A - Prélude :
L'Empire Xin, aussi affaiblit et chaotique soit-il n'a pas pour autant, malgré sa vulnérabilité et sa décadence, perdu la teneur ainsi que la saveur des intrigues constantes qui gangrènent la Cité Interdite et plus généralement l'ensemble de Beiyfon. Le pouvoir de l'enfant-empereur n'a notamment jamais été aussi faible dans la mesure où de puissantes forces manoeuvres à l'insu du trône du Dragon afin de promouvoir leurs propres agenda et intérêts, "satisfaisant" l'empereur de façade tout en influençant ce dernier que ce soit par des conseils murmurés à son oreille ou à travers son éducation qui est devenu un véritable enjeu au sein de cette vaste mascarade de grâces perfides se déroulant à l'ombre du trône du Dragon.
Trois factions entre autres aux forces diverses et aux intérêts divergeant s'affrontent régulièrement sur tous les fronts, qu'ils soient politiques, économiques, subversif ou même militaire, chacun ayant ses arguments ou ses non-arguments à présenter afin de surpasser la concurrence et cimenter son autorité et surtout son influence auprès du fils du Ciel qui dispose encore d'un pouvoir non négligeable même si ces derniers temps il est sujet à la "gracieuse tutelle" de ses plus fidèles conseillers, ou tout du moins ce serait le cas si sa Mère, la Régente ne veillait pas afin d'éviter que son fils ne tombe sous la coupe de l'un ou des autres. Mais sa Majesté devant aussi subvenir aux obligations étatiques et conserver un semblant d'apparence, elle ne peut non plus créer une bulle complètement hermétique à toute influence. Bien malheureusement.
B - Le trône et les trois factions :
1 - Le trône du Dragon :
Comme l'on peut s'y attendre, l'Empire Ushong est très loin du modèle des démocraties libérales occidentales, en effet il s'agit là d'un système monarchique héréditaire où le pouvoir absolue demeure entre les mains de l'Empereur que l'on surnomme le Fils du Ciel en référence au Mandat Céleste qui est le sobriquet officiel du régime impérial. Ledit mandat fonde ainsi la légitimité impériale à régner sur le fait que le ciel lui même, comprendre les éternels, immortels et de manière générale les divinités octroient le droit à l'occupant du trône du Dragon de régner depuis la terre sur les mortels, élevant ainsi le statut de l'Empereur à celui de Dieu vivant. L'on considère ainsi communément que l'Empereur est juste, sage et vertueux de façon générale par défaut car il dispose du mandat et que par conséquent les cieux lui reconnaissent son hégémonie sur terre, toutefois le concept est à double tranchant car dès lors que ce dernier devient corrompu ou a une mauvaise conduite (Ce qui est toutefois sujet à l'interprétation), il devient alors théoriquement légitime de se révolter car l'Empereur aurait perdu le mandat.
Dès lors la question se pose, comment juge-t-on précisément que cela serait le cas ? Autrefois les Ushong se fiaient aux caprices météorologiques et interprétaient donc la volonté du ciel. Mais l'arrivée des Xin au pouvoir a changé la donne au fur et à mesure que ces derniers ont assis leur autorité sur des interprétations de la possession du mandat plus... Législatives. Ce n'est donc plus le mauvais ou le bon temps qui décrète de l'aptitude de l'Empereur à régner mais purement et simplement le caractère juste ou impératif de ses directives. En d'autres termes, la fin justifie les moyens et peu importe ce qu'il entreprends tant qu'il peut justifier de sa nécessité, ce qui bien évidemment est relativement incontestable lorsque l'on sait que les juristes n'hésitent pas à accuser de blasphème quiconque remettrait en cause la parole du trône du Dragon. S'il paraît dès lors injuste, le système a tout de même le mérite de maintenir un semblant d'ordre, de même que généralement les Empereurs aussi lunatiques soient-ils sont tempérés par leur entourage et surtout par la philosophie Yantiséenne que les précepteurs et théologiens mettent un point d'honneur à leurs transmettre durant leurs jeunes années.
