13/07/2017
10:15:03
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ON𐐅 : Rencontre entre l'ONC et OND

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Premier juillet 2017


On entrait pleinement dans l'été à Manticore et pourtant, Rebecca avait davantage froid qu'en Sylva. Elle était partie pendant une grosse pluie pour assumer ses missions en Teyla et avait été accueillie par un grand et doux soleil. Si le bitume envahissait la ville, l'air restait respirable grâce aux nombreux arbres plantés en bords de route. Ce fut d'ailleurs une agréable surprise pour elle de voir une telle végétation, craignant originellement d'avoir affaire à un panorama stérile de béton et goudron à perte de vue. L'odeur boisée masquait partiellement celle des pneus que l'on avait systématiquement en ville.
Manticore
Manticore et ses gratte-ciel.

La rencontre faisait suite à une initiative de l'ONC d'établir un contact plus étroit et privilégié entre les deux nations, choses se faisant naturellement dans le rétablissement d'un monde tripolaire. L'éternelle rivalité entre l'ONC et LiberalIntern avait laissé place à un monde multipolaire où se multipliaient les alliances régionales : UMT, OND, UEE, UAA, UICS, BNE, CITADELLE. Mais cette période fut éphémère et ces alliances tombaient une à une dans la désuétude. Seule l'OND fit réellement exception pour s'imposer comme un organisme mondial plutôt que qu'uniquement régionale, et le LiberalIntern reprenait en poile de la bête avec l'intégration de l'Estalie tandis que l'ONC se réveillait en digérant les éléments les plus importants de l'UEE. Le monde était à nouveau partagé entre quelques alliances mondiales, simplement passées de deux à trois, effaçant à nouveau les pôles régionaux. BNE, FCAN et PAS persistaient, mais dans une moindre mesure, à leur échelle. Un rapprochement entre les deux blocs libéraux tenait d'une réaction naturelle quand se revigoraient les mouvements communistes.
Au-delà de la simple opposition au LiberalIntern qui se lançait dans des opérations toujours plus audacieuses, il y avait tout bonnement la convergence. Il était même curieux que l'ONC et l'OND n'aient pas initié plus tôt ce genre d'initiative. Si les raisons d'être des deux organisations restaient différentes, les courants idéologiques qui les animaient et les positionnements géostratégiques qui les engageaient étaient semblables.

Si l'air était frais aux standards de Rebecca, la salle où se déroula la rencontre restait malgré tout climatisée à une température considérée comme douce localement (aux alentours de 22°C, justifiant un chemisier assez chaud pour la représentante de l'OND). En signe de bonne entente, elle avait apporté un cadeau diplomatique pour son homologue (qui lui inspirait une certaine méfiance pour une raison qu'elle n'arrivait pas à dire, mais elle ne laissa rien transparaitre de ce délit de faciès dont elle eut un peu honte) :

« Excellence Alessandro Beneditto, c'est un honneur de vous accueillir à cette discussion. J'espère que votre voyage jusqu'ici s'est fait sans encombre. Je ne vous cache pas mon enthousiasme à débuter cette discussion d'une importante majeure. Mais avant, je souhaiterais vous faire un présent diplomatique, en signe de bonne entente. »

Cadô
Ledit présent diplomatique, tout en sobriété et raffinement.

« C'est un cadeau traditionnel sylvois, une pyrogravure sur bois qui devrait décorer à merveille la salle de réunion de l'ONC. », dit-elle avant de faire signe au munificent de prendre place sur un siège en face d'une table basse. Comme le veulent les habitudes sylvoises, des fruits en morceaux (pastèque, melon, ananas et autres) étaient présentés pour agrémenter la discussion. Aucun alcool pour le moment, ceci dit. « Nous avons plusieurs points à discuter, à commencer par l'impératif d'initier des relations de confiances plus étroites entre nos organisations de manière à agir de concert. À cette fin, l'OND pense en particulier que commencer avec un accord de partage de renseignements serait à la fois un excellent début pour répondre à nos intérêts mutuels et développer cette confiance, tout en étant suffisamment peu engageant pour le moment. Lorsque je dis « peu engageant », c'est évidement dans le sens où un accord défensif aussi précoce entre nos deux organisations serait un engagement bien plus significatif et pas nécessairement approprié pour le moment.
Mais il s'agirait de procéder dans l'ordre et avant de parler des axes de rapprochement et coopération possible, peut-être devrions-nous développer les visions respectives de nos organisations sur les dynamiques géostratégiques qui nous concernent et qui rendraient impératifs ces rapprochements. »
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Ambiance


