18/06/2018
14:08:27
Index du forum Continents Afarée Azur Université Ibn Sina [Science & Technique]

MUSHAWWIQ !

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MUSHAWWIQ ! (« intéressant ») est le surnom donné à l'ancienne Revue universitaire des sciences et techniques modernes de l'Université Ibn Sina. C'est un média tenu par des chercheurs, des étudiants et des amateurs qui couvre certaines découvertes technologiques, et qui traite de questions scientifiques en général. Essentiellement basé sur les activités azuréennes, il peut aussi s'intéresser à certaines réalisations faites à l'étranger. MUSHAWWIQ ! est administré par des universitaires et des étudiants, et se veut être à destination d'un public amateur ou doté d'un niveau d'éducation intermédiaire, pour valoriser le travail des scientifiques, et interroger les développements dans la science : il est bon de savoir que ce journal, tenu par un bastion laïque et progressiste minoritaire en Azur, est perçu par les autorités califales comme une publication politique, et considérée comme telle. Bien qu'autorisé et exerçant sans difficulté, MUSHAWWIQ ! intéresse essentiellement la communauté estudiantine, des ingénieurs, des amateurs et des partisans de l'opposition.

L'un des refondateurs de MUSHAWWIQ ! n'est autre qu'Abdulmajid Reza, étudiant en mécaingénieurie à Agatharchidès, tué en 1978 à l'occasion de la révolution contre la dictature républicaine et militariste, menée à la fois par les socialistes et les islamistes, et accouchant d'un compromis historique à travers l'établissement du Califat « constitutionnel. » Reza avait participé à l'insurrection, après avoir été, quelques semaines avant le début des manifestations, incarcéré par la police pour avoir diffusé sans autorisation des exemplaires de la Revue universitaire sans autorisation des autorités. Sorti de geôle, il avait promis à ses camarades de dédier sa vie au journalisme scientifique pour inventorier l'expansion des sciences à travers le monde ; une balle de l'armée, tirée aux abords du palais présidentiel visé par un assaut populaire, aura eu raison de ses ambitions mais pas de son esprit. MUSHAWWIQ ! vit encore.




16.06.2018 - Aérien - SKYRAVAN lance le "Samaa", son nouveau dirigeable semi-rigide



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16.06.2018 - Aérien, Aéronautique, Dirigeables, Energies renouvelables

AÉRIEN
« SKYRAVAN » LANCE LE SAMAA, SON NOUVEAU DIRIGEABLE SEMI-RIGIDE

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Il s'élève au-dessus de la plaine, lent et régulier malgré le vent de nord-est. Il le prend de face. Au-dessus du terrain d'essai de Seylimsaray, l'appareil réalise son premier vol officiel à usage commercial ; des treuils suspendent, sous sa majestueuse silhouette ronde comme un nuage, le mât d'une éolienne de quarante mètres qui sera installée à quarante-huit kilomètres plus à l'ouest, dans les contreforts des Monts du Tigre. Remarquablement stable, le nouveau dirigeable semi-rigide de SKYRAVAN, dont le revêtement triple-couche assure la sécurité vis-à-vis des rayons ardents du soleil autant que des cruelles variations de température en haute altitude, démontre ainsi son utilité pour le transport de biens volumineux et sensibles, tels que les composantes d'infrastructures difficiles à acheminer à travers le relief accidenté de l'Afarée orientale.

« Une première depuis 1978 » ; la Société Caravanière des Airs, connue à l'international sous le nom de SKYRAVAN, avait annoncé concrétiser son projet remontant à 2010 de relancer l'industrie azuréenne de manufacture de ballons dirigeables. C'est désormais chose faite. Construit pour l'essentiel dans les ateliers aéroindustriels de Seylimsaray, dans la plaine du Plateau central, le Samaa, « firmament » en arabe littéraire, renoue avec l'histoire aéronautique azuréenne, intimement liée aux « baleines des cieux » du comte Zeppelin. Ses capacités « dépassent largement » celles de la dernière classe d'aéronefs produits par la Société Caravanière des Airs, comme l'indique son porte-parole ; contrairement à la classe Sîrwanpûr qui équipait les lignes moyennes pour le transport des voyageurs et du courrier entre les provinces du pays, le Samaa se destine à des charges beaucoup plus importantes, et se prépare à affronter des conditions autrement plus difficiles.

