15/09/2017
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Démarrage de l'Acte I (Dodécapole): La plus vieille des démocraties (Apamée - Compagnie des blêmes - Armada noire - Bérêts rouges)

Démarrage de l'Acte I (Dodécapole): La plus vieille des démocraties
Les appaméens appellent à l'aide



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La colline des juges, où la rencontre a lieu en plein air et à la belle étoile



"J'ai toujours aimé les étoiles...

L'homme à la barbe, cinquantenaire mais que l'on pourrait confondre avec un vieil homme, lève les yeux au ciel. La voûte céleste est parsemée de petits points lumineux, disposés de façon anarchique, mais que les anciens ont classé et ranger conformément à leurs croyances. La pollution lumineuse est moindre ici, au surplomb de cette colline, qu'en bas, dans la ville basse d'Apamée. Cela a toujours participer à rendre cet endroit particulier. On pourrait presque penser que le temps s'arrête dans cet endroit où les hommes politiques du Forum des citoyens d'Apamée discutent des affaires graves et importantes, le plus souvent à la faveur de la nuit. La "Colline des juges" porte bien son nom, assurément. Bien qu'elle soit moins en usage qu'auparavant, elle demeure un lieu important de la vie politique de la fière ville d'Apamée. C'est ici qu'autrefois, on votait la guerre et la paix par tous les citoyens.

La modernité des "démocraties à l'eurysienne" a rattrapé depuis les appaméens, qui se sont résolus à séparer la vie civile de la vie politique par des réunions dans du bâti monumental, comme tout le monde qui entend se draper dans du prestige et une symbolique du pouvoir, qui ne sert au fond qu'à se croire inatteignable par les masses. Fabrizio Psistrati, celui que l'on a nommé Premier des citoyens, qui n'est dans les faits rien de plus qu'un modérateur de débats public, en a conscience, et il maudit les palais et hémicycles pour rejoindre, dans la fraicheur de la nuit ce lieu public: l'air y est plus pur, et la démocratie véritable, celle du discours, du dialogue, de la dispute...cette démocratie n'a point besoin de murs pour la retenir. Il n'est point utile de la cacher à tous. Les apaméens ne sont pas des adriens, qui réservent le pouvoir à l'élite intellectuelle, pas plus qu'ils ne sont velsniens, qui réservent le pouvoir à l'argent et aux vieillards, et encore moins aux volterrans, qui l'abandonnent à un seul et même homme.

C'est dans cet esprit qu'il a convié les chefs des différentes troupes armées qui ont promis, la plupart du temps contre bon salaire, à le rejoindre ce soir là, sous les étoiles. Et puisque nous sommes à Apamée, il est futile de penser que pareille réunion puisse rester secrète bien longtemps. C'est Pisistrati lui-même qui a notifié nombre de ses compatriotes de ce qui allait se jouer en cette nuit noire sur la colline des juges. Et beaucoup ont répondu à l'appel: ils sont nombreux, très nombreux à s'agglutiner autour de la modeste estrade, tous debout, peut-être des centaines. Non seulement des habitués de l'Assemblée des citoyens, mais des têtes beaucoup moins assidues. Des riches et des pauvres.

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La même mais avec des fringues modernes et des smartphones

Au centre du cercle se tenait non seulement Psisitrati, mais les chefs de guerre convoqués par les apaméens. Il y avait tout d'abord la dernière arrivante en date, Tanya von Degurechaff, mais dont le groupe des bérets rouges du pays des margoulins, avaient déjà une grande réputation dans le monde fortunéen depuis la guerre civile velsnienne. A ses côtés, Khorijin Amarsanaa, meneuse d'une compagnie franche kotioite qui était relativement familière de la région, accompagnée d'un charismatique Evert De Clercq. Pour finir, leur présence a été complétée par l'arrivée tardive des sœurs Dalca, impitoyables meneuses d'un groupe de mercenaires blêmes au service de Mirinegratz. Lorsque tout ce monde eut été réuni, Patrizio Psistrati sortit des rangs de ses concitoyens pour prendre la parole:

" Mes concitoyens. Si je vous est fait venir ici, ce n'est pas pour vous causer le dérangement, mais pour vous tenir au fait de choses. De choses graves qui pourraient affecter notre cité, et contre lesquelles nous avons été insensibles jusqu'ici. Plusieurs d'entre vous m'ont rapporté vos inquiétudes. Nos voisins de Porto Rosso et de Nuevo Fortuna sont désormais en guerre, les uns contre les autres. Ces derniers, deux cités amies d'Apamée, nous avait solicité afin de départager leurs querelles frontalières, mais nous avons échoué. Nous avons échoue à leur prodiguer les conseils qu'il aurait été nécessaire de formuler cet instant. Cette guerre, si elle ne nous concerne pas directement, est d'une grande gravité pour notre ville. Non seulement parce que ce sont deux de nos alliés qui s'entretuent, mais également parce qu'ils le font à la lisière même de notre frontière.

