16/12/2017
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Rencontre E.C.U -- Yachosie

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Un nouveau protégé pour la Confédération ? Rencontre entre le Bahama (Empire Confédéral Uni) et le Tsarat parlementaire d’ex-Yachosie.

Un silence d’or régnait dans la salle Louis de Saint Jean de Luz dans l’ancien palais directorial de Saint Arnaud des Pics. Carma Argawal, ayant récemment eu l’autorisation express du Ministre des Affaires étrangères confédérales de représenter la Confédération lors de cette conférence. Elle observait d’un œil averti les différentes fresques murales, différenciant les peintres classiques, néo-classiques ou baroques tout en admirant les nouvelles tapisseries bahamanites qui trônent là où régnaient sans partage les portraits des anciens Directeurs qui se succédèrent. La mise à mort artistique des reliquats de l’Empire Colonial Antérinien et de ses multiples filiales. Pourtant, ce n’était pas une victoire contre l’Antérinie, mais contre le Directorat. La Famille impériale ayant habilement su comment conserver les bonnes grâces des locaux tout en jetant l’opprobre sur le groupuscule oligarchique qui gouvernait le Bahama depuis bientôt quatre siècles. Un changement de régime consacrant le rôle protecteur des Antranias (la Famille régnante) tout en mettant à bas la clique oligarchique qui gouvernait les anciennes principautés hindoues.

Histoire que les tapisseries restituait. Représentants les marchands antériniens achetant leurs premiers comptoirs chez des princes désargentés, leur promettant des gains gigantesques s’ils acceptaient d’échanger les soies des Xings, les épices et le thé contre des armes, de l’or et des produits manifacturés des premières « industries » antériniennes. Puis après les quelques représentations consacrant ces premières opérations financières, une autre tapisserie suivait ; l’arrivée des premiers diplomates en privenance de l’Empire et l’achat de certaines villes par de riches commercants. Le lent poison qui allait précipiter la chute des empires locaux commencait à se distiller tandis que le serpent antérinien montrait déjà les crocs. Malgré tout, ces fresques de tissus donnaient un caractère pacifique, et même glorieux à ces rachats tout en ridiculisant les gros princes et leurs maigrichonnes montures. Véritables fautifs qui initièrent sans s’en rendre compte plusieurs siècles d’ingérences étrangères. En quelques sortes, les patients zéros de la puissance coloniale antérinienne, leur appât démesuré du gain leur permettant de bâtir leurs immenses palais qui finira plus tard par pousser leurs héritiers à renoncer à ces derniers. Le sacrifice de l’éthique, et de ce que plus tard les philosophes antériniens reconnurent comme la « morale Royale », sur l’autel de l’Argent. Et tandis que les gros maradjas s’en allaient sur leurs purs sang Azuréens vers leurs palais d’or et de marbre, les navires Antériniens voguaient en direction d’Antrania chargés d’épices et de « xingueries » qu’ils revendront à prix d’or.

Déjà les tapisseries s’enchaînaient ; éléphants de guerre et uniformes bleu nuit combattant ensemble contre d’autres pachydermes grisâtres et tuniques rouges ; les premières guerres entre mercenaires des compagnies antériniennes et cartaradaises pour soutenir tel ou tel prince. Début de la fin pour ces derniers qui crurent pouvoir utiliser sans coups férir la puissance de feu des Eurysiens à leur avantage tout en oubliant, ou du moins en minimisant les risques. Celui de voir les diverses compagnies commerciales se retourner contre leurs employeurs. La mise sous tutelle ne venait pas encore, mais elle n’allait pas tarder. Pour l’instant, ces dernières luttaient à mort pour la suprématie sur le sous-continent bahamanite. Guerres d’influence et guerres commerciales se mêlant aux guerres territoriales menées par les multiples princes locaux, à la fois pions et rois participant aux nouveaux rapports de puissances entre l’Antérinie et ses rivaux Zélandiens, Tanskiens ou Cartaradais. Et tandis que ces derniers se ruinaient en conflits, les prix du thé baissaient, l’offre et la demande étant les impitoyables serviteurs des marchés. L’aristocratie bahamanite se ruinait sans pouvoir se renflouer. Évidemment, les Compagnies commerciales, saississant l’opportunité, leur proposèrent d’éponger les dettes d’un train de vie fastueux et onéreux en échange de quelques concessions commerciales encore plus importantes et de la soumission diplomatiques de certains (notamment ceux évoluant près de Saint Arnaud des Pics, ville s’étant bâtie sur les fondations de Deli, la cité achetée par les marchands antériniens). Les successeurs de ceux qui invitèrent les Antériniens venaient de creuser leurs tombes.

Maintenant les compagnies effrayaient les princes, qui voyaient apparaître ces dernières comme de nouvelles forces qu’il fallait tenter de faire entrer en collision. Tandis que les autres frises représentaient des affrontements menés avant tout par des princes autochtones, les nouvelles montraient deux puissances eurysiennes s’affronter, supplées par des auxiliaires bahamanites aux uniformes resplendissants. À la fois ironique et tragique, ces derniers commencaient à devenir les laquais des Eurysiens tout en conservant leur panache. Les tisseurs, s’amusant de cette bien ironique histoire ne tombèrent dans certains travers manichéens, comme la diabolisation du colonisateur (ici les Compagnies Marchandes) et la victimisation du colonisé (les princes Bahamanites), ils partagèrent les responsabilités ; un État fort est moins succeptible d’être colonisé qu’une puissance mineure ; ce fut le cas en Afarée avec Marcine qui s’appuyait sur les divisions entre Eurysiens pour préserver sa souveraineté malgré ses relations (extrêmement) étroites avec l’Antérinie (l’empêchant ainsi d’en faire une de ses colonies//protectorats). Les Responsables sont avant tout les princes, qui corrompus par les vices d’un argent facile et d’un commerce trop simple qui se déséquilibrait inexorablement sous leur paresseuse administration. Les Marchands, ne sont pas exemptés de reproches, les hommes vêtus de bleu ou de rouge avait le mérite de travailler efficacement à leurs propres fortune, mais sont bien souvent représentés comme vénaux et cupides. Fautes partagées qui au final lésait la masse populaire. Véritable victime de la colonisation.

Le pouvoir central est absent, sous-représenté, parfois même fantômatique. Quelques fois un homme richement vêtu et arborant deux lauriers (les emblèmes de la Famille Impériale) sur ses armes se présentaient devant les princes et les Marchands, les Directeurs. Mais ces derniers s’inclinaient, s’alliaient où se présentaient humblement. L’idée que l’on se fait du rôle d’Antrania dans la colonisation étant bien souvent exagérée, l’État n’a rien fait, il s’est même laissé effacé, a laissé prospérer les grandes compagnies commerciales, augmenté ses droits de douane avant d’armer ces dernières contre les Zélandiens ou les Cartaradais. Les Antranias étant les bien discrets hommes de basse besogne des commercants locaux ; les guerres de puissance s’imbriquant elles-mêmes dans les guerres commerciales elles mêmes liées aux conflits territoriaux entre les puissances bahamanites. Une véritable poupée gigogne. Puis finalement, les derniers princes réellement indépendants furent absorbées dans l’Empire de la Compagnie des Jashuries Occidentales, soit en signant des accords commerciaux, soit en s’alliant avec cette dernière. C’est ainsi que se terminait la première batterie de cette fresque de tissu. Et avec elle, l’indépendance du Bahama se finissait alors que le Joyau de la Couronne Impériale allait resplendir de milles feux.

