16/12/2017
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Démarrage de l'Acte I (Dodécapole): Le plus grand condottière (Volterra-Ronins-"pêcheurs" Icamiens- Clan Ravatomanga)

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Démarrage de l'Acte I: Le plus grand condottière



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Le ciel de Volterra tourna dans un premier temps à l'orange, puis au rouge, au fur et à mesure que le soleil venait lécher les vagues. Sur le rivage, on observe de plus en plus de feux à la tombée du jour. Sur la sable, à la lisière de la fille terrible de Fortuna (encore une autre), les hommes et les femmes de triste réputation se rassemblant et s'assemblent en des feux de camps éparpillés sur tout l'horizon. On se case en fonction des ententes individuelles, mais aussi des appartenances nationales...et Dame Fortne sait combien il y aura de nations sur cette plage d'ici peu. La chaleur les attire et les pousse à partager histoires comme provisions: ils seront des bientôt des milliers... Les enfants terribles servant la fille terrible, quoi de plus naturel. Autour de ces feux, on y croise de tout ce qui peut faire une armée: les condottières de Salvatore Lograno qui forment le gros de la garde de la ville, on vu les terribles combats de la Guerre des Triumvirs, où des volterrans natifs se mêlent à d'anciens partisans du tyran Dino Scaela, que l'on porte ici en admiration. Ils se retrouvent en compagnie des compagnons de Lograno, qui quant à eux ont servi Vittorio Vinola fut un temps, avant de fuir pour leur vie... Ces individus se sont parfois rencontrés sur le champ de bataille, et se sont combattus...mais ce qui définissait leur camp était davantage leur porte monnaie que leurs appartenances. Les choses sont différentes ici...on parle...on ne cesse d eparler du "rêve de Volterra", celui où chacun pourra s'extirper de sa condition et devenir un propriétaire fortuné. On ne cesse d'évoquer le cours du Lograno-coin, avec des étoiles dans les yeux. On s'enveloppe de rêves qui réchauffent davantage que le feu des camps, et on part dormir avec la sensation de l'invincibilité, la sensation que rien ni personne ne pourra arrêter le chef charismatique qui les dirige. Les anciens de la guerre civile velsnienne diront que le moral des armées de Scaela, Vinola et Di Grassi réunies n'ont jamais été plus élevés que ce à quoi ils étaient témoins sur cette plage: l'espérance, la vraie. La perspective de l'ascension sociale, on pouvait la sentir dans l'air.

Plus loin sur la plage, à l'écart des condottières dodécaliotes, d'autres feux s'étaient allumés avec des drapeaux différents, mais dont le but était le même. Les féroces guerriers du Clan Ravatomanga avaient répondu à l'appel, les hommes à la tête de jaguar. Avoir à sa disposition des mercenaires provenant du Madrarika était indéniablement perçu par tous comme un signe de prestige immense, et l'assurance que la cause de Salvatore Lograno était sur la bonne voie...à partir du moment où leur récompense viendrait en son temps. Sans conteste il y avait là des égaux des Chasseurs strombolains d'Achosie du Nord, pourtant réputés les meilleurs soldats du monde fortunéen.

Encore un peu plus loin, les ronins avaient troqué les feux de camps éparpillés pour des baraquements plus grands et mieux organisés. Il y avait là encore des hommes et des femmes d'exception, formés à un art de la guerre qu'aucun dodécaliote n'avait vu jusqu'à présent. L'élite guerrière de la cité de Kelang était sur cette plage. A coup sûr, le conflit qui vient ne serait pas une vulgaire querelle de villages...

Et comment ne pas mentionner la présence, éparpillée sur plusieurs kilomètres, de ceux que l'on nommait "pêcheurs", mais qui n'en avaient guère l'apparence. Si pêcheur sils étaient, leurs prises ne se limiteraient probablement pas à du hareng: il est rare de pêcher au mortier et au lance-roquette. Si ces étranges icamiens étaient sans conteste les moins bien équipés de cette armée en formation, en rien il était rassurant d'en voir un s'approcher de soi. Les coups de couteaux se perdaient dans cette masse en formation, et sans cesse il y avait de instructeurs pour rappeler à, l'ordre, voire tabasser ceux qui osaient sortir des lames. Tous ces gens mêlaient la discipline militaire et le caractère rétif et insubordonné d'une bande de malandrins et de coupes jarrets: le mélange explosif et terrible pour nombre de crimes de guerre...


Sur la balcon de sa villa, Salvatore Lograno contemplait les feux. On aurait dit que la voûte céleste ne se finissait pas à l'horizon et que ces derniers étaient autant d'étoiles dans le noir que celles illuminant le ciel. Il faisait si noir désormais, qu'il était difficile de voir la Manche Blanche qui venait se perdre derrière ce voile. Son bureau n'était illuminé que par les lampes faiblardes de son pupitre: c'était une atmosphère idéale pour le travail...le minage. De temps en temps, un de ses aides de camps venait le voir pour le quérir des nouvelles de la Bourse de Mésolvarde, ou bien celle de Baobab Ville...et à chaque fois, pour se porter chance, on pouvait voir sa main venir se poser, et caresser nerveusement l'une des clés usb qui formaient un collier autour de son cou, toutes contenant une part de sa richesse, à la vue de tous. Bientôt...oui, bientôt, toute la Dodécapole connaîtrait l'étendue de ses largesses. Il fallait simplement attendre le moment propice: la question était donc de savoir si cela avait bien lieu en ce moment même, et s'il fallait agir.

Lograno était un tacticien, et un ancien mercenaire: il connaissait le terrain, mais moins les aléas de la grande stratégie. Il lui fallait des conseils, provenant de personnes exceptionnelles. Une élite de l'art militaire et de la subversion. Le prince de la crypto était peut-être un génie auto proclamé de la finance et du coup de main audacieux, mais il lui fallait le cadre idéal pour démontrer l'étendue de son excellence. Il lui fallait les MEILLEURS.

"Ouvre la porte s'il te plaît Tony. Et referme derrière toi, nous avons fort à dire à nos nouveaux amis."


