Posté le : 01 déc. 2025 à 19:38:18
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« — Pourquoi c'est à moi d'y aller et pas à toi ? Tu peux me rappeler qui est le Secrétaire-Général du Parti déjà ?
L'homme était assit à cheval sur une simple chaise en bois peinte en blanc les bras croisés posés sur le dossier, faisant face à son interlocutrice assise à son bureau meublé d'un ordinateur portable, une tasse noire remplie de stylos divers et un tas de feuilles vierges et des documents officiels ou non éparpillés ci et là dans un bazar organisé : une simple table en bois peinte en blanc elle aussi comme les trois chaises qui l'entouraient, lisant, lunettes sur le nez, divers rapports des commissions sénatoriales et travaillant ses discours pour les prochaines séances du Sénat.
— Je suis Sénatrice. J'ai été élu Sénatrice. Je ne peux, par conséquent, pas me permettre de rater ne serait-ce qu'une séance au Sénat.
— Parce que tu crois que je me tourne les pouces ? Alors oui je ne suis pas Sénateur mais j'ai un boulot pour payer les factures à la fin du mois et les séances du Comité du Parti à Maritina à préparer et présider que je ne peux pas rater non plus.
— Tu as un second il me semble.
— Toi aussi.
— Sans lever les yeux de ses rapports. Un second Secrétaire-Général qui est le Premier-Secrétaire du Comité d'Udimo en effet. Mais c'est mon second au sein du Parti. Il ne s'est pas présenté aux législatives et nos candidats élus, dont moi, nous sommes promis d'être présent à toutes les séances. À un moment, Bonacorso avait attrapé une sévère grippe qui l'avait cloué au lit. Le pauvre, sa gorge le brulait à cause des quintes de toux à répétition et il parlait du nez ; niveau rhétorique et charisme on a vu mieux. Pourtant, contre l'avis de son médecin et le notre, il est quand même venu au Sénat.
— Un héros. Bon et sinon, je serais seul ?
— Non. Le Politburo demande un rapport écrit des discussions pour les archives. Tu choisiras quelqu'un comme greffier. Sinon, si Notre candidature est validée, il Nous faudra un représentant permanent sur place. Le Politburo a proposé le poste à l'une de nos militantes : Ortensia Cordelia Eleonora BORGESE. Elle vient tout juste de finir un Master en sciences et technologies, mention aéronautique et espace. En bref une tête. Aussi, et ça devrait te plaire, elle est passée par la case garde-à-vue chez les Carabinieri pour avoir participé à une rixe contre des intégristes Catholans qui s'en prenaient aux usagers entrants et sortants d'une boîte de nuit Queer. Deux points de suture pour elle et une sacrée raclée pour ses adversaires. On lui a proposé ce poste pour la canaliser un peu au contact de militants étrangers et plus expérimentés.
— AH ! Quelqu'un de bien.
Elle relève la tête retirant ses lunettes, lève les yeux au ciel, un fin sourire aux lèvres.
— Bon. J'imagine que je n'ai pas le choix, de toute façon. Arrivederci!
— Arrivederci. »
⁂
Silvio avait encore la tête ailleurs, repensant à sa dernière conversation avec sa sœur avant de rejoindre l'aéroport international d'Udimo pour prendre le vol à destination d'Utvir en compagnie de ses deux camarades de voyage quand la porte de l'ascenseur s'ouvrit laissant apparaître un couloir aux murs fraîchement repeints d'un blanc étincelant. On se croirait dans un labo’ de la Thylacine Corp. ou bien de Grand-Hôpital pensa-t-il alors qu'Ortensia : la jeune militante qui l'accompagnait afin de faire ses classes auprès de camarades du monde entier le sortait de ses pensées en lui remuant doucement l'épaule droite de sa main gauche. Il sortit de l'ascenseur, Konrad : un camarade de Maritina à qui il a demandé d'être son greffier pour l'entrevue et Ortensia sur les talons. Ils suivirent quelques panonceaux et demandèrent leur chemin à quelques Velsniens du P.E.V. qui passaient par là avant de se planter devant la porte. Silvio souffla un coup, affaissant ses épaules, puis les releva, le dos droit, posa sa main droite sur la poignée, la baissa, ouvrit la porte et entra ; ses deux camarades encore sur ses talons :
« — Ciao, compagn! Notre voyage s'est très bien déroulé, merci de demander ! Et vous. J'espère que l'attente n'a pas été trop longue ? Nous nous sommes quelque peu perdus dans les couloirs, ah ah ! Mais trêve de bavardage. Je suis Silvio Avguštin Dario KRAJNIK, Premier-Secrétaire du Comité du Parti à Maritina ; Notre Secrétaire-Général étant aussi Sénatrice, Elle n'a pas pu faire le déplacement et par conséquent c'est moi qui la remplace. Je suis accompagné par mes camarades ici présents savoir Konrad Stefan Alexander MORATH : un très bon ami d'usine et camarade de lutte en qui j'ai toute confiance et qui servira de greffier pour cette entrevue de notre côté ; demande du Politburo dit-Il en levant les bras.
