AlinéaL'animal blessé s'enfonçait dangereusement dans l'antre du prédateur, dans l'antre du vainqueur, les portes de la République Fédérale Kartienne. A peine les roues du véhicule Grammatikais s'arrêtèrent, qu'un roulement de tambour grave résonna. Ce n'était plus une entrevue, toutefois bel et bien cette sentence séraphine qui s'abattait. Cuivres explosaient telles salves d'artillerie, percussions des marteaux colossaux frappant le bronze d'une enclume, le sol lui-même tremblait d'une vigueur militaire. Sous "acceptation" des autorités Grammatikaises, l'entrevue d'Hamborga se préparait au rythme de ces notes. Ces diplomates étrangers n'en étaient plus, simplement des pions inexorablement entraînés dans une valse noire, que leur propre pays avait orchestrée, orchestrée et perdue. Le jeu, les cartes, la donne, étaient déjà distribués, la Présidence Fédérale en annoncera simplement la couleur. L'État Garmflüßensteinois n'était guère convié à converser, tout du moins il l'était à écouter, se taire et assumer. Le contraste en devenait fatalement cruel, une nation défaite de ses ambitions face à celle vainqueur, forte de toute sa puissance, un déséquilibre si démesuré. Des garmflüßensteinois, des diplomates, des figurants, des pantins. Les violons, appuyés de toute la mélodie militaire, lacéraient l'air, écrasaient cet Etat pitoyable. Les militaires, non plus de cette Armée Impériale d'antan, mais bien de ce nouveau Tricommandement, encadraient froidement, méthodiquement le tout. Les diplomates étrangers étaient guidés à la baguette, escortés dans un modeste lieu dont l'opulence était nulle, Grammatika était une ennemie plus que tout autre chose. Angèle attendait patiemment aux côtés de Luciano, deux des Gouverneurs de la Présidence Fédérale. Ce serait à cette "bâtarde slave", comme s'accordent à dire les dignitaires garmflüßensteinois, de donner la voix. Cette même bâtarde qui avait mis à genou tout leur gouvernement, les seuls rescapés demeurant ces diplomates qui jouaient le destin même de leur patrie sous la volonté unilatérale Kartienne. Cette même bâtarde qui n'affichait aucune expression, ni haine ni joie, simplement la réalité: A la signature, la patrie garmflüßensteinoise survit, au refus, elle entrera dans les livres d'Histoire.

Gouverneure Angèle Orlovski-"Je ne viens point vous tendre la main, simplement vous présenter le choix qu'il vous reste: La survie, ou votre naufrage. Votre nation, aussi glorieuse que vous la revendiquez, est à genou, face à notre jugement, notre jugement seul. Vous êtes chez nous, nous faisons notre loi, peu m'importe vos considérations, fussent-elles existantes. Votre patrie ne survivra que par clémence, toute résistance trouvera réponse comme votre ridicule tentative d'ingérence. Votre défaite est un fait, votre diplomatie, votre armée, votre souveraineté... Tout cela relèvera du passé par quel horizon vous choisissez. Le monde entier, la scène internationale, tout Etat saura que vous vivez par signature, ou bien que vous avez péri, gangréné par votre orgueil. Votre défaite est factuelle, votre avenir en revanche, se joue ici et maintenant. Faites le choix, ou disparaissez... Quel est-il ... Excellence ?"