
Angel Rojas pour le Royaume de Teyla - Viktor Bodnar pour la Confédération de Kresetchnie
Si Angel Rojas avait eu le choix quant à l'intervention de l'Armée teylaise, sans que cela remette son poste de Premier ministre en question, lui qui n'aimait pas être contraint à démissionner par une motion de censure, de défiance venant de ses propres rangs, il ne savait pas quel choix il aurait fait. La situation était vraiment inquiétante en Eurysie centrale et de voir une nation combattre les communistes, avec qui les relations devenaient de plus en plus tendues depuis l'intervention kah-tanaise en Principauté de Carnavale. Toutefois, il était dorénavant devant le fait accompli.
Installé dans le fauteuil de cuir de son bureau de la Résidence Faure, le Premier ministre laissa son regard errer sur le téléphone posé sur son bureau. Le bruit d'un appel en attente d'une réponse, une sonnerie étouffée, lointaine, mais proche à la fois et continue, résonnait dans la pièce à travers le combiné du téléphone noir. Un son familier pour tout homme, mais cette familiarité dans ce contexte semblait lourde, peut-être trop lourde par moments. Il fit craquer le cuir de son fauteuil, en serrant ses doigts sur les accoudoirs de la même matière face à l'attente d'une réponse de la présidence de la Confédération.
La situation diplomatique était des plus tendues, mais c'était là quelque chose d'habituel dans une situation pareille. Non, ce qui était différent, c'était l'attitude des Velsniens dont Angel Rojas et son gouvernement ne comprenaient pas l'attitude de cette nation sur ce dossier. S'il était Velsnien, Rojas aurait utilisé ce dossier afin d'exercer une pression sur les kah-tanais concernant la présence diplomatique de plus en plus forte de ces derniers à Achos, l'ennemi juré de la Grande République. Il était évident que la Grande République de Velsna n'allait pas faire cela, Angel Rojas a toujours perçu un biais étrange dans les élites politiques et économiques de la Grande République de Velsna.
Ce biais avait conduit la diplomatie velsnienne à "menacer" l'entièreté de l'Organisation des Nations Démocratiques, ce qui, du point de vue de Rojas et du Gouvernement de Sa Majesté, était un mauvais calcul pour la diplomatie velsnienne. La nouvelle pratique, plus gênante et intrigante, était la fuite de l'existence d'une missive diplomatique envers le Royaume de Teyla. Les Velsniens étaient des diplomates habiles, le Gouvernement de Sa Majesté en était persuadé. Par conséquent, ils estimèrent tous que les Velsniens étaient au courant de la politique teylaise concernant la fuite des missives diplomatiques. Bien entendu, Angel Rojas n'était pas né de la dernière pluie et il savait que les Velsniens souhaitaient jouer avec le fait qu'ici ce n'était pas le contenu qui avait fuité, mais bien l'existence d'une missive diplomatique. Jouer avec ce flou était habile, devait reconnaître Rojas mais il n'aimait clairement pas la pratique. C'était une forme de pression déplaisante, une manière de placer Teyla sous les projecteurs sans avoir à en assumer la pleine responsabilité. En révélant l'existence de la missive, Velsna ne se contentait pas de signaler que Teyla était sollicitée, elle mettait le Royaume et ses dirigeants sous le fait accompli de l'acceptation de la médiation par l'ensemble des acteurs et forçait la main du Royaume de Teyla.
La sonnerie du téléphone s'interrompit brusquement et la voix du Président de la Confédération retentit à travers le combiné du téléphone. C'était l'heure de converser de la situation actuelle en Eurysie.
- Excellence, dit brièvement Angel Rojas. Il continue sur un ton plus cordial. Je suis ravi de pouvoir vous parler alors que les pays régionaux étant sous la bannière rouge ont fait le choix de la guerre pour le moment. Nous déplorons une telle situation et le Royaume de Teyla vous assure tout son soutien dans ce conflit militaire. Les traités que nous signons avec nos partenaires sont respectés par le Royaume de Teyla en toute circonstance. La réponse de l'Estalie et des Communes Unies n'étant pas proportionnelle, comme les militaires estaliens l'ont dit dans une communication publique, nous avons eu toute la latitude pour intervenir et continuer à intervenir tout le temps nécessaire, Monsieur le Président.