La nouvelle série de fileries débutait par la mise en place de la stratégie dite de la « déchéance », visant à racheter à vils prix les terres des princes lorsque ces derniers décèdent sans héritiers. Même si leurs nobles recevaient en compensation des fonctions administratives élevées et la possibilité de conserver leurs titres. Le Directorat a bien compris que sans l’acclimatation de l’aristocratie locale, la gouvernance de son Empire serait impossible sans user abusivement de la répression. La paix intérieure valait bien quelques menues rétrocessions… Puis les Directeurs, dirigeant dorénavant la Compagnie des Jashuries Orientales, renommées Union des Compagnies Nazuméennes, s’engraissèrent, si auparavant ils étaient plutot bien représentés, c’est à dire comme des vainqueurs, malhonnêtes certes, ils devenaient la figure de la corruption, les Nouvelles Institutions imposées par un État antérinien de plus en plus centralisateur (notamment pour ses colonies) à partir de la seconde moitié du XIXe (droit de vote des autochtones en 1845) forcèrent ces derniers à ruser, à les retourner à leurs avantages, la corruption, depuis lors, règne sur le Bahama. Tandis que le Catholicisme s’imposait et que les religions locales disparaissaient (notamment à cause de la perte de puissance du clergé hindou et du soutien inconditionnel de la plupart des nouveaux parlementaires locaux, issus de Grandes Familles locales occidentalisés de gré ou de force).

Et tandis qu’aujourd’hui la Compagnie s’effondrait, haïe par les locaux et reniée par la Dynastie impériale, un nouveau gouvernement prenait place, de nouvelles institutions s’établissaient, un nouveau régime naissait. Si la mise en place de cette tapisserie volumineuse et coûteuse voulue par le Nouveau Gouvernement d’Union Bahamanite, c’était avant tout pour célébrer sa victoire et imposer un nouveau récit officiel ; pas de rejet de l’Antérinie et de la Confédération, ni même un rejet du libéralisme ; mais simplement l’établissement d’un régime qui pardonne mais qui se souvient. Voyant à la fois naître ces marchands de rêves modernes à Axis Mundi ou à Lyonnars, leurs nouveaux produits intellectuels se marchander dans les États faibles et instables, s’insinuer lentement en eux en jouant sur les problèmes sociaux inhérents à des États libéraux et soulever des masses fanatisés pour établir leurs régimes sanglants, purgeant et épurant les classes politiques, massacrants la Bourgeoisie, assassinant en masse les malheureux ne voulant pas d’un État reniant ses véritables racines religieuses ou ses Traditions, dorénavant devenus d’odieux fascistes réactionnaires, une vermine que toute personne censée ne peut regretté sous peine de devenir elles aussi des figures fascisantes. Un régime qui écrase les printemps populaires tout comme il oppresse les masses. Une « démocratie populaire » à parti unique.

Pour Argawal, cette frise de tissu n’est pas uniquement la représentation de l’Histoire bahamanite, c’est aussi un avertissement. Gare aux grandes puissances qui exercent trop d’influence ! Gare aux commercants qui promettent des montagnes de bénéfices, sous peine de se voir ensevelir. Surtout ceux qui promeuvent une vision politisée et simplifiée. L’Ennemi de tous, l’Antagoniste ultime, le Diable en personne porte une cravate et un veston. La Victime innocente, l’Agneau que l’on s’apprête à sacrifier est celui qui s’use à la tâche dans les mines et dans les champs. Si le premier est froidement assassiné, alors tout ces camarades oppressés peuvent enfin se libérer des abominables carcans moraux et sociétaux. Plus de famille, plus d’Eglise plus de Patrie, fini l’oppression ! En revanche, soyez prêts à connaître privations, famines organisées et répressions massives. La Ministre bahamanite considérait le communisme et ses produits dérivés comme cela. Elle même avait fait partie du Parti Tahoraniste local, avant de redécouvrir plusieurs grands auteurs conservateurs et voir le Parti s’enfoncer dans le sectarisme tout en baissant officiellement les armes face aux Directeurs en échange d’une amnistie totale. Dès lors, elle a lentement entamé une reconversion politique ; des tracts violemment anticommunistes, des discours radicaux sur les écrits marxistes, avant de révéler quelques compromettants secrets sur des sections communistes locales, entamant durablement l’image de ces dernières auprès des masses. Expliquant en partie la victoire d’une coalition conservatrice et anti-communiste au Bahama.

C’est d’ailleurs pour cela qu’elle a d’office décider de se pencher sur la Yachosie une fois nommée Ministre des Affaires Etrangères Bahamanites. Pour elle, ce dernier était une version moderne et russophone du Bahama colonial ; Un territoire divisé, pris entre Charybde et Scylla, entre le dictateur fou et ses alliés Socialistes. En face, les tsaristes ; conservateurs, pieux, braves et un peu violent. Si elle n’a pu pouvoir intervenir directement en leur faveur ; la Confédération prise dans de multiples opérations maritimes dans le Golfe Alguareno et dans la Baie de Zentralafarea, n’avait pas les moyens militaires pour intervenir. Néanmoins, avec les négociations de paix, l’agrandissement des lignes de productions et quelques salvatrices réformes administratives, la Confédération pouvait dorénavant se doter de moyens navals et militaires efficaces et réellement entrer dans la cour des Grands. Toujours est-il que malgré la victoire tsariste, rien n’était joué. Le Kah est un Empire, ses cousins germains écarlates le sont aussi. Et un Empire est voué à croître sous peine de s’effondrer. La Révolution est un feu ardent qui doit incendier peuples et nations avant de s’éteindre. Incendies profitant généralement au Kah ; l’asseyant comme la Citadelle Rouge à l’international et imposant ses pensées « émancipatrices » à ses vassaux. Le Kah est Empire agressif, rouge certes, mais il reste un impérialisme. Et c’est probablement de ce dernier dont il faut se méfier plus que tout, et c’est d’ailleurs pour cela qu’Argawal considère l’alliance Marcino-Cathanaise comme un risque à long terme pour le Royaume et pour la Confédération. Et c’est pour cela qu’elle a bien l’intention de préserver autant que faire ce peut l’indépendance et la souveraineté du Tsarat.

Alors qu’elle pensait à tout cela, qu’elle vomissait intérieurement les idéologies écarlates et qu’elle réfléchissait aux meilleurs moyens de mettre à l’aise son interlocuteur, les hérauts aux couleurs locales (bleu et orange) annoncaient : - « Sa Majesté le Tsar ! » tandis que les portes s’ouvraient.

Alors que la Ministre s’inclinait, et que les représentants de Yachosie s’asseyaient, les domestiques aux constumes à queue servaient quelques refaraîchissements. Avant de s’en aller.

