30/12/2017
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PRESSE / Магданские средства массовой информации

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PRESSE
Магданские средства массовой информации


Symbole oiseau Huma

Journaux

La presse magdanienne est caractérisée par la forte déconcentration de la Fédération, qui pousse à l'existence de nombreux journaux différents, dans plusieurs langues fédérales au-delà du magdan. La presse fédérale se démarque toutefois de sa concurrence régionale et locale par le très grand nombre de tirages de ses titres les plus importants, listés ci-dessous.

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(EN COURS)
Магданское Письмо - La Lettre de Magdanie

Vallée du Ghur Daria : échange de territoires entre le Ghuristan et la Petite-Baïtourie
Jahandar Khayrullo | 21/08/2017

Vallée du Ghur Daria (vallée du Ferghana)
En ce mois d'août 2017, les deux républiques du sud de la Fédération ont annoncé la ratification d'un nouveau traité frontalier.

Comment concilier territoires immenses, zones rurales mal cartographiées et moyens institutionnels éparpillés pour l'établissement de frontières ? Tracées suite à la conclusion des accords de Baksopol en 1984, les frontières internes de la Fédération, outre leur très grand nombre, sont également sources d'infinis débats entre les entités fédérées. D'une part, la mauvaise couverture cartographique et d'autre part la très forte décentralisation de la Fédération ont tôt fait de délégitimer les tracés frontaliers convenus en 1984, d'autant plus que les accords alors signés portaient en eux un nombre remarquable de zones d'ombres et de vices cachés en la matière. Toutefois, comme à l'accoutumée, les membres de la Fédération savent chercher le compromis et établir des accords. Ainsi, plusieurs comités cartographiques et géographiques émanant de diverses directions des républiques fédérées du Ghuristan et de Petite-Baïtourie se sont réunis ces derniers mois afin d'élaborer un nouveau plan frontalier commun aux deux républiques.

Cette entente géographique nouvelle est cependant le fruit de circonstances : la crue décennale remarquée par les autorités ghuristanaises sur le Ghur Daria, fleuve structurant du sud de la Fédération, ont rebattu les cartes frontalières avec un déplacement du lit fluvial de plusieurs dizaines de mètres par endroit. Les villages entiers ainsi déplacés ont fait l'objet d'âpres négociations entre les deux républiques. En effet, entités parmi les plus peuplées de la Fédération avec respectivement une trentaine de millions d'âmes pour le Ghuristan et un peu moins de vingt-cinq millions pour la Petite-Baïtourie, les deux républiques méridionales se tirent la bourre depuis plusieurs décennies sur la domination politique du sud de la Fédération et même des cénacles supérieurs des institutions fédérales, comme le Conseil de la Fédération.

Si le nouveau tracé frontalier est plus symbolique que dimensionnant d'un point de vue géographique ou démographique, l'âpreté des négociations rapportées par plusieurs sources anonymes proches des institutions des deux républiques souligne les enjeux forts de ce genre de victoire. Sur le terrain, les habitants sont eux surtout soucieux de l'avenir des récoltes agricoles, fortement affectées par la crue décennale du Ghur Daria, tandis que les autorités locales doivent composer avec les nouvelles communes placées sous leur autorité. Le réalignement frontalier correspondant également aux réalités ethno-démographiques de la région, la grande majorité des communes réaffectées à la République du Ghuristan sont à majorité ghurie, tandis que la plupart des communes réattribuées à la Petite-Baïtourie sont d'ethnie baïtoure.

Mais ces querelles frontalières juridiques, qui sont le propre des républiques les plus structurées et organisées de la Fédération comme le Ghuristan, la Petite-Baïtourie ou encore la République de Kartulie plus au nord, n'ont rien à envier à la violence parfois militaire de certaines revendications territoriales dans le reste de la Fédération. Gare à qui tentera de dresser un parallèle maladroit entre le traité ghuristano-petit-baïtour nouvellement signé et les accords de Sahqayit ratifiés l'an dernier et mettant fin aux sanglants affrontements du conflit du Bas-Merkhar. Si la majorité des désaccords au sein de la Fédération se règlent à l'amiable entre les entités, il arrive que des cas de figure exceptionnels posent problème, allant jusqu'à déclencher l'activation des articles d'intervention militaire fédérale mentionnés dans les textes fondateurs de la Fédération en 1984.
Магданское Письмо - La Lettre de Magdanie

Place du basortusu dans l'islam magdan : le débat continue
Jahandar Khayrullo | 21/08/2017

Femmes kalekes portant le basortusu (foulard islamique)
Après l'interdiction du port du basortusu, ou foulard baïtour, pour les femmes de la République du Kalekstan, le débat se poursuit.

