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Histoire de Carnavale

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Histoire de Carnavale


INTRODUCTION GÉNÉRALE

Carnavale n'est pas née d'hier, loin de là. Vestige d'une époque révolue, la région était autrefois connue sous le nom de Principauté de Vale, un petit territoire côtier, vivant du commerce maritime, de la culture des huitres perlières et de ses manufactures de textiles. Relativement isolée en raison de la position péninsulaire de son territoire et de la Clovanie voisine qui interdisait le passage des armées ennemies, les princes de Vale prospérèrent discrètement tout au long du Moyen-Âge. La Renaissance eurysienne fut un tournant et une période glorieuse pour la Principauté qui se distingua des autres nations par une politique avant-gardiste en matière d'architecture, de soutien aux arts, aux lettres et aux sciences. Par le mécénat, les princes de Vale attirèrent à Carnavale certains des plus grands esprits de leurs époques et la capitale devint au fil des siècles un havre d'inventeurs et de visionnaires qui contribuèrent au progrès culturel et scientifique de l'Eurysie occidental.

Relativement préservée des menaces extérieures, la Principauté de Vale pouvait se consacrer entièrement à ses querelles internes et la concurrence des nobles entre eux prit autant la forme de sanglants conflits armés que d'une course au patronage des personnalités en vue de chaque génération. Cette culture permit un enrichissement toujours plus rapide de la Principauté au cours des siècles, chaque maison redoublant d'ingéniosité pour se distinguer de ses adversaires et gagner les faveurs des princes.

Elle trouva néanmoins ses limites à l'aube du XXème siècle. L'adoption de la révolution industrielle par la Principauté de Carnavale avait considérablement enrichi marchands, bourgeois et grandes familles nobles qui rivalisaient désormais en puissance avec la couronne de Vale. L’État central, affaibli par les pressions d'une puissante noblesse aux dents longues, perdit peu à peu le contrôle sur les rentrées d'argent dans le pays. Incapable de lever efficacement l'impôt en raison de la corruption galopante au sein de son administration et de ses forces de polices, la grande bourgeoisie d'affaire et la vieille noblesse ne tardèrent pas à largement monopoliser les bénéfices du commerce à leur profit, gagnant de ce fait de plus en plus de pouvoir sur les princes de Vale.

A partir d'un certain stade, la couronne était finalement devenue un pouvoir fantoche pour le contrôle duquel les principales familles fortunées ne tardèrent pas à s'entre-déchirer. Dépensant des fortunes toujours plus colossales pour financer leurs luttes intestines, elles monopolisèrent une grande part de la productivité du pays pour nuire à leurs rivaux et la région sombra en quelques décennies dans le chaos et la pauvreté. Les larges allées pavées voyaient apparaitre les herbes folles, les grands building art déco rouillaient à vue d’œil, leurs vitres progressivement brisées unes à unes sans jamais être remplacées, les devantures des magasins de luxe étaient pillées et faute d'entretien des services publics, l'accès aux besoins vitaux comme l'eau et les soins devint de plus en plus compliqué, poussant la population à se tourner vers la criminalité.

La Cité noire, autrefois époustouflante, devint suffocante. Toutes les normes abolies, morales et industrielles, vicièrent l'air et le cœur des habitants de Carnavale. Se côtoyaient dans la centaine de quartiers que comptait la capitale autant le superbe que l'odieux, le meilleur et le pire d'une humanité perdue, se débattant contre elle-même. Le drame carnavalais sonnait quelque chose de l'échec de l'humanité dans son ensemble, qui transforma en quelques décennies seulement la perle de l'Eurysie, le joyau noire, la plus belle ville du monde, en une immondice crasseuse, une catin vérolée, dégueulant de miasmes, de cadavres et de crimes.

Cette guerre larvée entre les différents gangs et grandes fortunes de la ville trouva son aboutissement lors d'un épisode particulièrement traumatisant et trouble : le Chaos de Carnavale. Les princes de Vale, au pouvoir depuis longtemps fantoche, s'écroulèrent un jour et avec eux le dernier semblant d'ordre qui régnait sur cette terre désormais maudite. Pendant plusieurs années, la Principauté sombra dans une anarchie violente et confuse, se dévorant elle-même, excitée par sa propre beauté et sa propre grandeur, elle s'arrachait de larges morceaux de peau dans l'espoir de s'accaparer pour elle seule un peu d'elle même. Chaque Carnavalais voulait sa part du butin, tous rêvaient de posséder en propre quelques fragments sanglants de la Cité noire.

Du Chaos, de nombreuses familles cherchent encore à retrouver la trace de proches disparus à cette époque et beaucoup de zones d'ombres subsistent sur l'implication de tels ou tels groupes dans certaines exactions. Si des travaux de recherche et de mémoire sur le sujet on parfois essayé de voir le jour, la plupart de ceux qui tentent de comprendre plus finement le déroulé de la période ont connu un destin tragique et inexpliqué. Une chose est sûre cependant, cette guerre généralisée vit l'extinction de la lignée des princes de Vale et l'arrivée au pouvoir de trois familles issues de l'ancienne élite : les Dalyoha, les Obéron et les Castelage.

Le pouvoir, les familles l'ont de fait : en apparence, la Principauté est toujours une monarchie constitutionnelle dirigée par le "Conseil Municipal" (un ensemble d'élus travaillant à l'hôtel de ville de la capitale, Carnavale) d'où ils sont supposés gouverner le pays. Dans la réalité le Conseil Municipal n'a aucun pouvoir : les quartiers appartiennent aux gangs qui eux-mêmes travaillent pour les grandes familles. Les services publics sont complètement abandonnés, faute d'impôts pour les maintenir à flot et les institutions en charge du bon fonctionnement du pays fonctionnent désormais en autogestion, influencées par les mécènes qui acceptent de les financer en échange de leur soutien. Ainsi, Dalyoha, Obéron et Castelage, sous couvert de charité philanthropique s'achètent la paix sociale et rappellent à qui pouvait en douter leur caractère incontournable à Carnavale : sans eux, la ville sombrerait immédiatement dans un nouveau Chaos.

Les choses changent cependant à Carnavale. Abandonnées à leur toute puissance, les grandes familles ont chacune joué une partition eschatologique différente. Dominant grâce au commerce des armes et son hégémonie industrielle, le clan Obéron ont fait de Carnavale un gigantesque piège censé provoquer, par l'omniprésence du vice dans ses rues, la fin des temps et la venue des l’antéchrist. En secret, les Laboratoires Dalyoha fournissaient l'armée du Seigneur en anges vengeurs : en clonant des êtres parfaits, baptisés et exécutés, ils pensaient garnir les rangs de ses légions célestes. La Banque Castelage, huile dans les rouages de cette machine millénariste, érigea un empire financier capable de soutenir à bout de bras ce projet dément. Tandis que Carnavale se taillait sur mesure pour jouer le rôle de la nouvelle Babylone, CRAMOISIE© le désert rouge fut remodelé à l'arme chimique afin de devenir un nouveau jardin d'Eden. Jésus Christ sera fier, pensaient les Obéron.

Puis vint le jour de l'apocalypse. Estham, capitale de l'Empire du nord, fut rasée de la carte par la puissance balistique Obéron. Deux millions d'âmes supplémentaires pour le Seigneur. Deux millions d'innocents envoyés tout droit au paradis pour inverser au dernier moment le rapport de force et prendre l’antéchrist par surprise. Un renfort inopiné. Ignorant les récriminations internationales, Carnavale mit en place le plan des Obéron. La puissance chimique Dalyoha allait abattre sur la ville et alors que l’antéchrist fouleraient le sol de Carnavale, attiré par le pêché innommable d'avoir assassiné tant de monde, Carnavale allait s'assassiner elle-même et jeter dans la bataille cinquante millions d'âmes supplémentaires. Les trompettes de l'apocalypse résonnaient comme autant de missiles tirés dans le ciel nocturne et la ville se para d'une fumée profonde pour dissimuler aux yeux du monde le combat final qui se déroulait sur son sol.

Mais les choses ne se passèrent pas comme prévues. L'antéchrist ne vint pas, ni Jésus, et aucun ange ne descendit sur terre pour mettre fin aux temps. Dans un geste salvateurs, probablement prémédité, Blaise Dalyoha cracha sur la ville non pas le poison qui devait l'envoyer au paradis mais un cocktail d'engrais chimiques inoffensif pour l'être humain. Les Obérons, dévorés par leur projet millénariste, se suicidèrent malgré tout et avec eux toute la noblesse convaincue que la fin du monde était sur elle. En une seule nuit Carnavale se décapita sauvagement.


Au petit matin, les têtes de l'hydre avaient repoussé.

Tirant profit de l'évènement désormais connu sous le nom d'Armageddon't, le clan Castelage, dont le patriarche avait été assassiné, mit en avant une nouvelle figure : la fille d'Arthur Castelage, Améthyste ! Forte d'un QI s'élevant au dessus de 190, elle rallia à elle les forces exsangues de Carnavale dont les milices des grandes familles, hier concurrentes. Réunies en un seul syndicat, le SAD BB, les forces armées de Carnavale se relevèrent pour faire face à un adversaire beaucoup plus médiocre que prévu : les alliés de l'Empire du Nord, l'Organisation des Nations Démocratiques. Améthyste Castelage réussit à faire ce que personne n'avait réussi depuis les princes de Vale : unir politiquement Carnavale contre un ennemi commun. Tout le monde joua le jeu, espérant tirer profit du décès de la noblesse suicidée pour obtenir des morceaux de sa fortune une fois la guerre terminée. Même le clan Dalyoha, pourtant toujours aussi redoutable, se mit en retrait au profit de l'autorité du Directeur de Grand Hôpital, le Docteur Philippe Géminéon.

Forte de l'appui des milices, de Commissariat Central, de la bourgeoisie industrielle et des Laboratoires Dalyoha, Améthyste Castelage s'empara de la totalité du pouvoir à Carnavale. Propulsée cheffe de guerre, entourée de figures ambitieuses et des plus grands génies de ce début de siècle, Améthyste avait désormais toutes les cartes en main pour relever la Principauté, vaincre ses ennemis et faire à nouveau de la Cité noire l'épicentre du monde occidental.


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Frise chronologique du siècle dernier



Frise chronologique du siècle dernier

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Légende :

Bleu ciel : évènements liés à la famille princière du Vale
Bleu foncé : évènements survenus par mouvement populaire et grandes tendances au sein du peuple
Noir : Chaos
Vert : évènements liés à la famille Dalyoha
Jaune : évènements liés à la famille Castelage
Rouge : évènements liés à la famille Obéron
Cramoisie : évènements liés à la colonisation afaréenne
Blanc : évènements généraux ou d'origine inconnue

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Principaux évènements de la première moitié du siècle dernier



  • 1904 : Ouverture de Commissariat Central

A l'aube du XXème siècle, la Principauté inaugura le Commissariat Central dans le quartier des aubépines. Il avait été conçu pour être la réponse de la dynastie Du Vale à la criminalité grandissante et pour inaugurer l'entrée de la Principauté dans une nouvelle ère. Le gigantesque bâtiment à la pointe de la technologie pouvait accueillir plus de huit mille policiers dans ses locaux et autant de fonctionnaires, avocats commis d'offices, médecins, instructeurs et autres membres du personnel pour faire tourner la machine. Il devait centraliser les archives des anciens postes de police, améliorer la formation des officiers de police, offrir une meilleure visibilité sur les crimes, sur les quartiers les plus touchés, faciliter le travail d'enquête et aider à la collaboration entre les différents services. C'était également la promesse d'expérimenter des modes innovants de répression et de prévention de l'insécurité, en fondant plusieurs vastes départements de recherche scientifique de criminologie, sociologie, psychologie, psychiatrie, étude des foules, profilage et en s'appuyant sur les débuts balbutiants de l'informatique.

L'inauguration de Commissariat Central a été accueillie avec énormément d'espoirs et d'enthousiasme de la part des citoyens, et perçu comme une réponse à la hauteur des princes de Vale pour affronter les défis de ce nouveau siècle. L'avenir semblait prospère.