On pourrait dire beaucoup de choses sur la figure atypique d'Alessandro Benedetti. Sa grande taille et son corps trapu ne passent pas inaperçu dans les rues de Manticore. Costume un peu trop serré pour lui, une petite attachée-caisse en main, Benedetti et son secrétaire particulier grimpent quatre à quatre les marches de l'escalier central du siège de l'OND. Ce n'est pas le premier velsnien à en fouler le rez de chaussée, loin de là, mais ce n'était pas tant en sa qualité de sénateur que ce dernier était présent ce jour, que celle du tout nouveau poste de "délégué à la communication avec les nations onédiennes". Signe des temps nouveaux, il avait été nommé à cette fonction, en parallèle d'un autre délégué, quant à lui affecté aux "affaires libertaires": voilà qui en disait long sur la position des gouvernements composant l'Organisation des Nations commerçantes, qui reconnaissaient par ce fait la légitimité au dialogue de deux autres grands pôles de puissance, et le nécessaire dialogue qui devait être maintenu entre ces différentes visions du monde, qui selon certains étaient destinées à nécessairement cohabiter dans le meilleur des cas, ou s'entrechoquer dans le pire.

Mais ce n'étaient pas simplement le temps qui était nouveau, mais les hommes et les femmes lui donnant toute son animation. Alessandro Benedetti était certes sénateur, son premier mandat, mais il était également ce que les velsniens appellaient un "homo novus", un homme nouveau, un terme que l'on utilisait parmi la vieille élite politique de la cité pour désigner des personnages de basse condition ayant réussi par la force des choses à s'élever jusqu'à atteindre une fonction politique. Benedetti n'était pas né riche, et il ne s'était pas non plus distingué par sa défense du pays, comme d'autres ont pu le faire lors de la Guerre des Triumvirs. Cet homme nouveau...pouvait en rappeler un autre à qui les sylvois avait eu affaire...un certain libertarien...mais Benedetti avait choisi une voie différente. Plutôt que de grandir dans une opposition au pouvoir en place, il l'avait intégré, et s'était progressivement rapproché des cercles fermés du pouvoir politique velsnien. A l'origine simple garde du corps de son excellence Carlos Pasqual, il avait fini par en intégrer l'entourage proche de collaborateurs, jusqu'à devenir sénateur à l'issue des élections de 2015.Il s'était de nouveau distingué à l'occasion du grand mouvement social ayant frappé le pays la même année, ayant fait scandale après avoir prit lui-même part aux opérations de police à l'encontre des manifestants.

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Benedetti lors du mouvement social de 2015 (image d'archive)

Un tel volontariat et une ardeur à servir a fini par attirer les regards dans les bancs du Sénat, et a convaincu ses confrères de lui confier la fonction officieuse de médiateur dans le cadre de rencontres internationales diverses, comme à l'occasion de la tripartite de Nouvelle Kintan, ou encore la mise en contact avec le nouveau gouvernement d'Altrecht a l'issue de la Révolution qui a secoué le pays il y a à peine quelques semaines.

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Aujourd'hui, c'est avec une toute nouvelle casquette qu'il s'élançait vers son homologue. Les onédiens avaient apparemment choisi une sylvoise dont les océniens n'avaient guère plus d'informations que ceux d'en face devaient en avoir de lui... Dans un sens, c'est peut-être très bien comme cela, et ce serait l'occasion de faire démarrer une relation de zéro, avec deux interlocuteurs nouveaux. Sa poigne est ferme, mais le regard est calme et posé:

"Excellence. C'est toujours un plaisir venir ici. Je dois bien vous avouer que c'est la première fois que je me rends à Teyla. Mais j'imagine que l'art moderne et les grattes ciels en verre doivent bien plaire à certains... Hélas j'ai bien peur que mon cadeau ne soit pas aussi joli que le vôtre, pas aussi bien pensé. On m'a informé il y a à peine quelques heures qu'il en fallait un, pour la circonstance. Aussi, permettez moi tout de même de vous faire part de mon présent."

Le secrétaire de Benedetti apporte à la diplomate une bouteille de vin, qui à première vue ne paie pas de mine.

"C'est un Falerno, l'un des meilleurs vins de la plaine velsnienne. 1989, une très bonne année. Je connais un ami qui a des contacts dans la viticulture dans la région de Munda, et je me disais qu'au vu de l'accord d'exportation existant entre nos deux pays en matière d'industrie du vin, il était de bon ton de célébrer cette bonne entente de plusieurs années entre nos entreprises et nos acteurs privés de cette façon."


