
Malgré les apparences qu’elle aime à se donner — et qu’elle se sent en devoir de préserver — l’Administration militaire du Dakora n’a absolument rien d’une République. Bien qu’elle soit composée de colons makotans jaloux de leurs libertés, elle ne garantit en réalité aucun droit d'expression, ou très peu, suivant les principes de l'armé makotane dont elle est une émanation. Il découle de cette réalité autoritaire, certainement justifiée par les circonstances, que les libertés de la presse ne sont nullement assurées et que tout ce qui circule dans la presse, ou cherche à entrer dans les colonies dakoranes, doit faire l’objet d’une censure préalable assez stricte.
En pratique, ce sont surtout les opinions pessimistes et défaitistes qui sont écartées — en plus, naturellement, de toute apologie du socialisme, du communisme ou des mauvaises mœurs. L’Administration travaille coûte que coûte à atténuer dans l'opinion publique la dure réalité du Dakora et à dépeindre les colonies comme des endroits « pas si hostiles ». Il en ressort qu’il n’existe qu’un seul titre dakoran : le Dakora Matin, un quotidien qui émane presque directement des autorités administratives.
Notons enfin que Dakora Matin n’existait pas avant la récente conquête des terres par le Makota et la création de l’Administration Militaire. Avant le funeste jour du 5 mai 1990, le Dakora comptait des dizaines de titres très divers, propres à une société véritablement libre et plurielle dans son expression. Ceux qui collectent les archives d’avant la catastrophe le savent mieux que quiconque : cette nouvelle presse n'a aucun rapport avec l'ancienne, laquelle, si elle était indubitablement corrompue, était au moins libre en droit. Cela dit, il existe de nombreux pays où la presse est beaucoup plus contrôlée qu'elle peut l'être au Dakora. Ce qui est surtout surprenant c'est le décalage dans les grands principes entre l'ancien et le nouveau Dakora ou entre l'Administration et le pays dont elle est l'émanation ...Liste des journauxDakora Matin : Seul journal légal et proprement dakoran dans son impression (bien qu’imprimé et lu par des colons makotans), Dakora Matin est officiellement un journal civil, plus précisément une entreprise privée dont le capital est détenu par des colons connus et respectés. Mais, dans les faits, il s’agit d’une émanation indirecte de l’Administration, laquelle inspecte chaque numéro avant sa distribution et peut interdire articles ou rubriques, voir le numéro entier. La censure demeure cependant essentiellement interne et préalable : les journalistes savent globalement ce qu’ils peuvent dire ou non, en gros ils s'autocensurent. Ce n’est tout de même pas « la brochure du parti », mais enfin, quiconque connaît le fonctionnement réel de cette presse ne peut qu’admettre que les informations les plus importantes sont rarement les plus fiables et qu'il y a une clé de lecture à conserver sur certaines thématiques.
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