  • 1908 : Sacre d'Eugénie du Vale

Le vieux Prince Olivier était déjà mort depuis deux ans quand sa fille, la jeune Eugénie, fut appelée à mettre fin à la Régence et à ceindre la Couronne du Vale. Petite princesse de tout juste seize ans, elle jouissait d'une excellente popularité auprès des Carnavalais qui célébrèrent son arrivé sur le trône par de grandes réjouissances populaires. Les commentateurs internationaux en firent leurs choux gras et on parla abondamment du profil de la jeune fille qui, très jeune déjà, semblait faire preuve d'un caractère affirmé et d'un sens de la mise en scène politique qui fit la joie de la presse people.


  • 1908 - 1916 : Les Flamboyantes

On appelle Les Flamboyantes la série de grands investissements réalisés pendant les huit années suivant le Sacre d'Eugénie du Vale. L'objectif des princes de Vale était de susciter l'espoir dans la population avec l'entrée dans le XXème siècle, une nouvelle ère moderne et prospère. Consciente des troubles qui agitaient la capitale de manière sourde et du grignotage de son pouvoir politique, la famille princière s'était lancé dans une véritable opération de communication et d'achat de la paix sociale en offrant des spectacles et expositions à la population dans un grand enthousiasme dépensier.

Les Princes de Vale firent nettoyer les rues et les façades, ils recouvrèrent les pavés de verni et sortirent les œuvres d'art des musées pour les exploser à tous à toutes. Ils firent venir des animaux des quatre coins du monde pour les exposer, invitèrent les plus grands savants et ingénieurs de l'époque afin de rendre confiance en l'avenir au carnavalais. On leva d'immenses montgolfières, dressa des pavillons éphémères (dont certains ont été conservés), il y eut des distributions de nourriture aux indigents, des banquets publics et la princesse Eugénie se fit connaitre auprès de ses sujets en participant aux plus grands évènements.


  • 1916 : Réception chez Mme. Ulexandre

La réception chez Mme. Ulexandre est un évènement survenu à la fin des Flamboyantes, lors d'une célébration privée chez les Ulexandre, l'une des plus vieilles famille noble de la ville. Mme. Ulexandre était la matriarche du clan et avait pris pour habitude de recevoir les plus grands noms de la ville dans ses salons pour discuter des affaires du monde, patronner des artistes et introduire les nouvelles générations prometteuses au Tout-Carnavale. On ne sait pas exactement ce qui se déroula ce jour-là mais Mme. Ulexandre s'engagea dans une vive altercation avec Christorphée Dalyoha, le chef de famille de la maison du même nom. Une affaire somme toute courante au sein de la noblesse chamailleuse et au sein de la grande bourgeoisie, mais qui eut pour effet de brouiller les deux grandes familles et d'exclure les Dalyoha des réceptions qui suivirent.

Si cette brouille entre noble fit finalement peu de bruit à l'époque, les historiens de la Principauté datent désormais symboliquement l'amorce de la chute de Carnavale à ce 14 octobre 1916.


  • 1917 : Grève des lumières

La grève des lumières est un évènement marquant qui dura trois semaines à Carnavale. Historiquement public, le secteur de l'énergie de la Principauté du Val faisait l'objet de pressions nombreuses de la part de la noblesse et de la haute bourgeoisie pour que la Compagnie Valaise d’Électricité entre en bourse et s'ouvre à la concurrence. Croyant avoir suffisamment satisfait le peuple et pour pouvoir accorder des concessions au monde des affaires, la princesse Eugénie de Vale céda aux pressions des grandes familles en mettant en vente 49% des titres de la compagnie sur le marché boursier en 1915. Une politique de privatisation qui provoqua rapidement un fort engouement chez les investisseurs, encourageant la princesse à émettre 20% de plus l'année suivante. Désormais minoritaire l’État ne pouvait plus empêcher des plans de restructurations internes que proposèrent les actionnaires pour l'année 1917.

En octobre 1917, les employés de la Compagnie Valaise d’Électricité se mettaient en grève générale, plongeant une grande part de la ville dans le noir, au début de l'hiver et sans chauffage. L'éclairage public hors d'état de fonctionner, les quartiers éteints furent touchés par une vague de criminalité d'une rare violence. Comme si l'obscurité de la nuit avait réveillé un terrain fertile à l'expression de toutes les colères et frustrations des habitants de la Principauté, les émeutes sordides et les meurtres barbares se multiplièrent dans les bas-quartiers. La grève frappant également certains quartiers médians et hauts, des hôtels particuliers de la noblesse commencèrent à être pris pour cible afin d'en dérober les abondantes richesses. Certaines familles en concurrence y virent une occasion rêvé de se débarrasser de leurs adversaires en mettant cela sur le dos d'émeutiers. Les grandes familles s’adonnèrent elles-aussi à plusieurs assassinats et quelques grandes lignées de la Principauté disparurent pendant la grève des lumières.

Carnavale plongée dans le chaos dès que le soir tombait, la princesse Eugénie dû faire marche arrière et nationaliser les 20% des actions émises nécessaires pour reprendre la main sur la Compagnie afin d'offrir des gages aux grévistes. La situation revint à la normal dans une ville meurtrie, mais le mal était fait : le peuple voyait sa confiance ébranlée et la noblesse une preuve de la faiblesse des dirigeants du Vale. La noblesse commença à constituer ses milices privées pour défendre ses possessions et immeubles et les grévistes de la Compagnie Valaise d’Électricité fondèrent le syndicat des électriciens, encore en activité aujourd'hui.


  • 1918 : Attentat à l'usine chimique

L'attentat à l'usine chimique eut lieu au mois de février 1918. Encore aujourd'hui les circonstances exactes de l'attaque restent floues, on sait néanmoins qu'un groupe commando a fait irruption dans l'usine chimique des quartiers ouest. Après avoir assassiné les travailleurs sur place, ils ont placés plusieurs charges d'explosifs sur les cuves et ouvert les valves pour en déverser le contenu dans les égouts avant de s'enfuir. Une vingtaine de quartier sont touchés, provocant des intoxications et des hémorragies internes. Les hôpitaux sont saturés et plusieurs embarcations tentant de rejoindre Grand Hôpital coulent dans la mer. Les services de police sont également dépassés alors que des équipes d'égoutiers tentent de contenir la circulation de l'eau contaminée dans les sous-sols.

L'incident se prolonge sur plus de deux semaines avant que les toxines soient finalement stabilisées dans un réseau d'approvisionnement isolé. Au total, l'incident fait plus de six mille morts et le triple de malades. Sept quartiers doivent être totalement abandonnés à cause des vapeurs et parce qu'ils sont totalement coupés de toute arrivée d'eau potable. Encore aujourd'hui, les toxines sont toujours bloquées dans le réseau même si un grand projet d'assainissement avait à l'époque été envisagé, celui-ci ne sera pas mis en place à temps et depuis la chute de la dynastie du Vale personne ne semble plus se soucier de la bombe chimique enfouie dans les boyaux de Carnavale.

Cet évènement tragique et traumatisant ébranle fortement la confiance de la population dans les pouvoirs publiques et augmente la demande en sécurité. De nouveaux moyens dans la police sont investis et les Dalyoha promettent la construction d'un pont pour relier l'île de Bourgléon à Carnavale afin d'en faciliter l'accès en proposant une voie de terre.


  • 1919 à 1921 : Troubles des assoiffés

Les années suivant l’attentat de l’usine chimique sont frappées par des pénuries d’eau potable massive dans toute la ville. Crise qui durera de 1919 à 1921 sera renommée par la population « troubles des assoiffée ». La ville réalise avec un peu de retard qu’elle n’est pas prête à réagir en cas de catastrophe d’ampleur nationale : elle manque de professionnels entrainés, d’effectifs, d’infrastructures. Au sein des élites se côtoient différents courants interventionniste, poussant pour de vastes plans d’investissement publiques comme ceux qui avaient su moderniser Carnavale au XVIème siècle, et des partisans du malthusianisme accusant la fertilité des pauvres d’avoir en quelques générations créé une crise de surpopulation. Il est vrai que la ville manque de tout maintenant qu’elle doit gérer des centaines de milliers de travailleurs à reloger et qu’un grand nombre d’usines et d’entreprises des quartiers désormais abandonnés ne tournent plus. Les fontaines sont prises d’assaut, les cuves également.

C’est à cette époque que nait toutefois l’esprit de débrouille urbain qui sauvera la Principauté après l’époque du Chaos. Les habitants réalisent en quelque sorte une répétition de la crise majeure qui se profile à l’horizon.

Toutefois pendant la « crise des assoiffées » les troubles augmentent massivement. Le chômage a plongé une part significative de la population dans la pauvreté. Les quartiers abandonnés car toxiques sont réinvestis par certains de leurs anciens habitants ainsi que des trafiquants en tout genre, jetés dans la criminalité par la force des choses. Manquant de tout pour aider les plus démunis, la Principauté ne parvient pas à enrayer la création de ces zones de non-droit où les forces de polices ont de plus en plus de mal à opérer à cause de l’air pestilentiel et empoisonné et des résistances mafieuses qui s’y organisent.

Partout le mécontentement augmente, le taux de criminalité explose et la défiance envers la princesse Eugénie ne fait qu’augmenter. Chez l’aristocratie et la Grande Bourgeoisie, les choses ne vont pas bien non plus : inquiets pour leurs possessions et de la fronde sociale qui monte, les nobles se retranchent en dehors de la ville ou insistent pour que des mesures draconiennes soient prises afin de rétablir l’ordre, et consentent même pour certains à de nouvelles hausses d’impôts. C’est néanmoins une goutte d’eau bien insuffisante pour canaliser le drame que vit Carnavale. Pendant l’année 1921, quelques résidences privées et hôtels particuliers sont pillés, provoquant l’effroi des plus fortunés qui s’entourent de service de sécurité et rechignent désormais aux investissements publiques financés sur leurs propres fortunes. Les politiques mises en place par la famille royale semblent bien inutile et tout le monde se replis sur ses acquis, la défiance est à son paroxysme.


  • 1919 : Lois du Capricorne

Pour répondre à la crise, des lois d’exception sont promulguées fin 1919, censées étendre les pouvoirs de la police afin de ramener l’ordre au sein de la population. Particulièrement drastiques et liberticides, ces mesures ont deux effets principaux : d’une part, elles contribuent à autonomiser les forces de police qui fonctionnent désormais avec des moyens élargis et peuvent se passer du contrôle des juges pour ramener le calme lors des manifestations, effectuer des perquisitions ou arrêter des suspects. Afin de répondre à la pénurie de main d’œuvre, les nombreuses jeunes recrues sont formées par leurs paires et parfois directement sur le terrain ce qui conduit mécaniquement à une hausse des bavures mais également la centralisation de la gestion policière à Commissariat Central qui devient le cœur des opérations de maintien de l’ordre et de la paix sociale.

D’autre part, les lois du Capricorne ont pour effet de saper le lien de confiance désormais ténu entre la Princesse Eugénie et le reste de la population. Les décisions perçues comme autoritaires et imposées par le haut sont jugées très défavorablement par les franges le plus pauvres qui les subissent directement. Enfin, le climat général est à la panique et tourne doucement mais sûrement vers l’hystérie. Il semble que la famille princière ne contrôle plus rien du tout à Carnavale qui sombre dans le pessimisme et peine à se projeter dans l’avenir.


  • 1923 : Assassinat de Charlotte

L’assassinat de Charlotte survient que les troubles semblaient par ailleurs se calmer quelque peu. Charlotte était une ancienne religieuse, très investie auprès des plus démunis elle jouissait d’une immense popularité à Carnavale où sa présence et ses œuvres contribuaient à rassurer la population. Figure médiatique à la tête d’un vaste réseau de charité, elle travaillait à maintenir la ville à flot dans l’adversité et ses nombreuses rencontres avec la Princesse Eugénie avaient contribué à l’asseoir comme un personnage d’importance, reconnu de tous pour son dévouement et sa bonne âme.

