16/12/2017
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Léandre Effraie de Méandre

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Léandre Effraie de Méandre

Léandre Effraie de Méandre

- Messieurs de l'OND, tirez les premiers ! ... non, non non ça ne va pas, c'est trop dramatique. Que... que diriez vous de baisser vos armes et de discuter de tout cela autour d'une tasse de café ? Oui nous avons du café bien sûr que nous avons du café Monsieur Dalyoha en fait pousser dans ses serres... non bien sûr il n'est pas aussi bon que celui qu'on récolte chez vous au Paltoterra mais nous y ajoutons des exhausteurs de goût qui... non mais qu'est-ce que je raconte ?

Il soupire devant son miroir, essaye encore d'écraser la mèche folle qui rebique sur le sommet de son crâne.

- Sachez que nous ne quitterons nos îles qu'à la force des baïonnettes ! ... Ne tirez pas, il y a des bébés qui dorment ! ... Les Îles Marines ? non non c'est au nord, ici il n'y a que des Clovaniens. ...

Il baisse la tête.

- Je suis vraiment trop nul... si papa et maman me voyaient...

Le reflet lui grimace.

- C'est à dire qu'ils se sont eux-mêmes fait piquer les îles par les Obéron, je ne sais pas s'ils auraient des leçons à te donner.

Léandre relève la tête avec un air de chien battu.

- Les Obéron... mais ça restait des Carnavalais... là on parle d'une armée étrangère...

- Et tu vas faire quoi ? Les repousser avec tes petits bras ? Sois un homme et affronte l'ennemi la tête haute, tu peux encore sauver les Marines, il faut juste que tu la joues finement.

Son mascara a coulé, il en a plein les joues.

- Qu'est-ce que tu penses de ce que dit Améthyste ? Laisser entrer les troupes du Kah.

- Ça semble la meilleure carte à jouer.

- Pour démanteler nos missiles ! Je ne le permettrai pas !!!

Il frappe du poing dans le vide, son reflet rigole.

- Les missiles des Obéron, quelques dizaines tout au plus. Carnavale en produira de nouveaux, ou autre chose. J'ai entendu dire qu'ils travaillent sur un nouveau projet, en métropole.

- Ces missiles c'est tout ce que nous avons. Sans ça nous ne sommes que des cailloux au milieu de rien. Quel destin attend les Îles Marines ? La Principauté s'en fout, c'est tout pour Carnavale et Bourg-Léon, la majeure partie des navires commerciaux s'arrêtent aux Marquises et ça fait des années qu'on n'a pas capturé de...

- N'en dis pas plus.

Le reflet semble réfléchir.

- Tu sais, c'est peut-être une bonne chose, finalement, tout ça.

- Comment ça ?

- Peut-être que Carnavale n'en a effectivement pas grand chose à foutre, de nous. Et alors ? Ça te laisse les mains libres. Les trois quarts de leur aviation sont à terre et les Obéron sont tous morts. Réclame ton dû : fais valoir tes droits. Ta famille gouverne les Îles Marines depuis des siècles, il est temps d’exiger qu'elles te reviennent.

Léandre lève les bras au ciel.

- A quoi bon si je ne peux pas les tenir ? Le droit ça ne vaut rien : il faut une armée pour exister.

- Fonde ta gendarmerie.

- Et qui les armera ? Les équipera ? Tu crois que la métropole est assez idiote pour se tirer une balle dans le pied ? Et puis leur aviation... ils la reconstruiront. Améthyste a lancé un grand plan de réinvestissement de la fortune des nobles, dans un an à peine la Cité noire aura recouvré sa pleine puissance.

- Ta position est plus stratégique que tu ne le penses. Beaucoup de gens seraient prêts à te venir en aide, pourvu que tu le leur demandes. Et alors Carnavale craindra de te perdre et deviendra comme une chatte mielleuse.

- M'aider. Qui ?

- Je ne sais pas moi, je ne suis qu'un reflet.

- Tu ne penses quand même pas à demander l'indépendance.

- Non, la Cité noire ne nous ne le pardonnerait pas. Mais davantage de pouvoirs, oui, nous pourrions faire de ces îles notre domaine privilégié, à l'abri des coups bas et des regards inquisiteurs des jaloux. Entretenir le secret industriel, fournir des services et des biens uniques au monde. Nous pourrions devenir...

- ... une grande famille.

- Léandre Effraie de Méandre. Grand de Carnavale.

Ils se sourient.

- Voilà qui sonne bien.

- Mais d'abord, sécurise tes terres.

- Oui.

Dans son dos, un valet toque à la porte et passe timidement la tête dans l'embrasure.

- Monsieur Effraie ? La Citoyenne-Brigadière Caireall Ó Dubhuir au téléphone pour vous. La Kah-Tanaise.

Léandre s'essuie les yeux dans sa manche de costume, il étale ainsi le mascara encore plus, ça lui fait comme une peinture de guerre.

