Astra est socialiste, voire communiste, et le Banairah oscille entre protectionnisme, économie planifiée et capitalisme libéral, mais les deux pays sont si semblables par leurs fondements, leur origine et certaines de leurs idées, que cette différence d'apparence fort handicapante ne les empêchera pas de s'accorder sur un fait : l'union fait la force, et prévoir un avenir paisible et d'entraide entre les deux nations bénéficierait à toutes les deux, montrant ainsi la voie tandis que certains pays sombrent peu à peu dans le chaos, le totalitarisme et la corruption...Échanges culturels, scolaires, expositions, ambassades, programmes de défense de l'espace maritime, coopération policière contre le commerce illégal et le crime international, tant d'idées à aborder, discuter et débattre. Peut-être même une alliance militaire à l'avenir, si les deux gouvernements arrivaient à s'entendre dans le long terme. La démocratie directe est précieuse, mais elle est aussi fragile : conclure un tel partenariat assurerait à ses signataires des gardes-fous solides propres à protéger leurs pays de l'instabilité.
Oui, il s'agissait d'une journée cruciale, et Saroud Al'Tenhè s'en montrerait digne, car c'est son devoir. Il ne faillirait pas. Peut-être attendait-il trop de cette rencontre. Après tout, l'Astra n'était qu'une poussière dans l'échiquier mondial, pas même un pion; le Banairah lui-même avait du mal à s'en sortir, à placer ses pièces pour défendre son bout de gras. Mais il s'agissait de la première démocratie directe qui en arrivait à ce stade, arrivant à paraître sur la scène internationale, et en plus elle possédait une frontière commune avec le Banairah, alors forcément, son imagination s'emballait. Non, il fallait se ressaisir. Oui, il étaut heureux de l'ascension d'Astra, non, il ne voulait pas se lancer de la poudre aux yeux. Il resterait clair d'esprit. Voilà ce que se dit Saroud alors qu'il comtemplait l'horizon d'azur d'Abunaj, le visage sculpté par la joie et l'inquiétude. Il profita quelques instants de la brise légère qui vint à lui alors qu'il attendait accoudé à la balustrade de la terrasse des jardins de l'Ambē l'arrivée de ses homologues astrasiens. À côté de lui, la ministre des Affaires Extérieures gardait un air concentré, parlant de temps en temps avec le général Venga en charge de la communication avec l'aéroport diplomatique et la Garde Républicaine déployée afin de sécuriser les lieux. Tout était prêt, du décor de la salle de réception à l'orchestre et son chœur qui joueront l'hymne de l'Astra et du Banairah, en passant par les drapeaux des deux pays hissés côte à côte régulièrement de part et d'autre de l'allée centrale arborée menant aux portes majestueuses du ministère. Ne restait plus qu'à attendre les invités, guidés depuis l'aéroport jusqu'au lieu de rencontre, à quelques centaines de mètres de là sous bonne escorte.