Puis, après quelques minutes de silence, la Bahamanite fit :

- « Bonjour Votre Majesté, je vous souhaite la bienvenue en sol Bahamanite et je vous adresse toutes les fécilicitations de l’Empire Confédéral, et je tient à vous garantir que vous recevrez son soutien le plus entier. De plus, toutes vos propositions seront étudiées avec bienveillance. Je me permettrai aussi de vous dispenser quelques conseils sur les moyens que vous auriez pour éviter l’encerclement total et surtout une agression digne de celles commises par des gangs dans les villes les plus malfamées du Bahama. Alors je tiens donc avant tout à connaître vos objectifs sur le long terme et les moyens que vous comptez utiliser pour les atteindre. »
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Le tsar venait d'arriver dans la salle Louis de Saint-Jean-de-Luz dans l’ancien palais directorial de Saint-Arnaud-des-Pics où ce dernier devait tenir une rencontre avec les représentants de l'Empire confédéral uni. Cette rencontre est l'une des plus importantes que le Tsarat n'ait jamais connues. Il s'agissait de la première rencontre du tsar avec un État aussi puissant que celui-ci. Il savait que l'Antérinie les avait contactés pour entamer des relations qui devraient normalement être dans le bon sens du terme. Cependant, le Tsar Tsarukyan sentait tout de même une pression et un énorme stress ; il venait à peine d'être mis officiellement au pouvoir. Si tout se passait dans le bon sens, il pourrait peut-être obtenir une alliance défensive ou au moins de légers accords militaires, mais le Tsar ne pouvait partir bredouille, il ne l'accepterait pas.
— Enchanté Madame la Bahamite, c'est avec grand honneur et remerciement que le peuple du Khardaz et moi-même vous répondons. Vous ne pourriez savoir à quel point une telle rencontre a enjoué notre ministère des Affaires étrangères. Nous souhaitons donc que cette rencontre ne soit pas un simple déplacement fait par politesse, mais bel et bien une rencontre dont nous sortirons heureux et chargés d'accords.

Premièrement, nous allons vous soumettre le plan de reconstruction du Tsarat.


Le tsar sortit un document de ses affaires et le posa sur la table devant la Bahamite.

— Ce plan sera décomposé en plusieurs étapes ; la première sera d'abord de stabiliser la situation diplomatique ainsi que de stopper l'entièreté des légères "batailles" ayant encore lieu sur le territoire. En parallèle de cela, une première vague d'achats militaires est en train de s'effectuer. Cette première étape est actuellement en cours et d'ailleurs même bientôt achevée. Si la partie "achat militaire" peut sembler peu accueillante, et bien en voilà bien le but. Vous n'êtes pas sans savoir que nos relations avec la Confédération socialiste du Nazum sont extrêmement tendues et notamment d'ailleurs avec la RS du Morzanov et et la RS d'Ouaine. Ces deux nations ont su se montrer très menaçantes à l'encontre de notre nation. Nous faisons référence au survol des chasseurs Morznik au-dessus de la ville de Vishtek ainsi qu'au-dessus des bateaux civils de l'Artyom, mais aussi aux multiples menaces de bombardement à coup de missiles balistiques par la RS d'Ouaine. Ainsi, ces achats ont pour premier but de créer une dissuasion face à toute tentative d'agression militaire de la part de cette confédération.

La seconde étape concerne elle le plan économique. Une grande vague d'investissement dans des usines civiles, scientifiques, culturelles ou, si le besoin se présente, dans diverses usines militaires. Pour effectuer une telle transition économique, nous avons déjà effectué une demande de dédommagement à la CSN de 30 000 unités d'échanges internationales qui a été violemment refusée. Nous n'avions d'autre choix que de saisir la scène internationale pour ce dédommagement, de 40 000 unités d'échanges internationales cette fois-ci. Pour cela, nous avons lancé une demande d'aide internationale.

Pour la troisième et dernière étape de notre transition, nous souhaitons une stabilisation totale de la nation. Cette stabilisation, quelle soit économique ou militaire, permettra la construction de l'avenir futur que notre État a toujours voulu et mérité. Nous souhaitons aussi vous dire que nous n'avons aucune intention hostile militairement parlant envers la Confédération socialiste du Nazum. Nous ne souhaitons pas nous engager dans une nouvelle guerre… Cependant, nous ne pensons pas que cette confédération partage la même envie. C'est pour cela que nous devons développer notre réseau militaire et diplomatique le plus rapidement et grandement possible. Et c'est pour cela que nous sommes là, n'est-ce pas ?
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- « Bien, c’est très bien même, au moins vous avez une ligne de conduite claire. » Approuva Argawal. Puis elle rajouta ; « Je pense que vous devriez néanmoins arrondir certains angles avec la Confédération Socialiste, ça vous permettra de pouvoir pacifier vos frontières… »

Pour elle l’objectif de la Confédération Antérinienne était clair. Elle avait en tête la situation géopolitique, si elle ignorait la présence de nouveaux acteurs dans la région , comme la brigade estalienne chargée de la répression des mouvements contestataires, elle se doutait que le Kah ou son alter ego eurysien ne resteraient pas les bras croisés à observer la situation locale se détériorer, et elle était certaine que si nécessaire, ils interviendraient militairement pour rétablir cette dernière, quitte à bousculer la toute nouvelle démocratie tsariste. Et elle ne souhaitait pas voir la région s’embraser ; une confédération socialiste instable ou du moins faible permettrait aux puissances locales de se défendre si elle venait à pratiquer la propagation de la révolution par les armes. De ce fait, il était capital pour le Bahama, ainsi que pour la Confédération Impériale dans son entièreté, de ne pas voir le Nazum nord tomber aux mains des Rouges. Une chose qui pourrait mettre en péril non seulement la stabilité du continent tout entier, mais aussi les routes commerciales passants par Benobâle et par extension leur donner des ports d’attaches proches du détroit de Théodosine et de la Leucytalée, nœud commercial stratégique reliant le Bahama à ses partenaires d’Eurysie. Si ce raisonnement est tiré par les cheveux, il reste néanmoins aux yeux de beaucoup de politiques bahamanites parfaitement envisageable sur le long terme. Après tout, la Confédération représente environ Deux milles milliards de talents d’or si ses composantes fusionnent. Le risque de voir émerger une « puissance » économique hostile est grand, et pourrait sérieusement mener à une progressive prise de puissance militaire et des politiques agressives pourraient dès lors êtres entreprises.

