOURG-LEON
Bartholoméon de PetipontCamille Printempérie
Philippe GéminéonMelchiolivier Grimace

Melchiolivier Grimace, co-PDG de Robotic & Toc, prend la parole :

- Pardonnez nous si nous n'avons pas été trop clair, ou trop enthousiastes ha ha ! La création de coentreprises est bien sûr la meilleure solution ! Chacun chez soi, chacun son expertise, mais nous nous effleurerons tendrement pour des projets communs et ainsi nos savoirs infuserons comme le thé dans l'eau chaude ! Vous en avez d'ailleurs déjà fait une excellente démonstration avec la conception de réacteurs adaptés aux spécificités territoriales de CRAMOISIE© et militaires de Carnavale.

Petipont hoche la tête sobrement, Grimace reprend :

- L'enjeu est que chacun reste maître chez lui, mais d'unir nos forces en dehors. Vous l'avez dit, fonder un tel conglomérat ferait immédiatement de nous (si ce n'est pas déjà le cas) le plus grand mastodonte industriel du XXIème siècle. Largement de quoi enfoncer les marchés extérieurs, tout en préservant à domicile nos domaines de spécialité. Considérons simplement cela davantage comme une alliance qu'une union. Nos entreprises demeurent souveraines mais s'unissent dans une nouvelle coentreprise dont le but sera de subjuguer la concurrence.

Géminéon prend la main :

- Il n'y a aucun problème pour vous envoyer des enseignants. Nos académies sont, contrairement à Carnavale, assez ouvertes sur le monde. Nous comptons de nombreux étudiants étrangers, presque majoritaires d'ailleurs, et organiser des semestres au Drovolski ne pose aucun soucis, sinon des question bêtement logistiques.

Il croise les jambes.

- Monsieur Ventafalle rassurez-vous. Nous n'avons aucune envie de négocier avec un paradis libéral. Une société ouverte est une société qui se laisse conquérir, une société fermée est une société avec qui il faut négocier l'entrée. Mademoiselle Castelage en a parfaitement conscience et n'a aucun désir de s'attaquer à vos marchés. Comme nous vous l'avons dit, Carnavale n'est pas prédatrice, nous laissons cette course en avant aux sociétés dépendantes de la prospérité de leurs citoyens. Ce facteur n'a aucun intérêt à Carnavale, ce qui compte, c'est le progrès scientifique. C'est par l'innovation que nous vivrons mieux. Aller arracher quelques morceaux de myrrhe ou d'or chez nos voisins n'est pas notre philosophie.

Il sourit.

- L'or, nous le synthétiserons à partir du plomb.

Les Carnavalais écoutent la proposition de Ventafalle. Grimace répond :

- Les gains de productivité constants sont au cœur de notre politique économique, voilà pourquoi nous misons tout sur la recherche et le progrès. N'ayez aucune crainte de ce point de vue. Dites, le nom, Société Générale d’Industrie et de Commerce S.A., c'est négociable ? Vous ne préférez pas un truc un peu plus punchy ? Un truc comme, je ne sais pas ? DC COMICS ? Drovolski-Carnavale COnsortium Métallurgique, Informatique, Chimique et Systèmes ? Avouez que ça pète plus !
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