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Activités Internes à Nebrownia

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15/12/2017, 9h30, à proximité de la Base de la CSN, Nebrownia

Le Lance-Corporal Liam Bradley réajusta la sangle de son fusil d’assaut en priant pour qu’un coup ne parte pas tout seul. Il n’aimait pas cette version de l’arme, encore victime de maladies de jeunesse. Bien que d'apparence assez récente, son arme reprenait les schéma d’un modèle développé et dont la production avait commencé sous l’ère Kellem. Mais les problèmes, bien que remontés aux échelons supérieurs n’avaient jamais entraîné de modifications jusqu’à l’arrivée de Emmerson au pouvoir. Et encore, l’industrie étant ce qu’elle était, la production d’anciens modèles avait été relancée,jusqu’au développement des versions moins capricieuses qui commençaient seulement à arriver en dotation. Mais pas pour lui. Il regarda le ciel. Un ciel d’hiver sans nuage, le bleu si profond vu depuis la forêt qu’on avait l’impression d’une chute libre tout en ayant les pieds bien ancrés au sol.

- Ya du mouvement sur le tarmac, Brad’, lui signala son binôme, le private 2nd class Xen O’ktyar.

Bradley se saisit de ses jumelles. Un rapide regard vers les miradors pour voir un guetteur Morzanien lui faire coucou. Bradley sourit et répondit par un geste similaire. La surveillance de la base était assez décontractée. Aucun des camps n’étant dupes, certains postes de surveillance Nebrowniens étaient assez visibles. Bien évidemment, les autres, plus sensibles, étaient autrement mieux dissimulés. Liam concentra ses jumelles sur le tarmac. Du mouvement, il y en avait, en effet, des carrés de soldats en T-Shirt en train de courir ou de faire des exercices. Outre le fait que ces aliens se trimballaient en T-shirt par -15°C, il ne voyait rien de particulièrement changeant à d’habitude. Jusqu’à ce que son regard tombe sur le bombardier tactique Morzanien. Les rampants s’activaient autour de lui, le préparant sans doute à un vol.

- Vu, ils vont faire décoller le Condor. J’avertis maman oie. Bien que sybillin, le code ne laissait aucun doute quant au destinataire de l’appel. Maman oie, ici poussin rouge, à vous.

A quelque centaine de kilomètres de là, un opérateur radio disposé à l’écart des autres dans une tour de contrôle, se redressa dans son siège, posant son magazine de charme sur le côté de sa station de travail. Il arborait un uniforme différent des autres soldats présents dans la pièce, et pour cause, il était déployé par les Forces Terrestres pour une meilleure coordination entre les forces de surveillance au sol et les Forces Aériennes dans le cadre de la surveillance de la base de la CSN. Il ouvrit le canal de communication.

- Maman oie à l’écoute, poussin rouge, à vous, dit-il, se saisissant d’un crayon et ouvrant sur son écran d’ordinateur les patrouilles à proximité de la base CSN selon leur plan de vol.
- Le Condor étire ses ailes, est-il prévu qu’il vole aujourd’hui ? à vous .

L’opérateur radio relit ses notes. Aucun vol de prévu aujourd’hui.

- Négatif poussin rouge.

A ce moment, un message apparaît dans sa messagerie instantanée avec sa hiérarchie.

- Correction, poussin rouge, l’autorisation a été accordée à l’instant. Sans doute un exercice de décollage d’urgence à froid.

Bradley pouffa. A froid, c’était le moins que l’on puisse dire. Il regarda son binôme, O’ktyar, toujours les jumelles rivées aux yeux, un chronomètre en route. Bradley n’y avait même pas songé. A l’heure actuelle, ils n’avaient aucune information concernant les capacités des équipages de la CSN à opérer un décollage d’urgence à froid d’un bombardier tactique. Il secoua la tête. Xen était de la graine d’officier mais il avait refusé ses deux dernières promotions, au motif qu’une montée en grade le forcerait à quitter l’unité de son supérieur et ami. Brad, bien qu’il apprécia la fidélité et l’amitié de son subordonné, voyait plus loin. La perspicacité, l’observation et les capacités d’analyse du Joha Tsad, une nouvelle fois prouvées par le chronomètre dans sa main, feraient des étincelles à la tête d’une unité… ou même en tant que formateur dans une école militaire. Il soupira silencieusement, songeant à la dose de persuasion qu’il devrait déployer pour que son ami finisse ENFIN par accepter la promotion qu’il méritait.