Il fallait donc contenir cette puissance là. Naturellement la Confédération Impériale n’entendait pas devenir un « arbitre », un « gendarme » régional. Elle avait trop à faire un peu partout sur le Globe. Néanmoins, elle pouvait dissuader les militaires ouainais ou les dictateurs du Mozranov de s’en prendre au Kardhaz et unir les Monarchies locales autour de ce danger qui faisait vaciller leurs Trônes et leurs valeurs. Chrétiens et Musulmans refusant de voir leurs religions se faire allègrement piétiner par ces « socio-terroristes » en mal de chaos. Il s’agissait donc de pouvoir accompagner les régimes fréquentables de la région pour qu’ils puissent se défendre. Après tout, le Beylicat se sens lui aussi menacé, les Moritoniens devraient l’être aussi ainsi que les Vélésiens. Les chances de faire naître une Union Sacrée visant la préservation de l’équilibre régional est largement envisageable, même si ses participants sont diverses, tant au niveau politique qu’au niveau culturel. Mais pour l’instant, le Kardhaz restait la priorité pour le Bahama. De par sa proximité géographique, le petit état risquait bien vite de se faire absorber dans la sphère d’influence des communistes. Et en cas d’invasion, la puissance militaire du Tsarat se ferait balayée, aucun chars, peu d’avions, les masses d’hommes de la C.S.N submergeraient sous le nombre l’ex Yachosie. Il fallait donc à tout prix pouvoir la préserver et la défendre ne serait-ce que pour éviter de voir l’équilibre régional pencher en la faveur des communistes.

Il fallait aussi souligner le fait que la Famille Royale ne pouvait laisser imaginer qu’elle abandonnerait les colonies antarctiques et la Moritonie, trop loin de ses suzerains Ushongs pour permettre une véritable défense de cette dernière. Et comme dans la tradition antérinienne le mariage signifiait nécessairement une alliance, la Couronne n’allait certainement pas lâché la Moritonie alors que le Nord Nazum devenait de plus en plus complexe. Il fallait donc faire rempart avec le Khardaz, qui avec un peu de soutien international pourrait faire front pour empêcher l’impérialisme rouge de se propager jusqu’à Tsaryngrad. La sécurité de la Double-Monarchie primait plus que tout tout en permettant en rapprochement entre le Bahama et l’ex-Yachosie. Amenant la naissance d’un compromis sécuritaire et surtout quelques accords commerciaux majeurs allant dans le sens des intérêts des grandes sociétés telles que Terrabilis ou Carbonnex. La croissance économique étant le moteur de la puissance de la militaire dans les conceptions du Ministère de l’économie confédérale. Il fallait donc pouvoir nourrir les grandes sociétés pour qu’elles puissent financer l’Armée Confédérale.

Néanmoins, en bons conservateurs, Bahamanites et Confédérés savaient que la guerre n’est pas une finalité, non pas pour des raisons morales, mais pour des raisons pratiques ; un affrontement entre le Khardaz et la Confédération socialiste revient à un affrontement indirect entre les puissances garantissant leurs poulains. Autrement dit entre l’Antérinie et les Communalistes et consorts qui ne resteraient pas passifs en de telles circonstances, notamment pour l’Estalie qui reste extrêmement proche géographiquement parlant de la région et qui pourrait intervenir si le besoin s’en faisait sentir. Il fallait donc à tout prix éviter que la C.S.N s’entrechoque avec le Kardhaz. Ainsi un apaisement des tensions était nécessaire et même vital au maintien de la paix dans la région, il fallait seulement trouvé un compromis équilibré entre deux parties qui se sentaient lésées ; le Tsarat pour avoir été victime des ingérences des États membres de la C.S.N et cette dernière pour avoir connu quelques exécutions publiques de criminels peu productives au niveau de la communication et de l’image que renvoyait le Tsarat. Ainsi, la diplomatie bahamanite allait envoyé d’ici quelques semaines un rapport à la Chancellerie de Sa Majesté Arman visant à lui prodiguer quelques conseils pour préserver de manière optimale la sécurité de son État.

En ayant tout cela en tête Argawal continua : - « Au moins vous avez un plan plutôt bien structuré… En revanche, permettez moi de poser quelques questions sur des points qui ont attiré mon attention. Et qui parfois me paraissent quelques peu originaux voire contradictoires… Cela reste bien évidemment des interrogations, et pardonnez-moi si je peut parfois adopter un ton mordant.

En premier lieu cela concerne votre second point ; pourquoi réclamer des réparations aux communistes ? Des excuses publiques suffiraient amplement et leurs capacités économiques ne seraient pas capables de financer une doléance qui s’élèverait à presque quarante millions de talents d’or ! Rares sont les États capables de débourser une telle somme. Ensuite, réfléchissez au message que cela renvoie ; en premier lieu certains pourraient êtres tentés d’inverser les rôles ; voyez-vous, si la C.S.N était un État libéral, son intervention serait injustifiée et peu pourrait dédaigner l’impérialisme d’une telle ingérence, en revanche ce sont des communistes, ils ont agis dans une optique « internationaliste » rendant d’un coup cet impérialisme raisonnable auprès des États orientés à gauche car « représentant les classes prolétaires exploitées par l’Aristocratie ». Je vous l’accorde c’est du pipeau, mais des aliénés profonds y croient réellement… Que voulez-vous ? Ensuite cela pourrait aussi donner l’impression que vous avez l’intention de baser la reconstruction de l’État par des réparations étrangères, que la future croissance économique passera par des dons étrangers. Et malheureusement, c’est ce constat que feront bons nombre de puissances si la Confédération cède. Car là encore le rapport de force est un facteur capital à prendre en compte ; si la Confédération cède, elle devient faible et certaines de ses composantes pourraient lui reprocher d’avoir mis les mains au portefeuille pour quelque chose qu’ils n’ont pas commis, comme la Gondavie. Pouvant amener des fractures internes importantes et même fissurer la Confédération. Pire encore une telle puissance économique, même en usant de son cœur de pierre, pourrait-elle s’abaisser à payer pour ses crimes face à une petite nation venant de sortir de guerre civile ?

Et je pense que cette histoire de réparations à les yeux justifiées mais parfaitement inconsciente pour le reste du monde peut devenir une pomme de la discorde entre les deux États. De ce fait, il me paraît nécessaire que vous abaissiez vos prétentions, trois millions de talents d’or (environ trois milles unités monétaires internationales) sont parfaitement envisageables et peu coûteuses tout en permettant une amélioration rapide des relations entre vos deux États. La somme état tellement dérisoire qu’elle ne peut fissurer la C.S.N tout en vous apportant une légitime réparation. Des excuses publiques pour avoir soutenu un dictateur génocidaire pourrait aussi servir de rétribution morale, permettant de conforter votre place en tant qu’État légitime tout en leur étant utile pour se donner une meilleure image, bien entachée par les goulags, la persécution systématique des minorités sexuelles ou une « démocratie populaire » à tendance autoritaires si l’on abuse de ces quelques euphémismes… Enfin, vous voyez où je veux en venir.

Car cela aura le mérite d’ouvrir une porte de sortie honorable aux communistes, ils ne s’en vont plus la queue entre les jambes, mais en ayant en partie normalisé les relations avec leur voisin. D’une part vous apparaissez comme un acteur raisonnable, et de l’autre ils peuvent s’en sortir à moindre coup. Une stratégie assez efficace il est vrai. De plus nous avons intérêt à ce que la région soit pacifié, et vous même l’avez rappelé, vous n’avez « aucune intention hostile » vis à vis de la C.S.N et de ses États membres, alors profitez-en pour vous débarrasser d’une épée de Damoclès qui pourrait vous tomber dessus sans que vous vous en rendiez compte. Alors autant profiter d’un moyen simple qui pourrait satisfaire les deux parties et stabiliser votre État tout en simplifiant des relations pour le moins agitée. Qu’en pensez-vous ?