Benedetti prit place, sur une chaise qui n'était peut-être pas assez large pour sa carrure. C'est qu'il était d'un air quelque peu atypique pour un diplomate, et on aurait tendance à croiser ce profil en sortie de boîte de nuit que dans une salle de conférence... Comme d'un réflexe, il sortit des lunettes de son étui, ce qui lui donna...un air un peu plus studieux. Une fois la sylvoise à la fin de son exposé, il lui répondit, non sans quelque appréhension...après tout, c'était là sa première représentation dans son nouveau rôle:

"Cette proposition est des plus intéressantes, excellence, et vous nous lancer là sur une perspective à étudier sérieusement. Mais avant toute discussion sur le thème du renseignement, permettez moi de faire un aparté sur les limites de mes compétences sur la question. C'est une question délicate en effet, car au sein de l'ONC, nous n'avons aucune instance se rapprochant de près ou de loin de "l’initiative un œil" (il prononce le nom en velsnien). La centralisation de l'information n'a jamais été une compétence de l'ONC. Il y a bien entendu des partages de données et une collaboration inter-étatique, mais uniquement de manière sporadique, dans le cadre de collaborations militaires occasionnelles. A tout hasard, l'affaire chandekolzienne, si l'on veut prendre un évènement d'actualité. Dans ce cadre, vous comprendrez que ce que je peux vous promettre en la matière à cet instant n'engage que moi, et à la limite, mon propre gouvernement.

CEPENDANT, il est en revanche tout à fait dans mes cordes de faire parvenir à tous nos membres une proposition de partage de renseignements de votre part, mais qui devra être acceptée ou refusée par ces derniers au cas par cas. Comme vous le voyez, c'est encore là très différent de ce qui doit se passer chez vous. Mais je note votre requête, dont il sera question dés la prochaine session du Conseil de Sécurité de l'ONC. D'ailleurs, n'hésitez pas à en donner des détails, si cela peut convaincre les plus réticents. Rédigez moi les termes exacts de votre proposition sur papier, et je transmettrai. Mais puisque je suis là, en face de vous, et que je suis velsnien en plus d'être océnien, je me permets de partager avec vous certaines de nos inquiétudes.

Dans le cadre d'un partage de renseignements, je puis déjà vous dire que le Gouvernement communal velsnien serait prêt à souscrire à ce "partage d'informations", et ce dans le cadre de la diffusion de plus en plus prononcée du communalisme en Manche Blanche. Nous sommes tout particulièrement alertés par les manœuvres récentes de ces derniers en ILE CELTIQUE...*raclement de gorge*...excusez moi, réflexe pavlovien. Vous devinez bien que l'annonce d'une alliance entre la République d'Achos et le Grand Kah, qui s'apparente plus à un traité de protectorat, a fait bondir plusieurs sénateurs de leur siège. Et m'est d'avis que ce n'est qu'une question de temps avant que le gouvernement menkien cède à son tour à ces sirènes. Cette affaire est l'un des exemples de celles sur lesquelles nous souhaitons parvenir à un accord. Je suis également certain que la République du Jashuria s'intéresse de très près à tout ce qui est attrait à la Confédération socialiste du Nazum. Bref, je pense que nous avons beaucoup à dire et beaucoup d'affaires sur lesquelles nous accorder, excellence, mais il va falloir faire du cas par cas, j'en ai bien peur... Ce sera plus long et laborieux qu'un partage "général" de l'information entre nos services, mais comprenez que je n'ai pas le pouvoir d'ordonner à tous nos membres de s'y soumettre à l'unisson. Mais si vous avez des affaires particulières sur lesquelles vous envisager cela, n'hésitez pas.

Quant à un accord défensif, sur cela j'ai la compétence pour vous affirmer quelques petites choses, que c'est théoriquement possible en premier lieu. Mais pour l'instant, la grande majorité de nos membres pensent qu'un tel pas en avant n'est pas justifié: si le Liberalintern avance ses pions, nous pensons être largement capables de faire face seuls à ses ambitions. Mais là encore, je note votre entrain et votre amabilité. Pour le moment, le Liberelintern ne déploie son influence que dans des régions que nous considérons comme "secondaires" pour nos intérêts: un coup d'état dans un pays obscur d'Eurysie centrale ne constitue pas, pour beaucoup de nos membres, une justification suffisante à une quelconque forme de coalition mondiale, et le reste de leurs manœuvres sont pour le moment du domaine de la diplomatie et de la subversion. Ce n'est pas chose nouvelle chez les rouges... En revanche, nous sommes tout à fait d'accord pour signifier au Liberalintern que l'expédition punitive en Hotsaline doit cesser."
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