Son assassinat choque très profondément la société carnavalaise en raison de son apparence gratuité. Alors qu’elle rentre chez elle un soir, Charlotte est tuée de deux balles de pistolets dans la poitrine par un homme alcoolisé. Retrouvé en pleur sur les lieux du crime, celui-ci sera lynché et pendu par les habitants du quartier avant que la police n’ait pu intervenir pour lui venir en aide. Bien qu’en apparence anodin, les historiens estiment que cet épisode marque un renversement symbolique définitif au sein de la population : une ère d’entraide et de charité meurt, une nouvelle de violence et de barbarie commence.

Surtout, c’est la porte ouverte à une prise de conscience de la part du peuple de sa propre puissance. En cas de rage collective, les forces de polices ne peuvent rien faire, submergées par le nombre. De plus en plus d’experts se mettent à prophétiser un embrasement général et la noblesse prend peur. Certains fuient le pays quand d’autres accumulent les mesures défensives, allant jusqu’à se bâtir de véritables forteresses et embaucher de petites armées privées à leur service. Au sein de la population, une fébrilité étrange se répand, chacun attend la flamme qui allumera la mèche et plongera la ville dans l’émeute.


  • 1928 : Naissance du Prince Andréléon

La naissance du Prince Andréléon, premier fils d'Eugénie et nouvel héritier du trône, marque un moment de soulagement pour la population de Carnavale, toujours en proie aux troubles et dans un état de fébrilité marquée. La famille princière de Vale tente tant bien que mal de capitaliser sur ce joyeux évènement pour apaiser les heurts et prend prétexte de la naissance du prince pour organiser des distributions de nourriture et en proclamant un jour de fête nationale.


  • 1930 : Inauguration du pont Saint-Ange

La situation dans la Principauté devient particulièrement tendue et les conditions d'hygiène se détériorent rapidement. Eugénie de Vale débloque des fonds exceptionnels pour accélérer le chantier du pont Saint-Ange afin de relier Carnavale et l'île de Bourg-Léon où se trouve Grand Hôpital. Pour cela, une grande vente aux enchères est organisée et plusieurs biens historiques de la couronne sont vendus, dont des bijoux, oeuvres d'art et domaines. Le château de l'Eliontrope trouve preneur pour la somme colossale de 100 000 chèques carnavalais, ce qui permet de doubler l'embauche d'ouvriers sur le chantier.

Le geste d'Eugénie est unanimement salué par la noblesse de Vale et trouve un écho au sein de la population mais la Princesse en sort affaiblie, dépouillée d'un grand nombre de ses biens et des emblèmes du pouvoir. La couronne qui était déjà affaiblie, peine désormais à maintenir un train de vie de cour à même de satisfaire les seigneurs de Vale dont certains sont désormais plus riches qu'elle. Au sein des nobles les plus conservateurs, la fronde ne tarde pas à gronder, on critique le fait d'avoir bradé les biens de la couronne pour sauver les pauvres.

Le 1er septembre 1930, le pont Saint-Ange est inauguré en grandes pompes par Eugénie, en présence de toute la noblesse de Vale. La Princesse sera la première à le franchir de bout en bout en voiture, escortée de la garde de Vale à cheval et du jeune Ambroise Dalyoha, l'héritier de l'empire. De l'autre côté, sur l'île de Bourg-Léon, Christophe Dalyoha, son père, attend pour leur souhaiter officiellement la bienvenue. Bourg-Léon et Grand Hôpital sont désormais accessibles par voie de terre, c'est une petite révolution.

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1931 - 1938

ChAos dE CarNaVAle
Quand tout bascule...

Tous les empires doivent chuter...
Toutes les gloires finissent par se faner...

La nuit venait de tomber sur la Principauté et les lumières étaient impossibles à rallumer. Eugénie a été tuée dans un mouvement de foule qui demandait sa tête, sa couronne a roulé jusqu'au port et disparu dans la mer et dans l'indifférence générale. La noblesse et les grandes fortunes mirent toutes leurs forces au service de la guerre et ce ne fut plus qu'un grand drame.
Mercenaires Castelage, frappes chimiques Dalyoha, puissance de feu Obéron et tous les autres, chacun dans son domaine, tournèrent l'industrie en arme et la retournèrent contre Carnavale.
La Principauté était densément peuplée, les services publics s'effondrèrent, la police fut débordée et tout le monde baissa les bras. On ne trouva aucun héros. Sept années de panique et d'enfer au cœur de l'Eurysie, dans ce qui avait un jour le sommet de la civilisation occidentale, un brasier qui brûlait sur les rampes à missiles, les lacs d'acide et les usines de produits chimiques.

Aucun voisin n'osa intervenir de peur de se prendre une frappe perdue : les dépôts d'armes et d'explosifs étaient laissés sans surveillance.

On laissa la Principauté de Vale s'effondrer.
Ne restait plus que Carnavale, la Cité noire.

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Principaux évènements de la seconde moitié du siècle dernier



  • 1938 - 1946 : Reconstruction

Le Chaos s'est terminé aussi soudainement qu'il a commencé : un matin, les choses se sont apaisées. La noblesse décimée avait déposé les armes et le peuple, épuisé et brisé, s'était rendu à la fatalité. Les palais pillés, les zoo vidés de leurs animaux pour les manger, des quartiers entiers en proie aux flammes ou aux vapeurs toxiques, Carnavale n'était plus qu'un vaste champ de ruine complètement anarchique.

Dans cette table rase, des autorités réémergent naturellement. La noblesse s'empare de ce qui lui appartient, fait main basse sur les richesses du pays, le conseil municipal se constitue en urgence pour rassembler autour de lui les forces vives de la ville et les gangs et les mafias découpent des territoires dans l'immense cité.

C'est pendant cette décennie qu'apparaitront des tentatives de réorganisation de la vie à Carnavale, pour tenter d'étouffer les braises du chaos. Grand Hôpital réouvre ses portes timidement, un barrage militaire est installé sur le pont Saint-Ange pour limiter l'arrivée des blessés et des malades. Le recrutement de fonctionnaire reprend, pour tenter d'offrir à la ville un semblant d'institution.

La période est toutefois encore très agitée, notamment parce que les milices de la noblesse mènent la guerre aux mafieux pour reprendre les points stratégiques de Carnavale dans les quartiers industriels, les mines et les carrières. Les gangs seront finalement écrasés début des années 40 et plusieurs accords de coopération seront signés entre eux et les trois grandes familles de Carnavale : Obéron, Castelage et Dalyoha. Leurs fortunes dépassent à elles-seules l'ensemble de celles des autres familles nobles survivantes.


  • 1941 : Déclaration d'autonomie de Commissariat Central

Le rapprochement entre les gangs et les grandes familles nobles déplait au sein des vestiges du Conseil Municipal et des fonctionnaires de police. En 1941, plusieurs commissaires déclarent leur indépendance vis-à-vis de la municipalité qu'ils accusent d'être corrompue et à la botte des puissances financières. Commissariat Central devient alors autonome et se constitue en milice pour tenter de faire régner l'ordre dans la ville. Privés de subventions, ils vivent grâce aux dons des habitants et la philanthropie des nobles qui y voient un moyen d'affaiblir leurs concurrents et de maintenir la paix social pour pas cher.

Le Commissariat Central élit son commissaire en chef, chef de la police de Carnavale, qui jure de respecter la loi et de la faire respecter. Il travaille désormais main dans la main avec la justice, en toute indépendance.


  • 1944 : Retour du Gigantisme architectural

Le mouvement Gigantisme, fut un bref courant artistique carnavalais entre les années 1875 et 1890. On lui doit quelques sculptures et peintures notamment, spectaculaires en raison de leurs proportions. Les visages des patriarches, grande sculpture murale sur la façade de l'Hôtel Bleubrillant dans le quartier de l'Elysée, en est l'un des exemples les plus célèbres. Le Gigantisme mettait en avant le vertige artistique que l'on peut ressentir face à des œuvres, en tentant de l'accentuer grâce à la taille de celles-ci. Plusieurs architectes tentèrent de mettre en pratique les visions des artistes gigantistes mais le prix de ces constructions et leur manque d'intérêt pratique firent avorter la plupart des tentatives de l'époque.

En 1944, le Gigantisme revint toutefois à la mode, perçu comme un courant artistique typiquement carnavalais, il fut porté par le nationalisme et le besoin de repenser certains quartiers de la ville, partiellement ou totalement détruits pendant le Chaos. Le Gigantisme carnavalais pouvait également compter sur de nouvelles techniques industrielles, des matériaux plus solides, qui repoussaient les limites architecturales d'hier. Symbole de démesure, il devient un hymne à la gloire et à la transcendance du genre humain. L'architecture dystopique urbaine est valorisée et doit, le plus possible inhumaine, elle doit être écrasante pour faire rêver les hommes au-delà d'eux-mêmes. Les immeubles sont une démonstration de force autant que la réponse aux destructions survenues pendant le Chaos : il faut éclipser la nature, la terre, le ciel, tout doit se confondre dans l'artificiel, simplement pour prouver que nous pouvons le faire.

On doit au mouvement gigantiste certains des bâtiments les plus spectaculaires de la Cité noire. Carnavale s'envisage désormais sur deux dimensions et repousse les limites du ciel en gagnant de nouveaux étages sur chacun des buildings qu'elle érige. Surtout, Carnavale assume que la vie se déploie sur plusieurs niveaux. Les ponts, les routes suspendues se multiplient dans la Cité noire qui valorise la démesure architecturale. Certains architectes étrangers profitent du boom de l'immobilier pour bénéficier du mécénat généreux de la noblesse qui aligne sans sourciller les billets sur la table, pourvu qu'on lui promette un bâtiment plus impressionnant que les familles rivales. Des statues de grands personnages historiques sont élevés au milieu des places, hautes parfois de plusieurs dizaines de mètres. Déjà construire sur plusieurs niveaux, la ville s'élève sur plusieurs étages, ceux du bas étant pratiqués par les plus pauvres, ceux du haut réservés aux nobles et aux riches.

Plus discret car moins visible, Carnavale s'étend également en profondeur. C'est à cette époque que les travaux d'aménagement des cercles inférieurs des égouts voient le jour, sous le patronage notamment de la famille Obéron qui déplace une partie de ses infrastructures les plus critiques sous terre, sur le modèle des Dalyoha à Bourg-Léon.


  • 1946 - 1957 : guerre des coquelicots

Pendant un peu plus de 10 ans la famille Dalyoha dispute à la pègre le marché des opiacés pour concentrer leur production sur l'île de Bourg-Léon. Des milices privées Dalyoha parcourent la campagne carnavalaise à la recherche de plantations illégales auxquelles elles mettent le feu. En réponse, elles sont prises dans des embuscades par les dealers et doivent leurs disputer plusieurs territoires au sein de la capitale. Les milices Dalyoha prennent le dessus dans un premier temps grâce à la visibilité des fleurs dans les champs de la Principauté mais les dealers ripostent en encourageant la culture du pavot par les citadins, pavot dont la guerre des coquelicots tire son nom. Les toits des immeubles se transforment petit à petit en jardins partagés et les Carnavalais louent les jardinières de leurs fenêtres pour y faire pousser des coquelicots pour les revendre aux dealers. Le clan Dalyoha riposte d'abord en déployant plusieurs hélicoptères de reconnaissance dans les rues de Carnavale dont certains sont abattus par des tirs de roquettes. Les Dalyoha ont alors recours à des canadairs pour asperger les rues d'herbicide pour tuer toutes les pouces illégales ou sauvages de coquelicots et stériliser les sols de Carnavale.

La guerre prend fin en deux ans en 1956-1957 quand la Dalyoha Compagnie met au point de nouvelles pouces OGM prédatrices, largement plus rentables que les coquelicots naturels qui écrasent économiquement la concurrence en quelques mois. La guerre des coquelicots prends fin avec la proclamation du monopole des opiacés par la famille Dalyoha et la stérilisation définitive de toute la région.