Cependant il convient toutefois de noter que dernièrement le pouvoir de l'Empereur est devenu plutôt théorique dans la mesure où l'influence grandissante de la cour impériale, du Grand Secrétariat et des diverses Cliques et gouverneurs provinciaux n'a cessé de croître. La mort aussi brutale que soudaine de feu l'Empereur Xiantong il y a quelques années de cela n'a pas arrangé les choses, maladif et vieux, ce souverain autrefois si dynamique et puissant n'était plus qu'une ombre symbolique ayant depuis longtemps déléguée le pouvoir décisionnel à ses fidèles conseillers tant il n'était plus capable d'assumer ce fardeau seul. Mais même en vie, il représentait encore une époque si plaisante que l'on écoutait un tant sois peu sa volonté et tâchait de l'exécuter aussi bien que faire se pouvait. Le destin étant ce qu'il est, il a toutefois trépassé sans laisser de fils, ou plus précisément sa progéniture a passé l'arme à gauche avant lui, victime d'un complot étranger sans nul doute. De ce fait et de par les lois de succession en vigueur, le trône du Dragon est revenu à son petit fils, Tao Xin, ayant pris le nom de règne de Xuan. Toutefois, un léger problème s'est vite présenté dans la mesure où ce dernier n'est gère qu'un enfant de huit ans, expliquant de façon assez explicite la propension des "fidèles sujets" à légèrement choisir quels ordres accepter. Malgré tout, l'Impératrice Douairière, nommée régente de facto par défaut dû à l'appui notable de la Garde Impériale composée de gens fidèles à feu Xiantong et à sa personne, veille au grain afin de préserver les intérêts de son fils et faire en sorte que tous les fauves entourant ce dernier ne le dévore pas afin de servir leurs petites personnes et agenda politiques.
Enfin, le Fils du ciel demeure au sein de la Cité Interdite qui est un palais si immense qu'il fait la taille d'une petite ville, ce dernier est situé aux abords de Beiyfon et abrite autant la Dynastie Xin que la cour impériale et une large part de l'administration de l'empire. La "Cité" est dite Interdite car les accès y sont très réglementés, les diplomates étrangers eux même doivent notamment suivre un protocole draconien afin de pouvoir entrer en celle ci.
2 - Le Grand Secrétariat :
Aussi communément appelé par les badauds "La Magistrature" ou par les étrangers "La Chancellerie", le Grand Secrétariat est l'organisme regroupant l'encore très imposante bureaucratie impériale qui incorpore autant les éléments administratifs que législatifs et juridiques. Les "Eunuques" comme on aime les nommer du fait que durant la très longue histoire impériale l'on ne les a jamais vu pointer le bout de leurs robes de soie sur les champs d'honneur ni spécialement faire grand cas de leurs exploits masculins, ont ainsi la main mise sur le poumon de la nation dans la mesure où ce sont eux, les lettrés qui s'appliquent à faire fonctionner le pays de façon générale.
Entendons par là que de par leurs devoirs vis à vis de la bureaucratie, ils s'occupent des actes divers et variés concernant les citoyens de l'empire, ceux ci traitant autant du droit de la propriété que de l'impôt à verser ou des taxes à imposer sur tel biens ou tel entreprise. De la même manière ils tiennent les comptes des dépenses et des rentrées de fonds divers et variés comme ils listent la composition des arsenaux, la teneur des tributs encore reçus par l'Empereur aujourd'hui ou simplement mettent en place des census au sein des provinces afin de garder une trace quand aux évolutions démographiques et économiques.
De la même manière ce sont eux qui établissent des projets de lois, de décrets ou d'ordonnances en long en large et en travers et qui le cas échéant apposent le Sceau Impérial, le symbole suprême de l'autorité et de la volonté de l'empereur qui illustre sa parole sacrée et authentifie chaque document d'état par sa simple marque sur l'un, l'autre ou chacun d'entre eux. Bien évidemment, le Grand Secrétaire et ses assistants sont tenus de présenter à l'Empereur chacun des projets mis en oeuvre ou d'exécuter ceux qu'ils décident de mettre en place avant même de valider leur mise en pratique en apposant le sceau. Du moins c'est là la théorie. Dans la pratique, l'Empereur ne pouvant surveiller l'ensemble des créations législatives de ses serviteurs délègue à des "Hérauts", des représentants qu'il désigne personnellement (Bien souvent de la Cour) afin qu'ils s'assurent de la bonne conduite de l'administration et qu'ils n'abusent pas de la confiance tacite dont ils disposent dû à l'incapacité évidente du trône de suivre le moindre document mis en circulation par ces derniers.
