13/01/2018
14:06:00
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Note interne aux Laboratoires Dalyoha : quant aux périls qui menacent la Compagnie

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Classification interne aux Laboratoires Dalyoha :
  • Existentiel : préoccupation de tout instant, légitime l'usage de frappes et d'attaques visant l'éradication complète du pays.
  • Élevé : préoccupation sérieuse, légitime une veille stratégique et une doctrine de sabotage pro-active.
  • Moyen : préoccupation ponctuelle, légitime une veille informationnelle et l'usage d'attaques biochimiques à portée limitée.
  • Marginal : préoccupation lointaine, légitime une veille informationnelle et l'infiltration des infrastructures pour un usage non-agressif.

Les nations dont la menace est moins que marginale n'apparaissent pas dans ces rapports.




Note interne aux Laboratoires Dalyoha : quant aux périls qui menacent la Compagnie. Note n°1.



GRAND KAH
Niveau de menace : existentiel

Nous considérons le Grand Kah comme l'une des menaces les plus élevées pour la Dalyoha Compagnie en raison du caractère eschatologique de cette nation. Paradoxalement, c'est également pour cette raison que nous devons compter aujourd'hui le Kah comme l'un des rares alliés potentiels et dignes de ce nom pour la Principauté de Carnavale. Le Grand Kah est une nation avec une vision holistique de l'histoire et de la géopolitique, dès lors elle agit sur le temps long et son projet pourrait, à termes, entrer en collision avec le projet de transcendance carnavalaise. Considérant la puissance militaire du Kah et sa capacité à offrir un contre-modèle attirant pour le genre humain, nous devons aujourd'hui considérer les Communes comme la principale menace pour la Dalyoha Compagnie et concentrer toutes nos forces à sa neutralisation.

Néanmoins, le Grand Kah est également l'une des rares nations en mesure de comprendre Carnavale et son potentiel. Elle peut être une alliée comme une ennemie, la première possibilité étant actuellement en train de se réaliser. Ainsi, l'anéantissement du pays et de sa population ne doit avoir lieu qu'en dernier recours. Dans la mesure du possible, cette option ne doit être envisagée qu'en cas d'extrême urgence et préparée en secret. Les Laboratoires Dalyoha et la Cité noire doivent privilégier un rapprochement des Kah-tanais et la diffusion de nos valeurs pour les retourner. Le terrain d'affrontement doit autant que faire se peut rester sur le plan culturel et idéologique. Pour cela, nous recommandons à la Dalyoha Compagnie de se doter des moyens soft-culturels adaptés à la population kah-tanaise dont la conquête des esprits doit devenir la priorité.

Le danger que représente le contre-modèle kah-tanais repose sur sa gestion de l'abondance. Le Grand Kah est la seule nation à avoir réussi à garantir à sa population l'absence presque totale de pénurie et une répartition honnête des richesses, sans abandonner la grandeur de son projet eschatologique. C'est une surprise au regard du modèle carnavalais qui a acheté sa puissance en asservissant les masses par la violence et contre une promesse de transcendance. A transcendance égale, le modèle kah-tanais est supérieur puisqu'il n'implique pas de souffrance ni de sacrifice. Pour l'être humain dont le cerveau cherche le confort et la paresse, le risque est grand que les Carnavalais se laissent séduire par la solution de facilité. La Dalyoha Compagnie doit donc mettre l'accent sur ses avantages comparatifs et les pousser davantage encore, sans aucune concession. Tout recul sur notre supériorité sera un clou dans le cercueil de notre eschatologie.

Nos avantages sur le Grand Kah sont peu nombreux mais significatifs. D'une part, nous ne dépendons pas d'une expansion soutenue à l'internationale pour prospérer. La Principauté de Carnavale, c'est sa force, a atteint l'autonomie économique par l'innovation et le génie de sa population. Ainsi nous ne sommes que faiblement dépendants des chaînes de valeurs mondiales, au prix d'avoir repoussé toujours plus l'exploitation du capital humain. Ainsi, bien que le modèle du Grand Kah soit indiscutablement plus vertueux que le modèle carnavalais, nous sommes moins susceptibles d’être perçus comme une menace idéologique que les communalistes, se dont nous pouvons jouer.

D'autre part, la Principauté de Carnavale ne flatte pas que les désirs matériels qui alanguissent l'esprit et le corps mais également certaines pulsions humaines qu'une société radicalement égalitaire ne parvient que difficilement à satisfaire. La domination d'autrui, la cruauté, le sadisme et leurs miroirs, désir de se soumettre, d’être dirigé, de suivre un chef, etc. ne peuvent y être assouvis que par des pratiques artificielles, de jeu de rôle mutuellement consenti, et sont donc moins satisfaisantes. Or les Laboratoires ont compris que certaines des plus grands esprits de notre siècle comptaient précisément parmi ces personnalités insatiables que la violence et le vice stimulent et motivent. Nous captons donc cette manne d'intelligence là où d'autres s'en privent pour des raisons éthiques et morales.