  • 1951 - 1964 : Féerie des Obéron

Le plan "Féerie" de la famille Obéron a été une tentative des Obéron de créer à Carnavale un réseau de quartiers préservés de la criminalité où reconstruire une société agréable à vivre. Les Obéron croyaient encore à ce moment-là qu'une pays stable valait mieux qu'un pays en plein chaos et ont investi beaucoup d'argent pour sécuriser une ceinture d'or dans la banlieue de Carnavale, perchée sur les collines de la ville. Les quartiers du plan "Féerie" étaient entourés de grands murs et d'un réseau de miradors hautement sécurisé. La famille Obéron avait fort généreusement mis à disposition des services de sécurité de nombreuses armes produites dans ses usines afin de défendre les chantiers dans un premier temps puis les quartiers en eux-mêmes.

Les travaux commencèrent en 1951 et ont été achevés en 1964 lors de l'élévation du dernier mur de défense en présence de l'aristocratie de Carnavale et des principaux bourgeois. Grâce au plan Féerie les Obéron posent les bases des futurs quartiers privés et sécurisés de la noblesse ainsi que d'un réseau de rues solidement gardées à travers Carnavale pour permettre aux plus riches de se déplacer en toute sécurité.

A l'époque le plan Féerie est un grand pas en avant pour la paix et la prospérité des classes dirigeantes même si rapidement plusieurs familles puissantes (comme les Castelage) s'inquiètent de dépendre entièrement d'un clan rival pour leur sécurité. Les Dalyoha ont toujours vu d'un mauvais œil ce projet, leurs terres se trouvent bien à l'abri sur l'île de Bourg-Léon.


  • 1957 - 1961 : les cinq miliciennes

Les cinq miliciennes sont cinq années durant lesquelles les Carnavalais tentèrent d'organiser leur défense en mettant en place des groupes vigilante indépendants de Commissariat Central et des miliciens privées de la noblesse. Les miliciens ont du affronter de nombreux obstacles et disputèrent certains quartiers à d'autres autorités comme des barons locaux et des gangs. A leur apogée dans les année 1959 les milices citoyennes avaient reconquis presque 20% de la ville de Carnavale. Malheureusement leur armement rudimentaire et la concurrence impitoyable de plusieurs autres groupes précipitèrent petit à petit leur déclin : à partir de 1960 les milices sont concurrencées économiquement par les gangs et par Commissariat Central qui proposent de meilleurs prix pour défendre leurs territoires ce qui oblige les territoires tenus par les milices à nouer des alliances à leurs frontières. Elles perdent toutefois plusieurs quartiers entrainant un cercle vicieux et leur quasi disparition en 1961.

Les milices étaient des groupes violents qui devenaient parfois indistinguable des gangs et des criminels dont elles étaient censées protéger la population. Elles ont néanmoins marqué l'imaginaire collectif et sont encore aujourd'hui une inspiration pour tous les Carnavalais qui souhaitent défendre par les armes certaines rues ou certains quartiers contre l'influence des forces du mal.


  • 1957-1966 : la Législation Nouveau Monde

La Législation Nouveau Monde cherche à faire table rase de l’ancien bloc constitutionnel de la Principauté, hérité des princes de Vale. La monarchie constitutionnelle est abolie au profit de la common law, basée uniquement sur la jurisprudence du Tribunal Populaire. La Législation du Nouveau Monde visait à offrir une base de principes censés orienter les premières décisions des juges. Ce code de loi a été majoritairement rédigé par les avocats des grandes familles de la Principauté afin de favoriser explicitement leurs intérêts et la défense de leurs propriétés privés au détriment des droits humains. L’objectif secondaire de la Législation Nouveau monde était de faire cesser la concurrence armée entre les différents groupes d’intérêt de Carnavale en leur offrant un cadre violent mais légal pour trancher leurs contentieux.

La Législation du Nouveau Monde entérine une doctrine radicale et unique au monde alliant libéralisme économique brutal et absence quasi-totale de protection juridique pour les travailleurs. Les entreprises possèdent de nombreux privilèges par rapport aux individus, ce qui en encourage la création et favorise la marchandisation maximale du quotidien. Grâce à la Législation Nouveau Monde, Carnavale devient en très peu de temps le plus grand paradis fiscal au monde et accueille des investisseurs venus de toute la planète profiter d’une population travailleuse et de lois sociales inexistantes.

La transition demande neuf ans à Carnavale pour transformer l’intégralité de sa législation, notamment parce que la Principauté accorde du temps pour les associations sans buts lucratifs et les services publiques pour transitionner vers des entreprises à but lucratif. Les syndicats carnavalais, très puissants, garde leurs noms mais deviennent progressivement des entreprises de conseil pour les salariés qui marchandisent et facturent leurs services. Tout se transforme pour se rapprocher du modèle de l’entreprise lucrative et entrer en bourse. Le marché devient central et consolidé la position de la grande famille Castelage.

Enfin, la Législation Nouveau Monde accorde de nombreux privilèges aux conglomérats des grandes familles (Obérons et Dalyoha) afin de les encourager à se spécialiser dans l’armement. La Principauté dissous les restes de son armée nationale au profit des milices privées, dont les plus importantes appartiennent aux grandes familles qui assurent chacune la sécurité sur leurs domaines respectifs. La sécurité civile est officiellement déléguée à Commissariat Central. Faute d’une réelle capacité à entretenir des troupes permanentes disposées à faire la guerre à l’extérieur du territoire nationale (où seule la ville de Carnavale et l’île de Bourg-Léon ont une véritable utilité), la Principauté encourage le développement d’un puissant arsenal balistique à charge chimique, collaboration Dalyoha et Obéron, financé par la Banque Princière Castelage. L’arsenal carnavalais devient en quelques années le plus puissant du monde et tient en respect pendant plus de cinquante ans toutes les menaces contre la Principauté, jusqu’à être utilisé contre la ville d’Estham dans l’Empire du Nord, où les charges balistiques de Carnavale causent plus de deux millions de morts.


  • 1961-1968 : les sept enthousiastes

Pour la première fois depuis le Chaos, Carnavale avait un cap. Que dis-je ? Une péninsule. Les sept enthousiastes furent l'une des rares périodes de paix et de joie post-Chaos qu'ait connu la Principauté. Les applications de la législation Nouveau Monde eurent les effets escomptés de booster la croissance et de dynamiser le marché du travail. Les emplois étaient durs, mais il y avait du boulot et de nombreux chômeurs reprirent le chemin de l'usine avec soulagement et gratitude. Dans la même période, Carnavale accéléra sa modernisation, issant ses industries à la pointe de la technologie grâce à une montée en gamme dopée par des investissements records et une absence totale de droit du travail. Des secteurs entiers virent le jour dans ces années-là et pendant quelques temps le travail paya. On commençait à envisager une vie meilleure, un peu de stabilité dans la Principauté et encore aujourd'hui les Carnavalais les plus vieux gardent souvent un souvenir ému de cette époque "où beaucoup de choses étaient possibles" et où "tout aurait pu être différent, si d'autres choix avaient été faits".


  • 1966 : Réouverture du Palais d'Hiver

Le Palais d'Hiver était resté fermé pendant la plus grande partie du Chaos. Ancien palais Dalyoha, la modernisation de l'île de Bourg-Léon au début des années 1910 leur fait abandonner le Palais d'Hiver pour une demeure plus moderne au sud de l'île. L'ancien palais restera inoccupé pendant plusieurs décennies avant d'être finalement réaménagé pendant les années 1920 afin de le transformer en asile. Lors du Chaos, l'asile du Palais d'Hiver est loin d'être une préoccupation pour les Dalyoha qui mobilisent leur personnel afin de concevoir des armes chimiques et n'accordent que peu d'intérêt à la recherche en psychiatrie. Le Palais d'Hiver est scellé, son domaine clôturé et les patients abandonnés sur place. Cette décision cruelle eut des conséquences par la suite puisqu'à la fin du Chaos, le domaine du Palais d'Hiver était devenu une communauté autonome de malades mentaux qui avaient réussi à survivre avec les moyens à leur disposition. Une agriculture minimale s'était mise en place et les psychiatres Dalyoha furent fasciné de voir comment, laissés en autogestion, des fous pouvaient faire société.

L'étude du Palais d'Hiver donna lieu à de nombreuses expérimentations et découvertes en psychologie dans la période post-Chaos. Les médecins entrèrent progressivement en contact avec les autorités locale et négocièrent avec elle d'étudier leurs populations en échange de divers privilèges. On date de cette période le début de la conceptualisation de la doctrine des Laboratoires Dalyoha visant à embaucher des individus présentant des caractéristiques de psychopathie ou de sociopathie, jugés plus aptes à mener des expérimentations inhumaines que des personnes neurotypiques. Plusieurs anciens patients du Palais d'Hiver qui s'étaient illustrés pendant le Chaos et acceptaient de collaborer avec les autorités de Bourg-Léon furent recrutés par Grand Hôpital où ils firent l'objet d'une réhabilitation. Le docteur Léopoldin de Rougemoignon, médecin de célèbre carrière à Grand Hôpital, est l'un des anciens malades mentaux qui purent bénéficier de ce programme.

Il faudra attendre l'année 1966 pour que le Palais d'Hiver soit rouvert au public. Des ailes entières demeurent néanmoins à ce jour inexplorée et des reliquats des anciennes sociétés de malades mentaux sont suspectées d'y résider. Le vaste domaine est régulièrement survolé par des hélicoptères qui témoignent avoir vu des potagers, cabanes et bâtiments artisanaux, qui n'existaient pas avant le Chaos et ont probablement été érigés par les fous.

La réouverture du Palais d'Hiver inaugure une nouvelle étape dans la répression hygiéniste à Carnavale. L'usage de l'étiquette "malade mental" permit de justifier l'arrestation et l'internement de nombreux adversaires des Dalyoha et la Principauté se fit progressivement à l'idée qu'il était légitime d'écarter de la société des individus intellectuellement déficients, inadaptés ou neuroatypiques. Outre le volet politique de l'internement, les départements de psychiatries connurent un grand essor à cette époque, explorant les secrets de la psyché humaine sans se soucier des limitations éthiques que rencontraient les laboratoires concurrents. Les années suivant la réouverture du Palais d'Hiver virent l'apparition d'un département de recherche sur la guerre psychique et psychologique, inspirée des méthodes transblêmes. Ce département cherche encore aujourd'hui à développer des méthodes et techniques visant à atteindre un adversaire sans s'en prendre à lui physiquement, afin de le neutraliser ou, dans les meilleurs scénarios, le retourner pour le compte de la famille Dalyoha.

Le développement, dans les années 1970, de ces recherches, permit à la Principauté d'affiner ses connaissances de la psyché humaine, les méthodes de manipulation liées à la propagande et au marketing. La réouverture du Palais d'Hiver en 1966 marque donc, pour Carnavale, l'entrée dans une nouvelle ère, où les armes et la destruction physique de ses ennemis n'étaient plus l'unique méthode pour remporter la guerre eschatologique qui couvait dans la Cité noire.


  • 1968 : Lois sur le Travail

Achèvement grandiose des Lois du Nouveau Monde, les Lois sur le Travail consacrent la doctrine carnavalaise : s'élever par l'effort et le génie, afin de transcender la réalité. C'est à cette époque que les Obérons impriment définitivement leur marque sur la direction politique prise par la Principauté qui ne conçoit plus la vie terrestre comme une fin, mais bien un moyen d'atteindre le paradis. Peu importent les morts, les accidents, les blessés et les drames : les travailleurs sont avant tout des âmes qui fournissent les rangs des légions de Dieu, en prévision de l'Apocalypse. Cette vision transcendantale de l'existence humaine justifie désormais l'abolition totale des lois assurant la sécurité du corps. Les Obérons paient dans l'au-delà les blessures subies sur terre. Plus aucune concession n'est accordée aux syndicats qui doivent se plier à cette conception millénariste de l'économie.

