Un Béret Rouge rencontre un Rhêmien

Cela faisait maintenant quelques années que les Béret Rouge avaient fait leur entrée sur la scène internationale, combattant pour le compte de nombreux États. Quand on pense aux Béret Rouge, on pense d’abord à Velsna, mais les mercenaires au couvre-chef écarlate ne se sont pas arrêtés à cette guerre civile : protection de personnalités politiques, engagements en Okaristan et, dernièrement, engagement au sein de la Dodécapole dans le camp d’Apamée. Mais aujourd’hui, c’était une toute autre mission qui était demandée aux mercenaires, d’un côté celle de défendre la famille impériale du Saint-Empire oriental de Rhême et de l’autre assister l’armée dudit pays. Une mission simple en apparence, mais simple elle ne l’était qu’en apparence, car la réalité était beaucoup plus complexe : les Béret Rouge avaient besoin d’informations — quelles menaces planaient sur Rhême, quel ennemi allait potentiellement apparaître, etc. En bref, les mercenaires avaient besoin de précisions et qui de mieux que le client lui-même pour les apporter ; c’est ainsi qu’une rencontre à distance fut organisée. Côté Béret Rouge, deux personnes étaient présentes : la cheffe du groupe de mercenaires Rachel Schützenberger, ainsi que Vivianne Husch, la commandante présumée pour prendre en charge les opérations dans le Saint-Empire oriental de Rhême.

Rachel SchützenbergerVivianne Husch
L’écran s’alluma et les deux figures féminines firent leur apparition ; après un bref silence, ce fut la cheffe des Béret Rouge, Rachel Schützenberger, qui prit la parole.


Rachel Schützenberger – Excellence du Saint-Empire oriental de Rhême, je vous souhaite la bienvenue à cette rencontre. Je suis Rachel Schützenberger, la cheffe des Béret Rouge, et voici, à ma droite, la commandante Vivianne Husch qui devra, sauf contre-ordre, prendre le commandement des opérations au sein de votre pays. Comme je vous l’ai mentionné dans ma missive de réponse, votre requête est acceptée et les 520 soldats demandés ont été sélectionnés. Cependant, comme indiqué dans cette missive, nous aurions besoin de détails, de précisions, des précisions notamment sur les menaces potentielles qui vous pèsent et sur les acteurs qui voudraient vous nuire. Ces informations nous seront bénéfiques dans notre travail en permettant notamment de choisir plus finement le matériel envoyé. Voyez-vous, nous n’allons pas envoyer juste des fantassins si l’ennemi dispose de moyens blindés ou autres.

Son Altesse Impériale Théodora.

---

Son Excellence Gianni Elios.

Théodosine, la ville éternelle après Rhême devenue Sancte sous les papes de la Catholagne. Des ennemis ? Théodosine n'a connu que cela au cours de Sa grande Histoire. Des ennemis extérieurs : cavaliers nomades des steppes de Moritonie et les Califats Islamiques. Des ennemis intérieurs aussi avec les Despotats traîtres de Lykaron et de Georgiplios qui osent usurper Sa place de première fille de Rhême et de ville sainte !
Oui, Théodosine a eu beaucoup d'ennemis ; et si elle n'a, à priori, plus d'ennemis extérieurs, les ennemis internes de l'Empire Rhêmiens attendent toujours leur heure pour le faire sombrer un peu plus encore dans l'abyme par Hubris.

⁂
Un valet marchait d'un pas rapide, traversant les colonnades d'un péristyle, les yeux aux aguets. N'importe quel observateur de la scène pouvait dire sans se tromper qu'il cherchait quelqu'un et urgemment. Votre Altesse Royale ! Où êtes-vous ? Son Excellence Protasekrētis Elios vous fait mander en urgence ! Le valet ne reçu pour seule réponse que les réprimandes d'un majordome qui passait par là sur son interpellation effrontée de la personne qu'il cherchait. La dispute prit cependant fin aussi soudainement qu'elle avait commencé lorsque l'intéressée sortit de ce qui semblait être une bibliothèque se demandant bien quelle était l'origine de tout ce tapage. Le valet ignora alors son supérieur hiérarchique et s'affaira à effectuer une proskynèse ; genoux à terre, dos courbé et front touchant le sol. Votre Altesse Impériale, Son Excellence Protasekrētis Gianni Elios vous fait mander urgemment pour une entrevue avec ces mercenaires Germains. Il ne m'en a pas dit davantage. Sa bouche forma un O de surprise qu'Elle couvrit de sa main droite, Oh. J'avais complètement oublié cela alors même que Je leur ai demandé cette réunion. Merci mon brave, va et prends donc ta journée, Je m'assurerais qu'elle te soit rémunérée finit-Elle par dire au valet afin qu'il prenne congé tout en prenant la direction d'un des salons du palais dans lequel attendait le Ministre de l'Extérieur qui faisait la conversation à ses interlocutrices Raskenoises en attendant la dernière participante à ces discussions.

Cette dernière entra dans ledit salon d'un pas calme et posé comme à l'accoutumée, face à la webcam, pendant que le ministre Elios terminait de prendre en note les interrogations des deux mercenaires Germaniques.

