17/05/2018
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Veychter raccrocha le combiné d'un geste vif, tout son agacement, sa colère, et sa peur se voyaient distinctement dans la corbe de la main vers le receptacle. Il avait raccroché poliment, mais sans les faux-semblants d'assurance dont les dirigeants stupides se targuaient. Il avait peur parce qu'il n'était pas stupide ; il avait bien compris que la bataille, qui pouvait aussi bien s'engager maintenant que dans un siècle, serait la plus dure que son monde ait connu jusques ici. Mais surtout, il comprennait que son pays allait être en plein sur la ligne de front : si bataille il y avait, elle ne serait pas dans un territoire éloigné où les composantes du conflit dépêcheraient leurs troupes. Non. Si bataille il y avait, elle serait à sa porte, dans ses rues et sur son sol. Pareille pensée lui glaçait le sang, et il eut été bien sot de faire comme si cela n'était pas le cas : la guerre est une affaire de réalisme, de prosaïsme, pas de masques de confiance devant des villes en ruines. Le Premier ministre marcha doucement jusques à tant qu'il fût à la large fenêtre de son bureau du Palais du Peuple. De là, il voyait Tirgon s'étendre sur des kilomètres devant lui, sur les côtés, et il devinait sans effort que cette distance s'étalait aussi derrière. Le soir tombait sur la capitale de toutes les terres illiréennes, et la lumière vespérale se mâtinait des derniers rayons de la braise céleste qui disparaissait doucement à la limite d'horizon. Cependant que le dernier trait de soleil illuminait le soir, Veychter cru discerner le lac Rhovanion s'embraser à travers la fantastique distance qui les séparait. En un instant, tout était finis, la lumière chut et le brasier au lointain sembla s'éteindre si bien que l'homme douta qu'il ne l'ait jamais vu. Pour un instant il avait vu l'Illirée à la lueur d'une soirée d'Août, mais déjà les innombrables lumières domestiques repoussaient les ombres qui avaient engloutie les rues entre la fin du jour et le début de la nuit. Et bientôt Tirgon brillait encore de centaines de milliers de soleils qui le disputaient aux étoiles célestes. Veychter se détourna, il devait défendre sa patrie de la ruine.

Il se rassit à son bureau sans plus battre sa coulpe — il avait le devoir sacré de protéger son peuple de l'impérialisme belliqueux de quelque bourgeois avide d'un trésor que la raison ne pouvait lui concéder. Il se saisit d'une plume sans autre procès et rédigea une note à l'intention de tout ceux qui avaient le moindre pouvoir dans la défence de leur maison. Il devait mettre les bouchées doubles sur la préparation à un conflit majeur ; bien qu'il priât toujours pour qu'il n'advienne point. Ordre fut donné à l'industrie d'engager en priorité absolue la construction de moyen de défence anti-aérien, parce que de toute façon l'armée de terre et la marine illiréenne n'étaient pas en position de resister efficassement à une invasion : il fallait tout miser sur l'aviation, son seul corps d'armée potable pour une conflagration de large envergure. De toute façon, il était trop tard pour espérer quoi que ce soit de ces autres armées en engageant si tardivement des productions. Ordre fut donné au VSB d'assurer une surveillance accrue des personnages dangereux et de neutraliser tout élément nuisible sous simple soupçon renforcé, il n'était pas temps de se faire attaquer de l'intérieur et de l'extérieur au même instant. De la même façon, les entrées et sorties aux frontières devront êtres fortement restreintes. Les nationaux kresetchniens ou onédiens en Illirée devraient être interdit de quitter le pays, ils constituaient une monnaie d'échange beaucoup trop importante pour être négligée. Sur la liste des personnes privées de sorties figuraient aussi les cadres des services de sécurité et une bonne partie du gouvernement : il n'y aura pas de fuite possible. Ordre fut donné de mettre toutes les composantes de l'armée en vigilance permanente — notament l'armée de l'air qui devrait maintenant avoir en permanence une douzaine d'apareils en vol de patrouille. Les radars devraient être aux aguets du moindre mouvement en provenance des pays onédiens ou de la Kresetchnie. Et enfin, une campagne de sensibilisation rapide devrait indiquer aux citoyens illiréens comment réagir en cas de bombardement ou d'invasion : des bunkers ou immeubles plus robustes devraient figurer sur les plans de survie distribués à la population.