Les Lois sur le Travail réorganisent en profondeur l'architecture industrielle de la Principauté : la pauvreté n'est plus combattue, même de façon minimale, les politiques publiques, sanitaires, etc. sont abandonnées. Chacun devra désormais se débrouiller. Cette nouvelle doctrine vise à maximiser le malheur et l'horreur qui règne déjà dans la Cité noire, tout en fournissant à ses élites assez de libertés pour faire le choix entre une vie radicalement vertueuse, ou radicalement pécheresse. L'âme ne peut être sauvée si elle n'a pas le choix d'être morale, les bonnes actions comme les mauvaises doivent être le fruit d'une décision individuelle et non pas imposées par des détermination matérielles qui faussent l'équation. Pour les Obéron, il faut donc offrir aux hommes une liberté totale en toute chose pour permettre aux personnes saintes de vraiment s'élever jusqu'au paradis, et aux pêcheurs de mériter l'enfer. Les Lois sur le Travail achèvent de tout abolir : désormais Carnavale est libre et totalement maîtresse de son destin.


  • 1968 -1984 : Grande Dépression

La Grande Dépression sonne la fin des enthousiastes. L'effet rebond de l'économie post-Chaos ralentit et si les profits des ultra-riches progressent, la doctrine eschatologique carnavalaise porte rapidement ses fruits et plonge la population civile dans un grand marasme moral. Tout semble (volontairement) se désagréger, les tabous et les codes moraux disparaissent en l'espace d'une génération, l'espoir flétrit et l'enrichissement promis par la libéralisation de l'économie se fait sentir dans les hauts-quartiers, le bas et les médians voient eux leur niveau de vie chuter.

C'est la fin d'un espoir de stabilité pour les populations laborieuses qui ne peuvent plus envisager de s'installer durablement dans un bâtiment qui menace de s'effondrer, où former une famille devient un projet beaucoup plus complexe. Progressivement, dans les larmes et le sang, les Carnavalais abandonnent leurs standards d'une vie confortable et douillette. L'art de la débrouille, de la survie deviennent un nécessaire pour espérer un quotidien vivable et en l'espace de quinze ans, la mentalité des Carnavalais a complètement vrillé.


  • 1969 : Festival de l'universel

Le Festival de l'universel est le premier évènement que l'on peut formellement attribuer à une initiative du clan Castelage. Notoirement en retrait par rapport aux deux autres grandes familles Obéon et Dalyoha, les Castelage sont les maîtres de la banque et de la bourse, un secteur tertiaire florissant à l'aube de la mondialisation économique et qui sert d'huile dans les rouages aux ambitions de progrès industriel et scientifique du reste de la noblesse. Le Festival de l'universel se veut une démonstration de richesse et de puissance pour les Castelage qui organisent une grande procession traversant Carnavale des quartiers est vers la mer. Le festival dure dix jours, le temps de traverser la ville à pieds et montre que les milices Castelage, mobilisées aux côté de Commissariat Central pour sécuriser le parcours, peuvent prendre possession de la Cité noire (même pour un temps donné). Carnavale, indomptable, pouvait peut-être être dressée ? à condition d'y mettre les moyens militaires et financiers.

Pour beaucoup de citoyens carnavalais, le Festival de l'universel fut une occasion de pénétrer dans des quartiers qui leur étaient interdit en raison de la criminalité et des dangers inhérents à ces zones. Grande procession carnavalesque, les gens dormaient dans des tentes dressées sur les trottoirs, des échoppes ambulantes fournissaient les fêtards en nourritures, boissons et drogues diverses. Il s'agissait d'une fête géante, aux proportions gargantuesques et qui fit la démonstration de la folie et de la débauche dont étaient capables les habitants de la Principauté. De nombreux morts furent à déplorer mais cela ne gâcha pas pour autant l'enthousiasme général. A l'aube de la Grande Dépression qui s'apprêtait à frapper Carnavale, le Festival de l'universel fut pour la population un souffle d'air frais bienvenue avant quinze années de morosité.


  • 1972 : Premier clone humain carnavalais

Ce 6 juin 1972, les Laboratoires Dalyoha font une annonce qui s'apprête à changer le monde : à Bourg-Léon vient de naitre le tout premier clone humain de l'histoire. Les réactions internationales sont aussi bien horrifiées que fascinées, le bébé est viable et grandit actuellement sous couveuse, entouré de médecins. Cette prouesse technologique provoque un choc dans l'opinion public carnavalaise : les Laboratoires viennent de faire la démonstration, par les faits, de plusieurs de leurs hypothèses stratégique.

D'une part, l'abolition des normes éthiques semblent bel et bien favoriser le progrès technologique puisque les chercheurs de Bourg-Léon viennent de mettre une vitesse à tous les autres laboratoires de recherche en génétique du monde. Ensuite, l'être humain est une ressource comme une autre : elle peut être cultivée, sélectionnée, modelée à l'envie et au profit de l'intérêt de quelques uns, ou du plus grand nombre. C'est une révolution anthropologique et on ne parle plus à Carnavale que des progrès qu'apporteront les ciseaux ADN et le façonnage sur-mesure du génome humaine pour les prochaines générations. La Principauté, qui hésitait encore sur sa trajectoire politique, y voit la preuve qu'elle est seule maîtresse de son destin et peut, par le progrès scientifique, triompher de toutes les limites humaines et peut-être même de l'ultime tabou : atteindre l'immortalité.

Tandis que la population s'enfonce plus que jamais dans la Grande Dépression, la noblesse, elle exulte et n'a jamais été autant convaincue de sa propre puissance. De son propre potentiel.


  • 1975 : Lois sur le silence

En 1975 passent les Lois sur le silence, tandis que Carnavale s'engouffrent de plus en plus dans la Grande Dépression. Comme leur nom l'indique, il est interdit d'en parler. Toutes les archives des deux années précédents ces lois furent scrupuleusement détruites et on n'a aucune trace ni indice de ce qui s'est déroulé dans ce laps de temps.


  • 1980 : Prise de Fort-Marin

Depuis longtemps les Obéron jalousent aux Dalyoha l'île de Bourg-Léon, havre de paix à l'écart de Carnavale, où le clan peut se réfugier loin des mondanités obligatoires imposées par la société de cour carnavalaise. L'existence de Bourg-Léon est perçue comme une démonstration de puissance des Laboratoires, bien compris par le clan Dalyoha qui fait du roc son terrain de jeu et bâti dessus (et dessous) ses infrastructures industrielles de pointe. En 1980, le clan Obéron estime avoir recouvré assez de sa puissance pour frapper. Il lance son aviation sur Fort-Marin. Les îles marines (ou Marquises) étaient jusqu'au Chaos la propriété des princes de Vale. Depuis, elles ont acquis en autonomie et mènent leur propre politique économique, en partenariat avec la Principauté. La lignée Effraie de Méandre s'est emparé de Fort-Marin où elle occupe depuis des siècles les fonctions héréditaires de gouverneurs des propriétés occidentales.

Le 11 décembre 1980 au matin, les commandos Obéron sont parachutés au dessus des îles marines dont ils s'emparent par la force. Annabelle Effraie de Méandre est sortie de son lit et reconnait officiellement sa vassalité au clan Obéron. A midi, celui-ci annonce privatiser les îles. C'est un coup de semonce pour les deux autres grandes familles : les Dalyoha et les Castelage condamnent mais se refusent à rouvrir les hostilités ouvertement, d'autant qu'ils ne possèdent pas la capacité de projection suffisante pour contre-attaquer sur le terrain, en plein Océan d'Espérance. Par ailleurs, Carnavale a déjà trop saigné de ses luttes intestines et tout le monde redoute un nouveau Chaos.

Des mesures de représailles sont prises malgré tout. A partir du début de l'année 1981, les Jardins Botaniques connaissent une croissance agressive dans Carnavale et empiètent sur plusieurs quartiers adjacents. De nouvelles menaces, d'une nature plus étrange, se développent à Carnavale.


  • 1980 : Naissance de la première génération de clones

Dans les Laboratoires Dalyoha vient de naitre la première génération de clone. Des enfants conçus in vitro à Grand Hôpital, dans un million de ventre de mères porteuses (pas toujours consentantes), ils ont été conçus pour former une nouvelle génération de génies au sein de la Principauté. Carnavale, qui compte plus que jamais sur sa matière grise pour demeurer au sommet de la chaîne alimentaire, fait désormais naitre à tours de bras des bébé-éprouvettes, conçus à partir des cellules reproductrices des plus brillants esprits de la Cité noire. En procédant comme avec un cheptel élevé et sélectionné sur-mesure, les Laboratoires Dalyoha espèrent atteindre des scores de QI jamais vus encore de mémoire d'homme, nouvelle lubie d'Ambroise Dalyoha, le jeune patriarche du clan. Si Carnavale désire rester seule avec son modèle, elle doit pouvoir compter au sein de sa population toutes les ressources nécessaires à son succès. La création artificielle d'une génération de génie enthousiasme les grandes familles, le cour de l'action Dalyoha décolle.


  • 1981 : Couronne d'Améthyste

Le clonage se démocratise à Carnavale et les grandes familles en font le symbole de leur triomphe. Posséder un clone devient un privilège et la promesse qu'un jour, peut-être, Grand Hôpital réussirait à offrir l'immortalité aux citoyens de Carnavale. Ou tout du moins les plus fortunés. On se clone surtout dans le but de posséder des banques d'organes sur-mesure en cas de greffe ou de transplantation. Certains y voient également un moyen d'assurer l'avenir des futures générations et de leur patronyme en multipliant les héritiers.

C'est Arthur Castelage qui inaugure cette pratique en révélant, en 1981, qu'il a cloné l'embryon de sa femme afin de créer plusieurs exemplaires de sa fille et future héritière : Améthyste. Cette prouesse des Laboratoires Dalyoha fut appelée "Couronne d'Améthyste" par les commentateurs de l'époque et acheva de populariser la pratique du clonage au sein de la noblesse. Quatre décennies plus tard, la population carnavalaise compte un grand nombre de clones, plus ou moins bien nés, et la Principauté doit gérer les questions morales et politiques qu'entrainent l'existence de cette population née en éprouvette.


  • 1981-1991 : Grève de dix ans

La grève de dix ans est le premier mouvement social massif depuis le Chaos. Il aura fallu cinq générations aux Carnavalais pour reconstruire des syndicats de combat. Écrasés par les lois du Nouveau Monde, le prolétariat carnavalais trouve malgré tout à l'international des inspirations pour un contre-modèle économique, à rebours du capitalisme sauvage et confiscatoire imposé par la noblesse. Cette-dernière ne tolère évidement pas de telles fantaisies et s'engage un conflit social violent entre les masses organisées et les toutes puissantes grandes familles.

La grève de dix ans ne fait pas réellement référence à une grève ayant duré dix ans mais désigne la décennie où le mouvement social fut assez fort pour tenir tête aux élites de Carnavale. Pendant ces années les quartiers industriels alternèrent entre grèves perlées, manifestations, grèves sectorielles et, bien sûr, répression.


  • 1984-1990 : L'Oulipo

L'Oulipo est une courte période de six ans, à la fin de la grève de dix ans. Ces deux périodes ne sont pas décorrélées puisque l'Oulipo correspond à une tentative de sortie de la Grande Dépression par l'action. Une nouvelle génération de Carnavalais, probablement lassés du marasme général et constatant l'échec relatif de la grève et du mouvement social, se mit à chercher des solutions en dehors de la sphère politique, davantage dans l'expérimentation poétique. Le développement du clonage, des théories transhumanistes et post-humaines sont le moteur du courant oulipien qui considère que l'individu, y compris dans sa nature profonde, est un champ d'expression artistique au même titre que l'architecture, la peinture ou la littérature.

Pendant l'Oulipo, les Carnavalais explorent le plein potentiel de la Cité noire et de ses habitants. Ils renouent avec la grande tradition artistique avant-gardiste des artistes carnavalais tout en signifiant ses fractures avec le passé en raison de l'apport des nouvelles technologies dans l'art. Les jeunes oulipiens se réunissent entre eux sous forme de clubs, de salons et d'écoles associées à des courants contre-culturels jeunes et très dynamiques. En l'espace de six ans, le paysage artistique carnavalais est profondément bouleversé, l'Oulipo fait la démonstration qu'il est possible de s'éloigner des approches baroques et classiques dominantes dans la tradition carnavalaise, en faveur de conceptions plus modernes des formes et de l'esthétique. Carnavale opère un rattrapage rapide et nécessaire du reste du monde, ce qui fit émerger une fois de plus une vision personnelle et atypique de l'expression artistique, spécifique à la Cité noire.