Enfin, s'intègre aussi au Grand Secrétariat les "Justiciers" ou "Magistrats" qui représentent la justice de l'Empereur dans tout l'Empire, ce sont eux qui appliquent la loi, gèrent les litiges, punissent les coupables, arbitrent les querelles et amendent les malhonnêtes. Dans la foulée, il soumettent aussi des observations quand à l'application de la Loi et aux effets de celle ci dans leur zones de juridiction tout comme ils ont pouvoir si nécessaire de mener des "Inquisitions" contre d'autres fonctionnaires s'ils soupçonnent ces derniers de corruption ou autres malversations. Ils ont aussi à leur disposition le contrôle des forces de la Police d'état qui est un organisme semi-militaire détaché de tout avec liens avec l'armée et qui officie en tant que gardiens de la paix et bras armée de la magistrature afin d'interpeller des suspect, intervenir sur des scènes de crime ou assurer le maintient de l'ordre public.
Dès lors, le Grand Secrétariat dispose à sa tête de trois personnalités, le Chambellan qui pilote l'ensemble de la bureaucratie impériale, le Grand Secrétaire qui veille à ce que les rouages de la législation soient fluides et justes et enfin le Haut Magistrat qui est à la tête de la Cour de Justice de Beiyfon et dirige l'ensemble de la magistrature provinciale de même que les bourreaux et les forces de la "Police" d'état. Il est toutefois important de noter que hormis ces trois hauts fonctionnaires qui désignent leur successeur avec assentiment de l'Empereur, les membres du Grand Secrétariat, et ce peu importe le domaine impacté, ne sont pas désignés en interne en tant que tel mais à la suite des "Examens Impériaux", comme son nom l'indique un système d'épreuves tenues tous les cinq ans afin de pourvoir l'administration en membres compétents, généralement utilisé plus dans l'optique de renouveler cette dernière plutôt que de l'étendre.
Quoi qu'il en soit, le Grand Secrétariat et ses nombreux membres font peu de cas de la dualité entre les traditions et du progrès dans la mesure où tout ce petit monde se complait dans le Statu Quo actuel et les avantages qu'il tire à faire fonctionner l'Empire. La seule chose qui importe enfin de compte est que le Fils du ciel "tende l'oreille" afin d'écouter leurs sages conseils et les laisser gérer les affaires des Ushong, c'est ce qu'ils font de mieux après tout non ?
3 - La Cour Impériale :
Organisme orbitant principalement au sein de la Cité interdite mais pas que, il se compose majoritairement de l'ensemble des courtisans de l'Empereur, ce qui incorpore notamment les Dames d'honneurs, la Haute-Noblesse représentant les clans et familles majeures du pays mais aussi l'élite intellectuelle et notamment les grands ténors du Yantisianisme, les philosophes et professeurs les plus réputés ainsi que depuis peu des Nantis, qui sont de riches bourgeois tenant une bonne part de l'économie industrielle du pays. Dans ce lot l'on compte aussi les gouverneurs provinciaux qui sont de facto membre de la cour par défaut même si on les voit très peu ainsi que des hauts-gradés des Bannières, les armées régulière, traditionnelles et surtout archaïques du Trône Impérial.
De manière générale, il s'agit si ainsi de la plus pure représentation des traditions et du coutume, les portes-étendards du millénarisme et des vieilles voies. Ce qui est notamment illustré superbement du côté des Nobles qui disposent encore de la possession de nombreux domaines et même s'ils ne peuvent plus disposer de leurs propres troupes, ils tiennent tout de même une part non négligeable des revenues du secteur primaire de l'Empire mais surtout ont sous leur coupe des milliers d'âmes qui au delà de travailler pour eux se retrouvent souvent obligés par le chantage ou le "devoir" de servir plus encore leurs seigneurs et Dames. Bien que ces derniers soient en théorie assujettis à la loi impériale édictée par le Grand Secrétariat, leurs privilèges et le prestige de leurs noms ou encore leur fortune leur offrent bien souvent assez d'influence afin de courber celle ci au plus grand déplaisir des bureaucrates. Leur présence en tant qu'officier au sein des Bannières n'aidant notamment pas à les traduire en justice, loin de là même.