Vêtement typique des républiques baïtoures (turciques) du sud de la Fédération, le басортусу/basortusu, ou foulard islamique des pays de culture baïtoure et ghurie, est un élément incontournable de la rue magdane. Avec une population musulmane représentant plus d'un tiers de la population fédérale, soit approximativement quarante millions de magdaniens de confession mahométane, la Fédération est culturellement marquée par l'islam et ses règles, notamment visibles. Ainsi, le foulard islamique en est une partie très visibilisée dans l'espace public. Pourtant, il est également devenu synonyme dans la vie politique magdane d'un retour au religieux et d'une recherche de l'occupation de l'espace public par les croyants musulmans, d'après certains politiciens.

Ainsi, le débat fait rage autour de la place du basortusu. Tantôt symbole culture baïtour auquel sont attachées les populations méridionales, tantôt icône de lutte culturelle et religieuse dans un pays marqué par ses fortes disparités polarisantes entre magdans orthodoxes et minorités musulmanes, le foulard islamique a finalement fait l'objet d'une mise au ban par une partie des élites locales. Ainsi, le président de la République du Kalekstan Erbol Muratov a proclamé par décret présidentiel la semaine dernière l'interdiction du foulard islamique dans l'espace public kalek. Si cette décision, cantonnée à la seule République kaleke dont la démographie très modeste (quatre millions) par rapport à celle de ses voisins petit-baïtour (vingt-cinq millions) et ghuri (trente millions), n'aura que peu d'impact au regard du caractère déjà très sécularisé de la micro-société kaleke, la bascule d'une entité fédérée influente en dépit de sa taille modeste pourrait provoquer une onde de choc pour toutes les républiques musulmanes de petite taille.

Néanmoins, le gros de la démographie musulmane de la Fédération vit au sein de républiques très conciliantes avec les croyants musulmans. Ainsi, les pouvoirs ghuristanais et qshiman sont proches des oulémas locaux, qui ont pour partie financé et soutenu l'élection de leurs exécutifs respectifs. Le dialogue interculturel et interreligieux actuel paraît également augurer d'une meilleure conciliation de l'islam magdan avec l'orthodoxie chrétienne, qui occupe pour sa part plus de la moitié des croyants de la Fédération. Ainsi, les oeuvres oecuméniques entre représentants musulmans locaux et hiérarques orthodoxes se sont multipliées au cours de la dernière décennie, sous l'impulsion du pouvoir fédéral qui s'appuie sur la volonté oecuménique affichée du patriarcat orthodoxe de Skanderopol.

Enfin, la promotion d'un islam magdano-magdan correspond à une nouvelle ère interreligieuse pour la Magdanie : après le conflit sanglant du Bas-Merkhar, clôturé l'an dernier par les accords de Sahqayit, où la guerre religieuse a fait rage à l'encontre des minorités religieuses dans le Bas-Merkhar, la recherche d'une harmonie entre islam magdan et orthodoxie chrétienne est aujourd'hui au coeur des préoccupations. De son côté, le gouvernement fédéral a clairement affiché sa volonté de structurer l'islam magdan autour d'un conseil d'imams et oulémas représentatifs des sensibilités musulmanes du pays. La question du foulard islamique, potentiellement reprises par les partisans d'un recul de l'islam au sein de la Fédération, pourrait remettre le feu aux poudres si une solution n'était pas trouvée dans les années à venir entre sécularisation à outrance et conservatisme religieux.
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La population magdanienne reste sujette à la fracture numérique
Jahandar Khayrullo | 30/08/2017

Soldat rechargeant son téléphone portable (Russie)
L'accès au réseau mobile, parcellaire, suppose déjà l'équipement de chaque foyer d'appareils connectés, qui demeure lacunaire.

Réseaux sociaux, vidéos en temps réel, films haute définition à volonté... Autant de services technologiques immatériels auxquels une fraction non négligeable de la population magdanienne n'a pas accès, en dépit des récents efforts d'électrification et de numérisation entrepris par le gouvernement fédéral et les républiques de la Fédération. D'après plusieurs sondages et études statistiques menés par le Nezavisimiy Tsentr Federalnikh Issledovaniya (Centre indépendant d'études fédérales), un institut sondagier privé, plus d'un tiers des habitants de la Fédération de Magdanie n'ont pas accès soit à un équipement connecté soit au réseau cellulaire ou terrestre permettant une connexion à internet. Cette fracture numérique, qui concerne environ quarante-six millions de personnes, n'est cependant pas une anomalie pour un pays du Nazum.

