17/11/2017
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Histoire de Carnavale

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Histoire de Carnavale


INTRODUCTION GÉNÉRALE

Carnavale n'est pas née d'hier, loin de là. Vestige d'une époque révolue, la région était autrefois connue sous le nom de Principauté de Vale, un petit territoire côtier, vivant du commerce maritime, de la culture des huitres perlières et de ses manufactures de textiles. Relativement isolée en raison de la position péninsulaire de son territoire et de la Clovanie voisine qui interdisait le passage des armées ennemies, les princes de Vale prospérèrent discrètement tout au long du Moyen-Âge. La Renaissance eurysienne fut un tournant et une période glorieuse pour la Principauté qui se distingua des autres nations par une politique avant-gardiste en matière d'architecture, de soutien aux arts, aux lettres et aux sciences. Par le mécénat, les princes de Vale attirèrent à Carnavale certains des plus grands esprits de leurs époques et la capitale devint au fil des siècles un havre d'inventeurs et de visionnaires qui contribuèrent au progrès culturel et scientifique de l'Eurysie occidental.

Relativement préservée des menaces extérieures, la Principauté de Vale pouvait se consacrer entièrement à ses querelles internes et la concurrence des nobles entre eux prit autant la forme de sanglants conflits armés que d'une course au patronage des personnalités en vue de chaque génération. Cette culture permit un enrichissement toujours plus rapide de la Principauté au cours des siècles, chaque maison redoublant d'ingéniosité pour se distinguer de ses adversaires et gagner les faveurs des princes.

Elle trouva néanmoins ses limites à l'aube du XXème siècle. L'adoption de la révolution industrielle par la Principauté de Carnavale avait considérablement enrichi marchands, bourgeois et grandes familles nobles qui rivalisaient désormais en puissance avec la couronne de Vale. L’État central, affaibli par les pressions d'une puissante noblesse aux dents longues, perdit peu à peu le contrôle sur les rentrées d'argent dans le pays. Incapable de lever efficacement l'impôt en raison de la corruption galopante au sein de son administration et de ses forces de polices, la grande bourgeoisie d'affaire et la vieille noblesse ne tardèrent pas à largement monopoliser les bénéfices du commerce à leur profit, gagnant de ce fait de plus en plus de pouvoir sur les princes de Vale.

A partir d'un certain stade, la couronne était finalement devenue un pouvoir fantoche pour le contrôle duquel les principales familles fortunées ne tardèrent pas à s'entre-déchirer. Dépensant des fortunes toujours plus colossales pour financer leurs luttes intestines, elles monopolisèrent une grande part de la productivité du pays pour nuire à leurs rivaux et la région sombra en quelques décennies dans le chaos et la pauvreté. Les larges allées pavées voyaient apparaitre les herbes folles, les grands building art déco rouillaient à vue d’œil, leurs vitres progressivement brisées unes à unes sans jamais être remplacées, les devantures des magasins de luxe étaient pillées et faute d'entretien des services publics, l'accès aux besoins vitaux comme l'eau et les soins devint de plus en plus compliqué, poussant la population à se tourner vers la criminalité.

La Cité noire, autrefois époustouflante, devint suffocante. Toutes les normes abolies, morales et industrielles, vicièrent l'air et le cœur des habitants de Carnavale. Se côtoyaient dans la centaine de quartiers que comptait la capitale autant le superbe que l'odieux, le meilleur et le pire d'une humanité perdue, se débattant contre elle-même. Le drame carnavalais sonnait quelque chose de l'échec de l'humanité dans son ensemble, qui transforma en quelques décennies seulement la perle de l'Eurysie, le joyau noire, la plus belle ville du monde, en une immondice crasseuse, une catin vérolée, dégueulant de miasmes, de cadavres et de crimes.

Cette guerre larvée entre les différents gangs et grandes fortunes de la ville trouva son aboutissement lors d'un épisode particulièrement traumatisant et trouble : le Chaos de Carnavale. Les princes de Vale, au pouvoir depuis longtemps fantoche, s'écroulèrent un jour et avec eux le dernier semblant d'ordre qui régnait sur cette terre désormais maudite. Pendant plusieurs années, la Principauté sombra dans une anarchie violente et confuse, se dévorant elle-même, excitée par sa propre beauté et sa propre grandeur, elle s'arrachait de larges morceaux de peau dans l'espoir de s'accaparer pour elle seule un peu d'elle même. Chaque Carnavalais voulait sa part du butin, tous rêvaient de posséder en propre quelques fragments sanglants de la Cité noire.

Du Chaos, de nombreuses familles cherchent encore à retrouver la trace de proches disparus à cette époque et beaucoup de zones d'ombres subsistent sur l'implication de tels ou tels groupes dans certaines exactions. Si des travaux de recherche et de mémoire sur le sujet on parfois essayé de voir le jour, la plupart de ceux qui tentent de comprendre plus finement le déroulé de la période ont connu un destin tragique et inexpliqué. Une chose est sûre cependant, cette guerre généralisée vit l'extinction de la lignée des princes de Vale et l'arrivée au pouvoir de trois familles issues de l'ancienne élite : les Dalyoha, les Obéron et les Castelage.