La Confédération est un élément central de la défense de l'Eurysie centrale afin d'éviter que la région ne tombe entièrement aux mains de pays communistes et que la pression ne s'exerce de plus en plus à l'Ouest. Outre cela, nous avons reçu une convocation de l'Internationale Libertaire et non d'un des États membres. C'est un acte diplomatique important qui est réalisé afin d'exercer une pression sur le Royaume de Teyla afin que nous arrêtions les opérations dans les plus brefs délais. L'un des problèmes de la convocation que nous avons reçue c'est qu'une organisation internationale convoque des ambassadeurs qui répondent uniquement à des États-nations ou souverains. Ce qui est un véritable problème concernant le protocole. Nous avons donc refusé la convocation, mais nous avons proposé une solution intermédiaire et qui permettrait d'envoyer un message de "volonté" de dialogue pour toutes les parties. La réponse que nous donneront les États membres sera primordiale pour juger des intentions à moyen et long terme de l'Internationale Libertaire.
Cependant, Votre Excellence, dans l'éventualité où notre contre-proposition qui respecte les protocoles diplomatiques ne braque pas l'Internationale, il convient pour le Royaume de Teyla que la voix que nous comptons porter sera autant celle du Royaume de Teyla que celle de la Confédération. Le Royaume de Teyla estime qu'il est nécessaire de présenter un front uni face à l'Internationale Libertaire, mais aussi durant la médiation de Velsna.
Angel Rojas prit quelques secondes de pause durant laquelle l'hésitation de Rojas pouvait être perçue.
À ce propos, à l'heure actuelle, la réponse du Gouvernement de Sa Majesté à la médiation proposée par la Grande République de Velsna est plutôt tournée vers la négative pour l'instant sans des garanties plus importantes de la part de la Grande République de Velsna. Tout d'abord, la Grande République de Velsna a proféré des menaces contre l'Organisation des Nations Démocratiques tout entière, ce qui est un non-sens total dans la situation actuelle, outre le fait de rajouter de l'escalade à l'escalade. Je doute que cela soit l'objectif de la Grande République, pourtant si nous devons avertir les États membres concernant les propos de la Grande République de Velsna, c'est bien ce qu'il se passera. Quelque chose de totalement nouveau avec la Grande République est la fuite, non pas sur le contenu d'une missive diplomatique, mais l'existence de la missive. C'est une première pour la diplomatie velsnienne, de mémoire d'homme. C'est un procédé qui ne plaît pas à l'Honorable ministre des Affaires Étrangères Pierre Lore.
La confiance n'étant pas établie pour le Royaume de Teyla, nous pensons refuser sauf si la Grande République nous offre des garanties de confiance. Au regard des derniers mouvements en Illirée, à savoir la prise en otage de citoyens de l'Organisation des Nations Démocratiques, nous pourrions accepter la médiation si la diplomatie velsnienne permet de rétablir les règles de sortie qui prennaient effets avant les changements récents. C'est un geste qui peut être perçu comme un acte hostile envers des civils innocents et donc envers les États membres. Nous aurions une seconde condition : la publication d'un communiqué de la Grande République quant à l'assurance de la mise en place d'aucune sanction et aucune pression diplomatique, quel que soit le résultat de la médiation, ou alors un deuxième médiateur beaucoup moins défavorable à nos deux nations.
Votre Excellence, vous l'aurez compris, le Royaume de Teyla aimerait savoir la position de la Confédération quant à un refus du Royaume à participer actuellement à la médiation proposée. Si la Confédération consent à appuyer le refus du Royaume de Teyla, alors nous aurons toute la latitude afin de refuser la proposition outrageante velsnienne dans la forme. Outre ce sujet et comme je l'ai signifié précédemment, nous aimerions trouver des demandes communes si le Royaume de Teyla participe à la médiation et bien évidemment à la rencontre de l'Internationale Libertaire.