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Axis Mundis : Rencontre Déméraqua - Grand Kah

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10 juin 2006, Axis Mundis.


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Il faisait beau. Le temps était clément et avait épargné aux visiteurs ses chaleurs les plus insupportables et ses pluies les plus violentes. Bien qu'il n'y fût pour rien, Maxwell Bob s'en félicita. Au même titre que de nombreux autres kah-tanais, il était un intraitable mystique, qui ne pouvait pas s'empêcher de voir des signes là où il n'y avait, à vrai dire, pas grand-chose d'autre que des phénomènes naturels bien expliqués. Oui. Le climat était propice aux échanges et aux discussions constructives. Peut-être que les deux reports ayant précédés cette fameuse visite étaient une bonne chose, finalement.

En tout cas ces reports avaient eu pour effet de fixer la rencontre à une date où Maxwell était seul en mesure de la mener. En effet: tous les autres membres du Comité étaient à Kotios. Et si celui que l'on surnommait l'ancien aurait pu déléguer la tâche à un fonctionnaire du Commissariat aux Affaires extérieures, il n'y avait pas tenu. Plus le temps passait, plus l'âge le prenait, plus ses fonctions se limitaient à un aspect strictement symbolique. Il ne refusait aucune occasion d'être actif, utile à l'Union.

Ce fut donc cet étrange vieillard, ancien très grand héros de la révolution, ayant occupé au cours de sa longue vie environs tous les postes que l'on pouvait imaginer tenir au sein du gouvernement confédéral, qui accueilli les envoyés du Déméraqua. Jovial, sous ses traits burinés et durs, dans un uniforme d'un gris de guérilleros qui contrastait un peu avec l'aspect très coloré d'Axis Mundis.

La Commune capitale du Grand Kah était en effet une véritable ville dans la ville, un genre de « Vatican » politique intégré au cœur de Lac-Rouge, qui contrairement au reste de la cité par son architecture. Échangeant l'inventivité presque ludique des stratifications successives d'expériences architecturales qui caractérisaient les autres quartiers au profit d'une monumentalité toute politique : même depuis la piste de l'aéroport diplomatique on pouvait voir les immenses pyramides, les temples asiatiques, le mélange des cultures autochtones et coloniales, donnant un ensemble syncrétique assez unique, tout en canaux, en hautes structures de béton et de bois couvertes de plantes, en jardins suspendus et en immenses pyramides couvertes d'étendards. On menait, au sommet de l'une de celles-là, le procès de terroristes. On distinguait à peine les prêtres-juges, dans leurs vêtements colorés, rendant leurs sentences face à une foule.

Quand les étrangers descendirent sur la piste, ils furent accueillis par un orchestre qui joua leur hymne, puis par Maxwell Bob, qui claudiqua à leur rencontre, accompagné d'une poignée de gardes d'honneur.

– "Le Grand Kah est heureux de saluer la délégation du Déméraqua." Il s'inclina vaguement en avant, imité par les gardes d'honneur. "Je suis le citoyen Maxwell, du Comité de Salut Public. Je représenterai le Kah au cours de ces échanges."

Il se redressa avec un petit grognement, puis acquiescera pour lui-même.

– "J'espère que vous avez fait bon voyage. Remarquez," et il eut un petit rire. "ce n'est pas comme si vous aviez dû traverser la moitié du globe pour venir."


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La délégation du Déméraqua apprécia l'accueil mais le chef du gouvernement s'étonna de voir que le Grand Kah n'était pas comme le Déméraqua . Le chef du gouvernement salua le citoyen Maxwell et les gardes d'honneur avec respect .

David Granger :" Le Déméraqua est aussi heureux de saluer le Grand Kah . Tous mes remerciements pour cette accueil et cet orchestre . Je suis David Granger , l'amrabasi ( président ) du Déméraqua . Il est vrai qu'on n'a traversé que quelques kilomètres mais ça me donne quand même l'impression d'avoir traversé la moitié du globe . le Grand Kah semble être très différent du Déméraqua malgré certaines histoires similaires . Le climat reste néanmoins le même qu'au Déméraqua . Pourriez-vous me présenter votre nation ? En tout cas , soyez sûrs que mon peuple et mon gouvernement se réjouissent de traiter avec vous . "
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– "Oui, avec plaisir même." Il se retourna et commença à progresser, de sa démarche un peu claudicante, vers une berline rouge garée en bordure de la piste. Les gardes et la petite fanfares se dirigèrent à l'écart, au pas, vers un hall de l'aéroport diplomatique où se pressait une série de journalistes, filmant et photographiant la scène. L'Ancien n'y faisait absolument pas attention. Il s'installa dans la voiture, où se trouvait déjà un conducteur. Quand elle se mit en marche ce fut sans un bruit. Manifestement il s'agissait d'un véhicule à moteur électrique.