En effet, le continent nazuméen est particulièrement marqué par le faible niveau de vie des pays qui le constituent. Ainsi, le Nazum est le second continent à compter le plus de pays dans le bas du classement en termes de Produit intérieur brut (PIB) par habitant, derrière l'Afarée. Des statistiques inquiétantes pour le continent, qui se traduisent concrètement au niveau microgéographique par des pays fortement impactés par les enjeux du sous-développement. La Magdanie n'échappe pas à ce sort, avec une richesse par tête de seulement 3 578 dollars par an. En outre, le développement démographique magdan, marqué par la pyramide démographique très dynamique des républiques méridionales, ne fait qu'accroître les inégalités au sein-même du pays.

Certaines sources anonymes accusent également la corruption et le détournement des fonds publics destinés à l'électrification, à la numérisation et plus largement à toutes les politiques du développement. En République du Qirimstan, l'auto-immolation par le feu du député de l'opposition qirime Lenar Sharipov, accusant le gouvernement qirimstanais de détourner des fonds essentiels à la santé économique et sociale de la république baïtoure du centre du pays. Si l'événement est resté dans les esprits du pays entier face à la violence de ces images, diffusées en direct à la télévision magdane avant l'interruption du programme, il a provoqué la chute de l'ancien gouvernement qirimstanais et ouvert la porte à des élections anticipées dans la république centre-magdane.

Toutefois, les conclusions de l'institut sondagier privé restent optimistes. « Bien que le taux de numérisation de la population magdanienne reste en-deçà de la moyenne mondiale et des performances d'autres pays en développement, les perspectives restent bonnes. Ainsi, la Magdanie pourrait connaître une nouvelle ère de numérisation si les investissements publics et dans le réseau électrique et dans le réseau de télécommunication continue de croître au même rythme que ces dernières années. Concernant l'accès à l'équipement adapté pour profiter pleinement de l'arrivée du réseau cellulaire ou terrestre, la relative bonne santé du marché de l'emploi et le revenu disponible moyen des ménages sont de bons indicateurs permettant de laisser espérer que sitôt les infrastructures présentes, les habitants des régions jusque-là mal connectées s'équiperont assez rapidement. »
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Des voix s'élèvent contre la neutralité de la Fédération à l'égard des Etats communistes
Stasya Kuznetsova | 26/10/2017

Manifestation anti-communiste en Magdanie (Moscou, Russie)
Nombreux sont les politiciens et essayistes magdans à gratter le papier à l'encontre des régimes à parti unique, voire à battre le pavé.

Si l'eurycommunisme apparaît être une idéologie en structuration, mal définie et portée par quelques Etats éparses dans l'espace eurysien, le communisme nord-nazuméen est quant à lui très centralisé autour d'un axe de puissances cherchant à organiser le sous-continent autour de ses principes. L'ordre régional du Nord Nazum est ainsi structuré autour du pôle de puissance des Etats communistes de la Confédération socialiste du Nazum (CSN), entité nébuleuse et agglutinante regroupant la République socialiste de Barvynie, la République socialiste de Morzanov, la République démocratique populaire de Ouaine, la République prolétarienne du Namarov, la République populaire de Gondavie et la République socialiste démocratique du Zakhmistan.

Si chacun de ces Etats représente séparément une puissance mineure du continent et une non-menace doublée d'un partenaire économique potentiel intéressant pour la Fédération de Magdanie, certains politiques, au niveau fédéral comme local, arguent que ces puissances communistes ligués aux frontières occidentales du pays représentent une épée de Damoclès sur la tête des Républiques magdanes. Pourtant, sans faire écho à ces craintes partisanes, la diplomatie magdane conserve depuis plusieurs décennies une neutralité de marbre face aux révolutions et évolutions socialisantes des régimes voisins. Un pragmatisme que certains saluent, mais que beaucoup critiquent. Le rôle des régimes socialistes du Nazum dans l'insurrection dans le Bas-Merkhar ayant mené aux atrocités que nous connaissons n'est pour l'instant pas établi, d'après le collectif Konesozanama (Коллектив Нет социализму, за народы Магдании, « Collectif Non au socialisme, pour les peuples de Magdanie »).