L'Oulipo est assez mal vu par les forces traditionnelles de la gauche puisque le mouvement social, en perte de vitesse, dénonça régulièrement la captation des plus jeunes Carnavalais par les clubs et associations d'artistes, au détriment de l'engagement dans la grève et les syndicats. Les plus ancien accusent même l'Oulipo d'avoir été secrètement soutenu par les élites carnavalaises pour épuiser le mouvement social et empêcher la politisation des nouvelles générations. Il est vrai que, en adoptant une vision transhumaniste et futuriste de la société, le mouvement oulipien rejoint par certains aspects l'idéologie dominante en plein essor dans la noblesse. Il est possible que l'Oulipo soit une variation populaire des espoirs des élites, une façon de se réapproprier par le bas le potentiel naissant de Carnavale en tant qu'utopie des infinis possibles. Si l'homme et la ville ne font qu'un et peuvent être améliorés et transcendés, cela doit se faire par la science et par l'art d'une même énergie, et l'art est autant moteur de la science que la science de l'art. Les oulipiens conçoivent l'expérimentation artistique au même titre que l'expérimentation scientifique, mettent en place des protocoles de recherche dans le but de faire émerger des formes d'art originales et inattendues, en marge de l'imagination humaine.

On a accusé l'Oulipo de bien des choses, d'être une dynamique politique nihiliste, désespérée, un gâchis d'énergie militante au profit de la vanité de l'art. S'il est vrai que les œuvres les plus mémorables carnavalaises ne datent pas de l'Oulipo, les experts s'accordent néanmoins à dire que la période pave la route à celle de la Déréalisation, qui durera plus longtemps et sera bien plus profuse en production majeures. L'Oulipo apparait ainsi comme un brouillon, un sursaut parfois maladroit de Carnavale pour se sortir du marasme dans lequel l'avait plongée les lois du Nouveau Monde et les lois sur le Travail et une conjoncture économique écrasante pour les classes populaires.


  • 1986-2004 : Plan de modernisation de Grand Hôpital

Au milieu des années 1980, les Dalyoha prirent la décision de complètement restructurer Bourg-Léon et Grand Hôpital. Le complexe hospitalier, bien qu'à la pointe de la science médicale, n'était pas en mesure d'accueillir suffisamment de patients pour éponger le grand nombre de malades et de blessés que produisait chaque jour la Cité noire. Le plan de modernisation de Grand Hôpital ambitionnait d'augmenter la capacité d'accueil de Bourg-Léon à 450 000 lits d'hospitalisation complète et de 100 000 places d'hospitalisation partielle, répartis à 80% à Bourg-Léon et 20% dans des cliniques de quartier, en mesure de prendre en charge les cas les plus urgents. Des cliniques pour indigents virent également le jour dans les bas-quartiers, protégés par des miliciens et des miradors. Loin de proposer leurs services au pauvre par charité, les Dalyoha s'assurèrent ainsi de conserver leur monopole sur la santé publique et la distribution des médicaments.

Grand Hôpital fut agrandi de fond en comble. Les bâtiments anciens furent conservés pour devenir des extensions des écoles de formation pour les futurs médecins. Les patients, eux, purent bientôt être accueillis dans des ailes flambant neuves. Les Dalyoha investirent dans tous les aspects de l'hôpital, autant dans les bâtiments que les machines mais également dans l'apparat de l'île. En deux décennies, Bourg-Léon, déjà splendide, devint époustouflantes. Aux jardins, arbres et bosquets de fleurs exotiques vinrent bientôt s'ajouter des créations pures et simples issues des Laboratoires Dalyoha. Des espèces génétiquement modifiées à des fins récréatives, conçues pour émettre les parfums les plus envoutants et hypnotiques. Années après années, Bourg-Léon devint le réceptacle des plus belles créations des Laboratoires et un véritable jardin des délices, auquel n'aurait rien à envier Gérarôme Bouche, célèbre peintre carnavalais du XVème siècle.

Dans le tumulte des travaux, la Compagnie fit également agrandir les galeries déjà existantes sous le roc, en plus d'en creuser de nouvelles. L'île devint en quelques années un véritable gruyère où abriter les secrets professionnels du clan Dalyoha.


  • 1987 : Inauguration de l'Hôtel d'Eurysie

L'Hôtel d'Eurysie est, de mémoire d'homme, le plus beau bâtiment jamais construit sur terre. Du moins est-ce ce qui est marqué sur la plaque inaugurative, placée en face de son grand hall. Indiscutablement une merveille architecturale, il est le pinacle de ce qu'a pu produire le génie architectural des Carnavalais, lorsqu'un généreux mécène met à votre disposition des fonds illimités. Le clan Castelage, qui souffrait de ne pas appartenir à la noblesse de sang et savait sa position précaire malgré sa fortune, décida de s'imposer aux grandes familles par une démonstration de puissance économique.

L'inauguration de l'Hôtel d'Eurysie fut un message clair envoyé aux Carnavalais et au reste du monde : les Castelage détenaient les cordons de la bourse, et même s'ils ne produisaient ni armes, ni produits chimiques, leur fortune leur offraient autant sinon plus de pouvoir que leurs concurrents immédiats. En se plaçant en principaux maîtres d’œuvres de la ville, les Castelage revendiquaient indirectement l'héritage des princes de Vale, ce qui fut autant vu comme une initiative audacieuse et bienvenue qu'une imposture vulgaire, considérant l'absence de sang noble des banquiers.

On avait exposé dans l'Hôtel d'Eurysie les plus somptueuses œuvres d'art de la Cité noire, les tableaux de maîtres recouvraient les murs et l'architecture alliant avant-gardisme et tradition classique eurysienne était un régal pour les yeux et les sens, au point que de nombreux invités ressentirent un malaise, probablement atteint par le syndrome carnavalais, dit syndrome de Ragecarnage. Encore aujourd'hui on déconseille l'accès à l'Hôtel d'Eurysie aux personnes cardiaques, maladives ou souffrant d'hypertension.


  • 1990-2004 : Déréalisation

La Déréalisation correspond à une période extrêmement riche d'un point de vue artistique et politique pour Carnavale. Préparée par l'Oulipo et portée par le mécénat Castelage, la Déréalisation est le temps fort des artistes carnavalais et plus généralement de la population de la Cité noire. Pendant presque quinze ans, la Principauté perd pied, sous l'effet des drogues et de l'innovation scientifique galopante, la Déréalisation correspond au moment où Carnavale considère sérieusement pouvoir transcender les contraintes matérielles et repousser les limites des lois naturelles. La réalité devient secondaire pendant la Déréalisation et Carnavale est portée par un vent d'optimisme et d'excitation quant aux infinis possibles auxquels elle se donne accès.

La Déréalisation correspond, du point des mœurs et de la culture, à l'achèvement des politiques mises en place quelques décennies plus tôt pour abolir les tabous et les pudeurs qui persistaient encore dans ce vieux pays de tradition catholane.

Si la Déréalisation débute sous le signe de l’euphorie et de la conquête, elle s’achève dans un vertige. L’illusion d’un dépassement total du réel se fissure peu à peu, au fur et à mesure que les Carnavalais s’enfoncent dans leurs propres créations. La science, devenue art, et l’art, devenu science, finissent par produire des formes hybrides et instables, des existences ambiguës dont l’identité échappe à toute classification. La frontière entre l’humain et la machine, entre l’œuvre et l’artiste, devient si poreuse qu’on cesse de savoir qui agit, qui rêve, et qui manipule.

Les ateliers d'artistes, financés en partie par le mécénat des Castelage, fleurissent dans les faubourgs de la Cité noire. On y invente des exhausteurs sensorielles, des substances aux effets oniriques, des boîtes à musiques automatiques sont installées dans les rues où elles produisent des mélodies collectives, qui résonnent d'un bout à l'autre de la ville. Les artistes de la Déréalisation, souvent jeunes, sans formation scientifique mais profondément intuitifs, se font les apprentis-sorciers d’une nouvelle alchimie de la perception. Les arts traditionnels (peinture, sculpture, littérature) s’effacent peu à peu devant des expériences immersives où la conscience du spectateur est la matière première de l’œuvre. Le réel devient un matériau de composition comme un autre, malléable, réversible, volatil.

Vers la fin des années 1990, à l'approche du nouveau siècle, le mouvement s’étend dans les cercles les plus expérimentaux. Le développement rapide des nouvelles technologies Obéron et Dalyoha ouvrent des perspectives expérimentales : certains artistes prétendent par exemple « ouvrir » des portions de la réalité grâce à des dispositifs de recablâge neuronal, en se plantant des aiguilles électriques dans le crâne. D’autres affirment communiquer avec leurs doubles issus d’univers parallèles, ou ressentir une synchronisation avec leurs propres copies issues des programmes de clonage lancés à la fin de l’Oulipo. La Déréalisation prend finalement un tour mystique : la technologie se teinte de spiritualité, les sciences dures se mêlent aux anciennes croyances catholanes réinterprétées sous une forme hallucinée et extatique qui annonce le passage à l'Ircare.

Mais lcette énergie qui avait enchanté Carnavale commence à la consumer. L’effondrement des repères communs provoque une crise sociale sans précédent. Les dernières institutions perdent encore davantage de leur sens, et dans certains quartiers le langage lui-même se délite sous la pression des néo-dialectes inventés par les artistes. On parle dans certains cercles d’une « disparition du jour » : les praticiens de la Déréalisation, accoutumés à vivre dans des environnements artificiels, en viennent à ignorer le cycle naturel du temps. L’économie de la Principauté, dopée par la production d’artefacts de stimulation sensorielle et d’expériences virtuelles oniriques, s’emballe puis s’effondre brutalement au tournant du millénaire.

Autour de 2001-2002, la Déréalisation touche à sa limite. Les plus lucides commencent à parler de Saturation : un état où tout est possible mais plus rien n’a de poids. La population carnavalaises, épuisée par quinze années d’excès sensoriel et de excès mentaux, revient peu à peu vers des formes plus tangibles d’existence et notamment à la foi. Certains réclament un « retour au corps », sur le modèle du Christ qui s'est incarné pour se sacrifier, et des interprétations théologiques nouvelles voient le jour à Carnavale. Certains religieux accusent la Déréalisation d'avoir essayé de singer le paradis en détachant l'homme de sa chair par les sens et l'imagination. D'autres au contraire voient dans la Saturation la prise de conscience des limites de ce que le corps physique peut proposer comme expérience, et invitent les Carnavalais à se tourner davantage vers la religion.

La Déréalisation, en s’éteignant, laisse une trace paradoxale : un âge d’or de la création, mais aussi le souvenir d’un moment où Carnavale a cru pouvoir abolir le réel lui-même et y a presque réussi. Cette tentation persiste d'ailleurs dans la Cité noire et plusieurs propositions politiques appellent au retour à des formes de nouvelles déréalisations, avec les moyens modernes.


  • 1991-2000 : Charmerie

La Charmerie est autant une réponse à la grève de dix ans qu'une tentative du clan Castelage de renforcer son pouvoir à Carnavale face à la monté en puissance des deux grands clans Obéron et Dalyoha. Longtemps confinés au secteur bancaire où ils règnent en maîtres, les Castelage ont cependant conscience de la précarité de leur situation car s'ils peuvent théoriquement couper le robinet économique de la Principauté, rien ne les protège réellement contre une attaque de la part des autres grandes familles qui pourraient les exproprier par la force. La fortune des Castelage grandit néanmoins, suçant sa manne de l'économie mondialisée dont elle l'un des principaux acteurs, et la porte d'entrée du marché carnavalais pour les entreprises étrangères. Fort de sa fortune, les Castelage mettent en place la Charmerie, une opération sur dix ans consistant à s'acheter la fidélité du peuple de Carnavale en multipliant les largesses et en investissant les profits de la Principauté dans des projets reconnus d'utilité publique. Ils cherchent par ailleurs à concurrence les Dalyoha qui, grâce à la modernisation de Grand Hôpital, jouissent également d'une bonne réputation chez certaines couches de la population en raison des soins que leurs fournissent les Laboratoires.

