16/12/2017
11:58:06
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[Karty-Rasken-Kaulthie-Estalie] Stabiliser l'Eurysie Centrale

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Volkingrad sous la pluie


AlinéaLes derniers tintements du grand clocher de Volkingrad raisonnaient à travers les ruelles, lorsque finement, la pluie tomba. D'abord maigre, elle se posait délicatement sur vitres, toits et auvents, refroidissant le moteur encore chaud de certaines voitures. De légères flaques s'éparpillaient, tantôt ravivées, tantôt battues par le rare passage d'une automobile. Cette douce pluie venait attendrir la terre, coulait sur les feuilles des arbres, elle se manifestait par divers endroits. Allant du majestueux chêne jusqu'au cendrier égaré sur une des innombrables terrasses, cet écoulement semblait s'apparenter au temps. Long à l'illusion, court en réalité, cette pluie s'achèverait un temps dans la soirée. Pour l'heure elle s'intensifiait, peu à peu, les flaques se joignaient, comme si un artiste venait ajoutait ses touches à une mosaïque perpétuellement mouvante. Ce son devint enfin constant, une vague monotone mais si reposante, un orchestre à la mélodie millénaire. Les feuilles, simplement humides quelques instants auparavant, pliaient sous le poids de l'eau, les branches s'apprêtant à les suivre. Lorsque les gouttières commençaient seulement à s'emplir, ce désormais déversement s'intensifia encore. De grands rideaux couvrirent finalement chaque façade, là où les flaques se suffisaient, de grandes marres se formaient. L'averse s'imposait, les toits en subissaient le martèlement, tout cela questionnait, tel climat sous un habituel août rayonnant.

Mais août n'était plus, la saison des pluies imposait un hiver délusoire. Les essuie-glaces battaient frénétiquement, le cliquetis d'une horloge incessante, rares étaient tout de même les voitures. il demeurait aussi certains passants, malheureusement égarés dans cette fine brume. Tandis que des enfants sautaient innocemment dans quelques flaques, des employés se précipitaient, dévalant et ciselant ces mêmes étendues d'eau. L'on pouvait presque observer les derniers commerces se vider, les derniers lampadaires commençaient enfin leur allumage et cette pluie, dominant l'ensemble métropolitain. Les intérieurs étaient secs, l'extérieur lui, était uniformément battu par la pluie, l'on décelait même dans un coin de rue un couple qui s'abritait maladroitement sous le même parapluie, espérant vainement la fin du déluge. La capitale sombrait peu à peu dans ce sommeil désormais nocturnes, de rares infrastructures encore éveillées.

C'était le cas de l'aéroport, lui qui ne dormait jamais. Habituellement, il ne faisait qu'accueillir voyages d'affaire et touristes. Aussi, il était le seuil du transit Kartien vers le monde, desservant marchandises et services. A de plus rares mais toujours occasions, cet aéroport était le berceau de la diplomatie. C'était cette infrastructure précise, qui voyait défiler chaque délégation étrangère depuis désormais des dizaines d'années. Et encore une fois, cela allait être le cas, à ceci près de ce climat mélancolique. Sous cette Volkingrad endormie, la République Impériale de Karty s'apprêtait en réalité à recevoir l'un des sommets les plus historiques qui soient. Ce n'était certes pas la première fois que Karty organisait un sommet d'une telle envergure, cela demeurait toutefois la première fois pour bien d'autres occurrences. La première fois que des Estaliens fouleraient le sol Kartien oui, la première fois que ces mêmes Estaliens, Raskenois et Kaulthes se joindraient en Karty, mais surtout et avant tout, la première véritable fois pour l'Eurysie centrale. Toutes ces délégations avaient la même idée en tête, faire de cette région un havre de paix, du moins ce qu'il s'en approche le plus. Sur ce sentiment de solennité, la Chancelière s'avança enfin devant l'ensemble des délégations, annonçant ces quelques mots.

Chancelière Orlovski-"Mesdames, messieurs, diplomates du monde, la République Impériale de Karty vous transmet ses plus chaleureuses salutations. Je vous salue également, j'ai à cœur de croire que ces quelques et malheureuses intempéries n'entraveront point nos discussions. Je me réjouis très sincèrement de vos venues, témoignant certes de nos disparités je vous l'accorde, mais aussi d'une volonté partagée. Cette volonté noble de la paix, une valeur que beaucoup sur ce monde semblent oublier."
En terre inconnue, Karty.