Par rapport à l’implication de l’Armée Confédérale (j’insiste sur ce point), sachez que cette dernière pourrait être enclin à s’installer temporairement sur une base que vous lui concéder afin de dissuader les communistes de se lancer dans des « opérations spéciales » pouvant nuire à la souveraineté de votre Empire. Nous tenons néanmoins à vous laisser éliminer les derniers bastions de terrorisme pour économiser les vies humaines mais aussi pour laisser à l’armée Kardhaz l’honneur de parachever la conquête, la reconquête de la Nation. Qui est pour nous une question de principe. Ainsi, nous nous permettrons aussi de vous proposer une alliance défensive visant à dissuader les communistes de se jeter sur le Tsarat.
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Le tsar écoutait. Il écoutait la longue tirade de la Bahamite concernant leur choix de dédommagement. Il était vrai qu'elle pouvait sembler à premier coup d'œil totalement abusive, voire illégitime. Cependant, dès lors que la question est étudiée de près, cette demande parait tout à fait légitime. Il est clair que si les communistes de la Confédération socialiste du Nazum n'étaient pas intervenus en 1987, la guerre se serait très probablement finie à cette date. De plus, les membres de la CSN étaient complètement au courant de ce que la RS de Yashosie pratiquait à l'encontre des peuples religieux.

La bahamite vint alors à parler militaire. Une proposition d'envoi de forces armées de l'Armée confédérale sur le territoire du Khardaz dans le but d'une aide pour achever la stabilisation du pays et stopper les derniers groupuscules communistes est fort intéressante pour la sécurité intérieure de la nation. Mais ce qui suivit l'était encore plus… la Bahamite venait de proposer une alliance défensive. Cette alliance permettrait au Tsarat parlementaire du Khardaz d'avoir une épaule sur laquelle se reposer. Cette épaule permettrait de dissuader les communistes de la CSN de toute intervention hostile et permettrait donc de relâcher légèrement la pression du peuple, mais aussi du gouvernement qui se voyait consacrer l'entièreté de leur temps à choisir entre une production de lance-missiles antiaériens ou de canons automoteurs.

— Répondons à tout cela point par point,

Concernant la demande de dédommagement à la Confédération socialiste du Nazum, elle a été longuement réfléchie et calculée. Nous allons vous expliquer comment : Comme vous le savez surement, l'armée tsariste dominait complètement les conflits et s'approchait furieusement de la capitale. Si rien n'était fait, alors la RS de Yashosie allait voir accueillir les soldats du Tsarat dans Kharinsk sous quelques mois. Alors la CSN est intervenue. Elle est intervenue alors que cette guerre était terminée, elle a rajouté de l'huile sur un feu qui s'éteignait. Cette huile a ajouté de nombreux morts et destructions qui n'auraient jamais dû avoir lieu. De plus, la confédération socialiste était entièrement consciente des camps d'extermination et de la politique d'extinction de la religion en Yashosie. Et pourtant, ils ont continué à contribuer à ce génocide. Ces 40 000 unités d'échanges internationales ne sont rien comparées aux dégâts causés. Bien évidemment ces 40 000 pourront être facilement redescendues aux 30 000 unités d'échanges internationales d'origines.

De plus, soyons sérieux deux minutes, le Morzanov est capable de produire 20 drones de reconnaissance mais pas de payer un dédommagement de 30 000 UNI. Ce n'est pas qu'ils ne peuvent pas, mais qu'ils ne veulent pas.


Le Tsar marqua une légère pause pour siroter sa bouteille d'eau et glisser un snus sous sa lèvre, un petit sachet de tabac.

— Concernant ce que vous nous proposez ensuite. Un envoi de troupes militaires sur notre territoire pourrait être un évènement très productif pour nos deux nations. Si vous le souhaitez, vos soldats pourraient même recevoir une formation spécialisée dans les montagnes de l'ouest de la chaine du Saïanvki. Là-bas, les températures dépassent rarement les 5° dans les plateaux montagneux moyens. Ils pourront même se rendre dans le désert du Nord avec sa célèbre montagne Volodovki. Ainsi, ce ne sera pas qu'une simple opération de stabilisation de la paix pour vos soldats, mais bien un entrainement complet.

Ensuite, une alliance défensive entre nos deux États serait fort intéressante. Elle permettra d'effectuer une dissuasion sur les communistes souhaitant effectuer toute intervention malintentionnée. Nous souhaiterions d'ailleurs vous faire une confidence qui serait fort utile. Si cette CSN tente toute attaque militaire, elle se fera presque obligatoirement par les voies maritimes ou aériennes. La raison est simple, la frontière commune se trouve près des montagnes arides, froides et pentues. De plus, si bien même ce premier obstacle n'arrivait pas à stopper leurs armées, en contrebas se trouve le fleuve Darytsvki, un fleuve alimenté par les sources de montagnes qui le longent avant qu'il se jette dans la baie de Vishtek. Faire exploser les ponts ralentirait leur avancée. Et quand bien même tous ces obstacles seraient résolus, il devrait se battre dans des marécages et des forêts. En résumé, une invasion terrestre n'est pas possible. C'est pour cela que nous devons nous tourner vers la défense de la baie ainsi que celle des airs.
Pour en revenir à l'alliance, avez-vous un traité de prêt à signer ?
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La Bahamanite souriait. Elle comprenait que quarante millions de talents d’or n’étaient pas suffisants, et même ridicules par rapport aux crimes commis par les communistes de la C.S.N, leur négligence et leur cynisme, des millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont morts à cause de leurs croyances, et leurs inébranlables convictions religieuses leur ont coûté la vie. Et ce par la négligence de la C.S.N, l’intervention des soldats de la Confédération et la collaboration entre les secrétaires généraux du Parti Communiste Yachosien et leurs homologues de la C.S.N. Crime impardonnable qui ne fit que des martyrs, morts pour le Christ et pour Dieu et par extension, morts pour la gloire des Tsars, du Khardaz Éternel et pour ses traditions. Ces hommes héroïques, ces braves femmes et ces innocents enfants furent sacrifiés sur l’autel du marxisme et « son émancipation » écarlate au nom d’un prolétariat plus méprisé encore que la bourgeoisie par les apparatchiks du régime communiste. Bourgeois emmitouflés dans des chapkas et des gants rougit par le sang de ces innocents, Commissaires d’un peuple qu’ils oppressent et qu’ils surveillent. Puis, las de sucer les dernières gouttes de sang du labeur des humbles, ils se persuadèrent que mieux valait directement faire couler le sang. Pensaient-ils ainsi se débarrasser des odieux « réactionnaires » qui osaient refuser abandonner le Christ pour se jeter dans les bras des idoles marxisantes ? Avaient-ils crus possible qu’une « démocratie » populaire puisse avoir besoin de bases saines ? Eurent-ils l’audace d’êtres attachés à la terre et à la religion de leurs pères ? Seul ces malades en connaissait réellement les tenants et les aboutissants.