A rebours de la noblesse qui concentre ses richesses dans les hauts-quartiers, les Castelage prennent sur eux de financer plusieurs grands travaux d'aménagement urbain, notamment pour faciliter la logistique intra-muros de Carnavale, où circuler est toujours complexe. Les Castelage lancent plusieurs appels à projets dans les bas-quartiers afin d'en soutenir l'économie et l'autonomie. Si ces investissements demeurent dérisoire comparés aux mannes financières entre les mains de la noblesse, elles participent à la bonne presse des Castelage auprès du petit peuple. Les banquiers jouent assez subtilement sur leur ascendance roturière pour se présenter comme un contre-modèle à l'hégémonie de la noblesse d'épée, tout en s'assurant de ne pas être ostracisée par la société de cour mondaine qui règne sur la Cité noire.

Les Castelage investissent également dans l'éducation et les services de premières nécessité. La santé étant préemptée par les Dalyoha, les Castelage financent des écoles publiques, primaires, collèges et lycées. Ils rénovent également plusieurs institutions autrefois publiques tel que le Museum Carnavalis ce qui, bien que très symbolique au regard des fortunes en jeu, influe positivement sur leur image auprès des Carnavalais attachés au patrimoine national.


  • 1995 : Lancement de la base spatiale Obéron

La concurrence ne ralentit pas entre les grandes familles qui sont davantage en compétition les unes contre les autres qu'avec le reste du monde, à la traine. Quinze ans après leur triomphe à Fort-Marin le clan Obéon réussit un nouvel exploit qui surprend le monde entier : placer un module spatial permanent en orbite. Le module se destine à être habité par des scientifiques et reçoit, en 1996, 1998 et 2002, plusieurs autres compartiments qui viennent s'y greffer pour constituer une véritable base spatiale en orbite autour de la terre. Le triomphe est total : les Dalyoha reconnaissent la prouesse et négocient avec le clan Obéron de pouvoir mener des expériences en apesanteur. En 2005, un module spécialement conçu pour les travaux menés en biochimie est rattaché à la base.

La base spatiale Obéron propulse de fait la Principauté dans la course à l'espace où elle occupe une bonne position. C'est encore une fois une preuve de la capacité de Carnavale à concurrencer les nations les plus avancées au monde sans alliances ni partenariats. Une doctrine de souveraineté jusqu’au-boutiste qui compense le retard pris faute de coopération internationale par l'extrême qualité de son système éducatif intérieur et de ses institutions scientifiques. Les élites carnavalaises, fertiles, fournissent les rangs des scientifiques, ingénieurs et médecins qui travaillent sur les projets les plus ambitieux de la Principauté.


  • 2001 : Assassinat d'Ambroise Dalyoha

Le 26 juin de l'année 2001, alors qu'il sortait d'une séance de cinéma avec son fils, Ambroise Dalyoha est assassiné en pleine rue, au cœur du quartier de l'Elysée. L'absurdité d'un tel crime soulève immédiatement de nombreuses questions, notamment sur la possibilité que l'assassinat du patriarche des Dalyoha ait pu être commandité par une famille concurrente. Un soupçon d'autant plus fort que Blaise Dalyoha, son fils unique, est à ce moment le dernier membre encore vivant du clan. Tout juste âgé de sept ans, c'est un jeune homme vulnérable et entouré de dangers. Si le clan Dalyoha venait à perdre son héritier, les cartes de la Principauté seraient rebattues. Le drame émeut et le sort de l'enfant est largement commenté par la presse people qui paie une fortune les photographies du jeune garçon.

Les avocats du clan Dalyoha reprennent la relève, ainsi que le directeur de Grand Hôpital, le Docteur Philippe Géminéon qui assure la gestion des affaires courantes. L'enfant grandit dans un lieu enchanteur, à l'abri des menaces potentielles, bien en sécurité sur l'île de Bourg-Léon.

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Principaux évènements de la période contemporaine
(à partir de la création de Carnavale en jeu)



  • 2004-2017 : L'Icare

L'Icare désigne la période de treize ans où la Principauté se préparait à provoquer l'apocalypse. La Déréalisation prend fin avec la Saturation et les Carnavalais sont avides d'un retour à des fondamentaux civilisationnels tangibles et rassurants comme la religion catholane. Durant cette décennie, l'entièreté des ressources de Carnavale ont été consacrées à faire advenir la fin du monde : la noblesse s'est vautrée dans le vice le plus immonde et outrageant, la Cité noire a multiplié les blasphèmes et les provocations, toute décence, toute morale, tout dignité humaine a été consciencieusement bafouée afin d'attirer l'attention de l'antéchrist. Dans le même temps, les Industries Obéron se préparaient à assassiner un maximum de catholans en fourbissant leur arsenal balistique, les Dalyoha produisaient des anges in vitro à la chaîne et les Castelage... dégageaient des bénéfices sur tout cela.

En l'espace de quelques années la Principauté s'est hissée comme une puissance industrielle, culturelle et scientifique de premier plan, au prix de sa production civile et d'une inflation record. Ce sacrifice a payé néanmoins puisqu'en un temps record, Carnavale a pu se doter d'un arsenal balistique sans équivalent dans le monde et devenir précurseur en matière de science balistique, de fuséologie et de construction d'avions de combat.


  • 2004-2017 : Thésaurisation des Castelage

La thésaurisation des Castelage est un phénomène économique spécifique à Carnavale où la noblesse choisit d'amasser sa richesse en la réinvestissement au minimum dans l'économie réelle. Les fonds s'accumulèrent dans les coffres de la Banque Princière Castelage où ils étaient volontairement gelés sans que personne ne puisse y toucher. La Cité noire dormait tel un dragon sur un tas d'or. La noblesse poursuivait en fait un objectif millénariste religieux. Conformément aux enseignements des évangiles : Il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux (Évangile selon saint Matthieu 19, 23-30), les grandes familles étaient persuadés qu'il était de leur devoir de catholan d'appauvrir volontairement la population carnavalaise, mais aussi qu'en empêchant leur argent de travailler pour elles, elles augmentaient leurs chances de sauver leurs âmes.

Toujours est-il que, de façon assez prévisible, la croissance ralentit progressivement jusqu'à s'arrêter complètement de progresser dès les années 2008. Une inflation galopante s'empara alors du pays tout entier, retardant le développement, sauf dans les industries stratégiques choisies par les grandes familles pour servir l'avènement de la fin du monde. La thésaurisation des Castelage est l'une des raisons qui explique que Carnavale semble parfois sortie du passé, la Principauté n'a pas suivi la même trajectoire économique que le reste de ses voisins et son entrée dans la mondialisation s'est faite par le haut, les pauvres (qui représentent l'écrasante majorité de la population) n'ayant pas accès aux biens de consommation importés.

La thésaurisation des Castelage prit fin avec l'Armageddon't et l'échec de la prophétie millénariste carnavalaise. La Banque Princière rouvrit le robinet des liquidités, entraînant un boom économique spectaculaire dans la Cité noire.


  • 2005 : Lancement du projet HARPE

En 2005, la Principauté lance le projet HARPE pour Haute Atmosphère : Régulation, Pulvérisation, Épandage. Son ambition est de contrôle, par l'alliance de la chimie et de la balistique, la météo et dans une moindre mesure, le climat, à des fins économiques mais également religieuses. La Principauté commence par faire tomber la pluie sur ses champs, puis des produits chimiques et des substances médicamenteuses. Elle réalise plusieurs essais dans le but de faciliter le traitement des maladies à grande échelle mais également la décontamination de larges zones infectées ou toxiques. En 2006, elle fait pleuvoir du sang de cochon sur son territoire dans le but d'en chasser les musulmans et les juifs, reproduisant ainsi l'une des calamités bibliques.


  • 2005 : Anéantissement de la Francisquie au Sabat VII

L'anéantissement de la Francisquie pour causes d'impayés à la Banque Princière Castelage par usage d'armes bactériologiques fut autant une démonstration de force, un avertissement aux ennemis de la Principauté qu'un test grandeur nature pour l'efficacité des technologies Dalyoha et Obéron. Au prétexte de recouvrer ses dettes auprès de l'Empire Latin Francisquien, Carnavale diffusa l'agent chimique Sabat VII au dessus de la frontière, entraînant rapidement une réaction en chaîne jusqu'à causer l'effondrement du pays déjà exsangue. S'attendant à devoir affronter la colère du reste du monde, Carnavale fut assez surprise de découvrir la passivité de la communauté internationale en matière de lutte contre l'usage des armes de destruction massive. Confortée dans l'efficacité de sa stratégie, elle accéléra son programme de construction de missiles jusqu'à devenir en l'espace d'une décennie de très loin la première puissance balistique du monde et une référence en matière de fuséologie. Le message était désormais clair : s'en prendre aux intérêts de Carnavale, c'était s'exposer à une contre attaque sans demi-mesure.


  • 07/10/2016 : Anéantissement de la Kabalie au CRAMOISI

Dix ans après l'Empire Latin Francisquien, les Laboratoires Dalyoha et les Industries Obéron achevaient la première étape de leur projet millénariste : la création d'un jardin d'Eden sur la terre, en prévision du retour de Jésus Christ. Mais un tel jardin exigeait de faire table rase de la flore et de la faune déjà présentes sur place, indigènes compris. Les Laboratoires Dalyoha travaillèrent à la conception d'un agent chimique d'une ambition nouvelle : l'agent CRAMOISI. Il avait pour particularité de posséder une létalité extrêmement élevée mais qui se dissipait quelques jours seulement après son contact avec l'air, et ses effets pouvaient être contrecarrés grâce à l'utilisation préalable d'un vaccin.

Le 7 octobre 2016, Carnavale tira une salve de missiles balistiques à large diffusion sur le désert de Kabalie, une vaste étendue de sable en Afarée, exclusivement peuplée de bédouins et de quelques caravansérails permanents sur les côtes. La puissance explosive des tirs, équivalentes à près d'un million de tonnes de tnt, ravagea profondément le désert au point de le rendre totalement méconnaissable. 95% de la population bédouine fut exterminée en l'espace de quelques heures. Recouverte d'agent chimique, la faune et la flore moururent dans les jours qui suivirent.

Beaucoup de nations condamnèrent la destruction de la Kabalie par Carnavale, mais aucune n'osa agir de façon conséquente. La Principauté avait désormais le champ libre pour dérouler la première étape de son plan : la colonisation de cette terre viergisée par de bons catholans, volontaires pour préparer le terrain en prévision du retour de Jésus Christ.


  • 2016-présent : Colonisation de CRAMOISIE©

Quelques semaines seulement après avoir anéanti la Kabalie, Carnavale démarre officiellement la colonisation du désert rouge. Anticipé de longue date par la Principauté, les colons débarquent à Printempériebourg (future Salem-Aleykoum) dans les pas des miliciens et commandos nettoyeurs chargés de sécuriser la région. L'utilisation de l'agent CRAMOISI facilite beaucoup la capture des points stratégiques bien que des poches de résistance subsistent dans les premiers mois. Au nombre de deux millions, les colones s'installer de part et d'autre du continent tandis que les Industries Obéron prennent possession du point d'impact de leur missile principal, zone baptisée Grand Cratère pour des raisons évidentes.

La colonisation progresse rapidement dans les premiers mois suivant l'arrivée des premiers colons. Les Laboratoires Dalyoha implantent des serres et terraforment des petites zones pour les rendre fertiles et adaptées à accueillir des plantes OGM spécialement conçues pour pousser dans le sable et sous le climat ouest-afaréen.