Enfin, le projet carnavalais, parce qu'il est suprémaciste et transcendantale, permet une véritable résolution de l'histoire (et non une fin). Là où les Kah-tanais s’embarrassent de tolérance culturelle avec leur modèle fédéraliste, Carnavale propose de fondre l'humanité dans une super-humanité rassembleuse, qui dépassera les clivages. Certes il est autorisé de penser que l'abondance promise par le modèle communaliste saura permettre un dépassement des frontières culturelles, mais c'est un vœu pieu. Nous pensons au contraire qu'une humanité comblée s'ennuie et que l'ennuie fait ressurgir ses démons pulsionnels. La grande fédération Kah-tanaise sera, le lendemain de son achèvement, une boucherie, car l’effacement des rapports de force conduira mécaniquement à leur déplacement dans d’autres sphères de la société. Ce sera le règne de la concurrence intérieure et à la fin de la guerre civile au nom d’enjeux symboliques, à défaut d’être matériels.

En lui opposant une conquête infinie de tous les aspects de la réalité, les Carnavalais engagent l'humanité réconciliée dans un mouvement sans fin, dont les seuls limites sont celles de l'espace, qui est en pleine expansion. Au lieu de proposer une fin à l’humanité, nous lui proposons un mouvement perpétuel. La promesse carnavalaise, à l’inverse de la promesse kah-tanaise, est qu’il n’y a pas de fin, pas de mort, pas de limites. La fin de l’histoire c’est la mort, l’utopie c’est la mort, Carnavale c’est la vie. La Dalyoha Compagnie c'est la vie. Ave.


Rapport rédigée à Bourg-Léon
Le 12 janvier 2018

Docteur Cacendre Fumée
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Note interne aux Laboratoires Dalyoha : quant aux périls qui menacent la Compagnie. Note n°2.


ORGANISATION DES NATIONS DEMOCRATIQUE
Niveau de menace : moyenne

La guerre opposant la Principauté de Carnavale à l'Organisation des Nations Démocratiques a été riche d'enseignements sur les potentialités de cette alliance. Le principal danger que semble représenter l'OND est sa force brute. Forte de capacités de productions sans comparaisons, si ce n'est avec les autres alliances de même envergure, elle possède par ailleurs une efficacité logistique indéniable et un bon niveau d'entrainement pour les terrains conventionnels. La Principauté de l'a d'ailleurs rapidement pris en compte en refusant d'engager le combat sur terrain découvert et en concentrant sa riposte sur l'attrition des forces de l'OND, le sabotage, les embuscades et le combat urbain à Carnavale, dont les propriétés architecturales favorisaient grandement les opérations commandos au détriment des déploiements massifs d'infanterie. Elle a également su jouer, grâce au soutien des Laboratoires, sur des attaques non conventionnelles de type biochimiques dont l'efficacité stratégique a eu un rôle significatif, notamment sur le moral des populations touchées.

Malgré ses capacités industrielles et logistiques indiscutables, l'OND semble rigoureusement incapable d'opérer sur le plan non-militaire, sans doute en raison de son incompréhension profonde de la nature de Carnavale. Elle oppose au projet millénariste carnavalais le déploiement de ses armées et n'a pas réussi - ni cherché - à s'acquérir la sympathie ou l'empathie de la population ou des élites carnavalaises, contrairement à d'autres nations comme le Grand Kah. A défaut de pouvoir mener une occupation permanente de la Principauté et faute d'en comprendre les rapports de forces internes, l'OND se condamne à n'obtenir que des résultats à courts termes. Le temps lui est défavorable puisque Carnavale peut engranger des pertes humaines et matérielles conséquentes là où les nations de l'OND sont très dépendantes de leurs opinions publiques. A moins de s'engager dans une guerre perpétuelle contre la Cité noire, il n'est aucun objectif militaire que l'OND ne puisse obtenir qui n'ait un impact définitif sur la Principauté. Carnavale fait preuve d'une grande résistance face à la force brute, y compris dans ses formes les plus violentes telles que les armes de destruction massive puisque la Principauté prospère d'ores et déjà dans un environnement toxique où les conditions de vie sont difficiles.

A la différence de l'OND, le moral carnavalais ne repose pas sur la peur et un calcul du risque de perdre quelque chose mais au contraire sur les potentialités offertes en cas de victoire. Tout le monde sait dans la Cité noire que la Principauté de Carnavale est non seulement éternelle, mais aussi unique au monde. Faute de pouvoir offrir des débouchés équivalents aux infinies possibilités de Carnavale, l'OND se condamne à des victoires provisoires et sans lendemain. Assassinerait-on la population de Carnavale qu'une génération de clone suffirait à la renouveler. Ses dirigeants considèrent leurs propres corps comme des outils, périssables et interchangeables à Grand Hôpital, le clonage, la virtualisation de la conscience, la gloire sont autant de moyens d'atteindre des formes d'immortalité. Enfin, les élites carnavalaises savent ce qu'elles ont à perdre en adoptant une forme politique traditionnelle. Le rêve carnavalais est sans commune mesure et sans concurrence, il justifie un pari pascalien : les gains potentiels sont tels en restant loyal à la Principauté qu'ils éclipsent les risques.