Même si Carma compatissait et comprenait les ressentiments du Tsar, elle n’osait pas lui avouer la dure réalité ; le monde se fout des victimes. La géopolitique est impitoyable. Et si le Tsarat s’accrochait désespérément à ses légitimes réparations, cela risquait d’empoisonner ses relations extérieures et puis aussi dur que cela puisse paraître qui se souciait réellement des victimes d’un génocide ? D’autant plus que pour certains ces derniers apparaissaient comme des réactionnaires, les réincarnations de l’Antagoniste osant refuser un progrès aveuglé par son hubris. Et puis, comme qui dirait ; « la mort d’un homme est une tragédie, la mort de millions de d’hommes est une statistique », statistiques silencieuses qui ne méritent même plus d’être considérées comme des victimes mais comme des chiffres qu’il convient d’étudier pour mettre à bas une structure… La géopolitique est une arène immonde, le cynisme règne en maitre absolu et incontesté et ceux prétendant défendre un idéal social sont les plus dangereux ; l’Empire kah tanais ou son alter ego eurysien ne défendent pas les prolétaires, ils défendent leurs intérêts et surtout s’attellent à mêler luttes prolétaires et intérêts géopolitiques pour les confondre. La fin justifiant les moyens, abuser des espoirs d’un peuple pour le dominer par la suite est un procédé comme un autre, certes immoral, mais d’une efficacité redoutable. Malheureusement, le protocole et l’élégance coutumière aux diplomates de Sa Majesté Louis VI d’Antrania – Marcine l’empêchaient de lui avouer ce triste état de faits. La morale et l’éthique venaient d’être balayés par le XXe siècle. Il fallait donc pouvoir faire comprendre au Tsar qu’il avait tout intérêt à oublier ces réparations.

Peut-être que l’Antérinie pourrait les marchander ; une alliance contre la promesse de réellement négocier avec les Rouges. La normalisation des relations entre les deux États devait nécessairement passer par des gestes de bonne foi et des preuves de la bonne volonté de chacun. Sans cela, il était futile de croire que la paix déjà fragile et certainement soumise aux aléas politiques du Kardhaz et à la folie du Secrétaire général ouainais ou à la bêtise de celui du Mozranov. Encore une fois, les plaies béantes de la mémoire nationale d’ex-Yachosie se rouvriront et joueront certainement en défaveur des communistes, complices coupables des crimes de la république Socialiste de Yachosie et de ses dirigeants, un fardeau moral que les élites locales tenteront de minimiser, réduire ou supprimer, un crime abject des régimes communistes qu’il faudra faire oublier aux masses, une horreur qu’il conviendra d’euphémiser. Il fallait au moins pouvoir faire montre des envies de chacun de négocier… D’éviter qu’un autre conflit endeuille la région et que les territoires pacifiés par les Tsaristes ne retombent pas dans leurs torts sous l’influence d’agents étrangers. Des pressions diplomatiques pourraient êtres envisagées pour pousser les Communistes à négocier et à reconnaître le Kardhaz comme un acteur légitime.

Néanmoins, la Bahamanite ne souhaitait pas en venir à de telles extrémités. Le Tsarat était un État indépendant venant de naître, si la Confédération se montrait trop zélé à faire de l’ex-Yachosie un symbole de la réussite conservatrice visant à montrer qu’une monarchie peut tout aussi bien être libérale et ce malgré des tendances conservatrices. Ce n’est pas pour rien que Saint Arnaud des Pics se soit pris d’intérêt pour le Kardhaz ; le potentiel pour les thinks thanks conservateur était énorme, il permettait de mettre en évidence la relance rapide de l’économie du Tsarat sous l’influence de politiciens conservateurs, du retour à l’éthique et aux fondements, aux piliers, d’une société ; la Famille, la Religion, les Libertés individuelles et l’Ordre. De ce fait il fallait s’en rapprocher. Mais ce n’est pas tout. Les intérêts commerciaux et diplomatiques ne pouvaient que pousser la Confédération à se rapprocher du Tsarat, ne serait-ce que pour préserver ces derniers. Malgré tout, l’approche envisagée était traditionnelle pour la diplomatie antérinienne avec la perte de ses derniers protectorats en Azur, c’est à dire bâtir ses relations dans un cadre stable et équitable ; la puissance de ses partenaires servant par ruissellement la puissance confédérale. Il fallait donc à tout prix favoriser des relations bilatérales égales qui ne désavantagent personne. En revanche, les politiques diplomatiques des États confédérés ne se fondent pas sur de l’altermondialisme, seulement sur un raisonnement pratique. En revanche, dans cette situation, si rien n’était fait du côté tsariste pour apaiser les relations avec la C.S.N, le Bahama n’hésiterait pas une seule seconde à user de certains procédés pour les forcer à céder sur ce point. Argawal savait pertinemment que cette histoire de réparation allant devenir un point épineux à l’avenir…

Mais elle reprit aimablement ;

- « Je reste néanmoins persuadé que mieux vaudrait pour vous que vous abaissiez vos prétentions, vous savez que les chances de voir une telle somme être payée sont minces, et que les communistes n’émettront jamais le moindre remord pour ces saints hommes morts pour le Christ… Enfin, après tout nous vous recommandons fortement de réclamer des excuses publiques et une somme tout à fait symbolique ; vous pourrez ainsi montrer à quel point les dirigeants de la C.S.N sont des monstres refusant d’assumer pleinement leurs fardeaux alors qu’ils reconnaissent leur complicité dans un tel crime. En s’excusant et en payant ils font tout de même votre pain, si vous pouvez me le permettre.

Aussi, je pense que les exercices militaires sont une bonne chose, la coopération entre nos armées serait plus que bénéfique, nous vous recommandons d’investir dans des mines marines pour rendre les débarquements plus complexes et être sûrs que de potentiels envahisseurs soient amenés à reconsidérer les risques au vue des pertes humaines colossales qu’ils risquent… Et puis, la guerilla pourrait vous être bien utile… Enfin bref, nous espérons tout de même que vous avez l’intention de signer un pacte de non agression avec les Rouges. Avez-vous entamer des négociations Votre Majesté ? Il va sans dire que nous n'hésiterons pas à nous engager dans une alliance défensive...
»
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Le tsar écoutait ce que la Bahamite avait à lui dire et il était vrai qu'elle avait raison. Jamais l'odieuse CSN n'allait payer et assumer ses responsabilités. Cependant, le tsar tenait à cette compensation et n'allait pas la lâcher. Il allait attendre, qu'un jour le remord et la culpabilité des communistes les toucheraient assez pour qu'ils y pensent et assument leurs responsabilités. Pour éviter de faire durer ce sujet trop longtemps, le Tsar préféra passer à la suite du discours de la Bahamite. Il était vrai que le Tsarat avait engagé un début de relations avec la République démocratique populaire d'Ouaine… mais cette relation devait être gardée secrète. Le tsar prit donc la décision de rester très flou sur cette info.
— Pour vous dire, oui, nous avons engagé un début de relations avec un État de la CSN, mais pour des raisons de confidentialité extrêmes, nous ne pouvons vous en dire plus. Nous souhaitons la paix comme nous vous l'avons dit, alors nous avons su nous montrer tolérants.

