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[Latrua - Karty] Une Fête de la République pas comme les autres...

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en-tête
05/03/2018, Palais Présidentiel de VraranyPalais présidentiel

Vasiliy était dans son bureau, relisant le discours qu’il prononcerait dans quelques heures devant tout le peuple latruant. Il corrigeait de son écriture fine les quelques phrases encore trop imparfaites. Ce discours, il le voulait grand, fédérateur, annonciateur de ce que serait les deux dernières années de son quinquennat, mais aussi de ce que serait le futur du Latrua et de son armée. Cet exercice, auquel il se prêtait rarement, avait été poussé par l’invitation de deux dignitaires kartiennes au défilé militaire. Les paroles qu’il prononcerait seraient aussi pour ses alliés, pour les convaincre d’aller plus loin dans la coopération, principalement dans le domaine militaire.

La porte de son bureau s’ouvrit soudain. Sergey entra dans la pièce. Il était vêtu d’un costume bleu marine, et il arborait fièrement une cravate bleu clair, aux motifs fins et délicats. Vasiliy délaissa la version annotée de son discours pour s’avancer vers son mari. Il lui toucha l’épaule, resserra légèrement sa cravate et l’embrassa. Il lui dit :

« Vous a-t-on dit que vous étiez très séduisant dans ce costume Monsieur Shulichenko ?

- Plus d’une fois, répondit Sergey en riant.

- Les enfants vont bien chez tes parents ?

- Oui. Ma mère leur a préparé un programme très chargé pour la Fête de la République. Elle a dit qu’un jour comme celui-ci ça se fête.

- Je suis bien d’accord avec elle. Sais-tu quelle heure il est ?

- 8 h 45 mon amour. Pourquoi ?

- Les dirigeantes kartiennes devraient arriver d’une minute à l’autre à l’aéroport. J’ai demandé à Yuliya de les accueillir et j’attends sa confirmation.

- Elle ne saurait tarder.

- J’en suis convaincu, répondit Vasiliy. »


Le téléphone portable posé sur son bureau svibra soudain. Le Président s’avança jusqu’au meuble au bois vernis, témoin du temps qui passe, emportant tout : les Hommes et leur pouvoir. Il regarda l’écran. Un message venait de s’afficher : Elles sont arrivées. Vasiliy sourit et se tourna vers son mari :

«  C’est bon, dit-il. Il faut que je me remette au travail. Et toi, tu ne vas pas tarder à partir. »

Il embrassa son mari sur le front puis sur les lèvres, le regarda tendrement et lui glissa à l’oreille :

« On se retrouve dans la tribune officielle. À tout à l’heure, je t’aime ! » 

Sergey envoya et baiser et sortit de la pièce, laissant seul son président de mari avec son envie correctrice compulsive.

PR


***

Aéroport
Aéroport international de Vrarany
L’avion de la délégation kartienne venait de se ranger devant la passerelle. Le vent était encore frais en ce début de mois de mars. Yuliya attendait ici depuis une quinzaine de minutes avec ministres, responsables locaux, militaires et gérants de l’aéroport. La porte de l’avion s’ouvrit enfin. Quelques hommes et femmes, chargés de valises et d’attaché-cases, sortirent de la carlingue de l’appareil. Les conseillers et assistants partis, deux femmes sortirent à leur tour. Elles descendirent les marches de la passerelle avec assurance. Arrivée en bas de l’escalier, la Première Ministre leur tendis la main et les salua :

«  Madame la Gouverneure de la Présidence Fédérale Orlovski, Madame la Gouverneure de la Présidence Fédérale Shimanskaya, Excellences, je m’appelle Yuliya Belyakova et je suis la Première Ministre de la République du Latrua. C’est pour moi un honneur et un privilège de vous accueillir au Latrua. Si vous voulez bien me suivre... »

Elle présenta aux dirigeantes kartiennes les différents membres de la délégation latruante présents sur le tarmac. Elle les conduisit vers le cortège de voitures qui devait les amener jusqu’au centre-ville. Les trois femmes montèrent dans une des voitures qui, dès que la porte fut fermée, s’élança en direction de Vrarany. La Première Ministre dit :

« Excellences, nous nous dirigeons vers les lieus des commémorations et du défilé militaire. Lorsque nous arriverons, vous rencontrerez le chef du protocole. Il attendra avec vous le Président de la République qui arrivera quelques minutes après vous. Vous assisterez, et participerez si vous le voulez, au dépôt de gerbe devant le Monument à la Révolution puis vous gagnerez en voiture la tribune officielle située en bas de l’avenue de la République. De mon côté, je rejoindrais directement la tribune après vous avoir déposé. J’espère que cette organisation protocolaire vous convient. N’hésitez pas à me poser des questions. »

Elle sourit.