- Tenez nous au courant de l’évolution, poussin rouge. Maman Oie terminé.
- Roger, Poussin rouge Terminé.

L’Opérateur radio actionna un autre canal de communication, vers un des avions radars en vol qui avait la zone sous surveillance. Il voyait, sur son écran, les évolutions prévues de l’avion en question.

- Coalchester control pour Oddball, do you copy ?
- Copy Coalchester control
- Nos amis Morzaniens vont faire décoller leur gros bébé, avez vous une patrouille à même de l’accompagner sur un brin de route ?
- Ont-ils précisé leur vecteurs de vol ?
- Je vous les transmet à l’instant.

A 300 km de là, dans l’avion radar, l’opérateur en contact avec Coalchester control ouvrit le fichier envoyé par l’opérateur au sol. Rapidement, il transféra les données dans le logiciel contrôlant sa station de travail numérisée.

- Données reçues, Coalchester Control, je prend le relai pour le volet aérien, terminé
- Roger Oddball, vous avez la main, Coalchester Control Terminé.

Un bref son précéda la fermeture du canal de communication, montrant que l’opérateur de l’avion radar avait désormais la main sur l’opération de surveillance aérienne à venir. Il étudia le plan de vol fourni par les autorités de la CSN et les compara avec les positions futures des différentes patrouilles dans le secteur. Il jetta son dévolu sur une patrouille de deux O-37 “Valiant” qui avait décollé peu de temps auparavant, et donc devaient encore avoir largement assez de “coco” pour faire la mission de surveillance/escorte. Il ouvrit le canal de communication vers le leader de la formation.

- Oddball pour Noria leader, do you copy ?

A 150 kilomètres de l’avion Radar, La Capitaine Kia Malk’ho, dans le cockpit de son O-37, leader de la patrouille indicatif “Noria” isola la fréquence pour répondre.

- Copy Oddball
- Veuillez prendre cap 030 et descendre pallier 6
- Copy Oddball, virons au 030 et commençons la descente vers pallier 6. Du mouvement chez nos amis Morzaniens ?
- Nous avons reçu l’information stipulant qu’ils allaient faire décoller leur gros oiseau.
- Roger, nos ordres ?
- Escorte et prise de renseignements.
- Roger, Noria out.

La pilote commandant la formation coupa la communication avec l’avion radar tout en continuant la manœuvre de virage, son ailier toujours dans ses quatre heures.

- Combien de temps qu’il ne s’est pas dégourdi les ailes, le Condor ? demanda son wingman qui avait entendu toute la conversation, deux mois ?
- La base est essentiellement de l’entraînement pour l’acclimatation des troupes, de ce que j’ai compris. De plus, c’est un matériel parmis ce qu’ils ont de plus sophistiqué apparemment, donc ils doivent se douter qu’à chaque sortie, on en profite pour tirer le maximum d’informations. Et également chercher à nous en divulguer le moins possible.
- J’ai jamais compris pourquoi ils ont envoyé leur matos dernier cri chez nous. Ils prennent à ce point au sérieux leur mission de protection du commerce ?
- Cherche pas, il y a sans doute plusieurs raisons… voire même aucune au final, ils ont peut être juste envoyé ce qu’ils avaient sous la main. T’en es où niveau coco?

Un léger silence. Pendant que son wingman faisait son point-essence, elle en fit de même. Comme ils venaient juste de décoller, ils avaient surtout utilisé le carburant contenu dans les réservoirs supplémentaires, les “babies”, dont leurs chasseurs étaient équipés.

- J’ai encore dix minutes de coco dans les “babies”, ensuite j’ai le plein complet dans les principaux, dit-il quelques secondes plus tard
- Pareil. On en a encore pour un peu plus de deux heures de vol normal donc.


Pendant ce temps, au sol, le vrombissement des génératrices d’allumage des moteurs commençait à se faire entendre des soldats Nebrowniens en surveillance. O’Ktyar regarda son chronomètre. 5 minutes depuis qu’il avait repéré le mouvement sur le tarmac. De la fumée blanche commençait à sortir des tuyères.

