16/12/2017
11:57:45
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Conseil siliquo-youslève du 1er août à Rio de l'Estuaire (Manche Silice)

2014
Longtemps pour la Manche Silice, le danger est venu de l'ouest mais voilà plusieurs décennies que les tracas des Triumvirat viennent de l'est. République youslève et trépublique siliquéenne entretiennent des rapports quasiment fraternels, en dépit des alternances politiques. Depuis l'arrivée au pouvoir d'Hemeraldo "Aldo" Vera sur une ligne revendiquée nationaliste, les chefs de l'Etat de Manche Silice ont temporisé, mettant à l'arrêt le processus d'intégration évasienne.

Le Triumvirat qui n'a plus qu'un an de mandat souhaite aller plus loin dans la collaboration inter-étatique pour que le pays puisse, au cours des huit prochaines années, se consacrer à la préservation de ses intérêts en Leucytalée centrale où des nations se militarisent.

***

C'est dans ce contexte que le Triumvirat accueille ce 1er août 2017 une délégation youslève à Rio de l'Estuaire, dans les Bouches de l'Aguapa pour une rencontre internationale baptisée par les organisateurs: conseil siliquo-youslève. D'après les informations ayant fuité dans la presse, il s'agit d'une invitation plus ou moins subtile des locaux d'instituer un organe de prise de décision commune applicables dans les deux Etats.

Firmino Costa, Anselmo Martinez et le monarque Vittorio IV se sont déplacés ensemble, occasion très rare, pour l'accueil des invités youslèves. Une cérémonie protocolaire a lieu sur le tarmac de l'aéroport. Une escorte est ensuite chargée de gagner la marina de Rio de l'Estuaire pour un rafraîchissement (moment informel). Les invités sont ensuite conviés au grand port pour participer à la mise à l'eau d'un porte-conteneur dernier cri.

Un navire nommé Baltos - extrait de Foedus Custodire du 31 juillet a écrit :
Alors que les porte-conteneurs du programme de modernisation de la marine marchande siliquéenne sortent petit à petit des chantiers navals de l'Ostremont, et que les appels d'offre pour leur exploitation sont en cours d'élaboration, le Triumvirat a décidé de nommer l'un de ces bâtiments du nom de l'une des cités portuaires de Youslève: Baltos. Cette attention symbolise la profonde amitié liant les deux nations mais selon un sondage effectué dans la foulée, 54% de siliquéens désapprouvent cette initiative et auraient préféré une ville de Manche Silice. Les commentateurs voient dans cette étude, la manifestation d'un décalage important entre la perception des liens siliquo-youslèves au sein des élites du pays et le reste de la population.
Cela faisait longtemps qu'Hemeraldo Vera, le Directeur du Conseil, et son Secrétaire aux Affaires Etrangères, Alkesto Divardra, ne s'étaient pas entretenus avec le triumvir siliquéen. Les relations youslevo-siliquéennes sont très importantes pour les deux pays et aucun des derniers Directeurs du Conseil n'ont souhaité entamer cette accointance. Le néo-nationaliste Vera, bien que particulièrement critique envers d'autres partenaires historiques comme l'ONC, ne déroge pas à la règle en veillant à soigner les relations de la RFY avec ses voisins évasiens dont la Sérénissime, le Guadaires et bien sûr la Trébublique siliquéenne.

C'est donc en toute logique que le Conseil a accepté la proposition de rencontre dans les bouches de l'Aguapa. Surtout que deux choses dans la missive qu'a envoyée la questure siliquéenne ont attirés l'attention des Youslèves. Le premier est le rappel que le mandat de ce trio de gouvernants siliquéens se terminera dans moins d'un an, rebattant alors les cartes de la politique nationale pour les prochaines années, bien que le monarque landrin Vittorio IV Podestat conserve son siège jusqu'à son décès ou sa mort. Bien que les deux autres triumvirs, Firmino Costa et Anselmo Martinez, ne partagent pas tout à fait la même idéologie que Vera, c'est un euphémisme, tous ont su travailler en bonne intelligence depuis l'arrivée au pouvoir du magnat de l'immobilier et de la communication il y a de ça trois ans. Surtout concernant la question de la militarisation soudaine de la Leucytalée avec de nouvelles puissances impérialistes qui éclosent, bouleversant l'ordre établi par les trois puissances historiques de la Leucytalée de l'Ouest, Fortuna, la Youslévie et la Manche-Silice.
Mais surtout, c'est ce qu'a laissée planer la Manche-Silice qui a attisé la curiosité youslève. Dans sa missive, la questure siliquéenne avoue avoir menée une "réflexion inédite sur le partenariat youslevo-siliquéen". La rencontre porte d'ailleurs le nom de conseil siliquo-youslève. Plusieurs échos venant de la presse siliquéenne et youslève prédisent que le Triumvirat proposera à Vera et Divardra au moins la création d'une organe de décision au commune, au plus une fédéralisation. Le Conseil est un peu dubitatif et a un peu peur de ce que pourront proposer les triumvirs siliquéens. En fait, l'embarras se situe surtout au niveau du fait que les néo-nationalistes au pouvoir sont particulièrement frileux à l'idée de toucher à l'intégrité de la Youslévie et à sa constitution.

