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La pause déjeuner approche à grand pas sur le chantier naval de Stuïk sur l'île de Vastoria dans le Tarkisis. Les ouvriers l'attendaient avec impatience puisque la fatigue les gagnait. Car depuis quelques jours ils travaillaient sans relâche, faisant les dernières vérifications. Il fallait que ce bateau soit vérifié le plus vite possible pour qu'ils puissent rentrer chez eux. Et dans deux semaines, si tout se passait bien, ils pourraient revoir leur famille.
Parce qu'en effet, l'île de Vastoria est totalement militarisée. C'est le cœur de la marine, son poumon mais aussi ses yeux, son cerveau… Cette île fait corps avec le domaine maritime, alors elle est surprotégée. Les techniciens et les ouvriers qui y travaillent sont très bien payés et traités, mais ils ne peuvent pas rentrer chez eux tant que leur œuvre n'est pas terminée et doivent donc loger sur l'île. Le gouvernement craint que le retour prématuré sur le continent délie leur langue.
Sur le continent, cela est resté secret. Que peut-il bien se passer sur cette île ? Les rumeurs les plus folles circulent : réparation de soucoupe volante, création d'un portail interdimensionnel… En fait, ce qui s'y cache est assez banal finalement, même si cela est impressionnant pour une nation telle que le Namarov.
Ce pays a toujours été à la pointe des technologies maritimes. Un véritable champion dans ce domaine. On raconte que ce sont les pêcheurs nomades, les premiers namaroviens qui, il y a plus 2200 ans, auraient transmis ce goût pour la mer. Au fil des siècles, les technologies maritimes auraient évolué pour arriver à un point culminant dans les années 2000.
En 2006, le Premier Prolétaire en place, Vasili Apolev, se lança un pari fou, insensé et presque irréalisable.
Mais bon, c'est la tradition de chaque Premier Prolétaire à sa nomination :
-Tchoukov Polatsi voulait faire de chaque citoyen un millionnaire. (Il a échoué)
-Vasili Apolev voulait créer quelque chose de grand. (Il va peut-être réussir malgré sa mort)
-Dovli Poukov veut débarrasser le Nazum du Nord des fascistes. (Ça va être compliqué)
En mars 2008, il fit la première étape de son plan : construire l'entièreté de l'île de Vastoria. Il transforma donc l'île en y établissant un immense chantier naval, le commandement de la marine et les logements pour les futurs ouvriers et militaires...
Tout cela dans le plus grand secret.
Dès septembre 2009, quand la première étape fut finie, il commença immédiatement la seconde : l'ébauchage de plans. Les meilleurs ingénieurs et dessinateurs du pays furent convoqués à son palais, à Pravlia.
Leur but ? Fabriquer un porte-avions. On peut imaginer la stupeur de ceux qu'il avait convoqués à la vue du fameux "The Namarov Project". Ces plans furent finis en 2010.
La construction et la dernière étape commencèrent en 2011, le temps de réunir les matériaux ainsi que le personnel. Pendant plus de six ans, ces ouvriers travaillaient sans relâche, les groupes se relayant. Cette monotonie leur minait le moral, mais leur paye assurait une belle fin de vie. Lorsque, en 2017, le Premier Prolétaire à l'origine du projet, Vasili Apolev, mourut, on continua les travaux et on décida de donner son nom au futur porte-avions qui s'appellerait désormais Le Apolev.
Le nouveau Premier Prolétaire, Dovli Poukov, qui n'avait absolument pas connaissance du projet, fut surpris après qu'on lui eut annoncé l'existence de ce dernier. Mais il fut heureux d'apprendre que la fin de sa construction et donc l'inauguration du bâtiment étaient très proches. Puisqu'en effet, l'inauguration aura lieu dans deux semaines. Le temps que les dernières vérifications soient effectuées.