Maintenant concernant le militaire, la défense de notre baie ne sera pas assurée par des bateaux qui sont bien trop chers pour nous, mais par, comme vous venez de le dire, des mines navales de seconde génération. Une centaine de celles-ci sont actuellement en production. Nous misons particulièrement sur notre armée aérienne pour la défense du territoire ainsi que sur nos forces de montagne. Pour les forces montagneuses et donc terrestres, une grande partie du matériel est construite sur notre territoire ou aux usines de l'Alguarena et potentiellement celle de l'Empire Raskenois. Cependant, les forces aériennes peuvent difficilement être produites chez nous en raison d'un manque de technologie nécessaire. Nous avons ouï dire que votre nation possédait l'un des marchés aériens les plus rentables au monde. Nous avons donc attendu cette rencontre pour un potentiel contrat ou devis. L'aviation dont nous avons besoin se résume facilement à presque tous les types d'aviation militaire existants à l'exception des chasseurs et bombardiers furtifs. Cependant, nous penchons un peu plus pour des chasseurs-bombardiers, des avions d'attaque au sol, des bombardiers stratégiques ou des gunships, des avions ravitailleurs ou de transport tactique ainsi que de potentiels drones.
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La Bahamanite était à la fois surprise et déçue par les commentaires du Tsar. Elle appréciait moyennement ses cachotteries, et pourtant elle le comprenait. Après tout, la diplomatie est un pouvoir régalien et se doit d’être indépendante. La Confédération n’avait pas besoin de soumettre, elle devait juste soutenir et appuyer les légitimes prétentions souveraines du Tsarat Parlementaire. Elle n’était pas une conquérante féroce qui venait dévaster, elle était l’homme d’affaire prolifique qui allait faire profiter de ses largesses et de sa fortune les industries locales. D’autant plus quand ses intérêts vitaux sont en jeu ! Enjeu commercial, politique et stratégique, la région devait à tout prix être préservée du marxisme, l’opium avait déjà eu des effets néfastes dans le passé, il s’agissait de ne pas réitéré l’expérience. Encore une fois, ce n’était pas uniquement par anticommunisme que Argawal agissait, c’était aussi par calculs et intérêts ; elle n’était pas une idéologue, mais une femme de pouvoir agissant par pragmatisme, préférant la tête au cœur. Et que le Tsar cherche à préserver ses tractations secrètes est après tout normal, même compréhensible, seulement elle trouvait cela dommageable, attristant même, la Confédération, qui se proposait de défendre le Tsarat sans contreparties abusives, apparaissait comme indigne de confiance, c’était l’image que renvoyait le Tsar, et elle espérait qu’il allait corriger ce faux pas le plus vite possible.

Pourtant, il promettait des choses que la Confédération et sa société d’armements ne sauraient refuser ; un accord commercial juteux. Les affaires promettaient d’être bonnes, et surtout profitables. Les complexes aéronautiques d’Antérinie et de Marcine allaient tourner à plein régime, les immenses fonds débloqués dans le développement territorial et la réindustrialisation des différentes entités confédérées. Le chômage, qui terminait de se résorber allait probablement connaître une baisse historique. Dès lors, semblable au cheval à qui on promets sa carotte, Argawal allait réclamer ce qu’elle considérait comme « ses » contrats. Un bon moyen de s’imposer dans l’équilibre confédéral (alors mené par Marcine et Antrania) tout en stimulant la croissance bahamanite et en démontrant par l’exemple que Saint-Arnaud-des-Pics est attractif, aussi bien pour les entrepreneurs que pour les investisseurs. Ainsi, la proposition du Kardhaz n’était pas uniquement rentable d’un point de vue économique, mais aussi particulièrement attractif ; une influence renforcée, un moyen de restaurer sur le long terme l’économie bahamanite. La victoire commerciale et diplomatique, s’accompagnait d’une éclatante victoire économique et politique pour le P.C.B (Parti Conservateur Bahamanite). Il fallait donc intéresser le Tsar, et si elle n’a pas fait d’études en communication commerciale, elle sait quand même promouvoir ses poulains ; tant les grandes entreprises que ses attachés compétents.

Après tout, les Industries Impériales de l’Armement avaient fournis des avions de grandes qualités à une dizain d’États tout en approvisionnant les aéroports militaires de ces précieux véhicules volants. Mieux encore, les dizaines de milliards de talents dépensées dans l’aéronautique, notamment dans la Recherche et le Développement des appareils de combat de Sa Majesté, portaient aujourd’hui leurs fruits, les avions de dernière génération étaient plus véloces, plus économes et plus solides. La puissance de feu des oiseaux de feu fabriqués à Marcine ou à Antrania étaient à peine moins élevées que celle de la chasse alguarenaise ou jashurienne pour des prix plus abordables. C’est pour cette manière que les défenseurs autoproclamés de la cause prolétaire venaient proposer des prix aux vils réactionnaires fascisants et capitalistes d’Antrania ! Que ce soit les prix bas, les bonnes capacités de production ou la qualité, les Industries Impériales de l’Armement restaient des partenaires commerciaux intéressants, même Karty la souverainiste, qui avait pourtant signé des partenariats exclusifs avec les industries teylaises, acheta une cinquantaine d’avions de cinquième génération pour la modique somme de 50.000.000 talents d’or (soit 50.000 unités de change internationales), des prix infiniment moins élevés que ceux des industriels raskenois, alguarenais ou kah tanais. Et cette stratégie expliquait par ailleurs pourquoi les petites puissances cherchant à s’affirmer sur la scène régionale allaient acquérir à faibles coûts une aviation décente. Pilier, pivot et base même de la guerre et de ses pratiques modernes. Une aviation de combat est nécessaire pour perturber les opérations ennemies, affaiblir ses défenses et son ravitaillement, effrayer et démotiver les populations civiles, plus encore que n’importe quelles divisions blindées ou régiments d’artillerie.

Alors souriante elle fit ;

- « Je comprends, et vous tourner vers les Industries Impériales de l’Armement est un excellent choix, ses mérites ne sont plus à vantés et ses capacités sont encore intactes… Enfin, nous pouvons même nous accorder et vous présenter des modèles pas encore présentés au grand public ! Des avions de transports de dernière génération aux avions de chasse, le panel de choix est extrêmement élevé et les méthodes de combats peuvent convenir à n’importe quel type d’appareils ! Comme vous êtes une puissance menacée par le marxisme, nous vous proposerons même des réductions !