Le pouvoir, les familles l'ont de fait : en apparence, la Principauté est toujours une monarchie constitutionnelle dirigée par le "Conseil Municipal" (un ensemble d'élus travaillant à l'hôtel de ville de la capitale, Carnavale) d'où ils sont supposés gouverner le pays. Dans la réalité le Conseil Municipal n'a aucun pouvoir : les quartiers appartiennent aux gangs qui eux-mêmes travaillent pour les grandes familles. Les services publics sont complètement abandonnés, faute d'impôts pour les maintenir à flot et les institutions en charge du bon fonctionnement du pays fonctionnent désormais en autogestion, influencées par les mécènes qui acceptent de les financer en échange de leur soutien. Ainsi, Dalyoha, Obéron et Castelage, sous couvert de charité philanthropique s'achètent la paix sociale et rappellent à qui pouvait en douter leur caractère incontournable à Carnavale : sans eux, la ville sombrerait immédiatement dans un nouveau Chaos.

Les choses changent cependant à Carnavale. Abandonnées à leur toute puissance, les grandes familles ont chacune joué une partition eschatologique différente. Dominant grâce au commerce des armes et son hégémonie industrielle, le clan Obéron ont fait de Carnavale un gigantesque piège censé provoquer, par l'omniprésence du vice dans ses rues, la fin des temps et la venue des l’antéchrist. En secret, les Laboratoires Dalyoha fournissaient l'armée du Seigneur en anges vengeurs : en clonant des êtres parfaits, baptisés et exécutés, ils pensaient garnir les rangs de ses légions célestes. La Banque Castelage, huile dans les rouages de cette machine millénariste, érigea un empire financier capable de soutenir à bout de bras ce projet dément. Tandis que Carnavale se taillait sur mesure pour jouer le rôle de la nouvelle Babylone, CRAMOISIE© le désert rouge fut remodelé à l'arme chimique afin de devenir un nouveau jardin d'Eden. Jésus Christ sera fier, pensaient les Obéron.

Puis vint le jour de l'apocalypse. Estham, capitale de l'Empire du nord, fut rasée de la carte par la puissance balistique Obéron. Deux millions d'âmes supplémentaires pour le Seigneur. Deux millions d'innocents envoyés tout droit au paradis pour inverser au dernier moment le rapport de force et prendre l’antéchrist par surprise. Un renfort inopiné. Ignorant les récriminations internationales, Carnavale mit en place le plan des Obéron. La puissance chimique Dalyoha allait abattre sur la ville et alors que l’antéchrist fouleraient le sol de Carnavale, attiré par le pêché innommable d'avoir assassiné tant de monde, Carnavale allait s'assassiner elle-même et jeter dans la bataille cinquante millions d'âmes supplémentaires. Les trompettes de l'apocalypse résonnaient comme autant de missiles tirés dans le ciel nocturne et la ville se para d'une fumée profonde pour dissimuler aux yeux du monde le combat final qui se déroulait sur son sol.

Mais les choses ne se passèrent pas comme prévues. L'antéchrist ne vint pas, ni Jésus, et aucun ange ne descendit sur terre pour mettre fin aux temps. Dans un geste salvateurs, probablement prémédité, Blaise Dalyoha cracha sur la ville non pas le poison qui devait l'envoyer au paradis mais un cocktail d'engrais chimiques inoffensif pour l'être humain. Les Obérons, dévorés par leur projet millénariste, se suicidèrent malgré tout et avec eux toute la noblesse convaincue que la fin du monde était sur elle. En une seule nuit Carnavale se décapita sauvagement.


Au petit matin, les têtes de l'hydre avaient repoussé.

Tirant profit de l'évènement désormais connu sous le nom d'Armageddon't, le clan Castelage, dont le patriarche avait été assassiné, mit en avant une nouvelle figure : la fille d'Arthur Castelage, Améthyste ! Forte d'un QI s'élevant au dessus de 190, elle rallia à elle les forces exsangues de Carnavale dont les milices des grandes familles, hier concurrentes. Réunies en un seul syndicat, le SAD BB, les forces armées de Carnavale se relevèrent pour faire face à un adversaire beaucoup plus médiocre que prévu : les alliés de l'Empire du Nord, l'Organisation des Nations Démocratiques. Améthyste Castelage réussit à faire ce que personne n'avait réussi depuis les princes de Vale : unir politiquement Carnavale contre un ennemi commun. Tout le monde joua le jeu, espérant tirer profit du décès de la noblesse suicidée pour obtenir des morceaux de sa fortune une fois la guerre terminée. Même le clan Dalyoha, pourtant toujours aussi redoutable, se mit en retrait au profit de l'autorité du Directeur de Grand Hôpital, le Docteur Philippe Géminéon.

Forte de l'appui des milices, de Commissariat Central, de la bourgeoisie industrielle et des Laboratoires Dalyoha, Améthyste Castelage s'empara de la totalité du pouvoir à Carnavale. Propulsée cheffe de guerre, entourée de figures ambitieuses et des plus grands génies de ce début de siècle, Améthyste avait désormais toutes les cartes en main pour relever la Principauté, vaincre ses ennemis et faire à nouveau de la Cité noire l'épicentre du monde occidental.


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