1. Histoire1.1. Origines et cités portuairesLe Mazaride naît de l’alliance entre des cités portuaires établies sur des lagunes et des confédérations issues des territoires arides de l’intérieur. Pendant des siècles, ces ports servent d’escales aux routes maritimes lointaines : cabotage, halage, transformation des produits et transit de matières premières. Les cités développent une culture d’ouverture (quartiers, langues de comptoir, guildes), tandis que l’intérieur conserve les solidarités de voisinage et une maîtrise exigeante de l’eau (puits à galerie, citernes, récupération). Cette double fidélité, mer et désert, structure l’imaginaire commun.
1.2. Protectorat limité et nationalisations (début XXe siècle)Au début du XXe siècle, un protectorat à emprise restreinte se limite aux concessions portuaires et aux droits de quai, l’intérieur restant largement autonome. La modernisation se concentre sur les quais, les phares et une première trame ferroviaire littorale. Des sociétés mixtes gèrent les terminaux, entretenant des tensions autour des redevances et des monopoles.
1.3. Le sultanat (1954–1989) : centralisation et modernisation incomplèteL’indépendance est proclamée en 
1954 sous la forme d’un sultanat centralisé. Le régime met en œuvre : nationalisations (ports, énergie, banques), parti unique, plans hydriques et solaires d’ampleur. La modernisation demeure incomplète : industrialisation littorale mais déséquilibres régionaux persistants, pénuries d’eau et dépendance aux rentes portuaires. Le sultanat impose un athéisme strict de l’État (biens religieux nationalisés, absence de pratiques et de signes religieux dans l’espace public).
1.4. Les grandes grèves de 1989 et l’avènement de la RépubliqueEn 
1989, une vague de grèves partie des docks gagne les villes et l’intérieur. Les revendications mêlent salaires, pluralisme et lutte contre la corruption. Sous pression sociale, le pouvoir accepte une transition négociée : abdication du sultan, proclamation de la République, ouverture partielle de la presse et premiers scrutins législatifs au début des années 1990.
1.5. Années 2000 : ouverture économique et émergence urbaineLa décennie 2000 est celle d’une libéralisation graduelle : concessions portuaires avec clauses d’intérêt national, investissements logistiques et numériques, essor d’une classe urbaine bilingue (services, technologies, commerce). Les inégalités territoriales subsistent, mais la diffusion des réseaux mobiles et du numérique accélère l’information, la veille civique et l’entrepreneuriat.
1.6. 2013 : la crise des concessions portuairesDéclencheur : au premier semestre 
2013, des documents contractuels fuitent sur des concessions portuaires majeures (redevances variables, sous-traitances en cascade, absence de publication des bénéficiaires effectifs).  
Révélations : surfacturations d’équipements, conflits d’intérêts, clauses de stabilisation opaques, audits internes enterrés.  
Ondes de choc :
- Économie : chute du trafic sur certains terminaux, gel d’investissements, tensions sur l’emploi portuaire et la logistique intérieure.
- Social : manifestations dans les villes côtières, grèves de dockers et de transporteurs, solidarité des régions intérieures demandant transparence et équité territoriale.
- Politique : commissions d’enquête parlementaires, remaniements répétés, usage extensif des décrets et ordonnances pour “stabiliser” les opérations.
- Institutionnel : mise à l’agenda d’une réforme intégrité/transparence (registre des bénéficiaires effectifs, publication des contrats, audit externe des concessions).
Mesures initiales (2013–2014) : création de cellules d’audit, suspension partielle de contrats, renégociation de concessions prioritaires, publication d’un calendrier de transparence — mais application inégale et résistances administratives.
1.7. 2013–2017 : une instabilité politique persistanteCette période est marquée par des alternances rapides et une difficulté à produire des compromis durables :
- Rotation gouvernementale : plusieurs cabinets se succèdent, avec des majorités instables. Les dissolutions et recompositions affaiblissent la prévisibilité des politiques.
- Blocages budgétaires : tensions récurrentes à l’Assemblée sur l’allocation des ressources (eau, énergie, jeunesse) et sur la dette des opérateurs publics ; retards de paiement et plan d’engagements limitatifs.
- Crise de confiance : opinion publique volatile, presse semi-libre active, réseaux numériques inadaptés ; baisse de confiance des investisseurs.
- Administration fragmentée : recoupements de compétences (ports, énergie, environnement), instructions contradictoires, faiblesses de contrôle interne.
- Tensions centre–territoires : wilayas intérieures demandant péréquation et investissements hors littoral ; perception d’inégalités dans l’accès à l’eau et aux services.
Pourquoi modifier la Constitution ?La réforme, engagée et soumise au vote en 
2017, répond à trois besoins :
- Stabilité exécutive : renforcer l’exécutif (pouvoir réglementaire général, ordonnances en matière d’intérêt national, droit de dissolution encadré) pour éviter l’enlisement décisionnel.
- Clarté des responsabilités : préciser la primauté présidentielle sur certains textes stratégiques après seconde lecture, tout en conservant le rôle législatif et d’évaluation de l’Assemblée.
- Intégrité et régulation : instituer ou consolider des autorités indépendantes (élections, médias & numérique, portuaire, intégrité) avec obligations de transparence (publication des contrats et bénéficiaires effectifs).
1.8. 2017 : plébiscite de stabilité et relance institutionnelleLe 
14 mai 2017, le Président de la République est 
élu par plébiscite conformément au nouveau cadre. Le 
21 mai 2017, un gouvernement entre en fonctions avec un mandat prioritaire : rétablir la prévisibilité, réformer la transparence et cibler l’investissement public.  
Axes de relance (depuis mai 2017) :
- Intégrité publique : mise en place opérationnelle de l’Autorité nationale d’intégrité (déclarations de patrimoine, registre des bénéficiaires effectifs, audits).
- Gouvernance portuaire : publication des concessions, clauses d’intérêt national standardisées, calendrier de renégociation, contrôle des sous-traitances.
- Règle budgétaire : trajectoire d’équilibre, avec dérogation uniquement pour l’eau et la jeunesse (éducation, insertion, emploi).
- Eau & énergie : priorisation des projets de dessalement, réduction des pertes en réseau, solaire à proximité des hubs industriels.
- Décentralisation : clarification des compétences des wilayas et des deux métropoles (Sarim, Almara), mécanismes de péréquation.
Repères chronologiques (mise à jour, état : décembre 2017)
• Début XXe : protectorats portuaires limités. 
• 1954 : indépendance, sultanat centralisé. 
• 1989 : grèves nationales, proclamation de la République. 
• 2000–2010 : ouverture économique, essor urbain et numérique. 
• 2013 : crise des concessions portuaires (fuites, enquêtes, réformes d’intégrité). 
• 2013–2017 : instabilité politique et budgétaire, fragmentation administrative. 
• 2017 : révision constitutionnelle par plébiscite (stabilité, intégrité, autorités indépendantes). 
• 14 mai 2017 : élection du Président par plébiscite. 
• 21 mai 2017 : formation du gouvernement actuel ; début de la relance (intégrité, ports, eau/jeunesse).