Ses ordres transmis et mis en application, le Premier ministre soupira ; être en première ligne ne signifirait rien de bon.

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Les préparatifs avançaient au rythme effroyablement lent de la fin du monde, la machine administrative illiréenne étant bien à l'image de son homologue un peu plus au nord. Du moins la transcendance d'un commandement venant de la tête d'un Etat autoritaire passait-elle outre les digressions bureaucratiques habituelles. Mais réorienter une industrie sur un seul type de production, bien qu'elle y travaillât déjà dans des proportions moindres et dans un délai moins pressant, n'était certaiennement pas l'affaire d'une heure ; ou même d'une semaine. Les choses iraient à la vitesse où elles le devront, pensait Veychter. Et puis, après tout, il espérait encore que tout ce travail de fourmis ne fût finalement que superflu ; une lame aiguisée en l'attente du combat avant d'être rengainée sans effusions de sang. Oui, c'était bien comme dénouement. La Providence l'avait porté au pouvoir, abattant les obstacles de son ascension pour le bien commun ; puisse-t-elle le porter encore à travers cette fantastique convergence de morts. La Providence, sa Providence, n'avait aucun scrupule à tuer la partie pour sauver le tout : elle lui avait permis d'abattre l'Empereur et ses chiens deux ans auparavant. Maintenant, il devrait lui faire un sacrifice à la hauteur des vies qu'il souhaitait protéger.

Il craignait que les loups onédiens assoiffés du sang des peuples libres ne s'emportent dans un bellicisme sans retour possible, que ces bourgeois bouffis lui porte leur guerre —, loin de leurs confortables demeures mais tout près de la sienne. Mais ceux-ci avaient une faiblesse qu'il comptait bien exploiter ; de toute leur implacable volonté à la mort, de toute leur âme impitoyable, ils étaient soumis à l'opinion publique. Pis ! Nombres des têtes de ces Etats bourgeois répondaient à des écheances électorales, remisant encore et encore leur avenir dans le sempiternel sondage d'un peuple changeant et ingras. Ils pouvaient peut-être justifier à leurs population l'assassinat du peuple illiréen, mais auraient-ils ouvertement le courage de frapper sans dicernement leurs propres nationaux pris au piège ? Cela, Veychter ne le croyait pas. De toute façon, s'ils se hasardaient à le faire, alors il aurait gagné dans sa chute : il aurait démontré au monde que ces ordures étaient pires que lui. Il était horrible pour se servir de boucliers humains, mais ils le seraient au centuple pour avoir tiré sur ces boucliers. Il avait ordonné il y a quelque jours que les douanes commencent à filtrer plus sévererement les entrées et sorties des nationaux onédiens et kresetchniens. Il n'était pas question d'afficher ostensiblement son refus de laisser sortir une partie de ces ressortissants, ça serait déclarer la guerre à une heure ou la paix était encore possible, non. Ce qui avait commencé de se passer, ce sont des oublis de documents, des problèmes informatiques, des pertes de suivis de dossiers : si bien que certains nationaux onédiens ayant flairé la poudre dans l'air se retrouvèrent bloqués aux douanes par un vaste panel de problèmes divers et variés. "Incapable d'accélérer les procédures", l'Illirée se montra toutefois magnanime et logea à ses frais les concernés dont les réservations de logements avaient expirées. Bien évidement, ils étaient logés dans des hôtels surveillés au plein cœur des grandes villes et généralement non loin de bâtiments ou infrastructures sensibles ; le but était de dissuader tout bombardement. Si une guerre devait bien avoir lieu, et pis, une invasion du sol illiréen engagée, alors le Premier ministre aurait d'autres projets pour ses otages officieux.