Les Nantis et les intellectuels ne sont cependant pas en reste de leur côté dans la mesure où à l'image de la noblesse Ushong, ils disposent eux aussi d'une grande influence sur les masses que ce soit par leur pouvoir financier et les emplois dans les cités qu'ils confèrent ou simplement par leur supériorité morale et les enseignements et réconforts qu'ils apportent via la parole. Les méthodes diffèrent dès lors, mais le résultat reste le même. Le bas peuple est sous influence. Ce qui est un grand atout afin de réprouver les progrès technologie et la "décadence occidentale" qui est un véritable affront d'après eux au trône du Dragon qu'ils soutiennent corps et âmes tant que cela sert leurs intérêts.
4 - La Clique des Wang & L'armée de l'étendard écarlate :
Bien qu'elle ne soit pas dans les faits ni officiellement une institution à part entière, la Clique des Wang a au cours des dernières années gagnés une influence importante au sein de l'Empire en rapportant les premiers succès militaires majeurs depuis des décennies pour l'Empire, se couvrant notamment de gloire en écrasant dans le sang les marionnettes d'un complot étranger visant à renverser l'Empire et dont les organisateurs n'ont pas encore été démasqué à ce jour. Les Wang, du nom du chef de leur groupe Wang Shao, un membre de la petite noblesse, sont entre autre un ensemble d'officiers et penseurs ayant fait leurs classes à l'étranger sur un modèle occidental contemporain.
Bien loin du système archaïque et décrépit de l'Empire ils ont pu ainsi se cultiver afin d'incarner le renouveau et l'espoir qu'un jour les Ushong retrouvent leur gloire passée et leur importance au sein du Nazum et plus encore. Soutenus autant financièrement que politiquement par de nombreux sponsors, leurs fameux amis qu'ils se sont fait durant leurs études au sein du vieux monde comme du nouveau, ils ont ainsi obtenu gain de cause auprès de l'ancien Empereur afin de mettre en place une expérience de création d'armée basée sur un modèle occidental. Cette aventure, largement décriée et méprisée par la majeure partie de la Cour, et considérée comme vaine et couteuse par la bureaucratie a cependant pu prouver sa nécessité absolue lorsqu'elle eut tout loisir de faire montre de sa puissance réelle en sauvant le trône du Dragon des griffes d'insurgés armés par des puissances étrangères. Ce alors même que les Bannières traditionnelles n'avaient même pas pu atteindre à temps la capitale impériale.
Cette démonstration providentielle et les soutiens externes à l'empire dont la Clique disposait a déclenché une véritable prise de conscience dans certaines franges de la population, bien que celles ci demeurent minoritaire, les idées de progrès et de réformes portées par les Wang ne sont plus autant décriés que auparavant et les classes moyennes des cités ainsi que celles délaissés et les sans avenir se rallient chaque jour plus nombreux à eux, que ce soit en cherchant à intégrer l'armée de l'étendard écarlate, les forces armées sous leur contrôle disposant d'un équipement et d'un entraînement moderne, ou en agissant à l'échelle locale dans les diverses composantes de l'économie. Les penseurs notamment pour ne citer eux ce sont lancés dans une vaste entreprise visant à éduquer les populations, et notamment les plus pauvres en finançant des écoles et usant de système de patronage et de tutorat spécialisé sur les esprits prometteurs qu'ils découvrent.
Idéalistes et patriotes, ils cherchent ainsi avant tout à restaurer un semblant de puissance pour l'Empire afin que plus jamais les Ushong ne subissent les abus, l'ingérence et les affronts qu'il a pu subir au cours des dernières décennies, voir même des derniers siècles. Bien qu'ils souhaitent plus que tout réformer et changer les moeurs, ils ne sont cependant pas opposés à un modèle impérial, bien au contraire ils considèrent ce dernier comme nécessaire mais devant lui aussi s'adapter aux impératifs de la nouvelle ère emmenée par l'an deux mille. L'influence et le factionnalisme étant les principaux maux sapant autant l'autorité impériale que permettant un mauvais usage de cette dernière, il convient alors de leur point de vue de réduire le pouvoir du trône au profit d'un parlementarisme naissant et accru qui se doit d'assister le Fils du Ciel dans sa tâche de régner sur les hommes, bien que ce dernier demeurerait un symbole d'union plus que jamais et qu'il conserverait un certains nombre de prérogatives notamment exécutives.