– "Il va falloir que je vous parle un peu de notre contexte historique, je crois. Ça ne vous dérange pas j'espère ?" Il parlait d'un ton assez calme, le temps ne pressait pas particulièrement : malgré la visite officielle le cortège ne semblait pas vraiment naviguer dans des rues et avenues vides. La maigre circulation d'Axis Mundis, qui peinait à remplir ses grandes avenues droites déjà trop occupées par les trams, ralentissait légèrement la berline et son escorte de motard. "La région qui allait devenir le Grand Kah n'a pas exclusivement été colonisée par des eurysiens. Nous avons reçu notre lot de colons nazuméens." Il indiqua d'un geste une petite pagode, perdue entre les grands jardins des locaux de commissariats gouvernementaux. "Lors de la guerre d'indépendance, c'était en 1780, la région était même administrée par un daïmio. Il y a aussi le fait que beaucoup des peuples autochtones précédant la colonisation ont survécus aux massacres et aux maladies. Et par là je veux dire qu'au même titre qu'au Yuhanaca, par exemple, ils représentaient encore une part très sensible de la population, n'avaient pas perdu toute leur culture, leur religion..." Il fit un petit geste de main semblant vouloir dire « Et cætera ».

Désormais le convoi s'engageait sur l'Avenue Liberté, ancienne Avenue real, remontant des limites de la capitale kah-tanaise jusqu'à la place centrale de la commune d'Axis Mundi : un imposant complexe pyramidal entourant la comparativement ridicule statue des anciens gouverneurs coloniaux. Laissés là par sens du défi. Comme à son habitude, le couple suzerain était couvert de graffitis ironiques et de banderoles colorées. La place, quant à elle, était noire de monde. Des citoyens s’organisant en comité pour discuter d'affaires courantes, des procès menés sur les grands temples pyramidaux, ainsi de suite. Au moins l'enceinte du Parlement général, saint des saints du gouvernement confédéré, était plus ou moins vide, séparée du reste de la commune par des murs de pierres granitique grise.

– "Lorsque les autochtones ont voulu se libérer des envahisseurs, ils ont fait alliance avec ce que l'on appellerait maintenant les prolétaires, et la petite bourgeoisie. C'est vraiment l'évènement principal de notre histoire : la naissance de l'Union. Maintenant les choses ont beaucoup évoluées mais les bases de cette première révolution sont centrales pour comprendre le Grand Kah. À la base il s'agissait d'une simple république décentralisée et syncrétique. Depuis Marx est passé par là, et plusieurs coups d’État militaires financés par l'étranger, et autant de contre-révolutions restaurant la liberté." Il grogna. Il avait probablement connu au moins une de ces révolutions, vu son âge et son air de vieux militaire à la retraite. "Vous savez, les idéologues de l'Union considèrent que le Kah – notre idéologie – est comme une roue. Elle avance sur le chemin du progrès, mais ses rayons finissent toujours par revenir à leur place initiale. Il y a comme un cycle. Un recommencement. Selon eux ça veut dire qu'on aura sans doute droit à une nouvelle tentative de prise de pouvoir par les fascistes. J'aimerai bien les voir essayer."

Le convoi s'était arrêté sur le parking du Parlement général. Une étonnante structure, assez moderne quoi que suivant un style architectural clairement inspiré des constructions autochtones. Elle était composée de différentes ailes reliées entrent-elles par des plateformes, séparées par des canaux directement reliés au grand lac au centre duquel était posé Lac-Rouge, la capitale Kah-tanaise. L'un des motards s'approcha en vitesse de la porte de la structure de l'ouvrit pour laisser passer le Citoyen Maxwell Bob et l'amrabasi du Déméraqua. Une fois dans le grand hall du Parlement, le citoyen se dirigea vers une série de marches grimpant à l'étage.

