Quartier des ambassades
août 2017
L’étranger, s’il y a bien une chose dont les Sarranides se méfient, c’est de l’autre venu de loin. S’il a parcouru tout ce chemin, ce n’est sans doute pas sans arrière-pensée. Les Sarranides se sont longtemps considérés comme supérieurs, forts de leur histoire glorieuse. Leur rapport à l’autre n’était qu’un rapport de domination. Mais pendant bien trop longtemps, les califes se sont avachis sur leur divan. Ce qui n’était alors qu’essentiellement des relations diplomatiques ou militaires s’est transformé en dépendance économique, sans même qu’ils ne s’en aperçoivent. Ainsi, si les Sarranides restèrent convaincus de leur position dominante dans leur vision du monde, la réalité les rendait de plus en plus dépendants, pour ne pas dire soumis.
Dans un sursaut, l’empire entreprit de s’isoler. Une décision sans doute guidée par l’arrogance de croire qu’il pouvait exister en dehors du monde et fonder le sien, indépendamment. La politique dite de l’ermite n’a fait qu’accroître le retard économique de l’empire. Il s’est obstiné à suivre un traitement aux effets iatrogènes, s’enfonçant un peu plus dans les siècles malades. Des siècles à partir desquels l’empire, en déclin, a navigué de crise en crise sans jamais sombrer, maintenu à flot par des forces inexplicables qui auraient rendu fou Archimède.
Pendant des siècles, les seuls rapports avec l’extérieur furent ceux des marchands commerçant avec l’État ou des créanciers, qui forgèrent une chaîne pour l’empire : la dette. C’est ainsi que la graine de la méfiance a germé. Depuis, les Sarranides se méfient des autres, inquiets qu’ils ne cherchent à piller les ressources de l’empire, ou pire, à le démanteler.
Mais avec la prise de pouvoir des pachas, l’empire a peut-être enfin trouvé le remède. Conscients que la politique de l’ermite a enseveli l’empire sous la poussière, les pachas savent qu’il ne peut exister indépendamment du reste du monde. Pour survivre, il doit jouer un rôle sur la scène géopolitique. Ainsi, les pachas acceptent d’ouvrir progressivement les portes du pays aux étrangers. Mais pas trop, de peur que la porte ne claque et n’emporte l’empire avec elle.
Pour l’instant, les étrangers ne sont acceptés que dans la ville côtière d’Al-Mina et dans le quartier des ambassades à Hassanopolis.
Politique extérieure - nous, lui et eux
