Viticulture et brassage monastique : la filière oubliée du patrimoine briarrois.
Les Briarrois jouissent d’un patrimoine millénaire qui est tout à fait exceptionnel, hérité des civilisations et des peuplements anciens qui ont habité le territoire, ou même qui l’ont traversé à la suite de migrations de population ou encore d’échanges commerciaux et économiques avec le territoire de l’actuelle seigneurie de Briarres, un patrimoine qui est à ce jour encore perpétué pour la plupart par leurs descendants, siècle après siècle, dans un état de conservation presque inchangé. Mais malgré tout, cela n’empêche pas que ce patrimoine ainsi que ses us et coutumes aient évolué et muté au fil du temps, s’adaptant aux multiples échanges, évolutions de savoirs, de connaissances, de techniques et enfin de mœurs de la société briarroise, mais également au gré des déplacements des populations qui ont caractérisé le territoire actuel de la seigneurie de Briarres. Il existe cependant un patrimoine qui reste quasiment inchangé depuis le haut Moyen Âge jusqu’à aujourd’hui, reproduit au sein de familles de père en fils mais également et surtout de monastère en monastère : c’est la culture viticole briarroise, élément de prestige national et d’un savoir-faire jalousement secret et bien gardé. La viticulture occupe une place importante dans l’économie nationale de Briarres par son aspect culturel mais également parce qu’elle est très réputée au sein de la haute société mondaine et nobiliaire : au sein des grands comme les nobles et les grands bourgeois, mais également à l’étranger, où elle est vendue à prix d’or.
Bénéficiant d’une géographie exceptionnelle avec un climat tempéré, ni chaud ni froid tout au long de l’année, au cœur de la plaine du Ligor en Briarres métropole, dans les provinces d’Aberleight et de la province d’Aberg, connues pour leurs sols très riches et fertiles, adaptés à toutes formes de cultures, notamment céréalières mais pas seulement, avec la pratique de la viticulture, Briarres est un petit pays mais un géant dans le secteur agricole, qui représente encore une grosse partie de son PIB national : plus de 12 % du PIB national, et dont, dans l’ordre après le secteur céréalier, vient s’ajouter le secteur du vin, particulièrement rentable.
Historiquement, la culture du vin ou viticulture est absente du territoire national briarrois tout au long de l’Antiquité, sous l’Empire Rhêmien tout d’abord, qui l’utilise principalement comme un foyer à grains où sont exploités en masse des hectares de sols céréaliers afin de nourrir l’armée et de ravitailler la capitale impériale, qui, à cette époque, avait un besoin insatiable en céréales, élément de base de la fabrication du pain, indispensable à la nourriture de l’écrasante majorité de la population de la capitale, sans quoi il y aurait eu des émeutes majeures qui auraient profondément déstabilisé l’Empire. Il faut attendre le Moyen Âge, et principalement la domination de l’Empire Francien, qui a eu une très longue durée sur le territoire, pour que cette domination permette le développement du secteur viticole dans la seigneurie, notamment grâce à la promotion par les empereurs franziens du secteur viticole en raison du fait qu’ils confient aux monastères la charge de la production de vin et également l’exclusivité de sa vente en échange d’un impôt versé à la couronne, lesquels monastères commençaient, dans la même période, à gagner en puissance grâce aux dons, aux acquisitions de terres et à la consolidation de leur rôle dans la société briarroise, notamment à travers leurs rôles dans la vie quotidienne : prière, éducation, santé et secours aux nécessiteux, savants et ainsi de suite. Ces monastères ont acquis les riches terres de la seigneurie grâce aux dons impériaux, aux dons des nobles partis en croisade en Terre sainte, mais également grâce à des dons de riches propriétaires et bourgeois, sans oublier les rachats de terres effectués par l’Église elle-même, toujours dans l’optique de se développer et de s’enrichir. Tout ceci a permis à l’Église et à ses monastères de se constituer un véritable patrimoine terrien dont la plus grosse partie est réservée à l’exploitation du vin, qui est sa source de revenus la plus rentable en raison du manque de concurrence et de leurs positions d’exclusivité garanties même après la chute de l’Empire francien.