« — Veuillez excuser mon retard. Certaines affaires de l'État ont recueilli toute mon attention depuis la nuit dernière. Elle ne mentait pas comme le démontrait de petites poches bleutées sous ses yeux que le maquillage ne cache pas entièrement.

— Général Schützenberger, Commandante Husch, reprit Gianni Elios, voici Son Altesse Impériale Théodora Cæsarissa Augusta, sœur du Basileus Autokrator Justinien XX,

— Merci Excellence pour cette présentation succincte de Ma personne, coupa net Théodora, terminant de lire les notes que le Ministre lui a adressées dans le but qu'Elle puisse reprendre le fil de la conversation. N'allons pas embêter nos amies ici présentes grâce à la Modernité avec nos ribambelles de titres à rallonge. Théodosine pourra recommencer à être hautaine lorsque qu'Elle sera redevenue a minima une puissance régionale sur qui compter en Leucytalée Orientale ce qui est loin d'être le cas actuellement ; sinon cette entrevue n'aurait pas lieu d'être, n'est-ce pas.

Aussi, Générale, Commandante, ravie de vous rencontrer, même à distance. Lança-t-Elle d'un ton se voulant enjoué et dynamique, un fin sourire aux lèvres. Si je comprends bien, vous cherchez à savoir les raisons qui ont poussé le Saint-Empire Oriental de Rhême à prendre contact avec les Bérets Rouges et, par extension, quels sont nos adversaires plus ou moins déclarés ? Ipso jure, Théodosine n'a aucun ennemi extérieur mais des ennemis intérieurs ou plutôt devrais-je dire des rebelles. Il faut en effet savoir que le Saint-Empire n'est à l'heure actuelle composé du Domaine Impérial qui recouvre la région d'Apamée au Nord de l'isthme et du Despotat d'Élassénie à l'Ouest : au Nord de l'île de Kaspary. Cette dernière étant par ailleurs occupée, avec celle de Keon en mer Blême, par le Despotat Rebelle de Lykaron qui est, bien plus que les Despotats rebelles de Georgiplios et de Judée la réelle menace à l'autorité de Théodosine en regard de sa spécialisation dans l'aéronautique militaire et tout particulièrement les bombardiers tant stratégiques que furtifs ; menace couplée au puissant complexe militaro-industriel de la Sérénissime République de Fortuna ainsi que de sa protection diplomatico-militaire. Enfin il y a le cas des territoires ultramarins Occidentaux, ou Orientaux dans le cas du Churaynn mais hormis ce dernier, tous sont occupés par des démocraties libérales qui n'ont à peine un regard pour Notre Cité mais une indifférence manifeste ; aussi ne sont-elles pas des menaces.

En résumé, si le Saint-Empire craint une montée en puissance des Despotats de Judée et de Georgiplios qui ne sont pour l'heure pas de réelles menaces, il n'en est pas de même pour le Despotat de Lykaron que Nous considérons comme une menace plus que sérieuse. »

Depuis que Son Altesse Impériale Théodora Cæsarissa Augusta était arrivée, tout s’était accéléré, les explications que dispensait la sœur de l’Empereur Justinien XX étaient une véritable mine d’or et la cheffe des Béret Rouge commençait à se faire une idée précise de la situation. Les ennemis secondaires étaient désignés, de même que le principal ainsi que leurs capacités opérationnelles. Ces informations n’étaient pas seulement utiles, mais vitales, car lors des conflits, ce sont elles qui peuvent faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre.

Rachel Schützenberger – Altesse Impériale Théodora, c’est également un plaisir de vous rencontrer, je vous remercie également d’avoir trouvé un moment pour cette rencontre, malgré vos obligations.

Avec vos explications, je comprends un peu mieux la situation, Lykaron constitue l’adversaire principal, tandis que Georgiplios et Juda représentent des menaces émergentes. Quant au Churaynn, il semble représenter un risque secondaire, mais à surveiller. Si l’on se concentre sur Lykaron, qui représente selon vos dires la plus grande menace à l’heure actuelle, alors celle-ci viendra majoritairement du ciel, vous l’avez dit vous-même, leur spécialité ce sont les bombardiers. Sachant cela, le contingent de 520 soldats que vous demandez se devra de disposer de moyens anti-aériens, de détections et de communications renforcés.

Vivianne Husch – J’aurais également une question, question portant sur les lieux potentiels de notre déploiement. J’entends par là si notre présence se limitera aux villes ou si nous serions amenés à être déployés pour garder des frontières, comme celle de Juda par exemple qui pourra représenter une menace à l’avenir. Je demande cela car selon la configuration influe fortement sur le matériel que nous devons acheminer : un char de 69 tonnes par exemple peut être un atout en terrain ouvert, mais en environnement urbain dense, il devient non seulement encombrant, mais vulnérable à des menaces verticales ou à courte portée. À l’inverse, sur des lignes de front plus ouvertes, il peut offrir un avantage décisif.

Rachel Schützenberger – Comme vous pouvez le voir, au plus vous nous donnerez des informations, au plus nous pourrons juger finement du matériel à envoyer, ce qui se répercutera sur notre efficacité au combat.