On fit entrer des profils aussi variés qu’incongrus, mais Lograno le savait au fond de ses tripes, il en avait cette certitude quasi mystique: c'était bien eux...les bons....les CRYPTOBROS ! Tous les trois n'avaient qu'un seul point commun: celui de s'être vu offerts un grande nombre de Lograno-coins, assez pour disposer d'une influence sur les grandes questions, et bénéficier de l'oreille de Salvatore.

Un petit homme entra le premier, le pas hésitant. Hwang Lee-Jong, dit "L'Argentier", affilié aux ronins de Kelang. Discret, mais considéré comme un véritable génie de la finance. Indéniablement, le volterran comptait sur sa personne afin de faire permettre à son armée de disposer de la logistique nécessaire à son déploiement..et surtout les moyens financiers pour l'entretenir. Mais lorsque que Hwang Lee était dans les parages, il fallait inévitablement s'attendre à voir le redouté Darmanochi dans les parages, le chef de ce groupement si exotique sous les latitudes de la Manche Blanche...et dieu sait qu'il était souvent d emauvais présage de se trouver seul en face de lui à cette heure.

Peu de temps après leur arrivée, il fut temps d’accueillir le représentant du clan, Tombovelo Nampiandraza. La devanture avantageuse d'un groupe craint. Il était les yeux et les oreilles du seigneur de guerre du clan, que l'on connaissait plus simplement sous le nom évocateur de "Charko le boucher".

Magali Jandira Kawahib, la représentante des convoyeurs icamiens, fit son entrée en dernière, mais même en présence de profils aussi atypiques, elle était loin de passer inaperçue. De part et d'autre de son visage, on la voyait marqué par des cicatrices, peut-être trop profondes pour être celles que l'on se ferait dans un accident de travail à la conserverie du coin. Il était évident que tous avaient au moins une vague idée de sa véritable nature, et de ce qu'elle était capable de faire, Lograno en premier.

Le prince de la Crypto attendit, souriant comme jamais que tous aient pris leur place. Il y avait sur son bureau une pile de papier vierge, et un magnifique colt fortunéen dont la crosse était d'or et d'ivoire. Derrière le bureau, une grande table était recouverte d'une nappe blanche. De toute évidence, il y avait quelque chose d'intéressant au dessous, pour que Lograno prenne autant de soin à la dissimulation...peut-être était-ce le clou du spectacle ?


"Mes amis, ms partenaires de travail... Je vous remercie de vous être joint à moi ce soir. La nuit est fraiche et belle, et la vue de cette splendide plage garnie de vos effectifs me remplit le cœur de...elle me remplit le cœur...voilà tout simplement. Mais vous vous doutez bien que ce n'est pas pour profiter d'une bière que nous sommes là, quand bien même je ne dis jamais non au bon vin, lorsqu'il est accompagné des jolies serveuses qui vont avec.

Premièrement, et avant de commencer...je voudrais vous remercier d'avoir répondu à mon appel. Je vais vous dire une chose: j'ai horreur des tièdes, et je pense qu'il n'y a que des gens comme de notre trempe pour accomplir nos travaux immenses à venir. Nous sommes des héros ! Et des aventuriers ! Nous ne craignons pas le risque, nous lui chions dessus au risque ! Au diable ! Dans ce bureau, je ne vois que des gagnants, ou à minima des individus qui veulent gagner. Et notre prix, notre récompense, ce sera la Dodécapole...

Il nous manque simplement deux choses: les moyens matériels de le faire, et le moment opportun. Et j'ai bien l'intention de répondre à ces deux problèmes. Il se trouve que concernant notre deuxième préoccupation, Dame Fortune nous aime fort, puisqu’elle même semble avoir précipité les choses.

La Dodécapole se retrouve avec un chef absent et qui n'est plus là que pour faire l'intérim, trop occupé qu'il est à résoudre "les problèmes achosiens" de sa propre patrie. Adolfino Agricola, le soi-disant Hégémon, ouvre grand son cul à toute la Dodécapole pour que l'on vienne le prendre...ce n'est pas une occasion que je compte rater... C'est un avorton sans envergure et sans perspective, ce ne sera pas le plus grand de nos soucis. CEPENDANT...nous ne somme spas les seuls sur la ligne de départ pour le remplacer. Il est fort probable que le prochain hégémon ne soit pas un velsnien, une première depuis de siècles que même ces ordures arrogantes ont l'air d'accepter. Aussi, on dirait bien que nous devrons nous contenter de faire comprendre aux autres cités TOUTE l'étendue de notre légitimité...

Nous ne nous le cachons pas: le prochain hégémon ne pourra venir que d'une cité dont le poids est suffisant pour justifier sa place, ce qui nous laisse Apamée et Adria, au choix. Encore des tièdes prudents et peureux... Il nous faut frapper fort, pour faire comprendre à tous les membres de de cette confédération que seule notre cause pour permettre à la Dodécapole de devenir autre chose qu'une vulgaire bande de villages perdus à la lisière du monde fortunéen. Nous prendrons ce qui nous revient de droit, que ce soit à Fortuna, à Velsna ou à toute autre cité qui refusera d'admettre cette triste vérité: la Dodécapole est faible, et elle mérite mieux que d'être une Confédération lâche de trous perdus. Ce que j'ai fait pour Volterra, transformer une petite ville en paradis pour l'investissement et le minage...je peux le faire pour le reste de la Dodécapole, et je peux vous rendre tous riches dans le processus: c'est là le but de ma vie, rendre les largesses à tout mon entourage.

La grande question, est de savoir si le moment est venu de faire avancer nos premiers pions. IL SE TROUVE...que la première de ces opportunités vient de se profiler, et au meilleur des endroits, en péninsule d'Apamée ! Les cités de Porto Rosso et de Nuevo Fortuna se vouent une haine séculaire, faite d'histoires à dormir debout dont je me contrefiche. Il se trouve...que les deux villes sont comme qui dirait des sujets officieux d'Apamée, ce qui les pousse en permanence et au moindre de leur problème, à recourir à son assemblée citoyenne pour arbitrer leurs différends. Mais on dirait bien que cette fois...les choses ont dégénéré bien au delà de la simple plainte, et Apamée a perdu le contrôle de la situation.