Ces monastères mettent en valeur ce secteur agricole encore peu exploité et parviennent à produire, grâce à des savoir-faire plus ou moins uniques à chaque monastère, acquis et transmis par maître et disciples au fil des générations, des vins de différentes qualités et qui sont plus ou moins rivaux sur le marché du vin. Cette concurrence va s’accentuer tout au long du Moyen Âge avant de s’arrêter vers la Révolution briarroise au XVIIIᵉ siècle, où les églises et monastères se font confisquer leurs terres par les Révolutionnaires. Il faut attendre la Restauration du pouvoir monarchique et plus particulièrement le règne du roi Clément Chagnon pour que la situation évolue : celui-ci, dans un souci de préserver le patrimoine national briarrois, rend la plupart des terres confisquées aux monastères et aux églises à leurs propriétaires, même si toutes ne sont pas rendues. On estime, par exemple, que près des deux tiers des terres confisquées à l’Église ne sont pas restituées. Mais qu’importe : cette restitution de terres aura de grandes conséquences : c’est la création d’un petit oligopole de monastères qui domine le secteur viticole et qui détient le savoir-faire viticole briarrois.
Le secteur viticole reste un secteur économique majeur de l’économie nationale de Briarres, tant à l’interne du pays, avec plusieurs milliers d’emplois qui sont dépendants de ce secteur agricole pour survivre : allant des cueilleurs à ceux qui stockent et transforment le vin, ainsi de suite, sans oublier ceux qui le transportent. Le secteur viticole produit d’immenses revenus pour les monastères, qui ont obtenu l’exclusivité de la part du prince sur l’exploitation, la fabrication et la commercialisation du vin briarrois. C’est-à-dire que, du début de la production à sa vente, les monastères sont les seuls autorisés à l’exploiter et à le commercialiser : c’est dans un souci de préserver le patrimoine mais également de conserver ce savoir-faire en limitant les acteurs présents sur le marché. Il y a seulement un petit groupe qui l’exploite, le vend et qui contrôle sa qualité à travers des labels de qualité qui évaluent les producteurs, les conditions de production, la qualité et ainsi de suite du vin à travers la maison royale des spiritueux et des vins. Oligopolistique, les monastères et les quelques rares entreprises familiales autorisées à exploiter le vin décident de leurs prix sur le marché, et ceux-ci sont fort élevés, si bien que seuls les riches peuvent l’acheter. C’est donc un élément qui démontre la richesse et le prestige de l’acheteur, car seule la haute société peut se permettre de l’acheter, souvent dans un but d’impressionner ses invités.
Pour le Trésor national, c’est également une généreuse source de revenus non négligeable à travers les impôts et taxes mis en place par le gouvernement : la taxe que doivent payer les monastères mais également celles sur les achats, avec une taxe sur l’achat du vin, mais aussi sur son stockage avec un impôt sur le stockage du vin. À l’international, le secteur viticole rapporte également une manne de fonds plus qu’importante, notamment en Teyla, Velsna, Gallouèse et dans l’Empire du Nord ou le vin briarrois est vendu a prix d'or.
Peu reconnu au sein de la population briarois cependant, car le secteur viticole briarrois est aux mains d’un petit groupe de producteurs qui sont également les vendeurs. Ces monastères survivent grâce à la production et à la vente de ce vin dont eux seuls connaissent le secret de confection, et beaucoup d’entre eux ont pu devenir riches grâce au secteur viticole. Cependant, c’est un secteur qui est tout aussi marginalisé, car pour le commun des Briarrois, qui n’achètent ni ne participent à la production du vin, il est totalement absent de leur vie quotidienne, éclipsé par le secteur des services émergent et en pleine structuration, ainsi qu’un secteur industriel en transformation.