Ce même collectif, reconnu par les autorités de plusieurs républiques fédérées comme légal et légitime dans son action non-lucrative en faveur des victimes des régimes communistes et dans le maintien de l'ordre démocratique, est cependant contesté par les sympathisants de la cause socialiste en Magdanie. Peu nombreux, ces derniers ont été désignés comme bête noire du gouvernement fédéral depuis l'implication de réseaux communistes dans le soulèvement de séparatistes batsno au Bas-Merkhar, dans le nord-ouest rural et montagneux de la Magdanie. Akmetzhan Tarasov, tête de liste d'obédience socialiste en République d'Amyrstan, prône cependant une troisième voie entre anticommunisme fervent et militantisme révolutionnaire stérile :

« Les régimes se revendiquant communistes ou socialistes dans l'hémisphère nord sont soit hypocrites d'appeler à la révolution globale, principe supposé disparu du corpus doctrinal socialiste depuis le changement de millénaire, soit sont ouverts à échanger avec le monde entier, pays les plus capitalistes y compris. Il existe un entre-deux sincère entre vouloir éradiquer ces Etats de la surface de la Terre et vouloir les rejoindre par adhésion idéologique. La logique de meute n'a pas sa place dans le monde socialiste et les Etats qui souhaitent se comporter en maton ou en véhicule des intérêts sournois des plus nantis ne sont pas d'authentiques partisans du socialisme. Plus globalement, les exactions ne sont le fait que d'apparatchiki en mal de pouvoir et aucunement représentatif de la cause commune aux partisans socialistes, si tant est qu'une telle cause existerait ». Des propos qui ne font clairement pas l'unanimité dans la république d'origine de Tarasov, qui a écopé d'un sévère 3,4% au dernier scrutin local.
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Elections législatives en République du Qirimstan, bras de fer entre le KIF et la coalition KDP
Stasya Kuznetsova | 09/11/2017

Parade du KIF, Front Islamique du Qirimstan (Tatarstan, Russie)
Le parti islamo-conservateur KIF est venu renverser la carte électorale de la République qirimstanaise depuis une dizaine d'années.

Dans la ville de Abzaripol, au coeur de la République du Qirimstan, la foule abonde devant les bureaux de vote. Il faut dire que la République qirimstanaise connaît un dynamisme politique très fort ces dernières années, la République centre-magdane se posant aujourd'hui en porte-parole des républiques du centre du pays et des communautés musulmanes et baïtoures de la région. Principale ethnie du segment ethno-culturel nord-baïtour, soit l'ensemble des populations baïtoures au nord du Ghur Darya, le principal fleuve du sud du pays, l'ethnie qirime est à la fois très représentée dans la Fédération avec deux républiques ethniques qirimes (la République du Qirimstan et plus au sud la République qirime d'Arzanie) et au sein de la population fédérale, avec environ vingt millions de qirimes à travers la Magdanie, soit un septième environ de la démographie du pays.

Les élections au Qirimstan sont ainsi un enjeu de taille dans cette république, par ailleurs parmi les plus ouvertes au débat politique avec un grand nombre de partis et une forte fragmentation de sa scène politique interne. Pour autant, le Qirimstan connaît une forte poussée d'un front politique uni, le Киримстанский Исламический Фронт (KIF, « Front Islamique du Qirimstan »), portant des idéaux islamo-conservateurs et prônant un alignement des républiques musulmanes de la Fédération sur le modèle de la République islamique de Qshimanie, parmi les zones les plus rigoristes en termes d'application de la loi chariatique et de la doctrine islamique en Magdanie. Face à ce front islamo-conservateur, la coalition hétéroclite de partis actuellement au pouvoir, la Коалиция Демократических Партий (KDP, « Coalition des Partis Démocratiques ») d'obédience libérale et séculariste, reste fracturée bien que rassemblée autour de la figure de son chef et Raïs (président) du Qirimstan, Ildar Ramazanov.

Ce dernier est en outre sous le feu des critiques pour sa gestion décriée des finances publiques de la République qirimstanaise. Par ses prises de position au niveau fédéral, cherchant à échapper aux accusations en interne à la vie politique du Qirimstan, Ramazanov s'est porté en défenseur d'une vision sécularisée des républiques musulmanes de la Fédération, renforçant l'opposition qirimstanaise à son encontre. Ainsi, le KIF, créé en 2008 peu après le début du premier mandat de Ramazanov (élu en 2007, à raison d'un mandat de cinq ans), a grandement bénéficié de l'appel d'air créé au Qurultay (parlement) qirimstanais par l'affaissement du parti au pouvoir et l'absence d'offre politique adverse concrète. La mise en scène d'une dualité entre KIF et KDP a par ailleurs bénéficié au KIF dans une sorte de piège de Thucydide, permettant au parti islamo-conservateur minoritaire de se poser en martyr de la politique du gouvernement local.