Aussi, je me tourne vers vous: vous qui êtes mes frères et mes sœurs. Mes compagnons, mes...contractuels préférés...il me vient beaucoup de conseils à vous demander. En premier lieu, cela vaut-il la peine de nous mêler à cette affaire, et plutôt, d'attendre une autre opportunité de saper l'autorité d'Apamée sur sa propre péninseule ? Ou est-ce bien le moment de rugir comme les lions que nous sommes ! ...Comme vous pouvez l'entendre, j'ai déjà ma préférence, mais j'attends tout de même votre avis.

Enfin...et si nous nous mettons d'accord pour agir...comment pourrions nous le faire ? Faut-il se contenter d'envoyer du soutien matériel à l'une de ces cités ? Faut-il envoyer un petit contingent pour soutenir untel ? Ou bien mettre en place une grand expédition digne des anciens héros de Fortuna ? Nous devons garder à l'esprit que nous ne sommes pas encore officiellement en guerre avec Apamée, alors j'attends vos propositions.

C'était le Grand Soir. Après quelques temps à patienter, se renforcer, et attirer tout ce qui bougeait et pouvait tenir une arme ou une conversation intelligible, Salvatore Lograno venait de donner le coup d'envoi de la soirée, les préliminaires étant faites il convenait maintenant de se mettre à comploter activement afin de décrocher la plus convoitée de toute les prises de la région, ce pourquoi tout le monde d'aussi disparates horizons puissent-ils venir, étaient là. Icamiens, Mandrarika, Fortunéens et ceci et cela... Le Meilleur du pire comme diraient certains, mais le meilleur tout de même, après tout l'on visait non pas nécessairement l'excellence mais LA Victoire. Hwang Lee-Jong, dit "L'Argentier" qui représentait les intérêts des Triades de Kelang qui avaient décidé de se laisser tenter par l'aventure de l'investissement dans cette vaste et audacieuse entreprise menée par Lograno avait prit bien assez vite place, muet comme une tombe derrière ses binocles, arborant un costume trois pièce d'affaires impeccable tout en conservant dans la foulée un porte-documents vraisemblablement bien garnis en information. A sa suite le fervent disciple du "Bushido Revisité" qu'était Darmanochi Sageyo qui pour sa part arborait systématiquement un sourire si suffisant que l'on pourrait régulièrement avoir envie de le défier en duel si ce n'était pas pour l'imposant Katana qu'il conservait toujours à portée de main dans un fourreau jouxtant les abords de son équipement tactique kevlar aux traits d'apparence qui n'étaient pas sans rappeler les styles d'armures de ces guerriers de l'extrême-orient du Tahoku.

C'était dans un silence religieux que les deux individus avaient écouté les tirades du "Dictateur Cool", en tant que professionnels il y avait un certains standing à avoir et cela incluait notamment de ne guère interrompre l'employeur quand il déclamait ses discours, envolées lyriques ou quoi que ce soit d'autres. En l'occurrence il s'agissait de proclamer ses ambitions de manière claire et sans rougir le moins du monde, d'aucun auraient sans doutes ailleurs grincé des dents à l'écoute de pareils propos, les envoyés de Kelang se contentèrent d'esquisser un sourire. L'ambition. C'était ce qui pouvait faire bouger des montagnes et naître des empires sur les ruines de royaumes millénaires, c'était l'âme de l'être humain dans sa forme la plus pur qui visait à atteindre quelque chose de plus grand qu'elle afin de laisser une trace dans les mémoires comme le monde, quelque chose qu'appréciait immensément les Triades en quête de toujours plus de richesses, de partenaires, de terrains de jeu. Volterra en était un, mais toute la dodécapole ? Oh l'idée était délicieuse, les profits, le "négoce", le minage... Oui, il y avait véritablement de l'idée, un projet capable de créer un Empire.

Ceci dit encore fallait-il évincer la concurrence. Adria et Apamée, les binoclards hors propos et les rhéteurs imbus d'eux même, aucune ambition seulement du conformisme et des voeux pieux, mais ce n'était pas avec cela que l'on bâtissait et que l'on faisait prospérer un Empire, à peine conservait-on son jardin, ce qui était un manque flagrant de vision dans un monde en constante évolution où mille et uns dangers sortaient tous les uns après les autres du bois. Laisser ces imbéciles heureux l'emporter serait d'un ennui mortel... Mais voilà que l'on donnait le coup d'envoi des hostilités ou tout du moins la possibilité d'ingérer là dedans et de faire de cette petite étincelle quelque chose de plus grand... De plus mémorable.


Darmanochi-San - << D'un point de vue purement stratégique, ce serait une erreur de laisse faire sans ingérer d'une manière ou d'une autre. >>


S'exprima le chef des Ronins en premier dès que Lograno eut finit de s'exprimer en demandant conseil. Ce dernier ferme sur ses appuis et bras croisés devant lui avait en effet une opinion assez tranché sur la question en entendait la faire connaître.

Darmanochi-San - << Si l'on prend l'échiquier dans son ensemble, il apparaît évident qu'une confrontation directe adviendra à un moment donné avec Apamée, disposer d'une tête de pont amicale sur sa péninsule nous épargnerait bien des soucis dans le futur et notamment une tentative de débarquement couteuse puisque ce sont des instants clés où les forces sur le terrain sont vulnérable. Soutenir au moins l'une des deux cités serait un procédé simple mais clair qui nous positionnerait de facto l'un des deux camps le plus aisément qui soit, de surcroit au delà même de nous offrir un QG de campagne tout désigné sur la péninsule, cela distraira durablement Apamée qui devra agir avec prudence au moindre pas avec un couteau prêt à s'abattre directement dans son dos. >>

L'Argentier - << A ceci près que l'autre cité se rangera d'office du côté d'Apamée qui se fera un plaisir d'intervenir en sa faveur, et cette affaire tournera à l'empoignade vaine beaucoup trop tôt. L'idée d'avoir un point d'accès privilégié sur la péninsule est délicieuse, mais la question qu'il faut se poser serait surtout : Est ce qu'il est utile de se positionner "clairement" et directement quitte à déclencher un affrontement direct immédiat avec Apamée ? >>


Il marqua une pause, retirant ses lunettes afin de les nettoyer tout en continuant.