Sofka Gennadievna.
Sofka Gennadievna, désignée déléguée en chef de la représentation de la Fédération des Peuples Estaliens au sommet de paix d'Eurysie Centrale
(Ex-déléguée du Congrès International des Travailleurs (Club de Coopération Anarchiste)).


Le temps n'était vraiment en sa faveur aujourd'hui. Il est vrai qu'elle avait anticipé la chose, elle avait regardé la météo avant d'entrer dans l'avion de ligne officiel de la Commission aux Relations Extérieures, elle avait quand même pris un parapluie au cas où. Sofka se félicitait d'être aussi prévoyante, la pluie battante chutait telle une pluie de bombes sur la capitale kartienne et Sofka n'avait pas l'intention de mouille ses vêtements. Certes, un costume et une veste simple, qui contrastait fortement avec les vêtements d'entreprises de textile de luxe que l'on retrouvait sur les épaules de la plupart des dignitaires diplomatiques à l'international, mais des vêtements auxquels elle tenait. Une fois arrivée à l'aéroport international de Volkingrad, elle insista auprès de son équipe pour entrer à l'intérieur de l'édifice car pour accompagner la pluie, rien ne valait mieux que le froid mordant du vent pour rappeler le changement de température entre l'extérieur et l'intérieur de l'avion, chauffé et climatisé. L'équipe de sécurité qui accompagnait la déléguée semblait réticente : bien sûr, dans l'esprit de l'équipe de sécurité, souvent d'anciens vétérans de l'Armée Rouge, ils étaient ni plus ni moins qu'en terrain ennemi, il était hors de question de baisser sa garde. Pourtant, Sofka réprimanda durement le chef de l'équipe de sécurité, leur rappelant avant tout la raison de leur venue : la paix. Oui, la paix. Les Estaliens n'étaient venus qu'avec cette simple idée en tête, ironiquement, et aucune autre. Il fallait admettre que la situation en Eurysie Centrale avait complètement explosé entre le moment où le sommet fut décidé et au moment il se tient actuellement. Néanmoins, ce n'est pas quelques mois d'importants événements et d'affrontements armés qui ont faits changer la politique extérieure estalienne pour autant, la paix restait la priorité malgré les affrontements en Hotsaline et il était évident que tous les acteurs présents avaient sûrement le même objectif en tête. La véritable question qui allait se poser entre l'Estalie et ses interlocuteurs raskenois et kartiens serait davantage la façon dont cette paix s'opérerait, de quelle manière elle s'appliquerait et sous quelques conditions ; car dire vouloir la paix est une chose, l'appliquer en est une autre.

Lorsque la délégation entra dans le bâtiment dédié au sommet, la délégation estalienne s'asseya en saluant les délégués autour de la table. Pas de discriminations durant les salutations, Sofka n'hésitait pas à faire le tour de table pour serrer la main autant à ses camarades kaulthes venus épauler l'Estalie dans le sommet comme ses confrères kartiens et raskenois, malgré la nouvelle réticence de son équipe qui était consternée à l'idée de saluer ce qu'on considère en Estalie comme des ennemis idéologiques. Si c'était le ressenti de la délégation, ça n'étaitas pas celui de Sofka. Ancienne membre du Club de Coopération Anarchiste, elle avait été explicitement choisie pour sa position ouverte et conciliante, il était évidemment hors de question d'opposer aux Kartiens et aux Raskenois un délégué d'un des nombreux clubs husakistes de l'aile radicale et même si la Commissaire elle-même, en tant que modérée, aurait pu participer à la rencontre, elle a préféré faire de la lumière à sa jeune recrue, de l'aile conformiste du Bloc Anarchiste Renouvelé. Sofka était connue comme conciliante autant envers les clubs non-husakistes du Congrès et faisait partie d'un des clubs qui privilégiait l'entrée de clubs non-socialistes au sein du Congrès afin d'accroître la transparence démocratique de l'appareil fédéral. En bref, c'était le beau visage de l'Estalie et compte tenu de la méfiance que pouvait avoir Karty ou Rasken à l'égard des Estaliens, décrits par les médias internationaux comme impérialistes, révolutionnaires jusqu'à la moelle, envahisseurs et militaristes, c'était la face la plus présentable que la Fédération pouvait offrir à ses homologues étrangers. Sofka prit alors la parole à son tour après la Chancelière :

