Posté le : 21 oct. 2025 à 22:20:33
Modifié le : 21 oct. 2025 à 22:35:01
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« Aucune contrée n’est plus fertile » - Augustus Flaminius de Rhême au XIVe siècle
« J’ai déjà insinué qu’aucune contrée du monde n’est plus fertile que celle-ci : qu’on se rappelle que la végétation y est continuelle, que la nature y est toujours en action, que le soleil attire puissamment les sucs, qu’il emploi toute sa force pour développer les germes, que les rosées abondantes de la nuit rendent sans cesse à une terre légère et friable, ce degré d’humidité qui lui convient, et on concevra que les champs doivent être couverts de verdure, ou couronnés d’épis dans tous les temps, et à toutes les époques ; que les arbres doivent être chargés simultanément de fleurs et de fruits. Tout cela est vrai, et n’est encore que la moitié de la vérité : il faut ajouter que tout terre produit, qu’il n’y en a point d’une si mauvaise qualité, ni cultivée avec tant de négligence, qui ne donne deux récoltes dans l’année ; que les bons terrains en donnent trois, et qu’on en tire quatre de quelques autres. Ce qu’il y a de singulier, c’est que cette n’annonce pour par ses qualités ce qu’elle promet : ici, elle est entièrement sablonneuse ; ailleurs, elle est forte à la vérité, mais elle a la couleur et le grain de la lave d’un volcan ; plus loin, elle semble calcinée, ou bien elle parait n’être que les débris de quelque montagne, tant elle est couverte de cailloux ; ici, elle se fait forêt vierge d’émeraudes impénétrables ; et cependant, elle donne partout au-delà des proportions, au-delà même des espérances »
Il n’est peut être aucune contrée au monde où la nature soit aussi riche et variée, où les productions de la terre soient aussi abondantes ; aucun peuple n’a de pratique agricole plus productive ni mieux adaptée à la nature du sol. Une multitude incroyable de sources et de rivières fournissent aux irrigations, seul engrais dont se serve l’agriculteur jashi avec le fumier du bétail. Il porte les méthodes agricoles au plus haut degré auquel le premier des arts puisse parvenir. Le riz étant presque le seul aliment des Jashis, ils en soignent particulièrement la culture, ainsi que celle du cotonnier et du thé. La nature y est dans une activité continuelle ; son énergie n’a pu être arrêtée par aucun des fléaux qui frappent la terre de stérilité et la couvrent de ruines.
Placé sous un ciel doux et serein, échauffé toute l’année par les rayons féconds et bienfaisant du soleil, qui, pour me servir de de l’expression des Jashis, est le père de la végétation, de la santé et des plaisirs, et qui fait sentir son heureuse influence même dans les provinces les plus septentrionales de la Jashurie, cet antique et vaste terre jouit constamment, sans interruption, des jours les plus brillants, auxquels succèdent de non moins belles nuits.
Le phénomène des moussons, inconnu dans les régions de Rhème, amène à des époques régulièrement fixes, des pluies périodiques, qui fertilisent les terres de toutes les parties de ce pays. On y voit répandues de toutes parts les merveilles de la nature, celles de l’industrie humaine, et les monuments les plus hardis et les plus anciens du monde, élevés par la main des Jashis. Tous les ruisseaux qui descendent des montagnes rendent la campagne et toutes ces collines si belles et si fertiles que l’on prendrait tout ce royaume pour quelque grand jardin tout vert, mêlé de villages et de bourgades qui se découvrent entre les arbres et les petites prairies. Tout y est parsemé de plantes et de fleurs magnifiques, poussant sous le couvert d’arbres fruitiers chargés de leurs propres fruits de saison. Les jardins particuliers, quant à eux, sont plein de melons, de pastèques, de betteraves, d’herbes et d’épices rares par chez nous. »