Précisons notre pensée sous forme d'un modèle de rationalité politique. Si :
  • les potentialités offertes par Carnavale frôlent l'infini
  • une mort affreuses peut survenir en cas de loyauté comme de déloyauté
  • l'offre concurrente à Carnavale ne propose qu'une récompense classique
Alors :
  • Si je suis déloyal à Carnavale, je prends les mêmes risques qu'en restant loyal pour une récompense infiniment moindre. Aucun individu rationnel, avec ces données, ne choisira la trahison.

En découle que le niveau de menace de l'OND est en définitive relativement faible, compensé par une capacité industrielle significative. L'OND n'est pas en mesure d'opposer un contre-modèle à la Cité noire, ce qui limite sa capacité de nuisance aux destructions matérielles qu'elle peut réaliser par les bombardements de son aviation ou des opérations de sabotage qui - notons le encore - n'ont jusqu'ici jamais visé que le matériel et les infrastructures militaires de la Cité noire. Il n'y a à ce stade aucun signe que l'OND soit en mesure de transformer profondément la Principauté de Carnavale et la seule menace actuelle concerne le patrimoine architectural qui pourrait pâtir de la guerre.



Rapport rédigée à Bourg-Léon
Le 12 janvier 2018

Docteur Cacendre Fumée
Note interne aux Laboratoires Dalyoha : quant aux périls qui menacent la Compagnie. Note n°3.


CALIFAT CONSTITUTIONNEL D'AZUR
Niveau de menace : élevé

Le Califat constitutionnel d'Azur est une nation montante d'Afarée de l'ouest, sans prétentions militaires particulières, sinon en ce qu'elle a développé son parc balistique en s'inspirant du modèle carnavalaise pré-Armageddon't. S'il existe de ce point de vue potentiellement quelques risques liés à l'existence de la colonie chimique de CRAMOISIE© (la colonie est toutefois en capacité de riposter également, entrainant une destruction mutuelle), la principale menace que représente le Califat constitutionnel d'Azur ne vient pas de sa capacité militaire mais de sa doctrine géopolitique et de ses prétentions à faire émerger un ordre international basé sur le droit et la coopération entre les nations. Un tel projet est évidement dangereux pour la Principauté de Carnavale puisqu'il prétend niveler la grande diversité idéo-politique du monde en faveur d'un modèle fondé sur des valeurs social-démocrates eurysiennes, ce qui peut surprendre venant d'un pays d'Afarée de l'ouest. Le Califat constitutionnel d'Azur semble de ce point de vue particulièrement aligné sur les positions morales des États libéraux (OND, ONC), signe d'une forme de servilité vis-à-vis des grandes organisations militaires.

Ceci mis à part, la menace que représente le Califat constitutionnel d'Azur est sérieuse. Le pays a fait la démonstration, en créant le Pacte Afaréen de Sécurité, sinon de sa capacité à fédérer, au moins celle de sa volonté. Nous ne nous prononcerons pas sur la viabilité d'une organisation continentale réunissant les pays les plus arriérés et faibles intellectuellement du monde, mais la démarche, elle, a abouti. Il faut dès lors considérer que le Califat constitutionnel d'Azur jouera dans les prochaines année un rôle de catalyseur pour les nations souhaitant se fédérer autour d'un ordre international partagé. Dans de telles conditions, la Principauté de Carnavale pourrait se retrouver isolée et si elle ne craint pas les coalitions militaires, la création de réseaux scientifiques et économiques solides risque, à long termes, d'entraîner son déclassement. Or la Principauté de Carnavale ne survit que parce que son modèle fait la démonstration de sa supériorité. Dès lors que nous n'aurons plus les meilleurs médecins, les meilleurs chercheurs ou les meilleurs ingénieurs du monde, nos partisans ne verront plus l'intérêt stratégique de nous rester loyal, puisque nous ne serons plus le meilleur candidat pour leur apporter la transcendance.

L’émergence d'un tel ordre international est une menace vitale à long terme pour la Principauté. Si nous sommes encore loin de voir un tel système apparaitre, l'existence de nations portant à bouts de bras ce projet doit être pris très au sérieux afin de permettre à Carnavale d'anticiper les initiatives allant dans ce sens, et si nécessaire de les saboter dans l’œuf. Par ailleurs, le caractère religieux de cet État le rend moins poreux à des opérations de déstabilisation idéologique fondée sur des propositions eschatologiques. Les Azuréens ont déjà leur dieu, fut-il le fruit d'un pantomime, et la pénétration des rêves transcendantaux peut se confronter directement à la promesse de vie éternelle fournie par l'Islam. Paradoxalement, cela rend les Azuréens plus sensibles à certains type d'opérations psychologiques basées sur la foi et les apparitions mystico-religieuses. Les manipulations liées au Lion de Dieu, que l'on sait être d'origine azuréenne, sont une indication intéressante que la Principauté de Carnavale et le Califat constitutionnel d'Azur partagent, par certains aspects, des éléments de culture commune pouvant s'influencer mutuellement ou au contraire entrer en concurrence.



Rapport rédigée à Bourg-Léon
Le 12 janvier 2018

Docteur Cacendre Fumée
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