  • 18/11/2016 : Catastrophe d'Athenastra

La catastrophe d'Athenastra survient peu après la signature d'accords militaires entre CRAMOISIE© et la Némédie, pays nord-afaréen avec qui Camille Printempérie cherchait à se rapprocher. L'aviation cramoisienne propose, à titre amical, de mettre fin à la menace terroriste qui sévissait dans les montagnes némédiennes en larguant sur la région des agents chimiques extrêmement agressifs. Les substances en dévalant les flancs devaient permettre de déloger les forces embusquées dans les grottes de la région. Problème de dosage ou réaction en chaîne, les agents chimiques carnavalais deviennent incontrôlables et détruisent plusieurs villages avant de frapper les villes en contrebas des montagnes. Ravagée de l'intérieur par la peste rouge, la Némédie s'effondre en quelques semaines et Carnavale perd un allié dans la région.


  • 24/12/2016 : Anéantissement d'Estham au Sabat III

  • 16/01/2017 : Armageddon't

L'Armageddon't est un épisode complexe de Carnavale, parfois comparé à un "petit Chaos" dans le sens où, plus modestement que les évènements de 31-38, il rebat les cartes du pouvoir et favorise l’émergence de nouvelles puissances internes à la Cité noire. Comme le capitalisme, la Principauté se nourrit de ses crises pour ressortir plus forte et florissante.

L'Armageddon't, s'il avait réussi, se serait appelé Armageddon. C'est parce que l'apocalypse promis par le clan Obéron n'advient pas que l'épisode est renommé Armageddon't : l’Armageddon qui n'advint pas. Aboutissement d'un plan conduit sur plusieurs décennies par Pervenche Obéron, cette dernière cherche à attirer le diable en personne dans ce cloaque qu'est devenu la Cité noire, summum du vice, de la débauche et de l'amoralité, afin de provoquer la fin des temps. Le plan se déroule en plusieurs étapes : consciencieusement, grâce à la thésaurisation des Castelage, les élites de Carnavale se sont accaparées la quasi totalité des richesses produite sur la Principauté. Selon l'adage biblique qu'il est plus simple pour un chameau de passer dans le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer au royaume de Dieu (Mat. 19, 24 ; Marc 10, 25 ; Luc 18, 25), la Principauté espère maximiser la pureté de l'âme de ses concitoyens, réduits à un niveau mortifère d’indigence, tout en favorisant la criminalité et la démesure afin d'attirer l'attention de l'Antéchrist.

Par ailleurs, les progrès des Laboratoires Dalyoha en matière de génie génique et de séquençage ADN donnèrent à la préparation de l'Apocalypse un tournant encore plus ambitieux. Afin d'assurer au Seigneur la suprématie militaire sur l'Antagoniste, Carnavale se mit à cultiver un vitro des enfants asexués, littéralement angéliques, baptisés et exécutés à la naissance. Une véritable ferme à âmes tournant à plein régime dans les tréfonds de la Cité noire.

Faire de Carnavale le berceau du pire de l'humanité prit quelques décennies de travail qui trouvèrent leur aboutissement dans les dernières années de la vie de Pervenche Obéron. Voyant son âge avancer, celle-ci fit le choix d'accélérer la mise en place de l'apocalypse en finançant très largement le projet CRAMOISIE©, censé poser les bases du futur jardin d'Eden sur la terre. La Dalyoha Compagnie apporta des gages pour la création de ce jardin artificiel, quant à la Banque Castelage elle débloqua une partie de ses fonds faramineux. D'un commun accord, chacune des trois grandes familles se vit offrir un tiers des parts du projet, rachetant par cette action sainte leurs pêchés auprès de Dieu.

Le plan Obéron connu cependant quelques revers : le neveu de Pervenche Obéron, Fulbertrand Bienheureux dit "Justin 1er" puis "Justin l’Éternel" échoua à gagner le trône de Saint Pierre au profit d'un incompétent que tout le monde oublia sitôt élu. L'élection d'un pape carnavalais, premier serviteur du Christ, aurait assurément attiré l'attention du Seigneur sur la Cité noire. On souffla à Pervenche Obéron que peut-être fallait-il mieux reporter l'apocalypse, mais la doyenne du clan préféra enjamber les résultats du conclave. Justin fut nommé pape noir de Carnavale (le troisième en activité à ce moment-là) et son esprit téléchargé sur les serveurs des Industries afin de lui permettre de transcender son corps mortel et devenir un pur esprit, capable de guider les croyants pendant l'Apocalypse malgré les cataclysmes attendus. Le pape Justin devint Justin l’Éternel, une intelligence artificielle encore en activité aujourd'hui au service de la Principauté de Carnavale.

CRAMOISIE© aurait mérité de se développer pendant encore quelques années afin de laisser le temps aux colons de poser les bases de l'Eden rouge mais les provocations répétées de pays de l'OND dans l'espace aérien carnavalais et les rumeurs de complot luciférien dans le désert rouge convainquirent Pervenche Obéron d'accélérer encore les évènements. La Principauté avait désormais besoin de commettre un acte suffisamment odieux pour attirer l'Antéchrist sur terre, tout en fournissant les armées du Seigneur en bataillons d'âmes pures. Le choix se porta assez aisément sur Estham, capitale de l'Empire du nord, pays de foi catholane et qui avait récemment provoqué la Principauté. La ville fut rasée d'une frappe balistique massive portant des charges neurotoxiques SABAT III.

Avec la destruction d'Estham, Carnavale avait enclanché un engrenage divin qui n'autorisait aucun retour en arrière. Le diable, certainement, devait arpenter les rues de la Cité noire. Le piège allait se refermer sur lui. Pervenche Obéron avait négocié avec Blaise Dalyoha pour que, le jour du jugement dernier, les Laboratoires Dalyoha diffusent sur toute la ville un gaz assassin afin d'envoyer cinquante millions d'âmes angéliques renforcer les armées du Seigneur dans son combat final. Dans le même temps, la noblesse devait être exécutée (et non suicidée comme on la qualifie parfois) par les miliciens Dalyoha et Obéron.


  • 2017-présent : La Municipale

La Municipale est la période débutée avec la prise de pouvoir d'Améthyste Castelage, jusqu'à la période contemporaine. Son nom est encore provisoire (traditionnellement les périodes historiques carnavalaises sont nommées a posteriori) et fait écho au nouveau partage des pouvoirs dans la Principauté de Carnavale, suite au suicide de l'ancienne noblesse pendant l'Armageddon't. Le clan Castelage s'allie aux principales institutions de la Cité noire comme Commissariat Central, le Tribunal Populaire et les milices Obéron, ainsi que des puissances étrangères comme le Grand Kah. Plusieurs lois du Nouveau Monde sont abrogées, notamment celles tenant aux libertés syndicales, d'association, de conscience et de liberté d'expression.

La Municipale signe aussi le retour des élections municipales à Carnavale et le renouvelle du conseil municipal dans sa grande majorité. Historiquement sans réel pouvoir politique, le conseil municipal a la charge des affaires courantes à Carnavale. Les nouvelles élections portent la promesse d'un vent de fraicheur dans la Cité noire et permettent à ses habitants de trancher certaines des grandes orientations futures de la Principauté.

La période est par ailleurs un grand moment de réinvestissement économique et de libération des capitaux infinis de Carnavale. Dans la première année qui suit l'Armageddon't, la Principauté double quasiment son PIB et recouvre presque la totalité de son appareil industriel. La bourgeoisie aux dents longues profite de l'appel d'air laissé par la noblesse pour récupérer la majeure partie du capital laissé vacant et multiplier par cent leurs fortunes. Des fleurons émergent des ruines, tel que Robotic & Toc ou Cielestin Armatteur. C'est aussi, sous l’œil bienveillant des Castelage, l'explosion des fonds d'investissements qui réinjectent enfin l'argent dans l'économie réelle, mettant fin à la grande thésaurisation.

Paradoxalement, la Principauté doit aussi faire face à de nouveaux défis tel que la pénurie énergétique. Fortement gourmande en électricité et en carburant, la demande ne fait que s'accroitre avec l'explosion de l'économie. Pour la première fois de son histoire, Carnavale se tourne vers des partenaires extérieurs, comme le Drovolski, pour développer un parc nucléaire civil, et vers CRAMOISIE© pour l'exploitation des ressources pétrolières et gazières du désert rouge.


  • 2017-présent : Refloration de Carnavale

La refloration de Carnavale fait suite à l'épandage d'engrais sur la Cité noire par Blaise Dalyoha, suivi de son arrosage de graines. Pour la première fois en dehors des Jardins Botaniques, la nature était réintroduite à Carnavale qui se mit à fleurir et ses friches à se recouvrir de verdure. Les graines se logent dans toutes les interstices où elles poussent comme autant

La refloration se fait progressivement en raison de l'intense saturation des sols carnavalais en pollution et produits chimiques herbicides mais le phénomène semble difficile à enrayer tant les graines épandues par les Laboratoires Dalyoha sont de souches résistantes et vivaces. Si dans les premiers mois certains quartiers tentèrent d'arracher les plantes ou de les détruire, la plupart renoncèrent finalement devant l'ampleur de la tâche. Carnavale n'est pas encore un jardin, mais elle pourrait bientôt le devenir, si on lui laisse quelques années supplémentaires. Allez savoir quel but poursuit Blaise Dalyoha avec un tel projet...?


  • 15/02/2017 : Déclaration d'indépendance de la RAC©

Dans l'ombre du projet colonial catholan se trame un complot : les satanistes, guidés par le pape noir Bartholoméon de Petipont, se sont infiltrés au sein des colons en partance pour le désert rouge. Leur objectif était de faire échouer le projet de jardin d'Eden à CRAMOISIE© pour l'offrir en offrande à leur Seigneur : l'Antagoniste. Pendant la nuit de l'Armageddon't, de violents combats s'engagent qui opposent les catholans les plus fanatiques aux satanistes. Le constat d'échec de la prophétie apocalyptique plonge cependant les sectes dans une profonde tourmente existentielle, dont elles sont heureusement tirées par l'action rapide de Petipont. Ce dernier ajuste la doctrine théologique pour passer au luciférisme : un athéisme radical, humanisme total qui prône l'abolition radicale des normes morales et la libération de l'être humain par la science et le progrès. Les hommes de Petipont destituent Camille Printempérie quelques jours après l'Armageddon't et s'emparent du désert rouge.

Il faut encore plusieurs semaines aux lucifériens pour s'organiser. Bartholoméon de Petipont bataille avec les autorités carnavalaises pour préempter les actions Obéron, en pleine liquidation, et tenter d'obtenir la majorité des parts au conseil actionnarial de CRAMOISIE©. La Société Luciférienne Carnavalaise réussit l'exploit de racheter les-dites parts et négocie par ailleurs avec Améthyste Castelage qui met en vente ses propres actions, permettant à Petipont de devenir actionnaire majoritaire. Grâce au soutien du conseil actionnarial (qui exige néanmoins le retour de Camille Printempérie comme PDG-Protecteur), Bartholoméon de Petipont déclare l'indépendance de CRAMOISIE© vis-à-vis de la Principauté de Carnavale et proclame la République Actionnariale de CRAMOISIE©. Les milices Obéron qui tenaient le site industriel de Grand Cratère acceptent la RAC© suite à l'intervention des huissiers et Petipont leur offre l’amnistie totale et de constituer l'armée nationale cramoisienne, ce qu'elles acceptent.

La politique cramoisienne change alors du tout au tout afin d'adopter les valeurs du luciférisme. Les Kabaliens obtiennent la nationalité, le génocide cesse et Bartholoméon se lance dans une intense croisade diplomatique pour obtenir les faveurs des pays voisins et conquérir la légitimité de la RAC© à exister dans le désert rouge. Plusieurs accords exclusifs sont signés avec la Principauté de Carnavale, les Laboratoires Dalyoha obtiennent de rester principal organisateur de la terraformation du désert rouge pour obtenir l'autonomie alimentaire, quant à Améthyste Castelage elle se porte garante de la sécurité de CRAMOISIE© et intercède en sa faveur pour lui fournir les armes minimalement nécessaires à la défense de son territoire.

Bartholoméon de Petipont obtient plusieurs succès diplomatiques, et quelques échecs. Mais ce n'est plus l'histoire de Carnavale...


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