Première Ministre
Gouverneure Angèle Orlovski

Musique d'ambiance

AlinéaJet privé filant à travers cieux, une délégation Kartienne sur la voie de la diplomatie. Une invitation Latruante, une cérémonie, un défilé puis une entrevue. Les premiers pas de la Présidence Fédérale s'effectuaient pour la première fois hors Karty, par les deux dames Orlovski et Shimanskaya. Si Angèle avait déjà bien eu l'expérience de la diplomatie, Tosca quant à elle, était passée de simple mairesse de Buchta à l'une des trois dirigeantes de Karty, tantôt la voix populaire est-elle hasardeuse. Enfin pas exactement, Tosca avait été l'une des premières politiques à pointer du doigt le futur compliqué d'après guerre civile avec les germains, car "remporter la victoire c'est bien, mais que ferons-nous après ? Laisserons nous l'Etat tel quel, pour revenir à la même situation dans dix ans ?". La Gouverneure Shimanskaya fut donc royalement élue -et l'expression est paradoxale, elle qui ayant combattu les forces monarchistes- avec plus de 70% des voix de l'état de Zaverço. L'état de Valverde avait naturellement choisi dame Orlovski, l'état d'Helmer n'avait quant à lui pas eu le droit à des élections... Il fallait dire que les germains avaient perdu une guerre, Luciano Bellanti avait été placé leur tête, un socialiste pro-armée très dur et qualifié populiste sur les bords. L'état d'Helmer aura le droit à des élections, comme le prévoit la nouvelle constitution, mais ce sera à la fin du mandat de Luciano. Il avait pour mission, en un total de huit ans, de démonarchiser Helmer, tout du moins d'influer des opinions plus en adéquation avec la nouveauté populaire. C'est bien pourquoi sieur Bellanti n'était point dans le jet avec les deux autres membres de la Présidence Fédérale, il était trop occupé à Karty, pacifier une région dont la plupart des citoyens avaient soutenu l'ancien coup d'état. Angèle et Tosca était dans un avion de semi-ligne, quelques dizaines de chasseurs escortant de loin la délégation, à l'affût du moindre danger. Il fallait dire que les Kartiens n'étaient plus assurés par la sécurité, depuis quelques vives déclarations avec l'OND et le nouveau régime, les réactions étrangères pouvaient être imprévisibles. Si le climat extérieur était plutôt tumultueux, l'ambiance à l'intérieur de l'appareil était toute autre. Les deux Kartiennes étaient posées dans ce dernier, laissant défiler d'un côté une chaîne de radio Kartienne, de l'autre discutant de temps à autre. Le jazz se développait de plus en plus en Karty, dit-on qu'une telle scission de régime influerait sur l'art en lui-même. Une effervescence socialiste, l'on quittait peu à peu les musiques militaires ou nationalistes pour des styles sociaux plus normaux, plus citoyens. Mais il y avait évidement les bribes de l'héritage culturel, et en effet, une interprétation de Katyusha, hymne de l'Empire de Karty, passa à la radio. Tosca éteignit le poste, puis s'adressa à Angèle, qui avait le regard perdu, une réflexion profonde semblait la traverser.

Tosca Shimanskaya-"Nostalgique ?"

Angèle Orlovski-"Excuse-moi ?"

Tosca Shimanskaya-"Nostalgique de ces notes, cet hymne ?"

Angèle Orlovski-"Ah... Non, non pas vraiment. Anxieuse plutôt, perdue. Tosca, j'ai vu passé la République Impériale et notre nouveau régime..."