A l'arrivée à l'aéroport, la délégation youslève a la bonne surprise d'être accueillie par l'ensemble du Triumvirat siliquéen. Les Youslèves, habitués à collaborer avec ces derniers, sait très bien que les trois triumvirs réservent cela aux grandes occasions. Après la cérémonie sur le tarmac de l'aéroport, un rafraîchissant informel permet de prendre la température pour l'entrevue qui débutera plus tard dans la journée. Elle aura aussi le mérite de restaurer tout le monde alors qu'en ce 1er août la chaleur est accablante. Ensuite, les diplomates se dirigent vers le port pour l'inauguration d'un porte-conteneur nommé Baltos. Malgré la polémique que cette dénomination a créée en Manche-Silice, elle aura eu le mérite de flatter l'énorme égo d'Aldo Vera.

Mais cela n'a fait que calmer momentanément l'impatience du Directeur du Conseil. Peu connu pour son calme et sa patience, Vera commençait à se lasser de tout se protocole alors qu'il avait énormément d'affaires courantes en suspens en Youslévie et que son parti devait lui-même se préparer pour les importantes élections de mi-mandat qui auront lieu en octobre. Il commençait à trépigner et avait de plus en plus de mal à cacher son agacement.
Divardra avait remarqué cet énervement. Il essayait tant bien que mal de faire bonne figure mais avit lui aussi toutes les difficultés du monde à cacher son agacement, mais vi-sà-vis de son compatriote pour le coup. Quelques jours auparavant, alors qu'ils étaient toujours dans l'avion pour aller rencontrer le président san youtien, une altercation verbale avait eu lieu entre les deux hommes, rompant un peu plsu leurs relations.
Il était donc grand temps de rentrer dans le vif du sujet.
Le Directeur du Conseil faisait montre d'une neutralité extrême et les observateurs sliquéens avertis de ces grand messes diplomatiques regrettaient le sympathique Romereteguy. Même dans ces cerles où une misogynie crasse existait, la Directrice Vallancour semblait manquer. Mais il fallait composer avec ce chef d'État à l'insondable pensée.

Vittorio, le Podestat lui proposa de procéder ensemble à la mise à feu du canon qui devait lancer une bouteille de vin pétillant contre l'imposante carcasse du porte-conteneur - tradition mondiale pour porter chance au bâteau mis à l'eau.

Par un concours de circonstances assez incroyable, la mise à feu échoua à plusieurs reprises et les quelques tentatives avortées de lancé de bouteille suscitèrent chez les chefs d'États des rires nerveux. L'atmosphère en fut nettement déchargée de tension. Aprés l'intervention de technciens, la prestation pyrotechnique fonctionna et les dignitaires purent discourrir, prendre les photos et porter les toast habituels.

Vittorio profita d'un moment de calme pour s'adresser à son homologue youslève.

"Vous savez que dans ce monde en perpétuel mouvement, il est une constante qui contribue à notre précaire sérénité, c'est la qualité de notre relation bilatérale. Je vous l'avoue, je ne pense pas qu'il puisse exister un autre pays sur lequel nous puissions compter.

Vous connaissez les subtilités de notre appareil d'État et de nos institutions. J'incarne une certaine continuité en dépit du mandat finissant de ce triumvirat. Nous sommes certains de l'intérêt que revêt l'union évasienne mais son processus d'intégration prend beaucoup de temps et les disparates sont importantes. Sans abandonner l'idée d'harmoniser et de travailler ensemble avec les partenaires de l'espace évasien, il nous apparaît comme essentiel de travailler à l'élaboration de politiques publiques communes".

Ces propos étaient conformes aux termes utilisés par la Questure pour inviter le chef de l'État youslève. Vera commençait à s'impatienter et réclamait des précisions.

Vittorio était alors suppléé par Firmino Costa. "Les résultats impressionnants réalisés par la coopération de nos services de police et de renseignement dans la lutte contre le crime organisé et les trafics transfrontières sont indéniables. Ils prouvent combien nous gagnerions en efficacité à copiloter des politiques publiques.