"Mes salutations à vous tous, chers homologues de Karty, Rasken et de Kaulthie. Je me présente, Sofka Gennadievna, je serais la déléguée en chef qui représentera la Fédération des Peuples Estaliens durant ce sommet. Avant de laisser mes confrères se présenter à leur tour, j'aimerais apporter une petite contribution d'introduction avant d'entamer ce sommet : les événements qui se sont déroulés en Hotsaline il y a encore peu sont dramatiques de biens des façons. Bien entendu, l'on pourrait croire que si la guerre a effectivement éclaté, alors certaines mauvaises langues pourraient affirmer ici que ce sommet est mort-né, qu'il serait voué à l'échec. Je ne suis pas d'accord avec ce point de vue : bien que la guerre ait quand même eu lieu malgré nous en Hotsaline, l'Eurysie Centrale ne se contente pas uniquement de l'Hotsaline, bien qu'il soit un de ses principaux points chauds. Ce que je veux dire par là, c'est que ce sommet peut toujours être une réussite, même au regard des récents événements, si nous nous mettons d'accord sur l'instauration d'une paix durable en Eurysie Centrale hors Hotsaline pour le moment. En effet, si l'Hotsaline ne peut être sauvée des flammes de la guerre pour le moment, le reste de l'Eurysie Centrale est encore sauvable et la paix entre les principales puissances de la région que nous sommes peuvent encore y faire quelque chose afin d'y préserver la paix et prévenir des tensions et des conflits d'intérêts à venir via des discussions diplomatiques, sans effusion de sang. Merci à vous."
Sofka se rassoit alors, se permit de boire une gorgée de son verre d'eau et de laisser ainsi la parole aux autres délégations.
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Chancelière Angèle Orlovski et Secrétaire d'Etat John Daïa


AlinéaAngèle écoutait la pluie battante des vitres et la diplomate Estalienne, les délégations étaient installées. Pour beaucoup encore, ce sommet n'avait strictement rien de réel. Quoi ? L'Estalie, Karty, la Kaulthie et Rasken sous le même toit ? Bien qu'improbable, c'était la réalité. Un premier pas, encourageant certes, mais une brique solitaire dans l'édifice de la paix. Pour bâtir telle œuvre, la présence simple, le signe, ne suffira en aucun cas. Hélas, dire que le plus dur a été accompli serait mentir, la Chancelière en avait bien conscience. Pourtant, elle estimait ce projet, elle n'en était pas persuadée non, mais elle aimait à croire qu'il adviendrait. C'était sans doute le sentiment partagé de tous par ailleurs, que ce soit pour le gouvernement Kartien, Raskenois, Kaulthe ou Estalien. La pièce était emplie d'une tension qui restait palpable malgré un objectif sain d'esprit, deux figures représentaient Karty pour ce sommet. La Chancelière évidement, mais aussi un secrétaire d'Etat, sieur John Daïa, ancien Afaréen ayant fait ses études à Volkingrad, obtenant par la suite la nationalité impériale. l'Estalie avait décidé d'ouvrir l'entrevue en présentant la situation en Hotsaline, il était évident que le sujet aurait du être abordé dans tous les cas. Tandis qu'elle avait achevé son intervention, Dame Sofka Gennadievna regagnait sa place. En parallèle, Angèle se pencha légèrement, s'adressant à sieur Daïa, d'une voix basse presqu'étouffée par la pluie.

Chancelière Angèle Orlovski-"Je m'interroge sincèrement sur cette diplomate Estalienne, son image me paraît peu similaire aux actions de son pays. Soit la scène internationale a diabolisé l'Estalie, soit elle nous a envoyé un de ses meilleurs cador bien parlant, posé et diplomate."
Secrétaire d'Etat John Daïa-"Peut-être oui, c'est une possibilité. Mais il était évident que tous enverraient la belle diplomatie, c'est un sommet pour la paix, ne l'oublions pas."
Chancelière Angèle Orlovski-"Je ne sais encore que trop dire, faut-il proposer directement les fondations d'un institut, en aborder les prémices, sonder les délégations, donner la parole... Que faire, et surtout comment."
Secrétaire d'Etat John Daïa-"La situation reste encourageante, tous ont accepté d'être ici... Et hormis l'Estalie, nous avons des bonnes relations avec tout le monde ici présents. Regarde, même avec la Kaulthie, cela arrondit les bords avec l'Estalie, avec laquelle nous ne sommes pas en mauvais terme je le rappelle."