Concitoyens, vous le savez et en avez conscience. La guerre est chose aussi terrible à faire qu'à subir, mais je pense, en vous convoquant, qu'il est nécessaire de vous rappeler que celle là en particulier est d'une gravité sans nom pour nous. Les alliances se font et se défont, et elles sont motivées par les avantages en argent ou en nature de chacun. En échouant à arbitrer ce conflit, nous avons fait perdre de sa valeur à notre parole, nous avons rendu le fait d'être un peuple ami d'Apamée moins attrayant. Et par là même, nous avons ouvert la voie à de possibles changements d'alliances qui concernent nos voisins les plus proches, ceux qui cohabitent avec nous, sur le territoire de notre péninsule. Car en voyant qu'Apamée ne prend pas partie, que pensez vous que l'une d'entre elles, de Porto Rosso ou de Nuevo Fortuna fera ? Elle cherchera un nouveau protecteur de leurs intérêts. Et qui, en Dodécapole se fera un plaisir de les aider ? Volterra, et son très fantasque chef, Salvatore Lograno, à n'en point douter.

Aussi, mes concitoyens: mes frères et mes sœurs. Je sollicite votre sagesse en présence de nos amis ici présents, ceux qui porteront nos couleurs: que devons nous faire ? Devons nous continuer d'arborer la neutralité, en tentant de tendre la main encore une fois, à l'un et à l'autre ? Ou devons nous prendre une décision, de qui mérite notre soutien entre ces deux cités ? J'écouterai les conseils de tous: du plus riche au plus pauvre, du plus vieux au plus jeune d'entre vous, car de décision, il faut dans tous les cas la prendre sans tarder, sans quoi, je puis vous prédire que ce ne seront pas une, mais deux villes alliées du tyran volterran qui seront bientôt sur notre seuil. Y-a t-il un homme ou une femme qui puisse m'aider parmi vous ?"


Les mots de Pisistrati frappèrent durement l'audience. Certains apaméens, bien évidemment, étaient encore dans le déni, et n'imaginaient pas un instant devoir s'intéresser à ce qui était de prime abord les affaires de deux cités étrangères, quand bien même elles étaient à leurs frontières. D'autres, ceux qui travaillaient et vivaient de part et d'autre de la frontière, avaient quant à eux déjà leur avis sur la question. L'une d'entre elles s'avança à son tour parmi ses pairs. Une femme du bel âge, habillée coquettement, qui donna de sa voix:

"Pisistrati. Tu as raison. Nous devons faire quelque chose. J'ai toujours réprouvé la violence, j'ai toujours enseigné les bonnes manières, que ce soit à mes enfants ou à mes collègues de travail. J'ai toujours privilégier la parole et l'échange. Mais ce que je sais, c'est que l'on ne peut pas échanger avec une homme tel que Salvatore Lograno. Depuis des mois, il nous insulte et nous nargue depuis l'autre côté de la mer. Il se prépare, fourbit ses armes et ne s'en cache même pas. Il ne daigne même plus respecter nos zones de pêche respectives, malgré les accords qui par le passé liaient nos cités. Il "tweet" encore et toujours, sur la manière dont il s'enrichit, comme un brigand ! Et il serait intolérable qu'on le laissa faire encore un instant, et qu'on le laissa s'installer à nos portes, avec de nouveaux amis. Aussi, je propose que nous accordions encore une audience à Porto Rosso et à Nuevo Fortuna. Nous devons les ramener à la raison par les mots, mais pas par les armes !"

A cette tirade succéda des paroles, beaucoup plus courtes venant de la foule, balancées en l'air, mais dont le poids fut indéniable:
"Ces deux villes se haissent ! Il est trop tard pour cela: nous devons mobiliser l'armée et l'envoyer sur place. Imposer la paix par la force si nécessaire ! Lograno ne négocie pas, avec qui que ce soit: il viendra et il nous tuera tous si nous ne faisons rien !"