Au plan économique, nous considérons sur la base d'institut sérieux que nos marchés sont équivalents et qu'il y aurait des effets d'aubaine à les fusionner pour n'en faire qu'un. Nous sommes prêts à adopter un système douanier et de régulation commun, une monnaie commune, un système de banque centrale commun.

À charge pour nous de définir la manière dont nous pourrions piloter un tel chantier.

Sur la défense, nous appliquons les mêmes constats que sur l'économie. À quoi bon doublonner certaines commandes alors que nous pourrions adopter une vision stratégique commune qui nous permettrait de rationnaliser la production d'armements et la priorisation des dépenses et des manœuvres".
La très difficile mise à flot eu des effets différents sur Hemeraldo Vera et Alkesto Divardra. Le Directeur du Conseil riait jaune et essayait de faire bonne figure mais il bouillonnait intérieurement. Il faut dire que Vera n'est pas connu pour son auto-dérision, au contraire même. De son côté, le Secrétaire aux Affaires Etrangères de la RFY était satisfait de voir son supérieur se ridiculiser un peu. Il savait que ce couac mettrait en colère son homologue et que cela pourrait par conséquent aussi mettre en péril les négociations avec les triumvirs siliquéens. "Tellement siliquéen", se disait-il dans le même temps, avec toute l'arrogance qui caractérisait les Sedjanais, notamment vis-à-vis de leurs voisins siliquéens.

Il savait pourtant pertinemment que la Manche-Silice était une alliée importante pour la Youslévie. Il fallait donc faire bonne figure. Il se reconcentra pour accompagner Vera sur le podium pour son discours. Le chef de l’État, outre les formalités inhérentes à ce genre de rencontre qui consistaient à remercier les hôtes et rappeler l'importance des liens entre les deux nations, ne parla que de lui pendant toute sa prise de parole. Il se permis de prendre quelques libertés par rapport à ce qui avait été convenu lors du briefing. Divardra, bien que gêné, avait fini par s'habituer à ce genre d'initiative mégalomaniaques.

Mais le Secrétaire aux Affaires Etrangères n'était pas au bout de ses peines. Il faillit avoir une descente d'organe lorsqu'il vit Vittorio IV Podestat se rapprocher de Vera lors d'un des rares moments de calme qu'offrait cette journée éprouvante et assommante de protocole. Le Podestat n'était pas connu comme étant le plus conciliant des triumvirs, et ce déjà depuis la mandature d'Heran Romeretegui. Le monarque, sans doute du fait qu'il ne soit pas issu de la société civile, avait une réputation d'homme un peu déconnecté et caractériel. Divardra avait donc toutes les raisons d'avoir peur de cette discussion, il en devenait même presque pétrifié et n'osait plus bouger. Il préférait ne pas se mêler de cette discussion qui pouvait mener à un incident diplomatique.

Vera semblait écouter attentivement le Podestat, il hochait la tête et regardait vers le bas, l'index recroquevillé sur sa bouche, position qu'il prenait habituellement quand il se concentrait. Divardra voyait maintenant le libertaire Firmino Costa se rapprocher et rebondir sur ce que disait Vittorio IV. C'en était trop pour le diplomate que se décida finalement à aller sauver le Directeur du Conseil et à le sortir de ce guet-apens. Il avait à peine fait deux mètres que Vera s'exclama :

"Et bien messieurs, merci beaucoup pour votre enthousiasme. La Manche-Silice occupera toujours une place importante dans les préoccupations et les cœurs youslèves. Sur ce, je suis désolé de vous fausser compagnie mais il faut que je me rende aux toilettes. Ah tiens, Alkesto je vous avais perdu, voudriez-vous bien me montrer le chemin des commodités ? A tout de suite messieurs..."

Avant que Divardra ne put répondre, Vera le pris par le bras et le força à se retourner. Dans l'incompréhension la plus totale, le premier glissa au second, non sans ironie :

"Que se passe-t-il ? Ils veulent nous renvoyer chez nous ?
- Pire, ils veulent que chez nous devienne chez eux ?
- Ok je vois. Par rapport à nos prédictions ?
- C'est la pire de toutes, on est dans la gueule du loup."


Une fois enfermé dans les toilettes, et après avoir vérifié que personne ne pourrait les déranger, Vera résuma tout ce que Costa et Vittorio IV lui avaient dit. Immédiatement, Divardra pensa que ce n'était pas aussi pire que ce Vera avait laissé pensé. Les deux avaient une cigarette à la main et tentaient de trouver le meilleur moyen pour se sortir de cette situation.