Note HRP a écrit : On peut considérer qu'environ 5% des nationaux onédiens ou kresetchniens tentant de quitter le territoire sont bloqués par un "problème administratif". A voir avec les joueurs des pays concernés pour le nombre total, l'on peut toutefois noter qu'au moins vingt-mille tanskiens étaient présents en Illirée avant le lancement de la procédure.


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Elora appliqua une dernière touche de fond de teint sur le visage du Premier ministre ; bien que celui-ci fût relativement jeune, un peu de maquillage n'était jamais de trop avant une allocution télévisée. C'était bien sa chance que la Loduarie s'effondrât, et toute la stabilité eurysienne avec, à peine quelques jours après qu'il eut pris la gouvernance de cette petite nation qu'était l'Illirée. Si seulement Lyonnars avait tenu face à la traîtrise, si seulement le Secrétaire Général avait survécu pour garder les rênes de la puissance eurycommuniste dans sa poigne de fer ; alors les choses eurent été différentes, alors peut-être que Carnavale eut gardé ses missiles dans l'enfer de ses souterrains, que l'Hotsaline eut hésité avant d'anéantir le semblant de forces aériennes en la possession de l'Altrecht. Une si grande balance à l'équilibrage faussée par la mort d'un homme, par une unique balle sortie d'un fusil. Sans elle, tout eut été différent. Il fit un geste de la main ; sans désinvolture particulière, il cultivait l'image d'un homme humble, pas d'un patron. "Merci, Elora, c'est parfait."

La maquilleuse lui sourit tandis qu'elle commençait de remballer les maigres effets de sa trousse, elle était bientôt partie — laissant Veychter seul dans son bureau. Il resta quelques instants à songer à ce qu'il allait dire, compulsant ses notes posées à plat sous ses yeux. Cela fait, il appela doucement avant qu'une petite équipe de télévision entrât depuis l'antichambre, attendant là tantôt le signal du chef d'Etat. Ils entrèrent vitement, déployant quelques caméras dans l'espace relativement large de la pièce. Un homme d'une trentaine d'années, les cheveux châtains plaqués en longues mèches tout autour de ses oreilles et sur le haut de son front — formant comme une petite huppe, apporta un ensemble de micros à pas pressés vers le meuble même du bureau ministériel. Il eut tôt fait de les disposer sur la surface de bois plein, tous orientés pour capter la parole du Premier ministre. Cependant que Veychter se préparait à prendre la parole, quelques techniciens et vidéastes s'échinaient à parachever les réglages des caméras ; tout devait être parfait pour la télévision nationale. Sur le mur dans le dos du chef d'Etat demeuraient ostensiblement deux épées, croisées et nettes de nettoyage ; elles étaient là en vérité bien avant que Veychter ne prît gîte en ce bureau, Valandil les y avait placé en son temps. L'une était du style sombre propre aux lames que les empereurs valinoréens portaient traditionnellement au côté, mais la seconde était plus droite et plus massive —, son pommeau arborant un écusson loduarien. Les techniciens reculèrent, tout était en place pour permettre au chef d'Etat de donner son discours. Il inspira une longue goulée d'air, puis il était en direct.

"Illiréennes et Illiréens, camarades,

Avant hier la nation fasciste d'Hotsaline bombardait sans vergognes l'Altrecht si peu de temps après que cette dernière s'est libérée du joug d'un régime corrompu et illégitime qui exploitait le peuple aux profits de quelques élites religieuses aussi fourbes qu'elles étaient menteuses. De cette ingérence grave, et irresponsable, contre la sûreté du peuple altrechtois, mais aussi contre la stabilité de l'Eurysie Centrale toute entière ; des nations amies des travailleurs ont su apporter une réponse satisfaisante, avec la verve connue aux défenseurs du peuple. Le régime nationaliste de Troytsiv pensait mettre hors d'état de nuire le pays d'Altrecht, qui n'avait pourtant aucune velléité belliqueuse ; mais c'est son sépulcre que l'Hotsaline demande à sceller sur elle. Voyez comme elle en a enfoncé le premier clou sur son cercueil, par quelques missiles contre une nation neutre. Depuis trop longtemps l'Hotsaline est un vecteur déstabilisateur de sa région, n'hésitant jamais à menacer et à agir contre ses voisins plus faibles. On voyait au Gradenbourg comment ses services extérieurs ont retourné l'opinion publique et contraint sa classe politique à une fusion dans laquelle le peuple gardenbourgeois n'avait aucun intérêt, pas plus que les minorités de l'Autorité Provisoire qui doivent maintenant craindre l'épuration ethnique."