A partir de là, une cacophonie envahit l'assemblée. De ci et de là, on entendit de plus en plus de pets de l'esprit, et de moins en moins de propos construits:
" En quoi ce sont nos problèmes ? Que Porto Rosso et Nuevo Fortuna se fassent la guerre, ce ne sont pas nos affaires !"

" Nous pourrions acheter l'un et l'autre avec des pots de vins...Les velsniens le font et ça marche après tout..."

"Envoyez leur les margoulins pour écraser les deux villes !"



Psisitrati, qui s'était appuyé sur un rocher, leva les mains pour faire calmer la foule.
" Mes concitoyens. Moins de mots et davantage de reflexion, voulez vous...Voyons ce que nos partenaires ont à dire. Excellences..."

Il se tourna vers les mercenaires, en l'attente de conseils avisés (c'est vous mdr).

Retour au charbon

[img=]Colonel Tanya von Degurechaff[/img]
PostImg est HS, je vois demain pour mettre l'image

Cela faisait maintenant presque 4 ans que Tanya, maintenant colonel des Bérets Rouges, avait quitté Velsna et pourtant elle avait l’impression d’y retourner sans pour autant y être réellement. Velsna, la Dodécapole, même racine, même culture, langage similaire et architecture semblable : tout lui rappelait le pays velsnien, mais il n’en était rien, et elle le savait. Cela faisait quelque temps que la Dodécapole était devenue une poudrière, n’attendant qu’une étincelle pour s’embraser ; cela ressemblait à une guerre civile en devenir, quoi de plus banal. En effet, quoi de plus banal pour l’Eurysie, mais la Dodécapole était un cas à part, car ce n’était pas un seul bloc comme les autres pays, mais une multitude de cités-États disposant chacune de leur libre arbitre et potentiellement de leur force militaire. C’est dans cette poudrière que les Bérets Rouges étaient à nouveau engagés ; elles ne savaient pas quel genre de contrat avait été passé, mais au fond elles s’en fichaient, leurs ordres étaient simples : défendre la cité-état d’Apamée, et elles comptaient bien s’y tenir. Ce n’est pas pour autant qu’elles ne réfléchissaient pas à la situation. Et cette situation, la colonel Tanya von Degurechaff en avait des migraines à force d’essayer de la comprendre ; la situation qu’elle avait connue à Velsna était déjà très complexe à bien des égards, mais ce n’était en rien comparable à la Dodécapole. Fatiguée par toutes ces réflexions, elle sortit du bâtiment dans lequel le QG provisoire des Bérets Rouges avait été installé pour prendre l’air et en profiter pour s’allumer une cigarette.

Tanya von Degurechaff – Quelle situation de merde, pourquoi je me fais du mal comme ça à essayer de comprendre, moi ?

XXXX – Quelque chose vous tracasse, colonel von Degurechaff ?

Tanya von Degurechaff – Ah c’est toi, Saxer. Tu n’es pas... je te croyais en patrouille. Ce n’est pas que ça me tracasse, c’est juste que j’essaye de comprendre cette putain de Dodécapole ; déjà qu’à Velsna c’était compliqué, là je pige que dalle.

Andre Saxer – Je vous comprends.

Tanya von Degurechaff – Et toi, tu en penses quoi ?

Andre Saxer – Vous savez qu’on n’est pas là pour réfléchir au pourquoi du comment du conflit.

Tanya von Degurechaff – Bien, je vais reformuler, lieutenant-colonel Andre Saxer : moi, votre supérieure, le colonel Tanya von Degurechaff, vous demande d’expliquer votre point de vue sur la Dodécapole.

Andre Saxer – Soupir... je ne sais pas si je suis plus avancé que vous. La Dodécapole est pour le moins unique du point de vue politique : c’est comme si, à Rasken, on ne gardait que les quatre ou cinq plus grandes villes et que tout le reste disparaissait, mais qu’en plus chaque ville prenait plus ou moins son indépendance. Vue de l’extérieur, Rasken existerait, mais de l’intérieur, beaucoup moins ; chaque ville ferait ce qu’elle veut et serait libre d’avoir un dictateur comme Lograno, par exemple. Non vraiment, c’est un bordel sans nom et je suis même certain qu’une partie des dodécaliotes ne savent eux-mêmes pas comment ça fonctionne.

Tanya von Degurechaff – Ouais, tu n’es pas plus avancé que moi à ce que je vois.

Andre Saxer – Je vous l’ai dit, c’est un coup à se flinguer les neurones, ce déploiement. D’habitude j’aime bien comprendre les enjeux, mais là, ça fait un moment que j’ai déclaré forfait.