- Tu as vu les pilotes entrer ? Demanda Bradley
- Nope, répondit Xen, ils doivent sans doute terminer de s’équiper
- Donc c’est le fait des équipes au sol. Préchauffage des moteurs tu penses ?
- Sûrement une connerie de ce genre, ouais. ‘suis pas spécialiste des avions, moi.

Liam grimaça. Il y avait un soldat dans leur unité dont l’aviation était le dada. Il aurait été bien utile dans cette situation. Mais bon, il avait déjà la perspicacité de Xen. Soudain :

- Mouvement du côté de la tour, dit-il, attrapant un crayon pour prendre des notes.
- Oui, vu, un véhicule qui arrive à toute vitesse, répondit Xen, après avoir jeté un œil au chronomètre. 6 minutes 47 secondes.
- Je note, dit Brad, notant ses observations, sans doute les pilotes.

Les deux hommes, toujours les yeux rivés dans leurs jumelles, braquées vers le tarmac, restèrent silencieux alors que les membres de l’équipage de l'appareil de la CSN s’engouffraient dans leur avion. Deux minutes plus tard, des flammes sortaient des quatre tuyères du bombardier et un sifflement strident résonnait partout autour de la base. Les troupes à l’exercice sur le tarmac avaient été évacuées presque manu-militari pour dégager l’espace à l’avion.

- Réacteurs en route, 8 minutes 03, nota Bradley après que son ami ne lui ait signifié le timing. Mouvement 8 minutes 45… Je vais appeler Maman Oie.

O’ktyar hocha la tête, le chronomètre dans une main, les jumelles dans l’autre, il suivait les mouvements du bombardier de la CSN. Pendant ce temps, Brad ouvrait le canal de communication avec l’opérateur de Coalchester Control.

- Maman Oie, ici Poussin Rouge, do you copy ?

L’opérateur de Coalchester, qui était en train de préparer le rapport d’activité du jour, sursauta avant de prendre la communication.

- Maman oie copy, Poussin Rouge
- Le Condor est en mouvement sur le tarmac, il fonce plein tube.
- Avez-vous constaté un armement particulier ?
- Négatif, hormis son plein, il doit être vide.
- Quelque chose de particulier à signaler concernant l’activité au sol autour de ce vol ?
- Négatif, Maman oie… Mais nous ne sommes pas des experts de l’aviation… Il arrive en bout de piste et… Plein gaz, il va décoller tout de suite.
- Bien pris, Poussin Rouge, je transmet l’information, Maman Oie out.

L’Opérateur radio changea tout de suite de canal.

- Coalchester control pour Oddball, do you copy ?
- Oddball copy, Coalchester Control
- Le Condor a décollé à l’instant, où sont vos gars ?
- Ils sont en route, nous vous transmettrons le rapport du volet aérien, ne vous inquiétez pas.
- Roger, Coalchester Control out.

L’opérateur dans l’avion radar transmis l’information à la patrouille Noria. Dans leur cockpit, les deux pilotes se mirent à scruter le ciel. Leurs appareils faisant partie de la deuxième génération, leurs radars pouvaient avoir du mal à accrocher les avions modernes, dont les silhouettes et les matériaux rendaient la signature radar moindre, et donc plus compliquée à acquérir pour des appareils aussi âgés. Les yeux restaient donc un outil de détection nécessaire dans ce cas de figure.

- Contrails, deux heures, bas, signala Noria 2
- Leader, copy

La Capitaine Kia Malk’ho inclina son appareil sur la droite, apercevant du coup les traînées blanches expulsées par les quatres réacteurs de l'appareil de la CSN. Si eux pouvaient le voir, il était évident que c’était aussi le cas des pilotes dans le bombardier.

- Noria Leader pour Oddball, Copy on Target.
- Roger Noria Leader. Nous suggérons que vous les laissiez passer avant de descendre sur eux en pente douce. Assurez-vous que vos radars d’attaque soient éteints pour ne pas les paniquer, vos ordres sont de les escorter jusqu’aux limites de notre espace aérien, et d’observer leur appareil, rappela l’opérateur Oddball.
- Roger Oddball, nous les laissons passer avant de descendre gentiment sur eux, radar d’attaque en off, collationna Kia avant de couper la communication.