Le Samaa est pensé par SKYRAVAN comme un appareil de transport de charges lourdes et volumineuses, notamment en articulation avec les projets prometteurs mais techniquement complexes de développer des stations de production d'énergie dans les zones reculées du pays, une voie de décarbonation de l'économie et de « sortie des hydrocarbures », des objectifs pieux affichés par le Diwan. « C'est un gros chargeur aérien, le premier de son genre », affirme Gabdan al-Hithmaqi, porte-parole du projet Transafareair 2020 promu par SKYRAVAN. Il se caractérise, selon ses concepteurs, par trois atouts essentiels vis-à-vis des autres dirigeables en fonctionnement à l'ère actuelle. Premièrement, le revêtement du ballon, qualifié de « changeur de donne » dans le petit milieu des concepteurs d'aérostats scientifiques et civils ; doté d'une triple couche, il est extrêmement résistant au rayonnement ultraviolet grâce à une couche externe de polymères fluorés, mais aussi léger et déformable : « c'est l'intérêt essentiel du semi-rigide », explique un ingénieur, selon lequel la couche intermédiaire du revêtement, en fibres aramides et en graphène, ajoute « une grande déformabilité » directement commandable par le poste de pilotage. En effet, ce sont près de trente-six ballonnets internes à l'enveloppe qui permettent une homéostasie du gaz d'une cellule à l'autre, dotant le Samaa d'une « très grande maniabilité » mais aussi d'une bonne résistance de l'enveloppe contre les éclairs et les dommages causés par la grêle, la neige ou le vent. Enfin, la couche interne de l'enveloppe, revêtue d'aluminium vaporisé, est « la plus étanche du marché », permettant une économie de gaz en obstruant les possibilités de diffusion du gaz porteur à travers l'enveloppe - un défi technique, posé par l'extrême légèreté du gaz porteur qui permet la sustentation.

Le deuxième « atout » du Samaa semble résider dans son gaz porteur, que les familiers ont renommé le « Bisotopique » : mélange d'hélium-3 et d'hélium-4, il est supposé apporter une plus grande stabilité que l'hélium pur, en plus d'en conserver le caractère porteur et inerte. « Cette composition améliore le temps que pourra passer le dirigeable en-dehors de l'entretien », lui assurant plus de vols entre chaque visite de contrôle, que la Caravanière des Airs assure pourtant « très réguliers. » La stabilité du « Bisotopique » au sein du ballon est également promue comme un levier essentiel pour augmenter la capacité de charge de l'appareil, qui prétend à plus de cent tonnes de charge utile, et d'être adapté au transport d'objets très volumineux. « Les vols de chargement sont les plus délicats pour le maintien du gaz », explique un pilote formé par SKYRAVAN, qui rappelle que l'hélium, abondant en Azur à travers les nappes d'hydrocarbures mais coûteux à l'échelle mondiale et promis à une exploitation rapide, s'échappe de l'appareil au moindre accroc de trajectoire ; « avec un dirigeable classique, le chargement d'objets volumineux est intenable dans la durée, si l'on ne fait rien pour stabiliser la portance d'un vol à l'autre. » L'intégrité de l'aérostat et la sécurité des personnels sont en jeu, selon lui.

Enfin, un troisième argument de vente avancé par SKYRAVAN concerne l'innovation quant à la propulsion. Selon la compagnie, le Samaa assure un vol stationnaire « exceptionnel » en comparaison des ballons produits par les autres constructeurs internationaux ; la frontière du vol stationnaire était pourtant une ligne rouge expliquant le déclin de l'aérostation pendant le vingtième siècle. « C'est très difficile d'assurer un vol stationnaire », nous explique à nouveau le pilote, « en raison du vent, des dépressions de l'air, de l'envergure du ballon » qui peut se retrouver balancé par les éléments « comme un navire chahutés dans ses voiles » ; ainsi, les ballons dirigeables ne pouvaient jusqu'à lors être complètement stabilisés que par atterrissage, une opération « risquée, coûteuse » (notamment en main-d'oeuvre ; jusque dans les années soixante-dix, il fallait souvent jusqu'à deux cent opérateurs pour tirer sur les câbles et attirer le ballon vers le sol afin de conclure un atterrissage !), mais aussi « de moins en moins nécessaire » ; le ballon ayant, avec les années, été de plus en plus relégué à un vol permanent en-dehors de visites d'entretien à terre dédiées à la nacelle et aux moteurs. « A Carnavale, le problème avait été solutionné par la fixation du ballon par sa proue à un réceptacle en haut des gratte-ciels » ; une technique adaptée pour déposer des passagers de luxe dans une métropole, mais tout à fait inenvisageable pour décharger du matériel sensible en zone accidentée, ou de grandes charges sur un terrain de catastrophe. Comment SKYRAVAN prétend-elle régler le problème du vol stationnaire ? Réponse de Gabdan al-Hithmaqi : « grâce à des hélices rotatives » fixées sur l'enveloppe elle-même, et actionnées par les moteurs, de façon à « inverser les forces ascendantes ou collatérales » qui pourraient faire dévier le ballon : le vent, allié et adversaire des marins des cieux. Les concepteurs du Samaa s'inspirent du principe du sonar, ou du mode anti-son sur des écouteurs ; la propulsion d'une force inverse à celle exercée sur l'aérostat. A l'aide de capteurs et d'un module de traitement de l'information physique entraîné par intelligence artificielle, les ingénieurs assurent que ce système garantit « un vol quasi-stationnaire », « amplement suffisant » pour stabiliser l'appareil lors de la charge ou de la décharge de cargaisons lourdes à très lourdes. La Société Caravanière des Airs compte pour cela sur ses moteurs électriques, développés grâce à une collaboration avec Beno Air, une filiale co-développée entre l'Azuréen SKYRAVAN et les Laboratoires Henri Ventafalle (LHV) du Drovolski. Un moteur électrique, participant à la décarbonation des trajets, et capable d'assurer une autonomie de l'appareil importante pour assumer, en particulier, la consommation gourmande d'énergie que suppose le dispositif de vol stationnaire (DVS).