- Je viens.
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Léandre Effraie de MéandreLéandre Effraie de Méandre

Surplombant le quai du lièvre, le palais Triton, la demeure historique des Effraie de Méandre, ouvre ses balcons sur l'océan. Tourné plein est, on ne peut que deviner que, des milliers de kilomètres au-delà de l'horizon, se trouvent le continent eurysien et la Principauté de Carnavale. Ici d'ordinaire tout est calme, la mer troublée seulement par les silhouettes des quelques navires qui viennent faire escale au milieu de l'océan d'Espérance. Leur ballet s'est accéléré toutefois depuis quelques jours, alors que les flottes du Grand Kah et celles de l'OND se rôdent autour. Un pacte avec le diable, songe Léandre Effraie de Méandre, dernier héritier de la vieille dynastie des gouverneurs des îles Marines. Dernière famille d'aristocrates tout court, l'une des rares à ne pas avoir participé au carnage de l'Armageddon't avec quelques autres chanceux. Léandre avait espéré un moment que cette brutale et soudaine diminution de l'offre de sang noble à Carnavale lui vaudrait un regain d'intérêt de la part de la métropole, mais il semble que la bourgeoisie soit las de jouer au jeu des symboles. Elle est en train de prendre le pouvoir maintenant, elle aurait tort de s'en priver, et loin de la Principauté Léandre Effraie de Méandre ne peut qu'observer l'ordre ancien se transformer et le déposséder de son prestige, sans rien pouvoir y faire.

Il a laissé entrer les Kah-tanais. Un pacte avec le diable, mais nécessaire, commandé par Améthyste Castelage. La garce a tout négocié dans son dos avant de lui annoncer la nouvelle d'un coup de fil. Ça lui reste pas mal en travers de la gorge, à Léandre Effraie de Méandre. Certes les Castelage sont depuis longtemps l'une des grandes familles de Carnavale, mais ils ne sont malgré tout que de simples parvenus, des roturiers nouveaux riches. Du temps des Obéron et des Dalyoha, jamais la noblesse n'aurait permis que les Castelage s'adressent à lui sur un ton aussi péremptoire... Mais les Obéron sont morts (Léandre peine encore à y croire) et Dalyoha se fait discret, retranché dans ses Jardins. Difficile d'avoir un contact avec lui, Philippe Géminéon ne cesse de répondre que son maître est occupé. Ces deux-là dissimulent quelque chose c'est certain, Léandre sent que le vent tourne, que le monde change et pourtant il est incapable de s'en saisir. On n'attrape pas la brise avec les mains.

En contrebas, une patrouille de Kah-tanais passe sous ses fenêtres. Mesquin, Léandre hésite à renverser son café sur eux. Ce ne serait pas digne d'un Grand de Carnavale lui souffle une voix dans sa tête alors il les laisse passer, comme il a laissé passer sa chance. Rageur, il se met à faire les cents pas dans la pièce. Ses tapis épais, importés d'Afarée, étouffent la cadence de ses pas. Que faire ? Lui qui a toujours fait on le lui demandait l'ignore. Il a fait tirer les missiles BONNE SANTE sur le royaume de Teyla, enfin, il a laissé faire, les miliciens qui gardent les sites de lancement ne lui demandent pas vraiment la permission et ce n'est pas sa maigre police qui va forcer les portes des bases militaires de Pervenche. Pervenche est morte maintenant, est-ce que ça change quelque chose ?

- Une division. Qu'on me donne une division et je conquiers le monde !

Dans les miroirs de sorcière disposés en archipel sur son mur, son portrait fronce les sourcils.

- Cesse de te lamenter sur ce que tu n'as pas. Prends ce qui te revient.

- Les îles. Les Marines me reviennent. Et peut-être même les Marquises aussi ?

- Ne soyons pas trop gourmands.

- C'est vrai... oui... d'abord les Marines. Ce sera déjà bien. Il faut qu'on dégage l'OND. Et les Kah-tanais. Tout le monde. Mais sans armée... sans troupes... sans navires...?

- Utilise ta tête, c'est ce que les Carnavalais font de mieux. Il existe toujours une solution inattendu qui prendra tout le monde de court et nous assurera la victoire.

- Une solution... sans doute mais laquelle ?

- Je ne vais pas toujours te mâcher le travail.

Léandre se détourne des miroirs, il retourne à son balcon. La mer, les vagues, les navires de guerre.

- Je sais. Je sais très exactement ce que nous allons faire.

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Améthyste CastelageLéandre Effraie de Méandre

Deux salles, deux ambiances. Nous sommes début décembre et Améthyste est en train de manger des fruits dans une serre chauffée quand elle décide d'appeler Léandre Effraie de Méandre sur son portable. Celui-ci se les caille en plein milieu de l'océan d'Espérance, sur ses pauvres îles Marines.