L'Argentier - << Prenons le problème sous un autre angle. Combien sommes nous prêt à investir dans cette entreprise ? Quels sont les gains potentiels ? Et les risques ? >>

Darmanochi-San - << C'est bien un avis de financier ça. Tu proposes donc qu'on ne fasses rien sous prétexte que ce serait trop couteux ? >>

L'Argentier - << Certainement pas. Nous sommes à dire vrai en accord sur un point : Ne pas intervenir serait une erreur. Mais il faut le faire avec intelligence, et ruse j'oserais dire même. Et à ce titre, je pense qu'il est important d'affirmer un point crucial à cette affaire : Nous n'avons pas besoin de gagner. J'irais même plus loin, gagner n'est pas l'important.>>


L'intéressé pu sentir et même apercevoir des sourcils se hausser alors qu'il continuait d'exposer son point de vue. A ce titre et afin d'accompagner ses propos il sorti d'une des poches de son costume trois jeton, en disposant un devant Lograno et en conservant deux.


L'Argentier - << Cher employeur. Vous qui êtes un entrepreneur accomplit et un génie des affaires. Si demain quelqu'un se proclamait être votre concurrent et installait ses quartiers dans votre jardin afin de miner sur votre dos, ne chercheriez vous pas naturellement à l'écraser purement et simplement au plus vite comme le cloporte insolent qu'il est ? Apamée cherchera à procéder ainsi si elle sent que nous cherchons à profiter des troubles entre ses laquais hors de contrôle afin d'en retourner un ou même les deux contre elle, et il y a fort à parier que la réaction épidermique sera... Aussi violente que rapide. Car si son jardin tombe, Apamée est vulnérable. Et il n'y a rien de plus dangereux qu'une cité qui se sent vulnérable... Et elle va employer des moyens considérable pour "régler ce problème". Mais... >>


Il montra en évidence ses deux jetons et les bazarda vers un espace sans importance avant de mettre le doigt sur celui devant Lograno.


L'Argentier - << Pour causer cette "sensation de vulnérabilité". Il n'est pas nécessaire de déployer autant de moyens. Bien au contraire, c'est un jeu de dupes, une stratégie vieille comme le monde dans les affaires. Vous n'aimez pas quelqu'un et souhaitez lui faire perdre de l'argent ? Les enchères permettent cela aisément. Il suffit de titiller l'égo, jouer sur la corde sensible et pousser à investir... Encore, toujours plus... Donner l'illusion d'avoir un intérêt crucial à l'emporter... Puis... Se retirer. Et voir quelque chose de banal coûter une fortune à son adversaire.

Je réitère donc. Nous n'avons pas besoin de gagner dans cette affaire. En revanche nous pouvons faire perdre Apamée... Lui arracher un bras en la forçant à une prise de risque extrêmement couteuse. Et pour ce faire, il faut ABSOLUMENT éviter une résolution pacifique de cette querelle... Nous avons tout intérêt à ce que Porto Rosso et Nuevo Fortuna s'entretuent. Et pas seulement pour distraire Apamée et la rendre inapte à s'ingérer ailleurs pendant que nous prenons l'initiative... Tu vois pourquoi Darmanochi hein ? >>

Darmanochi-San - << Situation simple. Calcul simple. Si Apamée "reprend le contrôle" en fin de compte, chaque mort, chaque soldat, chaque bras mis hors jeu durant cette querelle sera un ennemi potentiel de moins, et ce même si l'une des cités se range définitivement dans le cas d'Apamée... >>

L'Argentier - << Précisément. De surcroit, une gestion de cette affaire désastreuse sera aussi potentiellement extrêmement couteuse sur le plan de l'image et pourrait avoir des conséquences impromptues au delà de la simple dilapidation de moyens. Après tout dans une démocratie accomplie, il y a deux choses extrêmement importantes, la réputation et l'opinion populaire. Et Apamée si elle se montre imprudente pourrait bien chuter dans les deux, il est très facile de nos jours d'influencer les gens... Imaginez simplement les titres "Apamée et son tournant tyrannique dans un bain de sang. Le Protecteur Lograno, seul espoir des cités ? ". >>

Darmanochi-San - << Certes. Mais encore faut-il établir une marche à suivre pour arriver à ce résultat. >>

L'Argentier - << En effet, mais avant d'exposer quelques pistes, je vais laisser la parole à nos estimées homologues, il est toujours intéressant de faire un tour de table afin d'exposer les idées, et qui sait, l'on pourrait même mêler les unes aux autres afin d'obtenir un cocktail encore plus désastreux pour Apamée. >>
Mercenaires claniques du clan Ravatomanga

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Milice à votre service !


Le vent marin qui l'avait accompagné d'Afarée en Eurysie n'avait rien lâché de son air iodé, alimentant même l'endroit d'une effluve bien connue des mercenaires : l'appel à la guerre. Différents faciès marqueurs de différents continents où l'Afarée trouvait désormais sa place. De mémoire d'hommes, exception faite de l'implication du Faravan dans les opérations militaires de l'OND, aucune "armée" afaréenne ou trop peu, ne s'était faite représentée dans l'hémisphère nord du globe. Une première pour le groupe de mercenaires de Ravatomanga, que dis-je? Une fierté ! Leurs quartiers à Volterra furent forts plaisants si bien qu'ils en vinrent à redouter une date hypothétique de départ. Il faut dire que le contrat avait du bon cette fois, il se déroulait dans les cités marbrées d'une civilisation ancienne, transpirant les richesses, dans un pays latino-leucytaléen que Cristobal Ravatomanga aurait tôt fait de qualifier de bouffeurs d'olives. "Ici on enregistrerait plus de pertes mortes d'un étouffement issu d'une grappe de raisins que d'une balle" lui avait précédemment assuré Tombovelo Nampiandraza, son lieutenant sur place en charge de l'encadrement opérationnel des forces.