Les sondages sont ainsi venus confirmer la tendance la semaine dernière. Le KIF, solidement installé en tête avec 35,4% des intentions de vote, pourrait rafler la prime majoritaire d'une quinzaine de pourcents lui permettant de bénéficier de la majorité absolue que n'a déjà plus le KDP dans son mandat sortant. La coalition de Ramazanov se place seconde avec 29,8% des voix, tandis que le Движение Киримского Народа (DKN, « Mouvement de la Nation Qirime ») récolte potentiellement la troisième place avec 19,2% et que le parti Киримстан Вперёд! (KB!, « Qirimstan En Avant ») se place quatrième et dernier des quatre listes en lice autorisés à concourir aux législatives du 9 novembre 2017 au Qirimstan, avec 15,6% des intentions de vote exprimé.
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Explosion du chômage chez les vétérans de la guerre du Bas-Merkhar
Stasya Kuznetsova | 22/11/2017

Foule de batsnos (tchétchènes)
Les anciens miliciens impliqués dans les massacres de la dernière guerre du Bas-Merkhar sont pour beaucoup sans emploi.

Stipulée dans les accords de Sahqayit signés en 2016, la réinsertion des anciens combattants impliqués dans la dernière guerre du Bas-Merkhar est une condition réclamée par les deux parties dans la résolution du conflit opposant d'une part les milices nationalistes batsno de Vekhuntsie et de Bizwanie et d'autre part les groupes insurgés bizwans et shakamals en République batsno du Bas-Merkhar. Pourtant, cette condition vitale à la bonne entente nouvellement instaurée entre ethnies autour des contreforts du Bas-Merkhar. En effet, une grande partie de la population locale est frappée par des conditions socio-économiques difficiles et l'absence d'intégration dans une société économique déjà fragilisée pourrait de nouveau être source de tensions entre groupes ethno-culturels.

Les fractures démographiques et socio-économiques dans la région avaient déjà grandement nourri le récent conflit. En 2012 lorsque les premiers groupes rebelles, essentiellement composés de nationalistes bizwans, se sont soulevés contre le traitement défavorable accordé à leur ethnie sur des bases ethno-différentialistes par le Mekhkada (président) de la République batsno de Verkhuntsie de l'époque, Isa Idrisov. Elu en 2003 par un électorat traditionaliste, islamo-conservateur et nationaliste, Idrisov appliquait jusqu'alors une politique de préférence ethnique et religieuse au sein de cette république de l'extrême-nord-ouest de la Fédération. Aujourd'hui, le président désigné par les accords de Sahqayit, Zelimkhan Batsaev, doit affronter la farouche opposition des partis nationalistes batsnos de Verkhuntsie.

D'autre part, Batsaev est lui-même accusé, depuis son arrivée au pouvoir par la force fédérale en 2016, de continuer à favoriser les intérêts batsno en appliquant les parties des accords de Sahqayit faisant le plus le jeu des nationalistes batsno : réintégration des milices nationalistes batsno dans les forces de sécurité régulières de la République batsno de Verkhuntsie, facilitation au départ pour les familles issues des minorités bizwane et shakamale souhaitant émigrer hors de Verkhuntsie... Le nouvel exécutif verkhuntsien paraît confronter au dilemme impossible de trouver une paix durable et juste entre les ethnies dans une région réputée pour ses mésententes culturelles. Si les manifestations et regroupements sociaux en trop grand nombre sont interdits jusqu'à nouvel ordre par les forces armées de la Fédération présents sur le sol de la République batsno, le départ programmé de celles-ci entre 2018 et 2020 pourrait dégeler la situation.

L'exécutif provisoirement établi aux côtés de Batsaev doit mener un agenda très serré, avec des objectifs qui paraissent aujourd'hui difficiles. La maigre participation du gouvernement fédéral au redressement du budget local des autorités verkhuntsiennes, dont les revenus fiscaux ont été lourdement grevés par le conflit, dont les escarmouches ont ravagé les activités agricoles et commerciales de la zone et fait fuir les activités industrielles et les investisseurs. Bien que le retour de la paix ait été accueilli favorablement par les places boursières, rares sont les entreprises au niveau fédéral à privilégier les zones reculées du Bas-Merkhar pour construire et investir, d'autant plus que les axes routiers de la région, dans un état notoirement dégradé, limitent toute interconnexion avec les républiques méridionales et les grands espaces de la consommation magdane.
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