Le Premier ministre marqua une courte pause, les yeux rivés sur la caméra centrale. Il ménageait tant son effet que son souffle, au commencement d'un discours qui ne devait pas s'arrêter dans les minutes qui suivaient.

"Quand les missiles se mettent à tomber sur un peuple pacifique et libre, alors il est du devoir de toute nation amie des travailleurs de prendre sa défense. Il y a quelques bourgeois pour argüer qu'une nation ne devrait pas intervenir sans pacte de défense avec la nation agressée ; mais je dois dire que c'est bien dans leurs intérêts de demander aux travailleurs de baisser la tête face à l'injuste sinistre de ses camarades. Mais l'Illirée ne baisse pas la tête face à la mort d'innocents, et elle a su trouvé sur cette Terre quelques nations avec le même courage pour permettre la vie des innocents.

C'est pourquoi hier au soir l'État-major de l'Armée Illiréenne lançait, avec le plein soutien de mon gouvernement, une opération militaire spéciale dans le ciel hotsalien ; avec le soutien des forces armées du Grand Kah et de l'Estalie. Les fascistes pouvaient alors tirer dans la foule puis renter chez eux, à l'abri des connivences impérialistes et bourgeoises. Mais c'est aujourd'hui l'époque où cela cesse, les Armées Rouges Coalisées ne s'arrêteront pas jusqu'à ce que l'Hotsaline soit désarmée et renvoyée au banc des nations. Mais l'Illirée n'est pas belliqueuse, elle est prête pour toute médiation ou négociations qui sauraient mettre un terme à la boucherie d'Eurysie Centrale durablement. Il est triste de constater que tout le monde n'est pas de cet avis, allant jusqu'à dynamiter toute tentative de négociations. Camarades, je vous en prie, applaudissez la valeureuse nation teylaise prête à mettre en danger son confort bourgeois pour la protection de quelques fascistes de l'autre côté du continent. Bien que l'Hotsaline soit l'agresseur clairement identifié, Teyla a décider d'activer son accord de défense avec cette dernière ; agissant ainsi hors de leur cadre sacré de traités. Il n'y a rien qui justifie l'intervention de Manticore dans le conflit, aucun civil hotsalien n'ayant été pris pour cible et toute les précautions ayant été prises pour garantir la sûreté du personnel militaire teylais en Hotsaline. Cette action irresponsable ajoute de l'huile sur un brasier déjà brûlant, au point que la diplomatie de l'OND elle-même s'en désolidarise et la condamne même."


Veychter bu quelques gorgées de son verre d'eau ; la gorge revitalisée, il reprit.

"L'Illirée sera toujours du côté de ceux qui souffrent le joug cruel de leurs oppresseurs. Nous n'aurons de cesse que d'apporter notre contribution à la libération des peuples du monde tant qu'il y aura un tyran pour éveiller notre courroux, un bourgeois pour soumettre ses semblables. Parce que l'avenir, camarades, c'est le socialisme mondial ou la mort des travailleurs. Nous avons choisi notre camp, et nous espérons que tout un chacun choisira le bon. Il y aura, un jour, un seul drapeau pour flotter sur Tirgon, Manticore, Lyonnars, Axis Mundi, ou Agartha : le drapeau rouge des travailleurs unis et libérés."

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Carte d'Illirée figurant les villes dotées d'aéroports

Les villes marquées en rouge disposent d'un aéroport civil ainsi que d'un aéroport militaire. Celle marquées en bleu ne disposent que d'un aéroport militaire. Les aéroports, civils comme militaires, de Tirgon et Pregor sont de loin les plus importants.
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