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D'un point de vue technologique, « c'est une avancée incontestable », se félicite par ailleurs le Ministère du Développement. Mais encore faut-il que le Samaa fasse démonstration de son intérêt commercial, car la Société Caravanière des Airs compte bien amortir rapidement les investissements de presque dix ans de recherche en construction aéronautique. « Le projet a bénéficié de considérables subventions publiques », rappelle un délégué au Sérail, qui se félicite « d'un aboutissement concret » et qui invite SKYRAVAN à « tenir les délais de livraison » pour la construction du champ d'éoliennes d'Uzgöyir, une localité située dans le nord des monts du Tigre, à trois mille mètres d'altitudes. Selon les experts, le marché public pour la construction d'infrastructures en zone reculée sera le principal client du Samaa et de sa majestueuse course, déplaçant sur des distances importantes et livrant par les airs les composantes essentielles d'ouvrages publics. Une autre application voulue par la Caravanière des Airs est également de faciliter l'exploitation des bois remarquables en forêt tropicale ; en intervenant au-dessus de la canopée, les arbres pourraient être extraits beaucoup plus facilement de la forêt, pour être ensuite travaillés en ébénisterie ou en marquetterie ; le Samaa pourrait permettre de rejoindre, de charger et de livrer sur les ateliers un grand nombre d'arbres aujourd'hui isolés au sein de forêts souvent primaires et difficiles d'accès. Un usage sur lequel compte bien la propriétaire principale de la Caravanière des Airs : Dilara Kuzbanzadeh, la « femme la plus riche d'Azur », ambitionne de valoriser la production d'articles de luxe par l'une de ses autres entreprise, la Maison Shamsûr. Le dirigeable pourrait-il être un facteur essentiel à l'exploitation d'espèces menacées ? Certains militants écologistes demandent au Diwan d'instaurer des clauses limitantes à de potentielles « atteintes à la biodiversité », démultipliées par « les nouveaux moyens techniques. » D'autres champs d'application, tels que le ravitaillement des plateformes pétrogazières océaniques, ou encore des bases polaires situées en Arctique et en Antarctique (Nivérée mais bof), pourraient donner une utilité commerciale au Samaa. « La communauté scientifique et politique est conquise », analyse Jeanculle Grognochon, économiste messaliote d'origine carnavalaise, « mais les milieux économiques peuvent rester sceptiques. »

L'économiste pointe en effet la dimension politique de ce retour fracassant de l'Azur sur la scène de l'aérostation, une première depuis le début du siècle, et depuis plus longtemps encore. Et pour cause : l'aérostation est une passion historique azuréenne, depuis l'installation du comte Frederikus von Zeppelin en Azur en 1904, exilé du Lofoten après qu'on lui ait disputé la paternité de brevets novateurs. Héritiers des Luftschiffbauern Zeppelin, ceux que les Azuréens appellent les « safinat-al-sama » (سفينة السماء), « navires célestes » ont fait partie de l'iconographie modernisatrice de la période républicaine entre 1922 et 1978 - timbres-postes, affiches, magnets, et même des chansons célèbrent les dirigeables azuréens, qui furent en leur temps parmi les meilleurs au monde. On se rappelle que l'Azur a d'ailleurs été, dans les années soixante et soixante-dix, l'un des derniers pays à opérer des ballons dirigeables pour le transport des voyageurs, là où l'aviation, plus compétitive avait anéanti la filière aérostatique dans le reste du monde. « C'est un motif de fierté nationale », résume Dilara Kurbanzadeh, figure de la Caravanière des Airs ; « une fierté qu'on n'abandonnera à personne. »

Le lancement du Samaa s'est accompagné de prises de paroles unanimement réjouies dans la classe politique, y compris de la part des fractions les plus hostiles au régime dans l'opposition légale. Pour la première fois depuis le début du vingtième siècle, un dirigeable ne sera pas prioritairement alloué au transport de riches voyageurs ; un détail qui attire, de façon surprenante, l'attention du Parti des Travailleurs Azuréens, P.T.A., qui s'est félicité d'une « avancée utile pour le développement des forces productives. » De leur côté, les nationalistes des Jeunes-Altaïs ont fait savoir leur satisfaction de voir « la Patrie rayonner à nouveau » à travers les rayons étincelants que le soleil fait briller sur la surface argentée du Samaa.


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