


Les pâles de l’hélicoptère s’arrêtèrent de tourner et la porte de l'appareil s'ouvrit sur Vasiliy. Ce dernier descendit les quelques marches de la machine et s'avança sur la pelouse. Au loin, une foule de journalistes s'était regroupée près de l'entrée du Château, maintenu à une certaine distance par des barrières et des membres du service de sécurité présidentielle. Vasiliy remit sa veste et s'approcha des barrières. Il fut alors assaillit par une vingtaine de flashs et part une myriade de micro. Il fit un geste et deux hommes en noirs firent reculer les journalistes. Il se plaça devant eux et commença :
"Mesdames et Messieurs, je suis très heureux de vous voir parmi nous aujourd'hui. J'espère que votre voyage jusqu'à nous et jusqu'à cette magnifique bâtisse s'est déroulé sans encombre."
Il regarda attentivement les toits dorés à la feuille d'or du Château. Les rayons de l'astre se réverbéraient sur ces immenses plaques dorées et leur donnaient une nature quasi-divine. Le Président de la République jeta un coup d’œil sur sa montre. Elle affichait "9h 21". "J'ai le temps de discuter avec eux, pensa-t-il en souriant."
"Je suis à votre disposition, pour répondre à vos potentielles questions, pendant 10 minutes. A vous de vous lancer.
- Bonjour Monsieur le Président, Yuliya Filchenkova pour le journal Véracité, qu'attendez vous de cette rencontre ?
- Madame Filchenkova, je ne m'attendais pas à mieux de votre part. Je sais que votre journal aime les réponses complètes et la vérité. Je vais donc vous répondre avec toute la transparence et la vérité dont je suis capable. Je n'attends qu'une seule et unique chose de ce sommet : la paix. La paix dans un pays qui en a besoin, la paix pour un peuple qui, aujourd'hui, souffre des distensions qui existent en les membres de leur classe politique. Je veux que cette rencontre permette de stabiliser la situation politique de cette nation pour que l'on puisse y développer une économie forte et complète.
- Lavr Gorelov, Monsieur le Président, pour la télévision slavis. Vous semblez placer beaucoup d'espoir dans cette rencontre. Les raisons qui vous poussent à vouloir organiser ce meeting sont louables, cependant, on peut s'interroger sur la capacité du Latrua à faire pression sur les différents participants à cette réunion. Et je ne suis pas la seule personne à la dire. En effet, certains bruits de couloir font l'état d'une méfiance de vos partenaires kartiens et slavis quant à vos capacités de régler cette situation. Ils y voient même un moyen de s'imposer lors de ces discussions.
- Je me permets de vous dire Monsieur, que vous n'avez posé aucune question. Je pourrais donc ne pas vous répondre, mais je vais essayer de vous donner mes impressions sur ce que vous venez de dire. Je vais me permettre de vous donner un cours de diplomatie et de géopolitique. Il est normal qu'entre puissances -car le Latrua est autant une puissance que l'Empire Constitutionnel de Slaviensk et la République Impériale de Karty- il existe des tensions, des questionnements. En tant que dirigeants d'un pays, d'une nation, nous nous devons de faire passer les intérêts de notre peuple avant toute chose, avant toute considération diplomatique, avant toute décision politique. Je peux donc comprendre que certains et certaines doutent de la capacité de mon pays, de ma capacité personnelle, à amener ces discussions vers une issue favorable et à mettre en place une solution de paix durable. Nonobstant, je n'ai jamais commenté des bruits de couloirs et je ne vais pas commencer à le faire : c'est une question d'hygiène de vie. Maintenant, s'il a pu arriver à certaines personnes de penser qu'elles pourraient prendre le dessus lors des négociations, dominer et ainsi rendre minoritaire la vision du Latrua, je pense que ces personnes se fourvoient lourdement et largement. Une dernière question ?
- Oui Monsieur le Président. Christopher Freudenberger, journaliste pour la presse kartienne. Quel est votre regard sur la politique intérieure de la République du Latrua ?
- C'est une question vaste et large Monsieur Freudenberger. Si vous cherchez à savoir si le Latrua pourrait basculer dans une période d'incertitude, permettez-moi de vous dire que non, la République du Latrua ne basculera pas dans l'incertitude, qu'elle soit politique ou économique. Vous n'êtes pas sans savoir que l'Assemblée constituante a voté, la semaine dernière, un budget pour l'année 2026, ambitieux et qui permettrai de remettre à l'équilibre les finance de la nation latruante. Vous n'êtes pas non plus sans savoir que les élections territoriales approchent à grands pas et qu'elles redéfiniront le visage du Parlement des territoires. Cette institution est importante pour notre système politique et j'espère que la majorité actuelle conservera la tête de la chambre basse. C'est tout ce que j'aurai à vous dire. Mesdames et messieurs, je vous remercie !"
Vasiliy s'éloigna et rentra dans une des lourdes Aurus V présidentielles.
Vasiliy était positionné près de l'héliport. Au loin, on voyait se rapprocher la silhouette d'un des hélicoptères présidentiels. A son bord, se trouvaient les Grands Ambassadeurs Vanaï et Uzkaï, ainsi qu'un membre de l'état-major kartiens. L'appareil se posa délicatement au sol. Les flashs des appareils photo commençaient déjà à crépiter. Soudain, la porte de l'hélicoptère s'ouvrit sur les trois hommes. Ces derniers s'approchèrent du Président de la République, lui serrèrent la main et se positionnèrent à ses côtés. On distinguait déjà la forme d'un autre hélicoptère dans le ciel : celui de l'Empereur de Slaviensk.