- Quoi ?

- C'est Améthyste !

- Je sais le numéro s'affiche. Quoi ?

- Ronchon Méandre ? Pardon, Léandre, vous avez de ces noms parfois... Tu n'es pas content de me parler ?

...

- C'est dommage Léandre car j'ai une excellente nouvelle à t'annoncer, nous allons faire l'acquisition de deux sous-marins lanceurs d'engins flambants neufs.

Le jeune homme s'étrangle.

- Quoi ?! Avec quel argent ?

- C'est vraiment la première question qui te vient à l'esprit Léandre ? Tu crois que les Castelage manquent d'argent ?

- Non ce n'est pas... depuis quand Carnavale se soucie d'avoir une marine ?

- Pas une marine, une sous-marine. Peu importe les petits bateaux, l'avenir est sous la surface. Nous avons payé durement le fait de stocker tous nos missiles au même endroit...

- Ce n'est pas de ma faute !

- Je sais bien Léandre, je sais bien. Toujours est-il qu'on ne fera pas deux fois la même erreur. La Principauté doit pouvoir frapper partout sans contrainte. Les Kah-Tanais vont nous fournir les premiers sous-marins, je compte faire construire le reste en métropole. Sauf qu'on manque un peu de main-d’œuvre qualifiée tu vois ? Il faudrait que tu me fasses un recensement des marins carnavalais, les ingénieurs navals, tous tes siréniers s'ils en restent des vivants, nous allons les rediriger vers Robotic & Toc qui s'occupera de...

- NON !

- Léandre ?

- Je... je peux m'en occuper. Les îles Marines sont l'avant-poste de la Principauté en haute mer, c'est normal que notre armada soit formée ici. Je vais m'en charger. Je superviserai la création de notre flotte.

- Léandre, votre industrie date du siècle dernier. Un port de transbordement ce n'est pas la même chose que fabriquer et accueillir des sous-marins.

- Il y a un chantier naval fonctionnel sur les îles. Dissimulé dans les grottes. Les Obérons l'ont aménagé dans les années 1990. Ils voulaient reconstruire des navires, je ne sais pas pourquoi, reconstituer l'armada du Vale probablement. Il n'a servi que pour produire des petites embarcations discrètes comme des vedettes.

- Ah oui ? Les cachotiers... et c'est maintenant que tu nous le dis Léandre ? Vos deux familles n'étaient pas si hostiles que ça finalement, on dirait que vous partagiez des secrets ?

- Ce n'est pas ce que tu crois... ils ont privatisé les îles, qu'est-ce qu'on pouvait faire ?

- Je ne sais pas Léandre. Il y a d'autres secrets que je devrai connaitre ? Les Obéron ont d'autres surprises dissimulées aux Marines ?

- Rien que des silos en train d'être démantelés.

- J'espère Léandre, j'espère. Donc comme ça tu veux reconstruire notre marine ? Mais as-tu les infrastructures pour ça, Léandre ? Le personnel ? Robotic & Toc ont une expertise, des cadres, c'est une machine qui roule, ils dégagent des bénéfices, si tu voyais ça ! Faramineux ! Les dignes héritiers des Obéron. Que possède la vieille noblesse à part des titres en papier ?

- Je possède les îles !

- Non, ce sont les Obéron qui les possédaient et maintenant elles appartiennent à l’État, c'est à dire à la Banque. Tu n'en es que gouverneur, comme du temps des princes de Vale.

...

- C'est tout Léandre ? Ce sont tes seuls arguments ? Je vais confier le marché aux Grimace si ça ne t'embête pas. Je ne t'oublie pas rassure toi, ce port Obéron, c'est parfait. Restaure le, qu'il puisse accueillir nos futurs navires. Nous aurons besoin de toute la logistique possible pour étendre notre capacité de projection. Les îles Marines sont de vieux rochers sans valeurs, mais je ne désespère pas d'aller forer dans la zone à l'occasion. Qui sait ? On y trouvera peut-être du pétrole. D'ici là tâche de les entretenir, la Principauté saura faire un bon usage des propriétés occidentales.

- Tu ne connais pas les îles...

- Comment Léandre ?

- Je dis que tu ne connais pas les îles...

- Dieu m'en garde, Léandre, Dieu m'en garde. Qu'est-ce que j'irai foutre au milieu de l'océan explique moi ? Écoute, je t'embrasse, il faut que j'aille me prendre un bain de champagne, n'oublie pas ce que je t'ai dit, il me faut un chantier naval flambant neuf pour de la maintenance d'accord ? Je te laisse Léandre, prends soin de toi.

Elle raccroche.

...

- Tu ne lui as pas dit pour...

- Je sais. La garce ne se prend pas pour de la merde.

- Tu vas la baiser Léandre, tu vas tous les baiser. Léandre Effraie de Méandre. Grand de Carnavale. N'oublie pas.
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