Posté le : 03 nov. 2025 à 22:04:11
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Kerbalan, 25 Novembre 2017 :
Le centre spatial de Kerbalan était en effervescence. Tout le monde se préparait au tir de la deuxième fusée du programme Karakal, censée survoler le Scintillant puis l’Aleucie, avant de retomber dans l’Océan d’Espérance. Voilà deux jours déjà que la fusée était sur son pas de tir, et par conséquent deux jours que les avions de chasse survolaient en permanence au-dessus de la base. Dans la salle de contrôle, les équipes effectuaient depuis 4 heures du matin un roulement de 2 heures pour assurer la préparation du lancement. Déjà, à 6 heure, on avait scellé la coiffe qui contenait la précieuse charge utile du lanceur, conçue par les scientifiques du programme Konnecticus. L'erreur n'était donc plus permise. A 10 heures, le centre de contrôle contacta les navires de la marine chargés de récupérer la capsule transportée par la fusée, qui confirmèrent leur position. A 11 heures, on avait débuté l'étalonnage de la centrale inertielle, qui s'était terminé à 17 heures. A ce même moment, l'équipe de lancement se levait, et se préparait lentement à prendre place dans le centre de contrôle. A 20h, l'équipe de lancement prit son poste, présidée par la directrice des opérations, Rena Jal.
Rena Jal (à la radio) : Ici le centre de contrôle. Prise de fonction de Rena Jal comme directrice des opérations. T- 2 heures.
Rena Jal (pas à la radio) : Bien. Compte rendu de l'état actuel de la situation.
Tolka Fiutak : Tout va bien, rien à signaler. Tout se déroule comme prévu.
Rena Jal : Parfait. Dans ce cas, nous pouvons continuer.
À 20h57, le Capitaine Nasep Firaln notifia que le “Boussole”, un avion de ligne modifié transformé en observatoire volant pour le compte du Programme Spatiale Milathien, était bien en vol à l’emplacement prévu, au-dessus du Scintillant, pour observer l'ascension de la fusée.
A 21h32, le Lieutenant Draig Giral et son ailier le Capitaine Sacea Hiana prirent l'air à bord de leurs chasseurs “Varend”, pour assurer la sécurité du lancement vis à vis d'observateurs curieux se mouvant en avion.
A 21h40, le contrôle du pas de tir annonça la fin du remplissage en carburant de la fusée et l'évacuation immédiate du pas de tir par les équipes de maintenance.
A 21h50 :
Rena Jal (à la radio) : ici la directrice des opérations. 10 minutes avant le lancement. Appel des équipes, merci de répondre “paré”, ou “non paré”.
Station radar.
Paré
Observatoire
Paré
Station météo
Paré
Sécurité du lancement
Paré
Patrouille aérienne
Paré
Observatoire aérien
Paré
Récupération
Paré
Parfait. Appel des contres indications, merci de notifier les contres indications éventuelles.
Météo
Conditions météo bonnes, aucunes contres indications
Sécurité du lancement
Aucunes contres indications
Sécurité aérienne
Aucunes contres indications
De même pour le “boussole”
Aucune contres indications
Récupération
Aucune contres indications
Très bien. Conditions nécessaires au lancement réunies. Démarrage de la procédure de lancement, T moins 10 minutes.
T moins 5 minutes.
La tension commençait à se sentir dans la salle de contrôle. Les opérateurs, concentrés, se préparaient, et scrutaient les données pour déceler d'éventuelles contres indications au lancement.
T moins 1 minutes, vérifications des paramètres.
Vérifications effectuées.
Une quarantaine de secondes s’écoulèrent. Rena Jal bu un verre d'eau avant de reprendre le micro.
Attention pour le décompte final.
10
9
8
7, prise de fonction du pilote automatique
6
5
4
3 séquence d'allumage des moteurs
2
Unité
Feu, moteur principal lancé.
Le moteur principal de la fusée s'alluma dans une gerbe de flammes, et les gaz chauffés transformèrent en un instant l'eau répandue sur le pas de tir en vapeur, qui s'éleva dans le ciel dans un immense nuage.
Moteur effectif
Lancement !
Les boosters à poudres s'allumèrent, et la fusée prit les airs dans un fracas impressionnant.