– "Si vous voulez le terme technique nous sommes une confédération de communes. Maintenant dans ce que ça veut dire concrètement, c'est que chaque habitant du Kah est un citoyen. Il décide de sa vie avec ses pairs, sa commune. Puis ces communes nomment l'un des leurs à la commune supérieure, qui assure que toutes les communes vivent en bonne intelligence, et ces communes supérieures nomment à leur tour des membres au sein d'une commune générale qui assure que toutes les communes supérieures se comportent bien, notamment en respectant le principe du Consensus qui veut qu'on évite généralement les votes à la majorité absolue au profit des solutions consensuelles. Pour la justice c'est la même chose, pour l'armée plus ou moins aussi. Si vous préférez ça signifie que nous sommes une démocratie directe. Autant que faire se peut en tout cas." Il eut un petit rire. Les deux hommes se trouvaient dans un couloir éclairé par une verrière. Ils passèrent une porte et émergèrent dans un salon assez vaste, de style asiatique, avec une table basse entourée de coussins et une large baie vitrée donnant sur l'immense Lac entourant la capitale. Des petits bateaux à voile étaient visibles, à l'horizon. Des étoffes transparentes étaient soigneusement accrochées au plafond. Le plancher de la pièce était séparé des murs par un petit fossé de sable blanc. Le citoyen Maxwell retira son manteau d'uniforme et l'accrocha à un porte-manteau situé au mur. Il fit signe à son interlocuteur de prendre place à la table basse.  "Installez-vous. Vous voulez boire quelque-chose ?" Il reprit sans attendre de réponse. "Tiens, d'ailleurs, même notre économie est gérée démocratiquement. Par des coopératives, figurez-vous. Il y a une propriété privée, chacun possède son lieu de vie, ses habits, son outil de travail, ainsi qu'une propriété d'usage : ce que vous utilisez est à vous, mais depuis les années trente tout un système a été mis en place pour éviter la montée en puissance d'individus pouvant confisquer du pouvoir économique ou politique, tels que des millionnaires ou pire encore. Toutes les affaires publiques – économiques, diplomatiques, judiciaires, se gèrent démocratiquement. Si le domaine est trop complexe pour être géré par un citoyen comme un autre, on nomme un représentant chargé de mission, voir un commité de délégués. Si le commité doit répondre à une mission complexe, qui ne se réglera pas rapidement, on nomme plutôt un commissariat. Pour vous donner une comparaison simple, disons qu'un commité peut être formé pour pondre une réforme, régler un problème de pollution dans une commune, préparer un évènement sportif. Un commissariat, c'est plus un ministère : on aura toujours besoin d'experts pour gérer les affaires diplomatiques, ou coordonner la planification de l'économie. Pas question de créer des commités éphémères pour ça."

Il prit place devant David Granger, s'installant lentement en tailleur sur les coussins.

– "Moi-même je suis membre du Comité de Volonté Publique. Le Kah nous a nommé pour donner une ligne directrice à sa politique, proposer des lois aux communes et gérer la coopération des différents commissariats et commités de l'Union. Grossièrement nous sommes un peu votre équivalent, à l'échelle de la Confédération. Seulement au lieu d'être un seul individu nous sommes huit."

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David Granger :" C'est vraiment étonnant la politique du pays et son contexte historique . Je vous remercie pour cette présentation et le contexte historique . C'est différent que les autres nations . Cette nation est vraiment une nation de droits et de liberté alors que certaines sont des dictatures . Comment le Kah nomme les membres du Comité de la Volonté Publique , ils font des votes ou choisissent parmi les politiciens ? " En se rappelant la raison dont il était venu au Grand Kah . " Comment va se procéder le traité diplomatique ? Je pense que les habitants du Grand Kah attendent impatiemment le traité diplomatique . En tout cas , les habitants du Déméraqua s'impatientent depuis très longtemps . " En demandant avec respect au citoyen Maxwell , un membre du Comité de Volonté Publique . " Auriez-vous la gentillesse de me conduire sur le lieu du traité diplomatique ? "
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Les membres du Comité sont nommés par notre parlement. Généralement se sont des membres déjà élus de la Convention mais ils peuvent proposer à des individus n'en faisant pas parti d'y siéger. C'est souvent le cas, d'ailleurs. Le vieil homme acquiesça. Vous avez raison, passons au traité.

Il fit un signe en direction de la porte de la salle, qui s'ouvrit pour laisser entrer deux fonctionnaires. Après quelques échanges, un premier panel d'accord fut donc proposé :

A ce stade les éléments devant être sujets à un accord sont les suivants :

- Mise en place d'une mission diplomatique permanente entre l'Union et la République, sous la forme d'ambassades.

- Mise en place de droits douaniers préférentiels, favorisant le commerce entre l'Union et la République.

- Mise en place d'un programme d'échange culturel entre les deux nations via des expositions, des échanges entre les musées nationaux, d'accords favorisant l'importation de productions culturelles issues de l'autre nation.

- Mise en place d'un programme d'échange universitaire entre l'Union et la République, favorisant la compréhension mutuelle des deux nations et permettant à leurs étudiants de mener une partie ou l'ensemble de leur formation sur le sol étranger. Une équivalence des diplômes sera nécessairement mise en place pour valoriser la validité des cursus suivis de chaque côté de la frontière.

- L'inclusion du Déméraqua au sein du programme de défense maritime continental Kah-tanais, visant à protéger le trafique commercial en luttant contre la piraterie et la contrebande.

- Un programme d'échanges d'officiers permettant de former l'armée nationale du Déméraqua aux frais de l'Union.
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