Mais qu'importe les défauts qu'il était permis de trouver aux eurysiens se revendiquant des berceaux civilisationnels du monde connu, ils présentaient un fruit juteux, un fruit à croquer promis sans pépin que les Hyènes de Boro-kosobue ne sauraient avaler. Condottières, triades et pêcheurs, les invités autour de la table étaient nombreux, offrant à la mission autant d'assaisonnement qu'il y aura de cuistots pour préparer le menu des opérations, avec en prélude ce premier questionnement quant au déroulé des affrontements entre les cités mineures de Porto-Rosso et Nueva-Fortuna. Un questionnement qui trouverait réponse ou en totu cas force de proposition auprès de Cristobal Ravatomanga que son lieutenant Tombovelo Nampiandraza s'attachait à connecter à la réunion.

Tombovelo Nampiandraza : un, deux, un, deux, un deux. Vous m'entendez?

Cristobal Ravatomanga : Fort et clair Tombovelo.

Tombovelo Nampiandraza : Je vous entends également fort et clair seigneur. Tout le monde entrent en salle, à votre convenance.

Et sur le PC portable qui affichait le logo des Hyènes de Boro-kosobue apparut finalement le visage de Cristobal Ravatomanga saluant ses homologues qui avait fait le déplacement et ceux qui les rejoindraient aussi par écran interposé dans le cas où ils ne se joindraient pas directement à la réunion. Une connexion optimale, malgré la distance des deux géographies qui s'opposaient, un gage de la mondialisation qui sévissait depuis maintenant presqu'une décennie déjà et permettait indistinctement aux gens d'entrer et de rester en contact quelque soit leur lieu de villégiature. Les échanges débutèrent, monopolisant la concentration de Cristobal Ravatomanga qui s'attachait à mémoriser chacun des visages pouvant lui faire face, indépendamment d'un angle de caméra des plus limitants.

Les latins avaient pris leurs toges pour en faire des linceuls, débutant des combats meurtriers entre cités, à la manière de tifosi déchainés à qui on aurait enlevé les vuvuzela pour les remplacer par un tromblon. A l'échelle internationale ces querelles n'étaient que peu de choses et il eut fallu que Salvatore Lograno en parle plus qu'une minute pour que chacun s'imprime les noms et les circonstances. Quoiqu'il en soit, pour les différends qui l'opposait aux autres cités, le contexte présentant des troubles aux abords de la cité Apamée était une opportunité politique favorable, pour accabler l'illégitimité des rivaux au titre hégémonique. Sur le plan tactique, la donnée n'était également pas à négliger car elle présumait de troubles des l'arrière pays de l'Apamée, où milices et levées s'affrontant, posant la faux pour une carabine. La capacité de Volterra à maintenir le chaos en Apamée, sans même gager du parti pris pour l'une des factions ou de sa victoire, était favorable.

Une cité-état comme Apamée perdrait peut-être le bénéfice de ses approvisionnements, à commencer par les denrées agricoles commercialisées depuis les cités mineures, naturellement soumises à l'attractivité des richesses apaméennes pour diriger le commerce local et provincial.

Cristobal Ravatomanga : Citoyen-protecteur, chers homologues. Je vous salue aussi bassement que le permet cet écran et qu'il ne soit permis de voir dans son cadre. Les troubles en périphérie d'Apamée sont une bonne chose, assurément. Ils gagent que nos adversaires sont incapables d'incarner le trait-d'union des peuples d'une péninsule éloignée de nos regards, alors la course au titre d'Hégémon est clairement un sprint qu'ils ne sauraient encore entamer. Sur le plan économique, je ne connais que trop peu ces territoires aussi il m'est difficile d'estimer avec précision l'incidence d'un conflit sur les activités économiques locales. Toutefois, il m'est raisonnable de penser que l'affrontement entre milices et levées de soldats non professionnels, ampute lourdement les secteurs économiques locaux, à commencer peut-être par le domaine agricole. L'afflux de blessés et de réfugiés à Apamée, serait constitutif d'un poids dommageable à la capacité logistique d'Apamée pour entretenir des ressources militaires et médicales visant à l'extérieur de sa péninsule.

C'est pourquoi, je ne saurais que trop vous recommander de débuter nos opérations par l'infiltration de trois agents à Apamée, à même de pouvoir nous faire un récit fidèle des incidences des conflits sur zone. J'aurais à bien des égards, pu proposer mes braves à l'infiltration de la cité, coutumiers qu'ils sont de la manoeuvre, mais... je dois vous avouer qu'un mandrarikan en Apamée ne jouit pas de la couverture idéale. Aussi, pour des raisons linguistiques et ethniques, votre réseau d'informateurs resterait le plus pertinent pour lever le brouillard de guerre à Apamée.

Malgré tout et indépendamment des points de situation autour des flux migratoires et économiques entourant Apamée, mes hyènes sauraient vous être utiles pour infiltrer la péninsule apaméenne et épaissir le chaos entre les deux cités, celle ayant perdu au dernier affrontement pouvant aisément se voir accusée d'avoir recouru à des mercenaires étrangers. Mes mandrarikans peuvent tenir le rôle et multiplier les tâches d'infamie pour joindre à leurs engrais quelques charniers opportuns. Leurs actions, accomplies dans des provinces non apaméennes seront des coups faciles exercés hors de portée contre notre ennemi commun. Vos infiltrés à Apamée pourront parallèlement nous donner la mesure des impacts de nos agissements, sur les tissus économiques et sanitaires dans la cité.

Les difficultés économiques locales, jumelées à la fragilisation politique des oligarques d'Apamée, seront des leviers de recrutement sur place pour légitimer la formation d'une... "milice provinciale" chargée, avant toute démarche militaire, de surtout venir incarner une formation politique alternative en Apamée. Tant qu'elle existera, l'Apamée demeurera politiquement divisée et en guerre. Une guerre civile dans la guerre civile en somme. Et ça, c'est véritablement la présenter affaiblie dans sa course à la présentation d'un nouvel hégémon... Présenter Apamée en guerre civile sera opportun pour légitimer une action contre celle-ci, car il ne suffira qu'à décréter des figures de la milice provinciale pour incarner l'avenir politique et légitime de la péninsule avec Volterra.