Quoiqu'il en soit, ce seront les dires de la Chancelière qui donneront la donne. Fallait-il être lyrique ou froid, direct ou diplomate, factuel ou poétique ? C'était là tout le jeu de la diplomatie, un où les Kartiens semblaient avoir bien saisi la dure réalité. L'Estalienne avait enfin reprit sa place, Angèle se leva, ajusta son col d'une main ferme, puis attendit quelques secondes...

Chancelière Angèle Orlovski-"Permettez-moi de vous remercier, Dame Sofka Gennadievna, pour votre discours qui me permet d'enchaîner directement sur la situation en Hotsaline. Fort heureusement, aucune nation ici présente, et plus généralement aucun pays décisionnaire centreurysiens, ne semble soutenir le camp Hotsalien. D'un côté l'Empire Raskenois et la République Impériale de Karty, qui ont conservé la neutralité, de l'autre l'Estalie et la Kaulthie qui ont pris position en faveur de l'Altrecht... Je ne vous apprends rien, ces précisions sont par ailleurs inexactes sur certains points, la Kaulthie fut entraînée malgré elle dans ce conflit, au même titre que l'ensemble de ses belligérants. Mais ce n'est pas le cœur du sujet, non ! Ce n'est pas la première guerre d'Eurysie centrale, le compte est perdu depuis bien des années. Nous avons tous gagné des batailles, peut-être, mais nous avons avant tout perdu du temps, des vies et des intérêts, en bref, la paix. Sous prétexte que les tensions sont une habitude, devenons-nous les tolérer pour autant ? Cette guerre Hotsalienne, bien que tragédie, n'est qu'une pierre ajoutée au manoir des conflits.
Toutefois, je ne suis pas ici pour réécrire l'histoire, ni d'en blâmer qui que ce soit. Vous tous avez accepté de venir en ces lieux, malgré nos disparités. Nos nations sont différents, certaines ô combien bien plus que d'autres. Nous avons nos idéologies, nos doctrines, nos valeurs, nos traditions et plus généralement notre culture, soit, qu'il en soit ainsi. Si la différence n'est pas le casus belli de tout conflit, elle en demeure plus que majoritairement à l'origine. Mais ce sont aussi ces différences qui peuvent permettre de cordiales relations, en témoigne ne serait-ce que votre présence. A titre d'exemple, la République Impériale de Karty et l'Union des Fédérations des Communes de Kaulthie sont totalement opposées sur le point de vue des spectres politiques, et pourtant. Et pourtant, ma patrie bénéfice de relations d'un ordre bien plus que cordial avec ce pays.
Si souhaiter la paix est digne des félicitations, l'appliquer est une autre histoire. Lorsque nous observons certains pays querelleux, nous ne pouvons qu'oublier ce principe, hélas. J'en viens donc à des propositions disons plus concrètes, notre présence commune témoigne bien de la volonté partagée de la création d'une institution. Mais quelle institution, comment, pourquoi, où ? Tout cela sera traité ici et maintenant, par nos quatre nations. Une fois, et je l'espère de tout cœur, ces principes actés, cette institution pourra s'étendre à l'ensemble de l'Eurysie centrale. De même, cela soulève une autre question. Quelles sont les limites de l'Eurysie centrale, ce pays en fait-il partie, devenons-nous le considérer comme centreurysien ? Encore une fois, ce sujet sera traité.
Pour l'heure, nous devons établir les fondations d'un organisme, que je me contenterais de nommer l'ISCE, l'Institut de la Stabilité Centre-Eurysienne. Si le dialogue sera une évidence au sein de ce dernier, comment s'appliquera-t-il ? Cet organisme sera-t-il simplement porteur de dialogue, ou bien à l'inverse, pourra-t-il émettre des jugements par un système de vote ? Ceci est entre vos mains, nos mains, Excellences. Dans le cas éventuel d'un système de vote, un bloc chargé d'appliquer les décisions serait nécessaire. Imaginons qu'une nation refuse d'appliquer la décision commune, des éléments de pression seront à invoquer. Ou bien à l'inverse, devons-nous oublier ce système au profit d'une simple passe de dialogue, qui sera nettement moins efficace, c'est une réalité. Mesdames, messieurs, je vous prie de communiquer vos volontés, précisions, refus, en bref, ce que vous semble pertinent d'être évoqué. L'Historie a souvent vu la division, peut-être observera-t-elle enfin la coopération ?
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