Tosca Shimanskaya-"Je le sais bien. Mais à ton avis, pourquoi le peuple a-t-il tenu à conserver ta place ? Pourquoi n'as-tu pas finie comme les autres reliquats de cette 'République Impériale', cet Empire ? Tu ne sais pas ? Je vais te le dire, je t'apprécie Angèle, quelque part je t'admire. Tu as toujours choisi les citoyens, ils t'ont choisi en retour. A ta place, combien auraient choisi d'aider Teyla ? Imagine seulement. On serait en guerre contre toute l'Union Libertaire, et tout cela était entre tes seules mains. Notre nouveau régime vise justement à éviter de telles responsabilités pour si peu de monde. Je ne te critique pas toi, un pouvoir exécutif fort, une autocratie même, c'est bien. Oui c'est bien, ça marche. A seule condition que la seule personne à la tête soit censée, réfléchie, à l'écoute des maux du peuple. Ce qui était ton cas. Ce qui aurait certainement pas été celui de ton successeur, on peut pas contrôler qui aurait pris ta place. C'est pour ces raisons que je suis libertaire Angèle, séparer les pouvoirs c'est éviter de donner à un seul individu le destin de millions de gens. Car ça va dans les deux sens, si le tyran est bon alors ses décisions le seront, mais si le tyran est mauvais -ce qui est généralement le cas- alors ses décisions le seront d'autant plus."

Angèle Orlovski-"J'entends, mais n'en suis pas convaincue."

Tosca Shimanskaya-"Ta réaction, cette inquiétude, prouve que tu es une bonne dirigeante. Tu stress à l'idée de mal faire, de pas bien servir ce pour quoi tu t'es engagé, ton peuple, notre peuple. Et tant mieux, tous ces faux-culs de dirigeants, ces populistes, qui se remettent jamais en question, ça donne le tournis et c'est peu dire."

Angèle Orlovski-"Dis-moi Tosca, que penses-tu du Gouverneur d'Helmer ?"

Tosca Shimanskaya-"Luciano ? une brute épaisse qui a fait de l'armée, un des populistes justement. Mais est-ce qu'on avait le choix ? Je veux dire, les principes que je t'expose sont beaux, mais ils n'auraient jamais pris à Helmer. Il faut déjà un travail bien fait pour enterrer la volonté monarchique."

Angèle Orlovski-"A nous de maintenir à Valverde et Zaverço ces valeurs."

Tosca Shimanskaya-"Et concernant le Latrua ? C'est ma première je te rappelle."

Angèle Orlovski-"Tu t'y feras à la longue, on a rien à craindre au Latrua. Diplomatiquement on s'entend bien malgré un écart considérable de puissance et... personnellement, je m'entends bien avec Vasiliy le Président, plutôt bien."

Tosca Shimanskaya-"Soit, soit... Alala, j'apprécierais toujours autant le doux air du jazz moi..."


Gouverneure Tosca Shimanskaya

AlinéaTandis que des cargos Kartiens avaient amené des militaires pour le défilé, Angèle et Tosca entraient par les grandes portes. L'ancienne Chancelière adopta une attitude sereine, diplomatique et autoritaire, qu'on lui connaissait bien. La nouvelle Gouverneure elle, souriait chaleureusement, elle paraissait enjouée d'être en ces lieux... Et elle ne faisait pas semblant. Lorsqu'on l'annonça, Tosca fut la première à prendre la parole.

Tosca Shimanskaya-"Mes salutations ! C'est un véritable honneur d'être accueilli en votre patrie, et je suis sincère !"

Dame Orlovski était un peu perplexe, un tel engouement ? Quoiqu'il en soit, elle annonça à son tour, comme pour recadrer un minimum le spectre diplomatique.

Angèle Orlovski-"Honneur et privilège partagés, dame Yuliya Belyakova, la République Fédérale Kartienne vous remercie de votre invitation."

Finalement les deux Kartiennes entrèrent dans un véhicule de fonction aux côtés de la Ministre, Angèle toujours de sa mine sérieuse, Tosca rayonnante, qui répondit du tac au tac à son interlocutrice.

Tosca Shimanskaya-"C'est un réel plaisir de découvrir votre culture, j'ai très sincèrement hâte d'observer de près vos us et coutumes, un honneur d'être aux premières loges si je puis dire. Nous participerons évidement à ce dépôt, nous ne pouvons refusons une telle invitation ! Tout est très clair pour moi... Pour Angè-euh, pour la Gouverneure Orlovski aussi j'imagine."
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