Quant à la défense de vos montagnes, sachez que nous pourrions envoyé quelques régiments, voire même une division, pour vous épauler ; les Chasseurs des Marches, pourraient parfaitement convenir à de telles opérations, si nécessaire, des conscrits chargés du support de vos forces de maintien de l’ordre dans les régions « sous tensions » dans la mesure où elles restent menacées par des soubresauts du communisme. Encore une fois nous ne ferons rien sans votre accord explicite. Par ailleurs, des navires ne devraient pas tarder à amarrer dans vos ports d’ici les prochaines semaines, ce sont les Forces de Défense Confédérales qui agiront dans ses mers pour la défense des routes commerciales, mises à mal par quelques communistes d’improvisant pirates en plus de « défenseurs » de la cause prolétaire…

Alors je vous écoute, qu’avez-vous à proposer ?
 »

Evitant soigneusement d’évoquer le principal point de désaccord, c’est à dire les légitimes réparations que devrait la Confédération Socialiste du Nazum au Tsarat, mais devant tout de même être résolu.
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Le tsar était heureux de savoir que son petit "secret" n'avait pas à être plus discuté. De plus, la demande d'achat auprès des Industries Impériales de l’Armement avait l'air de faire plaisir à la Bahamite. Il était de plus bien content que l'on lui accorde des promotions et des avant-premières pour les armements aériens. L'objectif était clair pour le tsar : il devait prochainement conclure un accord avec l'Empire raskenois pour des chasseurs, dans un nombre assez conséquent et qui assureraient donc une défense aérienne presque suffisante. Il fallait donc de quoi continuer à défendre les airs mais qui pourrait aussi faire de l'attaque au sol. Le choix était simple, des chasseurs-bombardiers ou des avions multirôles. D'après le catalogue des Industries Impériales de l’Armement, ces avions seraient au prix de 1600, voir 1550 unités d'échanges internationales pour de la sixième génération. Un nombre de vingt avions multirôles serait en quelque sorte le minimum pour cet achat. Cependant, le tsar pourrait monter à trente, voire quarante avions si la réduction proposée par la Bahamite le permettait. Ces avions sont bien importants, cependant, il fallait aussi de quoi se permettre d'attaquer en cas de représailles et d'attaquer fort. Le choix d'une dizaine de bombardiers stratégiques était surement le mieux à faire. Maintenant que le tsar avait sa petite liste de courses en tête, il pouvait l'annoncer à ses vendeurs.

— Nous voilà ravis de pouvoir acheter chez vos Industries Impériales de l’Armement. Comme dit précédemment, nous avons déjà de fortes idées pour notre liste de courses. En premier lieu, un nombre de vingt avions multirôles de sixième génération minimum est prévu. Le prix de vos catalogues étant de 1600 ou 1550 unités d'échanges internationales, cela ferait, sans réductions dont vous nous avez parlé, un prix approximatif de 31 000 unités d'échanges internationales. En plus de cela, dix bombardiers stratégiques de huitième génération pour un prix sans réduction approximativement égal à 1750 unités d'échanges internationales, soit un prix total approximatif de 17 500 unités d'échanges internationales. Ainsi, les deux achats combinés, le montant sans réduction atteindrait les alentours des 48 500 unités d'échanges internationales. Nous vous laissons la mission d'effectuer un devis pour cet achat. Après cela, nous pourrons enchainer sur votre proposition d'envoi de divisions dans nos montagnes et lieux de "tensions" encore existants, qui d'après nous, auront une grande chance d'obtenir une réponse positive.
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Carma Argawal fit : - « Au moins vous savez ce que vous voulez, c’est une grande qualité Votre Majesté, et je suis ravie de vous annoncer que les Industries Impériales de l’Armement pourraient vous satisfaire. Quant aux réductions proposées, sachez que la Confédération accepte ces dernières, qu’est ce qu’on ne ferait pas pour préserver l’indépendance d’une Monarchie ayant subi le communisme… Après tout. Dès lors, nous acceptons de vous brader ces avions pour la modique somme de quelques 40.000 unités internationales, au vue du grand prix et de la qualité de nos aéronefs. Évidemment, nous tenons à vous prévenir que nous resterons toujours ouverts à d’autres propositions, même si au vue de cette conséquente commande, qui risquera de mobiliser nos lignes de production jusqu’à la fin de 2019, voire un peu plus, nous pouvons envisager des extras, notamment en fournissant temporairement un escadron pour s’assurer de votre souveraineté aérienne. En attendant que nos avions soient sortis assemblés de nos usines. Nous pouvons aussi fournir des instructeurs pour permettre à vos pilotes de mieux s’acclimater aux modèles antériniens… Enfin, comprenez-vous, les possibilités sont multiples et parfaitement adaptables à votre situation. Tout cela sera arrangé le moment venu… »

Elle reprit un verre d’eau en réfléchissant à la suite de sa proposition ; elle avait réussi à rafler un gros contrat, parfaitement adapté aux Industries Impériales de l’Armement, et mieux encore, parfaitement utiles tant pour la reprise économique de la Confédération et l’utilisation de ces fonds pour dévelloper les États Confédérés oubliés de la Confédéralisation, notamment, et surtout, le Bahama, permettre de refinancer des instituts de recherche tant culturelles que scientifiques qui sont devenus des références intemporelles dans la société Bahamanite. Qui en plus de garantir une véritable popularité au gouvernement en place, allouera à ce dernier de véritables moyens pour accomplir leurs projets politiques. Argawal en est convaincu ; ce n’est pas l’économie qui fait le politique, mais le politique qui s’appuie sur l’économie. Cette dernière étant semblable à une canne pour les vieillards ; utile et indispensable tout en étant avant tout un outil permettant au vieux monsieur d’accomplir ses projets. C’est avec ce premier raisonnement, évidemment logique, qu’Argawal a remis en question les enseignements marxistes présentés comme une Parole d’Evangile, indiscutable et factuelle. C’est ainsi qu’a débuté son mépris, puis sa haine des idéologies marxistes, c’est aussi comme ça qu’elle s’est assez vite tournée vers le conservatisme. Par ailleurs, ces questions d’argent lui ont aussi fait penser à la nécessité d’exporter pour maintenir une économie viable et permettre à la masse de réellement profiter de leur travail, et c’est pour ça qu’elle continua :

- « Bien sur, Votre Majesté, l’armée n’est pas tout, et tout comme vous le savez encore mieux que moi, l’économie est le nerf de la guerre. Sans cela inutile d’envisager ne serait-ce qu’une seconde que les États seraient en mesure de financer des opérations militaires ou l’achat de matériel. C’est pour cela que je permets de vous poser quelques questions sur votre future économie ; pensez-vous faire naître un régime autarcique ? Renfermé sur lui-même ? Ou au contraire visez-vous une économie d’exportation, d’abord de biens et de matières premières (notamment le pétrole), puis de produits à forte valeur ajouté, du secteur secondaire, tel que l’essence, et puis finalement des services, du tertiaire, comme le transport du pétrole à travers le monde… Nécessitant de ce fait des investisseurs et une ouverture de votre économie aux produits extérieurs, vous savez, les bienfaits du libre-marché sont pléthores et il est inutile de tenter d’en dresser une liste exhaustive… Si vous choississez la seconde option, sachez que bons nombres de sociétés confédérales, notamment Terrabilis et Carbonnex seraient prêts à vous proposer leurs services pour relever votre économie qui a du subir de biens lourds dommages suite à la guerre civile… Nous mêmes par ailleurs serions ouverts à l’importation de produits locaux, comme des fourrures ou des ressources halieutiques… Mais nous restons aussi ouverts à toutes proposition Votre Majesté. »
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