Les deux pilotes Nebrowniens attendirent que leur cible soit derrière eux avant de virer sur l’aile et d’engager une descente vers l’appareil de la CSN. Dix minutes plus tard, leurs avions encadraient l’avion qu’ils avaient baptisé “Condor”. Pendant que son ailier faisait coucou aux pilotes, Kia ouvrait la communication avec eux sur les ondes internationales.

- Noria Leader à appareil de la CSN, nous avons reçu votre plan de vol et allons vous escorter jusqu’aux limites de notre espace aérien.

Bien évidemment, cette partie était purement protocolaire, La capitaine savait pertinemment que les pilotes avaient été brieffés à ce sujet. Mais mieux valait éviter de donner des cartes pour un possible incident diplomatique. Pendant que son ailier continuait à faire coucou, placé au niveau du nez de l’appareil de la CSN, Kia menait lentement son appareil derrière leur cible. Ce faisant, elle pu admirer les lignes générales de l’avion. Le “Condor” était indéniablement un bel avion, racé, qui donnait l’impression de toujours vouloir aller plus vite. Les ailes étaient manifestement dotées d’un système de voilures à géométrie variable, limitant la traînées à vitesse supersonique, et donc diminuant de fait la consommation de combustible. Si les pilotes de la CSN souhaitaient leur fausser compagnie, ils ne pouvaient compter que sur leur allonge, car las O-37 “Vaillant” étaient capable de taper du Mach 2,2, mais sur de plus courtes distances, leur réacteur engloutissant le kérosène comme un enfant les brownies à ces vitesses.

- Sacré bécane, dit son ailier
- Tu l’as dit. Presque une pitié que ses moteurs ne puissent pas le pousser plus vite, répondit Kia
- Hé, c’est rare de pouvoir transporter autant de cachous aussi vite !
- Pas faux... Ils font quoi de ton côté ?
- Ils s‘appliquent. Je crois qu’ils font exactement la même chose que nous, ils se renseignent. De temps en temps ils me font coucou ou un pied de nez. Bientôt y en a un qui va me montrer son cul à la vitre, tu vas voir !!

Kia pouffa. Elle savait que son ailier était homosexuel.

- Oublie pas qu’on est en mission, tu fais pas ton marché. Et n’espère pas trop, tu sais comme moi la galère que c’est à enfiler ces combi’... alors juste pour montrer son cul à la vitre…
- N’oublie pas qu’ils peuvent… Attends... Y en a un qui s'est levé, me regardant avec un grand sourire... Il fait quoi ce con ?
- Il se passe quoi ?
- RAH !!!!! Il me nargue, il est allé se chercher un cornet de glace et il le mange devant moi, l’enc… !!!!

Kia éclata de rire. Le membre de l’équipage du Condor venait de relancer l’éternel concours de bite qui existait entre les pilotes de chasse, dans leurs avions rapides, fins et racés, et les pilotes de bombardiers et autres “gros culs” qui avaient eux, la place de marcher, d’aller aux toilettes, voire même de cuisiner dans leurs engins. Elle regretta d’avoir son casque pour essuyer une larme, alors que son ailier pestait dans son cockpit. Oui, l’ambiance était très détendue durant cette escorte. Kia savourait ce moment, l’insouciance de son ailier, la bonhommie des membres de l’équipage du Condor qui taquinaient leur escorte sans hostilité aucune. Elle se savait privilégiée, dans d’autres coin du globe, elle le savait, les escortes se déroulaient dans des climats extrêmement tendus. Elle savait aussi qu’elle devrait expliquer tout ceci dans son rapport dès le retour à la base. Mais pour l’heure, c’est un problème qu’elle laissait à son Elle du futur.

A 250 km de là, un opérateur dans un avion radar suivait la route des trois points qui se confondaient maintenant, scrutant et enregistrant toutes les données qu’il pouvait, pour enrichir celles qu’ils avaient déjà sur le “Condor”, pendant que 300 km plus loin, un autre opérateur, dans sa tour de contrôle, attendait fébrilement la fin de la mission et l’arrivée des rapports afin de pouvoir terminer le sien. Et à plusieurs centaines de kilomètres de là, aux abords d’une base d’entraînement de la CSN sur le territoire Nebrownien, un sous officier essayait de convaincre son subordonné et ami d’accepter sa prochaine promotion, tout en partageant un brownie chaud aux noix de Ponodover.
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