Décollage.
Vitesse et trajectoire nominale.
Dans le centre de contrôle, l'espoir prit la place de l'anxiété. Pour l'instant, tout se déroulait comme prévu.
Vitesse et trajectoire nominale.
Fin des boosters dans dix secondes.
Tout à coup, un message fusa dans la radio depuis l'observatoire.
Alerte, flammes anormales sur le booster gauche. Préparez au largage d'urgence.
Reçu. Préparation au largage d’urgence à votre signal.
Séparez.
Effectif.
Je confirme la séparation d’urgence des boosters.
A 17 kilomètres d’altitude, le chaos avait failli prendre place. Le booster gauche fuyait et il menaçait d’exploser, entraînant la fusée avec lui. Les systèmes de largage d’urgence s'enclenchèrent, et les missiles de une tonne deux que constituaient les boosters, dans leur phase de puissance maximale, frolèrent la fusée de peu, sans la toucher, grâce à l’action des séparateurs de secoures, conçues dans le but d’écarter des boosters fous de la fusée et de son précieux chargement.
Cette précaution se révéla nécessaire, puisque le booster fuyant se volatilisa une seconde plus tard dans une gigantesque explosion, preuve qu’il n’était pas tout à fait au point.
Explosion du booster défaillant.
Ici station radar, perte du signal du booster gauche. Trajectoire du booster droit confirmée, chute dans le Scintillant sans danger pour des terres habitées.
Reçu.
Fin du deuxième étage dans 20 secondes.
Ici Boussole, nous avons le visuel sur la fusée.
Fin de combustion du deuxième étage, séparation.
Séparation confirmée.
Combustion du troisième étage.
Ici observatoire, perte du visuel de la fusée.
Stop de la combustion.
Confirmé.
Ici radar, altitude supérieure à 100 Km. Calcul de la trajectoire.
Séparation de la coiffe.
Confirmé.
Trajectoire calculée. Apoastre à 172 kilomètres dans 7 minutes.
Reçu. Feu vert au début des évolutions du module.
Ici pilotage. Nous prenons le contrôle.
Reçu.
Début des évolutions.
Le module, encore attaché au troisième étage de la fusée, où il restait du carburant, se mit à tourner lentement.
Inclinaison visée atteinte. Rallumage du troisième étage.
Confirmé.
Fin de combustion.
Confirmé.
Nouvelle trajectoire calculée : Apoastre à 175 kilomètres dans 12 minutes.
Reçu. abandon du troisième étage. Début des évolutions.
Et le module se remit à tourner, selon un enchaînement de mouvements prévus à l’avance pour tester différents instruments et systèmes de propulsion, d’orientation, et autres.
Ici boussole, module à notre verticale. En attente des données prévues.
Ici boussoles données reçues.
La vingtaine d’ingénieurs du Programme Konnecticus qui avaient travaillés sur les antennes se réjouirent immédiatement, et les équipes de lancement se détendirent. Le module avait pu réaliser l’une de ses missions.
Ici radar, le module sort de notre champ de vision.
A bord de l’avion-observatoire, tous les yeux, sauf ceux du pilotes, étaient soit rivés sur leurs objectifs, soit sur les horloges. La mission de l’équipage consistait à observer le comportement du module lors de sa réentrée atmosphérique.
Nous avons un visuel sur le module, comportement aérodynamique normal. La capsule de données de vols vient d’être éjectée.
Pendant de longues minutes, les personnels encore présents attendirent un message du bateau de récupération. Tout d’un coup, un message affolé de l'équipage du Boussole sortit des hauts-parleurs.
Le module n’est pas stable. Il fait des tonneaux sur lui-même.
Tout le monde se mit immédiatement à s’affoler. Mais Rena Jal resta calme.
Prenez tout ça en vidéo.
Le module explose.
Aux équipes de récup : récupérer le plus de débris ! Préparez vous, ils arrivent.
Nous avons un visuel sur les données de vol. Nous vous tiendrons au courant dans les prochaines heures du déroulé des recherches.
Les ingénieurs sortirent de la salle dépitée. Leur module s’était désintégré, et tous savaient que nul ne survit à une rentrée atmosphérique sans bouclier thermique.