"Bon, c'est vrai que c'est un peu la merde est on est dans l'un des pires scénarios qu'on avait imaginé. Ils veulent presque la fédéralisation. On se doutait qu'ils nous invitaient sans doute pour ça. Maintenant qu'on sait pourquoi on est là il faut se mettre d'accord sur une marche à suivre et décider jusqu'où on acceptera d'aller. Il faudra être ferme mais sans les vexer ou qu'ils se sentent humiliés."

Les deux hommes restèrent donc une bonne demi-heure dans les WC à tenter de se mettre d'accord sur la bonne tactique pour aborder cette rencontre à haut risque pour le couple siliquo-youslève. Il n'était en effet pas question d'accepter la plupart des propositions de la Manche-Silice, le Nouveau Parti Nationaliste avait été élu sur une critique du libéralisme et il n'allait pas revenir sur cela. Toutefois, certaines des propositions étaient intéressantes. Il fallait donc trouver le juste milieu pour ne pas trop froisser le triumvirat tout en restant suffisamment ferme pour ne pas rentrer en Youslévie avec des propositions qui feraient scandales.

Quand ils sortirent enfin, ils se firent sermonné par leurs collaborateurs youslèves qui les avaient perdus, ils avaient failli lancer l'alerte générale. Vera, avec toute la classe qu'on lui connaît, rétorqua :

"Quoi ? On peut même plus chier en paix ?"
On avait confié à Anselmo Martinez la dure tâche d'occuper Alkesto Divarda pendant que les deux autres Triumvirs "traitaient" le Directeur du Conseil.

Ce choix s'avérait désastreux puisque la moindre tentative de lancer un sujer de conversation se soldait par un échec. Martinez se faisait violence prenant l'initiative de la conversation. Originaire de la région, il s'en faisait le VRP, et débitait des phrases tout droit sorties d'un guide touristique insipide. Divarda répondair souvent à côté et coupait tout contact visuel avec le Triumvir, tentant de lire sur les lèvres de Vera, Marinelli puis Costa.

Martinez fini par prendre ombrage de ce manque d'intérêt pour la conservation. Il pensa à Hermione Arviles... l'une des prédécesseures de Divarda avec qui les conversations étaient appréciées. Le triumvir perdait tout espoir de capter l'attention du diplomate de formation qui profita de cette pause pour fondre sur les trois participants du conciliabule.

Le duo youslève pris congé prétextant un passage aux toilettes. Les triumvirs en profitaient alors pour debriefer.

"Vraiment, je n'y arrive pas avec ce type, nous déroulons le tapis rouge et n'avons droit qu'à un discours insipide", constatait Vittorio IV.

"Un pisse-froid. J'en viens à regretter de leur avoir fait ce beau cadeau en attribuant Baltos à l'un de nos navires", regrettait-t-il.

Firmino Costa trouvait le monarque bien abattu. Il le pensait pourtant rodé à ces plates discussions et à leurs lots de couleuvres à avaler. "Allons, bientôt le deuxième round. Il ne nous a rien dit pour le moment. Attendons de voir comment il réagit. Ils ne peuvent pas tout balayer. Pas comme ça. Pas maintenant".

Anselmo Martinez d'ordinaire silencieux se payait le secrétaire d'État. "Sachez que je ne leur accorde aucune confiance. Leurs mots sont vides de sens. Ils n'ont aucune volonté de faire quoi que ce soit avec nous. C'est de la perte de temps tout ça. J'ai peine à le dire mais l'avenir est à l'est. Avec des partenaires franc du collier".

En dépit de la longueur de ces échanges, les deux protagonistes youslèves n'étaient plus réapparus. Où étaient-ils? Les Triumvirs furent informés qu'ils se trouvaient encore aux sanitaires.

"Le voyage est rentabilisé. Peut être vont-ils nous passer une commande de toilettes pour équiper leurs bâtiments publics à Sedjan", plaisantait Firmino Costa.

Vittorio IV n'était pas d'humeur à plaisanter mais l'absursité de la scène lui inspira une saillie homophobe qui laissa son auditoire pantois.

Vera et Divarda revenaient.
De retour, Hemeraldo Vera et Divardra s'excusèrent platement pour cette absence de quelques minutes, prétextant des nausées.
"Rien de grave, rassurez-vous" tint à préciser le Secrétaire aux Affaires Etrangères de la RFY.

Les discussions continuèrent donc comme s'il ne s'était rien passé, ou presque. Désormais, une ambiance assez pesante avait remplacée l’atmosphère détendue qui régnait auparavant. Les deux dignitaires youslèves n'avaient désormais qu'une hâte, celle de commencer l'entrevue avec le triumvir.
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