Tanya von Degurechaff – J’aimerais faire de même, mais malheureusement je ne peux pas : je suis la commandante en chef de ce déploiement et je dois comprendre la situation si je veux mener à bien ma mission.

Andre Saxer – Je vous souhaite bonne chance, dans ce cas. Moi je retourne en patrouille ; n’oubliez pas que ce soir vous avez rendez-vous à la Colline des Juges.

Tanya von Degurechaff – T’inquiète, j’ai pas oublié.

Le lieutenant-colonel Saxer venait de repartir, laissant le colonel von Degurechaff seule dans ses pensées. La journée se déroula sans problème ; même si la guerre n’allait pas tarder à toquer à leur porte, elle n’était pas encore là pour autant. À la nuit tombée, celle-ci se dirigea vers la Colline des Juges où Pisistrati les avait convoqués, elle et ses nouveaux camarades mercenaires, mais également une grande partie du monde politique d’Apamée. Le débat commença calmement, Pisistrati expliquant la situation avec la plus grande clarté, mais une fois qu’il eut fini, cela se transforma rapidement en un brouhaha incompréhensible. Imposant le silence et reprenant le contrôle de la discussion, Pisistrati demanda alors l’avis des mercenaires qui allaient combattre pour la cité ; de tous ces mercenaires, ce fut le colonel von Degurechaff qui prit la parole en première.

Tanya von Degurechaff – Ma réponse dépendra fortement de si vous posez la question au colonel des Bérets Rouges que je suis ou à la personne qu’il y a derrière, excellence Psisitrati. Si c’est au colonel que vous vous adressez, ma réponse est la suivante : nous sommes des mercenaires, des Bérets Rouges ; notre rôle n’est pas de nous immiscer dans la politique interne de la Dodécapole, notre rôle, c’est d’être vos soldats. Donnez-nous les ordres et si ceux-ci ne vont pas à l’encontre de notre code d’honneur, nous nous exécuterons, c’est aussi simple que cela.

En revanche, si vous vous adressez à la personne derrière le grade de colonel, alors ma réponse sera plus nuancée. Je n’ai aucune prétention à dire que je comprends parfaitement le fonctionnement interne de la Dodécapole, mais de ce que je comprends, la situation est la suivante : deux cités précédemment alliées à celle d’Apamée se livrent la guerre suite à des désaccords et à l’échec de médiations. À partir de là, plusieurs scénarios s’offrent à nous ; j’ai entendu quelqu’un proposer de nous envoyer imposer la paix par la force — c’est une solution — cependant, suite à cela, nous pouvons dire adieu à toute alliance avec l’une ou l’autre, voire, dans le pire des cas, les deux demanderont assistance à Lograno. Dans le cas où l’on arrive à stopper le conflit par la force, nous ne pourrions pas simplement partir : il faudrait maintenir une garnison sur place, garnison qui ne sera pas disponible pour défendre Apamée.

Une autre possibilité serait de ne rien faire, mais si nous faisons cela, quel que soit le gagnant, la cité victorieuse nous tiendra assurément pour fautifs de ne pas avoir agi en sa faveur et la cité perdante nous tiendra pour responsables de sa défaite. Dans ce scénario, nous nous retrouvons également sans allié frontalier et possiblement avec des alliés de Lograno à nos frontières.

À l’opposé, nous pouvons essayer d’intervenir en tant que médiateur dans ce conflit : dans le meilleur des cas nous réussissons et nous gagnons alors deux alliés. Dans le cas où nous échouons, les deux cités ne nous considéreront plus comme alliés, mais je ne pense pas qu’elles nous considéreront comme des ennemies, car même si nous avons échoué, elles ne pourront pas dire que nous n’avons rien fait pour tenter d’arrêter ce conflit.

Enfin, le choix le plus pragmatique à mon sens, en mettant de côté toute considération pour les alliances passées, serait de définir, parmi les deux cités, celle qui nous sera la plus bénéfique par la suite et de nous engager à ses côtés dans ce conflit. Cela reviendrait à attaquer un ancien allié, mais cela nous garantirait également que l’une des deux cités reste notre alliée.

Je ne dis pas qu’il faut choisir une solution ou une autre, je me contente ici de présenter les options que j’entrevois pour le futur. Comme je vous l’ai dit précédemment, je suis une mercenaire : mon rôle, c’est d’exécuter les ordres, pas de faire pencher la balance (politiquement parlant) d’un côté ou de l’autre.
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