La vision Ravatomanga pour les nuls a écrit :
  • Infiltration d'une cellule reposant un trio d'informateur, collecte passive d'informations : fluctuations des cours de marchandises, états pénuriques, niveaux de saturation des services e soins et hospitaliers,
  • présence de mandrarikans dans la péninsule d'Apamée, mis à sac de bourgs en province de Nueva-Fortuna et Porto-Rosso pour saturer Apamée en réfugiés et tarir les flux marchands au départ des cités mineures régionales,
  • développement de la piraterie autour de la péninsule apaméenne, pour accentuer l'effet pénurique de certaines marchandises,
  • enrôlement de miliciens locaux et combattants à moindre frais ou en tout cas contre bons soins pour quiconque identifierait les pénuries d'approvisionnement dans les milices locales comme un problème,
  • formation d'un contingent d'apaméens provinciaux qui, même à une échelle réduite en nombre, pourront marquer politiquement la division apaméenne et légitimer des actions directes contre les oligarques apaméens, renvoyés dos à dos parmi les factions sur place.
Ambiance indispensable pour la réunion des très gros cerveaux


Salvatore Lograno était resté les yeux grands ouverts durant toute l'intervention de ses invités. Il hochait frénétiquement de la tête en approbation, parfois grimaçait légèrement lorsque les plans paraissaient trop "compliqués" ou "procéduriers", se servait de sa boisson énergisante par intermittence (de la Monstaaa)...

De toute évidence, les membres de cette équipe de professionnels avaient réfléchi de longue date à une telle éventualité. Certes, il escomptait probablement des propositions légèrement plus rentre-dedans, un peu moins axées sur de la subversion, mais soit...cela ferait l'affaire pour le moment, et il fallait reconnaître que si Darmanochi avait pensé à une éventualité à laquelle lui-même avait eu l'idée, celle du chef du clan Ravatomanga était encore d'un autre niveau de fourberie qui ne lui posait pas de problème en soi.

Le volterran fit nerveusement signe à son éternel associé, le bougon Tony Scarla, afin qu'il remonte légèrement le niveau de l'écran plasma sur lequel la tête de Ravatomanga était projetée.

"Merci Tony"

*murmures* "De rien patron, ça me perturbait aussi de l'avoir au niveau de mes couilles."


j
Tony Scarla s'appuie sur un meuble depuis un coin de la pièce, en silence...


Lograno rumine avant de taper dans ses mains dans un réflexe d’excitation:
"Ah ! J'adore ! Messieurs, je dois dire que je suis impressionné d'entrée de jeu. Non seulement j'ai affaire à des pros, mais en plus, les ébauches de plans vers lesquels vous semblez vous diriger ont l'air de se compléter parfaitement. Pour être honnête, j'étais parti pour vous proposer quelque chose de plus simple: l'envoi d'un petit corps expéditionnaire pour acter une alliance à l'une de ces deux cités lésées, entre Porto Rosso et Nuevo Fortuna. Mais on dirait bien que mon plan de base ne pourrait être que la finalité à long terme du travail de sape vers lequel vous semblez vous diriger.

Sachez messieurs, que je trouve votre raisonnement aussi diabolique qu'efficace: cela pourrait marcher, comme l'un comme pour l'autre. Mon cher Darmanochi, si je puis reprendre votre piste, nous pourrions tout simplement, au lieu d'envoyer des troupes, envoyer des armes, tout simplement, histoire de faire perdurer ce conflit, et que nous ayons la vue libre ailleurs. Qu'en pensez vous ? Nous pourrions envoyer un petit millier d'armes à Nuevo Fortuna par exemple ? Cela aurait le mérite de ne pas nous salir les mains directement, et de pousser Apamée à les salir....et DANS LE MEME TEMPS..."


Le citoyen-protecteur se tire le menton, tout en fixant du regard les icamiens, les seuls à n'avoir pas encore évoquer le sujet. Il prend une inspiration, et illuminé par ces idées, il joint celle de Darmanochi avec celles du Clan Ravatomanga:
"...Nous pourrions entretenir le conflit entre les deux villes en fournissant des armes à 'une d'entre elles, vire aux deux, et dans le même temps, cela pourrait en effet conduire un afflux de réfugiés à ponctionner une partie de ses ressources, financières tout du moins. Je ne doute pas qu'Apamée n'est pas prête de mourir de faim, même en y ajoutant 500 000 habitants. C'est une ville moderne, avec des connexions modernes. Mais nous pourrions cependant accentuer les difficultés économiques de la ville, en provoquant nous même des pénuries, comme vous le dites. Et une ville qui n'a pas de ressources financières peut difficilement prétendre à revendiquer l'hégémonie. Nous pourrions...je sais pas...créer une demande artificielle pour certains bien par des achats massifs de certaines denrées, par exemple. Une idée comme ça... Pour le moment, vous avez raison mon cher Cristobal: il nous faut déjà faire un repérage des lieux avant de déterminer de nouvelles actions. Pour cela, vous avez ma bénédiction: pas seulement une mise sous surveillance des marché locaux, mais il me faudrait également une idée précise des capacités défensives de la ville. Je refuse de me jeter dans la gueule du lion...Là également, pour ce qui serait de créer de l'agitation politique avec des agents intérieurs apaméens, je laisse libre court à votre imagination, si vous avez une idée de par où commencer ce travail de sape."

Le citoyen-Protecteur fit de nouveau signe à Tony:
" Scarla, mon ami. Tu veux aller me chercher une autre Monstaaa ? Merci."

A

"Quant à un pilotage d'actions de piraterie dans la région...c'est exactement ce à quoi je pensais ! C'est bien la raison de nos associés icamiens ici présents. Ce serait une bonne manière de les intégrer au plan, et cela pourrait contribuer à avoir Apamée à l'usure... Qu'en pensez vous ?"

Lograno se tourna vers les icamiens, en attente d'une réponse, eux qui n'avaient point pris la parole depuis le début de la réunion.

