19/08/2017
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Veychter raccrocha le combiné d'un geste vif, tout son agacement, sa colère, et sa peur se voyaient distincetement dans la corbe de la main vers le receptacle. Il avait raccroché poliment, mais sans les faux-semblants d'assurance dont les dirigeants stupides se targuaient. Il avait peur parce qu'il n'était pas stupide ; il avait bien compris que la bataille, qui pouvait aussi bien s'engager maintenant que dans un siècle, serait la plus dure que son monde ait connu jusques ici. Mais surtout, il comprennait que son pays allait être en plein sur la ligne de front : si bataille il y avait, elle ne serait pas dans un territoire éloigné où les composantes du conflit dépêcheraient leurs troupes. Non. Si bataille il y avait, elle serait à sa porte, dans ses rues et sur son sol. Pareille pensée lui glaçait le sang, et il eut été bien sot de faire comme si cela n'était pas le cas : la guerre est une affaire de réalisme, de prosaïsme, pas de masques de confiance devant des villes en ruines. Le Premier ministre marcha doucement jusques à tant qu'il fût à la large fenêtre de son bureau du Palais du Peuple. De là, il voyait Tirgon s'étendre sur des kilomètres devant lui, sur les côtés, et il devinait sans effort que cette distance s'étalait aussi derrière. Le soir tombait sur la capitale de toutes les terres illiréennes, et la lumière vespérale se mâtinait des derniers rayons de la braise céleste qui disparaissait doucement à la limite d'horizon. Cependant que le dernier trait de soleil illuminait le soir, Veychter cru discerner le lac Rhovanion s'embraser à travers la fantastique distance qui les séparait. En un instant, tout était finis, la lumière chut et le brasier au lointain sembla s'éteindre si bien que l'homme douta qu'il ne l'ait jamais vu. Pour un instant il avait vu l'Illirée à la lueur d'une soirée d'Août, mais déjà les innombrables lumières domestiques repoussaient les ombres qui avaient engloutie les rues entre la fin du jour et le début de la nuit. Et bientôt Tirgon brillait encore de centaines de milliers de soleils qui le disputaient aux étoiles célestes. Veychter se détourna, il devait défendre sa patrie de la ruine.

Il se rassit à son bureau sans plus battre sa coulpe — il avait le devoir sacré de protéger son peuple de l'impérialisme belliqueux de quelque bourgeois avide d'un trésor que la raison ne pouvait lui concéder. Il se saisit d'une plume sans autre procès et rédigea une note à l'intention de tout ceux qui avaient le moindre pouvoir dans la défence de leur maison. Il devait mettre les bouchées doubles sur la préparation à un conflit majeur ; bien qu'il priât toujours pour qu'il n'advienne point. Ordre fut donné à l'industrie d'engager en priorité absolue la construction de moyen de défence anti-aérien, parce que de toute façon l'armée de terre et la marine illiréenne n'étaient pas en position de resister efficassement à une invasion : il fallait tout miser sur l'aviation, son seul corps d'armée potable pour une conflagration de large envergure. De toute façon, il était trop tard pour espérer quoi que ce soit de ces autres armées en engageant si tardivement des productions. Ordre fut donné au VSB d'assurer une surveillance accrue des personnages dangereux et de neutraliser tout élément nuisible sous simple soupçon renforcé, il n'était pas temps de se faire attaquer de l'intérieur et de l'extérieur au même instant. De la même façon, les entrées et sorties aux frontières devront êtres fortement restreintes. Les nationaux kresetchniens ou onédiens en Illirée devraient être interdit de quitter le pays, ils constituaient une monnaie d'échange beaucoup trop importante pour être négligée. Sur la liste des personnes privées de sorties figuraient aussi les cadres des services de sécurité et une bonne partie du gouvernement : il n'y aura pas de fuite possible. Ordre fut donné de mettre toutes les composantes de l'armée en vigilance permanente — notament l'armée de l'air qui devrait maintenant avoir en permanence une douzaine d'apareils en vol de patrouille. Les radars devraient être aux aguets du moindre mouvement en provenance des pays onédiens ou de la Kresetchnie. Et enfin, une campagne de sensibilisation rapide devrait indiquer aux citoyens illiréens comment réagir en cas de bombardement ou d'invasion : des bunkers ou immeubles plus robustes devraient figurer sur les plans de survie distribués à la population.

Ses ordres transmis et mis en application, le Premier ministre soupira ; être en première ligne ne signifirait rien de bon.

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