L'intéressé hoche la tête en s'installant, allumant son ordinateur portable sur ses genoux.
— Se tient aussi à mes côtés la jeune Ortensia Cordelia Eleonora BORGESE : une de nos militantes les plus prometteuses et qui ne tient pas sa langue dans sa poche. Elle sera notre représentante à l'Union dans le cas où Notre candidature serait acceptée.
— Sup!
— Prenant place, ses camarades à sa suite, à l'endroit que le Camarade Illiréen lui indique : Notre Comité Central du Parti Communiste Visonzan a en effet pleinement pris connaissance, avec la plus grande des rigueurs, du traité de fondation de l'Union Internationale du Communisme et du Socialisme et c'est notamment l'Organe dédié à la Coopération et au Développement de l'Union : surtout son bureau à l'éducation, qui a décidé le Comité Central de candidater à la Grande Union.
À la seconde question de son interlocuteur, Silvio se met légèrement en retrait, réfléchissant à ladite question laissant Konrad prendre en note le déroulé de l'entrevue : Si Notre Parti est, historiquement, depuis sa fondation, révolutionnaire, il a fini, durant la mi-IIème siècle — 1931 pour être exacte — par entrer dans le jeu parlementaire étant donné qu'près cinq ans d'un conflit meurtrier contre le Royaume-Uni d'Ynys Dyffryn et du Kentware, la République Fédérale de Tanska et feu la Fédération de Zélandia, aux côtés de la République de Brod Flor(actuel Rasken et du Duché de Sylva, nos compatriotes de l'époque avaient bien d'autres choses à penser, comme survivre, que de faire la Révolution. Aussi, et cela date de notre fondation, Le Parti recherche un équilibre dans sa composition entre être un parti de masse et un parti d'avant-garde par le biais, et c'est bien là Notre spécificité, de ce que nous appelons l'hégémonie Culturelle. Nous croyons aussi sincèrement que que si les Prolétaires ne se révoltent pas spontanément, ce n'est pas forcément parce qu'ils sont contraint à l'inaction par la violence de la dictature bourgeoise mais parce que cette dernière leur fait croire que leur travail, leur sacrifice inégal sont naturels. Et pour cela, Notre ligne est que seules la Culture et l'Éducation peuvent amener la Révolution et non les armes. Après tout, la République Socialiste du Prodnov s'est effondrée tout comme la République des Comités de Communaterra ou encore la Démocratie Communiste de Loduarie qui a dû faire face à un putsch fasciste suivi d'un effondrement brutal et qui ne fait que de se relever péniblement de ses récents bouleversements. D'autres cas peuvent appuyer nos dires comme quoi les révolutions armées et violentes sont condamnées à toujours finir mal au contraire des régimes socialistes qui se basent sur l'éducation des masses comme l'Union des Communes, Républiques et Syndicats du Grand-Kah et je les partagerais bien dans un débat avec vous mais j'imagien que cela n'est point le but de cette entrevue ; le choix est vôte, Camarade.
Enfin, afin de répondre à votre dernière, peut-être, interrogation, le Comité Central pense que la Grande Union de Tous les Travailleurs peut apporter beaucoup à Notre Parti ; notamment dans les domaines des idées et de la Philosophie politique dans le but de discuter de nos points de vue respectif du Socialisme et de la Société Socialiste : Notre dénominateur commun, celle que nous voulons tous bâtir. Échanger. Tel est notre maître-mot. Apprendre de Nos Camarades pour enrichir Notre pensée dans l'objectif d'apporter au mieux la Société Socialiste dans Nos Vallées et les vallées voisines. »