L'Aimable Magali Jandira Kawahib (Elle insiste).
L'Aimable Magali Jandira Kawahib des Aimables Pêcheurs de la Compagnie des Honnêtes Convoyeurs de Marchandises de la Côte de Cuivre (elle insiste).


" Oui. "

Ce fut la première et ultime déclaration de l'Aimable Magali Jandira Kawahib. Une déclaration impérieuse, vive et marquante.

Et puis, des voix s'élevèrent dans la délégation icamienne, les "pêcheurs" qui étaient tout aussi expérimenté avec le filet qu'ils ne l'étaient avec la mitrailleuse et le lance-roquette téléguidé, car enfin il fallait pouvoir se servir d'armes lorsque l'on voulait expliquer à ses équivalents étrangers que la Zone Economique Exclusive n'existait pas, et qu'ils étaient donc invité à céder la place à de véritables professionnels qui sauraient mettre en valeur les ressources halieutiques de leurs côte à leur juste valeur. Le tout pour les exotiques marchés icamiens.

Des voix calmes, mais au ton quelque peu sceptique, pour qui parlait l'étonnant langage des jungles méso-aleuciennes.

Des voix qui, pour ceux qui avaient fait Icamiaba en LV.2, ou bien en LV.3. Voir en LV.4 (le plus vraisemblable, puisqu'en général, les Icamiens parlaient aussi le Burujois ou le Listonien, deux langues autrement plus populaires et proches des langues "connues" que leur agglomération de syllabes invraisemblables qui semblaient, en plus, changer d'un village à l'autre et d'une tribu à sa voisine) s'interrogeait sur quelque chose.

"Oui à quoi ?" était la question, pour les plus perspicaces. Et puis ensuite, ceux qui avaient fait Hébreu en LV.6 (Peut-être donc le Grand Protecteur Salvatore Lograno lui-même, le meilleur d'entre tous) pourraient discerner l'usage de cette ravissante et étonnante langue du second de l'Aimable Magali à la cheffe des Pêcheurs. Une simple interrogation sous forme de recommandation : " Je pense que vous devriez prêter attention, Aimable Porte-Parole, ils attendent vos suggestions. "

" J'ai tout entendu ! Pour qui me prenez-vous ?! " rétorqua-t-elle, dans la langue de Juda, à son second, en l'évacuant d'un geste.

Elle se saisit ensuite d'un petit bol, qu'une grande native icamienne à la coiffe remplie de plumes touillait calmement pour elle depuis le début de la rencontre, elle qu'elle avait consommé à petit trait jusque-là.

Non, en fait c'est de l'ayahuasca. Pourquoi est-ce que vous pensez que l'Aimable Magali n'avait pas répondu jusque-là ?
Un petit bol de tisane digestive aux plantes. Très important après avoir consommé autant de feijoada que les Honnêtes Convoyeurs en Volterra

Elle termina d'une traite le bol, et fut prise l'espace d'un instant par des frissons, jetant sa tête en arrière ... Avant de revenir, en inspirant très profondément.

" Oui. Tout est clair ... "

Derrière elle, des collègues sceptiques s'interrogeraient sur la pertinence de s'envoyer des herbes du genre en pleine réunion. Une remarque qui fut instantanément douchée par le second, qui évoqua le sort funeste qui attendait ceux qui remettaient en cause les initiatives de leur cheffe, et son pendant spirituel.

" Infiltrer Apamée ... Oui ... Bonne idée ... Attaquer leurs lignes ... Oui ... Nous pourrons le faire ... "

" Nous pourrons envoyer nos navires perturber leurs lignes, nous mettre au large des ports d'Apamée, de Porto Rosso et de Nuevo Fortuna. Les harceler pour s'assurer qu'aucun navire ne puisse sortir indemne. Cela devrait affecter la réputation d'Apamée. Sa capacité à passer pour la "protectrice" des cités proches " expliqua le second.
" Mais ... Mais mais ... La Sélène-Mère parle ! " lance l'Aimable Magali, en levant le bras droit, en transe, " Un geste fort ! Il faut un geste fort ! Un mouvement fort ! Un objet fort ! "

La grande chamane frappa du pied par terre et hulula, avant de brandir son macuahuitl dans l'air, au milieu de la réunion. Le second de l'Aimable Magali fit son possible pour calmer autant ses camarades que les autres mernaires ... ainsi que leur hôte.

" Ne vous inquiétez pas ... ne vous inquiétez pas " essaya-t-il

" Je vois ... Une arme ! Colossale ! Oui ! Il faut une grande arme !.. Une arme capable de faire trembler nos adversaires ! La plus grande arme de Manche Blanche !.. Une pièce maîtresse qui n'aura qu'à être présentée devant les remparts de n'importe laquelle de nos adversaires, et qui les terrorisera par sa seule majesté ! "

" Euuuuuh ... "
" La Terreur bâillonnera les cités séditieuses ! " continua l'Aimable Magali, possédée.

Tout va bien, on vous dit !
" A-LA-LA-LA-LA ! " entonna la chamane

" Aimable Porte-Parole ... " tenta le second, en hébreu...
Il fut évacué d'un geste de la main.

" Une grande arme, capable d'abattre les plus hauts murs, portée par nos navires, dont la seule vision d'Apocalypse cimentera dans le cœur de vos ennemis votre statut d'Hegemon, Ô Grand Protecteur ! Et je vous vois, à la poupe de nos navires, les adressant en vainqueur, adulé par tous de Velsna à Irushlim comme le Grand Protecteur de toutes les âmes d'Eurysie face à la barbarie ! "

" GRAND PROTECTEUR ! A-LA-LA-LA-LA ! "

" Euuuh ... " retenta le second, en se tournant vers leur hôte, " On ... peut tenter d'embarquer un missile balistique sur le pont de l'un de nos cargos ... pour ... forcer Apamée à capituler devant notre puissance de feu supérieure ..? "
Et pendant ce temps, l'Aimable Magali dévisageait toute l'assemblée, les yeux exorbités, injectés de sang, accompagnée de sa chamane qui, approchant des deux mètres et les dépassant allègrement avec sa coiffe de plumes, pouvait au moins appuyer sa cheffe dans le domaine de la fascination mystique.

    Le Super Plan très réfléchi des Honnêtes Convoyeurs/Aimables Pêcheurs (ils insistent) de la Côte de Cuivre :

  • Les Pêcheurs sont d'accord avec les autres plans. L'Aimable Magali a évidemment écouté ... Ou tout du moins, elle dispose d'un second capable de tenir la barre.
  • L'Aimable Magali déclare qu'il faut un geste fort pour asseoir le statut future de Salvatore Lograno : Une arme capable dont la seule existence et présence devant leurs murs fera capituler une à une les cités de la Dodécapole ...
  • ... Étant donné l'état de l'Aimable Magali, le second suppute qu'il pourrait monter au moins un missile balistique sur un navire cargo pour faire peur aux gens ... Il n'est pas très sûr.
On change pas les recettes qui gagnent...


De tout évidence, Salvatore avait l'air extrêmement impressionné par le tour de passe-passe de la chaman amérinleucienne qui hurlait ses incantations, ce qui n'avait pas l'air d'être le cas du garde du corps du Protecteur. Tony Scarla tenta de protester devant ce qui paraissait être un spectacle relativement affligeant à ses yeux:

" Mais putain il lui arrive quoi à cette conne..."


"Fais silence Tony, laissons la dame faire sa magie voyons !"


Ce dernier semblait captivé par ce spectacle, et trépignait à chacune de ses déclarations, rompant le silence avec quelque commentaire issu de pets de l'esprit, mais qui agglomérés à tout ce qui avait déjà été dit, formait l'esquisse d'un plan visant à compléter les dires et mercenaires afaréens et nazumi.

"Oui ! Exactement ça ! Ce serait...comme un serpent ! Un serpent qu'on enroulerait autour de la gorge des apaméens. On sème la zizanie en interne, on donne des armes à et des hommes à Porto Rosso et Adria ! Et ensuite...vous, vous serrez le noeud de la corde en faisant des opérations de piraterie sous faux drapeau. Il faut étouffer cette ville de putains et de marchands de draps."


L'émerveillement du condottière ne fut qu'à ses prémices: la révélation du "canon géant " le fit bondir de sa chaise d’excitation, laquelle il s'empressa de rendre compte à Tony Scarla, toujours sceptique:
- Regarde Tony ! Je te l'avais dit ! C'est un signe !
- Je crois surtout que la vieille a vu ce qu'il y a sous le drap derrière votre bureau chef. Et les tubes de métal dans la cour.
- Rah tu m'énerves ! Chut !


En effet, il se pourrait bien que la "vision" de la chamane ait pu être quelque peu influencée par l'énorme maquette pauvrement dissimulée sous un fin drap blanc, sur une table derrière lui. Lograno attendit respectueusement que cette démonstration cesse pour applaudir ses contractuels amérinleuciens, sans aucune réserve:
- Ahahaha ! Ah j'adore ! Cette petite séance de transe m'a fait l'impression d'une épine qui me remontait le long de la colonne ! C'était incroyable. Et je dois le dire, vous m'avez devancé au sujet de l'une de mes annonces.

Lograno se releva de sa chaise, et continua son laïus, le cul posé sur son bureau:
- Certes, messieurs dames, nous n'en sommes qu'aux préparatifs de ce qui ressemble à une grande opération de sabotage à distance. De la fourberie et la subversion ! Mais, voyez vous, j'ai quelque chose à vous montrer qui vous fera probablement plaisir, vous poussera à vous poser quelques questions bien entendu. Je suis mercenaire depuis de longues années voyez vous: j'ai connu le terrain, et puis j'ai connu la tête des opérations. J'approuve totalement le plan que nous sommes en train de concocter, mais je pense qu'une fois que celui-ci aura rempli son office, il ne faudra en aucun cas laisser tomber l'art de la guerre psychologique.

Le protecteur s'en alla du côté de la table drapée, et se saisit de l'extrémité du tissu, sans pour autant le tirer vers lui tout de suite:
- Je pense qu'à la subversion que vous me proposez doit succéder les premières planifications d'une option militaire. Et...je pense que la guerre ne doit pas seulement être le moyen d'atteindre un objectif: la manière compte tout autant, et cela reflète exactement la vision que notre amie ici présente vient d'avoir. Messieurs et dames de guerre, je vous présente LE CHIEN DE GUERRE !

Devant les mercenaires se dévoilait la silhouette d'une maquette de pièce d'artillerie prenant toute la longueur de la table, et pas n'importe quel canon: aussi bien le calibre que la longueur de ce dernier paraissait démesuré, et rappelait la manière de faire la guerre des raskenois.
- Gagner ne suffit pas, messieurs et mesdames, il faut gagner de manière éclatante: la guerre soit être aussi bien efficace, comme vous semblez le concevoir, et belle. Voilà donc la merveille d’ingénierie que je compte présenter au reste de la Dodécapole, une arme psychologique davantage que tactique, je le conçois. Mais vous savez, certains projets sont comme les cathédrales: ce n'est que de la pierre, mais de la pierre taillée pour entrer dans l'éternité. Ce canon sera notre cathédrale, mon magnum opus. Je me suis déjà arrangé pour trouver de quoi cannibaliser de l'acier, et j'ai d'ores et déjà des ingénieurs capables de le concevoir: un calibre de 460 millimètres...vous vous rendez compte...ce sera comme une trompette de Jericho abattant les murs de cette ville de merde ! Vous messieurs, concentrez vous sur l'opération de subversion, et moi...je m'occupe d'assembler les bric et les brocs de notre armée pour le moment fatidique.

Maintenant que nous sommes d'accord pour les préliminaires de la première opération...je suis confronté à un dilemme dont je souhaiterais votre avis: devrions nous faire de cette pièce d'artillerie une unité fixe, à la façon d'une batterie côtière, que nous monterions à proximité d'Apamée en cas de débarquement ? Ou devrions nous la monter sur un navire ? Un navire géant, le plus grand qu'on ait jamais fait ! Même les fortunéens et les velsniens se chieront dessus quand il verront cette bête ! Même ce putain de Déria n'en reviendra pas ! AH !

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